Notes éparses sur les commanderies de l'ordre de Malte de la vallée de la Loire,
par Francis Pérot
Source : La Revue du Bourbonnais-Brionnais, n°24, décembre 1914
Ces notes sont moins historiques qu'indicatives, elles ne sont que de petites contributions à l'historique de ce sujet.
BEUGNET (Beugnay)
Cette commanderie était bien la plus importante de celles de la vallée de la Loire, soit en Bourgogne, soit en Bourbonnais, et qui se trouvaient sous sa dépendance. Ce chef-lieu de la Commanderie de Malte, et de la custoderie de la langue d'Auvergne, était en la paroisse de Chassenard, sur la rive gauche de la Loire Sa grande importance commença à s'affaiblir depuis le XVII° siècle, la cause en était générale pour toutes les autres commanderies.
Le château, les bâtiments, la chapelle et les communs, occupaient une vaste surface de terrain. Le château était protégé par une palissade haute et serrée, avec un pont-levis s'ouvrant sur une double enceinte de fossés profonds, mais sans eau.
Le château, la commanderie y soutinrent un siège en 1378, par le duc de Bourbon, qui prétendait avoir des droits que le commandeur lui contestait. Ce fut Tachon de Glini, bailli du Bourbonnais, qui soutint les droits du duc de Bourbon (1).
La chapelle était placée sous les vocables de St-Jean-Baptiste et de St-Antoine. Elle mesurait neuf cannes sur quatre (2). Elle était réservée spécialement pour les besoins de la commanderie, desservie par les prêtres de la Motte-St-Jean ; il leur était alloué à chacun pour leur déplacement cinq sols et leur diner.
L'édifice était voûté, bien décoré et orné de statues et de tableaux, le clocher renfermait trois cloches qui étaient apparentes ; on y remarquait un christ en bronze émaillé.
Une grande partie des bâtiments de Beugnet et des commanderies placés sous sa dépendance, ainsi que leurs chapelles, avaient été relevés, restaurés par les soins de messire Antoine de Noblet de Chenelette, commandeur de Beugnet en 1746, qui était très fortuné (3).
Du château, de la chapelle et des autres bâtiments, il n'en reste pas pierre sur pierre, ni aucune trace, démolis en 1897, la place qu'ils occupaient est en culture.
Le domaine comprenait des terres, des vignes, des bois de haute futaie. La seule forêt de Beugnet comprenait trois cents bichetées.
Le commandeur percevait avec le curé de Chassenard, les deux tiers des dîmes de la paroisse, l'autre tiers appartenait au baron de Saligny.
(1) Aux Archives Nationales. Siège de la Commanderie de Beugnois. S 5257.
(2) La canne de Malte valait à peu près 2m 14.
(3) Son portrait est conservé dans la galerie du château de La Clayette.
Le commandeur levait cens et rentes sur les paroisses de Molinet, de Chassenard, de St-Léger-des-Bruyères, de St-Didier, du Pin, de Luneau, de Lurcy, de Neuilly, de Cée, de Digoin, lesquels s'élevaient à 50 livres, 80 boisseaux de seigle, 433 boisseaux d'avoine, 35 gélines, 83 corvées, plus les droits de basse, de moyenne, et de haute justice (1).
En 1740, la commanderie était affermée pour 5500 livres, avec la réserve du premier étage du château, et d'une écurie, en 1751 elle, valait 6000 livres, et 9000 en 1779, avec la réserve de deux membres de l'ordre, celui de Trevol et de Bardon, près Moulins (2).
Noms de plusieurs commandeurs de Beugnet : P. Connétable, 1331 - de Villard, 1410 - Mathieu d'Albon, 1421 - Sauvage Galloy, 1439 - Mareschal, 1456 - Ant. Coral, 1492 - Et. Renaud, 1500 - Emery Dumesnil de Maupas, 1529 - Le commandeur Ant. Delhomme est cité dans une transaction qu'il fit avec le prieuré de Marcigny - Louis de Feniers, 1533 - Herpin, 1557 - Puis les commandeurs de St-Geran, L. Symié - Cl. de Montmorillon, - P. Vigie - Léon de Dreuille - Cl. de Mérieux - de Charpy, -Camille de Digoine, chef d'escadre des armées du roi, 1711-1719. P. de la Faye de La Tour Maubeuge - Antoine de Noblet de Chenelette, 1746-1751 - Pie de Facion - de Ste Fay, de Savary, et autres.
