L'accueil si favorable fait par le public aux Monographies des arrondissements de Saint-Étienne, Montbrison et Roanne, m'engage à lui offrir un travail analogue sur l'arrondissement de Charolles.
Le fonds de l'ouvrage appartient à Courtépée. Je me suis efforcé de compléter ses notes historiques par des recherches personnelles et par des emprunts aux annuaires si intéressants du regretté M. Monnier.
L'illustration est l'œuvre de l'auteur et de quelques amateurs photographes.
Puisse cette histoire bien incomplète du Charollais faire aimer ce verdoyant coin de terre de la Grande Patrie et attacher à son sol plantureuse, par les souvenirs qu'elle rappelle, les fils de cette race laborieuse de la Basse Bourgogne.
La Bourgogne sous les Éduens, les Lingons, les Séquanais jusqu'à la prise d'Alise (an de Rome 701)
Les Celtes, peuple nombreux et guerrier, habitaient l'Europe. Ils étaient en corps de nation longtemps avant que les arts brillassent à Memphis et que Salomon eût érigé le temple de Jérusalem.
La Gaule était divisée en trois parties : la Celtique, la Belgique et l'Aquitaine. Les habitants de ces trois parties différaient de mœurs, de langage et de coutumes. La Gaule celtique ou chevelue était habitée par plusieurs peuples libres. Les principales villes étaient Bibracte, Alise, Langres, Sens, Besançon. Les Éduens tenaient le premier rang dans la Celtique, Bibracte était leur capitale. Leur république comprenait une grande partie de la Bourgogne, de la Bresse, du Lyonnais, avec le Brionnais, le Charollais, le Forez et le Nivernais.
Cette république était gouvernée par les druides et le corps de la noblesse. Tous les ans, on élisait un magistrat souverain nommé Vergobret qui était le chef de la nation, avec droit de vie ou de mort. Les Lingons étaient un peuple ancien de la Gaule ; Langres était leur capitale.
Les Séquanais tenaient dans la Celtique le premier rang avec les Éduens, dont la Saône les séparait. Leur cavalerie était renommée, elle rendit de grands services à César dans la bataille de Pharsale. Leur métropole était Besançon.
La Celtique trop chargée d'habitants envoya de nombreuses colonies en des climats éloignés. Les Boiens, alliés des Éduens, occupèrent la Hongrie et la Bavière. Une autre colonie, sous Bellovèze, s'avança dans l'Italie, l'an de Rome 165. Elle était composée de Bituriges, d'Éduens, de Boiens, de Lingons, de Sénonais et d'Arvernes. Ils fondèrent les villes de Parme, d'Aquilée, de Sienne, de Sinigaglia (Seno-Gallia), de Milan, chassèrent les Étrusques. Chassés à leur tour par les Romains, ils se retirèrent sur les confins de l'Illyrie.
Les Éduens, unis aux Sénonais et aux Lingons, sous la conduite de Brennus, s'emparèrent de Rome, à l'exception du Capitole, l'an de Rome 363. Un autre Brennus conduisit une troupe de Gaulois en Macédoine, au temps où Pyrrhus faisait la guerre en Italie. Il força le passage des Thermopyles et se rendit à Delphes, pour piller le fameux temple ; mais il fut battu et son armée fut dispersée, une partie resta en Thrace et l'autre partie se porta en Asie et forma le royaume des Galates. Les Gaulois d'Italie s'unirent à Annibal pour combattre les Romains ; mais ceux ci, après les avoir subjugués, traversèrent les Alpes et conquirent la Gaule Narbonnaise. Les Arvernes tenaient un rang distingué dans les Gaules. Leur royaume s'étendait de la Loire à Narbonne. Leur capitale était Gergovia. Rome les soumit. Puis ce fut le tour des Allobroges. Par ces conquêtes, les Romains devinrent les voisins des Éduens. Ils les reçurent dans leur alliance. Les Lingons devinrent aussi leurs alliés.
Les Séquanais disputèrent la Saône aux Éduens ; ceux ci furent battus (70 ans avant J.-C). Les Éduens furent obligés de donner des otages, de payer un tribut et de perdre une partie de leurs États.
Quelque temps après les Helvètes, cherchant un climat plus fertile, envahirent les terres des Santons, des Séquanais et des Éduens. Ceux ci appelèrent les Romains à leur secours. César accourut et tailla en pièces l'armée des envahisseurs à cinq lieues de Bibracte.
La Celtique, délivrée des Helvètes, se vit exposée à un nouveau danger de la part des Suèves, peuple de la Germanie. Arioviste, leur roi, appelé d'abord par les Séquanais à leur secours contre les Éduens, avait battu ceux-ci et s'était assujetti les autres. Les Éduens députèrent Divitiacus, riche et puissant Éduen, vers César, pour l'engager à secourir les alliés des Romains. Rien ne convenait mieux aux vues secrètes de César ; il attaqua Arioviste près de Dampierre sur le Doubs et le rejeta au delà du Rhin. Cette victoire, à laquelle les Éduens avaient contribué, les rétablit dans leur première grandeur.
César, sûr des Éduens, soumit les Belges et les Bretons (Angleterre), l'an 54 avant J. C.
Le désir de recouvrer la liberté et l'éloignement de César portèrent les Gaulois à secouer le joug de la servitude. Ambiorix, roi des Éburons, surprit Sabinus et Cotta et tailla en pièces la légion romaine qu'ils commandaient. Toute la Gaule était en mouvement. Seuls les Éduens, les Lingons et les Rémois restèrent fidèles aux Romains. César accourut et défit successivement les chefs gaulois. Il convoqua une assemblée générale des Gaulois dans la capitale des Rémois. Il fit le procès à ceux qui avaient excité la rébellion des Sénonais et des Carnutes et fit exécuter le brave Accon, convaincu d'en être le principal auteur.
César passa dans la Gaule cisalpine pour tenir les Grands Jours. Les Gaulois qui avaient à cœur de tirer vengeance de la mort de leurs principaux chefs se soulevèrent sous la conduite de Vercingétorix, chef des Arvernes. César quitte l'Italie, traverse les Cévennes, dévaste l'Auvergne et vient mettre le siège devant Avaricum (Bourges) qu'il emporte après de nombreux combats. Les légions y passèrent l'hiver. Au printemps, César assiégea Gergovia en Auvergne. Pendant qu'il était occupé devant cette place, Vercingétorix détermina les Éduens à entrer dans la ligue pour l'indépendance de la Gaule. Ils envoient Eporédorix et Viridomare à Noviodunum (Nevers), une de leurs places où César tenait les otages de la Gaule, ses magasins, sa caisse militaire et une partie de ses bagages et de ses chevaux. Ils se partagent l'argent et les chevaux, font conduire les otages à Bibracte et brûlent la ville. Vercingétorix est déclaré généralissime des Gaulois dans une assemblée tenue à Bibracte. Celui ci faillit prendre César dans un combat de cavalerie près de Tonnerre ; mais les Romains, soutenus par les Germains, remportèrent la victoire. Vercingétorix, découragé par cet échec, se retira dans Alise, capitale des Mandubiens. César en fit le siège, il s'en empara et la réduisit en cendres. Vercingétorix vaincu fut retenu prisonnier et envoyé à Rome.
C'en était fait de l'indépendance de la Gaule.
Religion des Gaulois
L'immortalité de l'âme était la base de leurs croyances. Leur morale se réduisait à trois points : adorer Dieu ; ne faire aucun mal ; se distinguer par la bravoure. Ils étaient si persuadés de l'immortalité de l'âme que les Gaulois brûlaient avec le corps du défunt, le compte exact de ses affaires, et jetaient sur le bûcher des lettres qu'ils lui écrivaient, pensant qu'il les lirait volontiers dans ses moments de loisir ; quelques uns même prêtaient de l'argent dont ils ne devaient demander le paiement que dans l'autre monde.
Les Celtes n'avaient point de temple. Le signe auquel ils avaient attaché le souvenir de la présence divine était le chêne ; c'était à leurs yeux le symbole et l'oracle de la divinité. Ils pensaient aussi que les lieux élevés étaient autant de sanctuaires que la nature avait dressés à la gloire de Dieu ; de là tant d'habitations et de villages sur les montagnes.
Une des cérémonies les plus célèbres de leur religion était la récolte du gui. Elle se faisait le sixième jour de la première lune de l'année. Les prêtres, appelés druides, parcouraient les provinces, criant à haute voix : Au guy, l'an neuf. Ils cherchaient cette plante sur un chêne de trente ans.
L'épreuve de l'eau était une de leurs superstitions. Les Gaulois pensaient que le génie de cet élément, ou laisserait le coupable s'enfoncer, ou soutiendrait l'innocent et le ferait surnager par une sorte de prodige. Lorsque la religion chrétienne eut été établie dans la Celtique, les druides réunirent leurs partisans dans les bois où ils tenaient leurs réunions nocturnes. Ils se vantaient de prédire l'avenir, d'évoquer les âmes et de changer les hommes en bêtes. Ces bruits répandus dans un public peu éclairé firent croire que les Celtes traversaient l'air montés sur un balai et qu'ils dansaient en rond autour du diable qui leur apparaissait sous forme de bouc. Ce fut l'origine des sorciers.
Temples
Le commerce avec les Grecs et les Romains introduisit parmi les Gaulois le polythéisme, l'usage des temples et des statues. Ils déifiaient les villes, les forêts, les montagnes, les fleuves, le vent et surtout la bise.
Druides
Les druides étaient répandus par toute la Gaule mais une de leurs principales résidences était au pays des Éduens, sur la montagne appelée encore Mont-Drud, près d'Autun. Mais le siège souverain était à Dreux où ils passaient l'hiver. Ils y convoquaient l'assemblée générale de la nation à la fin mars pour délibérer sur les objets les plus importants. Juges des affaires civiles et criminelles, si quelqu'un osait contrevenir à leurs décisions, il était exclu de la société. Strabon rapporte ce trait :
« Si quelqu'un, dans les assemblées, faisait du bruit, l'huissier venait l'épée à la main et lui ordonnait de se taire ; s'il ne se taisait pas l'huissier lui coupait un grand morceau de son habit en sorte que le reste devenait inutile. »
On reproche avec raison aux druides l'immolation des victimes humaines. Tibère abolit les sacrifices humains. Malgré cet Édit, les pratiques sanguinaires des druides continuèrent longtemps encore. Leurs superstitions n'étaient pas entièrement abolies au VI° siècle.
Strabon parle aussi des druidesses. Dans la petite ville de Sein, sur la Côte de Bretagne, il y avait un collège de druidesses au nombre de neuf gardant la Virginité. Elles prédisaient l'avenir et leurs décisions étaient prises pour des oracles. Les empereurs romains, Aurélien, Alexandre Sévère et Dioclétien, les consultèrent. Les histoires des druidesses ont probablement donné naissance à tous les contes de fées qu'on raconte aux enfants pendant les longues veillées d'hiver.
Bardes
Les bardes furent les premiers poètes et les premiers musiciens des Gaulois. Ils étaient en si grande vénération que leur chant arrêtait quelquefois la fureur des gens de guerre et pacifiait les armées prêtes à se livrer bataille. Les bardes employaient encore la musique au culte de la divinité, surtout aux funérailles des grands et dans les festins. Ils portaient un habit brun, un manteau de même étoffe et un capuchon pareil aux capes du Béarn. On suppose qu'ils avaient fixé leur séjour sur une montagne du pays des Lingons qui de leur nom a depuis été appelée Mont-Bard.
Usages des Celtes
La nature avait donné aux Celtes une peau blanche, une belle taille, des cheveux blonds, des yeux bleus. Ils étaient querelleurs, emportés, violents, mais incapables de déguisement et extrêmement curieux, jusqu'à arrêter les passants pour leur demander des nouvelles.
L'hospitalité était généreusement exercée chez eux. Les voyageurs ne payaient nulle part leurs dépenses. Un Gaulois convaincu d'avoir refusé le couvert aux étrangers était condamné à une amende pécuniaire.
Les habits étaient d'abord une simple peau de bête qui ne couvrait qu'une partie du corps. A ces habits succédèrent ceux de toile ; ils apprirent des Phocéens à tisser la laine, ils portèrent la saye (sagum) espèce de manteau court et de larges culottes appelées brayes (braccœ).
Ils faisaient un grand usage des bains même en hiver. Les enfants ne paraissaient en public que lorsqu'ils étaient en âge de porter les armes.
La guerre et la chasse étaient les principales occupations des Gaulois. L'élan, le bison et le bœuf sauvage ou urus abondaient dans les forêts.
La flèche, le dard et le javelot étaient leurs armes favorites. Les Celtes avaient des chiens de chasse extrêmement légers.
La table des Gaulois était frugale : les fruits, le lait, le porc et le gibier tué à la chasse. Ils mangeaient sur des peaux de loup ou de chien étendues sur le gazon. Ils buvaient à la ronde et à la même coupe. Leur vaisselle était de bois, de terre, de cuivre et même d'argent. Ils buvaient dans des cruches de terre, mais dans les festins ou se servait de cornes de bœuf sauvage ou de crânes humains.
Ils avaient pour usage de couper la tête à l'ennemi et de l'attacher à leur porte. Ils combattaient souvent nus. Les lois de la bienséance ne permettaient pas aux Celtes de paraître en public sans leurs armes. On reconnaissait les Celtes à leur chevelure longue et rousse et les divers peuples de la Celtique par la manière différente d'arranger les cheveux. La barbe était si respectée qu'on jurait par elle. Ainsi Clovis et Alarie jurèrent par leur barbe. Alaric toucha la barbe de Clovis et les deux princes firent la paix.
Les Celtes aimaient beaucoup les jeux de hasard. Après avoir tout perdu ils se jouaient eux-mêmes.
Un Celte était souverain dans sa famille, il en retranchait quiconque la déshonorait.
Les Gaulois comptaient par nuit, persuadés que les ténèbres avaient procédé le jour. Un article de la loi salique porte qu'un propriétaire qui a perdu un esclave ou un bœuf a quarante nuits pour le trouver.
Les Gaulois bâtissaient leurs maisons de charpente et de terre grasse et les couvraient de chaume ou de roseaux entrelacés en forme de voûte. Ils fuyaient le séjour des villes prétendant qu'elles ne pouvaient servir qu'à enchaîner la liberté et amollir la valeur des soldats. Ils modifièrent plus tard leurs idées car sur la fin du règne d'Auguste on comptait 800 villes et 700 peuples dans les Gaules.
Le principal commerce des Éduens était le bétail, surtout les cochons. Lorsque les Romains les admirent au nombre de leurs alliés, ils prirent une laie comme emblème ainsi qu'on le voit par les médailles de ce peuple.
Le cheval était la marque la plus ordinaire de leurs monnaies. On remarque pourtant sur quelques unes tantôt des déesses coiffées à la Gauloise, tantôt un nom de leurs rois ou magistrats ou celui d'Hercule.
Nos ancêtres enterraient les corps du simple peuple, mais ceux des riches étaient brûlés avec leurs meubles les plus précieux, souvent avec leurs chevaux, leurs armes et un esclave pour les servir. Quelques fois des parents se jettaient d'eux mêmes dans le bûcher pour ne pas se séparer du mort. Le corps consumé, on ramassait les cendres qu'on renfermait dans une urne de terre ou de verre pour la placer dans un tombeau souterrain avec les ossements que le feu avait épargnés.
La férocité naturelle des peuples Celtes fut la première et principale cause de leur ignorance. Ils auraient cru se déshonorer s'ils avaient appris à lire et à écrire. C'est ce qui donna un énorme crédit aux druides. Le commerce des Grecs et des Romains ainsi que la religion chrétienne les fit revenir de leurs stupides préjugés. Marseille ouvrit une école où l'on enseignait le grec, le latin et le gaulois. L'Académie d'Autun avait 40.000 étudiants du temps de Tibère. Lyon, Bordeaux, Toulouse, Narbonne possédaient des écoles. C'est un Lyonnais, Photius, qui enseigna le premier à Rome les principes d'éloquence. Cicéron n'était qu'un enfant quand Photius donnait ses leçons.
La langue Celtique était commune à toutes les parties de la Gaule. Les druides tenaient des assemblées générales où étaient convoqués tous les peuples de la Gaule. Il fallait donc qu'il y eut une langue commune. Il est probable que les Gaulois empruntèrent les caractères des Phéniciens qui couraient le long des côtes celtiques pour écrire leur langue ; mais chaque peuple avait son dialecte particulier. Quand les Romains se furent emparés de la Gaule, la langue celtique éprouva une révolution subite et presque totale. Les vainqueurs exigèrent que les actes publics se fissent en latin et la langue officielle fut le latin. Caligula pour fixer cette langue dans la Gaule établit des écoles latines à Lyon et à Besançon. Il se forma, tant à la ville qu'à la campagne, un jargon mêlé de celtique et de latin d'où sont sortis les différents patois de nos provinces. L'Armorique peu habitée par les Romains conserva la langue celtique presque sans altération
Toute l'histoire dépose du respect des peuples du Nord pour les femmes, bien qu'elles fussent tenues en esclavage. Les auteurs observent que les affaires des Gaulois eurent un heureux succès tant que l'administration politique fut confiée à un sénat de femmes choisies par les différents cantons. Elles délibéraient de la paix et de la guerre et jugeaient les contestations survenues entre les Vergobrets. Mais les druides, jaloux d'une autorité qui faisait ombrage à leur domination, firent abolir ce tribunal ; leurs discordes fomentées par l'ambition ouvrirent aux Romains l'entrée de leur pays.
La Bourgogne sous les Romains (l'an de Rome 702 à 409 de J.-C.)
Après la prise d'Alise, les Gaulois furent, traités avec distinction par le vainqueur. Les cités conservèrent la liberté de se choisir des magistrats ; les subsides furent imposés avec modération ; une discipline exacte contint les troupes romaines dans le devoir. César forma une légion gauloise qu'il appela les Alaudes, du mot Alouette, symbole des Gaulois.
Après avoir pacifié les Gaules, César se rendit à Rome, où ses intrigues et l'or des Gaulois, la valeur de ses légions le firent déclarer dictateur perpétuel. Il se servit des Gaulois pour abattre Pompée dans les plaines de Pharsale et alla jouir du triomphe à Rome. Vercingétorix, après avoir gémi pendant six ans dans la prison Mamertine, fut réservé pour cette pompe et étranglé dans sa prison. César fut poignardé dans le Sénat par Brutus et Cassius.
Octave, sous le nom d'Auguste, succéda à César. Son premier soin fut de régler les tributs de la Gaule. Cette province de l'empire romain fut taxée à 400 mille sesterces, dont la valeur est de 16 à 17 millions de livres. Lyon fut regardée comme la métropole des Gaules. L'empereur y séjourna deux ans et l'embellit de monuments publics. Le commerce de Lyon roulait sur les soixante nations des Gaules. Dans une assemblée générale tenue à Lyon, ces nations résolurent d'élever, à frais communs, un temple à Auguste. Il fut bâti au confluent du Rhône et de la Saône. Deux colonnes de granit de cet édifice se voient encore dans l'église d'Ainay. Ce beau temple orné de soixante statues fut inauguré le 1er août de l'an de Rome 742 par Drusus, fils de l'impératrice Livie et frère puîné de Tibère. Ce même jour vit naître à Lyon, Claude, fils de Drusus et d'Antonia, qui depuis fut empereur. La solennité du culte d'Auguste se soutenait encore au IIIe siècle dans tout son premier éclat ; il subsista jusqu'à Thèodose qui acheva d'extirper les restes du paganisme.
Pour faciliter le commerce de Lyon, Auguste fit ouvrir quatre grandes voies qui traversaient les Gaules et qui ont immortalisé Agrippa, gendre de ce prince. L'un de ces chemins conduisait de Lyon à l'Océan par Mâcon et Chalon où il se divisait en deux branches, l'une tendant à Langres et l'autre à Auxerre par Autun. Ces routes furent divisées en lieues gauloises de 1.500 pas et la distance de chaque lieue par des colonnes milliaires.
Auguste se rendit à Bibracte et fit élever la ville d'Autun (Augustodunum) ; il l'enrichit de monuments somptueux et elle fut décorée d'un capitole, ainsi qu'Arles, Nîmes, Toulouse, Saintes.
Parmi les villes qui, pour plaire à l'empereur, prirent son nom, on cite : Trêves (Augusla Trevirorum), Augst près Bâle (Augusta Rauracorum), Saint-Paul-Trois-Châteaux (Augusta Tricassinorum), Soissons (Augusta Suessonum), St Quentin (Augusta Veromanduorum).
La douceur du gouvernement d'Auguste contribua beaucoup à introduire dans la Gaule les usages des Romains ; les peuples adoptèrent le langage des vainqueurs, leurs mœurs, leur habillement, leur religion et leurs lois.
Ce fut l'an de Rome 754 et le 32° de l'empire d'Auguste que naquit Jésus-Christ à Bethléem, petite ville de Judée. Quatorze ans après, Tibère monta sur le trône de Rome. Sous son gouvernement, les Gaulois furent accablés d'impôts. L'avarice et les exactions des magistrats romains poussèrent ces peuples à la révolte. Julius Florus, de Trêves, et Sacrovir, d'Autun, se mirent à la tête des révoltés, mais ils furent battus et se tuèrent de peur de tomber entre les mains de leur vainqueur.
Caïus Caligula succéda à Tibère. Il fut encore plus rapace que Tibère. Étant à Lyon, il mit à l'encan ses propres meubles, et il mettait un prix excessif sur lequel il fallait enchérir sous peine de mort. Il établit des combats d'éloquence grecque et latine ; ceux qui avaient le plus mal réussi étaient condamnés à effacer publiquement leurs écrits avec la langue. Ce prince extravagant, qui voulait épouser la lune et faire son cheval consul, fut poignardé à Rome. Claude, né à Lyon, lui succéda, il admit des Gaulois dans le Sénat romain.
Sous le règne de Néron, Julius Vindex, Gaulois de naissance et prêteur de la Gaule lyonnaise, souleva le peuple contre la tyrannie de Néron. Les Éduens, les Séquanais et les Arvernes entrèrent dans le complot. Ceux de Lyon restèrent fidèles à l'empereur qui avait réparé leur ville, brûlée la quatrième année de son règne. Galba, gouverneur de la Tarragonaise, prit parti pour Vindex. Virginius Rufus, chef des légions romaines dans la Haute-Germanie, battit Vindex devant Besançon. Le chef gaulois se tua de sa main, l'an 68 de J. C.
Néron ayant été tué, Galba fut choisi pour le remplacer, pendant que les légions de Germanie nommaient Vitellius pour succéder à Néron. La mort de ce dernier prince arrivée avec l'incendie du Capitole porta les Gaulois à la révolte. Les druides leur faisaient regarder l'embrasement du Capitole, l'an 70 de J. C, comme un présage de la destruction de la grandeur romaine.
Les Lingons animés par ces prédictions prirent les armes. Ils élirent pour chef, Julius Sabinus ; mais il fut vaincu par les Autunois et les Séquanais. Ce chef vécut neuf ans dans une caverne. Il fut découvert. Epponine, son épouse, demanda sa grâce avec celle de ses deux enfants qu'elle avait eus dans cette retraite. L'empereur Vespasien conserva les deux enfants, mais fit périr Sabinus et Epponine. Les Lingons firent la paix avec Domitien, fils de Vespasien, en lui envoyant 70.000 hommes pour soutenir les Romains contre les incursions des Barbares. Autun obtint, à cause de sa fidélité, une fabrique de cuirasses, une autre de flèches fut établie à Mâcon, Reims fut désigné pour les épées, tandis qu'Amiens, Trêves, Soissons, Strasbourg, en avaient pour les boucliers, les balistes, les casques et les harnais.
Établissement de la Religion Chrétienne
Les premiers apôtres des Gaules furent saint Pothin et saint Irénée, disciples de saint Polycarpe, évêque de Smyrne et disciple de saint Jean. Saint Andéol évangélisa le Vivarais, saint Andoche, saint Bénigne, saint Thyrse, s'avancèrent jusqu'à Autun et Dijon, saint Symphorien enfant fut martyrisé à Autun.
En 202, 19.000 martyrs, ayant à leur tête saint Irénée, furent immolés à Lyon. Chalon reçut la foi de saint Marcel, Besançon, de saint Ferréol et de saint Fergeux, envoyés par saint Irénée. Tournus reconnaît pour patron saint Valérien, décapité dans ses murs, et Auxerre saint Pèlerin. On croit que Constantin eut la vision de la Croix, près de Chalon sur-Saône. En 313, il donna la paix à l'Église et déclara libres tous les esclaves qui se feraient chrétiens. Par les soins des saints évêques Rhétice et Cassien, d'Autun, Didier, de Langres, Martin, de Tours, Amateur et Germain, d'Auxerre, Antide et Léonce, de Besançon, la province se trouva toute chrétienne, quand les Bourguignons en firent la conquête. Crocus, roi des Vandales, profitant des divisions de l'empire, vint piller les Gaules ; il prit la ville de Langres et fit périr tous les habitants ; il détruisit le temple d'Hercule en Auvergne. Il fut fait prisonnier à Arles, par Marius, en 260.
Posthume, gouverneur des Gaules, reconnu empereur, apporta la paix dans ces provinces troublées. Claude II et Tétricus, ses successeurs, ne firent que passer sur le trône. La Gaule respira sous Probus. C'est à ce prince que la Bourgogne doit la prospérité, car il permit de replanter les vignes que Domitien avait fait arracher.
Autun souffrit des calamités nouvelles de la part des Bagaudes, pâtres révoltés par la dureté des exactions. Maximilien extermina ces rebelles. C'est pendant cette expédition que la légion thébaine, commandée par saint Maurice, ayant refusé de prendre part à des sacrifices impies, fut massacrée à Saint Maurice-en-Valais, en 286.
Constance Chlore devint empereur par abdication de Dioclétien. Il se fit chérir par sa valeur et sa modération dans les Gaules. Constance favorisa les lettres. Il rappela en Gaule, l'orateur Eumène qui avait quitté Autun pour aller à Rome donner des leçons de l'art oratoire. Il doubla ses appointements qui furent portés à 600.000 sesterces, près de 40.000 livres de notre monnaie. Eumène consacra ses honoraires aux réparations des écoles de sa patrie.
A l'avènement de Constantin, les guerres avaient réduit le peuple éduen à la plus grande misère. Les agriculteurs ne pouvant payer l'impôt avaient pris le parti de se laisser mourir de faim ou de se retirer dans les bois. Constantin, à la vue de cette extrême misère, fit remise, en entrant à Autun, de tous les impôts dus pendant cinq ans. Autun se repeupla et les terres furent remises en valeur.
En 313, Constantin donna à Chalon-sur-Saône cette loi si sage par laquelle il fait défense de marquer les criminels au front.
Julien l'Apostat embellit Paris, où il passa deux hivers. Il périt en Orient. Mais les Barbares étaient aux portes de Rome. Les Alains, les Vandales, les Suèves, les Gépides, traversèrent la Gaule, portant partout le fer et le feu, jusqu'en Espagne et en Afrique. Alaric, roi des Goths, appelé par Stilicon, met le siège devant Rome, la prend, la pille, en 409, et met fin à sa domination sur le monde.
Établissement des Bourguignons dans les Gaules (407 à 534)
Ce peuple, que Pline le Naturaliste fait descendre des Vandales, a une origine aussi incertaine que les Francs. Nés au milieu des forêts, les Bourguignons étaient ennemis de la contrainte, sans patrie et sans demeure fixe ; ils ne redoutaient que la servitude. La frame, la fronde, l'épieu et la hache étaient leurs armes ordinaires. Leurs chefs, qu'ils appelaient Hendin, étaient électifs. Leur pontife, nommé Sinist, était nommé à vie.
Les Bourguignons furent chassés des bords de la Vistule, leur première demeure, vers l'an 215, par Fastida, roi des Gépides, et vinrent s'établir entre l'Elbe et le Veser. L'histoire place à l'an 275 la première irruption des Bourguignons dans les Gaules ; mais en 277, l'empereur Probus les défit et les rejeta de l'autre côté du Rhin. Alliés aux Allemands, ils tentèrent, en 287, une nouvelle invasion dans les Gaules ; elle ne fut pas plus heureuse. Maximilien les rejeta dans les forêts de la Thuringe.
Longtemps après, ces peuples passèrent le Veser et se rapprochèrent du Rhin. C'est après cette troisième émigration que les Bourguignons commencèrent à se civiliser par le commerce avec les Gaulois.
Leurs habillements, faits jusqu'alors des dépouilles des animaux et d'un tissu grossier de la laine de leurs brebis, commencèrent à être d'étoffes fabriquées dans les Gaules. Les armes défensives, autrefois de cuir et d'osier, furent formées d'écailles forgées ou de mailles de fer entrelacées.
Leurs nombreux rapports avec la Gaule les instruisirent peu à peu de la religion chrétienne. On ignore la date de leur conversion. Les uns l'attribuent aux prédications de saint Sévère, évêque de Trêves, en 401 ; d'autres font remonter cet événement vers l'an 380 et même jusqu'en 317, temps où la conversion des nations voisines du Rhin suivit de près celle de Constantin.
Les Bourguignons furent les premiers chrétiens du Nord ; les autres restèrent païens ou devinrent ariens, tels que Les Visigoths, les Ostrogoths, les Vandales.
L'empereur romain Valentinien demanda leur concours dans la guerre qu'il faisait aux Allemands. Mais ce fut Stilicon, général des armées romaines, qui les attira en Gaule pour leur faire part des dépouilles de l'empire. Ils passèrent le Rhin en 407 et s'emparèrent des pays situés entre le Haut-Rhin, le Rhône et la Saône. Ils devinrent les alliés des Romains sous Honorius. Ils élurent un roi et leur choix tomba sur Gondicaire, qu'on peut regarder comme le premier fondateur du royaume de Bourgogne. Il établit son trône à Genève. Ayant soumis la province lyonnaise, il transporta sa capitale à Vienne et se rendit maître d'Autun, et de la Séquanaise. Gondioc, fils et successeur de Gondicaire, ajouta le pays des Allobroges (Dauphiné et Savoie) à son royaume sous l'autorité de Valentinien III.
Les Huns, nation belliqueuse et farouche, conduits par Attila, après avoir ravagé la Germanie et ruiné les villes de Tongres, Trêves, Mayence, Metz, Besançon, Luxeuil, Langres et Auxerre furent exterminés dans les Champs Catalauniques en juin 451 par Aétius, général romain, aidé des peuples qui habitaient la Gaule.
En 456, Gondioc passa en Espagne pour défendre Théodoric, roi des Visigoths, son parent, contre les entreprises du roi des Suèves. Il vainquit ce dernier. De retour dans ses États, il s'appliqua à discipliner son peuple et fit en qualité de patrice le partage des terres conquises entre les Bourguignons et les Gaulois. Les premiers eurent les deux tiers des terres et le tiers des serfs. Il agrandit le royaume de Bourgogne qui s'étendit, au midi, jusqu'à la mer. A sa mort, arrivée en 470, son fils Gondebaud lui succéda sur le trône de Bourgogne ; ses frères se partagèrent les restes des États de Gondioc. La discorde arma les princes bourguignons les uns contre les autres. Gondebaud fixé à Autun fut défait, mais les Allemands s'étant retirés, Gondebaud surprit ses frères dans Vienne et les fit tous périr, à l'exception de Godegésile qui n'avait pas pris part à l'expédition.
