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Histoire du Brionnais

Description historique et topographique du duché de Bourgogne par Claude Courtépée

Source : "Description historique et topographique du duché de Bourgogne",
par l'abbé Claude Courtépée et Edmé Béguillet en 7 volumes, Tome IV (1779) Charolais, Brionnais.

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COUP D'ŒIL SUR LE BAILLIAGE DE SEMUR EN BRIONNAIS (1)

(1) On sait que plusieurs Géographes disent Briennois. Mais pour le distinguer du Briennois dont Brienne est le chef-lieu en Champagne, selon son origine des Brannovii, j'ai suivi l'usage & la prononciation du pays.

Ce Bailliage qui occupe l'extrémité méridionale du Duché de Bourgogne, s'étend le long de la Loire : ce fleuve en partage inégalement du sud au nord la longueur qui n'a guère plus de six lieues à présent sur quatre de largeur. Il a le Mâconnais à l'est, le Lyonnais au sud, une partie du Forez & du Bourbonnais à l'ouest, & le Charolais au nord.

Il comprend quatre Châtellenies, la Ville de Semur, le tiers du Bourg de Digoin avec l'Église, vingt-neuf Paroisses, neuf Villages ou Hameaux détachés, le Prieuré & Baronnie d'Anzi, la Commanderie de Beugnai du grand Prieuré d'Auvergne avec ses Membres, l'Hôpital de Chenai & l'Hôpital le Mercier.

Ce Bailliage a d'étendue en toises quarrées de 36 pieds de superficie, 109,200,000 en arpens de cent perches (la perche de 18 pieds) 121,333 3/9, en lieues quarrées, 18 552/576.

Ce canton, autrefois occupé par les Brannovii, cliens des Éduens, dont Brian & Briennon paraissent avoir conservé le nom, était bien plus étendu qu'il ne l'est aujourd'hui. Dans le moyen âge la Ville de Charlieu en faisait partie, selon Papyre Masson & les titres du Prieuré. On voit des reprises de fief faites au Baron de Semur, soit par les Seigneurs du Mont, Paroisse Saint Nizier-sous-Charlieu, soit par d'autres Vassaux dans le voisinage. Le Prieur de Charlieu comme Prieur de St. Bonnet-de-Cray, doit encore à la Baronnie de Semur une maille d'or fixée à 20 s. 10 d. pour la franchise du péage & des hommes justiciables du Prieur dans cette Paroisse, & le Commandeur de Beugnai à cause du Fief d'Anglure, 11 bichets de seigle & 12 tournois pour la même chose. On dit encore Saint-Laurent en Brionnais, qui sans doute en était autrefois, quoiqu'aujourd'hui du Bailliage de Mâcon.

Ainsi l'on peut assurer que le Brionnais s'étendait jadis sur les deux rives de la Loire jusqu'à celles de l'Arroux, de l'Arconce, de la Semence en remontant au dessus du Sornin, qui descend de Châteauneuf à Charlieu, & va se jeter dans la Loire proche Briennon.

En formant la Généralité de Semur, on laissa dans sa recette une partie des Paroisses mâconnaises, qui ont toujours ressorti au Parlement de Paris ; elles sont au nombre de 25, compris la Ville de Marcigni, le Bourg du Bois-Sainte-Marie, & 15 Hameaux détachés des Paroisses voisines. Celles-ci, appellées mâconnaises ne sont point soumises à la Coutume du Duché, & sont régies par le Droit Écrit sous le Bailliage de Mâcon, qui a des usages locaux, non communs à ses voisins, le Lyonnais, le Forez & le Beaujolais, quoiqu'ils soient de même en Pays de Droit Écrit.

La partie mâconnaise du Brionnais n'est point assujettie au droit d'aides qui a lieu dans toute l'Élection de Mâcon. La taille ne s'y impose point sur les fruits ; elle est personnelle comme en Bourgogne. Les gabelles y souffrent quelque différence. On y paie pour 415 l. d'aides, sous le nom de fouage ; ce qui est contre les privilèges de la Province. Quoique le sel de Bretagne soit le sel commun du Brionnais, il y a plusieurs Paroisses, ainsi que les mâconnaises, en possession d'user de celui de Pecais, qu'elles lèvent aux Greniers de Charlieu : elles ont été maintenues dans cet usage par Arrêt de la Cour. Les mâconnaises sont actuellement en procès sur ce sujet avec les États du Mâconnais.

Ce qu'il y a de singulier, c'est que dans le Brionnais proprement dit, la plupart des Paroisses sont de deux ressorts différens, ou pour un tiers, ou pour la moitié : ce qui combat l'opinion de ceux qui ont quelqu'intérêt à dire que la Coutume de Bourgogne doit régir tous ces lieux sans aucune différence ; & leur prouve au contraire que le Droit Romain a été, de temps immémorial, le droit commun dans cette partie du Brionnais.

Pour ne pas confondre les usages, les lieux, leur ressort ni leur situation, il convient de diviser le Brionnais en trois parties, qu'on peut appeller le haut, le moyen & le bas Brionnais.

La partie supérieure est la plus orientale, entrecoupée de colines & de bois ; c'est la plus riche en bestiaux, à cause de son terroir excellent en pâturage. Oyé & S. Christophe sont dans le centre : la Baronnie de Semur, l'Abbaye de St. Rigaud & toutes les Paroisses détachées du Bailliage de Mâcon, occupent le reste.

Le moyen Brionnais est au dessous, & s'étend sur la rive droite de la Loire, depuis l'embouchure du Sornin jusqu'à Digoin. Là sont situés Marcigni, Anzi-le-Duc, Arci, Vindecy, Lhopital, le Pont-à-Mailli, le Bourg de Digoin & plusieurs autres Seigneuries. Cette seconde partie n'était presque au Xe. sièc. qu'une vaste forêt : celle de la Cray de Putières, le Bois-Dieu, la Brosse de St. Yan, en sont de bons restes.

Le bas Brionnais est de l'autre côté de la Loire, en tirant du sud au nord, depuis la Baronnie de l'Épinasse jusqu'au dessous du péage. Cette troisième partie est peut-être la moindre en comparaison des deux autres plus fécondes en grains, vins & bestiaux : elle ne laisse pas d'avoir ses avantages dans une assez grande étendue de bois de haute futaie & de taillis où il se trouve des pâturages, dans un bon nombre d'étangs, & dans le commerce des Charpentiers en bateaux, qui travaillent sur ce rivage depuis le port de Bouétasson en la Paroisse de Briennon, jusqu'à Givardon qui est dans celle de Cée.

La Loire dans cette étendue de son cours reçoit le Sornin, la Tessone près Briennon, la Rivoliere au bas d'Yguerande, le ruisseau de Rhodon & l'Arsel au dessous de l'ancien port des Brenons, l'Arson en la Paroisse d'Artaix, le Besson entre Yguerande & S. Martin-du-Lac, le Merdasson aux prairies de Marcigni, Merdin & Cachera en la Paroisse de Baugy, la rivière de Bourg-le-Comte au dessus d'Avrilli, l'Arconce au bas du Pont-à-Mailli, l'Arroux entre Digoin & la Motte-Saint-Jean.

Si le voisinage de la Loire est favorable au commerce des bois, des vins, des grains & du poisson qu'on fait descendre dans le Berry, le Nivernais, l'Orléanais, à Paris même, elle fait acheter bien cher cet avantage aux Riverains, par les fréquentes inondations dont elle couvre leurs terres. Elle se précipite des Cevenes & des montagnes du Forez avec une extrême rapidité, & roule ses eaux avec tant d'inconstance, qu'elle se creuse un lit aujourd'hui à la distance d'un demi-quart de lieue du canal où elle coulait hier. Par-tout elle laisse un gravier stérile ou de profondes ravines qui se remplissent d'eau à la fonte des neiges, ou au temps des grandes pluies. Des champs ainsi ruinés ne se cultivent plus ; ou s'ils se rétablissent un peu, lorsque la rivière se retire, ce n'est qu'après avoir rendu inutiles ces campagnes pendant plusieurs années, & avoir détruit les bornes anciennes des Justices & des dîmeries, source féconde de procès pour les Seigneurs & les Décimateurs.

La plaine des deux côtés du grand chemin de Marcigni à Parai ne s'ensemence que de seigle qui vient très-beau, lorsque les engrais peuvent suffire à cette campagne immense. Ce qui se cultive autour des habitations se met en chanvre ou en légumes. Les ...

(Pages 170 et 171 manquantes)

...cuivreuse. On y découvre aussi des glossopètres, des nautiles, oursins, bivalves & des vis. Sur la riche gauche de la Loire, entre Avrilli & Lurcy, beaucoup des mêmes pétrifications, & surtout du bois pétrifié.

À Brian, du granit décomposé, du grès en masse, semblable à celui de Fontainebleau, & des terres alumineuses, indices de mines de charbon. Le Curé de Sarri a de ce fossile, dont l'intérieur est garni de pyrites : il en a envoyé différens morceaux à M. Tranchand, Naturaliste & Professeur à Beaujeu, (1) où je les ai vus en 1777. À Varennes, carrière de grès ; à Oyé, pierres meulieres quarzteuses qu'on n'emploie pas : à Gibles, du talc sur la superficie de la terre & en la creusant : près d'Anzi, bancs de 2 pieds d'épaisseur, d'un grès blanc, très fin, propre à aiguiser.

(1) Celui-ci vient de découvrir entre Châteauneuf & Dun-le-Roi, une mine de charbon de terre, qu'on se propose d'exploiter.

Mais l'objet qui frappe le plus l'œil du Naturaliste, est au territoire de Tours, même Paroisse. Dans un espace de terrein de plusieurs arpens, on rencontre, en enlevant une couche de terre végétale, rousse, forte, à 2 pieds d'épaisseur, des cailloux arrondis ou oblongs, mais lisses, de 10 pouces de diamètre, entassés les uns sur les autres, sans presque aucun mélange de terre & à une profondeur considérable. Le terrein plat n'a sur sa surface, ni fontaine, ni torrent, & n'est environné que de pierres calcaires. J'ai remarqué la même chose à Alleriot près de Chalon.

Il y a dans le Brionnais beaucoup de marnes crétacées, dont on ne fait aucun usage. Plusieurs tuileries à Chenou, à Jonzye, à St. Julien de Cray, à la Tour de Villeret, &c. On vient d'en élever une fort belle à Pont-à-Mailli, où la terre est de bonne qualité. Je ne connais dans ces cantons qu'une seule papeterie à Saint-Léger-sous-Bussière.

Le Brionnais est dans une heureuse situation presque à tous égards. L'air y est assez sain, si on en excepte les bords de la Loire dont la situation basse & marécageuse donne un teint livide aux Paysans, & les rend fiévreux. L'Habitant y fait son commerce tranquillement, sans être inquiété du Soldat, ou par l'avidité des Commis, comme ses voisins en pays d'Aides, de Traites-Foraines & d'Étapes. « Il ne manque à son bonheur, dit M. Dupuy en ses Mém. mss., qu'un peu plus d'émulation pour le travail. L'oisiveté est un des fléaux du Pays. » Ainsi parlait ce bon Magistrat, il y a près de 100 ans. Mais depuis 1770 il y a plus d'activité & de culture, & ce Pays est plus découvert que le Charolais.

Quelques routes ouvertes par la Province y facilitent le commerce ; telles que celles de Semur à Marcigni, à Charolles ; une autre tracée de Marcigni à St. Germain-de-l'Épinasse, pour joindre par Maulevrier la grand route de Lyon à Paris. Un chemin de Marcigny à Mâcon par Semur, serait bien utile pour ranimer le commerce des grains & des vins. Celui de Semur à Charolles est partout dégradé, & les chemins sinéraux sont détestables, ainsi que dans le charolais. Malheur au voyageur qui veut y passer pendant l'hiver !

Je ne trouve aucune trace de voie Romaine qu'à Avrilli, marquée dans la Table de Peutinger depuis Rodunna, Rouane, à Ariolica. Cette voie suivait le cours de la Loire, puisque près de Digoin on reconnoît un lieu nommé Étrée, Via Strata ; de là à Stillia, Sigi vers Moulins. La Table marque 22 l. gauloises entre Ariolia & Aquis Catidis, les bains de Vichi. J'ai vu entre Dio & St. Symphorien, les restes d'une anc. chaussée : on y a découvert une colonne ornée de sculpture, & des médailles du haut Empire.

On parlera à l'article de Semur, qui va suivre, des anciens Seigneurs du Brionnais ; remarquons seulement ici que longtemps avant sa réunion à la Couronne, il n'appartenait plus tout entier au Baron de Semur. Avant de passer à la Maison du Château-Vilain au XIIIe. siècle, il en avait été détaché des démembrements considérables, soit dans la fondation du Prieuré de Marcigni, qui emporta la Châtellenie de cette Ville, celle de Chambilly, & les Prévôtés dépendantes ; soit aussi dans les bienfaits accordés à l'Abbaye de Saint Rigaud, à celle de la Bénissons-Dieu, & à d'autres Églises ; soit enfin par un grand nombre de partages faits dans chaque branche, qui en ont épuisé le tronc, comme celles d'Arci, d'Oyé, de Sanceney, de l'Estang, de Tremont, dont les noms ne subsistent plus ; parce qu'avant leur réunion, les Seigneuries, qui composaient ces apanages, avaient déjà passé en des mains étrangères. On verra de même, à l'article de Semur, les différens ravages, que le Brionnais a essuyé durant les guerres civiles.

Sous Louis XII, les Officiers du Domaine de Bourbonnais, se prévalant du crédit de leur Prince, le Duc Jean, Comte d'Auvergne, firent plusieurs entreprises pour dépouiller le Brionnais de tout ce qu'il avait possédé, depuis un temps immémorial, au delà de la Loire, qui devait, selon eux, être la borne de son étendue & celle du charolais. Ces prétentions sans fondement furent portées au Conseil du Roi, & réglées par des Commissaires en Octobre 1503, sur un ancien traité fait entre les Ducs de Bourgogne & de Bourbon, au sujet des Paroisses au delà de la Loire.

Leur procès-verbal, daté de Bourbon Lancy, fait pleine foi que de tout temps le Brionnais s'étendait sur le rivage gauche du fleuve, au dessus du Château de Briennon, en tirant aux fossés de Vince en la Paroisse de Noailli, de là jusqu'à l'Épinasse dans celles de Saint-Germain, de Saint-Forgeux, de Vivant en partie, de Melay, Chenai, Artaix, Chambilly, Avrilli, Chassenard, jusqu'au péage qui est vis-à-vis de Digoin.

Cette pièce importante est à la Chambre des Comptes de Dijon, signée par Jean Saulnier, Abbé de Cervon, Guy de Salins, Seigneur de la Nocle, Nic. Bouesseau, Conseiller au Parlement, Commissaires en cette partie, par Guillaume Gondard Procureur du Roi en la Chambre des Comptes, un Notaire & un Sergent.

Les plus beaux Châteaux, tant anciens qu'à la moderne, sont Amanzé, la Bazole ou Drée, Monceau, Saint-Martin de la Vallée, Chizeul, Arci commencé sur les plans de M. Verniquet, & resté imparfait, Saint Christophe, Selorre, &c.

VILLAGES, CHÂTEAUX, PRIEURÉS DÉTRUITS

Scellé, de la Paroisse de Semur, était autrefois considérable, & avait une Chapelle de Ste. Catherine ; il n'y a plus que deux Domaines ; on y trouve de tous côtés des ruines de maisons, de fours ; les Mouillieres, de la Paroisse de S. Forgeux, où il ne reste plus que deux maisons. Conde sur l'Arconce, Village & Obédience, dépendant de la Bénissons-Dieu, a éprouvé le même sort : il n'y reste qu'un moulin.

