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Histoire de Saint-Laurent-en-Brionnais

St-Laurent-en-Brionnais, château du XVe siècle

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Saint-Laurent-en-Brionnais apparaît dans les textes au XIème siècle. À cette époque, le Brionnais, aux confins de l'Auvergne et de la Bourgogne, est couvert de forêts, parcouru par quelques routes entre les vallées de la Saône et de la Loire qui sont contrôlées par des places fortes. Plusieurs d'entre elles, entre Semur et Mâcon, telles celle du mont Dun, sont tenues par la puissante famille des Le Blanc dont les possessions s'égrènent du Forez au Mâconnais. En 1037, sur le point de partir en pèlerinage en Terre sainte, Archimbaud Le Blanc, vicomte de Mâcon, donne à l'abbaye de Cluny l'église de Saint-Laurent avec toutes ses terres et revenus. À son retour de Jérusalem en 1039, il confirme cette donation, donne encore un domaine sous la condition que Cluny se dotera d'une maison à Saint-Laurent. Et en effet, au début du XIIème siècle une obédience (dite aussi prieuré ou doyenné), où quelques moines entourés de domestiques et de manouvriers gèrent les biens de l'abbaye de Cluny dans la contrée. L'église, qui fait fonction d'église paroissiale, est rebâtie au début du XIIème siècle, le beau clocher édifié vers 1110-1120, certainement à l'initiative et aux frais de l'abbaye. Les Le Blanc contribuent encore à la fondation de l'abbaye voisine de Saint Rigaud (commune de Ligny-en-Brionnais) en 1067, et celle de la Bénisson-Dieu en 1140. Mais, dans la deuxième moitié du XIIème siècle, ils se joignent aux comtes de Chalon, de Mâcon et aux sires de Beaujeu qui mettent le Sud de la Bourgogne en coupe réglée. Il faudra une opération de police conduite par le Roi de France, lui même, Philippe Auguste, en 1180, pour rétablir la paix dans la région. Leur place forte de Dun démantelée, les Le Blanc disparaissent peu après.

Un village s'est formé autour de l'église et de l'établissement clunisien de Saint-Laurent-Briennensis ou en Brionnois, dont on ne sait rien cependant, sinon qu'il a dû être un bourg important et prospère encore à la fin du XVème siècle et au début du XVIème siècle. En témoignent les belles maisons anciennes que l'on peut voir en face de l'église (dont l'une est précédée d'un porche daté de 1516), ou le château de Joux derrière l'église. Mais, autour de 1570, des troupes protestantes ravagent le Brionnais, incendiant et détruisant les établissements monastiques dont, probablement le doyenné de Saint-Laurent.

Il n'en subsiste aucune trace, les ruines de celui-ci ayant longtemps servi de carrière de pierre aux habitants de Saint-Laurent, comme le prouvent les pierres taillées et sculptées anciennes que l'on trouve réemployées dans les murs de plusieurs constructions de la commune. Claude de Guise, abbé de Cluny, le vend en 1592 à la Dame de la Bazolle. Les seigneurs du château de Drée seront désormais justiciers de Saint-Laurent. Quant à l'église, elle a souffert du feu et il est bien possible que la nef, partiellement détruite, ait dû être rebâtie au XVIIème siècle. Durant la Révolution, Saint-Laurent abrite et protège un prêtre réfractaire, l'abbé Nicolas Montmessin, de Saint-Julien-de-Civry, qui de 1794 à 1798, évangélise tout le Brionnais. Curé de Saint-Laurent en 1802, il fonde de ses deniers et commence la construction du pensionnat de jeunes filles qui, de 1822 à 1965, va faire la renommée de la commune, comptant jusqu'à 400 élèves. Celles-ci, dessin et musique inclus, reçoivent une excellente éducation bourgeoise et religieuse délivrée par des religieuses, les sœurs du Saint-Sacrement.

En 1843, la commune compte près de 1000 habitants et le curé Farges obtient la démolition de la nef ancienne de l'église et la construction en 1845-1847, d'une nef plus vaste et haute, à bas-côté, voûtes d'arêtes. Le chœur et le clocher romans, classé monument en 1874, seront restaurés en 1877-1879. La courte flèche couverte d'ardoise date de cette campagne de travaux.