Après cette cruelle expédition, Gondebaud visita les frontières de son royaume ; il comprenait six métropoles : Lyon, Vienne, Embrun, Arles, Moutier en Tarentaise et Besançon. Godogésile régnait à Genève.
Tandis que Théodoric, roi des Ostrogoths, faisait la guerre à Odoacre, roi d'Italie, Gondebaud prit Turin, Pavie, en 492, et fit un grand nombre d'esclaves. Théodoric députa l'année suivante saint Epiphane, évêque de Pavie, pour les racheter. Gondebaud par déférence pour le saint, les lui rendit sans rançon.
Au retour de l'expédition d'Italie, le roi de Bourgogne reçut une ambassade de Clovis, roi des Francs. Ce prince recherchait son alliance et obtint la main de Clotilde, nièce de Gondebaud. Clotilde, se méfiant de la politique de son oncle, se hâta d'aller au devant de Clovis. Cette méfiance la sauva, car le roi de Bourgogne, se ravisant sur les suites de cette alliance, fit poursuivre Clotilde. La première grâce que la reine demanda à son époux, si on croit Aimoin, fut de brûler les douze derniers villages du royaume de Bourgogne qu'elle venait de traverser, pour venger la mort de son père et de sa famille. Clotide porta la foi chrétienne sur le trône de Clovis et profita de la victoire de Tolbiac pour faire baptiser son époux, en 496.
Jaloux d'agrandir sa domination, et sous prétexte de venger les outrages faits à la famille de la reine, le roi des Francs s'unit au roi des Visigoths, s'attacha les évêques de Bourgogne qui détestaient Gondebaud comme arien et lui déclara la guerre en 500. Trahi par Godegésile, son frère, Gondebaud fut défait et contraint de lui céder Vienne.
Celui-ci ne jouit pas longtemps du fruit de sa trahison, car à peine Clovis avait repris le chemin de la France que Gondebaud assiège Vienne où son malheureux frère fut pris et massacré dans une église, ainsi que tous les Bourguignons qui l'avaient suivi. Cinq mille Français, laissés à Vienne par Clovis, furent envoyés prisonniers à Alaric, roi des Visigoths, avec lequel il s'unit pour faire la guerre aux Français. Par l'entremise des évêques, il fait la paix avec Clovis. Reconnu pour unique roi de Bourgogne, il publia, à Lyon, la fameuse ordonnance appelée de son nom, loi Gombette, rédigée à Ambérieux en Bugey et souscrite par trente-deux comtes tant Bourguignons que Romains. L'esprit qui y domine est cette équité naturelle puisée dans la liberté et l'égalité dont les Bourguignons avaient joui au milieu de leurs forêts. La loi du talion était autorisée. De même que la loi Salique, la loi Gombette punissait le larcin d'un épervier autant que le meurtre d'un esclave et celui d'un chien de chasse autant que celui d'un Romain roturier. Le duel, inconnu chez les Grecs et les Romains, était regardé par tous les peuples du Nord comme la preuve de leur indépendance et comme le droit de tout homme libre, autorisé à défendre sa vie ou son honneur.
La loi Gombette fut abolie sous Louis le Débonnaire. Le gouvernement du royaume de Bourgogne était militaire, le monarque était absolu. Les principaux chefs prenaient le titre de comte, viguier ou vicomte.
Clovis, uni à Gondebaud attaqua Alaric, roi des Visigoths, et le défit à Vouillé. Cette victoire mit fin au règne des Visigoths dans les Gaules. Gondebaud associa son fils Sigismond, en 514, au gouvernement du royaume. Deux ans après, Gondebaud mourut à Genève. Il résidait aussi à Savigny, près de Lyon.
Le premier acte de Sigismond fut de rétablir la religion catholique dans ses États. Son règne plus pieux que guerrier n'était pas du goût de son peuple. Il avait eu un fils, Sigeric, de sa première femme Amalberge, fille de Théodoric. Constance, sa nouvelle épouse, lui persuada que Sigeric conspirait contre son père. Le roi trop crédule le fit étrangler ; ce supplice acheva de lui aliéner ses sujets. Déchiré de remords, il va s'enfermer dans le monastère d'Agaune pour expier son crime. Le mépris des grands pour un roi moine, les sollicitations de Clotilde qui engageait ses fils Clodomir, Chilpéric et Clotaire, à recouvrer un bien qui leur appartenait, le ressentiment de Théodoric forment un orage qui vient fondre sur l'infortuné Sigismond. Il fut vaincu et s'enfuit à Agaune où les moines le livrèrent avec toute sa famille à Clodomir qui le fit conduire à Orléans où, en 524, il fut massacré avec les siens par ordre de Clodomir, malgré les remontrances de saint Avit, abbé de Micy.
Après la retraite des Français, Godomar se mit en possession des États de son frère Sigismond. Clodomir s'y opposa ; il l'attaqua auprès de Vézeronce en Bugey, mais poursuivant sa victoire avec trop de chaleur, il tomba dans une embuscade où il fut percé de flèches. Les Français laissèrent Godomar paisible possesseur de son royaume pendant dix ans. La mort d'Amalasonthe, reine des Visigoths, qui soutenait Godomar, ranima l'espoir des rois français qui cherchaient l'occasion de s'emparer de ses États. Ils rassemblent leurs troupes en 534 et pénétrèrent en Bourgogne. Godomar vaincu s'enfuit à Autun et son royaume fut soumis aux Français. Ainsi finit le premier royaume de Bourgogne ; il avait duré cent vingt ans.
Pendant ce temps, on vit s'élever le monastère de Condat, fondé par saint Romain, solitaire. Il prit dans la suite le nom de Saint-Claude. Le monastère de St-Symphorien d'Autun, par l'évêque saint Euphrône ; celui de Réome, connu sous le nom de Moutier-St Jean, par l'abbé Jean ; celui de Bebron, aujourd'hui Saint Rambert-de-Joux, tous établis entre 420 et 470.
L'abbaye de Saint Bénigne, de Dijon, fut fondée en 536, par saint Grégoire, évêque de Langres, bisaïeul de Grégoire de Tours. Seine, fils du comte de Mesmont, fonda l'abbaye de Sainte Marie de Sestres ou Saint Seine ; saint Germain fonda l'abbaye de Saint-Germain et celle de Saint-Côme, depuis St-Marien d'Auxerre. Saint Eptade, solitaire, fonda l'abbaye de Cervon, au diocèse d'Autun.
Au VI° siècle, florissaient saint Germain d'Auxerre, Sidoine Apollinaire, saint Mamert, de Vienne, et Claudien, son frère, saint Eucher, de Lyon, saint Hilaire, d'Arles, saint Romain et Lucipien, solitaires du Bugey, Salone et Véran, fils de saint Eucher, les Eutropes, saint Euphrone, évêque d'Autun, saint Apuncule, évêque de Langres et de Clermont, saint Avit, évêque de Vienne, saint Grégoire, comte d'Autun et évêque de Langres, saint Césaire d'Arles, né à Chalon sur-Saône.
La Bourgogne sous les rois de France, première et seconde race (534 à 880)
Le royaume de Bourgogne, conquis sur Godomar, fut partagé entre les princes français. Théodebert, roi de Metz, eut Besançon, Langres, Chalon, Genève et Viviers. Ce prince fut juste et bienfaisant. Childebert, roi de Paris, fondateur de l'Hôtel Dieu de Lyon en 549, fit présent, en revenant de l'Espagne, aux cathédrales de Mâcon et de Chalon, des reliques de saint Vincent, martyr, dont elles prirent le nom. La révolte de Chramne, fils de Clotaire Ier, fut funeste à la Bourgogne. Ce rebelle saccagea Chalon, mais poursuivi par son père, il fut étranglé dans une cabanne et brûlée avec sa femme et ses filles, en 560, Clotaire en proie aux remords mourut peu à près.
Gontran, son second fils, eut le royaume d'Orléans et de Bourgogne avec le territoire de Sens. Sigeberl, son frère, ayant été assassiné devant Tournay par les émissaires de Frédégonde, en 575, il adopta Childebert son fils pour héritier de ses États. Sa cour à Chalon était l'asile des malheureux. Ethérius, évêque de Lisieux, ayant été mis en prison sur une fausse accusation, rompit ses liens et se réfugia auprès de Gontran. Chilpéric, dont Ethérius était le sujet, convaincu de la calomnie, écrivit à son frère de rendre ce prélat à son église, ce qu'il fit en le comblant de bienfaits. C'est sous son règne qu'éclatèrent les fureurs de Frédégonde et de Brunehaut.
Gontran est le premier des rois bourguignons qui eut des gardes, à cause des fréquents assassinats dont il fut menacé. Il mourut le 28 mars 593 et fut enterré dans l'abbaye de Saint-Marcel-lès-Chalon. L'évêque Jean Rolin lui fit élever un magnifique mausolée qui fut détruit par les Calvinistes et ses cendres jetées au vent.
Ce prince eut trois femmes, la dernière, Austregilde, demanda par grâce en mourant de faire périr ses deux médecins, parce qu'ils n'avaient pas eu l'habileté de la guérir. Son mari eut assez de faiblesse pour le lui promettre et assez de cruauté pour lui tenir parole. Malgré les défauts de Gontran, ses abondantes aumônes, son respect pour la religion, sa pénitence et ses fondations, l'ont fait mettre au rang des saints. Il fonda l'abbaye de Saint Marcel, où mourut Abailard en 1142. Genève lui doit la belle basilique de Saint-Pierre consacrée par saint Ayit, en 585.
Childebert, fils de Brunehaut et roi d'Austrasie, succéda à son oncle Gontran. Il mourut en 596. Théodebert et Thierry succédèrent à leur père Childebert, sous la tutelle de Brunehaut leur aïeule. Le premier est couronné roi d'Austrasie, le second roi d'Orléans et de Bourgogne. Brunehaut reste en Austrasie et confie l'éducation de Thierry à Syagrius, évêque d'Autun, et à Varnachaire ou Garnier, maire du palais. Thierry tint sa cour à Chalon où il faisait battre monnaie. Les grands d'Austrasie lassés des caprices et de l'ambition de Brunehaut la font exclure des affaires. Elle se retira à Chalon où elle fit réparer les voies romaines ; elle rebâtit la cathédrale de Besançon et l'abbaye d'Ainay à Lyon, et fit construire à Auxerre une tour à laquelle elle donna son nom. Cette reine corrompit les mœurs de Thierry pour le mieux gouverner. Elle fit déposer saint Didier, évêque de Vienne, qui lui reprochait ses crimes.
Brunehaut pour se venger de son expulsion d'Austrasie fait déclarer la guerre entre les deux frères, Théodebert et Thierry, sous le prétexte que Théodebert était le fils d'un jardinier. Le favori de la reine, Protade, est tué dans une sédition, et les deux frères sont forcés de faire la paix. Brunehaut venge la mort de Protade par celle des conjurés.
Thierry, persuadé par saint Colomban de mettre fin à ses dérèglements par une union légitime, demande la main d'Ermenberge, fille du roi des Visigoths. Brunehaut empêche cette union, Saint Colomban est exilé à Luxeuil et saint Didier qui montre le même zèle est mis à mort dans un village des Dombes appelé aujourd'hui Saint-Didier-sur-Chalaronne.
Le roi d'Austrasie, sous prétexte de venger l'injure qu'il avait reçue de son frère Thierry, à l'instigation de Brunehaut, envahit ses États en 610. Après plusieurs succès, Théodebert est vaincu dans les plaines de Tolbiac et emmené prisonnier à Chalon-sur-Saône où Brunehaut le lit assassiner. Peu de temps après Thierry mourut subitement, en 613. Les grands d'Austrasie et de Bourgogne, craignant de retomber sous la domination de Brunehaut, offrent la couronne à Clotaire, roi de France. Celui ci s'empare des enfants de Thierry, Mérouée, Sigebert et Corbe ; il fait couper les cheveux à Mérouée et égorger les deux autres. Brunehaut prise à Orville, entre Langres et Dijon, est condamnée à mourir attachée à la queue d'un cheval indompté. Les restes de son corps livrés aux flammes furent transportés dans l'abbaye de Saint Martin d'Autun, dont elle était fondatrice, et renfermés dans un tombeau de marbre blanc que l'évêque Claude de la Magdeleine de Ragny fit ouvrir en 1633. On y trouva des ossements, des cendres, du charbon et une molette d'éperon.
Le royaume de Bourgogne fut unit pour la seconde fois à la couronne de France sous Clotaire II qui réunit en sa personne la dignité de maire du palais. Il mourut en 628 ; il crut expier ses péchés en fondant l'abbaye de Lure en Comté.
Dagobert, son fils et successeur, réprima les vexations des seigneurs et tint ses assises à Langres, Dijon, Saint-Jean-de-Losne, Chalon et Auxerre. Il se souilla par le meurtre de Brunulfe, oncle de Caribert, qu'il fit assassiner à Saint Jean-de-Losne, et par l'abus des plaisirs. Il mourut à l'âge de 36 ans et fut inhumé dans l'abbaye de Saint Denis qu'il avait fondée.
Clovis II, le premier roi fainéant, eut pour maires du palais, Oega, Flaochat et Erchinoald, maire de Neustrie. Ce roi mourut à 22 ans, en laissant de sa femme Bathilde trois fils : Clotaire, Childéric et Thierry.
Clotaire III n'avait que cinq ans lorsqu'il monta sur les trônes de Neustrie et de Bourgogne. Sainte Bathilde, sa mère, aidée des conseils de saint Léger, évêque d'Autun, gouverna son fils avec sagesse, mais s'étant retirée dans le monastère de Chelles qu'elle avait fondée, elle laissa le royaume à la merci d'Ebroïn, maire du palais. Clotaire III mourut à 19 ans sans postérité. Son frère Thierry est élu roi par les soins d'Ebroïn. Mais la haine qu'on avait pour le ministre rejaillit sur Thierry, il fut enfermé dans l'abbaye de St-Denis.
Childéric, déjà roi d'Austrasie, devint maître de toute la France. Il devait son élection à saint Léger, qu'il fit son principal ministre. Les seigneurs, dont l'ambition ne s'accommodait pas de la sage administration de Léger, le rendirent suspect à Childéric qui chercha à le tuer. Saint Léger s'enfuit et fut enfermé au monastère de Luxeuil. Childéric fut assassiné avec sa femme et son fils aîné, en 673, par Bodillon, seigneur français qu'il avait fait battre de verges, pour lui avoir fait des représentations au sujet d'un nouvel impôt.
Thierry, troisième fils de Clovis II, fut tiré de Saint Denis pour monter sur le trône. Saint Léger revint au pouvoir avec Ebroïn. Saint Léger se retire à Autun, Ebroïn vint l'y attaquer ; alors pour éviter les malheurs qui menacent son troupeau, il se livre à son ennemi qui, après lui avoir fait crever les yeux et couper la langue, le fît décapiter en 678. Cinq après Ebroïn tombait sous le fer d'un assassin.
Le plus célèbre maire du palais fut ensuite Pépin d'Héristal dont le fils Charles Martel défit, en 732, les Musulmans à Poitiers. En 731, les Arabes conduits par Abdérame ruinèrent Avignon, l'île de Lérins, Lyon, Mâcon, Tournus, Chalon, Autun, Saulieu, Auxerre.
Pépin le Bref, fils de Charles Martel, fit raser Childéric III et se fit proclamer roi en 751. La race de Clovis avait régné 270 ans. Cette révolution n'amena aucun changement dans la Bourgogne qui conserva ses privilèges et ses usages.
Charlemagne fut le protecteur des lettres et le bienfaiteur des églises en Bourgogne. Il rétablit celle de Saint Vincent de Chalon, de St-Andoche de Saulieu, de St Jean le-Grand d'Autun, brûlées par les Sarrazins.
Sous le règne de Louis le Débonnaire, les Bourguignons furent fidèles à la royauté. Guérin de Vergy et Bernard comte d'Autun contraignirent Lothaire de rendre la liberté à son père Louis qu'il gardait en prison. Lothaire s'en vengea en venant assiéger Chalon qu'il réduisit en cendres, en 834. Autun aurait eu le même sort si les troupes impériales n'étaient venues à son secours.
À la mort de Louis le Débonnaire, arrivée en 840, ses enfants se partagèrent l'empire. Louis de Bavière eut la Germanie ; Lothaire, l'Italie, la Provence, le Dauphiné, la Savoie, le Lyonnais, la Haute-Bourgogne ; Charles le Chauve, l'Aquitaine, la Neustrie et la Bourgogne inférieure ou le Duché. Les terres du côté oriental de la Saône furent appelées Terres d'Empire, de l'autre côté, Terres de Roi. Le traité fut fait en langue romane et tudesque. C'est le plus ancien monument de la langue française avec le traité de Verdun. Douze ans après, Lothaire, le fléau de sa patrie, mourut imbécile dans le monastère de Prum, diocèse de Trêves.
Charles le Chauve et Louis le Bègue n'eurent aucune des qualités nécessaires à un souverain. L'anarchie était partout. L'ancien royaume de Bourgogne se divisa en trois : celui de Provence avec Bozon comme roi (879) ; la Bourgogne transjurane avec Rodolphe (888) et celui d'Arles en 930.
La Bourgogne proprement dite resta sous l'empire des ducs bénéficiaires dont il va être question.
Illustres et savants personnages
Saint Grégoire, comte d'Autun, évêque de Langres, mort en 538. Saint Tétria son fils et successeur, mort en 570.
Saint Germain, né à Autun, évêque de Paris, a laissé un précieux monument de l'ancienne liturgie gallicane, mort en 576.
Saint Doctroyée, premier abbé de Saint Germain des Prés, abbaye fondée par Childebert Ier, en 543, mort en 580.
Saint Arige ou Aré, né à Alise, évêque de Nevers, mort à Decise en 594.
Saint Vorle, directeur du roi Gontran, curé de Marcennai.
Marius, né à Autun, savant évêque d'Avenche, nous a laissé une chronique abrégée des premiers rois francs et bourguignons, mort en 596.
Saint Syagre, évêque d'Autun. Saint Grégoire, pape, lui accorda le Pallium et la prééminence sur ses comprovinciaux.
L'église de Chalon eut au VI° siècle trois saints et savants évêques : Agricole, l'ami de Fortunat ; Flavie, référendaire du roi Gontran, et Loup, chef de l'école épiscopale.
Auxerre eut le bonheur de voir occupé le siège épiscopal par plusieurs saints évêques, dont les plus illustres furent : saint Aunaire, disciple de saint Syagre, mort en 602 ; saint Didier, mort en 621, et saint Pallade.
Saint Didier, né à Autun, archevêque de Vienne, fut assassiné à Saint-Didier-sur Chalaronne, par ordre de Brunehaut en 608.
Saint Eustache, archevêque de Bourges, mort en 607.
Jean de Réome, fils d'un sénateur de Dijon, fondateur de l'abbaye de Moutier-Saint-Jean, et Seine, fils du comte de Mesmont, se sanctifièrent par la pénitence et moururent le premier en 539 et le second en 580.
Saint Paul, frère de saint Germain de Paris, évêque de Verdun, mort en 648.
Saint Léger, seizième évêque d'Autun.
Saint Méderic ou Merri, né à Autun, abbé de Saint-Martin, fondateur de la Celle de Saint-Merri, mourut à Paris, en 700.
Saint Frodulphe ou Frou, moine de l'abbaye de Barjon.
Saint Vincent, prêtre de Magny en Nivernais au VII° siècle.
Saint Gengoult, né en Bourgogne. Les débauches de sa femme le firent retirer dans la solitude où il fut assassiné par le complice de sa femme, en 760.
Madone, trente septième évêque d'Autun, savant prélat, mort en 739.
Saint Aurélien, diacre d'Autun, archevêque de Lyon, reçut au Concile de Chalon, en 893, le titre de Primat des Gaules, pour la première fois ; fonda le prieuré de St-Benoît de Seyssel en Bugey ; rétablit les monastères de Nantua et d'Ainay.
Saint Odilon, abbé de Cluny.
Usages
Saint Aunaire, dix-huitième évêque d'Auxerre, tint en 581 un grand synode où furent dressés quarante-cinq canons. Le premier défend de se déguiser le 1er janvier en vache ou en cerf.
Le troisième d'acquitter des vœux à des buissons, à des arbres, ou à des fontaines, ni de faire des figures de pied d'homme avec du linge pour les placer sur les grands chemins.
Le neuvième empêche les laïques de danser dans les églises, d'y faire chanter les filles ou d'y donner des festins.
Le douzième de donner l'Eucharistie aux morts ou de la mettre avec eux dans le cercueil.
Selon le quatorzième, on ne doit pas enterrer dans le baptistère, ni mettre un mort sur un mort dans le même tombeau.
Gruter rapporte une épitaphe singulière d'un ancien chrétien qui ordonna qu'on l'enterrât seul, afin qu'au jour du jugement, il lui fut plus aisé de sortir de son monument.
Par le trente huitième, une femme ne doit pas recevoir l'Eucharistie dans la main nue, ni toucher le corporal.
Le quarante-deuxième enjoint aux femmes, quand elles communient, d'avoir leur dominical (voile des fêtes) ; elles pouvaient tenir un bout de ce voile dans la main pour y recevoir l'Eucharistie.
La clôture n'était point observée dans tous les monastères de filles, comme ceux qui suivaient la règle de saint Césaire d'Arles. Cet illustre évêque, né à Chalon-sur-Saône, fut le premier, en Gaule, qui établit un monastère de filles. Sainte Radegonde fonda la première abbaye de femmes à Poitiers. Elle orna son église d'un morceau de la vraie croix ; le monastère prit le nom de Sainte-Croix et le poète Venance Fortunat, son chapelain, depuis évêque de Poitiers, composa l'hymne Vexilla Regis prodeunt.
Les religieuses de chœur avaient l'habitude d'étudier le latin.
La cathédrale et plusieurs monastères avaient le droit d'asile. Celui de Saint Martin de Tours, était le plus sacré ; ceux de Saint Bénigne à Dijon, de Saint Martin à Autun, de Saint Philibert à Tournus, de Saint-Marcel à Chalon, jouissaient de ce droit. A cause des désordres, Charlemagne défendit qu'on donnât à manger aux criminels réfugiés dans les églises. Ce privilège fut aboli en France sous Louis XII, par le cardinal d'Amboise.
Sous la première race, il se faisait en France un grand commerce d'esclaves et de prisonniers. La reine Bathilde le défendit absolument et racheta quantité de ces malheureux. A l'occasion d'un heureux événement on donnait la liberté à quelques serfs. Le roi, à la naissance d'un fils, ordonnait aux ducs et aux comtes, d'avoir à renvoyer trois serfs de chacune de leurs terres ou maisons de campagne.
Après la conversion de Clovis, l'Église devint toute puissante par suite des libéralités de ce prince et de ses successeurs. Les peuples aussi comblèrent de bienfaits les ministres des autels. L'abbaye de St Martin d'Autun, selon M. Bullet, possédait cent mille manses, manoirs ou meix. Comme la possession des esclaves faisait la principale richesse des princes et des particuliers et comme aucun domaine n'était cultivé que par des serfs, l'Église en acquit un grand nombre par les donations des fidèles. Elipan de Tolède reprochait à Aleuin, qui jouissait de plusieurs abbayes, d'avoir vingt mille esclaves.
Par les polyptiques des monastères de Saint-Germain des Prés, Saint-Maur-les-Fossés, Saint-Bénigne, Saint-Martin d'Autun, Saint-Philibert de Tournus. etc., on voit qu'une multitude de personnes en dépendaient à titre de colons, lides, vassaux, serfs, hommes de corps, ingénus, nobles, votifs. En effet, le zèle des fidéles ne se borne pas à des libéralités, ils se donnaient eux-mêmes sous la seule condition que l'Église leur fournirait le nécessaire ou les laisserait jouir de leurs biens à titre précaire.
Les hommes qui se dévouaient au service des abbayes prenaient le titre de saints vassaux et par corruption celui de saint vaux ou sanvaux.
La cérémonie de leur dévouement se faisait dans le temple en prenant du pain et du vin bénits. Ailleurs, le prosélyte s'approchait de l'autel, y plaçait dévotement ses mains et y couchait sa tête ; dans cette situation, il déclarait qu'il offrait à Dieu et au saint patron tous ses biens et même sa personne, et qu'il s'engageait de les servir comme esclave toute sa vie. Les plus zélés s'entouraient le cou d'une corde, pour exprimer le sacrifice entier de leurs biens et de leur vie ; de là peut-être l'origine des frères lais ou oblats dont la condition était peu différente des serfs dévoués au service des monastères. La reine Blanche fit cesser ces abus. Saint Louis prépara l'affranchissement de tous les serfs de la couronne qui fut prononcé par Louis le Hutin, en 1313, par lettres patentes.
Les chanoines étaient debout pendant l'office. Plus tard, il fut permis aux vieillards et aux infirmes de porter un bâton à l'église pour s'y appuyer. Comme la posture était gênante, on permit aux chanoines de s'appuyer sur le rebord des niches que chacun occupait, et ces bords à hauteur d'appui furent nommés indulgences.
Le concile d'Agde, tenu en 506, adopté en Bourgogne, permit aux prêtres et aux clercs de retenir les biens d'église sans pouvoir les vendre ou les donner. C'est l'origine des Bénéfices.
Au IX° siècle, les moines héritaient de leurs parents, mais les laïques n'héritaient pas des moines.
En Carême, on ne prenait sa réfection qu'après vêpres ; on faisait abstinence le mercredi et le vendredi. Mais, si une fête tombait ces jours-là, on faisait gras. On a gardé cette ancienne coutume pour la fête de Noël.
L'année, sous les premiers rois de France et de Bourgogne, commençait le jour de la revue des troupes : le 1er mai, sous les Carlovingiens à Noël ; sous les Capétiens, à Pâques ; depuis 1364, le 1er janvier.
L'usage des cloches était établi du temps de Charlemagne ; on les appelait clocoe et on en mettait le baptême au nombre des superstitions qui devaient être prohibées par la loi.
Les premières orgues qui parurent en France y furent envoyées à Pépin par l'empereur de Constantinople, en 757. Au début du XII° siècle, elles furent introduites dans les églises.
L'usage du papier fut introduit en France dès le VI° siècle et nous venait de l'Égypte qui employait le papyrus à cet effet. Les Sarrazins s'étant emparés de l'Égypte, on fut obligé d'écrire tous les livres sur du parchemin. Comme il était d'un grand prix, on raturait un manuscrit de Tite-Live ou de Tacite pour le remplacer par la légende d'un saint ou les prières d'un missel.
Le papier de chiffon fut inventé au XI° siècle. Dans son Traité contre les Juifs, Pierre le Vénérable écrit : « Les livres que nous lisons tous les jours sont faits de peaux de bélier, de bouc, de veau, ou de plantes orientales, ou enfin de chiffons. »
Dans plusieurs actes des IX° et X° siècles, les rois et les grands seigneurs formaient de leur propre main le signe de la croix, ne sachant pas écrire ; c'est de là qu'est venu le mot signer.
Le mot cahier vient du latin coder, tronc d'arbre, dont on faisait des tablettes pour écrire. En Égypte, on se servait pour écrire de l'écorce d'un arbrisseau appelé papyrus, d'où est venu le mot papier. Avant le papyrus, les Romains se servaient de membranes, tissus forts déliés qui se trouvaient entre le bois et l'écorce et qu'ils appelaient liber d'où on a formé le mot livre. Comme on roulait cette écorce, ce parchemin, à mesure que l'on écrivait dessus, le mot latin, volumen, donné à ces rouleaux a formé le mot volume bien que nos livres soient formés de feuilles coupées et reliées ensemble.
Les routes furent négligées en France jusqu'à Brunehaut et Charlemagne. Ses successeurs les négligèrent. Philippe Auguste les restaura et fit paver Paris pour la première fois. Dijon fut pavé en 1424.
Les Juifs faisaient déjà un grand commerce dès le règne de Gondebaud, en Bourgogne et en France. Chilpéric, Charlemagne, Charles le Chauve avaient des Juifs parmi leurs favoris. Agobard, archevêque de Lyon, nous apprend qu'ils avaient des terres dans l'empire et même des esclaves chrétiens. Ils s'étaient choisi un magistrat particulier qui résidait à la cour avec le titre de Maître des Juifs. Cette charge consistait à les protéger et à être leur agent. Ils paraissent avoir la même condition que les Romains en France. La taxe des négociants juifs était plus forte que celle des chrétiens et ils n'avaient point d'action contre la personne de ceux ci.
Ils étaient fort répandus en Bourgogne ; presque toutes les villes avaient une rue des Juifs.
Lorsque l'un deux voulait se faire chrétien, il devait indemniser son seigneur. Bannis du royaume de France, en 1395, par Charles VI, ils créèrent les lettres de change pour continuer leur commerce.
La condition des Juifs ne fut pas toujours la même en France ; ils furent souvent distingués par des marques ignominieuses sur leurs habits. A Lyon, ils portaient sur l'épaule une roue de drap rouge ou jaune, de la largeur d'un écu. Philippe V les obligea encore de porter une corne attachée à leur bonnet. Le roi Jean changea cet attirail en une plaque d'étain, en 1363. Chassés plusieurs fois de la France, la Révolution française leur donna la qualité de citoyens français. Les Juifs d'Algérie possédent ce titre depuis 1871.
La Bourgogne sous les Ducs Bénéficiaires de 880 à 1032
La faiblesse du gouvernement, sous les descendants de Charlemagne, les pouvoirs des grands, les usurpations des comtes et des patrices donnèrent lieu à des établissements qui augmentèrent autant le crédit des particuliers qu'ils diminuèrent l'autorité royale. Les derniers rois carlovingiens ne possédaient plus que Laon et Soissons. On vit les grands se rendre propriétaires des provinces dont ils n'avaient été que ducs ou gouverneurs.
Richard, comte d'Autun, fut le premier duc bénéficiaire par concession. Son frère Bozon se fit couronner roi de Provence. Ils durent leur élévation à Richilde leur sœur, épouse de Charles le Chauve.
Il donna le gouvernement de Mâcon à Bernard, dit Plante Velue, tige des comtes héréditaires de Mâcon. Richard soutint la famille régnante et défit, en plusieurs rencontres, les Normands commandés par Rollon.
De son temps, les abbayes de Perrecy et de Cluny furent fondées, ainsi que les prieurés de Saint-Vivant et d'Anzy.