Un manuscrit précieux est possédé par M. Bailly, maire de Céron, propriétaire actuel de la terre de Beugnet ; c'est un in-folio de 219 pages, ayant pour titre: « Projet d'ameilleurissement de la Commanderie de Beugnay ». (3)
(1) Archives du département du Rhône, commanderie de Beugnois.
(2) Archives du département de l'Allier, fonds Beugnet, non inventorié, série H.
(3) Publié par la Société d'Emulation de l'Allier, 1899. Tome VII. Nelle série.
M. Ed. Capelin, a eu la bonne inspiration de photographier le château et la chapelle de Beugnet avant leur destruction, ainsi que M. Sorrin de Bonne (1). Le château flanqué d'une tour ronde n'a qu'un étage, une aile en retour d'équerre le réunit à la chapelle de style roman. Le pignon est ajouré d'un quadrilobe, au sommet, le campanile est formé de deux arcatures cintrées, qui en supportent une autre et qui recelaient les trois cloches.
Et de tout cela il ne reste que deux images in-8°, qui en rappellent la structure.
(1) Le siège de Beugnet, Bull. Soc. Em. Allier, 1900, tome VIII p. 21.
COULANGES (Allier)
Paroisse sur la rive gauche de la Loire. En 1311, le membre très restreint de Coulanges était connu à cette date par un contrat d'échange consenti entre Odon de Montagu, grand prieur d'Auvergne, et Etienne Laveyre.
Les bâtiments étaient édifiés sur une éminence au pied de laquelle coule la Lodde, il n'y avait pas de chapelle, en outre du domaine qui comprenait quinze pièces de terre il y avait le bois des Forges, des Mousseaux et du Chauffage, dans lesquels les habitants de Coulanges avaient des droits moyennant corvées et redevances.
La dîme de ces immeubles appartenait de droit à l'Abbesse de Marcigny, au sieur de Foudras. La justice appartenait au Roi.
SAINT-YAN
En face de Chassenard, sur la rive gauche de la Loire, est le village de Saint-Yan, avec sa vieille église romane séparée du bourg. Saint-Yan possédait une commanderie dépendante de celle de Beugnet, mais qui n'en possédait plus que le droit de patronage au XVI° siècle. Pierre Germain, curé du lieu et Henri de la Forge, son vicaire, reconnurent que la cure relevait de Beugnet en 1543. Mais les Visiteurs de la Commanderie, faisant acte d'autorité assignèrent au chapitre général de l'ordre André Bourgeois, curé de Saint-Yan, pour venir s'expliquer sur ses prétentions, et aussi, au dire de ses paroissiens « exposer sa vie de débauche ».
L'église de l'ordre mesurait 11 cannes sur 3, le chœur était seul voûté. Les dimes se partageaient entre l'Abbé de Cluny, le sieur de Corcelles et le curé, il lui était dû en outre, d'après un traité daté de 1528, par toute femme habitant Saint-Yan, une fusée de laine annuellement. (Ragut, Top. du dép. de S.-&-L. tome II, p. 353.)
BOULAY
Ce membre de la Commanderie de Beugnet appartenait à la paroisse de Saint-Aignan-sur-Loire et très près de la lisière du bois de la Motte.
Les archives du Rhône possèdent plusieurs chartes du XIII° siècle se rapportant à la commanderie de Boulay et dont plusieurs commandeurs sont connus : Guy de la Noix, 1292 - Guillaume de Givrosel, 1301 - Guillaume de Goaus, 1302 - Simon Laberot, 1313-1327 - Aimé de Marc, 1332 - Barbe de Marsigny, 1338 - Hugues de Chantemerle, 1361-1388 - Robert de Chateauneuf, 1389 - Louis Davenières, 1414-1429 - Pierre de Montjournal, (Bourbonnais) 1437-1440 - Guyenet de Bienavant, 1456 - Aymar Dupuy, grand prieur d'Auvergne, 1458 - Geoffroy Mareschal, 1482 - Michel Dogy, 1499-1506 - Lancelot de Quincieux, 1511-1515 - Pierre de Roche, 1521 - Guillaume de Lafont, 1521-1524 - Humbert, de Morinez, 1543-1544.