Jusqu'au XIXème siècle, les habitants du Brionnais ont du produire à peu près tout ce qui leur était nécessaire pour vivre. Au milieu du siècle, la commune qui s'étend sur 1299 ha, compte 749 ha de terres labourables, 17 ha de vignes et 58 de bois. Elle possède moulins à blé et à huile, carrières de pierre à bâtir et à chaux, tuileries. La présence de mines de charbon, dans la commune voisine de la Chapelle-sous-Dun, incite à rechercher de la houille dans le sous-sol de Saint-Laurent, mais sans succès. Le sol calcaire, en grande partie sablonneux, est bon et bien cultivé. Mais les prairies (475 ha) sont jugées excellentes et l'élevage du bétail va peu à peu se développer grâce aux foires de Saint-Christophe-en-Brionnais.

En un demi-siècle à peine, le paysage va changer : dans les premières années du XXème siècle alors que les terres labourables (292 ha), les bois (14 ha) et les vignes (13 ha) régressent, ces dernières de façon moins marquée, la superficie des prairies double presque (886 ha) et la commune se spécialise dans « le commerce du bétail gras, l'élevage de génisse ». Mais, dans la seconde moitié du XXème siècle, alors que tout le paysage de Saint-Laurent ne présente plus guère que des prairies coupées de haies, poussées sur de vieux murets de pierres et semées de quelques bois et bosquets, la population active cesse d'être majoritairement agricole. Il est vrai qu'en diminution constante depuis le milieu du XIXème siècle, comme dans la grande majorité des communes rurales françaises, la population est aujourd'hui tombée au-dessous de 400 habitants. Si les enfants doivent aller étudier puis travailler parfois fort loin, le Brionnais attire une nouvelle population d'actifs et de retraités, français et étrangers, qui s'établissent à Saint-Laurent. En effet, 33 des 230 maisons sont des résidences secondaires.

Saint-Laurent-en-Brionnais a compté, au Moyen Âge, trois châteaux dont seul subsiste, celui de Joux au Bourg ; de celui de Corson, il ne reste qu'une tour et celui du Vigneau à Montailloux, a complètement disparu. On remarquera la belle demeure des Mathys, au Nord du bourg, qui était celle des notaires Ducray à la fin du XVIIIème siècle, et quelques grosses maisons bourgeoises édifiées autour de 1900 par des éleveurs enrichis dans le commerce du bétail. Au centre bourg, l'ancien pensionnat devenu monastère est le siège d'une communauté religieuse d'inspiration franciscaine, en cours de formation.

[Source : Mme Catherine Marion, maire de Saint-Laurent-en-Brionnais, 10ème rassemblement de l'Association nationale des Saint-Laurent de France à Saint-Laurent-en-Brionnais, juillet 2009.]

info Cartes postales anciennes de Saint-Laurent-en-Brionnais et du pensionnat (diaporama).

info Description de l'église de Saint-Laurent-en-Brionnais par Jean Virey.

info Photos de l'église de Saint-Laurent-en-Brionnais.

info Enquête de l'intendant de Bourgogne, Claude Bouchu, en 1666 [AD21, C2889, pages 377-379/549] : page 377 page 378 page 379

info Visite pastorale en 1746 par Mgr De Lort de Sérignan de Valras évêque de Mâcon.

info Réponses de M. le curé de Saint-Laurent pour servir à la carte géographique de la Province de Bourgogne (1757) [AD21, États du duché de Bourgogne, C3531, pages 346-348/700] : page 346 page 347 page 348

info Notaires de Saint-Laurent-en-Brionnais (1701-1793) [site de Jean Sailley].

info Cadastre napoléonien de 1829 (site des Archives départementales de Saône-et-Loire).

info Recensements de la population entre 1836 et 1936 (site des Archives départementales AD71).

info Description de la commune, hameaux et écarts (ouvrage de M. Monnier, 1856).

info Description de Saint-Laurent en 1904 (Frère Maxime Dubois).

info Notice communale (EHESS).

info Photo aérienne et carte IGN centrée sur Saint-Laurent (Géoportail).

info Le pensionnat de Saint-Laurent par Armand Merle, Mémoire Brionnaise n° 11 et 12.

info Saint-Laurent-en-Brionnais par Georges Perroy et Franck Nadel, Mémoire Brionnaise n° 17 (2007).

info Décret du Président de la République, du 7 décembre 1885, portant acceptation de la renonciation du sieur Charles Antoine Avril à la concession des mines de houille de Saint-Laurent-en-Brionnais (Annales des mines, 1885).

Pensionnat de St-Laurent-en-Brionnais, Le Nouvelliste d'Alsace, 1933
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