Gérard, évêque de Mâcon, se retira dans une forêt près de Bourg et y fonda le monastère de Brou. L'amour de l'équité et peut être sa sévérité firent donner à Richard le surnom de Justicier. Il mourut à Auxerre, en 921, en laissant trois fils : Raoul son successeur et roi de France, Hugues le Noir et Bozon.
Raoul gouverna la France pendant la captivité de Charles le Simple à Péronne. Il sut par sa fermeté en imposer à tous les petits tyrans qui s'élevaient de toutes parts. Il résida souvent à Autun, mais il affectionna Auxerre où il mourut sans enfant, en 936. Il fut enterré à Sens, à côté de son père.
Gilbert de Vergy, son beau-frère, à qui il avait cédé la Bourgogne en montant sur le trône de France, fut presque toujours en guerre pour soutenir ses droits. Sous son gouvernement, les Hongrois désolèrent la Bourgogne. En 937, ils brûlèrent St Marcel, St Pierre-de Chalon, Tournus, Savigny et l'Ile-Barbe. Il mourut à Langres, laissant sa fille Leudegarde, mariée à Othon, fils de Hugues le Grand.
Hugues le Noir, fils de Richard, succéda à son beau-frère. S'étant emparé de Langres, Louis d'Outremer le força à lui rendre hommage et céda à Hugues le Blanc la partie septentrionale du duché. Il mourut sans enfant.
Hugues le Blanc, fut surnommé l'Abbé, parce qu'il jouissait des plus riches abbayes de France, et le Grand à cause de ses qualités. Il fit sacrer Lothaire IV à Reims, qui en récompense lui céda l'Aquitaine. Il laissa trois fils, Hugues Capet, Othon et Henri, ducs de Bourgogne.
Othon eut des démêlés avec Robert de Vermandois, son beau-frère. Il mourut en 965.
Henri, son frère, lui succéda du consentement de Lothaire. Ce fut un prince pieux occupé à corriger les abus. Il chargea saint Mayeul de réformer toutes les abbayes de la Bourgogne.
Hugues Capet ayant été placé sur le trône de France, en 987, donna la Bourgogne en propriété à son frère Henri. Ce prince mourut à Pouilly-sur Saône, en 1002. Sous son règne, Lambert, comte héréditaire de Chalon, fonda en 973, dans un de ses domaines, au Val d'Or, près Paray, une abbaye unie à Cluny en 999.
Le duc Henri adopta Othe Guillaume, que sa femme Gerberge avait eu d'un premier mariage. Othe l'Étranger se fit reconnaître duc par tous les seigneurs ; il fut soutenu par Landry, comte de Nevers, son gendre, et par Brunon, son beau-frère, évêque de Langres. Le roi Robert lui contesta son héritage les armes à la main. Après treize ans d'une guerre indécise, il fut décidé que le roi Robert aurait le duché de Bourgogne, et Othe, son concurrent, le comté de Dijon pour la vie. Ce prince, tige des comtes de Bourgogne, mourut en 1027.
Le second royaume de Bourgogne prit fin à la mort d'Eudes, comte de Troyes, qui périt les armes à la main contre Conrad II. Il avait duré 150 ans. Conrad réunit ce qu'il put à l'empire, le reste fut démembré, d'où se formèrent les comtés de Provence, de Savoie, de Bourgogne ou Franche-Comté.
Lambert, évêque de Langres. ayant remis tous ses droits sur Dijon, Robert en fit la capitale du duché qu'il donna à son fils Henri.
Le roi Robert, pour réparer les maux qu'il avait causés à la Bourgogne, admit les villes de Dijon et d'Auxerre parmi les huit principales dont il nourrissait trois cents pauvres chaque jour. Il mourut à Melun en 1031.
Henri Ier, son frère aîné, devenu roi de France, céda en propriété le duché de Bourgogne à son frère Robert, qui fut la souche des douze ducs qui vont suivre.
Usages
Pendant les ravages des Normands, on portait les reliques des saints dans les lieux fortifiés. On porta de Noyon le corps de saint Médard à Dijon, celui de saint Bénigne dans la chapelle de Saint-Vincent (abbaye de Saint Étienne), celles de saint Philibert de Tournus furent transportées à Saint Pourçain-sur-Allier ; celle de Saint Jean de Réome au château de Semur, etc.
La noblesse, toujours à cheval, courait la campagne, poursuivait les voyageurs et les paysans désarmés. On avait multiplié les croix sur les chemins et dans les champs pour servir d'asile aux malheureux qui couraient embrasser ce signe de salut que les nobles n'osaient violer. De là, s'est conservé l'usage d'ériger des croix sur les grandes routes et à la croisée des chemins.
Cependant ces malheureux serfs qu'on maltraitait ainsi, qu'on vendait, qu'on tirait au sort, composaient en Bourgogne, comme dans la plus grande partie de l'Europe, plus des deux tiers des habitants. Il ne leur était pas permis d'appeler en duel une personne franche, ni de rendre témoignage contre elle ; il leur était défendu de porter des armes. Celui qu'on trouvait armé, à moins qu'il ne fût passager ou chasseur, était condamné à une amende de 60 sols et s'il était pauvre, on lui coupait les oreilles.
Les lettres et les sciences étaient fort négligées.
Quelques évêques, tels que ceux de Chalon et de Langres, érigèrent des écoles où l'on enseignait les lettres humaines et la théologie.
Saint Odilon, abbé de Cluny, encouragea les études. D. Mabillon nous apprend que ce saint abbé fit chasser dans ses forêts pour avoir de quoi faire des couvertures aux livres de la bibliothèque et acheter des ceintures à ses moines, avec le produit de la vente du gibier. Son nom est immortel dans l'Église par l'institution de la « Commémoraison des Trépassés ». Il mourut à Souvigny, en 1049.
Dans ces temps d'ignorance, il était dangereux de perfectionner les arts et d'y faire des découvertes. Gerbert, précepteur du roi Robert à Reims, ayant inventé des orgues hydrauliques et d'autres machines, fut traité de magicien. Flodoard, parlant d'une horloge à roues faite par le même Gerbert, disait que c'était une invention du diable.
Toutes les chartes de donation de ce temps là commencent par ces mots : « Moi, pour le remède de mon âme et celle de mes prédécesseurs, pour la rémission de mes péchés ... »
Elles se terminaient par des imprécations terribles contre ceux qui auraient osé les contredire. Témoin la donation faite par le comte Eccard au prieuré de Perrecy, en 840. Après avoir stipulé les terres et les serfs qu'il donne à l'abbaye, il ajoute : « Si quelqu'un ose contredire notre volonté, qu'il encoure la malédiction de Dieu ; qu'il ait le sort de Dathan et Abiron, du traître Judas et de Caiphe ; qu'il éprouve la sentence du prince des Apôtres avec Ananie et Saphire. » Ces menaces effrayantes étaient nécessaires pour contenir les usurpateurs d'un siècle où le plus fort pouvait impunément opprimer le plus faible.
La famine et la peste étaient fréquentes dans ces siècles malheureux. Au X° siècle, on compta jusqu'à dix famines et treize pestes. La nourriture était grossière, le linge inconnu et le vin fort rare. L'indigence était extrême, l'agriculture négligée à cause des risques de la guerre perpétuelle que se faisaient les seigneurs. Les marais croupissants infectaient l'atmosphère, les rues des villes ressemblaient à des cloaques. L'usage des bains était abandonné par principe de religion.
Toutes ces causes réunies multipliaient la peste, la lèpre, le mal des ardents, suite funeste des désordres politiques et des mœurs grossières de cette époque.
La famine la plus funeste causée par des pluies continuelles et qui dura trois ans, arriva en 1030. Un aubergiste de Mâcon massacrait ses hôtes dont il apprêtait d'affreux repas ; quand on l'arrêta on trouva chez lui quarante-huit têtes d'hommes ou d'enfants. Un autre exposa publiquement de la chair humaine sur le marché de Tournus. Ils furent condamnés au bûcher.
L'Église fit vendre les vases sacrés pour soulager ces malheureux affamés qui étaient obligés de brouter l'herbe, l'écorce des arbres ou de ronger les racines des plantes. On alla jusqu'à déterrer les cadavres pour s'en repaître. L'abondance revint en 1033. Cette même année, un concile d'Auxerre ordonna qu'à perpétuité on s'abstiendrait de vin tous les vendredis et que le samedi on ferait maigre à moins qu'il n'arrivât une fête, et cela pour prier Dieu d'éloigner à tout jamais de si horribles maux.
L'insécurité des chemins était telle que saint Mayeul, abbé de Cluny, invité par Bouchard, comte de Paris, à se rendre à Saint-Maur-les-Fossés, trouva inconcevable qu'on voulut l'engager à un voyage aussi difficile et qu'on lui demandât « de venir dans les terres inconnues. »
La Bourgogne Duché-Pairie sous les ducs de la première race royale (1032-1361)
ROBERT Ier
Il reçut du roi Henri, son frère, le duché de Bourgogne, en 1032, « pour en jouir en pleine propriété et passer à ses héritiers. » Ses sujets souffrirent beaucoup sous sa longue et violente administration. Il fit une guerre continuelle à Raynald, comte d'Auxerre, dont il voulait envahir le domaine. Ce seigneur mourut, en 1040, au combat de Seignelay. Son fils Guillaume chercha à venger la mort de son père. Robert lui opposa son fils aîné qui fit brûler cent-dix habitants de Saint-Brix, réfugiés dans l'église. Ce prince violent fut assassiné par des Auxerrois qu'il avait maltraités.
Robert Ier assassina son beau frère, Dalmace de Semur en Brionnais. Il crut réparer ce crime en fondant le prieuré de Notre Dame de Semur en Auxois. Il mourut à Fleurey-sur-Ouche, en 1075, d'un accident tragique et honteux que l'histoire n'explique pas.
Il avait eu d'Alix de Semur, Hugues et Henri, morts avant lui. Ce dernier laissa quatre fils, Hugues et Eudes qui furent successivement ducs de Bourgogne, Robert, évêque de Langres, mort religieux à Molesme, et Henri qui devint comte de Portugal, en épousant Thérèse, fille d'Alphonse VI, roi de Castille.
Sous le règne de Robert Ier, saint Hugues de Semur, abbé de Cluny, fonda le prieuré de Marcigny pour les filles nobles, en 1053, et saint Robert, celui de Molesme. De son temps, Léon IX créa Humbert cardinal, ce fut le premier Français qui obtint cette dignité. Il fut le chef d'une ambassade que le pape envoya à Constantin Monomaque, empereur de Constantinople.
HUGUES Ier
Petit fils de Robert, gouverna la Bourgogne avec tant de sagesse qu'il fit oublier les violences de son aïeul.
Il convoqua à Bèze, en 1076, ses barons pour prévenir les abus d'autorité de ses successeurs. Il dispensa, par une loi solennelle, six d'entre les hauts barons de l'obéissance au duc qui ferait violence à la liberté des assemblées ou qui enfreindrait les usages communs.
Hugues alla en Espagne au secours de Don Sanche, roi d Aragon, détrôné par les Sarrazins. Le duc accompagné de sa principale noblesse battit les Infidèles et rétablit Don Sanche sur son trône.
Ayant perdu Yolande de Nevers, sa femme, il imita Guy de Mâcon qui, avec trente chevaliers, s'était retiré à Cluny.
Leurs femmes avaient pris le voile à Marcigny. Hugues se retira à Cluny, en 1078, sous la discipline de saint Hugues, son grand-oncle. Ses sujets le regrettèrent et se plaignirent si vivement que le pape Grégoire VII en fit de vifs reproches à l'abbé de Cluny. « Vous avez, lui écrivit-il, enlevé le duc de Bourgogne, et par là vous ôtez à cent mille chrétiens leur unique protecteur ; si vous ne vouliez pas exécuter mes ordres qui vous le défendaient, au moins eussiez-vous dû être sensible aux gémissements des pauvres, aux larmes des veuves et aux cris des orphelins. »
Hugues resta vingt-cinq ans dans le cloître, honoré du sacerdoce.
Saint Hugues de Semur, sixième abbé de Cluny, mourut en 1109, après avoir gouverné l'abbaye pendant soixante ans et fait bâtir par les libéralités d'Alphonse IV, roi de Castille, la belle et vaste église de Cluny, malheureusement en partie détruite aujourd'hui. St Martin des Champs, St-Marcel de Chalon, les abbayes de Lône, Paray, Perrecy, St-Vivant furent réunis à Cluny. La Charité-sur-Loire fut la première fille de Cluny, Saint Pancrace-de-Leuve, en Angleterre,la deuxième, et Saint-Martin des Champs la troisième.
Urbain II, qui avait été moine à Cluny, ordonna le premier aux Clercs, en 1096, la récitation du « Petit Office de la Sainte Vierge », en usage parmi les ermites institués par saint Pierre Damien.
Une peste qu'on nommait le « feu sacré » se répandit, vers 1089, dans la Bourgogne. On invoqua saint Antoine pour cette contagion. Plusieurs personnes pieuses se consacrèrent au service des malades pendant cette calamité. Ce fut l'origine de l'ordre des Antonins.
Saint Bruno fonda les Chartreux qui eurent des maisons dans la Bourgogne. Dans les premiers temps de leur institution, les Chartreux ne savaient pas ce que c'était que plaider. Si on leur faisait tort, ils se contentaient d'en donner avis aux puissances.
EUDES Ier
Fut aussi libéral que son frère envers les monastères. Saint Robert, abbé de Molesme, fonda l'abbaye de Citeaux, en 1098. Eudes assista à la dédicace de l'église faite par Gautier, évêque de Chalon.
S'étant croisé, il remit le duché à son fils Hugues. Il mourut à Tarse ; son corps rapporté en France, fut enterré à Citeaux, sous le portail de l'église. Mabaud, sa femme, sœur du pape Calixte, était fille de Guillaume Tête Hardie, comte de Bourgogne.
La Trêve de Dieu établie au XI° siècle prescrivait entre les seigneurs une suspension d'armes depuis le mardi soir jusqu'au lundi matin.
La chevalerie prit son origine dans les tournois. La noblesse s'engageait à défendre les opprimés, les veuves et les orphelins. Pour prétendre à cette distinction, il fallait être bon gentilhomme et avoir fait ses preuves de bravoure et de probité dans les différents états de « page, varlet, damoiseau et écuyer. » Sous Philippe Auguste, le titre de banneret commença à paraître. Le banneret, ayant des richesses et des vassaux, obtenait du prince la permission de changer son pennon en bannière, c'est à dire de commander en chef à une compagnie de 100 ou de 1.000 hommes d'armes.
Les chevaliers avaient de grands chevaux appelés destriers pour les jours de batailles, d'où est venue l'expression : « monter sur ses grands chevaux ». Leur rançon, quand ils étaient prisonniers, était fixée à une année de leurs revenus : de là le droit d'indive qui était un doublement des revenus seigneuriaux.
Dans une conférence tenue à Cluny, d'après Joinville, entre les juifs et les moines, un chevalier, présent à la dispute, renversa d'un coup de bâton un rabbin qui blasphémait contre la Vierge. L'abbé ayant fait des représentations à ce pétulant controversiste, celui ci répondit : « Qu'un laïque, quand il entend mal parler de la foi chrétienne, doit défendre la chose, non de paroles, mais à la bonne épée tranchante et en frapper les médisants et les mécréants à travers du corps tant qu'elle pourra entrer. » C'était un argument digne de ce siècle.
HUGUES II
Pendant les quarante ans de son règne, ce prince fit fleurir la justice et maintint la paix dans ses États.
Il assista, avec Louis le Gros, à l'assemblée de tous les vassaux de la couronne pour s'opposer à l'invasion dont l'empereur Henri V menaçait la Champagne. L'hiver de 1123 fut semblable à celui de 1709. Dijon fut incendié en 1137, puis rebâti et embelli par les libéralités des ducs de Rourgogne. Il laissa sept enfants: Eudes II son successeur ; Hugues le Roux, seigneur de Château Chalon ; Robert et Henri successivement évêques d'Autun ; Raymond ; Gautier, évêque de Langres, mort dans la chartreuse de Lugni-sur-Ource, qu'il avait fondée ; Aremburge, religieuse à Larey, près Dijon.
L'abbaye de Citeaux reprit tout son premier lustre, en recevant, en 1113, saint Bernard avec trente gentilshommes bourguignons. Citeaux fonda quatre prieurés : La Ferté en Bourgogne ; Pontigny, au diocèse d'Auxerre, Clairvaux et Morimont dans le diocèse de Langres. Plusieurs abbayes se fondèrent à cette époque.
EUDES II
Ce prince, épousa en 1142. Marie, fille de Thibaut, comte de Champagne. Jaloux de conserver les droits de sa suzeraineté, il obligea le comte à lui faire hommage à Autun de l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre, de Saint Florentin, du comte de Troyes, comme mouvant de son duché.
Le duc alla, en 1144, avec 15.000 hommes, au secours d'Alphonse, roi de Portugal, son cousin ; il battit les Sarrazins et s'empara de Lisbonne.
Eudes se trouva à l'assemblée de Vézelay, où saint Bernard décida les seigneurs à entreprendre la Croisade. Eudes ne se croisa pas. II mourut en 1162 ne laissant qu'un fils, Hugues son successeur.
HUGUES III
Hugues commença à gouverner par lui-même en 1168. Plein d'attachement pour Gautier, son oncle, évêque de Langres, il lui donna le comté de Langres à titre d'aumône. Ce prince prit la Croix, il fit élever la Sainte-Chapelle de Dijon, à la suite d'un vœu prononcé dans une tempête. Il prit les armes en 1172, contre le comte de Chalon dont le roi avait à se plaindre. Deux ans après, il s'arma de nouveau pour obliger Guy, comte de Nevers, à lui rendre hommage à Beaune des fiefs qu'il possédait en Bourgogne. En 1183, il fut moins heureux contre Hugues de Vergy, soutenu par Philippe Auguste.
En 1190, il fit la croisade avec le roi de France. Nommé général des croisés, il ne put s'entendre avec Richard Cœur de Lion, par suite de jalousie. Il mourut à Tyr et son corps fut enterré à Citeaux. Il laissait trois fils : Eudes III, Alexandre et André qui fut la souche des dauphins viennois.
Usages du XII° siècle
C'est Guy de Paray, quinzième abbé de Cluny, archevêque de Reims qui introduisit la coutume à l'Élévation, de sonner une petite cloche pour attirer l'attention du peuple. On célébrait dans plusieurs cathédrales ou collégiales, la fête de l'Ane et celle des Fous, le cardinal Rollin les abolit. Celle des Fous, imitation des Saturnales, durait depuis Noël jusqu'à l'Épiphanie.
La danse ecclésiastique appelée La Bergerette n'a fini à Besançon qu'en 1738.
La Bourgogne fut infestée sous Hugues III d'une secte de manichéens appelés Cottereaux.
On employait le fer et le feu pour les détruire ; on en brûla sept dans le village d'Aquin prés Vézelay, en 1167, et Téric, leur chef, subit le même supplice à Corbigny en 1198. Il fallait, dit un auteur, de l'instruction et de la charité pour guérir un mal qui avait sa source dans l'ignorance et la grossièreté ; mais on trouvait plus court de brûler un homme que de l'instruire et de le convaincre.
On envoyait des joncs brisés ou un brin de paille en signe de rupture ou pour se soustraire à l'obéissance d'un seigneur, d'où le proverbe : « Rompre la paille avec quelqu'un ».
La création des châtelains est attribuée à la licence que se donnaient les seigneurs pour se faire la guerre. Ils fortifiaient leurs maisons et y mettaient un officier pour commander. Les capitaines auxquels on donnait le pouvoir de rendre la justice s'appelaient capitaines châtelains.
La science était si rare qu'une coutume ayant force de loi s'introduisit en France et en Angleterre, de faire grâce à tout criminel condamné qui savait lire. C'était le « bénéfice du clergé ».
Les gens de lettre étaient des religieux retirés dans des cloîtres. Les croisades favorisèrent les lettres. Les troubadours tirèrent l'Europe de son engourdissement. Les ducs de Bourgogne avaient leurs jongleurs qui chantaient les vers des troubadours.
Qu'on juge des prix des denrées par une survente de Guillaume Maigret, jongleur du Viennois, qui vivait à la fin du XII° siècle : « Avec mes deux sols dans ma bourse, je serai mieux venu qu'avec cent vers et deux cents chansons, car de mes douze deniers, j'aurai de quoi boire et manger ; des huit autres du feu et un lit pour me coucher, et des quatre derniers, j'aurai plutôt les bonnes grâces de mon hôte que si je lui donnais les plus beaux vers. »
EUDES III
Les commencements de son règne furent marqués par des libéralités envers les religieux de saint Bénigne. Il obligea, en 1193, Othe, comte de Bourgogne, à lui rendre hommage, pour le comté de Mâcon. Ayant été obligé de se séparer de Mahaud, fille d'Alphonse, roi de Portugal, pour cause de parenté, il se maria, en 1199, avec Alix de Vergy.
Eudes se mit à la tête de la sixième croisade avec Boniface de Monteferrat et Baudoin, comte de Flandre. Ils se contentèrent de créer le royaume de Constantinople avec Baudoin pour empereur. Durée cinquante huit ans.
De retour dans ses États, le duc fonda l'abbaye du Val-des-Choux, bailliage de Châtillon. Hugues IV, son fils, donna un muid de vin à Darcey, pour être reçu confrère de leur confrérie. Il fonda l'hôpital du Saint Esprit à Dijon en 1204. Il donna le droit de commune à Beaune, en 1203. Dans sa charte, il se restreint à prendre en cette ville libre, le pain, le vin et les autres aliments à crédit pendant quinze jours seulement et consent que si, à la fin du carême, il ne paie pas, on ne lui fournisse plus rien.
Le clergé regardait alors l'établissement des communes comme odieux, en ce qu'il diminuait son autorité.
Le duc se croisa, en 1209, avec Henri de Nevers contre les Albigeois. Il refusa les pays conquis sur eux en disant au légat qui le nommait souverain du pays : « J'ai assez de domaines sans usurper ceux de Raymond-Roger. On lui a causé assez de dommages, sans qu'il soit nécessaire d'envahir son patrimoine. » Montfort fut moins scrupuleux.
Les vainqueurs passèrent au fil de l'épée plus de trente mille habitants et sept mille furent égorgés dans une église. Simon de Montfort fit périr de sang froid quatre vingts chevaliers et livrer aux flammes quatre cents Albigeois pendant que le clergé chantait le Veni Creator. C'est au milieu de ces horreurs que naquit le tribunal de l'Inquisition.
Le duc de Bourgogne aida puissamment à gagner la victoire de Bouvines, Philippe Auguste lui ayant confié l'avant-garde de son armée. La réputation que le duc s'était acquise par sa valeur et sa piété lui mérita, en 1205, une distinction honorifique qui n'était alors accordée qu'au pape, aux rois de France et à quelques puissants princes : le chapitre de Saint Martin-de-Tours le nomma chanoine.
Comme il se disposait à passer en Palestine pour aller au secours des chrétiens, il mourut à Lyon en 1218. Les croisades favorisèrent le commerce et l'établissement des communes, ainsi que l'industrie, car ces hommes affranchis furent libres d'exercer le métier qui leur plaisait.
Les croisades donnèrent lieu à l'établissement des armoiries. On rapporta d'Orient quantité de reliques, l'usage des moulins à vent et des habits longs. Malheureusement les croisés en contact avec les lépreux d'Orient nous apportèrent cette horrible maladie qui existe encore en Europe.
Eudes III n'eut qu'un fils qui lui succéda et trois filles.
HUGUES IV
Alix de Vergy, tutrice du duc âgé de six ans, gouverna sagement pendant sa minorité. Humbert, sire de Beaujeu, lui rendit hommage en 1218, pour les terres de Belleville. A la majorité de son fils, elle se retira à Prenois qui lui avait été assigné pour son douaire : elle y faisait valoir deux charrues à bœufs et un troupeau de cinq cents moutons. Elle fut enterrée à Citeaux.
Hugues assista au sacre de Louis IX comme pair de France. Il acquit le comté d'Auxonne et fit reconnaître sa suzeraineté à Jean de Chalon, comte de Mâcon.
Voulant épargner au peuple les dépenses qu'occasionnait le séjour des papes dans le royaume, il s'opposa, en 1248, à ce qu'Innocent IV vint s'y réfugier. Ce pape voulant échapper à l'empereur Frédéric fit prier Louis IX, par le chapitre de Citeaux auquel assistait ce saint roi avec le duc de Bourgogne, de lui accorder un asile en France. « Je le ferai, dit ce prince, si mes barons me le conseillent, parce qu'un roi de France ne peut se dispenser de suivre leur avis. » Mais les barons, le duc à leur tête, répondirent qu'ils ne souffriraient pas que le pape vînt s'établir dans le royaume. Il fut obligé de se retirer à Lyon qui était alors ville libre, où dans un concile il déposa l'empereur et donna le chapeau rouge aux cardinaux.
Le duc suivit saint Louis en Égypte, il fut fait prisonnier à la bataille de la Mansourah près Damiette.
La Bourgogne souffrit des incursions des Pastoureaux, nom donné à une troupe de pâtres qu'un fanatique apostat de Citeaux avait rassemblés.
Le duc ayant racheté sa liberté revint dans ses États et reçut à Montargis l'hommage de Tristan, fils de saint Louis, pour le comté de Nevers, bien de sa femme Yolande de Bourgogne.
Le duc au retour d'un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle mourut à Vilaines-en Duesmois, en 1272. Il eut d'Yolande de Dreux : 1° Eudes qui n'eut que trois filles, il mourut à l'hôpital d'Acre ; 2° Jean, baron de Charolais, dont la fille fut mariée à Robert de Clermont, sixième fils de saint Louis ; 3° Le duc Robert II ; 4° et 5°, deux filles, Alix et Marguerite; 6° Hugues, vicomte d'Avalon.
Le premier bailli ducal du Dijonnais fut, en 1296, Jacques de Pommard.
L'émine de Dijon qui pesait 480 livres, valait 40 sols ; cent œufs à Pâques, 3 sols 1 denier ; 43 poules, 11 sols 3 deniers. La nourriture d'un cheval était d'un denier par jour. L'aune d'étoffe de laine se vendait 10 sous.
On rapporte à ce siècle l'usage de la discipline, approuvée par saint Pierre Damien Cette dévotion dégénéra en abus et produisit la secte des Flagellants. Ils prétendaient que personne ne pouvait être absous de ses péchés, s'il ne faisait pénitence de se fouetter pendant un mois ; ils se confessaient les uns les autres et se donnaient l'absolution. Sous le duc Eudes, se distingua Guy de Mello, évêque d'Auxerre, en 1247. Urbain IV, l'instituteur de la fête du Saint Sacrement, le mit à la tête de la croisade contre les Sarrasins qu'il chassa d'Italie. Clément IV le nomma chef de la croisade contre le tyran Mainfroi qui disputait le royaume de Naples à Charles d'Anjou, frère de saint Louis. Avant la bataille, Guy harangua les soldats, leur donna de sa main, couverte de son gantelet de fer, une absolution générale de la part du pape, leur enjoignant, pour pénitence, de bien battre les ennemis. Couvert d'une forte cuirasse, il rompit les escadrons, gagna la bataille où Mainfroi fut tué, et rétablit Charles dans ses États, en 1266.
ROBERT II
Robert ne dut la tranquille possession du duché qu'à Philippe le Hardi qui l'en déclara seul et unique héritier, contre les prétentions de ses beaux-frères. Il passa en Italie avec Othon, comte de Bourgugne, pour venger les Français massacrés à la journée des Vêpres siciliennes.
Les monnaies qui avaient alors cours en Bourgogne étaient celles du duc ou monnaie ducale ou dijonnaise ; la royale ou la forte, frappée à Paris ; celle de Tours, appelée tournois et celle de Saint-Étienne de Dijon et de Saint-Étienne de Besançon. Philippe le Bel nomma Robert grand chambrier de France et gouverneur du Lyonnais. Robert assista aux États-Généraux assemblés à Paris par le roi de France, à l'occasion de sa querelle avec le pape Boniface VIII. Il approuva la conduite du roi. Jean de Pontoise, trentième abbé de Cluny, lui le seul qui refusa de souscrire aux édits des États Généraux. Le roi l'obligea d'abdiquer en 1304. Le duc sentant la mort arriver ordonna qu'un « cierge ardera toujours nuit et jour devant l'autel de saint Ladre d'Ostun ». Il eut neuf enfants, entre autres Hugues et Eudes qui lui succédèrent, Marguerite, épouse de Louis le Hutin, fils aîné de Philippe le Bel, qui la fit enfermer pour ses désordres au Château Gaillard et ensuite étrangler, et Jeanne qui fut reine de France.
HUGUES V
Hugues et Eudes furent armés chevaliers par le roi Philippe le Bel, à N.-D. de Paris, le jour de la Pentecôte. A cette occasion, on joua des mystères et des féeries. Hugues fiancé à Jeanne, fille de Philippe le Long, mourut avant ses noces. Le roi Louis le Hutin rétablit les combats singuliers abolis par Philippe Auguste, saint Louis et Philippe le Bel.
L'ordre des Templiers fut supprimé en 1314.
Au commencement du XIV° siècle s'établit la mode dite souliers à la Poulaine, du nom de l'inventeur. Les souliers des princes avaient deux pieds de long, ceux des riches un pied, ceux du commun avaient un demi pied. C'est de là qu'est venu le proverbe : se mettre sur un bon pied ; sur quel pied marche-t il ou danse t il ? Charles V en déclara l'usage contraire aux bonnes mœurs et y ajouta une amende de dix florins. Cette mode fut remplacée par celle des pantoufles d'un pied de large.
EUDES IV
Eudes prit possession du duché aussitôt après la mort de Hugues. Il vendit, en 1321, sa principauté d'Achaie et le royaume de Thessalonique à Philippe, prince de Tarente, pour 40.000 livres. Louis le Hutin étant mort sans laisser d'enfant mâle, le duc prétendit que la couronne devait revenir à Jeanne, sa nièce, fille du roi défunt ; mais Philippe le Long, régent du royaume, fit appliquer la loi salique pour la première fois. Philippe pour calmer le duc lui donna sa fille aînée en mariage, avec 100.000 livres de dot. Philippe de Valois estimait tellement le duc qu'il lui permit de nommer lui même les gouverneurs et les capitaines des places fortes du royaume. Il mourut à Sens, en 1349, après un règne de trente quatre ans.
Cette année fut remplie de calamités : tempêtes, guerres, peste. Sur cent personnes à Paray, il en resta douze. La plupart des habitants de Beaune et tous les curés périrent.
Hugues de Pommard, évêque de Langres, Hugues d'Arcy, évêque de Laon, et Guillaume d'Auxonne,évêque de Cambray, fondèrent, à Paris, un collège du nom de Cambray. Le collège de Bourgogne, pour les Francs-Comtois, fut créé par les libéralités de Jeanne de Valois. Le collège d'Autun fut institué en 1348, par Pierre Bertrand, évêque d'Autun, pour les élèves d'Annonay. Le collège de Sainte-Barbe fut fondé en 1430. Yves de Vergy, abbé de Cluny, commença de bâtir le collège de Cluny, en 1269, pour les religieux de son ordre.