Dun-le-Roi, le Bois Sainte-Marie, Semur même, ainsi qu'Anzi-le-Duc, portent les tristes marques de la faux destrutive du temps, & des effets malheureux de nos guerres civiles : ils ne sont pas la moitié de ce qu'ils étaient autrefois ; Dun-le-Roi même n'a plus qu'une Chapelle sans maison. On ne peut découvrir l'emplacement des Brannovii, anciens Habitans du Pays, à peine voit-on les ruines de l'Estang, Château fort, à une branche de la Maison de Semur, & qui fait partie du Comté de Champrond, aux anciens Seigneurs de Vichi, ainsi que celles du Verdet dans la Paroisse de Versaugues, de Villeret, Paroisse de S. Julien de Crai, de Fougeres, à un puîné de la Maison de Semur, & depuis à des Seigneurs de ce nom, qui ont donné plusieurs Comtes de Lyon, de Bornat, de Chassagne, de Sancenier, de Saint-Fortuné, d'Essertines, de la Vallée, de la Barge, de Châteauvert en la Paroisse de Baugy ; les Châteaux de Dyo, de la Guiche, de la Motte-Camp ou d'Arcanon, de Mont-Formier, de la Forest, d'Yguerande, du Tronchi, de la Garde, de Glaine, du Maupas, n'offrent plus que des ruines, & quelques-uns plus de vestiges. Celui de Champseaux, pris & réparé pendant la Ligue, fut repris & détruit par deux pièces d'artillerie, le 3 Novembre 1594. Le Maréchal de Toulongeon rasa celui de la Bussiere ; celui de Corday, Terre principale de la Baronnie de Pont-à-Mailly, a disparu. On trouve encore de foibles vestiges de Lerre & de la Barre, deux Châteaux dans la Paroisse de l'Hôpital-le-Mercier. On a déterré sous les décombres du dernier, en 1772, 25 pièces d'or dont la légende portait, Karolus Francorum Rex.

Plusieurs anciens Prieurés ont disparu depuis la Ligue ; entr'autres, celui du Bois de Sainte-Marie, celui de Varennes en Brionnais, de la Barberandiere entre Ozole & Colombier, de Saint-Germain-du-Bois, d'un autre en la Paroisse d'Yguerande, dépendant de Saint-Rigaud ; celui de la Magdeleine de Semur, la Celle de Conde en la Paroisse de Lhopital ; une autre à Vivant : l'hermitage du Bois-Dieu, Paroisse de Colombier, est ruiné. Les Méparts de Vindecy, de Brian, d'Oyé, de Saint Christophe, sont éteints, ainsi que la Léproserie d'Amanzé.

SEMUR, Ville

Senemurium, Semmurum, Samurense Castrum, ancienne Ville qui paroît avoir pris la place du chef-lieu des Brannovii de César, & qui subsistait sous un autre nom. Elle fut détruite par les Barbares au IV ou Ve. siècle. Comme ses fortifications étaient ruinées, on l'appella Senemurium, vieilles murailles ou murus, à cause de la roche sur laquelle le Château était situé. Murus dans quelques Auteurs signifie un lieu fortifié.

Quoi qu'il en soit, Semur au IXe. siècle était une Châtellenie qui relevait des Comtes de Chalon ; mais bientôt il eut ses propres Seigneurs ou Barons distingués dans notre Histoire. Ils étaient si illustres, que Robert I, Duc de Bourgogne, épousa Helie ou Alix, fille de Dalmace de Semur & de Aremburge de Vergy, en 1402 : elle était sœur de S. Hugues, Abbé de Cluni. M. Dupuy, Curé de Perreux, conserve un ancien sceau trouvé au Château de Semur, où est empreinte la figure d'une femme avec cette inscription en lettres gothiques, sigillum uxoris Roberti, qui semble indiquer Helie épouse du Duc Robert.

Dalmace est qualifié par l'Historien de Cluni, Prince illustre & Seigneur Consulaire, c'est-à-dire, extrait de race de Comte. Les uns croient qu'il descendait des anciens Rois de Bourgogne ; d'autres de Guillaume, Duc d'Aquitaine, Fondateur de l'Abbaye de Cluni en 909, & qui possédait plusieurs Châteaux en Bourgogne. Le cartulaire de cette Abbaye fait mention de Rodolphe, d'Herlembaud & de Girard de Semur au nombre de ses bienfaiteurs. M. Chazot dans ses Généalogies, hist. tom. IV, a publié celle des Seigneurs de Semur, depuis Herlembaud seulement, parce qu'il n'a connu ni Froiland, ni Joceran, que le cartulaire de Marcigni donne pour aïeux à Dalmace père de Saint Hugues.

Geoffroy de Semur, son fils aîné, soutint l'éclat de la Maison, & mérita le nom de grand : des chartes même le qualifient de Prince. Il fonda le riche Prieuré de Marcigni, où finit ses jours Adelais de Nevers sa femme, après la retraite de son mari à Cluni où il mourut saintement.

Rainal de Semur, d'abord Moine à Cluni, ensuite Abbé de Vezelai, mourut Archevêque de Lyon en 1129, & fut inhumé à Cluni. Pierre le Vénérable fit son épitaphe en 12 vers latins.

Simon de Semur, premier Baron de Luzi, épousa Marie de Bourgogne, fille du Duc Eudes IV en 1196, & fit du bien à Septfonts.

Guy reprit de fief du Duc Robert II l'Étang de Semur, & tout ce qu'il tenait auparavant en franc-aleu au même territoire, en 1277.

Pierre, Chanoine d'Autun, fut Chancelier de Bourgogne en 1315. Guy, Doyen de cette Cathédrale, exerça la même Charge en 1333 ; il donna la châsse de cuivre doré & argenté, où l'on mit, dit D. Plancher, tom. 2, pag. 402, le corps prétendu de Saint Lazare : elle ne renfermôit que le chef du St. Guichard de Semur, Seigneur de Sancenai, alias Sancenier ou Seinceney, Doyen de Chalon, mort en 1386, après avoir fondé son anniversaire pour 10 liv. de rente.

Pierre, Chevalier, Chambellan du Duc, était Seigneur d'Arci & de Saint-Christophe en 1387. Le Laboureur, dans ses Masures de l'Isle-Barbe, remarque que les Seigneurs de l'Étang, Oyé, Laubespin, Trêmont & Sancenier, qui ont toujours pris le nom & les armes de Semur (d'argent à trois bandes de gueules) portaient leur écu couvert d'une couronne a hauts fleurons, comme nos Ducs & Pairs la portent aujourd'hui.

Claude eut de Jeanne de Vernay, Dame de Trêmont, Jacques, Chantre de l'Église de Lyon, & Jean qui épousa en 1475 Marie de Villers-la-Faye, fille d'Antoine : on voit leurs armes en la Chapelle de l'ancien Château de Sancenai. Antoine leur petit-fils, Chevalier de l'Ordre, Gouverneur de Mâcon, fut plusieurs fois Élu de la Noblesse du Mâconnais au XVIe. siècle. Il eut de Jacqueline de Sercy, Claude de Semur, aussi Chevalier de l'Ordre, Capitaine des Gardes du Duc de Guise, tué d'un coup de mousquet devant St. Denis en 1592. Il laissa de Claudine Damas de Marcilli, Léonard, Capitaine de 50 hommes d'armes, Gouverneur de Mâcon en 1605, mort en Piémont au siège de Quiers en 1625, étant le dernier mâle de la Maison de Semur.

Jeanne, sa sœur & son héritière, épousa en 1604 Girard Jaquot, Seigneur d'Esbarres, qui se distingua avec son fils de Trêmont au siège de Saint-Jean-de-Lône : (V. Esbarres, tom. 3, pag. 348). Le dernier de la branche de Semur-Trêmont, nommé Henri, fut tué sur la brêche, au siège de Dunkerque, en 1659.

Longtemps auparavant la branche aînée était éteinte & fondue avec la Baronnie de Semur, & tous ses autres biens dans la Maison de Broyes-Chateauvilain, par le mariage de Jeanne fille unique de Simon de Semur, Baron de Luzi, avec Jean de Chateauvilain, qui établit le Chapitre de Saint Hilaire en 1274. Cette Maison fondit à son tour dans celle des Comtes de Beaujeu, par l'alliance de Jeanne héritière de Semur, en 1320. Un descendant d'Édouard de Beaujeu remit cette riche succession aux Sires de Bourbon, pour s'en procurer du secours dans un temps d'adversité ; d'où elle passa aux la Tremouille. Louis de la Tremouille l'échangea en 1382 pour la Terre de Grignon, avec le Duc Philippe le Hardi, dont les descendans la possédèrent jusqu'en 1477, qu'elle fut enfin réunie à la Couronne sous Louis XI.

Dans la suite la Baronnie de Semur, avec quelques autres Domaines du Roi, furent détachés à titre d'engagement, moyennant finance & à la charge de retour perpétuel. Le Maréchal de la Palice, Jacques de Chabanes, en reçut de François Ier l'usufruit en 1515. Elle fut engagée pour la première fois à Palamade Gonthier, Greffier en Chef du Parlement de Dijon, en 1557 ; depuis aux Laubespin de Sainte-Colombe, aux Coligni, aux Savari de Brêves, à Simon de Francheschy, Seigneur de Villeret en 1645, à J. de Vigot en 1652. Jean Dupuy, Écuyer, Seigneur de Saint-Martin, acquit en 1693 l'engagement de la Baronnie de Semur, qui n'est plus qu'une ombre de ce qu'elle était autrefois, dont jouit son fils Jacques Dupuy de Saint-Martin. Le terrier fut renouvellé en 1483 sous la direction de Georges Damas, Capitaine-Châtelain de Semur, Seignr de la Vallée & de la Bazole.

Château

Le Château digne des Seigneurs, étant aux confins de la Province, fut fortifié contre les incursions des Ducs du Bourbonnais, des Comtes de Forez & des Sires de Beaujeu. La grosse tour subsiste en partie avec deux moindres qui servent de prisons. Cette forteresse comprenait toute la haute Ville. Elle existait encore en 1418, puisque Robert de Digoine y fut nommé Châtelain pour le Duc Jean : Thevenin Solormai l'était en 1396, & Girard de Bourbon en 1404 ; Durand de Mazile en 1412 ; Claude Thevenot de Saint-Planey en 1434 ; Antoine Petit, 1535.

Église, Chapitre

L'Église, vaste, très élevée, d'une belle structure avec des ornemens antiques, & une sonnerie distinguée, paroît être du XIIe. s. On croit par tradition qu'elle fut bâtie par le Duc Robert en expiation de l'assassinat de son beau-père Dalmace ; mais je pense qu'on a confondu Semur en Brionnais avec Semur en Auxois, où le Duc fonda le Prieuré de N. Dame, & construisit la belle Église qu'on voit encore, où il choisit sa sépulture.

Jean de Chateauvilain Baron de Semur & Girard Évêque d'Autun, y fondèrent en 1274 la Collégiale de S. Hilaire pour treize Chanoines à 20 l. de rente, y compris le Doyen-Curé, le Chantre & le Sacristain. Le Baron de Semur leur accorde le droit de pêche dans ses eaux à la Loire, à la réserve du saulmon. Les titres ayant été brûlés, Charles VIII permit d'en faire la recherche. La Terre des Chavanes, Hameau de la Paroisse de St.-Julien-de-Cray, qui va être vendue, celles de Sernier, de Mussy, de Treslu, furent données au Chapitre.

Charles, dans ses Lettres d'amortissement pour la Terre de Chavannes, en 1470, dit qu'il a reçu favorablement la supplication de nos fils aînés, les Doyen & Chanoines de Semur ; qu'il l'amortit pour être participant à leurs prières & à la contemplation du Duc son cousin. Cette Terre tenue en franc-aleu au Bailliage de Mâcon, valant alors 40 liv. de rente, avait été donnée en 1408 par J. Bossard de Marcigni, à condition d'avoir sa sépulture en la Chapelle de la Vierge à Semur.

Les Chanoines n'ayant alors pour tout revenu que huit vingt livres tournois, le Duc Jean leur accorda de pouvoir acquérir en sa Châtellenie de Semur jusqu'à 300 l. de rente ; il est dit dans ses Lettres, « qu'ils sont appauvris par le fait des guerres, mortalités, pestilence & les grandes gelées où il est cheut une grande partie de l'Église où il foulait avoir grand apport & oblation le jour de St. Hilaire ; qu'on y a dérobé calices, joyaux, livres, &c. »

Les rentes & les fondations du Chapitre furent amorties par Guy Moreaud, Docteur en Droit, Seigneur de Souhey, Commissaire député par le Roi en 1515. Tous ses revenus en 1575 montaient à 550 livres, non compris les dîmes. Il aliéna Saint-Sernin à François de la Magdelaine de Ragni pour 1000 liv. en 1577. Une grêle affreuse le 4 Juin 1664 cassa toutes les tuiles & les vitres : la dîme de vin ne fut estimée que 45 f. Cette Collégiale a eu des Doyens des premières Maisons de Bourgogne, comme des Damas, des Digoine, Bissy, de Salins de la Nocle en 1441, Guichard du Vergier en 1457. On conserve dans les archives une lettre du Duc Charles de 1473, en faveur de Jean Rolin son Conseiller, Prieur de S. Marcel-lès-Chalon, pour être élu Doyen : Étienne de Charmes est le 20e. & le dernier ; car cette Collégiale a été supprimée en 1776, & les biens unis à la Cure, qui doit avoir deux Vicaires. Le Doyen nommait jadis aux Cures de Lenax en Bourbonnais, de Charas en Nivernais, maintenant à la collat. de l'Évêque.

Celle de Saint-Martin-la-Vallée fut supprimée par l'Évêque Girard, & réduite à la qualité de Chapelle succursale où l'on pouvait baptiser & enterrer.

Nulle inscription en cette Église, si ce n'est celle d'une fondation faite par Robert de Vichy, Sire de Champrond & de Busseul en 1441 : le titre de fondation l'attribue à Carados de Vichy. Deux Chapelles rurales, L'Hôpital, ancienne Léproserie, était situé en la basse Ville, où est aujourd'hui le cimetière de St. Jean, avec Chapelle construite & fondée par J. Merle, Chanoine, qui est inhumé au lieu, dit-il dans l'acte de fondation, appellé de tout temps l'Hotel-Dieu, & le cimetière des pauvres qui fut brûlé & pillé par les Reîtres. Cette Chapelle doit être réédifiée : celle de N. Dame est fort propre.

Ravages, sièges, ligue

Semur a essuyé bien des révolutions. Les Normands, les Hongrois qui ravagèrent la Bourgogne, portèrent la désolation jusques aux rives de la Loire, & saccagerent cette Ville. Geoffroi de Semur vit en 1150 sa patrie en proie aux malheurs de la guerre civile. Guillaume, Comte de Chalon, ennemi des Moines & du Clergé dont il enviait les richesses, aidé des Brabansons, fit une violente irruption dans le Mâconnais, saccagea le pays, détruisit en partie Mâcon, Cluni & son territoire. Le Brionnais, trop voisin, éprouva les terribles effets de cet incendie, & Marcigni, ainsi que Semur, s'en ressentirent long-temps : il ne fut arrêté que par l'excommunication lancée sur ce Comte par les Évêques d'Autun, de Chalon, de Clermont, sur l'ordre du Pape Innocent II ; encore recommença-t-il ses vexations quelques années après, & força le Roi Louis VII à le réduire par la prise de Chalon & du Mont-Saint-Vincent, en 1156.

Les Anglois commandés par le Prince de Galles, qui passa la Loire à Marcigni en 1364, prirent & pillèrent le Château de Semur & celui d'Anzi. Pendant les querelles meurtrières des Maisons d'Orléans & de Bourgogne, sous Charles VI, les Ducs de Bourbon & les Comtes de Beaujeu pillèrent Semur, & traitèrent le Brionnais comme pays ennemi. La Ville fut brûlée par l'armée du Roi en 1467, comme il parait par des Lettres Royaux de 1483, données au Chapitre en conséquence des pertes qu'il avait faites dans cet incendie.

Durant nos malheureuses guerres de Religion, qu'on ne rappelle toujours qu'avec douleur, cette place fut pillée & réduite en cendres le 10 Février 1576, par les Reîtres du Prince Casimir, & n'a jamais pu se relever entièrement de ses ruines. L'Église fut fort endommagée ; ses ornemens & titres furent brûlés, la verrerie rompue, les images brisées ; les Habitans déguisés se sauvèrent dans les bois. Tous ces faits sont tirés du procès-verbal dressé par J. Raquin, Lieutenant au Bailliage, signé par P. Guignier Châtelain, J. Guilleminot Capitaine de Marcigni, P. Rosselin Bourgeois de Parai, & Denis Guynet. Les guerres de la Ligue comblèrent ses malheurs. Elle fut assiégée trois fois en 1590, 1591 & 1593, par des partis ennemis, qui furieux d'avoir échoué devant une bicoque, pillèrent & ruinèrent les fauxbourgs & les environs. Au 3e. siège, Guillaume de Massenay, Seigneur du Lac, fut tué, & un Chanoine blessé, en défendant la patrie.