Il y avait une chapelle de 45 pieds sur 25, on y disait la messe les mercredis et samedis.
LE BOUCHET
Annexe du Boulay, de la dépendance de Beugnet, sur la paroisse de Chalmoux. Le domaine comprenait 300 bichetées de terre, avec les bois de Bost et de Teyssonnière.
Le prieur Montmorillon aliéna « au hasard » la métairie de Jolivet en la paroisse de Gueugnon et sans aucun profit pour l'Ordre.
La reconnaissance des dimes fut faite en 1302 par Guillaume de La Motte-Saint-Jean, l'abbé de Cluny percevait également une dîme qui lui était spécialement attribuée.
En 1435, Jehan et René de L'Espinasse rendirent foi et hommage, pour leurs dîmes de Champabeau et de la Varenne, appartenant au Bouchet.
Les hommes du Bouchet, en 1379, étaient redevables de trois corvées annuelles envers le seigneur de Bourbon-Lancy, mais, il fut déclaré mal fondé en ses prétentions d'exiger que les taillables et mainmortables du Bouchet fassent le guet en son château de Bourbon.
A Fly, dans la même paroisse, était une dépendance de cette commanderie, de minime importance.
ANGLURE
Anglure, sur la rive droite de la Loire fait partie de la commune de l'Hôpital-le-Mercier, et dépendait de la commanderie de Beugnet. En 1651, on y voyait la chapelle sous le vocable de St-Jean-Baptiste, elle contenait une « croix des temps des Templiers rompue » Sous le dallage étaient des caveaux et des cachettes où les habitants se retiraient dans les temps de guerre.
Dans un terrier de cette commanderie daté de 1278 on lit : « Au baron de Semur compète la garde de l'Hôpital de Murcy. » C'est au hameau des Bordes près de là, que le marquis de Saint-Georges fut assassiné en 1593, pendant la Ligue.
En 1266, Anglure fut attribué aux Hospitaliers d'après un accord établi entre le sieur de Chateauvilain et de Luzy, et Robert de Monterugoso.
Les terres étaient de 50 bichets et 4 paires de bœufs, et comprenaient un bois, les étangs du Vernet et de Boisseron.
Le grand décimateur était le commandeur de Beugnet, il prèlevait aussi à Vindecy, à l'Hôpital-le-Mercier (Murciaco), Varennes, Reuillon, St-Germain-de-Vitry et Paray-le-Monial.
En 1453, le commandeur d'Anglure était en instance avec les habitants de St-Yan pour faire cesser un ancien droit de patronage dans les forêts de Recye et de la Forge.
Le membre d'Anglure était grevé depuis un temps immémorial au profit de la baronnie de Semur-en-Brionnais d'une redevance annuelle de onze bichets de seigle à la mesure de Semur qui est de douze livres.
AVRILLY (Allier)
La commanderie d'Avrilly sous la dépendance de Beugnet, était établie au lieu dit de La Haye ou l'Haye, petit hameau sur la rive gauche de la Loire en face de Marcigny.
Les Hospitaliers de l'Haye avaient succédé aux Templiers, mais cette maison tomba avant la chute des autres, car, déjà au XVII° siècle il ne restait plus rien des bâtiments, mais seulement des terres et quelques rentes, deux bois, celui du Bois et celui de la Garenne de l'Haye, deux étangs, le tout affermé 90 livres.
Madame de Saint-Gerand y percevait la dime.
Le commandeur de Beugnait jouissait autrefois de droits considérables sur Avrilly. En 1424, le commandeur d'Albon, vendit des prés en 1488, le commandeur Anthoine Coral abergea pour 20 sols de cens portables à la Haye, un vernot près de l'étang de Laye. En 1502, d'autres ventes furent faites suivant les titres de l'Inventaire du fond du grand prieur d'Auvergne, rédigé par Battenay.
REFFY
Ce membre dépendant de Beugnet est établi sur la paroisse de Baugy, rive droite de la Loire à 3 kilomètres de Marcigny. Ce n'était qu'un simple domaine de 300 bichetées de terre que les commandeurs donnaient à cultiver à la troisième gerbe et sur lequel ils percevaient la dîme, leur profit était d'environ soixante bichetées de froment.