Pierre de la Palu, fils du seigneur de Varambon, dominicain, patriarche de Jérusalem, fut regardé par sa science, sa piété, comme un des grands ornements de son ordre, de sa nation, de son siècle.
PHILIPPE DE ROUVRES
Philippe, petit-fils d'Eudes, lui succéda sous la tutelle de Jeanne de Boulogne, sa mère, et ensuite de Jean, roi de France.
Les Anglais ayant défait et fait prisonnier le roi Jean, à la bataille de Poitiers, se répandirent dans le royaume. Ils brûlèrent Châtillon et pillèrent Tonnerre où le bon vin les arrêta cinq jours ; ils abattirent les murs d'Auxerre et en brûlèrent les portes. Les trois ordres de la Bourgogne s'assemblèrent à Beaune et offrirent, pour se débarrasser des Anglais, 200.000 moutons d'or qui valaient trente sols pièce et feraient aujourd'hui deux millions 200.000 livres.
Philippe mourut à 16 ans, des suites d'une chute de cheval. Le roi Jean déclara alors que la Bourgogne lui était dévolue par droit de proximité et ordonna que cette province n'aurait pas d'autre seigneur que le roi.
C'était l'usage aux obsèques des grands de conduire à l'offrande dans l'église et de faire tourner derrière l'autel les chevaux de parade du prince. C'est ce qu'on fit à Citeaux qui renfermait les corps de soixante ducs ou duchesses de Bourgogne au service de Philippe de Rouvres ; à Saint-Denis pour Bertrand Du Guesclin ; à Nancy, pour René Ier.
Les jeux étaient des joutes et des tournois. Sur les théâtres on représentait des féeries, des mystères. On y voyait le Messie manger des pommes, rire avec sa mère, dire ses patenôtres avec ses apôtres, etc. Ces spectacles commencèrent en 1313.
On n'a cessé de dire les matines dans les chapitres qu'au temps des ravages des Anglais. Il n'y avait point de bancs dans les églises, on les jonchait de paille le samedi soir pour le dimanche.
La coiffure des femmes était simple, sans dentelles. Les veuves paraissaient en public habillées comme le sont les religieuses. Les chemises étaient de serge. Du temps de Charles VII, la reine avait deux chemises de toile. Henri II porta les premiers bas de soie aux noces de sa sœur.
La bougie était inconnue, la chandelle un luxe. L'usage des vitres était pour les riches seuls. Les épices qu'on tirait des Indes étaient fort chères. Un proverbe disait : Cher comme du poivre. La livre valait 2 marcs d'argent (104 livres). L'huile d'olive était si rare qu'un concile d'Aix-la-Chapelle permit aux moines d'user d'huile de lard.
La cire n'était employée que pour les luminaires des églises. Philippe le Hardi crut faire un vœu d'importance, en 1398, en promettant, pour un de ses fils malades, son pesant de cire à saint Antoine de Vienne et un cierge de 22 livres à saint Thibaut en Auxois.
Il n'y avait point de cheminées dans les habitations. La famille s'assemblait au milieu d'une chambre obscure, autour d'un large foyer rond dont la fumée se dissipait par un trou fait au plancher.
Les lunettes ne furent inventées par Alexandre Spina qu'à la fin du XIII° siècle.
La Bourgogne sous les ducs de la seconde race royale (1363-1477)
PHILIPPE LE HARDI
Le roi Jean donna à son fils, Philippe, le duché de Bourgogne à titre d'apanage, réversible à la couronne, faute d'hoirs mâles, et l'institua premier pair de France. Le prince de Galles, à la tête de 20.000 Anglais, pénétra de l'Auvergne dans le Bourbonnais. Ayant traversé la Loire à Marcigny, il entra en Bourgogne, où il trouva toutes les subsistances enlevées par les soins du duc qui avait fait retirer les paysans et les bestiaux dans les villes murées. Le brave Du Guesclin accourut et repoussa l'ennemi qui regagna Bordeaux, où il rentra sans gloire, ni butin.
Après les Anglais ce furent les grandes Compagnies qui désolèrent la France. Ces troupes exerçaient des cruautés inouïes, entre autres, dit un auteur : « Ils rôtissaient les enfants et plusieurs personnes âgées quand on ne voulait pas les rançonner. » Ces malandrins défirent les troupes du roi de France à Brignais. « Une de leurs bandes s'acharna sur le Mâconnais, dit Mézerai, et ne s'en détacha que lorsqu'elle fut entièrement gorgée comme une sangsue. »
Bertrand Du Guesclin entraîna les grandes Compagnies en Espagne, pour détrôner Pierre le Cruel qui avait insulté la France. Il leur offrit 200.000 livres, les trésors du roi de Castille et des contributions sur les terres du pape dans le Comtat.
Les paysans battus, volés, traqués comme des bêtes fauves, s'attroupèrent et cette sédition fut appelée Jacquerie. Ils commirent des excès inouïs. Le duc les chassa en Alsace où l'empereur Charles IV les extermina. Philippe, délivré de tous ces embarras, épousa, en 1369, Marguerite de Flandre. Charles V ayant déclaré la guerre aux Anglais, débarqués à Calais, Philippe fut charge de les contenir. Ne pouvant obtenir du roi la permission de livrer bataille, il se retira. La Bourgogne fut ensuite menacée d'une invasion par Charles le Mauvais, roi de Navarre. La mort de ce prince, brûlé dans un drap imbibé d'alcool, la délivra de ce danger.
Comme Philippe voyageait souvent et qu'il était fort libéral, il fatigua ses peuples par des impôts. Il obtint des États l'impôt de la gabelle pour deux ans ; il en retira 10.633 livres.
Le duc assista à la bataille de Rosebeck, où Philippe Artevelle, chef des Gantois révoltés, fut tué. Il la gagna avec le jeune roi de France, Charles VI. A la suite de cette victoire, le duc fit enlever l'horloge de Courtrai, la plus belle qu'on eut encore vue et la donna à Dijon où le moine Josset de Halle la plaça sur une tourelle à côté du portail de Notre Dame. Elle y existait au XVIII° siècle.
Le duc régla, à l'instar de celles de Paris, les Chambres des comptes de Dijon et créa celles de Lille et de Nevers.
Le roi Charles VI, en allant en Guyenne, passa par Nevers pour voir le duc, son oncle. Amiot Armand nous donne le détail des dépenses de la cour. Pour chaque jour, il fallait 6 bœufs gras à 6 livres chacun, 80 moutons, 30 veaux, 700 poules, 3.000 œufs. La queue du meilleur vin était estimée 14 livres. La dépense par jour montait à 230 livres et à 300 livres pour chaque jour maigre.
Charles VI en allant à Avignon, en 1389, s'arrêta à Dijon. « Pour l'amour du roi, dit Froissard, était venu à Dijon grande foison de dames et damoiselles que le roi veoit moult volontiers. Là était la dame de Sully, la dame de Vergy, celle de Pagny et moult dames belles et frisques et moult bien aornées et s'efforçaient de chanter, danser et fort réjouir le roi qui fut huit jours en ébattement. »
Les États-Généraux choisirent le duc de Bourgogne pour gouverner le royaume, pendant la folie du roi, en 1392. Cette préférence fut la cause de la haine qui éclata entre les maisons d'Orléans et de Bourgogne. Philippe fit l'acquisition du comté de Charollais, en 1390, pour 60.000 francs d'or que reçurent Bernard et Jean, fils du comte d'Armagnac et de Charolles, qui tenait ce comté en fief du duc. Guy de Pontarlier, maréchal de Bourgogne, prit possession de ce pays au nom de son maitre.
Le grand schisme d'Occident désolait alors l'Église. Pour l'éteindre le duc fut député, en 1395, par le conseil du roi, au pape Benoit XIII qui résidait à Avignon. Il lui fit de riches présents, donna de somptueux repas aux cardinaux, mais il ne put rien changer à leurs dispositions. Pétrarque attribua au bon vin de Bourgogne, dont le duc avait régalé la cour du pape, l'obstination des cardinaux à ne pas retourner à Rome.
Pendant ce temps les Turcs menaçaient la Hongrie. Les ambassadeurs de Sigismond, roi de Hongrie, pressèrent le duc de secourir leur maître qui avait épousé Marie d'Anjou. Philippe permit au comte de Nevers, son fils aîné, de faire cette expédition. Plusieurs grands seigneurs du royaume et les barons de Bourgogne l'accompagnaient. Malgré leur valeur, ils échouèrent à Nicopolis, en Bulgarie, contre 100.000 Turcs commandés par Bajazet.
Six cents gentilshommes furent hachés par ordre du vainqueur et le comte de Nevers fut retenu prisonnier. Les États de Bourgogne se taxèrent pour fournir les 200.000 ducats d'or exigés pour sa rançon.
Philippe mourut à Bruxelles en 1404. Son corps fut enterré à Dijon, embaumé et enveloppé de 32 aunes de toile cirée. Il laissa trois fils : Jean qui lui succéda, Antoine duc de Brabant et Philippe comte de Nevers, tous deux tués à la bataille d'Azincourt en 1415, et quatre filles.
Il avait un goût rare pour les livres. Il acheta pour 500 livres un Tite-Live, « enluminé de lettres d'or et d'imaiges. »
Un livre : « De la Propriété des choses » lui coûta 400 écus d'or. Une Bible en français, de lettres très bien « historiées, armoriées de ses armes » fut payée 600 écus.
Drouchet de Dompmartin, maître-maçon, architecte de la Chartreuse de Dijon, gagnait 8 sols par jour. Pour animer les maçons et les charpentiers, le duc leur fit distribuer en quinze mois 110 douzaines de gants en 1385. Les gants étaient rares alors, et on les mettait par honneur le dimanche.
On doit à Philippe la fameuse ordonnance de Charles VI qui accordait le sacrement de pénitence aux condamnés à mort, ce qui leur était refusé jusqu'à ce temps.
On ne pendait pas dans les villes, elles auraient été polluées par cet infâme supplice, mais on y coupait la tête.
Viennot de Labergement, soi-disant physicien (médecin), fut condamné à 50 francs d'or par le bailli de Dijon pour n'avoir pas guéri les malades qu'il avait soignés.
Le duc étant venu à Auxerre, le 26 septembre 1377, la ville lui fit présent d'une queue de vin de Pinot, payée 6 livres à Jean Paillart. Le duc qui avait une grande dévotion à saint Antoine, étant né le jour de sa fête, le 17 janvier, envoyait chaque année autant de porcs gras qu'il avait de princes ou de princesses dans sa maison.
JEAN SANS PEUR Second Duc depuis 1404 à 1419
Son premier acte fut de payer les dettes les plus pressées de son père. Il rendit ensuite le commerce libre et révoqua la défense faite à ses sujets de transporter des blés dans les pays étrangers.
Jean avait un puissant ennemi dans la personne de Louis, duc d'Orléans. Comme le duc d'Orléans, que Brantôme appelle " un grand débaucheur de dames ", revenait à 8 heures de souper chez la reine à l'hôtel Barbette, il fut lâchement assassiné, le 29 novembre 1407, par Raoul d'Octonville, écuyer du duc Jean. Celui ci avoua à son oncle, le duc de Berry, qu'il en était l'auteur. On ne pensa pas même à arrêter le coupable.
Il sortit précipitamment de Paris et y revint peu de temps après, accompagné de 1.000 hommes d'armes. Jean Petit, cordelier, docteur normand, chargé de faire son apologie devant les chefs de l'État, entreprit de prouver par douze arguments en l'honneur des douze apôtres, que le duc avait fait une action louable en faisant périr un tyran ; il conclut que le roi devait récompenser l'auteur de l'assassinat « à l'exemple des rémunérations faites à Monseigneur Saint Michel-I'Archange, pour avoir tué le diable et ait vaillant homme Phinée, qui perça Zambri. »
On écouta patiemment ce hardi déclamateur et le conseil du roi, plus intimidé que persuadé, accorda au duc, des lettres d'abolition.
Échappé au glaive de la Justice, le duc marcha au secours de Jean de Bavière, évêque de Liège, son beau frère, assiégé dans Maestricht par ses sujets. Le duc Jean les défit et Jean de Bavière, surnommé « Sans-Pitié », déshonora sa victoire en faisant jeter des milliers de ses diocésains dans la Meuse. Cette victoire valut au duc Jean le surnom de « Sans-Peur », mais non celui de « Sans-Reproche ».
Le dauphin chercha à réconcilier les deux familles en 1412. Un traité fût conclu à Auxerre, les ducs d'Orléans et de Bourgogne s'embrassèrent, montèrent sur le même cheval, mangèrent ensemble, mais ne se pardonnèrent pas.
Après la bataille d'Azincourt, le conseil du roi lui fit défense de venir à Paris avec des troupes qu'on craignait plus que les Anglais. Il essuya au Parlement une mortification plus sensible. Ayant voulu introduire dans la cour des Pairs le duc de Lorraine banni du royaume pour crime de félonie, il se vit abandonné de tous les seigneurs et le duc de Lorraine fut forcé d'implorer le pardon du souverain.
Jean Sans-Peur essaya de gagner l'affection du pape et aveuglé par sa vengeance, il trahit sa patrie en s'unissant aux Anglais, en 1416.
Trois capitaines du duc Jean, Guy de Bar, seigneur de Presles, le sire de Chastelux et Lille Adam surprirent Paris dans la nuit du 29 mars 1418 ; ils gagnèrent la populace et firent un massacre affreux des partisans du duc d'Orléans. 3.300 personnes y périrent.
Le duc informé à Troyes que Paris était en son pouvoir s'y rendit avec la reine. On jonchait de fleurs les rues teintes encore du sang versé pour sa querelle et peut être par ses ordres. Son triomphe fut de courte durée. À l'entrevue sur le pont de Montereau avec le dauphin, le 10 septembre 1419, Jean Sans Peur fut tué d'un coup de hache par Tauneguy du Châtel, affidé des d'Armagnacs.
Il fut inhumé dans l'église de Montereau avec « son jupon, ses housseaux (bottes) et sa barette ».
L'année suivante, son fils Philippe fit transporter son corps aux Chartreux de Dijon.
Marguerite de Bavière, épouse du duc Jean, mourut à Dijon en 1423 laissant Philippe fils unique et six filles. Elle était très économe, et ne craignait pas de s'occuper des détails de ses domaines. Une année elle fit acheter 317 porcs à deux francs neuf gros chacun, valant 1.421 francs. Après avoir été mis en paisson dans la forêt de Chaux, ils furent vendus à la foire de la Haute Chaux, proche Montbéliard. Elle en retira 770 livres de profit et il y en eut 13 de perdus dans les bois et 120 employés pour la dépense de son hôtel. Elle avait encore une « commeuchte » de vaches à Auxonne.
Pendant les troubles des guerres civiles, parut en Bourgogne saint Vincent Ferrier, dominicain. Il vint de Lyon à Mâcon avec 130 religieux de son Ordre et eut un succès extraordinaire. Ce saint missionnaire mourut à Vannes en 1419. On croit qu'il introduisit l'usage de dire l'Ave Maria après l'exorde du sermon.
Usages
La police ordonna en 1409 que les hommes iraient aux étuves le mardi et le jeudi, et les femmes le lundi et le mercredi. Il y avait des étuves à Dijon et à Mâcon. Ces établissements disparurent dans la suite.
On coupait les oreilles à ceux qu'on bannissait.
Thomas Policont fut condamné en 1437, par le bailli de Mâcon à être « ars comme inferturier, dicimateur, invocateur de diables ».
L'année 1413 fut si fertile que le bichet de froment de huit boisseaux, mesure de Chalon, ne se vendait que 13 sous 4 deniers ; un homme pouvait avoir sa provision pour 40 sous. 46 queues de vin de Beaune avec les frais de voiture de Dijon à Troyes, où était la cour en 1419, coûtèrent 1.260 livres.
A comparer les prix d'alors avec ceux de notre époque : en 1904, la vente des vins de l'hospice de Beaune s'est montée à la somme de 115.000 francs. Les prix les plus élevés ont été atteints par trois cuvées de Beaune adjugées 1.500 et 1.680 francs la queue de 456 litres.
La Chambre syndicale des vins a établi les prix suivants pour la pièce des principaux vins de Bourgogne :
Dans quelques villes de Bourgogne, surtout à Chalon, on vit se former une espèce d'association parmi les marchands pour terminer les affaires sur des règlements fort simples. Ce fut le berceau de la justice consulaire établie par Charles IX.
PHILIPPE LE BON Troisième duc, 1419-1467
Ce prince était à Gand lorsqu'il apprit la fin tragique de son père. Il conclut à Troyes, le 21 mars 1420, un traité avec Henry V, roi d'Angleterre, qui plaçait ce dernier sur le trône de France et déshéritait Charles VII, l'héritier légitime. Les Parisiens, l'Université en tête, ainsi que la plupart des grandes villes, acceptèrent ce traité. Les d'Armagnacs, les Xaintrailles, la Fayette, la Hire, d'Harcourt, Dunois, etc., soutinrent la cause de Charles VII, que les Anglais appelèrent le roi de Bourges, et par leurs victoires le replacèrent sur le trône de France. Le sans gène et la hauteur des Anglais détachèrent le duc de Bourgogne de leur parti ; il se réconcilia avec Charles de Bourbon, son beau-frère. Puis il se rendit à Arras où se trouvèrent des députés de toutes les puissances de l'Europe ainsi que des cardinaux et des Pères du concile de Bâle. Charles VII désavoua le meurtre de Jean, s'obligea à payer au duc 50.000 écus d'or, pour les joyaux volés à Montereau et lui donna diverses seigneuries et comtés. A ces conditions Philippe reconnut le roi Charles de France pour son suzerain, se soumettant à la cohertion et contrainte de N.-S. le Pape et du Concile. Ces guerres intestines causèrent la mort de plus d'un million de victimes, immolées à la mémoire de Jean sans Peur.
Après la guerre civile, une épidémie ravagea la Bourgogne en 1438 ; aux horreurs de la peste se joignit une cruelle famine. Le boisseau de froment se vendit 30 sols et celui d'avoine 10 sols. Les paysans mangeaient du pain fait d'une espèce d'argile trouvée près de l'abbaye de St-Martin d'Autun.
Le duc de Bourgogne, pour cimenter l'union de sa maison avec celle d'Orléans, délivra le chef de celle-ci, prisonnier en Angleterre depuis la bataille d'Azincourt. Sa rançon fut fixée à 400.000 livres. Il lui fit épouser sa nièce, Marie de Clèves, à laquelle il donna cent mille saluts d'or (ainsi nommés de l'ange saluant Marie gravé sur la monnaie qui pouvait valoir 35 sols).
Les Écorcheurs reparurent dans ce temps là et rançonnèrent le Charollais et l'Auxois. Le maréchal de Fribourg les défit à Chanteau, près de Saulieu. Treize de ces brigands surpris au faubourg d'Ouche, à Dijon, furent condamnés à être noyés dans la rivière. On donna 40 sols à quatre cordeliers pour les confesser.
Charles VII fit dresser à Bourges la Pragmatique sanction ; il y ratifia les décrets du concile de Bâle. Le duc Philippe le Bon adopta les conclusions du roi. Il exerça sa générosité envers Louis, dauphin de France, qui le paya d'ingratitude. Celui ci s'étant échappé de la cour se rendit dans le Brabant où le duc de Bourgogne lui céda son château de Genap, près de Bruxelles avec douze mille écus pour l'entretien de sa maison. Le roi trouva mauvais que le duc traitât si bien un fils rebelle et lui prédit « qu'il nourrissait un renard qui mangerait un jour ses poules ». En effet, il sema la division dans la famille de son bienfaiteur. A la nouvelle de la mort de Charles VII, il partit pour Reims avec le duc de Bourgogne.
Les hauteurs, la dureté, la mauvaise foi de Louis XI allumèrent la guerre du Bien public, à la tête de laquelle était le comte de Charollais. La bataille indécise de Monthléry ne décida rien.
Louis força le Bourguignon de quitter la France en soulevant les habitants de Liège et de Dinant qui payèrent bien cher leurs idées d'indépendance.
Le roi ayant imposé un droit sur le sel de Salins, le duc défendit à ses sujets de la payer. Chimay au nom du duc fit des remontrances à Louis XI, qui, frappé de leur justesse, ôta la gabelle.
Philippe fonda une université à Dôle et protégea celle que Jean, son oncle, duc de Brabant, avait établie à Louvain en 1420. Protecteur éclairé des arts, il fit fleurir l'industrie et le commerce de ses États.
Il favorisa Van Dick, peintre de Bruges, qui trouva l'art de la peinture à l'huile. Ce prince aimait le faste ; les simples bourgeois et même les domestiques avaient des vestes de velours. La coiffure des femmes était fort exhaussée. Leurs souliers se terminaient en pointe et les talons en étaient si hauts qu'à peine pouvaient elles marcher.
Les révoltes fréquentes des Flamands, le caractère bouillant et indocile du comte de Charollais remplirent d'amertume les dernières années de Philippe qui mourut à Bruges en 1467. Il y eut, dit Paradin, « plus de larmes que de paroles, car il semblait que chacun eût enterré son père ».
Ce prince en mourant emporta les regrets de ses peuples et l'admiration de l'Europe. Il fut inhumé aux Chartreux de Dijon. Comme il était le plus puissant et le plus riche prince de l'Europe, il laissa 400.000 écus d'or, 12.000 marcs d'argent en vaisselle et pour plus de deux millions de meubles que son héritier dissipa bientôt par ses folles entreprises.
Philippe se maria trois fois : 1° a Michelle de France ; 2° à Bonne d'Artois ; 3° à Isabelle de Portugal.
C'est à l'occasion de ce dernier mariage qu'il institua l'Ordre de la Toison d'Or, à Bruges, « à la gloire de Dieu, en révérence de sa glorieuse mère, en l'honneur de Monseigneur saint Andrieu, à l'exaltation de la Foi, de la sainte Église et à l'exitation des vertus et des bonnes mœurs ».
Les chevaliers avaient le pas sur toutes les personnes, exceptées les princes du sang des têtes couronnées.
Philippe IV leur permit de se couvrir devant le roi et d'avoir entrée dans toutes les chambres du palais. Charles-Quint fixa le nombre à cinquante et un. Léon X leur permit de manger des œufs et du lait en carême, de faire dire la messe dans leurs chapelles et à leurs femmes et enfants d'entrer dans toutes sortes de couvents. Le roi d'Espagne jouit de la souveraineté de l'Ordre.
Le duc eut d'Isabelle trois fils, Antoine et Josse morts en bas âge et Charles qui lui succéda, et plusieurs enfants naturels.
Usages et mœurs
En1391, la rue Neuve à Dijon fut pavée. En 1454 parut une comète qui jeta l'épouvante dans toute l'Europe. Le comté de Bourgogne prit le nom de Franche-Comté du temps de Philippe.
On se piquait au XV° siècle d'une espèce de rigueur dans l'observation des lois. Ainsi un cochon ayant tué un enfant à Chalon, fut condamné à être pendu et la sentence fut exécutée. Pareille chose arriva dans plusieurs bourgs de la Bourgogne.
Il fut décidé, en 1460, avec les gens d'église, à Dijon, que pour remédier aux « fluretiers » et vermines qui gâtaient les vignes qu'on ferait une procession générale le 25 mars et que chacun se confesserait.
Guichard Dauphin, baron de la Ferté Chaudron, entra le 27 novembre 1465, botté, éperonné, le faucon sur le poing, en l'église cathédrale de Nevers comme chanoine honoraire. Ainsi faisaient les laïques qui prenaient possession de leur place dans les églises.
La première bible imprimée est celle de Mayence en 1485, Dijon eut une imprimerie en 1490 et Cluny en 1493.
Chaque ville avait ses réjouissances, Dijon avait la fête de la Mère folle qui, approuvée en 1454, fut abolie en 1630. Des personnes de qualité déguisées en vigneron chantaient sur des chariots des chansons qui conjuraient les maux de ce temps-là. On donnait aussi des représentations à deux ou quatre personnages, d'où est venu le proverbe : « Faire le diable à quatre ». II n'y avait point de musique dans les églises. Elle fut introduite à Auxerre sous Jacques Amyot ; de son temps parut le premier « serpent « inventé par Edme Guillaume, chanoine.
CHARLES LE TÉMÉRAIRE, Quatrième et dernier duc, 1467-1477
Charles, né à Dijon le 10 novembre 1433, fut nommé comte de Charollais. Ses gouverneurs ne purent jamais lui apprendre le latin, mais un peu d'histoire et de musique. Son humeur inquiète et sans crainte et son ambition démesurée furent la source de ses malheurs.
Les Liégeois s'étant révoltés en 1467, sur les instigations du roi de France, leur ville fut saccagée et quatre mille Limbourgeois furent chargés de détruire ce que les flammes avaient épargné.
Cette expédition avait été précédée de l'emprisonnement de Louis Xl au château de Péronne. Quinze mille écus distribués secrètement aux gens du conseil ducal et un traité honteux tirèrent le roi de cette terrible extrémité.
On vit, depuis ce traité, ces deux fiers rivaux, qui se portaient une haine implacable, faire et rompre des traités et jurer de ne « s'empoisonner ni se tuer », formule qui fait connaître le caractère de ces princes et les mœurs du temps.
Les Parisiens se moquèrent des finesses de Louis XI. Celui-ci crut s'en venger par l'ordonnance ridicule de faire mourir tous les perroquets et autres oiseaux babillards auxquels on avait appris à répéter « Péronne. »
En 1475, Charles, pour s'assurer une communication facile entre tous ses États, entra en Lorraine et s'empara de Nancy. Il prit possession du comté de Ferrette et du Brisgau qu'il avait acheté à Sigismond d'Autriche ; mais ces peuples, aidés des Suisses, se soulevèrent contre le gouverneur du duc, homme cruel et sans mœurs. Après avoir étouffé cette rébellion, Charles se retourna contre les Suisses, alliés de Louis XI. Il fut battu à Grantson, le 3 mars 1476 ; les Suisses s'emparèrent de son camp dont les richesses furent estimées 3.000.000 d'écus. Ils trouvèrent son sceau d'or pesant une livre ; l'épée ducale enrichie de deux gros diamants et de quinze grosses perles, le chapelet en or de Philippe le Bon, le portrait de son père avec plusieurs riches reliquaires, habits et joyaux.
Telle était la simplicité de cette nation, que la vaisselle d'argent du duc fut vendue comme vaisselle d'étain, et que son gros diamant, estimé plus de deux millions, fut donné pour un florin et vendu un écu à Milan par un curé. Charles voulut réparer son échec ; il leva une armée de 50.000 hommes et vint camper devant Morat, petite ville du canton de Berne, le 22 juin 1476. Il y fut honteusement défait.
La victoire de Morat ouvrit les portes de Nancy à son souverain et lui rendit la Lorraine. Charles, de désespoir laissa croître sa barbe et ses ongles et ne changea pas d'habits. Pour dissiper sa noire mélancolie, il vint assiéger Nancy, mais son armée se débanda et Charles entraîné par les fuyards, tomba de cheval dans un fossé et fut tué par Claude de Beaumont, qui ne le connaissait pas. C'était le dimanche 3 janvier 1477. Le duc ne fut reconnu que deux jours après, à la grandeur de ses ongles et à une cicatrice. Il fut enterré dans l'église Saint Georges de Nancy en 1550. Charles-Quint, son arrière petit-fils, le fit transporter à Bruges, au chœur de Notre-Dame.
Ainsi finit le dernier duc de Bourgogne, à l'âge de 44 ans. Sa conduite envers Louis XI, les Liégeois, les Lorrains et les Suisses lui a fait donner les titres de Belliqueux, de Terrible, de Hardi et de Téméraire.
Ce prince, grand justicier, ennemi des duels, manqua de modération et de sagesse. Il ne laissa qu'une fille, Marie, qui porta sa riche succession à Maximilien d'Autriche. La maison de Bourgogne était la plus puissante de l'Europe.
Aussitôt après la mort de Charles, Louis XI réunit la Bourgogne à la couronne.
La Bourgogne depuis sa réunion à la couronne de 1477 à 1674
A la nouvelle de la mort du duc Charles, les États de Bourgogne s'étaient convoqués d'eux mêmes. Jean de Chalon, prince d'Orange, gagné par Louis XI détermina les seigneurs assemblés à Dijon, à mettre le duché entre les mains du roi, en attendant la conclusion du mariage du dauphin avec la princesse Marie. Les troupes françaises occupèrent les principales places fortes du duc de Bourgogne, excepté en Flandre. Les Flamands s'aperçurent que Louis XI cherchait à les tromper : ils firent marier Marie avec Maximilien, fils de l'empereur d'Autriche. Il y eut quelques révoltes dans les États de Bourgogne que le roi étouffa rapidement. Il s'assura la neutralité des Suisses moyennant une pension de vingt mille livres.
La princesse Marie étant morte d'une chute de cheval, sa fille Marguerite fut fiancée au dauphin et lui apporta en dot toutes les dépendances du duché de Bourgogne (D'après Courtépée).
Historique du Charollais
Cette petite province fait partie de l'ancienne division de la France appelée la Bourgogne.
On sait peu de choses de l'origine des Bourguignons. Les plus anciens documents nous apprennent que ce peuple habitait, au premier siècle de notre ère, les bouches de la Vistule. C'était un peuple germanique et vandale. Ils devaient leur nom et leurs rois à une émigration scandinave qui sortit de la Norvège et passa de l'ile de Bornholm sur le continent. Plus tard, l'affranchissement et l'adoption de leurs esclaves, élément romain, leur firent attribuer dans le IVe siècle, une origine romaine.
Ils furent, vers l'an 245, presque entièrement exterminés par les Gépides. Le reste de la nation s'enfuit dans la Germanie occidentale et commença, vers l'an 275, ses courses sur le territoire de la Gaule. Une petite partie de leur nation se dirigea vers l'Orient et se fondit dans la nation des Huns.
Ils arrivèrent en 290, dans le voisinage des Alamans, sur les bords du Mein et de la Saale. Ils y subirent une seconde défaite et disparaissent pendant quatre vingts ans. Ils se remontrent en 370, toujours voisins et ennemis des Alamans.
Ils passent, en 407, dans les Gaules et embrassent le christianisme ; une partie de la nation resta de l'autre côté du Rhin et garda son paganisme. En 411, ils se trouvaient près de Mayence ayant pour chef Gundicaire, aïeul du roi Gondebaud et dont les ancêtres régnaient depuis le roi Gibica.
En 413, ils s'établissent dans une province voisine du Rhin, entre Mayence et Strasbourg, et dont Worms fut la capitale. Le roi Gondicaire et son armée furent exterminés par les Huns, en 436. Les débris de la nation reçurent d'Aétius un asile en Savoie. Ils combattirent avec lui contre Attila, en 451, pendant que d'autres Bourguignons se trouvaient sous les drapeaux des Huns.