Plusieurs Châteaux furent détruits en ces temps déplorables ; tels que ceux de Dondain, Arci, Digoin, Anzi, Briennon, Noyers près St. Christophe, Champseaux, Selore, l'Estang, &c.

L'Église d'Avrilli, changée en forteresse par le Capitaine Mont, fut brûlée par Després, Commandant d'Arci. Les places fortifiée n'étaient point un lieu de sûreté pour les Seigneurs. Philippe Damas de Brèves, Seigneur de Maulevrier, & Pierre d'Amanzé, furent assassinés dans leurs Châteaux pendant la Ligue. Le Marquis de St.-Georges ; Seigneur de Monceau, revenant de visiter le Baron de Saligni à la Motte-Saint-Jean, fût attaqué, avec les gens de sa suite, par le Capitaine Laroche, & mourut percé de cinq coups d'arquebuse, au village des Bordes, Paroisse de Lhopital, le 29 Juillet 1593.

Semur, sur une éminence, est partagé en deux ; la haute Ville, où était la forteresse & la Collégiale, est habitée par les Écclésiastiques ; les Nobles, les Gens de Justice, & les Bourgeois qui vivent en la plus grande union : la basse plus considérable, par les Artisans ; c'est l'ancien emplacement, comme il se reconnoît par les masures & les murailles. Il y avait trois portes, dont il en reste une dans la 2e. enceinte : la Ire. enceinte était plus considérable, comme on le voit par les murs au nord. Un Hôpital & un Monastere de l'Ordre de Cîteaux dont la place porte encore le nom de Moines Blancs. Après les ravages de 1463, les Moines quittèrent, & se retirèrent à Conde d'où ils ont été transsérés à la Bénissons-Dieu, & depuis en Auvergne, par échange avec les Bernardines qui ont pris leur place. La Chapelle de la Magdeleine, bien bâtie, paroît avoir été leur Église, maintenant presque en ruine. La fontaine qui est auprès, l'unique du lieu, est bonne & très utile. Ruisseau au dehors qui forme souvent un torrent, donne beaucoup d'écrevisses, va tomber dans la Loire au dessous de Marcigni, qu'il inonda en 1738, 1755 & 1764 : on l'appelle Merdasson ; il fait tourner dans son cours d'une lieue & demie, neuf moulins sur le finage.

Commerce en bled & en bétail. Le terrein est si pierreux, que l'on croirait, disait Antoine Maltête en 1572, qu'il y pleut des pierres. Cependant le peu de froment qui y vient, est fort bon. La mesure de bled se divise en quatre ; le bichet de 84 livres, le boisseau qui fait la moitié du bichet, la quarteranche le quart, la coupe le 8e.

Vins communs parmi lesquels on distingue le canton de la Cray. Bons prés le long du ruisseau. Beaucoup de bois. Belles carrières de pierre blanche & jaunâtre. Les environs sont agréables & variés.

Bailliage rural établi vers 1560, 3e. Siège de l'Autunois. La Charge d'Avocat du Roi, créée en 1640, réunie depuis à celle du Procureur du Roi, possédée depuis 1760 par Jean-Marie Bouthier, qui a succédé à son père.

Grenier à Sel dont dépendent, depuis 1674, la Chambre de Marcigni & le Dépôt de Digoin, de la Direction de Chalon, Subdélégation ; Gouvernement particulier de la Lieutenance générale de l'Autunois. Recette des deniers royaux qui s'étend sur 65 Paroisses. Mairie qui la Police. 25e. Ville qui députe aux États de Bourgogne, & qui donnera le 2e. Alcade, & Viteaux le 3e. en 1787. Le Bureau de Poste à Marcigni dessert Semur, dont le plan a été levé par Duplan, Commissaire à terrier.

Baronnie qui comprend Semur, Saint-Martin de la Vallée, Montmegin, & partie des Paroisses de Baugi, Brian, Mailli, l'Hôpital-le-Mercier, Yguerande, Saint-Julien-de-Cray, Saint-Martin-du-Lac, Saint-Yan, Saint-Germain-de-Rive, Chassenard & Varennes-Revillon.

27 maisons & 200 Communians dans la Ville haute, & 700 avec les dépendances, qui sont Vernay, Scellé, Rochefort Fief, démembrement de la Baronnie de Saint-Christophe, acquis par Arthaud Bouthier, Notaire à Semur, en 1521, possédé par un de ses descendans ; les Pions, les Barat, la Faye, Fief, avec anc. Chât. à N. Dupuy, Balmont, les Petits, la Cray, le Vignal, Saint-Martin avec Château à la moderne & Église, les Bouthier, le Château de la Vallée à N. de Molins de la Garde. Semur est un Archiprêtré composé de 32 Paroisses, autrefois de 36.

Les plus anciennes familles sont les Bouthier, dont trois Doyens-Curés depuis 1657 à 1761, & deux Procureurs du Roi, les Delamotte, les Terrion. Hector Tertion fut reçu Lieut. Civil au Bailliage de Semur en 1613 ; son fils & son petit-fils lui ont succédé en cette Charge. Pierre Terrion, descendant d'Antoine, Capitaine-Châtelain de Rouvre en 1575 fut élu Maire de Dijon en 1641 : on lit sur sa médaille, inter tres magnos bis major. Il fut continué en 1642.

Semur se glorifie d'avoir donné naissance en 1024 à S. Hugues, VIe. Abbé. de Cluni, mort en 1109, après avoir gouverné avec sagesse cette Abbaye près de 60 ans. Il fit bâtir, par les libéralités d'Alphonse IV, Roi de Portugal, la superbe Basilique qui subsiste encore à Cluni. Cet Ordre fut de son temps au plus haut point de sa splendeur ; avec les bienfaits de son frère Geoffroi, il établit le Prieuré de Marcigni en 1055. (V. Marcigni).

Claude Dupuy, mort en 1686, Lieutenant Criminel au Bailliage de Semur, fit des mémoires curieux, continués par son petit-fils, Seigneur de la Baronnie de Semur, pour servir à l'Histoire de cette Ville & du Brionnais, dont parle Phil. de la Mare dans son Conspectus Hist. Burg. pag. 48. J'ai recouvré ceux sur le Bailliage, qui annoncent un homme instruit ; mais ceux de Hugues-François Verchere de Marcigni, marquent encore plus de connaissance de l'antiquité : ils m'ont été fort utiles pour cette partie.

Les Dupuy, originaires du Forez, ont fourni des Savans distingués : il suffit de nommer Pierre Dupuy, Garde de la Bibliothèque du Roi ; & Jacques son frère, Prieur de Saint-Sauveur en Brie, dont l'érudition & la probité ont été si connues. Louis Dupuy vint s'établir en Bourgogne en 1560 : ses descendans ont possédé dans le Brionnais, Terres & Fiefs depuis 1663. Il est à remarquer que presque tous ont cultivé les Lettres : On peut voir leur généalogie dans les Mémoires de l'Abbé de Maroles, qui en descendait par les femmes, in-fol. p. 404, impr. en 1656.

Les armoiries de Semur sont quartier de Bourgogne ancien, bandé de gueules & d'argent de six pièces.

À 15 l. de Lyon, 12 de Mâcon, 17 d'Autun, 18 de Chalon, 5 de Charoles, 6 de Roanne, 4 de Parai, ¾ de Marcigni, 30 de Dijon.

Lat. 46d 16' 51" L. 1d. 46' 3"

BAILLIAGE DE SEMUR EN BRIONNAIS

Les Paroisses qu'on va décrire, sont du Bailliage, Recette, Subdélégation, Archiprêtré de Semur, Diocèse d'Autun : celles qui sont d'un Diocèse différent, seront indiquées.

ANZI-LE-DUC

A pris ce surnom depuis qu'il fut possédé par les Ducs de la première Race.

Enziacum, Aziacum, Anzeim, Par. voc. la Vierge ; l'ancienne Église était sous le voc. de S. Martin ; Patron l'Abbé de S. Martin d'Autun. Prieuré fondé vers 880 par Letbalde & Aspasie sa femme, Seigneurs du lieu, sous la Jurisdicton de l'Abbaye de St. Martin, à laquelle le Prieur paie 40 écus de Patronage. Hugues de Poitiers, Ier. Prieur, le mit dans une grande réputation par la sainteté de sa vie, & les merveilles opérées à son tombeau : il mourut vers 930. La translation de son corps se fit en 1001, & ses reliques furent portées par les Religieux au Concile d'Anse en Lyonnais. Son tombeau fut brisé, ses ossemens brûlés par les Huguenots, lorsque Casimir s'empara d'Anzi en 1576.

Église vaste & nue, sous le voc. de la Trinité. Apport le 30 Juillet, Fête des SS. Martyrs Abdon & Sennen, dont Henri de Castille, Prieur, fit venir des reliques de Rome en 1644. Il n'y a plus que deux Religieux, dont le premier est Sacristain, jouit d'une double mense, & d'un petit terrier de 1490 & 1636.

Le Prieur, Commend. depuis 132 ans, est Sgr. Haut-Justicier, & prend le titre de Baron d'Anzi. Le Cardinal Rolin se fit conférer ce Bénéfice, en 1451, par l'Abbé Petitjean : on voit encore ses armoiries sur les vitraux d'une des croisées de l'Église. Ant. du Buisson, Évêque de Bethléem, Prieur en 1453. Louis du Lac renouvella le terrier en 1513 ; Prudence de Mypont en 1533 ; Charles Ailliboust, Abbé de Septfonts en 1570, depuis Évêque d'Autun ; Claude son neveu ; Philippe Bouton de Chamilli, Doyen de la Ste. Chapelle en 1636, répara l'Église &le clocher brûlé par le feu du Ciel en 1644 ; Henri Jeannin de Castille ; Jacques le Gendre qui a fondé la mense d'un 3e. Religieux ; Gilbert de la Souche ; Philibert Carpentier de Crecy ; Fr. de Chalon d'Andreville par indult du Président de Ciri de Marcigni, en 1744, a résigné en 1778 à N. de Vichy, Clerc du Diocèse de Saint-Flour.

Le Prieur est Patron de 8 Cures, y compris celle de Melay, alternativement avec l'Abbé de St. Rigaud. Beau clocher à trois rangs octogones, dont la flèche fut abattue par le tonnerre en 1644.

Ce Bourg fort ancien était du Domaine de nos Rois, & depuis des Ducs de Bourgogne. Ils logeaient, ou leurs Gouverneurs, dans une tour quarrée à 3 étages, au pied de laquelle est une porte cochere, murée, ornée de sculpture grotesque. On voit encore le pré du Portail. Le Roi Louis IV appelle Anzi, dans une charte de 944, Cellula qua vocatur Enziacus, & la donne à l'Abbé de St. Martin. Le Duc Robert en cédant le charolais en 1279, se réserve Anzi & Montcenis. Il déclare que la Châtellenie d'Anzi, relevant en Fief du Château de Semur, a été de tout temps, ainsi que Montcenis, du Duché de Bourgogne. (V. Per. p. 547).

Ce Prince, par Lettres de 1284, dit « que la garde du Prieuré est sous la main des Ducs depuis 50 ans, avec la moitié de la Justice. Il cède tout le reste au Prieur, à condition de lui payer 10 liv. vienn. 25 bichets de froment & 50 d'avoine par an : permet au Prieur d'établir des foires, & lui accorde le Fief qu'il avait apud Chevriniacum. »

Anzi souffrit beaucoup de l'invasion des Reîtres en 1576. Le Prieuré qui était une espèce de citadelle, fut pris & pillé par d'Amanzé pour le Roi, le 18 Juin 1594 ; repris & ruiné avec le Château par Després, Ligueur, Capitaine d'Arci, le 5 Août suivant ; en sorte que ce Bourg, autrefois considérable, 2e. Baronnie du Brionnais, est réduit à 60 s. & 420 Comm. avec les dépendances, Tours, la Morliere, le Cray, Sormain, Vassy, les Colins, Chauge, la Rue, le Borée ; Chevrigni, altern. avec St. Didier, ainsi que Laval ; Pressy-le-Bas, Fief en franc-aleu, à Jean Perrin, Receveur du Bailliage de Semur, altern. avec Monceau.

3 Fiefs relevant du Prieuré. 1°. Chevrigni avec Castel, appartenait en 1630 à Joseph de Saint-Rigaud, Seignr. du Maupas, dont Claudine sa fille le porta en dot à Philibert Gregaine, Avocat, pére de Jean Gregaine, Conseiller en la Sénéchaussée, Échevin de Lyon en 1674, bisaïeul de Philibert-Nicolas Gregaine, Chanoine de Beaune, Seigr. actuel. 2°. Tours, jadis aux Bénéd. de Parai, qui l'inféodèrent à prix d'argent, employé à réparer leur maison ; aujourd. à Joseph Denis. 3°. Le Lac d'Anzi avec terrier, à Antoine Perrin, Maître Partic. des Eaux & Forêts d'Autun. Il a une Justice qui est haute en quelques endroits : de ce Fief dépendent, à l'Hôpital-le-Mercier, plusieurs fonds dont le dénombrement fut fourni, en 1508, par Antoine de Haudricourt. Les possesseurs de ces trois Fiefs ont droit de pêche dans l'Arconce, dont le poisson est excellent. Il y avait un pont très utile sur cette rivière, qu'on a laissé tomber & qui doit être réparé. Sormain était jadis un Village dont on voit un Sgr. Hugues de Sormain en 1108. Expilli a défiguré la plupart de ces lieux. Il écrit Soirmain, le Fief de Lassez, Bourvalaye, Prayrie haut & bas : qui reconnoîtrait là le Lac, Borée, Pressy ?

Dans le cloître de St. Martin d'Autun est l'épitaphe de Gilles d'Anzi, Aumônier de clans, 1363 ; il avait été Sacristain d'Anzi. Jean Petitjean, dont la famille possédait la Seigneurie du Lac & celle de Champseau, dernier Abbé Régulier de St. Martin, fut dépouillé par le Cardinal Rolin ; aussi paroissait-il tout nu sur son tombeau.

Communaux fort étendus, app. les Augères, où se voit le chemin Ferré qui tend aux Falcons : canton de dîmes affectées aux pauvres, & où ils ont été maintenus contre les prétentions du Prieur.

Carrière de pierre de taille qu'il faut bien choisir ; il y a des lits qui en donnent de gélisde. (V. sur l'Hist. Natur. ce qui en a été dit au coup d'œil sur le Bailliage, p. 172). Le Mont, les Vifs donnent du vin gris ; le rouge est fort commun.

Le Bailliage de Semur était autref. qualifié Bailliage de Semur & d'Anzi-le-Duc, & il y tenait ses Assises alternativement.

À 1 l. ¼ de Semur, 4 de Charolles, 28 ½ de Dijon.

ARCI, Château : Voy. VINDECY ci-après

ARTAIX

Artacum, Par. voc. S. Julien, Archip. de Pierrefite ; Patr. la Prieure de Marcigni, qui pour ce droit reçoit 2 livres de cire & 52 s. le 2 Févr. par traités de 1519 & 1653.

Artaix en Duché, du Baillage de Semur, du Marquisat de Maulevrier, forme les 3 quarts de la Paroisse. Artaix en Royauté dépend du Bailliage de Mâcon, de la Justice de Marcigni, de la Prévôté de Narbau : cette 2e. partie est de la Recette de Semur, ainsi que la Ire. arrosée des pet. riv. de l'Arconce & de l'Arsel. Chap. rure. de S. Loup, du patronage de la Prieure de Marcigni, au bas de laquelle coule la Loire. Cette Chapelle sur le coteau était celle d'un anc. Château voisin détruit.

148 f. 510 Comm. avec les dép. la Foretille, Fief à Claude Perroy de Marcigni, les Ramiers, le Port, les Brénons, les Bois, Narbau ; tout ce canton fut donné au Prieuré de Marcigni par Béatrix, veuve du Sgr. de Narbau, au XIIe. sièc. Cette Prévôté, l'une des 4 principales qui composent la Châtellenie de Marcigny, est du Baillage de Mâcon au ressort du Parlement de Paris, hors en tout ce qui concerne les Finances, Gabelles, Milice, dont elle reçoit les commissions de Dijon.