La catastrophe des Bourguignons eut lieu de l'autre côté du Rhin et amena la chute de leur royaume. La partie de la nation restée en Germanie fut assujettie aux Huns ; elle embrassa le christianisme pour briser leur joug. Ce fut la deuxième conversion distincte de celle des Gaules.
Ils sortirent en 456 de la Savoie, appelés par les provinces voisines, et fondèrent lentement dans les quinze années suivantes un second royaume auquel Lyon n'appartenait pas encore en 469. Ils occupaient tout le pays intermédiaire de Besançon, de Langres, d'Autun, etc.
En 473, ils possédaient Lyon et s'étendaient au Midi jusqu'auprès de Vaison. On ne leur connaît aucune guerre avec les Romains depuis l'an 435. Ils étaient, au contraire, alliés de l'empire. En 473, ils défendaient Clermont contre les Visigoths. Leur royaume prit, à cette époque, toute l'étendue qu'il devait conserver et qu'il obtint bien moins par la force des armes que par d'heureuses négociations (1).
(1) Ropet, Description du Duché de Bourgogne, t. I, p. 216.
Du temps de César le Charollais était habité par les Ambarri ou par les Brannovii, alliés des Éduens. Il fut compris sous l'empereur Honorius dans la seconde Lyonnaise et plus tard dans le diocèse d'Autun.
Des Romains, il passa aux rois de Bourgogne et ensuite, au V° siècle, aux rois de France. Ce territoire qui parait avoir été démembré du Chalonnais et de l'Autunois fit partie du Brionnais ; d'après Courtépée, il vint ensuite au pouvoir des comtes de Chalon. Le duc Hugues IV, comte de Chalon, fit hommage au roi de France du Charollais et du Mont Saint-Vincent, en 1239. Quelque temps après, Hugues IV démembra la châtellenie du Charollais et la donna par testament, en 1272, à sa petite fille Béatrix Ière. Cet acte fut confirmé par un traité, en 1279, passé sous la médiation du roi Philippe le Hardi, entre Robert II et sa nièce Béatrix. Il fut convenu que le Charollais serait tenu en fief du duc, avec tous les honneurs qui étaient dus au comte de Chalon. Robert de Clermont, fils de saint Louis, eut deux fils de Béatrix, Louis et Jean ; Louis fut duc de Bourbonnais et Jean fut baron de Charollais. Ce dernier ne laissa à sa mort, arrivée en 1316, qu'une fille Béatrix II, en faveur de laquelle le Charollais fut érigé en comté.
Ses descendants le vendirent en 1390, au duc Philippe le Hardi. Charles, son arrière petit-fils, porta le titre de comte de Charollais, jusqu'à la mort de Philippe le Bon, son père.
Le bailliage du Charollais fut établi par Louis XI, en 1477. Il est arrosé par la Loire depuis Roanne jusqu'à Digoin ; l'Arroux qui baigne Autun va se jeter dans la Loire près de Digoin ; l'Arconce sort de la fontaine du Prégris, paroisse de Mary, arrose Charolles, Anzy-le Duc, Saint-Yan, et se jette dans la Loire à Pont-à-Mailly ; la Bourbince prend naissance au lac de Long Pendu, passe à Blanzy, à Ciry, à Paray et se jette dans l'Arroux au Verdier ; l'Oudrache qui sort de l'étang de Perrecy se jette dans la Bourbince près de Paray ; la Semence vient des étangs de Suin et se perd dans l'Arconce à Charolles ; la Guye descend de Sainte Hélène et se jette dans la Grosne.
Les montagnes les plus élevées sont celles de Mont Saint-Vincent, Suin, Artus Sanvigne, Dondin, Chaumont.
Les plus belles forêts étaient celles de Charolles, Paray, Perrecy, Avaise, Pouilloux, Sauvement, Grandvaux, Marizy, Martigny, Digoin et Lugny.
Les châteaux-forts ruinés par ordre de Louis XI ou durant les guerres civiles furent ceux de : Mont Saint-Vincent, Suin, Dondin, Artus, Digoin, Joncy, Charolles, Marcilly, Collanges, Courcheval, Chevenizet, Cypierre, Rabutin, Joux, Commune, Sauvement, Champlecy, Martenet, Clessy, Chassy, Mazoncle, Busseuil, La Sale, Balou, Chaumont, La Guiche.
CHAROLLES
3718 habitants. Poste et gare de la localité. Superficie 1.998 hectares, dont 192 en céréales et cultures, 30 en bois, le reste en prairies. Foires très importantes, les 2e et 4° mercredis de chaque mois. Commerce de bétail gras et de produits industriels. Filature de laine, poterie, confiserie, produits chimiques et céramiques (90 ouvriers), carrières de pierre (50 ouvriers).
D'après M. Cucherat, le nom latin de Charolles, Quadrillae, Carelae peut venir de la confection et de l'emmagasinement de carreaux ou de traits destinés à l'attaque des ennemis et à la défense des frontières. De là l'origine du vieux castrum et l'importance qu'il acquit sous les ducs de Bourgogne qui devaient y avoir leur fabrique et leur arsenal d'armes et de projectiles. Car c'est au pied des châteaux forts que se plaçaient les établissements de ce genre.
Faïencerie de Charolles
La manufacture de cette ville, qui est une maison de premier ordre aujourd'hui, a été fondée, il y a près de soixante ans, par M. Prost père, pour fabriquer la faïence commune. Dix ans après, M. Prost fils transporta ses ateliers dans l'ancien prieuré de la Madeleine et commença à faire des pièces de valeur dans lesquelles il substitua la faïence stannifère au cailloutage (on sait que pour la faïence stannifère, dont le nom vient de l'oxyde d'étain qui entre dans sa composition, on utilise toutes les terres quelle que soit leur couleur et un émail opaque, tandis que pour le cailloutage, on n'emploie que des terres blanches et un émail transparent).
Depuis cette époque, la production artistique de Charolles a pris un développement considérable. La décoration est polychrome ; M. Prost fils a inventé un bleu spécial, dit bleu de Charolles, qui peut rivaliser avec les teintes similaires de Nevers et de Moustiers. La marque se compose aujourd'hui d'une marguerite dont la tige traverse un m minuscule et du mot Charolles en toutes lettres.
Le bassin rétréci dans lequel cette petite ville est placée forme un sol inégal. Au centre, sur un mamelon, se détachent deux vieilles tours restées seules debout, des neuf qui entouraient le château-fort des comtes de Charollais. La promenade dite le Pré-Saint-Nicolas est un triangle de verdure, dessiné par des allées ombragées de platanes et de marronniers séculaires. L'Arconce baigne la promenade sur deux faces et c'est à l'un des angles de la promenade qu'elle reçoit la Semence. Cette promenade est peu fréquentée à cause de l'humidité que l'Arconce répand ; elle est encaissée entre deux coteaux et ne jouit d'aucune vue.
L'ancienne paroisse, sous le vocable de Saint-Nizier, fut unie à Cluny en 1105 ; elle était desservie par douze sociétaires, enfants du pays, possédant au moins 40 livres de rente. Elle fut érigée en collégiale par Jean de la Madeleine, prieur de la Charité, en 1526.
Le prieuré de la Madeleine parait être fondé vers 1005, époque à laquelle l'évêque Norgaud confirma à Cluny, en faveur de ce prieuré, la possession des églises de ce canton.
La chapelle Saint-Nicolas était le siège d'une léproserie. On y a trouvé des tombeaux et des ossements humains de grandes dimensions, Courtépée croit que ce devait être des restes des premiers Bourguignons que Sidoine Apolinaire appelle septipèdes.
La ville, séjour des comtes, siège des États du pays, reçut ses franchises et privilèges en 1301, de Robert, comte de Clermont, et de Béatrix, sa femme.
La ville souffrit beaucoup pendant les guerres des rois de France et d'Espagne. Elle fut prise d'assaut par Blanet, chef des Huguenots, et pillée pendant dix jours.
Les guerres de religion désolèrent le pays, ainsi qu'en témoigne la note suivante empruntée aux Mémoires de la Société éduenne (Notes sur le passage des Reistres dans l'Autunois et le Charollais en 1569 et 1587 ; Mémoire de la Société Éduenne, tome XX, nouvelle série.) :
« On sait qu'en 1569, une armée de reistres, conduite par le duc des Deux-Ponts et le prince Casimir de Bavière, venant au secours des Huguenots de France, avait envahi la Bourgogne où elle commit de grands ravages. Autun en fut quitte pour la peur, mais le Nivernais et surtout le Charollais furent principalement atteints, ainsi que le prouve l'Éphéméride de l'expédition des Allemands en France, par Michel de la Huguerye, l'un des chefs de l'armée ennemie. Grâce à la publication de cette Éphéméride qui vient d'être faite pour la Société de l'Histoire de France, par MM. Léon Marlet et le comte de Laubespin, nous pouvons suivre jour par jour et pas à pas, la marche des reistres dans leur mouvement de retraite à travers notre région. C'est ce que nous ferons en corrigeant quelques unes des attributions géographiques proposées par les éditeurs. Suivant l'Éphéméride, c'est le 23 novembre 1587 (l'Éphéméride indique la date du 23 novembre, suivant la manière de compter des Réformés qui n'avaient pas adopté le calendrier grégorien ; pour avoir la date exacte, il faut compter dix jours de plus, soit le 3 décembre) que l'armée ennemie commença à se rapprocher de nos frontières : Le rendez-vous, pour jeudy 23 novembre, est à Sermage, près de Moulins-d'Angibert, d'où nous sommes venus loger à Semelé (Semelay, canton de Luzy, Nièvre), quatre lieues de là. En chemin, nous avons trouvé le baron de Conforgien retournant de sa maison, qui nous a dit que M. de Mayne avoit ramassé environ cent chevaux et nous costoyoit du côté d'Autun. La présence du duc de Mayenne à Autun, obligea sans doute les reistres de se détourner un peu à droite de leur ligne de retraite, sur le Charollais laissé sans défense. Le rendez-vous de vendredi 25 novembre est en la plaine de Périgny. (Perrigny, hameau de la commune d'Issy-l'Évêque et non Perrigny-sur-Loire, comme l'ont indiqué les éditeurs de l'Éphéméride, ce qui eût été trop à l'ouest et sans lien avec le reste de l'itinéraire suivi). De Périgny, sommes venus loger à Issy et ès environs (Issy l'Évêque, arrondissement d'Autun, ce qui explique qu'après avoir établi leur camp à Perrigny, les chefs vinrent loger à Issy l'Évêque, à proximité de leurs troupes). Le samedy 25, le rendez-vous est à Vigny (Vigny, canton de Paray-le-Monial) et sommes venus loger à Saint Germain (St-Germain de Rive, canton de Digoin, et non Saint Germain des Bois, canton de La Clayette, comme l'indiquent les éditeurs. Paray, près duquel passent les reistres, est précisément entre Vigny et St-Germain de Rive), près de la rivière de Loire qui estoit ingayable, ayant passé près Paré aux Moines (Paray-le-Monial, arrondissement de Charolles). Continuant leur marche presque en ligne droite depuis Sermage, les reistres vinrent ensuite camper à Anzy le Duc. Le dimanche 20, le rendez vous est à Ancy. Nous sommes venus loger à Saint Bonnet (St Bonnet de Cray, canton de Semur). Suivant les avis qu'ils ont reçus en route, ils se dirigent ensuite vers l'est. Le lundy 27 novembre, le rendez-vous est à St-Laurens (Saint-Laurent en Brionnais, canton de La Clayette, et non St Laurent-d'Andenay, comme l'ont indiqué les éditeurs). Nous sommes venus loger à La Clayette où nous avons séjourné un jour. Le mardy 28 novembre nous avons séjourné à la Clayette pour rafreichir un peu nos chevaux qui n'en pouvoient ayans cheminé depuis Chartres, quatorze jours sans séjourner. Ils revinrent ensuite un peu sur leurs pas pour se rencontrer avec le duc d'Épernon. Le rendez-vous de mercredy 20 de novembre est encores audit Saint-Lorens, pour approcher de M. d'Espernon et sommes venus loger à Saint-Christofle, deux lieues de Marcigny (St Christophe en Brionnais, canton de Semur, Marcigny, arrondissement de Charolles). L'armée était incertaine sur la question de savoir si elle opérerait sa retraite en Vivarais et en Languedoc, ou par la Savoie, la Suisse, ou le comté de Moutbéliard. Pour délibérer et négocier plus à l'aise, elle prolonge donc son séjour en Charollais. Le vendredy premier de décembre, nous avons séjourné. M. de Bouillon a changé de logis et est allé à Sarry (canton de Semur). Nous avons deslogé le sammedy deux de décembre. Sommes venus loger aux hameaux, près de Sarri et de là, sommes allés dîner avec M. d'Espernon à Marcigny. Le mardy 5 de décembre, a esté résolu de partir demain et aller au Bois-Sainte Marie (canton de la Clayette et non hameau de la Clayette, comme l'indique les éditeurs) pour rendez vous. Le lendemain, ils s'établissent à Dun le Roy, aujourd'hui sommet désert et alors habité. Le mercredy 6 de décembre, nous sommes venus au rendez vous du Bois Sainte Marie et de là loger avec M. de Bouillon à Dun-le-Roy (hameau de la commune de St Racho). Après une halte de deux jours, le vendredy 8° de décembre, nous sommes partis de Dun-le-Roy pour Savoie et Bourgogne. L'armée se dirige alors par Mâcon, Bâgé-le-Châtel, Bourg, Saint Rambert, Belley, Yenne et Chambéry : Ne peus arriver ce jour là à Mâcon, mais seulement le samedy 9, au matin. J'ay despendu à le souper, près Mascon deux escus et à desjeuner et dîner à Mascon, quatre escus ; à Baugé, à souper, quatre escus ; pour un guide jusqu'à Bourg, un escu; l'escorte ma cousté six escus, et deux escus que j'ai payé le dimanche 10, pour un diner et à souper dudit jour à Bourg, et le lendemain à desjeuner, quatre escus. Le lundi 11 décembre, l'auteur de l'Éphémeride couche à Saint-Rambert avec ses troupes, le mardi 12 à Belley, le 13 à Yenne et le même jour il arrive à Chambéry, débarrassant enfin la France des bandes qui l'avaient parcourue depuis la fin du mois de juillet. A lui seul, le Charollais avait subi cette invasion du 24 novembre au 8 décembre, soit pendant quatorze jours qui durent sembler longs aux populations éloignées des frontières du royaume et peu habituées aux visites de l'ennemi. »
Communautés religieuses
Les religieux du Tiers-Ordre de Saint-François, dits Picpus, s'établirent à Charolles en 1620. Les Girard et les Dagonneau furent leurs premiers bienfaiteurs. Le cardinal de Bouillon, exilé par Louis XIV, fut leur hôte avant d'aller à Paray.
Les religieuses claristes mitigées furent fondées vers la même époque, par Marie de la Plantade de Bois-Franc, abbesse du même ordre à Clermont.
Les Visitandines essaimèrent d'Autun en 1637, sous la conduite de leur première supérieure, N. de Pedigon de Moulins.
Courtépée ne donne pas la date de la fondation du collège, il se contente de dire qu'il est ancien. En 1732, le traitement du préfet des études était de 350 livres.
Les Frères Maristes ont tenu un pensionnat prospère jusqu'en l'année 1904.
L'Hôpital de Ste-Agnès, fondé par les comtes de Charollais au XIVe siècle, fut rebâti en 1616. Il obtint des lettres-patentes en 1693. Transformé en hôpital général, par de nouvelles lettres-patentes, en 1737, il fut administré par le lieutenant-général, le procureur du roi, aidés du maire, du primicier, du premier échevin et de deux notables. Dix sœurs furent chargées du soin des malades. Détail à noter, surtout à notre époque de laïcisation, ces religieuses ne recevaient pas de traitement, elles devaient s'entretenir et se nourrir à leurs frais, l'administration se contentant de les loger.
La famille des Dagouneau a été la plus insigne bienfaitrice de cet établissement de charité.
L'hôpital fut rebâti en 1843, sur l'emplacement du prieuré de la Madeleine. Les fouilles rendirent de beaux chapiteaux sculptés provenant de l'église du prieuré.
Bailliage
Le bailliage royal fut établi par Louis XI, en 1477. Il y avait alors une juridiction formée par les comtes, les droits étaient réglés. Un arrêt du Parlement, en 1372, confirmé par un arrêt du conseil du roi en 1611, assura aux officiers royaux la possession de tous leurs droits par provision. En 1648, Louis XIII ordonna à Emmanuel-Philippe de Rymon, lieutenant-général du bailliage, de venir l'instruire de ses droits royaux que le roi d'Espagne, alors comte de Charollais, voulait usurper. Emmanuel Rymon présenta au roi un traité des droits de souveraineté de la Couronne de France sur les terres du Charollais. Mais le prince de Condé ayant saisi le Charollais par arrêt du Parlement, il s'ensuivit un grand procès en 1688. Un arrêt contradictoire du Conseil d'État, du 10 février 1699, ôta aux officiers royaux la connaissance des appellations de justice inférieure, celle des affaires des nobles et des causes civiles des ecclésiastiques.
Enfin Louis XV, par un édit de 1765, supprima les juridictions seigneuriales du comté de Charollais et de la baronnie du Mont-Saint Vincent et les réunit au bailliage de Charolles.
Pendant les guerres religieuses, la juridiction royale fut transportée à Bourbon-Lancy ; elle ne fut rétablie à Charolles qu'en 1595.
Charolles perdit la moitié de ses habitants pendant la famine de 1531. Le funeste hiver de 1709 réduisit la population à 600 communiants. Du temps de Courtépée, la ville comptait plus de deux milles âmes et 400 feux. En 1679, il y avait 245 habitants imposables et 317 en 1751 avec 16 avocats, 5 tanneurs et 91 artisans, dont 13 tisserands.
Au XVIII° siècle, quatre routes partaient de Charolles, savoir : une pour le Beaujolais par la Clayette ; une pour Chalon et Beaune par Joncy et Givry avec embranchement sur Mâcon ; une autre pour Paray ; la quatrième pour Semur par Marcigny. Le commerce du bétail était favorisé par l'établissement de onze foires très fréquentées par les Lyonnais et même les Parisiens. Charolles, à cette époque, servait d'entrepôt pour les vins du Chalonnais, du Mâconnais et du Beaujolais.
Actuellement Charolles est relié à Mâcon par une route nationale ; cinq routes départementales ou de grande communication mettent cette ville en rapport avec les chefs-lieux de canton de l'arrondissement. Charolles est situé sur la voie ferrée de Paray à Mâcon.
Hommes illustres
Jean de Ganay, chancelier de Charles VII.
Jean de la Madeleine de Ragny, grand prieur de Cluny ; élu abbé en 1518, il se départit de son élection, pour le bien de la paix, en faveur d'Aimard de Gouffier de Boisy, par ordre de François Ier. Il devint dans la suite prieur de la Charité et de Charlieu.
Pierre Saulnier, prieur de Charlieu, devint évêque d'Autun.
Claude Saulnier, petit neveu du précédent, auteur de l'Autun chrétien.
Guillaume des Autels, gentilhomme, poète français.
Léonard de la Ville, maître d'école, auteur de quatre ouvrages imprimés en 1567 et perdus depuis.
Pierre de la Grange, avocat distingué, a composé deux ouvrages sur le droit.
Nicolas Guinet, professeur de droit à Paris, auteur de plusieurs ouvrages.
Emmanuel-Philibert de Rymon, lieutenant général du comté de Charollais, a composé deux traités sur la juridiction royale.
Claude de la Bélière, aumônier du roi, a fait imprimer, en 1664, la Physionomie raisonnante.
Dom François Pernot, bibliothécaire de l'abbaye de Saint Martin des Champs. Il a laissé des mémoires sur les Annales de l'Ordre de Cluny.
Jean-Baptiste Geoffroy, professeur de réthorique au collège Louis-le-Grand, a prononcé plusieurs harangues restées célèbres.
Jean Bayard (1796-1853), auteur dramatique.
Baron
549 habitants. Poste et gare de Charolles, à 6 kilomètres. Superficie : 1.329 hectares, dont 678 en céréales et cultures, 425 en prairies, 225 en bois, 1 en vignes. Commerce de bétail. Carrière de grès. Village bâti sur le versant S.-E. de la montagne du Clou (400 mètres d'altitude). Église romane ancienne
Dans les bois de Baron, entre Saint-Aubin et Martigny, on aperçoit des vestiges de voie romaine. Les plaines de Sylla, situées sur un vaste plateau, passent dans le pays pour avoir été, lors de la domination romaine, le théâtre d'une grande bataille qui aurait été suivie du sac de la ville de Colonne, dont on montre l'emplacement dans le voisinage (commune de Saint Aubin en Charollais). On peut admettre que ce fut dans cet endroit qu'eut lieu la défaite des Helvétiens par César.
Quelques dénominations remarquables sont restées à des hameaux ou lieu dits, tels que Pierre-Amassée dans un lieu où exista, dit on, un autel druidique ou un de ces monuments en pierre brute que les Celtes avaient coutume d'ériger en mémoire de quelque grand événement ; le hameau de Célère, nom qui semble provenir de la position qu'aurait occupée, dans le combat, un de ces corps de troupe que les Romains appelaient Celeres. Ce lieu voisin d'une ancienne route qui tendait à Autun ou Bibracte, se trouve d'ailleurs à peu près à la distance indiquée par César, dans le premier livre de ses Commentaires.
Champlecy
425 habitants. Poste et gare de Charolles, 5 kilomètres Superficie : 2283 hectares, dont 1108 en céréales et cultures, 872 en prairies et 268 en bois. Commerce de chevaux, de bœufs et de porcs. Territoire accidenté. Église romane du XI° siècle.
L'ancien château de Champlecy a appartenu aux Boyer qui, en 1502, obtinrent des lettres de commutation du nom de Boyer en celui de Champlecy. Ce manoir fut pris par les Ligueurs, en 1562 et 1592. Au XVIII° siècle, il appartenait au duc de Cosse, baron de la Motte Saint-Jean.
Changy
708 habitants. Poste et gare de Charolles, à 5 kilomètres. Superficie 2.012 hectares, dont 971 en céréales et cultures, 528 en prairies, 300 en bois, 20 en vignes. Petit vin. Commerce de bétail gras. Excellents pâturages. Territoire en plaine et en montagne. Bourg sur l'Arconce.
Le chapitre de Lyon nommait le curé. Les huguenots y avaient un prêche où le ministre Viridey baptisait les enfants de Paray.
Le hameau de Rabutin a donné son nom à cette célèbre famille d'où sortit le fameux Roger de Rabutin, comte de Bussy, parent de Mme de Sévigné.
A Rabutin existait un prieuré de Bénédictins qui fut ruiné pendant les guerres de la Ligue. Des trois châteaux forts situés à Aubin, Rabutin et Montessus, il ne reste que deux tours de ce dernier.
Lugny-lès-Charolles
334 habitants. Poste de Charolles, à 6 kilomètres. Gare de la localité. Superficie : 1.672 hectares, dont 786 en prairies, 427 en bois, 363 en céréales et cultures et 5 en vignes. Commerce de bétail, de fourrage, de bois et de pierre à bâtir. Terrain très accidenté dans la vallée de l'Arconce.
Le curé était à la nomination du chapitre d'Autun.
Lugny qui était une des quatre anciennes baronnies du Charollais, entra, au XV° siècle, dans la maison de Lévis, par alliance avec Alix Damas de Cousan, fille de Hugues Damas de Lugny.
Magnifique château, bâti en 1771, à Mme la princesse de Croy.
Nochize
153 habitants. Petite localité du canton de Paray et de l'archiprêtré de Charolles. Poste et gare de Paray, à 8 kilomètres, 11 kilomètres de Charolles. Superficie 1.107 hectares, dont 477 en prairies, 306 en céréales et cultures, 281 en bois, 1 en vigne. Commerce de bétail, de blé et de bois. Village dans un vallon de l'Arconce. Étang Chanron de 10 hectares. Territoire accidenté.
Le curé était à la nomination du doyen de Paray. Beau château de Chevinez, du XIII° siècle, sur une hauteur. En 1422, il appartenait à Antoine de Vichy qui y fit édifier une chapelle sous le vocable de N.-D. de Lorette.
Marcilly-la-Gueurce
317 habitants. Poste et gare de Charolles, à 5 kilomètres. Superficie : 1.109 hectares dont 444 en prairies, 408 en céréales et cultures, 219 en bois. Commerce de bétail et céréales. Tissage de la soie. Territoire sur le penchant d'une colline.
Le curé était à la nomination de l'évêque d'Autun.
Restes du château fort de Marcilly, ayant appartenu à la maison de Cypierre, d'où sortit Philibert Marcilly Cypierre, gouverneur de Charles IX.
Ruines du manoir de Moulin-la-Cour.
Sur la montagne Saint-Firmin était une ancienne chapelle aux environs de laquelle on a trouvé une trentaine de tombeaux en grès.
Marcilly a été possédé par des seigneurs du nom de Gulces, d'où le surnom de ce village, dit Saint-Julien de Balleure. D'autres le font dériver du nom d'une forêt voisine.
Ozolles
1058 habitants. Poste et gare de Charolles à 8 kilomètres. Superficie : 2.720 hectares, dont 1320 en cultures et céréales, 1223 en prairies. 112 en bois, 5 en vignes. Commerce de bétail. Bourg sur la rivière d'Ozolette.
Le curé, seigneur du clocher, était à la nomination de l'évêque d'Autun.
Le territoire d'Ozolles était partie en Charollais, partie en Brionnais.
Châteaux de Rambuteau, d'Ozolles, et de Crary. Le château et la seigneurie de Rambuteau étaient possédés depuis cent quatre vingts ans par les ancêtres de Cl. Barthelot, chevalier de Saint Louis, dit Courtépée. Le château n'est pas sorti de la famille. La chapelle du château date de 1606.
Au hameau de Saint Martin existait une ancienne église ; chapelle de Sainte-Barbe au hameau de Pommey.
Au hameau de Cloudeau se tenaient quatre foires par an.
Saint-Julien-de-Civry
1229 habitants. Poste et gare de la localité, à 10 kilomètres de Charolles. Voitures pour Charolles et La Clayette. Superficie : 2.101 hectares, dont 1358 en prairies, 426 en cultures et céréales, 146 en bois, 58 en vignes ; vin agréable, mais de peu de durée. Commerce de bétail gras pour Lyon et Paris. Excellentes prairies.
Le curé était à la nomination de la prieure de Marcigny depuis 1105.
Le territoire de cette commune paraît avoir été occupé par les Romains. En effet, on rencontre fréquemment dans le sol, surtout au hameau de Maringue, des substructions, des fragments de marbre et de colonne, des ossements humains et des médailles des empereurs Maximilien et Auguste.
L'église est moderne, mais le chœur est du XV° siècle. Ce chœur, avec ses baies aveugles en mitre et son toit aigu, forme un singulier contraste avec les autres églises brionnaises. Mais la partie la plus remarquable de cette église est un édicule du XVI° siècle, servant de tabernacle.
Au hameau de Vaux de Chizeuil, restes d'un ancien château fort ayant appartenu aux comtes palatins de Dyo. Une autre maison forte, ayant été la propriété des Bataille de Mandelot, existe au lieu dit le Petit-Bois. La chapelle seigneuriale qui en dépendait subsiste encore.
La famine de 1709 fit périr cent vingt personnes sur six cent cinquante qui composaient la paroisse.
Vaudebarrier
341 habitants. Poste et gare de Charolles à 3 kilomètres. Superficie : 800 hectares, dont 547 en prairies, 178 en céréales et cultures, 30 en bois. Commerce de bétail. Terrain accidenté dans la vallée de l'Ozolette.
Château de Molleron ayant appartenu à M. de Thésut. Les religieuses du prieuré de Beaulieu en Roannais étaient dames de Vaux-en-Barrier (Courtépée).
Le curé était à la nomination de l'abbé de Cluny.
Vendenesse-lès-Charolles
1427 habitants. Gare de la localité. Poste de Charolles à 3 kilomètres. Superficie : 2.738 hectares, dont 1282 en céréales et cultures, 1073 en prairies, 240 en bois. Commerce de céréales, bestiaux, huile, chaux, pierre de taille. Territoire très ondulé, composé de trois plateaux principaux : Perrière, Collanges, St-Brancher. Le chœur de l'église est très ancien. Château de Collanges.
La cure était à la nomination de l'évêque d'Autun.
Sur le territoire de la commune de Vendenesse-lès-Charolles est situé, à l'entrée d'une étroite vallée (collum augustum), le château de Collanges qui paraît remonter au X° siècle.
En 1178, Hugues Deunay en était seigneur et fit don à Cluny du cimetière et de l'église de Vendenesse. En 1466, Jean Dubiez en était seigneur et Hugues de Laye en 1500. Mais à ce moment le château était presque en ruines. En effet, en 1478, au mois de mai, 500 hommes, bande d'écorcheurs, commandés par Jehan Dalon, après avoir logé cinq jours à Vendenesse, où ils commirent tous les excès, s'en étaient emparés, avaient démantelé en partie ses murailles et ses tours et avaient exigé vingt saluts d'or pour le racheter du feu. C'est à cette époque que Collange a cessé d'être une forteresse.
En 1300, le grand prieur de Cluny, Jean de la Madeleine, acquit la terre et le château pour son neveu, Girard de Ragny, dont le fils fit rebâtir le corps de logis dans le style renaissance et y plaça ses armoiries. Ce Girard de Ragny était fils de dame Claude de Damas, épouse de Girard de la Madeleine, chevalier de l'Ordre, bailli d'Auxois. Il fut tué d'un coup de canon, en 1543, au siège de Landrecies. Jacques de Ragny devint abbé de Sainte-Marguerite et fut nommé à l'évêché de Paris.
François de Ragny, chevalier des ordres, bailli d'Auxois, épousa Catherine de Marcilly Cypierre et se distingua par son zèle pour le parti royaliste au temps de la Ligue. Il défit complètement, près de Joigny, le vicomte de Tavannes. Ce fut un des seigneurs de la cour témoins de l'assassinat de Henri III qui plongèrent sur le champ leur épée dans le corps du meurtrier.
Cette famille de Ragny a pris son nom du hameau de même nom de la paroisse de Savigny, à trois quarts de lieue d'Avallon.
De Girard de Ragny, la terre et le château de Collanges passèrent par mariage au duc de Lesdiguières. François-Emmanuel de Lesdiguières eut de Paule-Françoise de Gondy de Retz, Jean François Paul de Créqui, mort en 1703, sans postérité. La terre revint aux Damas et par suite à Mme Mayneaud, comtesse de Pons-Saint-Maurice, qui ayant émigré en 1792, vît la terre et le château de Collanges séquestrés et vendus. Ils furent adjugés en partie à M. Bigounet, de Mâcon, qui les revendit sous le premier empire à M. Revel, dont la postérité les posséda jusqu'en 1867. A la mort de son arrière-petit-fils, M. René Chanel Périer de la Balme, sa cousine, Mme Villette, née Roux, en devint propriétaire. Sa fille, épouse de M. Antoine Compin, docteur en médecine, le possède actuellement.