Par Arrêt du Grand-Conseil en 1577, pour finir les contestations souvent renouvellées entre les Seigneurs d'Artaix & la Prieure, Henri Groslot, Conseiller, Commissaire envoyé sur les lieux, fit planter des bornes aux armes des 2 Seigneurs : celui d'Artaix & de Maulevrier était en 1500 Philibert de l'Espinasse ; Odette Belle, sa veuve, se pourvut, en 1556, pour la reprise de ses droits, contre Anne de Pesleu, Duchesse d'Étampes, donataire d'Aimard de l'Espinasse, héritier de ces Terres.

Le port d'Artaix avait autref. un péage très onéreux, qui s'établit du temps des troubles, par la volonté du plus fort. Le Roi, sur les titres du Seignr. d'Artaix, par Arrêt de son Conseil du 28 Févr. 1730, maintient son droit de bac & de péage, & de 2 s. 6 den. seulement sur chaque bateau remontant & descendant la Loire ; déclare tous autres droits de péage sur terre & de coponage, supprimés, aux peines de droit ; & rendit ainsi la liberté au commerce du Brionnais sur cette partie de la Loire. J. de Châteauvilain, fils du Fondateur du Chapitre de Semur, affecta la rente de 20 liv. donnée aux Chanoines sur le port d'Artaix, dépendant de la Baronnie. Ils en ont joui jusqu'à leur suppression en 1776.

Terroir léger & sec. Plusieurs étangs. Le travail des bateaux occupe les Charpentiers sur les ports de Galands & d'Artaix, aux Ham. de Brenons & de S. Loup. Ils entreprennent souvent des voitures de poissons, de grains & de vins pour le compte des Marchands.

À ½ l. de Marcigni, la Loire entre deux, 1 l. ¼ de Semur.

AVRILLI

Ariolica, Avirliacum, selon une charte du Comte Eccard en 840. Par. voc. S. Honorat, Abbé de Lerins, depuis Archev. d'Arles ; Archip. de Pierrefite ; Patr. de l'Abbé de S. Martin d'Autun. L'Église, sur une éminence, fut changée en forteresse par le Capitaine Mont durant la Ligue, prise & brûlée par Després, Commandant au Château d'Arci.

Ce Village situé sur un côteau, au bas duquel coule la Loire, est très ancien. La voie romaine de Roanne, Rhodunna, passait à Avrilli, Ariolica ; de là tirait à Étrée, Via Strata, près de Digoin ; on en voit encore de faibles vestiges.

45 f. (73 en 1670). Les dépend. sont le Bouchaud en Bourbonnais, qui parait avoir été Ann. d'Avrilli ; la Taille, les Sabotiers, les Rolin, la Bize, les Perrin, les Francs, les Potins, la Rue en partie, les Morot, les Pacots, les Simonins ; du Bailliage & Grenier à Sel de Semur, de la Baronnie d'Arci : les Baduri, la Rue neuve, les Fiefs de la Bruyère & Clavegris, sont du charolais, Grenier à Sel de Parai. On voit aux archives de la Cathédrale d'Autun, un partage fait en 1328 entre trois frères de Bonant, qui jouissaient par indivis des Terres de Bonant, Clavegris & partie d'Avrilli : J. du Cornyer les réunit en 1426 ; sa fille Marguerite les porta à J. de la Bussiere, dont les descendans en ont joui jusquau XVIe. siècle, que le Chapitre d'Autun acquit, en 1558, celle de Clavegris, qu'il a cédée à titre de rente perpétuelle à Antoine de Valadoux, Marquis d'Arci en 1703. Partie de Clavegris est située riere le Duché de Bourgogne ; l'autre partie prend de Fief au Comté de Charolais, comme fit Philibert Peigner, en 1547, pardevant Cl. de Vaudrey, Commissaire de l'Empereur. Il avait droit de pêche en la Loire, reconnu être de toute ancienneté en 1503.

Quelques vignes ; canton de bois ; seigle ; chanvre ; plusieurs étangs ; pâturages, dont l'herbe n'est pas de bonne qualité.

À 1 l. de Marcigni, 2 de Semur, 4 de Charolles.

BAUBERY, dont quelques Hameaux en Brionnais

Voy. ce Village dans le Charolais ; ajoutez seulement à cet article, que le terrier & la Châtellenie d'Artus sont au Seigr. de Courcheval depuis 1730 ; que le Village de Quiere est au même Seigneur. Cluni n'y possède que l'étang, le moulin & quelques broussailles. La Motte dont il est parlé, porte de tout temps le nom de Camp de César. Depuis la destruction du Château-fort d'Artus, on a beaucoup pris de matériaux pour rétablir celui de Courcheval.

BAUGY

Balgiacum, Begiacum, Par. sur la rive droite de la Loire, voc. St. Ponce, vulgairement St. Point (le 11 Mai). La vieille Chapelle de St. Nicolas, détruite depuis peu, était regardée comme l'anc. Église paroissiale. Patr. La Prieure de Marcigni, Décimatrice. Les ann. bénéd. font mention d'une Chapelle de St. Didier, unie au Prieuré d'Anzi en 909, sous St. Hugues.

200 Comm. avec les Tuileries, Chailloux, Reffye, Bessuge, Arque nommé dans le cartulaire de Marcigni, Aqua irrigua ; la Roche, port où sont les Charpentiers & les Voituriers par eau : ces Hameaux sont régis par le Droit Écrit, & forment une des Prévôtés de la Châtellenie de Marcigni, au ressort de Mâcon : ils ne sont dans la Généralité de Semur que pour les Finances, la Milice & le Gouvernement.

Baugi fut donné au Prieuré de Marcigni en 1088 par Geoffroi de Semur. Le Curé, pour le Patronage, doit 30 d. & 200 oeufs à la Cellérerie du Prieuré, le Jeudi S. pour la Cene qu'on y fait solemnellement.

L'autre partie de la Paroisse dépend d'Arci en toute Justice, à l'exception de quelques fonds à Reffye, légués par Adelais d'Essertines en entrant en Religion à Marcigni ; & de quelques cantons dép. du Prieuré d'Anzi ou du Sacristain.

Châteauvert était sur le penchant du terrein qui descend à la Loire ; il n'y reste plus que les traces des fossés presque tout comblés. Son terrier est réuni à celui d'Arci. Ce Fief avait une mouvance sur plusieurs fonds à l'Hôpital-le-Mercier, aliénée en 1662 par Paul Guillard d'Arci, à Cl. de St. Germain de Merieu, Commandeur de Beugnay, & ses successeurs en jouissent. Les vins du Mâconnais & du Beaujolais ont leur dépôt à la Roche.

L'air est sain en cette Paroisse ; le terroir léger, un peu sablonneux ; le chanvre & les grains y viennent assez bien : les deux tiers en seigle. Froment dans les Champbons auprès de la Loire qui les ruine souvent : entre ces Champbons est un canton appellé les Chambrettes, dépend. du terrier du Roi, à cause de sa Prévôté de Bourg-le-Comte. Les Falcons, Domaine près duquel était l'anc. chemin Ferré.

La grand'route de Marcigni à Dijon coupe la Paroisse en deux. À l'est du chemin était le Bois-Dieu, ancienne forêt d'Arci, jadis en haute futaie, mainten. en taillis dégradés. Plusieurs étangs dont deux consid. ceux de Diou & du Verne. Vignes sur le petit côteau de Chenou Campus novus, Bonne carrière. Bons prés, & abondans sur la pente ; mais dans l'assiette plate, ce ne sont que des mouilles. 1 moulin sur le Cacherat. Pétrifications, belemnites de 5 à 6 pouces ; Terre à foulon qui vaudrait peut-être celle des Anglais, si elle était éprouvée, découverte par M. Verniquet, lorsqu'il bâtissoît le Château d'Arci en 1766. Cette terre bolaire est employée par les Doreurs en détrempe, pour servir de mordant ; elle est supérieure, selon cet Architecte, à celle d'Arménie : il m'en a donné un morceau.

À ¾ de l. de Marcigni, 1 l. ¾ de Semur.

BRIAN

Branovium, Brianeum, Brienna, Par. Voc. S. Nazaire & S. Celse : la Ire Dédic. avait été faite sous le nom de S. Julien, & jadis sous celui de S. Jean-Bapt. dont la Chapelle fut détruite en 1756. Cette Église fut donnée à Cluni pour le Prieuré de Marcigni, par Ilion de Semur, fils de Valon, en 1103. Le Patronage fut contesté à la Prieure par Humbert, Évêque d'Autun, mais confirmé par Innocent II, & depuis par Célestin II en 1144, autref. Société de 7 Prêtres, preuve que ce lien était consid. Il est fort ancien, & paroît avoir été le berceau des Brannovii, premiers Habitans du Pays, dont parle César : on a trouvé aux environs plusieurs medailles & des tombeaux antiques. Semur se sera élevé sur ses ruines.

Au XIe. sièc. la Seigneurie se partageait entre la Maison de Semur & celle de la Barge, dont le nom s'est conservé dans celui du Village de la Barge, d'où sont peut-être descendus les droits du Sgr. de St. Christophe sur Brian. Girard de la Barge signe une charte de Geoffroi de Semur en 1076, ainsi que Hugues de la Vallée, Girard d'Essertines : (V. Cart. Marc.)

Tout ce qui appartenait au Baron de Semur fut donné au Prieuré de Marcigni dans le XIe. s. Jocerand de St. Alban & Hugues son neveu, lui céderent aussi ce qu'ils y tenaient en Fief. Les dîmes furent un don de Hugues & Geoffroy d'Essertines.

Jean de Fautrieres, Écuyer, Sgr. du Petit-Bois & de la Grange, fit hommage au Prieuré d'une portion de dîme inféodée en 1481 : ainsi la Prieure par ces donations jouit des 3 quarts de la dîme, & le Curé de l'autre quart par traité de 1516.

Sgr. Haut-Justice, Marc-Jean de Tenay de St. Christophe. Le Chât. fut détruit durant les guerres civiles. Le clocher, qui était une belle flèche, fut brûlé, de même que le Presbytère, par les Reîtres en 1576. Il n'y a que 6 maisons dans le Chef-lieu.

Le Château d'Essertines a donné le nom à d'anc. Sgrs. qui ont eu des filles à Marcigni dès le XIIIe. s. Ils en jouissaient encore en 1346. J. Gevinge, Sgr. en 1481 : J. de Quinquier, Prévôt de Mâcon, l'était au XVIe. s. L'héritière de Champyigi le porta en dot à Melchior Champier, Sgr de Sigi, qui l'a vendu en 1720, au Comte de Vauban : celui-ci a sa Chapelle en l'Église de Brian.

Fief de Roui, dont le Château est détruit, au Sgr. de Saint-Christophe. Fief de Launai avec Chap. de St. Jean-B. en mauvais état, au Commandeur de Mâcon. Le Fief de Bernicle au Hameau de Launai, à Christophe Jaquet du Chaillou. Les Guichard, franc-aleu en roture. Fontigny anc. Fief & le Ham. de la Rivière relèvent du Chât. de Sarri. Marnand, Farges, les Raguenots, Vaux, partie de la Beluse & des Guichard, sont tous régis par le Droit Écrit, & par appel du Juge ressortissent à Mâcon ; mais sont de la Recette de Semur. Les autres Hameaux ou Domaines sont Morteny, Chetal, la Montagne, la Rivière, Roui, Essertines, le Cray, la Barge, la Goutte & Frontenier, en tout 360 Com. Les Communautés mâconnaises de Brian, de Varenne, de S. Didier, ont été confirmées dans leur droit de prendre le sel à Charlieu en Lyonnais, par Arrêt du Conseil en 1736, contre les Fermiers Généraux.

Excellens pâturages. Le seigle, le chanvre, les légumes y viennent bien ; un quart de froment ; quelques bois ; coteau de vignes ; celui de Marchay est le meilleur.

La Blaine partage cette Paroisse, descend à Sarri & dans l'Arconce.

Louis Potignon de Montmegin, Littérateur estimable, à qui j'ai l'obligation de bonnes notes sur ce pays, possède un petit cabinet d'histoire naturelle, & de médailles trouvées à Sancenier, à Brian, & beaucoup de titres & de chartes sur les anciennes familles.

À 1 l. ¼ de Semur, 4 de Charolles.

BRIENNON, vulgairement BRINON

Brianonnum, Par. voc. St. Irénée, Dioc de Lyon, Archip. de Roanne ; Patre. & De. la Prieure de Marcigni. 560 Comm. Je ne parle ici de cette Paroisse, qu'à cause de Maltaverne, Village qui en dépend, & qui est en Bourgogne, dont le Seigr. est N. d'Harcourt par son épouse N. Bezons de la Feuillade. Env. 20 f. Anc. Chât. de S. Christophe où il n'y a plus qu'un Domaine. La Barjatiere, Fief à N. Tamisier, Lieut. Crim. de Roanne ; Fief de Chancey, à N. Valence de la Minardière ; Fief de Vaivre. Briennon est à 250 toises de la Loire, dont il est séparé par les Champbons. Le port est à Pouilly-sous-Charlieu, au Duc d'Orléans. Les Clunistes de Marcigni avaient une Celle & un Château à Briennon en 1511 : tout est détruit. Lagreve & Laroche, Mariniers de Roanne, devenus Capitaines, sous prétexte de servir le Roi, s'emparent du Château de Briennon, mettent à contribution tous les bateaux qui passent la Loire, & tentent de surprendre Semur la nuit du 12 Fév. 1593, sans pouvoir réussir.

L'Abbaye de la Bénissons-Dieu, Benedictio Dei, de la Filiation de Clairvaux, située dans un fond, & partie du Village, dépendent de la Paroisse de Briennon ; l'autre, de celle de Noailly. Cette Abbaye fut fondée sous Louis VII en 1138, par Guy Comte de Forez, Itere Vicomte de Mâcon, & autres Seigneurs voisins : ayant été ruinée par les guerres, les Bernardins, sous Claude de Nerestanc, 26e. Abbé, furent transférés à Meigmont, Medius-Mons, dont Françoise de Nerestanc était Abbesse ; elle mourut en 1652, & sa vie, en forme d'oraison funèbre, fut publiée à Lyon la même année par le Père Chérubin Gregaine, Récollet de Marcigni. Elle avait fait rebâtir la Maison qui a été construite à neuf & magnifiquement par l'Abbesse actuelle, Marguerite Therèse de Jarente, en 1764. La Chapelle de la Vierge, dite de Nerestanc, est superbe : on y voit en marbre les monumens des Seigneurs de ce nom ; les cœurs & l'épée de Philibert, de Jean-Cl. & Charles de Nerestanc, morts au service du Roi, reposent sous l'Autel. Leurs corps sont aux Carmes de Lyon dont ils sont Fondateurs.

Bénissons-Dieu est à ½ l. de la Loire, 2 de Charlieu, 2 ½ de Roanne, entre Briennon & Noailly, sur la Teissone. Briennon est à 3 l. de Semur, 15 de Lyon.

CHASSENARD, en partie du Brionnais : (Voy. Le Charolais).

IGUERANDE : V. à la fin YGUERANDE

JONZYE

Par. voc. S. Martin, Diocèse de Mâcon ; Archip. de Charlieu, Patrone la Prieure de Marcigni, Seigr. le Comte de Champron : quelques maisons du Lyonnais, de la Paroisse de St. Julien de Cray pour les impositions. Beaucoup de bois, dont partie au Roi, Baron de Semur. Ni Ham. ni Chât. La Paroisse d'env. 15 maisons & de 80 Comm. se divise en haut & bas Jonzye.

Assez bon vin commun. Au territoire de Gournou, pierre de gris d'ardoise, tendre d'abord, qui se durcit à l'air, se polit, & a le froid du marbre. Au haut du clos de Gournou sont les fourches patib. de la Just. de Chanron. Jadis un moulin à vent. On y tenait 3 foires, transférées près des halles bâties riere Jonzye. Ruisseau d'Échalot.

À 1 l. de Semur, 6 de Charolles, 11 de Cluni, 12 de Mâcon.

L'HÔPITAL-DE-CHENAI et CHENAI-LE-CHATEL

Hospitale-Chanoeum, pet. Paroisse, voc. la Vierge, mais dont la principale Fête est S. Jean-Bapt. comme dans la plupart des dépendances de Malte, dont l'Hôpital en est une ; à la collation du Commandeur de Beugnay. Le Prieur-Curé Décim. & Sgr. direct. env. 10 f.

Chenai-le-Châtel d'un vieux Château au nord, dont il reste une anc. tour & les vestiges des fossés ; Patron. du Prieur d'Anzi ; Archip. de Pierrefite.

Bons grains & pâturages ; vin commun ; plusieurs foires ; bois presque tout en taillis. L'Arson descend de S. Martin d'Étraux, de Via Strata, coule au bas de Chenai, partage Artaix où il se perd dans la Loire. Les Chaulgy, d'anc. noblesse, ont possédé longtemps la Seigneurie de Chenai. Chaulgy est dans le voisinage de Salt en Forez.

Les Ham. dép. de Chenai sont les Brenons, Tixier, Berry, le Chenal, les Dinets, le Care, les Sagets, Bayon, S. Roch, les Coches, les Baillis, Montheret.

À 2 l. ½ de Semur, 2 1. de Marcigni.

L'HÔPITAL-LE-MERCIER

Hospitale, Par. voc. S. Sylvestre, Pape ; Patr. le Prévôt de Suffey, 3e. Dignitaire de la Cathéd. d'Autun. La plus grosse cloche, fondue en 1684, après la chute de l'ancien clocher, porte le nom de Claude de S. Georges, alors Évêque de Clermont, depuis Arch. de Lyon. Un titre de 1486, pour fondation d'une Messe le Samedi, ordonne « qu'elle sera picotée d'une des cloches tant seulement de 13 coups, au nom des 13 Apôtres, distant l'un des coups de l'autre que l'on ait dit un Ave Maria. » Marthe de Busseul, épouse de Philippe de la Loge, Gentilh. du grand Condé, y est inhumée, sous une tombe qui couvre le corps de Camille de Musy, Sgr. de la Barre, mort en 1767, par succession aux droits de la Loge, qui habitaient la maison noble du Breuil, cédée pour rebâtir le Presbytère en 1731.

Autref. 2 Chap. rur. détruites ; celle de la Magdeleine subsistait, en 1450, près d'un étang dont il ne reste plus de vertiges. Anc. Prévôté royalle de la Châtelle. de Semur, qui a la Justice du clocher, possédée à titre d'engagement en 1622 par Franç. de Savary, act. par le Marquis de Vichy-Monceaux.

Fief de Conde sur les bords de l'Arconce, anc. Prieuré de Bernardins. Ils possédaient des dîmes & rentes nobles à Brian, à Sainte-Foy, donnés par J. de la Guiche en 1200, & par Jean d'Essertines en 1274 ; réunis à ceux de la Bénissons-Dieu. Ils envoyaient des Recteurs & Gouverneurs à la Maison de Conde, auj. détruite. L'Abbesse de la Bénissons-Dieu jouit encore de la Seigneurie de Conde, qui s'étend sur le Ville de ce nom, en la Paroisse de Monceau, & sur partie du Fourneau en celle de Vindecy, avec un tiers de la dîme de l'Hôpital, & un moulin sur l'Arconce.

Anglure, Membre de la Commanderie de Beugnay, avec Chap. de S. Jean-Baptiste ; elle a succédé à une plus ancienne qui subsistait au XIIe. siècle, & sous laquelle était une cave où les Habitans se retiraient avec leurs effets, en temps de guerre. On y voit un Commandeur en 1266. Au Baron de Semur complu, dit un terrier de 1278, la garde de l'Hôpital de Murcy ou Murcye. Ce droit de garde se paie encore au Baron de Semur par le Commandeur, dont la Justice s'étend sur 28 f. de la Paroisse, & où il a un 6e. dans la dîme. Son terrier de 1524 a été renouvellé en 1764.

Le Village des Bordes près d'Anglure, a 15 feux. C'est-là que fut assassiné, durant la Ligue, le Marquis de Saint-Georges, en 1593.

On voit avec peine, au dessous de ce Village, plus de 300 bichetées d'excellentes terres à froment, converties en sable par la Loire, qui s'ouvre un nouveau lit, en s'avançant vers les maisons, & acheve de ruiner ce canton, jadis le meilleur du pays.

La Jonchere, Ham. sous l'Église, de la Justice du Prieuré d'Anzi, dont le terrier a été renouvellé en 1765. La Barre, où sont les fossés d'un ancien Château ruiné, & où l'on trouva, en 1772, plusieurs écus d'or, avec ces mots : Karolus Francorum Rex. Larre ou Lerre, autre Chât. ruiné durant les guerres de Religion, a été possédé par les Audras, les Marzac, les Boulery, & Dupuy des Falcons.

Ces 2 Fiefs mouvant de la Baronnie de Semur, sont à Barthelemi de Musy, d'une anc. famille de Bresse, où elle tenait un rang distingué. Humbert de Musy, Damoiseau, fils de Thibaud, Sgr. de Pirajoux, de Petrajugo, & de Saint-Étienne-du-Bois, à 2 l. de Bourg, se trouve avec 4 autres Chevaliers accompagnant Aimé, Comte de Savoie, au Traité de Cuisery, fait entre lui & le Duc de Bourgogne, en 1358. Son petit-fils Huguenin de Musy épousa Philippe de Germoles en 1432, Cl. de Musy avait Satonai en 1466. La branche ainée possède Vauzelles en Beaujolais, S. Martin-de-Comune près d'Autun, & Villars Paroisse de Tintri.

La Maison ou Chât. de l'Hôpital, érigé en arrière-fief, mouvant de Beugnay en 1608, avec le 2e. tiers de la dime & un terrier de 1650, est à Barthelemi de Musy.

Esserbonnes ou ès Serbonnes, Ham. mouvant du Doyenné de Parai, à cause de la Prévôté de Verrières, était, à ce qu'on croit, une anc. Léproserie, desservie par des filles appellées Soeurs-Bonnes, dont par syncope on a fait Esserbonnes ; auj. à Cl. Terrion, Avocat à Semur, avec droit de pêche dans l'Arconce. La route de Parai à Marcigni, ouverte en 1769, y passe.

On trouve des registres de cette Paroisse à Semur depuis 1539. En 1709 69 morts, 4 baptêmes & 1 mariage. Avant cette fatale époque, on comptait 64 cotes sur les rôles. Les calamités qui suivirent la famine, firent déserter les Habitans ; à peine y en avait-il 30 en 1712 ; auj. 54 f. 210 Comm. Seigle, un quart de froment. Prairies marécageuses du côté de la Loire ; meilleures, mais en petite quantité sur l'Arconce. Le terrein fort léger, s'oppose à la culture des arbres fruitiers, & ne produit qu'à force d'engrais. Un moulin à Conde sur l'Arconce, avec huilerie.

Apport le 15 Août, avec Royaume : c'est ainsi qu'on appelle dans tout le canton la cérémonie où l'on distribue à certains jours de Fêtes, à la porte de l'Église, des bouquets à celui ou celle qui donne le plus de cire ou d'argent pour le luminaire. Le Roi & la Reine étaient autrefois introduits à l'Église, où l'on chantait le Te Deum en action de grâce de leur avènement à cette royauté chimérique, qui leur donnait le droit d'ouvrir les premiers la danse publique. Le zèle éclairé des Pasteurs, en supprimant ces abus, a conservé en plusieurs endroits une offrande utile. Le propriétaire de la Terre au Saint jouissait de l'exemption de la dîme, à la charge de fournir le vin qui se donnait à Pâques aux Communians : ce privilège n'a cessé qu'en 1720 ; mais l'usage du vin avait été aboli longtemps auparavant.

À 3 l. de Semur, 2 ¼ de Marcigni, 2 de Parai & de Digoin.

MAILLY

Anciennement Maillye, Malleium ; Par. V. S. Sylvestre ; Patr. la Prieure de Marcigni, Dioc. de Mâcon, Archip. de Charlieu ; Sgr. du clocher, le Roi, comme Baron de Semur, & par engagement Jacq. Nic. Dupuy de S. Martin. Selon une transaction du 7 Mai 1339, entre Jeanne de Chateauvilain, Dame de Semur, & Étienne de Poully, Sgr. du Palais, la Justice du clocher est déclarée appartenir au Seigneur de Semur, le reste à celui du Palais.

46 f. 230 Comm. & 400 personnes. Ham. les Chavannes, la Baisse des Roux, le Chât. du Palais : cette dernière Terre, démembrement de la Baronnie de Semur, fut vendue par Pierre du Palais, en 1288, à Bern. de Poully, aïeul de J. de Poully, dont la fille Guyette fut mariée, en 1359, à J. de Digoine, frère puîné de Guy de Digoine, Sgr. De Martigni & de Comune en Charolais. Elle est toujours restée depuis à ses descendans. Le possesseur actuel est Ferdinand-Alphonse-Honoré de Digoine du Palais, Chevalier de S. Lazare. Le Château anc. Avec Chapelle de S. Jean-B. brûlé du temps des guerres, est dans un fond, à ¼ de lieue de Mailly : (V. Digoine en Charolais). La Palu, Fief couvert par le terrier du Palais, autr. consid. d'où Mailly est appellé, Mailly-la-Palu. J. de Chandon était Seigr. de ce Fief en 1489.

Vin commun. Carrière. Ruisseau appellé Dechelles.

À 1 l. au sud de Semur, à 1 ½ de Marcigni.

MELAY OUTRE LOIRE

Melacum, Par. voc. S. Étienne (3 Août), Patr. le Prieur d'Anzi, alternat. avec l'Abbé de S. Rigaud, Dioc. de Lyon ; Archip. de Roanne. Louis Duryer, Juge-Châtelain de Semur, après la mort de sa femme, se fit Prêtre, & fut Curé de Melay au XVIe. s. Sgr. Charles-Claude Andrault de Langeron, Marquis de Maulevrier, Lieuten. Gén. des Armées, fils du Maréchal de Langeron. Anc. Chât, à Maulevrier. Cette Terre fut possédée au XIVe. s. par les l'Espinasse, au XVe. par une branche des Damas de Marcilli : Franç. Damas, mariée à Denis de Savary, en devint héritière, ainsi que de la Terre de Brêves, par la mort de son frère Phile. Damas, assassiné en son Château de Brèves pendant les premiers troubles de la Religion. Denis Savary, 2d. fils d'Honoré, avait pour aïeul Jean Savary, Chambellan de Louis XI.

François Savary de Brèves, né à Maulevrier, Baron de Semur & d'Artaix, Ambassadeur de France à la Porte, Commandeur de l'Ordre du St. Esprit en 1595 ; mort à Paris en 1628, nous a laissé des Mémoires estimés : (Voy. son Éloge dans le IVe. vol. des Mém. d'Artigni, page 345).

C'est en sa faveur que Maulevrier fut érigé en Marquisat, & Brèves en Comté en 1625. Ce Marquisat fut acquis en 1648 par Hector Andrault de Langeron (1), aïeul du feu Maréchal de France.

Chenai, Artaix, Melay sont de la Justice de Maulevrier. Le Fief de Baignaux, jadis aux d'Esserpens, a été acquis par M. de Langeron. L'anc. Chât, auprès duquel la Loire flottait, fut ruiné du temps de la Ligue.

850 Comm. avec les dép. les Poteaux, la Grye, les Pierards, les Bidolins, l'Arceliere, &c port des Galands près duquel coule la Loire.

À 2 l. de Semur, 1 ¼ de Marcigni.

(1) Langeron à 3 lieues de Nevers, possédé par Geoffroi Andrault, Gouverneur du Nivernois, mort en 1675, Élu de la Noblesse. J. B. son petit-fils fut Maréchal de France en 1745, dont le frère Christophe fut Lieutenant Général des Armées navales en 1750.

MONCEAU-L'ÉTOILE

Monticella, Monscelli, Par. voc. S. Pierre ; Patr. du Prieur d'Anzi, dont le droit se paie en cire par le Curé au Sacristain d'Anzi. Le Prieur Sgr. du clocher & de la partie Brionnaise ; le Marquis de Vichy, Sgr. de la partie mâconnaise : les deux parties sont de la Recette de Semur.

L'Église est une des mieux ornées du Diocèse d'Autun, aux dépens du Seigneur. Sa Chapelle très bien décorée, respire le bon goût. On y voit son médaillon & le lieu préparé pour sa sépulture, avec cette inscription : Abel Claudius de Vichy, heri nobilis potensque, nunc vermis, vitam agens fecit 1777. De l'autre côté est celui de Claudine-Joseph de St.-Georges, son épouse, morte en 1775. Le souvenir de cette Dame vraiment chrétienne, se conservera plus longtemps dans le cœur de ses Vassaux, qu'elle édifia par ses vertus, que sur le marbre où elles sont gravées.

Sur le pied d'un riche ostensoir donné par son époux, on lit : ex dono Marchionis de Vichy, anno doloris primo. Ce généreux Seigneur vient de fonder à l'Hôpital de Parai deux lits pour ses Vassaux de Monceau & Versaugues, en Janvier 1778.

L'Église a été autrefois desservie par des Moines d'Anzi : c'était l'Annexe de Versaugues. Le Curé actuel n'est que le 5e.

Château à la moderne, où l'on a cherché plus d'aisance que de régularité, bâti dans un endroit peu favorisé par la nature, mais embelli par la main de l'industrie, qui a pratiqué, sur un coteau rapide, de belles terrasses. On a conservé la chambre où est né l'illustre Claude de Saint-Georges, Archev. de Lyon, mort en 1715, un des Prélats de France le plus éclairé, le plus pacifique & le plus estimé.

Les anc. Sgrs. sont les Dyo, les de Fougères, qui étant aussi Sgrs. de l'Étoile, donnèrent à Monceau le surnom de l'Étoile ; les Saint-Georges, anc. Maison, originaire de la Marche : c'est le père du Sgr. actuel qui a acquis cette Terre en 1752. Riche bibliothèque composée de bons livres & de manuscrits précieux ; entr'autres, d'heures en vélin, ornées de mignatures, écrites en 1407, & qui paraissent avoir appartenu au Duc Jean.

Apport conside. le jour de S. Pierre, où se rendent de toutes parts les Moissonneurs qui se louent aux Laboureurs de la plaine pour la récolte. Halles neuves. 9 foires nouvellement établies, mais qui ne sont pas encore accréditées. Vin commun.

La grand'route de Marcigni à Digoin passe sur le finage. Le Village sur une éminence, dont le Château est au bas sur l'Arconce, a 60 f. & 400 Comm. avec les dépend. le bas Pressy, altern. avec Anzi de 50 Comm. les Verrous, la Chassagne, Conde, le Taluchet, la Villeneuve.

À 1 l. de Marcigni, ½ l. de la Loire, 3 ½ de Digoin, 2 de Semur, 16 d'Autun, 12 de Mâcon, 28 de Dijon.

MONTMEGIN

Mons Medius, di Monte-Megino, Par. voc. S. Vincent, Coll. L'Év. d'Autun, desservie par le Curé de Sainte-Foy, J. Merle, Chanoine de Semur, était Curé en même temps de Montmegin, Monceau & Versaugues, en 1519. 10 f. 30 Comm. de la Châtellenie de Semur.

Anc. Chât. détruit, aux Sgrs. de ce nom, qui avaient la dîme, cédée depuis au Curé. Jean de Montmegin Sgr. en 1400 ; Philippe vendit, en 1566, cette Terre en simple directe, à Martin de Broux, dont les descendans l'ont possédée jusqu'en 1686, que Reine de Broux la porta en dot à Marc-Antoine d'Athose Médecin, & depuis 1745 à Jean-Bapt. Potignon. La maison seigneuriale de la Touche, arrière-fief de la Baronnie de Semur, à Jean-Bapt. Potignon fils : anc. Chât. détruit.

Ce village est dans un lieu désert, sauvage, rempli de brossailles, couvert de cailloux. 1 moulin sur l'étang. À ½ de Semur.

NOAILLY

Nobiliacum, Par. voc. S. Pierre & S. Paul, Dioc. de Lyon, Archip. de Roanne, Patr. le Prieur de Noailly, Sgr. du clocher & d'une partie de la Paroisse en Forez ; & de celle en Bourgogne, Pierre Terrai de Roziere, Proc. Général en la Cour des Aides de Paris ; & l'Abbesse de la Bénissons-Dieu, d'une pet. partie : elle a un Fief app. Grange-la-Brosse.

La partie brionnaise comprend le Ham. de Cours & plus. Dom. 650 Commun. dont la moitié en Bourgogne. Grenier à Sel de Marcigni & de Roanne. Le Chât. de Beclandiere, app. Terrai, est à l'ouest dans les bois. Celui de la Motte-Vieux à ¼ de 1. à N. de Nompere de Champagni : c'est un démembrement de la Bénissons-Dieu, à laquelle il paie 40 liv. de rente, & qui était autrefois une espèce d'Infirmerie des Moines. Le Moutet, Fief.