Au commencement du XV° siècle, cette terre appartenait à Guy de la Trémouille, seigneur d'Uchon et de Bourbon-Lancy qui en jurait foi et hommage au duc de Bourgogne en 1408.
Viry
577 habitants. Poste et gare de Charolles à 5 kilomèlres. Superficie : 2014 hectares, dont 1075 en prairies, 588 en culture et céréales, 351 en bois. Commerce de céréales, bétail, chevaux. Village dans un vallon arrosé par l'Arconce et la Sonnette.
Le curé était à la nomination du chapitre d'Autun.
Un sire, Aimé de Viry, fit, en 1409, la guerre au duc de Bourbon, sire de Beaujeu, et ravagea le Beaujolais. Il fut vaincu et fait prisonnier par le comte de Clermont.
Le château de Saillant, bâti vers 1480 et qui appartenait, avant la Révolution, au Chevalier de la Guiche, a été démoli en 1855.
On voit sur un vitrail de l'église de Viry des peintures bien conservées qui représentent Charles de Saillant aux pieds de saint Charlemagne, et Marguerite de Saligny, sa femme, devant sa patronne.
La famille de Saillant a donné deux évêques à Mâcon, Étienne Hugonnet (1450) et Philibert Hugonnet qui lui succéda en 1471 et fut fait cardinal à Home. Guillaume Hugonnel, seigneur de Saillant, devint chancelier du dernier duc de Bourgogne. Il fut massacré, en 1477, par les Gantois révoltés.
Sur le territoire de la commune se trouvaient les anciens fiefs des Brosses et de Trémolle, possédés par les de Rymon, et celui de Jucheau, par les Thésut et les Dagonneau.
Fontenay
89 habitants, la plus petite commune du département. Poste et gare de Charolles, à 6 kilomètres. Superficie 246 hectares, dont 97 en prairies, 77 en céréales et cultures, 72 en bois. Commerce de céréales et de bétail. Territoire sur un coteau.
La cure était à la nomination de l'évêque d'Autun.
Prizy (d'Amanzé)
174 habitants. Poste de Saint-Julien-de-Civry. à 12 kilomètres. Gare de Charolles à 12 kilomètres. Superficie 426 hectares dont 120 en cultures et céréales, 298 en prairies, 5 en vignes, 3 en bois. Vins communs. Commerce de bétail. Village sur une colline élevée d'où l'on jouit d'un beau point de vue.
La cure était à la collation de l'abbé de Cluny. Cette terre a appartenu aux d'Amanzé depuis 1415 jusqu'à la Révolution.
Au bas de la colline, du côté sud, on voit les ruines d'une ancienne léproserie appelée l'Hôpital.
Le presbytère fut brûlé par les Huguenots en 1562.
Le Parc, ancien fief des d'Amanzé.
St-Symphorien-de-Charolles
382 habitants. Poste et gare de Charolles, à 3 kilomètres. Superficie : 1060 hectares, dont 438 en céréales et cultures, 438 en prairies, 156 en bois et 28 en vignes. Vins ordinaires. Commerce de bétail. Territoire accidenté sur l'Arconce. Châteaux de Corcelles, de Brèche.
Brèche était un fief possédé par Henri de Brèche, en 1366. Cette maison forte fut réunie à la seigneurerie de Corcelles, autre fief qui a appartenu aux Mottin, aux Loison et aux Quarré du Plessis. Guillaume de Corcelles, fils de Hugues de Corcelles, fit, en 1272, un traité pour la pêche dans l'Arconce.
BOURBON-LANCY
1158 habitants. Poste et gare de la localité, à 3 kilomètres, voitures à tous les trains. A 31 kilomètres de Charolles. Superficie : 5396 hectares. dont 2860 en cultures et céréales, 1740 en prairies, 1060 en bois et 16 en vigne. Fabrique d'instruments agricoles. Manufacture de bonneterie. Commerce de céréales et de bétail.
La ville est bâtie sur le versant d'une colline qui s'abaisse juqu'à la Loire. Du plateau occupé autrefois par le château, on jouit d'une vue magnifique sur le bassin de la Loire, les plaines du Bourbonnais et sur les montagnes de l'Auvergne et du Forez.
Station thermale appartenant à l'hospice d'Aligre, louée à la Société des Thermes de Bourbon-Lancy, fréquentée chaque année par environ sept cents malades. En outre l'hospice reçoit gratuitement six cents malades.
Les sources thermales dont la température varie de 47° à 52° remontent à la plus haute antiquité. Ces eaux chlorurées, sodiques et ferrugineuses sont souveraines pour les rhumatismes et la scrofule. Excepté la source Descure, dont le gaz exhale une odeur fétide, toutes les autres sont incolores et inodores. Des sept sources de Bourbon une seule est froide : la source Rose. La source Saint Christophe est ferrugineuse ; celle de Davagé est sulfureuse ; celles du Lymbe, de Leynes, de Crèches sont les plus chaudes, surtout celle du Lymbe. Le débit est évalué à 300 mètres cubes par jour.
Bourbon, dont le nom parait dériver du vieux mot burbœ, bourbes, eaux bourbeuses, eaux thermales, dépendait du territoire des Éduens, avant la conquête des Gaules par Jules César. Cette dénomination a une origine celtique. Des historiens prétendant que Borto ou Vorva est le nom sous lequel était adoré, chez les Celtes, le dieu qui présidait aux sources thermales. Les Romains ne tardèrent pas à reconnaître les propriétés médicinales des eaux de Bourbon. Ils y fondèrent des thermes d'une magnificence extrême, après avoir fait d'immenses travaux, soit pour tailler le rocher, dont les aspérités formaient obstacle à l'établissement des puits sur un même niveau, soit pour séparer les sources chaudes des sources froides et pour les emprisonner dans des bassins dont les parois sont construites avec un art, un luxe de matériaux et une solidité admirables. On a attribué, à tort ou à raison, cette fondation des thermes à un personnage nommé Niseus, parce que dans les anciens itinéraires, Bourbon se trouve désigné sous le nom de Aquae Nisinei. Quoi qu'il en soit, il est certain que la célébrité des eaux détermina dans ce lieu la naissance d'une ville, dont les édifices se ressentirent du luxe qui se révèle dans l'architecture de tous les édifices romains. Cette ville occupa particulièrement l'espace compris entre les bains et le village de Saint-Denis. On a fréquemment découvert dans cet endroit des vestiges de constructions qui accusent évidemment l'époque gallo-romaine : des corniches d'un beau travail, des pilastres, des bas reliefs, des urnes et des vases de toutes les formes, ainsi qu'une prodigieuse quantité de médailles du haut empire.
De cette ville partaient trois voies construites par les Romains : l'une, dans la direction de Decize ; la seconde, dans la direction d'Autun ; la troisième passait à St Aubin-sur-Loire et traversait ce fleuve au dessous de Diou.
On ignore l'époque à laquelle a eu lieu la destruction de la ville romaine, mais on présume qu'elle a été l'œuvre des Bagaudes. On sait que ces pâtres gaulois s'acharnèrent principalement à la ruine de tous les établissements que les Romains avaient fondé dans les Gaules. Les habitants qui survécurent à ce désastre ne relevèrent point leurs habitations ; ils vinrent s'établir dans le voisinage et sous la protection du fort que les Romains avaient construit sur le rocher des bains, dans le but sans doute, de préserver les thermes de nouvelles dévastations.
Il paraît qu'après la chute de l'empire, la ville reprit son nom celtique, Borbo, car dans les chartes du moyen âge, elle est déjà appelée Borbonense oppidum, Borbonium castram.
Le premier seigneur de Bourbon qui soit connu est Adhémar qui, en 911, chassé de son comté de Matrie, par Rollon, duc de Normandie, se réfugia auprès de Charles le Simple, et en reçut, pour les réunir à son héritage, Souvigny et Cespitalium, Sine castellum de Thermis prope Ligerim. Cette donation qui comprenait plusieurs terres en Berry, en Bourgogne et dans l'Autunois, est de 913. Anséric ou Anselme, désigné, en 953, par son père Aymon, comme héritier du château des Thermes, fonda, en 1030, le prieuré de Saint-Nazaire, dont la belle église existe encore. Le surnom de Lancy, que porte aujourd'hui Bourbon, lui vient, dit-on, du nom de ce seigneur. Cette opinion est d'autant plus acceptable qu'à la même époque, Archimbaud, frère d'Auséric donna aussi le sien à Bourbon l'Archambault. Saint-Julien de Balleure dit qu'Anséric eut plusieurs enfants et que sa race peupla tant, que maints de leurs successeurs se retirèrent en Bourgogne. Un siècle après lui, la baronnie de Bourbon advint par mariage à Dalmas de Semur, puis à Simon de Semur, époux de Marie, fille de Hugues III, duc de Bourgogne. En 1224, Mathilde, comtesse de Nivernais, accorda franchise à sa bonne ville de Bourbon. Ces franchises furent confirmées, en 1259, par Odon, fils du duc de Bourgogne et de Béatrix de Bourgogne. La baronnie passa bientôt après aux sires de Château Vilain, aux Mello, aux La Trémouille, qui eurent plusieurs contestations avec les prieurs de Saint-Nazaire, enfin à Guillaume de Vergy, qui, en 1488, la vendit à Pierre, duc de Bourbonnais, et à Anne de France, au prix de douze mille écus d'or. Confisquée en 1527, sur le connétable de Bourbon par François Ier, elle fut réunie à la couronne de France.
En 1595, Henri IV donna les châteaux de Bourbon et d'Arcy au maréchal de Biron ; mais ils ne tardèrent pas de retourner, une seconde fois, à la couronne, par suite de la condamnation à mort du maréchal et de la confiscation de ses biens, qui eut lieu en 1602.
En 1757, le roi engagea cette baronnie à P. César Ducrest, marquis de St Aubin. Mme de Genlis, sa fille, prit alors le titre de comtesse de Lancy. M. Lenormand, marquis d'Estiolles et de Saint-Aubin, mari de Mme de Pompadour, lui succéda dans la baronnie de Bourbon et l'échangea bientôt après avec M. de Gallois de la Tour, premier président intendant de la Provence. Bourbon-Lancy était le septième bailliage principal du Parlement de Bourgogne. Le château fort, dont on voit encore quelques ruines sur l'éminence qui domine le faubourg Saint Léger, avait été construit sur l'emplacement d'un ancien édifice carré dont on reconnaît encore les traces au centre même du château, et qui fut probablement le fort construit par les Romains. De nombreux souterrains, dont on retrouve les restes en différents endroits, partaient de son enceinte et s'étendaient, dans plusieurs directions, jusqu'à des distances considérables. Cette espèce de citadelle qui a été souvent attaquée dans nos guerres civiles par les Huguenots et les Ligueurs ne fut jamais prise ; elle était entourée de murs percés de trois portes et flanqués de tours dont deux existent encore. Le duc Philippe-le-Hardi avait contribué de ses deniers au rétablissement d'une partie des fortifications, qui furent achevées ou réparées à la fin du XVe siècle, par Georges de La Trémouille. La démolition du château fut commencée en 1775, par le dernier baron de Bourbon, M. des Gallois, qui en céda l'emplacement à titre d'introge, moyennant 1.300 livres, à Mme veuve d'Aubinet de Marcy ; mais celle-ci en fut peu de temps après dépossédée par le droit révolutionnaire. Depuis le 7 nivôse an VIII, époque à laquelle cette propriété fut aliénée par la République, les ruines du château furent exploitées comme une carrière, Les déblais en ont été arrêtés, en 1830, par M. Compin, maire et propriétaire. L'emplacement offre un large plateau, agréablement planté d'arbres, d'où l'on domine l'établissement thermal, le vallon de Saint Léger, le cours de la Loire et d'où la vue s'étend sur le Nivernais, le Bourbonnais et les hautes montagnes de l'Auvergne et du Forez.
La ville fut pendant longtemps restreinte à l'enceinte de cette forteresse. Elle a pris quelque accroissement vers la fin du XVI° siècle, à la suite du séjour qu'y firent, en 1580, Henri III et la reine Louise de Lorraine, avec une cour nombreuse et brillante. C'est à dater de cette époque que des restaurations importantes furent exécutées, par les ordres de ce prince, dans l'établissement thermal, qui recouvra pendant quelque temps un peu de son ancienne célébrité. Un des puits en a retenu le nom de Fontaine de la Reine. Henri III vint plusieurs fois à Bourbon. Il s'y trouvait encore en 1586 avec des troupes, ainsi qu'on le voit dans les registres secrétariaux de Mâcon, car les protestants qui étaient en Bresse sous les ordres du comte de Cruzilles à la solde du prince de Savoie, projetaient de s'emparer de cette dernière ville.
Bourbon est aujourd'hui divisé en quatre parties très distinctes : le faubourg Saint-Léger, où sont les sources médicinales, le faubourg Saint-Nazaire, le faubourg Saint-Jean et le quartier proprement dit la ville. Bourbon-Lancy a pris à la Révolution le nom de Bellevue les Bains et l'a conservé jusqu'à la Restauration.
L'église de Saint Nazaire présente un grand intérêt archéologique Le sanctuaire qui paraît être la partie la plus récente de ce vénérable édifice appartient évidemment au XI° siècle et l'opinion de beaucoup de personnes est qu'il a été ajouté à une nef plus ancienne encore, lors de la fondation du prieuré ou de la donation qu'Ansellus fit de cette église aux moines de l'abbaye de Cluny, en 1030. La nef, depuis la porte jusqu'au milieu de la dernière travée, appartient au style latin, le transept et l'abside au style byzantin. On a dernièrement découvert dans cette église une inscription tumulaire latine concernant un peintre grec. Elle est ainsi conçue : D. M. Diogeni Alb. Pictori ...
L'hôpital fondé en 1697 par messire H. de Pingré, chevalier seigneur de Barivilliers, conseiller du roi au grand conseil, occupe les bâtiments de l'ancien couvent de la Visitation. Il a été formé de la réunion opérée en 1755 de l'hôpital de Saint-Jean, dit hospice des Pèlerins, et de l'hôpital des Eaux. Les dons de plusieurs personnes pieuses et charitables concoururent à cette fondation. Cet hôpital étant devenu insuffisant, l'Administration des hospices en fit bâtir un nouveau. Elle y employa les magnifiques legs qui lui ont été faits par M. le marquis d'Aligre, mort au mois de mai 1847 et qui s'élèvent à plus de trois millions et demi. Conformément aux intentions du testateur, l'hospice doit recevoir chaque année des malades pauvres ayant besoin des eaux thermales jusqu'à concurrence de 4000 journées. Des statues ont été élevées au bienfaiteur de l'hospice et à Mme la marquise d'Aligre, décédée peu de temps après son mari.
Bourbon-Lancy a possédé une faïencerie ; elle n'a jamais été signalée et on ne sait rien de ses produits. On trouve dans les anciens registres de la paroisse Saint-Léger de cette ville deux actes concernant des faïenciers qu'on ne peut confondre avec les « potiers en terre » mentionnés à la même époque : mariage, le 27 avril 1693, de François Pèlerin, faïencier, avec Marthe Legros ; baptême, le 31 janvier 1698, d'Étiennette, née la veille d'un autre François, faïencier, et de Marthe Gogin (G. Bonnet, Notes pour servir à l'histoire du Charollais).
Bourbon possédait une collégiale du titre de Notre Dame, que Philibert Blanchereau, seigneur de Saint Siagre et de Fontète, eut dessein d'établir en 1482. Pierrette, sa fille, et Guy de Salins, son petit fils, exécutèrent ses volontés en 1488. Ils traitèrent avec Ode de Marry, prieur d'Amanzy, qui leur céda le fonds de cette chapelle pour huit œuvrées de vigne, sous la réserve de la première stalle au chœur, sauf les quatre principales fêtes où le prévôt devait l'occuper. Ce traité fut ratifié par Antoine de Chalon, évêque d'Autun, en 1495.
Jean de la Fin, héritier de son frère, mari de Madeleine de Salins, réunit le chapitre de Saint-Pourçain dont il était fondateur, à celui de Bourbon en 1574. Saint Nazaire eut un prieuré de l'ordre de Cluny. Il fut fondé en 1030 par Anceau de Bourbon.
Le prieuré d'Amanzy, de l'ordre des Augustins, était depuis longtemps tombé en commende au XVIII° siècle.
Les capucins furent établis par Jean du Regon, doyen de la Prée, curé de Saint-Léger en 1622.
Les Ursulines, colonie de celles de Beaune, arrivèrent à Bourbon en 1633.
Les Visitandines, tirées de Riom en 1648, furent fondées par Gaspard de Coligny, seigneur de Saligny, et Marie-Gilberte de Roquefeuille, son épouse.
Chalmoux
1252 habitants. Poste de Gilly, 10 kilomètres, à 7 kilomètres de la gare de Bourbon-Lancy, 46 de Charolles. Superficie : 3847 hectares, dont 2287 en céréales, 1310 en prairies, 210 en bois, 40 en vignes. Vins ordinaires. Commerce de céréales et de bétail. Mines de pyrites de fer. Village sur un plateau. Territoire ondulé.
Chalmoux est très ancien. Le comte Lambert y défit en 980 les Auvergnats qui ravageaient le Charollais. Cet événement eut lieu au nord est de Chalmoux, dans un champ appelé les Trente-Vents. C'est un vaste plateau traversé autrefois par le Chemin des Soldats. On y voyait encore en 1813 une pierre levée, d'une grande dimension et qui passait pour avoir été un monument consacré à perpétuer le souvenir d'une victoire des Bourguignons sur leurs ennemis.
Il y avait au XIX° siècle, dans cette paroisse, une seigneurie connue sous le nom de la Pierre ou de la Pierre-de-l'Étang. En 1391 elle appartenait à Guillaume de la Trémouille, chambellan de Philippe, fils de France. A propos d'une insignifiante question de justice, un procès s'éleva entre lui et Damas de Busseuil, écuyer d'écurie dudit Philippe ; l'affaire exigea l'intervention royale. C'était beaucoup pour un grenouillat.
La cure était sous le patronage du chapitre d'Autun.
Les anciens fiefs de Vellerot, de Cariot, de Blandin relevaient de la seigneurie de Chalmoux.
Maltat
995 habitants. Poste et gare de Bourbon-Lancy, à 10 kilomètres, à 59 kilomètres de Charolles. Superficie 3070 hectares, dont 2071 en céréales et cultures, 285 en bois, 705 en prairies et 9 en vignes. Commerce de céréales, de tuiles et de chaux. Village dans un vallon. Territoire très accidenté. Étang du Garnot, 14 hectares. Église du XIe siècle. Château du Breuil (XIII° siècle), de la Motte.
Maltat était traversé par la voie romaine d'Autun à Bourbon. Anciens fiefs du Breuil et de Champigny.
La cure était à la nomination de l'abbé de Saint Martin-d'Autun.
Mont-lès-Bourbon
439 habitants. Poste et gare de Bourbon-Lancy, à 8 kilomètres, à 56 kilomètres de Charolles. Superficie : 1617 hectares, dont 884 en cultures et céréales, 313 en prairies, 211 en bois, 9 en vignes. Commerce de vins blancs, de bois et de bétail.
Commune située sur le versant ouest et sud de la montagne de Mont (464 mètres), qui a servi de point trigonométrique pour la carte de France. Cette montagne est riche en oxyde de manganèse, pyrites cuivreuses et de fer ; au hameau des Dorins, on trouve du cobalt arsénieux. Église romane moderne, châteaux du Bost, de Mont, vestiges d'un ancien aqueduc supposé romain, qui devait amener les eaux de la montagne de Mont à Bourbon-Lancy.
A Arfeuille existe un souterrain de la hauteur de 2 mètres sur 3 de largeur. Il traverse plusieurs champs et aboutissait dit-on à l'ancien château de Bourbon. Il y avait autrefois un apport célèbre par le nombre des pèlerins qui depuis, le 15 août jusqu'au 8 septembre, venaient en pèlerinage à la fontaine de Sainte Claire qui passait pour avoir la vertu de guérir les maux d'yeux.
Bost, ancien fief. La cure était à la collation de l'évêque d'Autun.
Perrigny-sur-Loire
407 habitants. Poste et gare de Gilly-sur-Loire, à 5 kilomètres, à 19 kilomètres de Bourbon et à 39 kilomètres de Charolles. Superficie : 1540 hectares, dont 905 en céréales et cultures, 20 en vignes, 200 en prairies et 424 en bois. Vins de durée. Bons vins blancs de Cortot et de Saint-Laurent, excellent vin rouge à Chamay. Commerce de bois, de céréales et de bétail. Une exploitation agricole envoie ses produits dans toutes les parties du monde. Mines de pyrites de fer, de kaolin, de spath fluor. Nombreuses châtaigneraies, châteaux de Charmay, première résidence de Mac-Mahon immigrant d'Écosse, de la Vallée. Église avec chœur datant de l'époque de Philippe le Bel.
L'église de Perrigny et celle de Saligny furent unies à Cluny par l'évêque Girard en 1260, à la prière de l'abbé de Saint Martin de Nevers, patron de ce bénéfice. Grand apport le jour de Saint-Roch.
Le prieuré d'Hauteville fut détruit pendant les guerres de religion, en 1567. Charmay, autrefois franc aleu noble, avait pour devise : « Je ne dépends que de Dieu et de mon épée. »
Ce village est très ancien ; il est désigné dans l'itinéraire d'Antonin sous le nom de Pocrinio. Une voie romaine le traversait.
Saint-Aubin-sur-Loire
602 habitants. Poste et gare de la localité, à 7 kilomètres de Bourbon-Lancy, à 49 de Charolles. Superficie 1089 hectares, dont 501 en céréales et cultures, 456 en prairies, 130 en bois, 2 en vignes. Village sur un coteau baigné par la Loire. On y a exploité des mines de fer. Autrefois, flottage de bois pour la marine et pour la construction à destination de Nantes et d'Orléans.
Remarquable château, bâti à la moderne en 1780 et situé en agréable position. Au pied des murs de l'ancien manoir passait une voie romaine qui du pont Bernachon tendait à Bourbon-Lancy.
La terre de Saint-Aubin était érigée en marquisat. Cette terre fut donnée à Antoine de Toulongeon, chambellan du duc de Bourgogne en 1429, rachetable au prix de 8.000 saluts d'or avec faculté de tenir siège de bailli fors foi et hommage.
Patron de la cure, le prieur de Saint Nazaire.
Lesme
244 habitants. Petite commune rattachée à la paroisse de Vitry. Poste et gare de Bourbon-Lancy, à 2 kilomètres, à 57 kilomètres de Charolles. Superficie : 530 hectares, dont 290 en prairie, 136 en céréales et cultures, 80 en jachères, 20 en bois et 4 en vignes. Vins ordinaires. Commerce de bétail.
Commune sur un plateau dominant la Loire, à proximité des départements de l'Allier et de la Nièvre. Territoire accidenté. Église du XI° siècle. La cure était à la collation de l'évêque.
Vitry-sur-Loire
972 habitants. Poste et gare de la localité, à 10 kilomètres de Bourbon-Lancy, 61 de Charolles. Superficie 2770 hectares, dont 1550 en céréales et cultures, 800 en prairies, 400 en bois, 20 en vignes. Vins de bon goût dont les meilleurs sont à l'Aubrelle et à la Picharne. Commerce de bétail et de céréales. Carrières de pierre de taille. Ce village est situé sur un coteau, à 2 kilomètres de la Loire qui le sépare du département de l'Allier. Territoire entrecoupé de coteaux. Ancienne église. Château de Fraize.
D'après Courtépée Vitry tirerait son nom de quelques verreries établies anciennement au pays ou de ce que la légion Victrix aurait tenu garnison en ce lieu. C'était la troisième baronnie de la Bourgogne possédée au XIII° siècle par les sires de Bourbon. En 1248, Jean de Bourbon-Lancy pressé d'argent l'engagea pour une somme de 120 livres parisis à Héloïse, dame de Luzy. En 1377 cette terre passa aux de La Trémouille, puis aux familles de Saulx Tavannes, de Grimaldi et Bruneau.
Fraize, Ambly, les Butard, Longvy, la Cure étaient des fiefs dépendant de cette baronnie. Le hameau Patin a vu naître Guy Patin, célèbre médecin de Paris. L'évêque d'Autun était collateur de la cure.
Cronat-sur-Loire
1623 habitants. Poste et gare de la localité, à 15 kilomètres de Bourbon-Lancy et à 66 kilomètres de Charolles. Superficie : 5994 hectares, dont 2935 en céréales et cultures, 2452 en prairies, 587 en bois et 20 en vignes. Vins de bonne couleur et de durée. Commerce de bétail et de céréales.
Village situé sur une côte qui domine la Loire, en face du département de l'Allier. Ancienne église de style ogival. Le patron de l'église était le chapitre de Saint Symphorien d'Autun. Cinq fiefs de cette paroisse relevaient de la baronnie de Vitry. Châteaux de Balore et de la Baulme.
Gilly-sur-Loire
Poste et gare de la localité, à 13 kilomètres de Bourbon-Lancy, à 43 kilomètres de Charolles. Superficie : 2263 hectares, dont 1170 en céréales et cultures, 526 en prairies, autant en bois et 41 en vignes. Bons vins surtout à la Brosse et à Aupont. Commerce de bétail, de bois, de céréales et de vins. Carrières de marbre et de pierre à chaux.
Pays coupé par une multitude de petites collines. Le village est agréablement situé sur un rocher, rive droite de la Loire. On voit sur la rive gauche du fleuve, au territoire de Diou, les restes d'un pont nommé Bernachon. On suppose qu'il a été construit par les Romains. Une voie romaine y aboutissait se dirigeant sur Bourbon.
Il existait un apport très fréquenté le jour de la fête de sainte Anne. Courtépée dit qu'il était établi depuis plus de ( ?) ans.
CHAUFFAILLES
Population 4.232 habitants, à 31 kilomètres de Charolles. Gare de la localité. 2.263 hectares, dont 1.288 en céréales et autres cultures, 605 en prairies, 352 en bois, 18 en vignes. Commerce de céréales, de bétail et de volaille, tous les vendredis et surtout les premiers jeudis de chaque mois. Nombreux métiers de soierie, occupant dans le bourg et les environs plus de 2.500 ouvriers ou ouvrières.
D'après la légende, le nom de Chauffailles dériverait du mot Chauffeur, par allusion à la condition des gens de la contrée qui, au moyen âge, se livraient à l'exploitation des nombreuses forêts couvrant le pays et d'où l'on tirait le charbon de bois remplaçant la houille.
Située dans la vallée du Botoret et dominée par les monts Chéri, Ternas et Chélu (663 mètres), la ville est dans un lieu fort pittoresque. Sur le mont Chéri se dresse un sanctuaire dédié au Sacré-Cœur, et sur la montagne de Ternas s'élève la chapelle de Notre-Dame de la Salette. A peu de distance, au nord de Chauffailles, se voit le viaduc de Mussy sur le chemin de fer de Lozanne à Paray. Cette œuvre d'art a des proportions gigantesques ; le viaduc mesure 562 mètres de long ; il a 18 arches de 25 mètres d'ouverture et sa hauteur est de 62 mètres. C'est une masse de plus de 75.000 mètres cubes de maçonnerie.
L'église, située au milieu de la ville, n'a aucun caractère architecturale. Elle est à trois nefs. A cette église est annexée une importante maîtrise pour former des élèves au sacerdoce.
La population de Chauffailles vit en partie du travail de la soie. L'introduction du tissage de la soie est due à l'initiative du curé Lambert. Les marchés et les foires de cette localité sont importants, surtout pour les bestiaux.
L'hôpital fondé presque au début du XIX° siècle est desservi par les sœurs du Saint Enfant Jésus, congrégation dont la maison-mère est à Chauffailles.
Avant la Révolution, le bourg de Chauffailles ne tirait son illustration que de la noble famille des d'Amanzé que nous trouvons en possession de cette seigneurie dès le XIV° siècle. Son château, pittoresquement situé entre le Botoret et des étangs qui lui servaient de défenses naturelles, avait été une maison forte dans le principe comme l'indiquent sa grosse tour ronde et ses épaisses murailles, mais il perdit cet aspect au XVIII° siècle.
Dès le XVI° siècle, ce bourg fut particulièrement fréquenté par les gens des régions voisines aux jours de ses foires. Les seigneurs d'Amanzé lui accordèrent plusieurs « beaux privilèges » qui favorisèrent beaucoup leur développement malgré la situation singulière du territoire de Chauffailles formé partie par le Beaujolais, partie par le Mâconnais, situation qui créait des conflits de juridiction et des difficultés administratives. L'ancienne et célèbre maison des d'Amanzé de Chauffailles se fondit, dans la seconde moitié du XVIII° siècle, dans celle de Saint-Georges qui possédait Saint André d'Apchon (Loire) et Vichy.
En 1774, M. le marquis de Saint-Georges était seigneur haut justicier de Chauffailles du chef de son épouse, de l'ancienne maison d'Amanzé.
La justice de Chauffailles s'exerçait à Belleroche pour la partie du territoire située en Beaujolais ; les officiers étaient ceux de cette justice.
Pendant la Révolution, le château fut mis à sac. Les de Saint Georges passèrent en Irlande et l'un d'eux combattit dans les rangs anglais contre le général Humbert, officier des armées de la République française.
La cure était à la nomination de l'abbé de Saint-Rigaud. Il n'est pas bien certain qu'il n'y ait pas eu dans des temps très reculés, à Chauffailles ou dans le voisinage immédiat, un petit moutier dépendant de l'abbaye de Saint Rigaud.
Dans la seconde moitié du XVIII° siècle, Chauffailles devint un des centres importants de la fabrication des toiles de coton d'abord, puis de chanvre et de coton. Cette fabrication devint suffisamment active pour qu'il fût nécessaire, vers 1760, de créer un bureau pour la marque des toiles avec un commis marqueur, tel qu'il en existait dans les villes voisines de Charlieu et de Thizy.
Au XVIII° siècle, trois chapelles existaient sur le territoire de Chauffailles : celle du château d'Amanzé, celle de Saint-Jean de l'Ordre de Malte, petite commanderie citée en 1341 et réunie à celle de Mâcon au XV° siècle, et, enfin, celle de l'ermitage de N. D. de Monchéry sur les murs de laquelle on lisait une inscription indiquant que ledit ermitage avait été bâti par Claude d'Amanzé, en 1628. Un titre des Archives départementales (1) porte que le seigneur de Chauffailles devait, en 1647, fournir à l'ermite de Monchéry, « dix mesures de froment, trente de seigle, une hotte de vin clairet pur et net, ung lard salé, deux pintes d'huyle de noix, deux livres de cire et la somme de 20 livres tournois ».