Prieuré où il n'y a plus de Moines, à M. de Foudras, dép. de l'Abbaye de Savigni : il reste 3 Prébendes, dont une appellée de Nereslanc est du Patron. de l'Abbesse de la Bénissons-Dieu. Partie de ce Village est de la Paroisse de Noailly ; l'autre, avec l'Abbaye, de celle de Briennon.

À 3 l. ½ de Semur, 2 de Roanne, 14 de Lyon.

OYÉ

Oiedia, Oyeta, Par. du haut Brionn. Voc. S. J. Bapt. Pat. le Prieur de S. Germain-des-Bois. Un Prieur consent en 1277 que Girard, Évêque d'Autun, ait en l'Église d'Oyé les mêmes droits, visites & corrections que dans les autres de son Diocèse. Une des quatre Baronnies du Brionnais, au Marquis de Langeron. Ce fut au XIe. s. l'apanage d'un puîné de la Maison de Semur, où il entra par le mariage de Geoffroi IV avec Hermengarde d'Oyé en 1070. Pierre de Luzi en était Baron en 1370 ; Ferri de Luzi en 1488 ; J. Breschard, fils d'une N. de Luzy, en 1566 ; acquise en 1636 de la Marquise de Dampierre, par Hector Andrault de Langeron.

Guillaume de Digoine, Protonotaire du Saint Siège, Doyen de Semur, était Curé d'Oyé en 1564 : il y avait alors 3 Vicaires & 6 Chapelains ou Mépartistes ; tous sont nommés dans une fondation faite à leur profit par Pierrette de Truite, en 1558.

Chapelle de N. D. de Chauveton, fondée en 1450 ; elle est dite, en 1640, située in horto nobilis viri de Chevigni, juxta muros. untiquos oppidi d'Oyeta. Dans un titre de 1460 il est parlé du pré à la Malade, fonds de cette Chapelle ; ce qui semble annoncer une ancienne Maladrerie ou Léproserie. Hugues Chauveton avait épousé Jeanne de Châteauvilain ; & Pierre de Rougemont, Isabelle Chauveton en 1426.

Prébende préceptoriale pour l'éducation des enfans, fondée en 1701 par Edmond Circaud, qui au défaut des Circaud en laisse le patronage au Curé & aux Échevins. Bernard Mammesier, Curé de Vareilles, donna en 1686 un domaine qui vaut 800 livres, pour marier une pauvre fille d'Oyé, à la nomination du Curé & des Échevins ; ce qui s'est exécuté exactement jusqu'en 1715.

La Seigneurie de Chaumont en Mâconnais a été acquise de l'Abbé de Cluni, par Andrault de Langeron en 1638 : celle de Chassignole est réunie au chef-lieu d'Oyé ; celle d'Orval est un démembrement du terrier de Fougère. La Prévôté de Tressy appartenait à l'Abbaye de St. Rigaud, auj. au Séminaire de Mâcon, auquel la mense monacale a été réunie.

Sancenier, Terre & Château au Marquis de S. Christophe, est l'Annexe d'Oyé, voc. la Vierge. Gérard de Semur en était Sgr. en 1320. Jean de Semur, Sgr. de Sancenier & de Tremont, & Marie de Villers-la-Faye sa femme, rebâtirent en 1497 le Château qui avait été brûlé ; il fut achevé en 1500, & la première Chapelle bénite en 1510.

Les autres Hameaux sont les Circaud, autrefois le Pin, la Croix, Geray, Fressy, les Rues, Roussy, Pierre-Laye, la Varenne, Breuil, la Rivière, Foret, Daron, le Fraigne, la Bize, Orval, Aurea Vallis, Hameau sur lequel le Curé a une directe, cédée en 1471, avec un terrier. Chassignole, simple domaine, était autrefois une Sgre. dont Antoinette de Chassignole était Dame en 1506. Ces Seigneurs avaient leur caveau à Oyé, ainsi que les anciens Barons du lieu. En tout 650 Comm.

La moindre partie de la Paroisse est dû Bailliage & Grenier à Sel de Semur pour 60 feux ; l'autre, de Mâcon, Grenier à Sel de la Claytte, en sel de Peccais.

4 foires. Commerce en boeufs gras. Bon froment en la Champagne d'Oyé. Excellens pâturages. Depuis quelques temps, vignes plantées en assez grande quantité, dont le vin est très médiocre. Sablière & carrière.

À 2 l. de Semur, 10 de Mâcon, 15 d'Autun.

SAINT-CHRISTOPHE

Paroisse fort étendue, Patrone la Prieure de Marcigni, à laquelle Jocerand de Sartine donna l'Église & la dîme en 1090. On voit un Jocerand de St.Christophe, Chevalier, en 1290.

Ce Bourg, ancienne Baronnie, est en toute Justice à Marc-Jean de Tenay, anc. Capit. des Cravates, Cavalerie. Ses aïeux de père en fils possèdent cette Terre depuis 350 ans.

La Bourgogne ayant été réunie à la Couronne par Louis XI, on obligea, sous Charles VIII, tous les Vassaux à lui prêter foi & hommage. Ceux du Brionnais remontrèrent qu'ils s'étaient épuisés durant les guerres, & qu'ils espéraient qu'en faveur de leurs services, il plairait au Roi de commettre un Seigneur du Pays, pour recevoir leur serment & leur aveu. Jean de Tenay, Baron de Saint-Christophe, eut cette honorable commission en 1488 : il avait été Panetier du Duc Charles, & Écuyer de l'Écurie de Louis XI.

Le Seigneur a deux autres Terres en cette Paroisse ; 1°. celle de Noyers, acquise en 1612 de René de Choiseul, Baron de Clesmont, par Marc de Tenay : il existe quelques débris du Château battu à coup de canon par les Reîtres en 1576 ; 2°. celle de Fougères en Mâconnais, avec un anc. Chât. ruiné : c'est un démembrement du Domaine de Semur, dont on voit des Seigneurs appellés Chevaliers dès le XIIe. s. Sancie de Fougères était Religieuse de Marcigni en 1136. Les de Fougères ont possédé tout à la fois Fougères de Frugeriis, l'Étoile, Fromentalet, Monceau. Fougères, des d'Alenai qui en jouissaient en 1380, retourna à la Maison de Semur en 1490, d'où elle tomba en celles d'Amanzé en 1588, de Busseul en 1595 ; saisie, & adjugée à Laurent de Tenay en 1629 par Sentence du Bailliage de Mâcon.

Les Seigneuries de Trelus & de Sernier, autref. au Chapitre de Semur, maintenant au Marquis de Drée. L'arrière-fief de Sully releve de Saint-Christophe, dont le Château sur la hauteur, près de l'Église, est dans une situation des plus avantageuses, avec jardins ornés de terrasses, de bosquets, de parterres qui font une agréable mélange des beautés de l'art avec celles de la nature.

Ce Bourg, qui a foires & marchés avec de belles halles, est fort commerçant & très fréquenté. Il peut avoir 100 f. & 600 Com. avec les Hameaux Ponay, Valetin, Sernier, Trelus, Fougères, &c. Sully, Fief ancienn. aux la Motte de Semur, depuis aux Berbisey, auj. à Jacques Circaud, avec Castel ruiné du temps de la Ligue.

On dit St.-Christophe en Duché & Royauté, plusieurs Villages étant du Brionnais, d'autres en Mâconnais. Un Arrêt du Conseil du 23 Février 1648, ordonne que le procès de quelques Particuliers de St.-Christophe en Royauté, sera renvoyé au Parlement de Dijon.

La petite rivière de Blaine prend sa source à la fontaine de S. Martin, partage Brian en deux, & descend à Sarri : celle de Supléon sort aussi de cette Paroisse. Quelques bons prés ; peu de vignes ; pays inégal.

À 1 l. ½ de Semur, 10 de Mâcon, 3 ½ de Charolles, 15 d'Autun.

SAINT-DIDIER

Paroisse. Patron le Prieur d'Anzi, Sgr. N. de l'Aubespin. Il y avait autrefois une Seigneurie de Bocquinson. 310 Comm. compris les Hameaux de Chérance & Montraphon, Fiefs à la Prieure de Marcigni depuis 1281, & faisant partie de la Prévôté de Varenne. La Brosse d'Aringue, Aringum Villa, donnée au même Prieuré par Hugues de Busseul en 1063, alternat. avec Poisson ; la Franchise, Montvalay, Chaugi : Laval, Chevigni & Vareille sont tous les trois altern. avec Anzy. Moulin de Bressaut à 4 roues, sur l'Arconce qui traverse la Paroisse située dans un fond. Petit coteau de vignes.

À 1 l. ½ de Semur, 1 ¼ de Marcigni.

SAINT-FORGEUX-L'ESPINASSE

Par. V. S. Ferreol, Patr. le Prieur d'Ambierle ; Archip. de Roanne, Dioc. de Lyon ; Sgr. Pierre Terrai de Roziere, ci-devant à Made. de l'Oslange, qui avait son Château à Changi, rebâti superbement par le Marquis de Vauxborel.

500 Comm. avec les dépend. L'Espinasse, anc. Chât, dont il reste une tour avec une Chapelle que l'on croit avoir été l'ancienne Paroisse ; les Martin, les Burgy, les Beaussy, les Belins, Jambliere, le Pulnilier, les Moulieres où était autref. un Village dont il ne reste que deux maisons ; Bournas qui est du Forez, le Fief de Nogent. 1 moulin sur la Tessone, qui vient de Saint-Bonnet & va tomber dans la Loire. 2 foires. St.-Forgeux est Membre de la Baronnie de St.-Germain. Paroisse des mieux réglées du Diocèse par le zèle d'un Curé aussi édifiant qu'instruit, (J. Louis Michon).

À 2 l. ½ de Roanne, 4 de Semur, sur la grand'route de Lyon à la Pacaudiere.

SAINT-GERMAIN-L'ESPINASSE

Par. Patr. le Prieur d'Ambierle, Dioc. de Lyon, Archip. de Roanne, route de la poste de Lyon à Paris par Nevers ; une des 4 Baronnies du Brionnais. Env. 100 f. 500 Com. La Terre de l'Espinasse avec Chât, a été vendue en 1757 par la Comtesse de l'Ostange, du nom de Dumayne du Bourg, petite-fille du Maréchal du Bourg, à Pierre Terrai de Roziere, anc. Proc. Gén. de la Cour des Aides de Paris, ainsi que St.-Forgeux.

L'Espinasse a donné le nom à une maison noble & puissante, par le grand nombre de Seigneuries qu'elle possédait en Brionnais & en Mâconnais : elle s'éteignit à la fin du XVe. sièc. J. de la Guiche épousa Marie de l'Espinasse en 1365. (Voy. Suin en Charolais, art. de Sevignon).

Le Comte de Tavanes, au sortir de Marcigni, poursuivit, en 1589, les Ligueurs, commandés par Varenne-Nagu, Tallemont & Rouvrai, jusqu'à l'Espinasse : n'ayant pu les attirer au combat, il mit le feu au Village dont les maisons étaient couvertes de paille. Les Compagnies de Tallemont & Rouvrai, qui étaient dedans, en sortirent en désordre, & furent prises ou dispersées. Depuis ce temps le Village n'a pu se rétablir.

Le Fief de Chamarande, jadis aux d'Ornaison, est à N. de Vougy ; les Ganchet, Epagni, Bouletieres & autres Hameaux. Pays vign. & en froment. Le Ham. des Ahiauds, dont une portion s'appelle Epagni, est du Lyonnais pour deux maisons imposées à Ambierle. Epagni est tout de Bourgogne. La plus grande partie de S. Germain était autrefois du Roannois. Un acte entre la Duchesse Marie Dame de Semur, & Guy Comte de Forez, est daté de 1223, apud S. Germanum in Roaneis. (V. la Mure), (l)

À 5 l. de Semur, 2 de Roanne.

(1) L'état alphabétique de Bourgogne, gr. in-fol. impr. en 1760, par ordre des États, confond, pag. 178, les deux Paroisses ci-dessus, dont il ne fait qu'une, & à laquelle il attribue Maltaverne qui est de celle de Briennon, Vivant qui est du Diocèse de Clermont ; écrit les Pinasse pour l'Espinasse, Boutelieres pour Bouletieres, &c. J'ai trouvé, à vue des lieux, cent fautes pareilles dans ce livre.

SAINT-GERMAIN-DE-RIVE : V. le Charolais

SAINT-JULIEN-DE-CRAY

Par. Dioc. de Mâcon, à la coll. de l'Év. Archip. de Charlieu, Sgr. Gaspard, Comte de Vichy-Chamron, Maréchal de Camp. La Chapelle de Sellé, voc. Ste. Catherine de Sienne, démolie depuis 27 ans, était autrefois l'Annexe.

Au bas de la montagne est le vieux Château de l'Étang, possédé par l'ancienne Maison de Semur, dont une branche a porté ce nom ; auj. au C. de Vichy, ainsi que la tour Villerez en Lyonnais, restes d'un Chât. & bois ou Boschevenoux, dont un Girard Chevalier était Sgr. en 1295. On voit des vestiges de l'anc. Chât.

La Prévôté d'Yeurgue ou d'Hurgues dép. du Prieuré de Marcigni depuis le XIe. siècle, forme une des 4 Prévôtés de la Châtellenie de Marcigni.

La Seigneurie de Chavanes au Chapitre de Semur, & qu'on se dispose à vendre depuis sa suppression. Fromentelle ou Fromentalet, dont la tour subsistait encore en 1606, au sud de Semur.

Plus. Ham. sont du ressort du Brionn. Tels que le chef-Lieu, Treval, Chuin, Hauteval, Hurgues : ceux du Lyonnais sont Parrigny, Changy, la Brosse, les Molieres, les Crotte & Couroules ; en tout 400 Comm.

Le Bourg est sur une élévation presque au niveau du Cherat. C'est sur cette montagne d'où l'on a une vue très étendue, qu'on a fait des observations pour le méridien de M. Cassini. Le chemin sur cette montagne partage les Dioc. de Mâcon & d'Autun. Le ruisseau de Berry a sa source au pied du Cherat, se jette au dessous du Chât. de Chamron, dans le Supléon qui se perd dans le Sornain près de Charlieu. Autre pet. ruiss. app. la Goutte d'Enfer. 1 moulin, 3 foires, & halles. Vin fort dur. Grenier à Sel de Charlieu, & à 2 l. à 1 de Semur, 11 de Mâcon.

SAINT-MARTIN DE LA VALLÉE

S. Martinus in Valle, Annexe de Semur depuis la fondation du Chapitre en 1274, auparav. Église paroissiale, de la Baronnie de Semur ; Sgr. Engag. Jacq. Nic. Dupuy, dont le père a fait bâtir près de l'Église un Château sur le penchant de la coline, au milieu d'un grand parc.

Le Chât. de la Vallée possédé par Georg. Damas en 1490, est un anc. Fief de la Baronnie de Semur, à J. B. de Molins.

On voit en 1060 des Sgrs. du nom de la Vallée, qui cédèrent à Marcigni les droits dont y jouit encore la Prieure. Au XIVe. s. Jean Celinier en était Seigr. De ses petits-fils il tomba aux Lesdiguières, sur lesquels Just de Molins l'acquit par décret. Le tombeau des anc. Sgrs. est dans la Chapelle de leur nom en l'Église paroissiale.

Rochefort, arrière-fief relevant de la Baronnie de Semur, à Jean-B. Boutier, Avocat : la Fay, anc. Châ. dont il ne subsiste plus qu'une tour ronde, acquis par Philibert Dupuy en 1701. Il était possédé en 1313 par Jean Celinier ; en 1320 par Cl. Lemoine, Châtelain de Semur ; en 1635 par Pierre de la Faye ; en 1697 par Antoine de Paulat.

Dépend. de la Paroisse les Cours, le petit la Fay, les Pions, Vernai, la Cray, dont le coteau produit le meilleur vin de tous ces cantons. Moulin de la Marque. Ruisseau Merdasson. Fontaine dont l'eau tient un peu du minéral, & purge doucement ; mais négligée : elle ne sert qu'à l'irrigation des prés.

À ½ l. de Semur.