Il n'y avait à Chauffailles qu'un simple chapelain en 1270 (2). Plus tard, on lui adjoignit un vicaire payé par le châtelain à raison de 150 livres par an. En 1685, on y comptait 268 feux cotisables ; en 1790 la population était de 1.795 habitants et, en 1893, elle s'élevait au chiffre de 4.415.
(1) Série B 1126.
(2) Arch. dép. série H. 143.
Maires de Chauffailles depuis 1793
Le citoyen Martin, du 11 pluviôse, an III.
Vernay, en l'an IV.
Bellet.
Le citoyen Durix, du 17 floréal, an V.
Bellet, pour la deuxième fois, du 27 pluviôse, an V
Chavanis, du 17 pluviôse, an VI,
Vermorel du 10 nivôse, an VII.
Devaux, du 20 vendémiaire, an VIII.
Vincent Durex, du 24 brumaire, an IX.
Claude Guilloux, notaire, du 24 frimaire, an XI. C'est sous son administration que Chauffailles devint chef lieu de canton.
Pierre Marie Deville fut maire du 24 janvier 1822.
Isidore Gay, notaire, propriétaire du château de Chauffailles, maire, du 27 septembre 1825.
M. Chavanis, président de la commission municipale, du 30 novembre 1830.
Claude Troncy, maire, du 27 mai 1832.
Frédéric Ravier, maire, du 26 juin 1835.
Jean Germain, maire, du 26 août 1838.
Jean-Marie Alexandre Sandrier, maire, du 25 nov. 1845.
Jean-Louis Chamfray, maire, du ler janvier 1852.
Jean-Baptiste Marie-Isidore Gay, maire, du 12 février 1853.
Jean-Benoît Villars, maire, du 6 mai 1857.
Auguste Goyne, maire, du 12 octobre 1861 à septembre 1870. Né à Saint Germain-la-Montagne, le 13 octobre 1816, il mourut au château de Chauffailles le 2 juin 1882. Il fut conseiller général du canton de Chauffailles, délégué de Saône et Loire à la haute cour de justice qui jugea le prince Pierre Bonaparte à Blois, après l'assassinat de Victor Noir. M. Goyne laissa l'antique demeure des d'Amanzé à M. M. Dumoulin qui la possède encore (1904).
Hippolyte Achaintre, président de la commission municipale du 4 septembre 1870 au mois de décembre de la même année, où il fut nommé maire.
Auguste Goyne redevint maire en 1871 et démissionna en mars 1873.
Remy Guyot nommé en avril 1873, est resté maire jusqu'en mai 1892. Né à Écoches (Loire) en février 1835, fut chef de bataillon des mobilisés de Saône-et Loire en 1870, puis notaire à Chauffailles, maire et conseiller général en 1874, officier d'Académie en 1885 et chevalier de la Légion d'honneur en 1886.
Auguste Bonnin, maire, du 20 mai 1892 au 1er janvier 1895. Il démissionna et fut remplacé par M. Remy Guyot, le 14 janvier 1895.
Curés de Chauffailles
François Didier-Élisabeth Circaud, d'une famille de la Clayette et d'Oyé dont les armes étaient : d'argent à une bande d'azur, chargée de trois besants d'or, fut curé de Chauffailles de 1830 à 1834. Son frère était grand vicaire d'Autun sous Mgr de Vichy.
Jean Bajard, originaire de Suin, d'abord curé de Saint Racho, fut nommé à la cure de Chauffailles ; il démissionna en 1836 et fut nommé à Chassigny-sous Dun. Il mourut retiré à Briant en 1850.
Nicolas Lambert, ancien missionnaire, fut d'abord curé du Creusot qui n'avait que 2.000 âmes. Il accepta la cure de Chauffailles comme plus importante, le 7 août 1836. Il chercha à améliorer le sort de ses paroissiens. Pour cela, il amena quelques maisons de soierie de Lyon à créer des usines dans la localité. Il fonda l'école cléricale et bâtit l'église actuelle.
Antoine Thévenet, né à Varennes-sous-Dun. Après avoir professé au petit séminaire de Semur fut nommé curé de Montmelard et ensuite curé archiprêtre de Chauffailles le 11 avril 1875. Il était chanoine honoraire d'Autun ; son successeur est M. l'archiprêtre Denojean.
Anglure-sous-Dun
Population 488 habitants. Poste et gare de Chauffailles. 30 kilomètres de Charolles. Superficie 693 hectares dont 100 en céréales, 100 en prairies, 190 en bois, 3 en vignes. Commerce de céréales, de bétail. Tissage de la soie. Pays très accidenté ; Ruines de l'ancien château du marquis de Noblet d'Anglure. Commune créée en 1869.
Dès le commencement du XIII° siècle au moins, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem possédaient à Anglure (*), fief, terres et mouvances. L'exemption de certains droits féodaux dont ces religieux jouissaient amena, en 1266, un différend entre le seigneur de Châteauvilain et Luzy et Robert de Monterugoso, grand Prieur d'Auvergne.
Le nom de l'Hôpital resté à un hameau d'Anglure, précisément celui que possédaient les Hospitaliers, nous fournit un exemple d'un simple substantif devenu nom propre. La tradition populaire veut voir dans ces noms le souvenir d'anciens hôpitaux ou maladreries, alors que le plus souvent ils ne rappellent que de simples hôtelleries (hospitalis) où les pauvres et les voyageurs recevaient gratuitement une hospitalité passagère.
Ce fut du reste le but primitif de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem et la cause de leur nom.
En 1320, noble Étienne d'Anglure, écuyer, rendit foi et hommage devant André-François de Bosco, clerc-juré au bailliage de Mâcon, pour le tènement de la Tronchère, un autre en la paroisse de Dun, un troisième en celle de Varenne (arch. du château de la Bazolle).
Population 271 habitants. Poste et gare de la localité. 7 kilomètres de Chauffailles, 24 de Charolles. Voitures pour Chauffailles. Superficie 134 hectares dont 87 en prairies, 26 en bois, 19 en céréales et cultures, 2 en vignes. Tissage de la soie. Commerce de bétail. Serrurerie. Pays pittoresque et accidenté. Riches prairies. Ancienne enceinte fortifiée de Robert comte de Charollais. Église romane du XIIe siècle, monument historique. Château du Banchet, XVI° siècle.
Cette petite ville fit partie du Mâconnais et du Beaujolais. Les relations de ces deux provinces étaient très fréquentes car toute la partie nord du Beaujolais dépendait, au religieux, du Mâconnais.
Le cartulaire de Savigny nous apprend que le diocèse de Mâcon possédait dans l'archiprêtré de Beaujeu : Beaujeu, Saint-Léger, Aiguilly, Coutouvre, Chassigny-sous-Dun, Chandon, Saint Igny de Roches, Écoche, Fleury la Montagne, Jonzy, les Ardillats, Maizilly, Mars, Pouilly, Pradines, Varenne sous Dun, Saint Jean-la-Bussière, Saint Vincent de-Rhins, Arcinges, Cublize, Belleroche, Charlieu, la Chapelle-sous-Dun, Vernay, Montagny, Poule, Saint-Denis de Cabane, Saint Germain la Montagne, Saint Hilaire, Saint-Bonnet-de-Cray, Saint-Vincent-de-Boisset, Vougy, Châteauneuf, Lixy, Saint Maurice, Tancon, Azolette, Chauffailles, Ligny, Saint-Sernin, Boisset, Jarnosse, Villers, Saint Bonnet-de Troncy, Perreux. Saint-Victor, Chenelette, Saint-Laurent-en-Brionnais, Saint Jean du-Château de Beaujeu, St Didier. Grandris, Sevelinges. Marnand, Ranchal, Thizy, Saint-Nizier d'Azergues, Clavaisolles, Cours, Thel, Coublanc, Iguerande, Mailly, Régny (A. Bernard, cartulaire de Savigny).
Le diocèse d'Autun possédait en Mâconnais l'archiprêtre de Bois-Sainte-Marie dans lequel on voit figurer les paroisses d'Aigueperse, Saint-Igny-de-Vers, Propières, Monsols, Saint-Christophe et Saint-Mamert faisant partie maintenant du diocèse de Lyon (A. Bernard, Pouillé du diocèse de Mâcon).
L'archiprêtré de Beaujeu, dans le diocèse de Lyon, s'étendait sur Quincié, Villefranche, Vaux, Ouilly, Arnas, Dracé, Arbuissonas, Odenas, Blacé, Salles, Montmelas, Liergues, Marcy, Pouilly, Saint-Julien, Pomiers, Saint-Léger, Gleizé, Belleville, Cercié, Saint-Jean-d'Ardières (Cartulaire de Savigny).
Cette position du Beaujolais auquel appartint Châteauneuf pendant plusieurs siècles, cette situation dans trois diocèses : Lyon, Mâcon, Autun, n'a jamais pu être expliquée d'une manière satisfaisante, peut-être que cette division correspondait primitivement aux circonscriptions religieuses des VII° et VIII° siècles, qu'on a perdues depuis.
Châteauneuf fut aux premiers siècles de notre ère une forteresse redoutable. Châtellenie royale depuis le XIII° siècle jusqu'à la Révolution, il devient chef-lieu de canton jusqu'en 1803. A cette époque le chef-lieu fut transporté à Chauffailles. Gracieusement étagé au-dessous de deux terrasses qui portent l'église, le château et le vieux donjon, le village s'étend des deux côtés de la route départementale de Roanne à la Clayette et voit ses dernières maisons baignées par les eaux du Sornin.
Les deux monuments importants de Châteauneuf sont l'église et le château. Celui-ci date du XVI° siècle, rebâti par un de la Madeleine, marquis de Ragny.
Quant à la forteresse du Banchet dont on voit les ruines au sommet de la colline, elle était connue au X° siècle sous le nom de Castrum. Elle succéda à une citadelle plus ancienne établie par les Gallo-Romains. Ce poste important prit sous la domination franque ou burgonde le nom de Châteauneuf, indiquant ainsi qu'un nouveau castel remplaçait celui que les Gallo-Romains avaient bâti.
Le nouveau château du Banchet est une belle construction gothique appartenant à M. P. Gensoul, d'une honorable famille lyonnaise.
La châtellenie de Châteauneuf, placée sur les limites du Mâconnais, du coté du Beaujolais et du Forez, forma un territoire à part qui appartint tantôt au Mâconnais, tantôt au Beaujolais.
Au X° siècle, elle faisait partie de l'apanage des vicomtes de Mâcon ; au XI° elle est aux mains des sires de Beaujeu ; au XIII° elle appartient à la couronne de France, de qui elle passe aux ducs de Bourgogne pour revenir à la couronne à la mort de Charles le Téméraire.
En 1519, François Ier aliéna la châtellenie et le château du Banchet et ses dépendances à la famille de la Madeleine.
Tout à coté du château, et à l'ouest, s'élève l'église, monument historique des plus remarquables du Brionnais. Elle est bâtie sur un plan rectangulaire, elle se compose d'une nef étagée avec collatéraux, d'un transept sans saillie sur les bas cotés et de trois absides précédées d'une travée de choeur Le clocher est implanté sur le carré du transept. Violet-le Duc le cite comme un modèle original de clocher roman bourguignon. Le clocher central de Châteauneuf, bâti vers le milieu du XII° siècle, se compose d'un soubassement plein en moellons avec angles en pierres, posé suivant l'usage sur les quatre piliers de la croisée et les quatre arcs doubleaux d'un étage percé de quatre baies jumelles et d'une pyramide à base carrée, maçonnée en moellons, avec quatre lucarnes.
La façade et la porte latérale, dont le linteau porte la représentation des Apôtres, sont du XI° siècle ; l'église fut restaurée en 1463, probablement à la suite des guerres des maisons de Bourgogne et d'Orléans.
Cette église, sous le vocable de Saint Paul, est mentionnée dans une charte de Saint Vincent de Mâcon entre 1096 et 1124. Elle appartenait à la collégiale de Saint-Paul-de-Lyon dès le XII° siècle. Le chapitre de Saint Paul, outre la dîme de Châteauneuf, avait droit à celle de Tancon et à la collation des cures de Saint-Martin-de-Lixy et de Saint-Maurice ; il avait des revenus dans les paroisses de Changy, Chauffailles, Chassigny et Vareilles.
En 1642 le chapitre aliéna les rentes, dîmes et terres au seigneur d'Odour, ne se réservant que le droit à la collation des cures de ces paroisses dont il se départit encore par transaction du 8 avril 1645, en faveur de la famille de Damas, seigneur de Vertpré, héritière de dame Odour.
Le chapitre de Saint Paul avait possédé depuis un temps immémorial le droit de nomination aux cures de l'obéance de Châteauneuf. D'où lui venait ce droit ? Peut être d'une donation seigneuriale vers le XI° siècle, époque où bien des seigneurs s'étaient emparés de ces privilèges qui appartenaient de droit à l'Église ; ou par donation épiscopale, les évêques alors confiant volontiers ce droit aux abbayes, chapitres et collégiales, à condition de prendre la charge des ames du service paroissial.
Plus tard, cet état de choses se moditiant, les chapitres et les abbayes ne voulurent pas renoncer aux fruits et revenus attachés à ces cures. Pour garder ces bénéfices, ils trouvèrent un moyen qui, tout en leur enlevant le ministère pénible et laborieux du service religieux, leur laissait toucher les dîmes ou redevances attachées à chaque église. Ce fut de garder le droit de nomination à la cure, déléguant leurs pouvoirs à un prêtre choisi par eux qui prenait le titre de vicaire perpétuel ou chapelain ; ils se réservaient le titre de curé ou de major. Le véritable curé était donc le décimateur ; à lui incombait le soin d'entretenir l'église, d'y faire les réparations et de fournir la sacristie de linges et d'ornements.
Il devait également pourvoir aux honoraires du vicaire perpétuel et ce traitement, parfois insuffisant, était appelé la portion congrue.
Curés de Châteauneuf
Le plus anciennement connu est le curé Guillaume en 1280 bienfaiteur de l'église. Puis la liste subit une interruption ; il faut arriver à Turrin, de 1634 à 1663, pour renouer la suite des prêtres qui ont administré la paroisse de Châteauneuf.
Turrin, 1634-1663 ; Anthoine Janvier 1664 1669 ; Pierre Tinet 1670-1671 ; Aimé Jal, 6 février 1671 à 1674 ; François Décligny, 1675-1684 ; Jérôme de Pernes, du 12 novembre 1683 au 11 novembre 1692 ; François de la Ronzière de la Douze, 1693-1707 ; Laurent Chamoux, de 1707 à février 1710 ; Antoine Nompère de Champagny, de 1711 à 1734 ; Guillaume Gourdon, 1734 à 1750 ; Pierre Devaux, de 1750 à 1755 ; Sabatin, du 18 avril 1755 au 14 octobre 1763 ; Gabriel Bruel, de décembre 1763 au 27 octobre 1780 ; Antoine Ducray, 1780, prêta serment et fut jeté en prison en 1793 ; Cl.-Aug. Condemine, 1801 à 1819 ; Laurent Deruol, 1822-1827 ; Cucherat, 1827-1841 ; le curé Nevers fut remplacé par l'abbé Félix Guittet qui mourut en 1855 ; Claude Noirard, 16 septembre 1855 au 27 septembre 1889 ; M. J. L. Vachia, 1er décembre 1889-1894 ; Jacques François Lachaud, 1er juillet 1895 à ce jour.
La confrérie du Saint-Sacrement fut établie le 18 avril 1664.
L'hôpital fut fondé au XVII° siècle par dame Hippolyte de Gondy, dame de Châteauneuf, qui avait épousé Léonor de La Madeleine, marquis de Ragny, seigneur de Châteauneuf. Il fut supprimé par décret le 19 mai 1793 et remplacé par un bureau de bienfaisance.
Les Bleus ou les Blancs
C'est le nom qu'on donne à une secte religieuse dont les membres habitent la région des environs de Châteauneuf. Ils ne veulent avoir aucun rapport avec le clergé catholique qu'ils considèrent comme illégitime, ayant perdu toute juridiction requise à l'administration des sacrements. Ils refusent au pape le droit d'avoir fait le Concordat avec Bonaparte par lequel on changeait la délimitation des diocèses. On en détruisait plusieurs et on supprimait des fêtes chômées. Ils prétendent que l'Église de France est devenue hérétique par le Concordat.
Chaque famille de ces anticoncordataires possède une chapelle domestique qui n'est qu'une chambre de l'habitation où l'on se réunit le soir et chaque dimanche. On y prie avec piété, on y chante les offices selon le rite ancien et l'on y récite le chapelet. Ils ont probablement un chef parmi eux qui est revêtu d'une autorité semblable à celle de l'évêque ; on ne sait où il habite. Il les réunit à Sancenay, canton de Semur, à Romay près Paray, à Charlieu, à Dun, et parfois à Fourvières. Ils s'administrent le baptême ; pour les autres sacrements, ils attendent un temps meilleur ou l'occasion de trouver sur leur route un évêque ou un prêtre possédant une juridiction antérieure au Concordat.
Les anticoncordataires de Châteauneuf paraissent être un reste de la secte des jansénistes.
Les seigneurs de Châteauneuf
Parmi les anciennes familles féodales de cette partie du Mâconnais, il faut citer les Le Blanc, vicomtes de Mâcon, les de la Martorelle, les de Semur, les de Damas, les de la Madeleine, les de Chaugy, les de Marcilly, les de Villars, les de Châteauneuf, les de Perrière, les d'Amanzé, les du Moulin du Bost, etc.
Au dessus, étaient les puissants comtes de Chalon, de Mâcon, de Bourgogne, de Bourbon et les sires de Beaujeu.
Le Mâconnais appartenait en partie au comté de Mâcon tandis que son vicomte, espèce d'officier à son service, ne possédait que le bassin du Sornin.
Le premier connu des comtes de Mâcon fut Bernard Plante-Velue, officier de la cour des rois Louis III et Carloman. Son successeur fut Warin 1er, comte d'Auvergne, de Chalon, Mâcon et Autun. Sa fille Attolande se maria avec Albéric de Narbonne. Il laissa trois fils, l'aîné Léotad fut, comte de Mâcon et de Bourgogne en 936, son fils Léotad II lui succéda au comté de Mâcon.
Les Le Blanc, vicomtes de Mâcon, paraissent au IX° siècle. M. Cucherat les fait descendre de Froiland. seigneur de Semur, deuxième baron de Semur. Ce serait de cette vieille race que sortiraient les seigneurs de Châteauneuf : Walter, puis Hugues Le Blanc vers 984 ; Artaud Le Blanc, 990 ; Archimbaud 1er Le Blanc, 1035 ; Hugues II Le Blanc, 1060 à 1076 ; Artaud II Le Blanc, 1078 ; Archimbaud II, 1125 ; Artaud III, 1140 ; Etienne et Archimbaud III, 1180.
Ces Albi ou Le Blanc étaient alors fort puissants ; leurs principales forteresses étaient Dun, Châteauneuf et Charlieu.
Le premier dont les faits sont connus est Archimbaud Ier Le Blanc qui fit plusieurs dons à Cluny avant de partir pour la Terre Sainte en 1036. Il ajouta Ambierle et Néronde à son domaine avant de mourir, 1040.
Archimbaud Ier laissa deux fils : Hugues qui lui succéda et Artaud qui eut Néronde pour partage.
Hugues Le Blanc, qui, le premier porta ce surnom, eut deux fils : Artaud II Le Blanc qui lui succéda, et Archimbaud ou Amblard.
Dès lors, Archimbaud Le Blanc, seigneur d'Aigueperse, de Dun, de Châteauneuf et de Charlieu, devint homme lige des sires de Beaujeu et leur jura fidélité. L'acte fut signé à Propières (Louvet, Histoire manuscrite du Beaujolais).
Artaud II Le Blanc succéda à son père Hugues vers 1076, deux ans avant que le comte Guy de Mâcon se fut retiré dans I abbaye de Cluny avec 30 gentilshommes de ses vassaux, 1078. Artaud II laissa deux fils. Artaud III, l'aîné, épousa une fille du seigneur de Miribel qui lui apporta en dot le château de Roitier, près de Trévoux. Il fit d'importantes cessions à Guichard et à Humbert de Beaujeu en 1129 et 1139. Archimbaud III Le Blanc, second fils d'Artaud II, fut seigneur de Châteauneuf. Vers 1140, il fait vœu de partir en Terre Sainte. Il s'adresse au sire de Beaujeu pour avoir l'argent nécessaire et lui cède tout ce qu'il possédait en deçà de la Loire, au cas où il mourrait sans enfant légitime ; cet acte d'emprunt (près de 10.000 sous monnaie de Cluny) fut dressé en présence de Guichard de Beaujeu, Hugues de Marzé, Hugues de Vaux, Eudes de Marchampt, Humbert d'Andillé, Hugues de Vernay, Arnoul de Faugères. Archimbaud III ne mourut pas en Palestine. Le sire de Beaujeu en lui rendant une partie des terres engagées resta en possession de Châteauneuf, quoiqu'Archimbaud eût un fils nommé Étienne. En reconnaissance de son heureux voyage à Jérusalem, Archimbaud fonda l'hôpital d'Aigueperse en Beaujolais ; cet hôpital fut l'origine d'un bourg important et d'une collégiale fondée en 1288.
Ces départs pour la croisade favorisaient l'agrandissement des territoires des seigneurs moins zélés qui demeuraient en France. Ce fut une des causes de la prospérité de la maison de Beaujeu.
Le sire de Beaujeu qui, en 1140, dévenait seigneur de Châteauneuf, était Humbert III dit le Vieux. Il avait à peine vingt ans, aussi se livrait il à ses passions avec toute la fougue de sa jeunesse, ce qui faisait le désespoir de Pierre le Vénérable, son parent, qui l'aimait comme un père et qui demandait sans cesse au Ciel sa conversion. Elle eut lieu et Humbert partit pour la Terre Sainte et se fit Templier. Alors ses dangereux voisins, Guillaume IV, comte de Mâcon, et son vicomte Archimbaud Le Blanc, seigneur de Châteauneuf, se jetèrent sur les terres du sire de Beaujeu et la pauvre dame de Beaujeu ainsi que ses deux enfants implorèrent le secours d'Héraclius, archevêque de Lyon, et de Pierre le Vénérable, le saint abbé de Cluny ... « autrement sa maison, elle et ses deux enfants en bas âge, étaient menacés d'une grande ruine (Guil. Paradin, Histoire de Lyon p. 406) ».
Par les bons offices de ces deux prélats, les vœux d'Humbert furent levés et le preux chevalier reparaissait soudain plus impétueux et plus terrible que jamais ; il eut bientôt réduit à merci le comte et le vicomte félons « ces loups dévorants qui cherchaient nuit et jour à piller les terres de leurs voisins et des abbayes », comme l'écrivait Pierre le Vénérable au Grand Maître des Templiers (Lorain, Histoire de l'abbaye de Cluny p. 410-413).
Un traité de paix rétablit la tranquillité dans le pays. On vit même quelques années plus tard, 1156, le sire de Beaujeu faire alliance avec Gérard de Mâcon, fils et successeur de Guillaume IV, ainsi qu'avec son vicomte pour faire tous les trois une nouvelle guerre à l'Église et aux monastères.
L'anarchie la plus complète régnait parmi les grands vassaux dont rien n'égalait l'orgueil et la cupidité. L'Église était le seul défenseur des petits et des faibles, les protégeant de ses armes spirituelles et travaillant à ramener la concorde entre ces troublants chevaliers.
Cluny qui se voyait menacé en ses biens par ses terribles voisins chercha à s'attirer la protection du roi de France en lui permettant d'occuper par ses hommes d'armes toutes ses places fortes, à condition qu'il ne s'en dessaisirait en faveur d'aucun autre. Le roi accepta. En 1166, Cluny cédait à Louis VII la moitié de la seigneurie de Saint-Gengoux, à la charge de défendre les biens de l'abbaye dans cette région. Ce fut l'origine du bailliage de Saint Gengoux-le-Royal (F. Thiollier, l'art roman en Brionnais p. 18).
Dès que le roi se fut retiré, Humbert III et son fils Humbert IV, vers 1180, font de nouveau alliance avec les comte et vicomte de Mâcon et, de concert avec le comte de Chalon, pillent les biens d'églises et les monastères. Les plaintes arrivèrent aux oreilles de Philippe Auguste qui, disent les Grandes Chroniques de France « quant il sut cette chose, il fut emeu et entalente de la honte vengier. Il entre bientôt en leurs terres avec son armée, tout destruit, gasta et prist proies, si vertueusement les refraint et dompta qu'il les contraint à rendre aux églyses et prieurés tout quant qu'ils leur avaient tolu par force, et rendi la paix temporelle aux religieux ; à leurs oraisons se offri et recommanda, puis s'en reparti ».
Philippe Auguste poursuivit les seigneurs du Mâconnais et du Beaujolais jusqu'à Dun, où ils s'étaient réfugiés. La forteresse fut prise et ruinée. Le roi mit à la raison les grands feudataires révoltés et rétablit les droits de la couronne.
Artaud III Le Blanc, pour racheter ses nombreux méfaits, donne une partie de ses biens qui lui restaient à l'abbaye de la Bénisson-Dieu. Il meurt alors en laissant le reste de ses domaines à son fils Archimbaud qui meurt en 1220. Ce fut le dernier de sa race.
On croit que ce fut la famille des de Châteauneuf, vassale des sires de Beaujeu, qui succéda aux Le Blanc. Châteauneuf, devenu simple châtellenie, avait un capitaine-châtelain nommé par le sire de Beaujeu. Il eut à lutter en 1202 contre des bandes de malandrins qui, profitant de la guerre qu'eut à soutenir Philippe Auguste contre l'empereur Othon, désolèrent le Mâconnais.
Jean de Brennes, comte de Mâcon, vendit son comté en 1238 (De la Rochette, Histoire des évêques de Mâcon) au roi Louis IX au prix de 10.000 livres et une pension viagère de 2.000 livres. Mâcon devint le siège d'un bailliage dont relevèrent les seigneuries de Charlieu, Dun, Châteauneuf et Bois-Sainte-Marie.
Par suite d'une transaction passée entre Louis IX et le sire de Beaujeu, Châteauneuf devint châtellenie royale en 1247.
L'année suivante, Saint Louis visita Mâcon, Charlieu ; la tradition veut qu'il soit venu à Châteauneuf. Il aurait logé au château du Banchet et aurait harangué la foule d'une croisée de la salle de justice bâtie au chevet de l'église. Il aurait parlé au peuple et aux chevaliers du lieu pour les entraîner à la conquête du Saint Sépulcre. On conserve précieusement cette fenêtre à laquelle le saint roi aurait apparu ; elle sert actuellement, à éclairer la nouvelle sacristie.
En 1304, Philippe le Bel cède Châteauneuf au duc Amédée de Savoie en compensation du château de Montrevel qui avait été pris au duc (Ar. Côte d'Or).
En 1311, le roi en était redevenu le maître.
Le capitaine châtelain était à la nomination du roi. On croit qu'à cette époque c'était la famille même de Châteauneuf qui était titulaire de cette charge. En 1312, Girard de Châteauneuf fait hommage de fiefs pour les biens qu'il possède sur la châtellenie (Ar. Côte d'Or).
Au XIII° siècle apparaît, à Châteauneuf, une famille chevaleresque : les Villon, qui eurent des domaines à Châteauneuf, Chauffailles et Belmont. Le hameau et le moulin de Villon existent encore sur le Botoret, près de Chauffailles. Les de Villon disparaissent du pays au XVI° siècle.
Après avoir appartenu quelque temps à l'archevêque de Lyon, Châteauneuf revint en la possession du roi en 1348. L'année suivante, Philippe VI le céda à Édouard de Beaujeu en compensation de la ville de Miribel, en Bresse, que le Dauphin viennois céda au roi de France.
Charles V ayant érigé, en 1359, le comte de Mâcon en pairie pour son frère Jean, le comte de Poitiers, créa le bailliage de Saint-Gengoux pour défendre les droits de la couronne dans le Mâconnais, le Beaujolais et le Lyonnais. Après la malheureuse journée de Poitiers, les Anglais envahirent la France. Ils s'apprêtaient à dévaster la vallée du Sornin, après avoir pillé l'Auvergne et le Forez, lorsque le bailli de Saint-Gengoux convoqua tous les corps de troupe à Charlieu. Les Anglais portèrent ailleurs leurs efforts (Guigue, Tard-Venus).
Le malheureux traité de Brétigny, en amenant la paix entre la France et l'Angleterre, couvrit nos contrées de troupes armées licenciées par ce traité de paix. Ces bandes dévastatrices connues sous le nom de Routiers, Tard-Venus, etc., arrivèrent sur les bords de la Loire en 1362, investirent Charlieu et Châteauneuf mais ne purent s'emparer de ces forteresses. En 1363, d'autres bandes sous la conduite du prince de Galles, dit le Prince Noir, dévastent le Brionnais mais ne tentent rien contre Châteauneuf.
En 1362, le capitaine châtelain était messire Jean de Villon. Ce Jean de Villon ayant tué d'un coup d'épée Jean Perrier, bourgeois de Châteauneuf, la famille s'appuyant sur les droits et franchises dont jouissaient les bourgeois de Châteauneuf, fit appel à la justice du sire de Beaujeu. Jean de Villon effrayé des conséquences de son crime abandonna sa charge et s'enfuit. La terre des Villon passa aux mains de messire Hugues de Gletteins, bailli du Beaujolais.
En 1390, le capitaine châtelain est messire Amphion de Saint-An (Saint-Haon) avec « six vins livres de gaiges », il doit garder la forteresse de Vertprés dont il est sire.
A cette époque, le Charollais appartenait à la puissante famille des d'Armagnac. Cette province leur était venue par échange avec le comte de Chalon. Jean III d'Armagnac la vendit à Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, au prix de 60.000 francs d'or (Arch. Côte d'Or), en 1390.
Charles le Téméraire prit le titre de comte de Charollais et le transmit à sa fille Marie de Bourgogne qui le porta à la maison d'Autriche laquelle le garda jusqu'en 1684, époque où Louis XIV s'en empara ; les princes de Condé en furent les derniers comtes.
Vers 1400, la charge de capitaine-châtelain était occupée par la famille des Périère qui avait succédé aux de Châteauneuf comme seigneurs du Banchet.
L'assassinat du duc d'Orléans par Jean sans Peur, en 1407, fut l'origine d'une affreuse guerre en Bourgogne, en Charollais et en Mâconnais. Le jeune duc d'Orléans, trop jeune pour diriger la vengeance, donne à son parti un chef audacieux : le comte d'Armagnac, dont il avait épousé la fille. Les Armagnacs, soutenus par le roi de France, se répandirent dans le Charollais. Le duc de Bourgogne était allié des Anglais.
Or, le point important de la défense et du ralliement des troupes royales en ces pays était Charlieu dont les gens du duc s'étaient emparés au commencement de la guerre. La lutte entre les garnisons de Châteauneuf et de Charlieu était constante. Les Armagnacs arrêtés par le redoutable donjon de Châteauneuf résolurent de s'en emparer. Donc, en 1419 (1420 n. s.), sous les ordres du seigneur de La Fayette et au nom du roi Charles VII, les Armagnacs après avoir pris Bois Sainte Marie, la Bazolle et Marcigny, vinrent assiéger Châteauneuf qui, malgré sa vive défense, fut pris d'assaut, pillé et détruit ; le vieux château fort qui avait résisté à tant d'attaques fut ruiné de fond en comble (Arch. Mâcon, B B, 13). L'antique forteresse au sommet du Montet est restée à l'état de ruines où on la voit aujourd'hui.
Le traité d'Arras, 22 septembre 1435, amena la réconciliation du roi Charles VII et du duc de Bourgogne. Ce dernier agrandit considérablement ses domaines ; le comté de Mâcon et ses dépendances, excepté Charlieu, fut cédé à Philippe le Bon qui nomma Bertrand de la Bocquière capitaine châtelain de Châteauneuf.
En même temps, le Beaujolais et le Forez furent distraits du bailliage de Mâcon et placés dans celui du sénéchal de Lyon (3 janvier 1436) siégeant à Saint Just.
Après la querelle des Armagnacs et des Bourguignons, le Mâconnais fut ravagé par des milices indisciplinées connues sous le nom d'Écorcheurs ; à leur tête était le Bâtard de Bourbon dont la cruauté est légendaire. Le rançonnement était leur grande affaire et ils tuaient tous ceux qui ne pouvaient se racheter après leur avoir fait souffrir tout ce que la cruauté pouvait inventer de plus féroce. Quelques seigneurs se levèrent courageusement pour défendre leurs malheureux vassaux ; un surtout se distingua par son courage chevaleresque, c'est Guillaume de Damas, seigneur de Digoine.
Méprisant le danger, il parcourut avec ses hommes d'armes le pays dévasté aux alentours ; il allait secourant les misérables, défendant les opprimés et arrachant à la mort des malheureux dont il payait la rançon ou qu'il enlevait par force aux Écorcheurs. « Je voyais, dit-il, amener des malheureux tous liés à deux avec chenestes, autour desquels des ribeauds les tiraient et s'égoillaient l'ung de çà, l'autre de là et à la fin les pendaient s'ils ne se rançonnaient ; et par mon âme, come par pitié en ai rançonné pour la valeur de plus de cent écus ».
Les bandes des Écorcheurs, après avoir fait campagne en Champagne et en Flandre où elles furent battues en 1441. reparurent en juillet 1445 aux environs de Charlieu. Ce serait alors que Châteauneuf, pour la seconde fois, aurait été assiégé et saccagé par eux, comme nous le racontent les chroniques. Messire Bertrand de la Bocquière y commandait pour le duc de Bourgogne. Il resta en cette place jusqu'en l'année 1439 que messire Michel de Chaugy, chambellan et maître d'hôtel du duc de Bourgogne, vint le remplacer. Mais ses grandes occupations au service du duc l'obligèrent de commettre à sa place, comme capitaine-châtelain, Philippe de Molins, écuyer. Michel de Chaugy fut le donateur du célèbre triptyque d'Ambierle.
Pendant la guerre du Bien Public, l'armée du roi de France, cantonnée à Charlieu, s'empara de Châteauneuf en 1474. À la mort de Charles le Téméraire, Louis XI s'empressa de traiter avec la princesse Marie, seule héritière du duc de Bourgogne. Le Mâconnais revint à la couronne de France.
François ler engage la seigneurie du Banchet à messire Gérard ou Girard de la Madeleine (Arch. Côte d'Or, vol 1 B 986, n°91), d'une antique famille chevaleresque de l'Auxois.
La seigneurie de Bois-Sainte-Marie était engagée à Marc de Chantemerle, de la famille de Vougy.
Cette seigneurie passa plus tard des Chantemerle aux La Madeleine Lesdiguières, de là à la princesse d'Armagnac, puis au marquis de Drée jusqu'à la Révolution.
Le seigneur de Châteauneuf, Girard de la Madeleine, avait épousé Claudine de Damas, fille de Jeannin de Damas, seigneur de Montagu, et de Huguette de Ragny, fille et seule héritière de messire Claude seigneur de Ragny, chevalier. C'est ainsi que la terre de Ragny, érigée plus tard en marquisat, arrivera aux La Madeleine. Ce fut ce Girard de La Madeleine qui fit rebâtir, sur les assises de l'ancien château du Banchet, le bel édifice gothique que l'on admire aujourd'hui.
Ragny-en-Auxois était un fief important sur la paroisse de Savigny. Girard de la Madeleine laissa François de la Madeleine qui fut marquis de Ragny et Seigneur de Châteauneuf, et un autre fils nommé Jean-François qui se distingua par son zèle pour le parti royaliste au temps de la Ligue. C'est en récompense de ses services que Henri IV érigea la terre de Ragny en marquisat. Un des membres de cette famille, Jean IV de la Madeleine, fut abbé de Saint-Rigaud, prieur de Charlieu, et abbé de Cluny en 1518.
Les Huguenots, sous la conduite de l'amiral de Coligny puis du prince de Condé, ravagèrent le Mâconnais. Châteauneuf fut probablement épargné, car les Calvinistes avaient fait des prosélytes jusque dans la famille de La Madeleine. Anne de La Madeleine, dame de La Bazolle, fille de François de La Madeleine et de Catherine de Marcilly, avait embrassé la Réforme.
Au temps de la Ligue, les La Madeleine tenaient pour le roi. En 1601, les populations si éprouvées du Mâconnais reçoivent la visite de leur évêque, Gaspard Dinet. Ce digne prélat voulut visiter tout son diocèse à pied. Il donna toute sa vaisselle d'argent pour la faire convertir en vases sacrés.
Léonor ou Léonard succéda à son père François de La Madeleine, en 1626, et à sa tante Anne de La Madeleine comme Seigneur de La Bazolle. C'est à cette époque que les La Madeleine s'allièrent avec l'illustre maison des Damas, seigneur de Verpré et de Barnay. Cette famille qui se dit descendre des rois de Syrie possédait aussi le fief et château d'Odour, près le Bois-Sainte-Marie.
La branche des La Madeleine Châteauneuf s'éteignit en noble dame Anne de La Madeleine, épouse de messire François de Bonne de Créquy.
En 1667, le présidial de Mâcon eut à juger une affaire assez curieuse qui se passa alors à Châteauneuf et dont la procédure est conservée aux Archives de Saône-et-Loire.
Voici le fait : Antoine Décligny, avocat à Châteauneuf, fut accusé d'avoir assassiné le sieur Bonaventure Ducarre, notaire royal audit lieu. Pour se soustraire aux poursuites, il va se réfugier dans l'abbaye de Saint-Rigaud, auprès de son ami l'abbé Laurent de Gaspard. Celui ci arguant de son droit d'asile s'oppose à toute perquisition et fait mettre à la porte l'huissier et les deux sergents. Ils attendirent au lendemain pour faire de nouvelles démarches, elles furent inutiles. Après avoir formulé une assignation menaçante, ils prirent le chemin de Châteauneuf. La route suivait une jetée qui traversait l'étang de Saint-Rigaud. Elle se trouva barrée par des chars à bœufs. À l'abri de cette barricade, soixante à quatre-vingts hommes armés firent feu sur l'huissier et ses assesseurs, qui furent grièvement blessés, heureux encore d'avoir la vie sauve.
L'abbé Laurent de Gaspard du Sou, défendu par de puissants protecteurs, ne fut condamné qu'à une forte amende.
Cet Antoine Décligny, avocat, d'une des principales familles de Châteauneuf, en excellents rapports avec les nobles familles de la contrée, n'en était pas à son coup d'essai ; déjà, en 1657, il était gravement accusé d'avoir participé à l'assassinat de Vincent Chassignol, marchand de Châteauneuf.
En 1684, le 22 juin, les habitants de Châteauneuf et de Saint-Maurice adressent une requête au châtelain royal de Châteauneuf à l'effet d'obtenir justice contre le seigneur du Moulin du Bost qui veut les empêcher de prendre du bois dans la forêt d'Avaise sur Saint-Maurice selon les anciennes coutumes et privilèges, ainsi que de pêcher dans le Sornin et faire paître dans les prés dits Les Prairies, au bord du Sornin et sur Saint-Maurice.
A la réception de cette requête, l'huissier royal, Pierre Perroux résidant à Tancon, se transporte à cheval à Châteauneuf où, ayant rencontré le sieur Claude de la Coste, procureur dudit sieur Chervé, seigneur du Moulin du Bost, lui signifie la requête des habitants susnommés et assigne le seigneur de Chervé par devant le juge-châtelain dudit lieu, de ce jour en huit (Arch. Châteauneuf)
Ces droits furent reconnus justes par le capitaine-châtelain, juge en la châtellenie, messire Claude de la Ronzière, seigneur de la Douze et des Egrivay, près Charlieu.
Déjà, le 7 janvier 1679, la terre du seigneur du Moulin, pour la même cause, avait été saisie par le présidial de Mâcon jusqu'à ce que ledit seigneur ait reconnu les droits des susdits habitants. Mais celui-ci n'avait rien voulu céder, ce qui avait amené des mesures violentes causant morts d'hommes.
Cette fois, 1684, la requête eut son plein effet et les habitants continuèrent de jouir de ces droits de pêche, de pacage et de bois.
Revenons aux seigneurs de Châteauneuf. En 1647, haute et puissante dame Hippolyte de Gondy, dame et baronne du Banchet et de Châteauneuf, meurt. Ce fut son gendre, duc de Lesdiguière, héritier par sa femme Anne, qui lui succéda.
Le duc de Lesdiguière François Emmanuel de Bonne de Créquy eut deux fils : 1° François de Bonne, comte de Sault, duc de Lesdiguière, qui fut gouverneur du Dauphiné et épousa l'héritière de la maison de Retz ; 2° Charles Nicolas de Bonne de Créquy, marquis de Ragny, qui mourut en 1674.
François Emmanuel recueillit l'héritage de sa mère, la duchesse Anne, et devint en 1679 seigneur de Châteauneuf. Son fils Jean François Paul lui succéda, mais il mourut peu de temps après, en 1704, en instituant sa femme Marguerite de Gondy héritière universelle ; mais l'année suivante, par voie d'accommodement, elle cède la terre de Châteauneuf à la princesse d'Armagnac, Charlotte de Lorraine, héritière du duc de Lesdiguière.
A la mort de la duchesse de Lesdiguière, les scellés furent posés sur la chambre du trésor au château du Banchet. Les scellés furent levés quelque temps après et la princesse de Lorraine entra en possession des valeurs et des bijoux qu'on y trouva (Arch. Saône-et-Loire, B 2316 T 11).
Cette chambre du trésor est située dans la plus grosse tour du château ; ses murs, d'une grande épaisseur, renferment des cachettes que probablement on n'a pas encore toutes découvertes. L'une de ces cachettes fut mise à jour au XVIII° siècle ; le trésor mis à découvert passa en grande partie aux mains de l'État. La légende raconte qu'on y trouva même le squelette d'un chevalier renfermé dans cet étroit cachot et muré tout vivant soit par des ennemis, soit par des amis qui devaient venir le délivrer et qui ne l'ont pu, ayant succombé eux-mêmes à Châteauneuf (Arch. Côtes-d'Or, C 2132).
Messire Claude Peguin était capitaine-châtelain à l'arrivée du prince et de la princesse de Lorraine ; il habitait au Charne sur Saint-Maurice.
En 1729, le lieutenant du juge-châtelain à Châteauneuf est sieur Ponthus François Boyer. En 1743, le juge châtelain est le sieur Gabriel Ducarre. Le 4 novembre 1744, le Sornin emporta les deux arches du pont, côté de Saint-Maurice.
En 1748, la princesse d'Armagnac céda les châtellenies de Châteauneuf et Bois-Sainte-Marie à messire Étienne, comte de Drée, chevalier, seigneur de Verpré, Barnay, Moulin Le Bost, etc ... Le contrat d'engagiste pour les deux châtellenies de Bois-Sainte-Marie et Châteauneuf s'élève à la rente annuelle de 56 livres pour chacune, destinée au trésor royal.
Le comte Étienne de Drée eut un fils, Gilbert, qui obtint le titre de marquis vers 1756.
A cette époque, le procureur royal de la Châtellenie est messire J.-B. de Bansière.
Les Drée avaient leur caveau funéraire en l'église de Châteauneuf en haut de la nef, chapelle actuelle de saint Joseph.
Messire Étienne, comte de Drée, chevalier, seigneur de Drée, Curbigny, Saint-Laurent, Bostdemont, Verpré, Barnay, Le Bois-Sainte-Marie, Moulin-le-Bost et autres lieux, baron du Banchet-Châteauneuf et de la Farge, mourut le 30 novembre 1779. Son fils, le marquis Gilbert, lui succéda en ses biens et seigneurie.
Le marquis Gilbert eut une longue contestation avec messire Rolland de la Durie, en 1781, au sujet des droits d'usage, pâturage, pacage et autres dans les bois des Avaizes, dépendant de la châtellenie de Châteauneuf. On n'en connaît pas l'issue.
Messire Étienne, comte de Drée, capitaine au Régiment de Bourbon-Dragon, succéda au marquis, son père, dans la possession de Châteauneuf en 1788.
Il suit la même année les assises à Châteauneuf pour satisfaire aux réclamations qu'on lui adressait ; mais, là comme ailleurs, c'est en vain qu'on chercha à calmer les esprits, la France ressent les premières commotions de la Grande Révolution. Les États généraux furent convoqués en mai 1789.
Les délégués pour cette région sont :
1° Jacques-Anne-Joseph Le Prestre, comte de Vauban, qui se fait représenter par M. Antoine Philibert Chapuis ; 2° Étienne comte de Drée, du Banchet-Châteauneuf, etc. ; 3° Le seigneur de Chauffailles, absent ; 4° le seigneur du Palais, absent ; 5° le seigneur de Molan, absent ; 6° seigneur de la Tanière, absent ; 7° seigneur de Ragny, absent ; 8° seigneur de Barnay, absent ; 9° seigneur de Rose, absent ; 10° dame de Saint Christophe Marie Charbonnier de Granjac, représentée par messire Chesnard de Laye ; 11° seigneur de Faugère, absent ; 12° seigneur de la Guillermière, absent.
L'ouverture des États généraux eut lieu le lundi 4 mai 1789. Le costume de cérémonie des trois ordres était ainsi fixé :
Clergé. MM. les cardinaux, en chappe rouge ; MM. les archevêques et évêques, en rochet, camail. soutane violette et bonnet carré ; MM. les abbés, doyens, chanoines, curés et députés du second ordre du clergé, en soutane, manteau long et bonnet carré.
Noblesse. Ces MM. porteront l'habit à manteau d'étoffe noire de la saison, un parement d'étoffe d'or sur le manteau, culotte noire, bas blancs, cravate de dentelle, chapeau à plumes blanches retroussées à la Henri IV.
Tiers état. MM. porteront habit, veste et culotte de drap noir, bas noirs avec un manteau court de soie ou de voile tel que les personnes de robe en portent à la cour, cravate de mousseline, un chapeau retroussé de trois côtés, sans gants ni boutons, tel que les ecclésiastiques le portent quand ils sont en habit de cour (A. Labot. Convocation des États généraux, p. 165).
Châteauneuf fit partie du département de Saône-et-Loire lors de la création de ce département.
Au moment de la levée en masse de citoyens pour défendre la patrie, Châteauneuf envoya son contingent à l'année du Rhin.
M. le curé de Châteauneuf, Antoine Ducray, prête serment à la Constitution. A la nouvelle de l'attaque de Longwy par les Prussiens, les révolutionnaires pillent les châteaux. Celui de Châteauneuf n'eut pas beaucoup à souffrir, ses archives ayant été cachées en partie et les biens du marquis de Drée étant déjà sous le séquestre. Mais le château des de Gatelier, à Saint-Denis, fut dévasté.
Charlieu s'appela quelque temps Chalier, Châteauneuf, Pont-Sornin et Saint-Maurice, Sornin.
Les vases sacrés de l'église de Châteauneuf furent portés par le sieur Ant. Déal, commissaire du Gouvernement et faisant fonction de maire au district de Marcigny, le 29 germinal an II. Le curé A. Ducray est jeté en prison à Marcigny.
Le marquis de Drée, arrêté et conduit à Paris en messidor an II, eut ses biens confisqués. Grâce à l'influence d'un puissant ami, il fut mis en liberté et se retira à Belley. Il obtint main-levée du séquestre et sa radiation de la liste des émigrés, de même pour son épouse Charlotte de Clermont-Montoison, en 1796, et revint habiter Châteauneuf.
Ayant perdu sa femme en 1790, il se remaria avec Alexandrine-Louise Gratet de Dolomieu (Isère) (Arch. de Châteauneuf). Les nouveaux époux logèrent au château du Banchet et amenèrent avec eux Tancrède de Gratet de Dolomieu, membre de l'Institut et frère de la nouvelle marquise de Drée. Il mourut deux ans après et fut inhumé à Dolomieu quoiqu'il eût préparé son tombeau dans le parc du Banchet, lourd monolithe de porphyre au milieu de la forêt.
Le marquis Étienne de Drée eut deux fils, ce fut le second qui lui succéda comme seigneur de Châteauneuf ; le vicomte Gilbert, seigneur de Drée, s'installa au Banchet le 15 novembre 1820. De son mariage avec Cécile du Rozier de Magneux, il naquit deux filles. L'aînée mourut peu après sa naissance ; la seconde, Alexandrine-Louise-Léontine, se maria avec Henri-Charles, comte de Meffray de Sézargues, qui acheta le domaine du Banchet le 18 décembre 1848 (Arch. Châteauneuf).
Le comte de Meffray le revendit en 1855 à M. Victor Emmanuel d'Assier de Valenches. Le nouveau châtelain ne se plaisant guère dans les vieilles salles de ce château qui demandait de grandes réparations, le céda à M. Jeannez d'Ouche, banquier à Roanne.
M. Jeannez s'installa dans le vieux château féodal de la Madeleine. Cette demeure répondait à ses goûts artistiques et historiques. II améliora ce séjour du Banchet et répara la façade du château. En 1872, il revendit le Banchet à M. André-Paul Gensoul, ingénieur civil, qui le possède actuellement, 1904.
Maires de Châteauneuf
Sieur Antoine Déal, 1792, renommé le 15 germinal an III ; François Véraud, nommé le 2 prairial an VI; Antoine Déal, réélu le 13 vendémiaire an VII ; Benoit Alix, nommé le 28 fructidor an VIII ; Poyet, du 27 septembre 1815 au 16 janvier 1822 ; Claude-H. Alix, du 16 février 1822 au 1er janvier 1831 ; Benoît Renon, du 1er janvier au 31 janvier 1851 ; J.-M.-V. Rochon, notaire, de 1851 au 31 décembre 1858 ; Ducarre, du 31 décembre 1858 au 31 décembre 1860 ; Rochon, réélu maire du 1er janvier 1861 à janvier 1866 ; Fr. Déal, du 28 février 1866 au 4 septembre 1870 ; J.-M. Ducray est nommé président de la commission administrative le 1er octobre 1870 ; A.-M. Chassignol, maire du 1er mai 1870 au 20 septembre 1874 ; Fr.-Aug. Déal, installé maire par arrêté préfectoral du 20 septembre 1874 au 21 mars 1878 ; C.-M. Ducray, du 21 mai 1878 à janvier 1881 ; M. Gensoul, maire à ce jour.
Saint-Maurice-lès-Châteauneuf
1659 habitants. Poste de Châteauneuf. Gare de la localité, à 10 kilomètres de Chauffailles et à 29 kilomètres de Charolles. Voitures pour Chauffailles et pour Marcigny. Superficie 1.839 hectares, dont 930 en céréales, 812 en prairies, 54 en vignes et 13 en bois. Vins durs, les meilleurs sont récoltés aux Rechelles et à la Morelle. Commerce de bétail gras, de fourrages. Carrières de pierres de taille. Fours à chaux, tuileries, tissage de la soie. Sol accidenté, territoire dans la vallée du Sornin.
La chapelle de l'ancien cimetière de Saint-Maurice est très simple. Elle a conservé son clocher élancé recouvert de pierres. Elle date du XII° siècle.
Le château de Boyer qui était adossé au côté oriental de Saint-Maurice était autrefois le siège d'une Châtellenie qui appartint à l'illustre maréchal Vauban et qui fut, à une époque plus récente, un des apanages de la maison de Lupé. On prétend que les ruines qui occupent dans la vallée du Sornin, au sud de Saint-Maurice, une vaste étendue de terrain, sont les restes d'un ancien couvent qu'on désigne sous le nom d'abbaye des Charnes.
Benoît Ducarre, notaire royal en 1716 à Châteauneuf, obtient de l'évêque de Mâcon en 1720, l'approbation d'ériger une chapelle au côté nord de l'église de Saint-Maurice, dans laquelle serait réservé un caveau de sépulture pour lui et sa famille. Cette autorisation fut obtenue malgré l'opposition du sieur de Royers, seigneur de la Matrouille, arguant que cette faveur ne pouvait être accordée qu'à la famille seigneuriale.
Cette chapelle fut bénite le 16 avril 1725 par messire Jean Moulis, docteur en théologie, archiprêtre de Charlieu et curé de Fleury la Montagne en Mâconnais. Pierre de Royers, seigneur de la Matrouille, était probablement de la famille beaujolaise des Royas de Rongefer.
Antérieurement à 1830, MM. de Buyas et Gay creusèrent un puits de 70 mètres de profondeur à 400 mètres à l'ouest du Sornin, à l'ouest de la faille produite par le porphyre quartzifère. Ces recherches n'amenèrent qu'un peu de pyrite de fer. Dans cette localité on n'aperçoit aucun affleurement du terrain houiller entre le granit et le terrain secondaire.
Chassigny-sous-Dun
1.168 habitants. Poste de Chauffailles à 7 kilomètres. Gare de la localité, à 23 kilomètres de Charolles. Superficie 1328 hectares, dont 700 en céréales et cultures, 583 en prairies, 40 en bois, 5 en vignes. Vins agréables à boire. Commerce de céréales, de bétail. Tissage de la soie. Pays accidenté. Château du Bief. On voyait avant la Révolution un vieux château au bourg. L'église a été transportée au hameau du Villard comme étant plus central. Elle est en style ogival et d'après les plans de M. Berthier.
De 1830 à 1834, MM. de Buyas et Gay ont fait foncer les trois puits qui se trouvent au sud du village de Chassigny dont deux à l'ouest et un à l'est de la route de La Clayette à Chauffailles, vers l'extrémité du terrain houiller. L'un a une profondeur de 160 mètres, un autre de 93 mètres et le troisième a 20 mètres de profondeur. On n'a pas trouvé de houille.
Saint-Martin-de-Lixy
Poste et gare de Châteauneuf à 2 kilomètres, à 8 kilomètres de Chauffailles et à 31 kilomètres de Charolles. Superficie : 415 hectares, dont 250 en prairies, 83 en céréales et cultures, 60 en vignes, 20 en bois. Vins de durée. On cite le clos de Barnay et celui de Montagnet. Commerce de bétail, de vins. Village situé sur un coteau, pays montagneux. Château de Barnay.
Le petit village de Saint-Martin-de-Lixy, situé sur une éminence près des bords du Sornin, était autrefois du bailliage et du diocèse de Mâcon, de l'archiprêtré de Beaujeu et à la collation du Chapitre de Saint-Paul de Lyon (Pouillé du XVI° siècle publié par A. Bernard) mais l'église appartenait dans le principe au Chapitre de Saint-Vincent de Mâcon (Cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon).
Cette église orientée n'est pas antérieure à la première moitié du XII° siècle ; son plan, le plus simple de tous, ne présente qu'une nef immédiatement suivie de l'abside en hémicycle. La nef est plafonnée, les croisées du sud ont été refaites, celles du nord, véritables fentes tant elles sont étroites, sont restées intactes, les unes ont un mètre d'épaisseur. L'arcade qui fait communiquer le chœur et la nef est en plein cintre, ses sommiers reposent sur des tailloirs chanfreinés.
L'abside est voûtée en berceau et en cul de four plein cintre, ses ouvertures ont été remaniées.
Dans la partie droite du château s'ouvre au midi une arcade qui donne accès dans une chapelle construite au XV° siècle ; elle contient une piscine de la même époque. Dans le chœur, pierre tombale datée de 1485. Le sol de l'église est en pente vers la porte.
Au-dessus du mur qui sépare la nef du chœur se dresse un clocher arcade à deux baies en plein cintre, la retombée médiane des deux archivoltes repose sur un système de deux colonnettes dont la sculpture des chapiteaux parait remonter à la première moitié du XII° siècle (J. Virey, Étude des églises de l'ancien diocèse de Mâcon. Mém Soc Éd. t. XVII).
En 1236, Hugues de Talanceu vend au Chapitre de Saint Paul de Lyon le quart des dîmes de Saint-Martin-de-Lixy au prix de 20 sols forts, jurant sur le Saint-Évangile de respecter cette vente (juin 1236) (Polytique de Saint-Paul, appendice ch. XVI).
Le château de Barnay situé sur le revers méridional de la montagne de ce nom, était autrefois fortifié. Il est encore flanqué de tours percées de meurtrières. Ses portes en ogive et ses fenêtres à meneaux le font remonter à une époque reculée. On croit qu'il fut, vers l'an 1180, la propriété du célèbre hérétique Valdo, de Lyon, fondateur de la secte des Vaudois qui eut pour adeptes tous les pauvres du Dauphiné et du Midi où ils commirent des excès inouïs. Après avoir été en la possession des marquis de Drée et des comtes de Damas, il est aujourd'hui (1904) la propriété des Frères des Écoles Chrétiennes qui y récoltent un vin blanc renommé.
Coublanc
1846 habitants. Poste et gare de Chauffailles à 7 kilomètres, à 38 kilomètres de Charolles. Superficie : 875 hectares dont 544 en céréales et cultures, 231 en prairies, 74 en bois, 26 en vignes. Vins passables. Territoire accidenté. Commerce de céréales et de bétail. Tissage de la soie.
Le bois Gauthay (604 mètres) et le mont Bernier (527 mètres) ont servi de points trigonométriques pour la carte de France.
Belle église en style du XIII° siècle construite en 1852 par M. Berthier.
L'évêque de Mâcon nommait à la cure de Coublanc.
Le village était du bailliage et de l'élection de Mâcon.
La justice appartenait au XVIII° siècle à la princesse d'Armagnac.
Mussy-sous-Dun
772 habitants. Poste de Chauffailles à 4 kilomètres. Gare de la localité à 26 kilomètres de Charolles. Superficie 874 hectares dont 491 en céréales et cultures, 292 en prairies, 83 en bois, 8 en vignes. Vins légers. Commerce de blé, de bétail. Tissage de la soie. Village sur une colline au pied de la montagne de Dun (702 mètres). Superbe viaduc sur la ligne de Paray à Lozanne, longueur 562 mètres, hauteur 62 mètres, 18 arches de 25 mètres d'ouverture.
L'ancien château qui fut la résidence du marquis d'Anglure n'apparaît plus aujourd'hui sur le flanc du village de Mussy que sous l'aspect d'une simple habitation bourgeoise. Démoli en partie durant la Révolution, il est dépourvu de ses fortifications et de ses grandes tours qui le rendaient si pittoresque. On croit que c'est dans ce château que naquit le maréchal Devaux, seigneur de la Porte, à la sollicitation de qui Louis XIV accorda l'ouverture de la route qui met en communication la Loire et la Saône.
Mussy était jadis le siège d'une Préceptorerie dépendante de la langue d'Auvergne, ordre de Saint Jean-de Jérusalem. Il s'agit ici d'une école organisée par les Hospitaliers dans une de leurs terres. Ces religieux faisaient donc donner gratuitement l'instruction aux enfants de leurs serfs.
Pour subvenir aux besoins de l'école et du maître, ils avaient affecté à l'entretien de celui ci, une maison, jardin, et des terres qui formaient la Préceptorerie, c'est-à-dire des tinées à l'entretien du précepteur. Ces maîtres étaient-ils toujours à la hauteur de leurs fonctions ? Toujours est-il que plusieurs d'entre eux furent de piètres administrateurs et pas toujours intègres et délicats puisqu'en 1355 nous voyons Robert de Salheus, grand maître de la langue d'Auvergne, menacer de poursuites judiciaires les précepteurs de Mussy et de Mâcon coupables d'avoir accordé de leur propre autorité des cens et des rentes sur les terres cultes et incultes faisant partie des fonds affectés à leur préceptorerie.
L'église de Mussy-sous-Dun a été remaniée à une époque récente, seuls le chœur et le transept sont du XII° siècle. La nef principale communique avec la croisée par une grande arcade en cintre brisé, elle a à ses impostes une corniche dont le chanfrein est orné de deux rangs de perles plates. La croisée est voûtée d'arêtes ainsi que les croisillons. L'abside, en cul de four brisé, est éclairée par trois fenêtres plein cintre dont l'ouverture intérieure est encadrée dans un système de cinq arcatures en plein cintre retombant sur des pilastres sculptés ou des colonnettes. Au dessus règne une corniche ornée de deux rangs de perles plates sur son chanfrein (J. Virey, Les Architectures romanes dans l'ancien diocèse de Mâcon. Mém. Soc. Éd t. XVII p. 253).
Saint-Igny-de-Roche
979 habitants. Poste et gare de Chauffailles à 4 kilomètres. Voitures pour Charlieu. A 34 kilomètres de Charolles. Superficie : 793 hectares dont 497 en cultures et céréales, 197 en prairies, 87 en bois et 12 en vignes. Vins médiocres. Commerce de bétail gras, filatures de coton, tissage de la soie. Pays montagneux.
Saint Igny faisait partie du bailliage et du diocèse de Mâcon. Le clocher et partie de la paroisse étaient de la baronnie de Châteauneuf ; le reste dépendait de Verpré. Territoire ondulé dans la vallée du Botoret. Cette commune, désignée dans les anciennes chartes sous le nom de Sincinnacus et Sasiniacus, devrait porter le nom de Sainsigny ou Sinsigny.
Le reste de tour que l'on voit sur le bord de la route tendant de Charlieu à Chauffailles indique la position du château de Verpré ayant appartenu aux de Drée et aux Damas Verpré.
Tancon
Poste de Châteauneuf et gare de Saint-Maurice à 3 kilomètres, à 6 kilomètres de Chauffailles et à 31 kilomètres de Charolles. Superficie : 947 hectares dont 469 en céréales et cultures, 399 en prairies. 72 en vignes, 6 en bois. Vins ordinaires. Commerce de bétail, tissage de la soie. Village au sommet d'un coteau.
Ruines du château de Verpré. Sur le bord d'un ancien chemin qu'on suppose être une voie romaine, on a trouvé en minant un terrain, des vases contenant des monnaies anciennes et une douzaine de puits disposés sur une même ligne.
Tancon était du bailliage et de l'évêché de Mâcon. La justice relevait du château du Banchet et de celui de Verpré.