SAINT-MARTIN-DU-LAC

Par. Pat. le Prieur d'Anzi, de la Baronnie de Semur ; la Prieure de Marcigni décimatrice pour moitié depuis 1096, qu'elle lui fut donnée par Dalmace de Semur, Sgr. de Champseau, à son départ pour la Palestine : l'autre moitié est au Prieur d'Anzi & au Curé ; celui-ci a été maintenu dans le droit de percevoir celle des novales, contre la Prieure, par Arrêt du Parlement en 1761 : Ildin de Glaine céda à celle-ci tout ce qu'il possédait au Lac en 1116, en considération de son épouse qui avait pris le voile à Marcigni.

Le Château de Champseau, de Campo celato, à Jacq. Bénigne Quarré de Verneuil, du chef de son épouse Catherine de Molins. J. de Chandon, Seigr. en 1530 ; Marguerite Damas sa veuve, en 1564 ; Blaise de Patural en 1625 ; Charles Dupuy l'acquit en 1663, & ses héritiers l'ont vendu en 1698. Ce Château fut pris & ruiné pendant la ligue, ainsi que ceux de la Garde, de Glaine & du Maupas, dont il ne reste plus de traces : celui de Champseau a été rétabli. Il fut investi par la Nocle-Beauvais en 1594, avec 500 hommes. Il était défendu par la Rivière, Portugais : battu de deux pièces d'artillerie, il fut pris & ruiné. Thianges, quatre mois avant, s'en était saisi, & l'avait fait réparer.

La Garde est Fief sans Justice (ainsi que Glaine & Beauvoir), à Cl. Nic. de Molins, Prieur de Châteauneuf.

50 f. 300 Comm. avec les dépend. Borel-Champ en partie, les Chabots, les Bayons, les Corvées, les Charieres, Champseau, les Journalières, la Garde : Rejus arrière-Fief de la Baronnie de Semur.

Le vin du lieu passe pour bon dans le pays. Le nom de Lac fut donné à cette Paroisse à cause de l'abondance des eaux qui descendent de la colline, ou qui y séjournent après les inondations de la Loire.

À 1 l. de Semur, 5 de Charolles.

SAINT-YAN

Par. voc. St. Oyan, S. Eugendius, IVe. Abbé de Condat, depuis S. Claude ; Patron le Commandeur de Beugnai, à cause du Membre du Boulay, Paroisse de la Motte-Saint-Jean ; Sgr. Jacques-Just du Bessey de Contenson, qui a succédé aux Varennes de Nagu, Busseul, Foudras de Château-Tiers.

Chapelle de St. Léger, autr. située à St. Yan, donnée avec ses revenus au Prieuré de Parai, par Guigues, Sgr. de Varennes-Reuillon au XIIe. s.

Par transaction de 1528 entre le Curé qui était en même temps Chantre de Verneuil en Bourbonnais, & ses Paroissiens, « il doit une Messe en l'honneur de Monsieur S. Sébastien, pour un boisseau de seigle, ou 4 blans (6 liards) ; une Messe basse qui sera campétée à 3 coups ; une Messe le Lundi, la procession & l'eau bénite. Pour bénédiction du mariage aura 18 blans & 13 den. à la porte de l'Église, 3 s. pour son plat, ou un gros avec la dînée. Chaque femme doit une fusée de fil, & chaque Communiant un niquet pour les pardons ; aura 3 gr. pour l'Extrême-Onction, & fournira 13 chandoiles de cire, selon l'usage. »

60 f. 260 Comm. 20 Domaines en dépendent, ainsi que Puthieres où fut surpris le Comte d'Amanzé Royaliste, au sortir d'Anzy, par les Ligueurs qui battirent sa troupe en 1569. La Brosse, uni, ainsi que Puthieres, à Selorre où l'on voit un beau Château couvert en ardoises, à Guillaume Baudinot de Chateauvert en 1563 ; à Isaac Baudinot en 1642 ; à Palamede Baudinot, Conseiller au Parlement en 1675 ; ensuite à J. Lenet son beau-frère, fils de ce Conseiller Lenet de qui Mde. de Sévigné disait qu'il avait de l'esprit comme douze, & fort attaché, durant la fronde, au Grand Condé : on voit le portrait de ce Prince dans une chambre où il devait loger, appellée la chambre du Prince.

Terre vendue par Philibert Verchere, Marquis d'Arcelot, Prés. au Parlement, à Jos. de Monteynard, grand Sénéchal de Nîmes & de Beaucaire, en 1777. Chapelle au Château, fondée par Palamede Baudinot : autre proche l'anc. Castel de Puthieres. La dîme est partagée entre le Seignr. de Selorre, le Curé & les Sociétaires de Parai.

Villars & la Forge mouvant de Parai ; Reffy sur les bords de la Loire, de la Directe d'Anglure & de la Justice de la Châtellenie de Semur. La Brosse, Puthieres & Selorre sont du Bailliage de Mâcon.

Saint-Yan, en partie sur une éminence, est entouré de bois des deux côtés ; l'Arconce coule au bas ; on la passe sur un bac en attendant un pont, au port de Verrière de 5 f. Il prend son nom de la Prévôté de Verrière, Membre du Doyenné de Parai, & dont la Justice couvre plusieurs feux à Saint-Yan. Le bac ou port est tenu par entrage du Baron de Semur.

On bâtit à Saint-Yan en pisay. Tuilerie. Terrein sablonneux. Seigle. Mesure & Grenier à Sel de Parai

À 1 l. ¼, 1 ½ de Digoin, 2 ½ de Marcigni, 14 d'Autun.

SAINTE-FOY

Sancta Fides, très petite Paroisse voc. Sainte-Foy (6 Octobre), Patr. la Prieure de Marcigni ; Sgr. Marc-Jean de Tenay, Marquis de St. Christophe, à cause de Noyers ; jadis à Girard de la Guiche par acquisition faite au XVe. s. sur J. de Digoine : ce Girard tenait Sainte-Foy de son aïeule N. de Poquiere. Il fut Gouvern. de Savone sous Charles VIII, marié à Anne de Jaucourt de Villarnoux, & inhumé à Martigni-le-Comte.

La Prévôté d'Hurgues s'étend sur cette Paroisse située dans les bois, qui n'a que 14 maisons & 45 Comm. Le Prieuré de Marcigni avait en 1120 une Celle à Sainte-Foy. L'Abb. de la Bénissons-Dieu qui a succédé aux droits des Moines de Conde, à qui J. d'Essertines donna en 1274 une portion de dîme à Sainte-Foy, a cédé cette dîme au Curé pour sa portion congrue.

À 1 l.½ de Marcigni, 3/4 de Semur.

SARRI OU SARRIE

Sarvium, Sarreium, P. V. S. Georges, autr. St. Médard ; Patre. la Prieure de Marcigni ; Sgr. Franç. Benoît de l'Aubespin, de la Maison de Ste. Colombe en Forez, anc. Chef de Brigade dans la Maison du Roi. Cette Terre a été possédée par les Busseul, les Barons de Semur, les l'Espinasse. Le Château est anc. & paroît avoir été fortifié.

Chapelle de la Vierge à Chessye ou Chessy, qui a été Succursale ; autre de Ste. Anne au Hameau de Gregaine. Boisset, Fief en toute Justice au Prieur d'Anzi, dont relève le Fief de Magni. 14 f. au Chef-Lieu, 200 Comm. compris les dépend. le Prôt, Boisset, le Magni, Eryen, le Pillau, Gregaine de 8 f. Fleury, le Cray, Chessy, Prévôté à la Prieure de Marcigny. Vin très commun. Pays découvert, bien cultivé. La plus belle & la meilleure prairie de la Province sur la Blaine, où l'on embouche 125 boeufs, au Sgr.

À 1 l. de Semur, 1 ¼ de Marcigni, 1 d'Anzi, 16 d'Autun.

TRONCHY : V. YGUERANDE

VARENNE-REUILLON

Par. voc. la Vierge (8 Septembre), à la collat. de l'Év. d'Autun ; Sgr. actuel, Jacq. Just du Bessey de Contenson, Officier au Régiment de Royal-Pologne, Cavalerie.

120 Comm. avec les dépend. Port de Bécheron ou Bucheron sur la Loire, moulin de Gondras, Pont-à-Mailly : ce dernier est une Baronnie composée de Varenne, Saint-Germain-de-Rive, Saint-Yan, la Beugnerie, la Motte-Reuillon & Cordai.

Sa Justice s'étend sur partie de la Paroisse de Chassenard. Cette Baronnie est du ressort, pour la majeure partie, de Semur, & pour autre, de Charolles.

Son nom vient d'un pont construit sur l'Arconce, par Dame Alix de Gondras, il y a 3 siècles, appellé alors Pont de Dame Alix, & par contraction Pont-à-Mailly. Le Sgr. a son Chât. à Gondras, possédé jadis par les Gondras, d'une branche de la noble Maison de la Rochefoucault. Philibert de Gondras, Sénéchal de la haute Marche du Bourbonnais, épousa Marge. de la Guiche en 1581 ; Cl. son fils s'allia avec Ante. de Rochebaron, petite-fille du Maréchal d'Aumont, en 1618 ; ensuite par les Busseul, les d'Esserpens, les Foudras de Château-Tiers.

La Terre de la Motte-Reuillon, dont on voit les débris du Château, a été aux Varennes de Nagu. Philippe le Bon, par ses Lettres de 1441, confirme à Guyot de Nagu la haute-Justice sur la Paroisse de Varenne-Reuillon, dont lui & ses prédécesseurs avaient joui de toute ancienneté : cette Terre passa en 1539 à Gilbert d'Esserpens, Chevalier de l'Ordre, Gouverneur de Mâcon. On écrit rival des Serpens ; car Iserpens, jadis Yssarpens, est un Château ruiné en Bourbonnais, Châtell. de Billy, possédé par une Maison noble de ce nom. Aimon d'Esserpens en reprit de Fief en 1269 au Duc de Bourbon ; Philibert fut fait Chevalier de l'Écu d'Or à Moulins par Louis, Duc du Bourbonnais, en 1365 ; Antoinette épousa, en 1454, Antoine de Foudras, Sgr. de Courcenai.

La Terre de la Beugnerie, en la Paroisse de Chassenard, fut vendue par Cl. Chitin, en 1547, à Louis de Vichy, & acquise en 1547 par Cl. d'Esserpens, qui la réunit à la Motte-Reuillon : ces deux Terres passèrent aux Busseul, par le mariage de Catherine d'Esserpens avec Henri-François de Busseul, en 1620.

Celui-ci les vendit, en 1638, à Anne de Foudras, Comtesse de Château-Tiers, De. d'Atour de la Duchesse d'Orléans. Roland de Foudras Sgr. de Matour, son héritier, acquit, en 1696, la Terre de Corday, Paroisse de Saint-Yan, du Chapitre d'Autun, qui la tenait par échange, en 1530, de Jeanne de Saint-Palais, veuve de Franç. Damas de Digoine, à qui il céda en contre-échange la Terre de Monceau-Lès-Digoine.

Ces 3 Terres ont été vendues, en 1771, par Alexandre de Lezay, Comte de Luzignan, & Alexandrine de Foudras, veuve de Franç. de Luzignan, à Nic. Genet du Bessey, Sgr. de Contenson en Forez, frère de Jean-Guy du Bessey, Doyen de Montbrison, & de Jean-Marie, Chevr. de S. Louis, Lieut. Colonel des Vaisseaux du Roi.

Seigle, peu de froment, chanvre, millet, vin commun, & des bois. Quelques prés de bonne nature. 2 moulins sur l'Arconce. Huilerie. Tuilerie récemment construite, qu'on peut regarder comme une des plus belles du Brionnais, & où la manipulation pour le broiement des terres & la fabrique des tuiles, est simplifiée de manière que six hommes font plus que n'en pourraient faire 12 ailleurs.

Le gibier, tant de terre que d'eau, y est abondant, & les rivières poissonneuses. On y prend le saumon, l'alote, la lamproie, la plye, &c. Un Arrêt du Conseil du ler Août 1775, revêtu de Lett. pat., confirme au Sgr. ses droits de pêche & de barrage sur la Loire, depuis le pont de Giverdon à la Goutte.

On vient de découvrir une mine de fer, dont les essais faits par des Chymistes ont été trouvés de la Ire. qualité. La castine y est commune. Le dernier Sgr. a trouvé deux carrières ; l'une de grais, qui sera une richesse pour le pays où la pierre est très rare, & qu'on exploite actuellement ; l'autre de pierre calcaire ; qui donné de la chaux excellente. L'Église qui a été réparée & ornée d'Autels en pierre polie & de rétables en marqueterie, doit ces décorations aux libéralités du Seigneur & du Curé actuel ; elle est placée, ainsi que le Presbytère, sur une hauteur d'où l'on jouit d'une vue très variée & très étendue.

À 1 l. de Parai & du Grenier à Sel, 2 de Marcigni, 3 de Charolles, 12 d'Autun.

VINDECY

Par. V. S. Martin, Patr. le Prieur d'Anzi, de la Seignerie d'Arci ; le Curé Décim. pour une grande partie, le Seigr. & la Prieure de Marcigni pour le reste. La maison appellée la Motte Noble, est un Fief en simple Directe avec un terrier de 1568. Ce Chastel fut ruiné du temps de la Ligue, & en 1629 rétabli plus bas au milieu de larges fossés, que le Curé actuel a fait dessécher & combler en grande partie, pour y faire un vaste jardin. Charles Aliboust, depuis Évêque d'Autun ; Hugues son neveu, Grand-Chantre de la Cathédrale ; Charles Pigenat, aussi Grand-Chantre, ont été Curés de Vindecy. Il y avait alors 4 Mépartistes, fondés par les anciens Sgrs. à 20 1. chacun. Étienne Duval, l'un d'eux, prend, en 1568, le titre de co-Chanoine avec le Curé. Mic. l'Archer d'Arci, anc. Maître des Requêtes, père du Seignr. actuel, a été inhumé, en 1772, dans la Chapelle seigne. où reposent plus. anc. Sgrs.

53 f. 230 Comm. compris 4 Ham. Arci, les Chambons, la Villeneuve, Fourneau, dont partie est en Charolais. Pierre de Semur, Sire d'Arci, acquit en 1387 la Terre de Fourneau mouvant du Duc à cause du Comté de Charolais : n'ayant pas fait l'hommage, elle fut saisie, & ne fut remise qu'en 1399, à cause des services rendus au Duc par Pierre qui était son Chambellan.

2 étangs ; celui de Diou, d'où sort le ruisseau, app. la Senne ou Arsenne, est empoissonné de 10 à 12 milliers : il y tombe des oiseaux de passage, tels que canards, oies sauvages, même des cignes : beaucoup de pluviers & de vanaux le long de la Loire, qui est à peu de distance de la Cure. 6 foires presqu'aussitôt oubliées qu'établies. From. seigle. Pays en plaine. Grand chemin de Marcigni à Parai. Arci mérite un article particulier.

ARCI, Arceium, Arsetum, anç. forteresse souvent attaquée & prise du temps de la ligue. Després y commandait au nom du Duc de Mayenne : il se rendit sur les instances de son frère Royaliste, quand Marcigni se soumit au Roi. La reddition de cette place entraîna, en 1594, celle de Parai qu'elle couvrait.

Ce Château fut longtemps possédé par une branche des Barons de Semur. Pierre en était Seignr. en 1350 ; son fils Pierre II épousa, en 1390, Béatrix de Rochebaron, d'une anc. noblesse du Forez, qui a donné un Évêque de Mâcon en 1144, Cette Terre sortit des mains de leurs enfans. Louis de Lavieu, Sgr. de Poncins, l'était aussi d'Arci en 1420. Claude, fille de Jean Leviste, la porta en dot à Geoffroy de Balzac en 1503, & à son 2d. mari J. de Chabanes, frère du Maréchal de la Palice, en 1516. On voit en la Chapelle seigne. de Vindecy, rétablie sous Geoffroy de Balzac, ses armes & celles des anc. Sgrs. On ne sait comment Arci passa à Tristan l'Hermite, depuis à Paul de Guillard, pet. tyran, qui faisait de la fausse monnoie durant la Ligue ; à N. de Valadoux, de qui N. l'Archer l'acquit en 1712.

On voit dans la grand'salle le tableau original de Cl. l'Archer, Conseiller de Grand-Chambre, que les 16 de Paris firent pendre avec Brisson & Tardif en 1591. On lit au dessus :

Pro Regc & Patria morte probata fides.

Voltaire a immortalisé ces 3 Magistrats, dans sa Henr. ch. IV.

Brisson, l'Archer, Tardif, honorables victimes,
Vous n'êtes point flétris par ce honteux trépas :
Mânes trop généreux vous n'en rougissez pas.
Vos noms toujours fameux vivront dans la mémoire ;
Et qui meurt pour son Roi, meurt toujours avec gloire.

À côté sont 4 portraits de ses descendans, entr'autres celui de Michel l'Archer, Conseiller d'État, Prés. en la Chamb. des C. de Paris, en 1616, Le père du Sgr. actuel (Mic. Franç. Louis l'Archer) a rebâti au sud, en 1767, un beau Chât, que la mort l'a empêché de finir.

Chap. castrale sous le voc. de S. Georges, avec un terrier assez étendu, mais sans titulaire. Le Prés. l'Archer en avait fondé une autre, à charge par le Chapelain d'instruire les enfans de la Paroisse : la fondation n'a pas été exécutée.

Cette anc. Baronnie fut érigée en Marquisat au der. s. ; mais les Lettres d'érection ne paraissent pas avoir été enregistrées. Les Fiefs qui en relèvent, sont Avrilli, les bois Claslier, les Bonant, Clavegris, Chateauvert, Arci, Chambons, Tours, Villeneuve.

À 1 l. ½ de Marcigni, 2 de Semur, 3 de Parai.

VIVANT

Par. voc. S. Fiacre, Pat. le Prieur d'Ambierle, Dioc. de Clermont, Arch. dYserpente ; Sgr. N. Hue de la Curée, Lieut. Gén. Hon. de Roanne. Cette Paroisse située dans les bois, partie en Forez, du Baillage de Montbrison, Rec. de Roanne, & partie en Bourgogne pour 19 f. Rec. de Semur. Env. 200 Com. avec les dép. Gandeloup, Chervins, Borde, Gersaud, la Pierre, les Bards, les Gastay. Louis de St.-Georges, Sgr. en 1530, Lieut. de Roi en Bourbonnais : un de ses ancêtres, Olivier de St.Georges, fut tué à la bataille de Poitiers en 1356.

Vivant est entre la Pacaudière, Chenay, le bois l'Espinasse & Melay.

À 4 1. de Semur, 2 ½ de Marcigni.

YGUERANDE OU AIGUERANDE

Ou, comme on prononce sur les lieux, Ygrande, Grandis Aqua, Iguerenda, dernière Paroisse du Baill. de Semur, qui n'y prend que les Ham. dépend. du Fief de Tronchy ; c'est aussi la Ire. qui commence le ressort du Lyonnais : voc. S. André, Dioc. de Mâcon ; Pat. la Prieure de Marcigni, Dame du clocher depuis l'échange que S. Hugues en fit contre la Seigneurie de Berzé-la-Ville, donnée à la Prieure par des Des. de Berzé, Religieuses à Marcigni, en 1088. L'Église, sur la hauteur, est un beau vaisseau à 3 nefs voûtées ; jadis aux Bénédictins dont on voit les stalles. Sur la montagne est la Chapelle de S. Marcel, qu'on croit avoir été l'Église Paroissiale. Autre Chapelle à Chassereux, Fief de peu d'étendue, à Catherine de Brosse.

Au bas du Village situé sur une éminence, est le Chât. où étaient autref. les Moines, & qu'on appelle encore le Prieuré : sur la hauteur était le Chât. de Tronchy, détruit ; à N. Chapuy de la Salle, Sgr. de Nervieux en Forez. Tronchy, anc. Chât. ruiné au XVe. s. & qui avait alors 58 Justiciables, est un démembrement de la Baronnie de Semur, fait en 1379, par Édouard de Beaujeu, au profit de J. de la Garde ; le terrier fut renouvellé en 1493 : Henri de la Garde en reprit de Fief en 1539. Tronchy passa aux Montmorillon. Cl. Saladin de Montm. Sgr. d'Essaulée en Charolais, le vendit, en 1639, à René de Patural, dont les descendans l'ont eu jusqu'en 1703. Briale était une dép. de l'ancien Tronchy. Chât. de Chery.

CHARENCY

Carintiacum, fut donné à Marcigni par Geoffroy de Semur, lorsqu'il se retira à Cluni au XIe. s. On voit un Renaud de Charenci en 1399 ; ce Fief était à Pierre de Luzy du Palais en 1433, & réuni depuis ce temps à la Sge. du Palais. Les Sgrs. de Charenci ont leur tombe en la Chapelle de la Vierge, fondée par eux en l'Église paroissiale. La Huchette, franc-aleu noble, a passé de Mence de Rongefer à Jos. Captier.

Ces différentes parties occupent le haut de la Paroisse. le bas est divisé par la Loire, sur laquelle est le port dépendant du Chery. Sur la gauche est un canton où se tire la pierre à chaux. Un 5e. Fief app. Deschamps, cédé, au XIe. s. au Prieuré de Marcigni, par un Noble dont la fille se fit Religieuse : ce Fief aliéné à N. Donguy d'Origni, dans le der. s. fut vendu à Philibert Dupuy des Falcons ; auj. à Jacq. Nic. Dupuy de Semur. Le Curé J . Girard lègue, dans le XIIIe. s. au Prieuré de Marcigni, son héritage situé près le pont sur la Loire, dont il ne reste aucune trace. Noël Dinet, autre Curé, a laissé aux pauvres de sa Paroisse un vigneronage (domaine en vigne) en 1748. Une Dame Patural a fondé un lit à l'Hôpital de Charlieu (de 5000 l.) pour les pauvres d'Yguerande, en 1759.

La Justice de Tronchy s'étend sur près du tiers de la Paroisse ; les deux autres sont sous la jurisdiction du Bailli de Marcigni, Prévot d'Yguerande, au ressort de la Sénéchaussée de Lyon pour les plaids, & dans l'Élection de Roanne pour les impositions.

Le Ham. de la Baisse-des-Burdins est partie Lyonnais, partie Bourgogne. La H. Justice est au Sgr. de S. Pierre-le-Noaille, au Fief de Tronchy & à la Prieure de Marcigni, chacun dans le canton qu'il couvre par ses terriers.

Les autres Ham. ou Dom. sont la Forêt, la Val, le Perray, Montmorin, la Fay, grande Varenne, les Pescelles & les Brieres ; ces 4 derniers sont Lyonnais ; la H. Justice en appartient au Sgr. de la tour de Villeret : Champortail, à présent les Brouillards, de la Justice du Palais, ainsi que la Rivoniere qui plaident en Lyonnais ; 2 maisons seulement sont en Bourgogne. Env. 730 Comm.

Le terroir du haut de la Paroisse est trop sec & trop argilleux ; celui du plat pays meilleur, mais souvent inondé par la Loire. Bon seigle. Côteaux de vignes, dont le Monguillard est le plus estimé.

À 1 l. ¼ de Marcigni, 12 de Semur.

PAROISSES MÂCONNAISES

Dans la Recette & Subdélégation de Semur en Brionnais ; presque toutes du Diocèse d'Autun, & de l'Archiprêtré du Bois-Sainte-Marie : on indiquera les autres Diocèses & Archiprêtres. Le Grenier à Sel de la Claytte ou de Charlieu est en litige.

AMANZÉ

Amanziacum, Amanzaeum, P. V. S. Pierre ès Liens, à la coll. de l'Év. d'Autun, Arch. de Semur, Sgr. le Marquis de la Queuille, dont le Château près de l'Église a le titre de Vicomte depuis 1617. Il a donné le nom à une anc. Maison noble, illustre par ses alliances & ses emplois. Le cimier dans les armes était un phénix, avec cette devise : non est mortale quod opto. P. d'Hosier a publié la généalogie des Amanzé : Palliot la réimprimée in-fol. avec les preuves, Dijon, 1659. Mais ils n'ont commencé qu'à Pi. d'Amanzé en 1268, tandis que par des titres conservés à Cluni, on remonte à Roger d'Amanzé, vivant en 1050, Officier du Roi Philippe I, père de Guichard qui eut Rodolphe, épouse d'Adeline de Brancion, d'où vint Hugues, père de Pierre : Hugues II, mari d'Alix de Vergy, fut père de Pierre II, qui épousa Isabeau de Dyo.

Jean de Villon, fils d'Alix d'Amanzé, fait en 1265 hommage au Duc Hugues IV pour sa maison d'Amanzé & ce qu'il posséde en cette Paroisse, à la réserve du cimetière & de la portion de dîme qu'il tient de l'Évêque d'Autun (voy. Perard, pag. 507), & pour Villon, de la Châtellenie de Châteauneuf en Mâconnais, dont le Chât. est ruiné sur le haut de la montagne : on a rebâti au bas. Athalie de Villon, femme de Geoffroy, d'Essertines, se fit Religieuse à Marcigni en 1090. Antoinette de Villon porta en dot à Jean d'Amanzé les Terres de Prizy, Champagni & Chaufaille en 1415.

Jacques d'Amanzé fut tué sous les yeux du Roi, à la bataille de Pavie ; Guillaume à celle de Renti, Jean à celle de S. Quentin. Leur Terre porta le titre de Baronnie jusqu'à Jean IV, père de 21 enfans, pour lequel elle fut érigée en Vicomté en 1617, & depuis en Comté. La branche aînée est éteinte par la mort de Louis d'Amanzé sans enfans mâles, en 1706. Sa fille aînée, Marie-Jos. a porté ses Terres à Anne-Gilbert de la Queuille de Châteaugay, chargé du nom & des armes d'Amanzé, aïeul du Sgr. actuel, Colonel du Régiment de Bresse, Brigadier des Armées du Roi. La Ier. fois que ce Sgr. est venu en son Château, après son mariage avec N. d'Escorailles, il a cédé tous les cens & redevances dus par ses censitaires, & s'est fait chérir de ses Vassaux par sa bienfaisance. Il sort d'une anc. Maison d'Auvergne, où elle a donné, en 1563, un Commandant & un Sénéchal en Jean de la Queuille. Châteaugay, entre Riom & Clermont entra dans sa maison par le mariage de Jac. de la Queuille, grand Chambellan du Duc de Bourbon, & Capitaine des Gendarmes, avec Louise de Guyac, De. de Chateaugay, fille de Pierre, Chambellan de Charles VII.

C'est ici le lieu de réparer une omission du Ier volume dans la liste des Lieutenants du Roi en Bourgogne ; Gaspard d'Amanzé, comte d'Escaert, Chevalier d'honneur du Parlement, élu de la Noblesse aux États de la Province en 1653, en fut commandant dep. 1656 à 1679. Louis, Comte d'Amanzé, son fils, fut son successeur en cette Place depuis 1679 à 1705. Anne-Gilbert de la Queuille, son gendre, lui succéda en 1705 à 1721.

Anc. Chât. couvert d'ardoise, avec un petit arsenal où sont de vieilles armes, 400 escopettes ou fusils à mêche, quelques petites pièces de canon, une caisse d'airain grosse comme un tonneau, couverte de peau aux 2 bouts, casques, cuirasses, &c. Vaste gallerie ornée de tableaux des Romains, des Rois de France, & des Princes de la Maison de Bourbon. Parc consid. entouré de murs : grand jardin avec une belle orangerie bien entretenue, & des vieux myrtes donnés par le Duc d'Épernon.

Les dépend. du Comté sont Amanzé, Prizy, Saint-Ambreuil & Tolcy : celles de la Paroisse de 350 Comm. sont la Vallée, les Croz-de-Vaux, la Camige, les Thevenin, Previgny, le Rocher, la Place, la Varenne en partie, l'autre de la Paroisse d'Oyé. Chapelle de S. Jean dans les vignes de Breuil : restes d'une anc. Léproserie dans le pré de l'Hopital, qu'on croit avoir été Annexe. On trouve encore plus. Tombes au tour de la Chapelle : ce lieu s'appellait l'Hopital de Beaurepaire. Françoise Litaud, veuve de Louis des Roches, y fit une donation en 1639 ; les revenus en ont été transférés à celui de Parai, par l'Abbé Joseph d'Amanzé en 1719. Marie de Falconis, Dame d'Amanzé & de Prizy, relicte de Louis d'Amanzé, laissa une rente de 25 liv. pour l'entretien de la lampe de l'Église, & autant à celle de Prizy en 1710 ; plus, 60 l. de rente pour les pauvres d'Amanzé, 30 l. pour ceux de Saint-Ambreu (Ambreuil), & 60 l. pour ceux de Prizy : j'en ai vu l'acte.

Bon terroir, excellent pâturage, pays à moitié vignoble : étang de Fontbrelon.

À 3 l. de Semur, 10 de Mâcon, 1 ¼ de la Claytte.

BOIS-SAINTE-MARIE, Bourg

Sancta Maria de Bosco : son nom annonce qu'il était autref. dans les bois ; il n'y en a plus auj. Par. voc. la Vierge (8 7re), Pat. l'Abbé de Cluni ; Archip. de 23 Paroisses, Dioc. d'Autun, Châtell. Royale du ressort de Mâcon, possédée à titre d'engagement par Gilbert, Marquis de Drée, & auj. par son fils, comme propriétaire par échange avec le Roi. Elle s'étendait jadis sur 32 Villages, dont la plus grande partie a été aliénée. Elle comprend encore Montmelard, Colombier en partie, Dompierre-Audour, la Farge en Beaujolais & Dun-le-Roi, ainsi que Vareilles & Gibles en partie.

Jacq. Alacoque, frère de la pieuse Marie-Marguerite, en était Curé en 1680. Anne de la Forêt, relicte de Phil. de la Souche, Écuyer, a laissé 12 mes. de bled aux veuves de la Paroisse en 1753. 4 mes. ont été fondées de même par Marcelline de Montmessin, affectées sur le domaine Simoland, Paroisse de Colombier, il y a 130 ans.

Belle Église à 3 nefs. Chapelle de Se. Barbe très propre, fondée par Henri Barthelot, Juge de la Châtellenie, en 1608. Celle de S. Nicol. fondée par Marotte Leduc, femme de Barthelemi de Pyremont, en 1437 : c'est elle qui donna la Terre d'Ecusse, Paroisse d'Ozole, à Cluni. Ruines d'un anc. Prieuré de Bénéd. à mi-côte, appellé, dans de vieux titres, Abbatiola.

Syndic perpétuel qui a la Police. Bourg muré, jadis à 3 portes (plus qu'une), & considérable, puisque les Comtes de Mâcon y venaient souvent, tenaient des Officiers pour rendre la Justice, & y faisaient battre monnoie. Guichard de Germoles, Évêque de Mâcon, obtint que son Chapitre leverait 1 d. sur chaque livre de monnaie fabriquée au Bois-Sainte-Marie, en 1265. Il y avait aussi un Grenier à Sel qui a été transféré à la Claytte. Depuis ce temps, les marchés ont cessé. On est actuellement en procès pour l'objet du Sel avec les États du Mâconnais.

Les Armagnacs s'étant emparés de cette place en 1420, y causèrent beaucoup de dommages ; elle en essuya d'autres du temps des guerres civiles, ayant été prise & brûlée par les Calvinistes en 1567, & le Prieuré ruiné. 6 familles nobles sont sorties de ce lieu, réduit à 150 Com. avec 6 foires. Il est étonnant qu'un ancien Bourg, décoré d'un Hôtel des Monnoies, d'une Châtell. Royale, d'un Prieuré, d'un Grenier à Sel, d'une Mairie, soit tombé dans un tel dépérissement, sans voie publique ni commerce. Nul Hameau dépendant, sinon 2 maisons à l'écart, l'une dans le Village de Mathoud, l'autre, app. des Blancs, altern. avec Colombier.

Ce Bourg est bien déchu de l'état où il était en 1312, lorsque le Roi Philippe le Bel en fit l'échange pour la Jurisdiction temporelle de Lyon avec l'Archevêque.

François Ier, donna la jouissance de cette Terre à Marc de Chantemerle, vaill. Capit. depuis Gouvern. de l'Auxerrois ; elle a passé ensuite aux La Magdelaine, aux Lesdiguières, à la Princesse d'Armagnac, au Marquis de Drée.

On y recueille du seigle, sarrasin, des pommes de terre : pays sec, maigre, sablonneux.

À 5 l. de Semur, 2 ½ de Charolles, 8 de Mâcon, 15 d'Autun

BODEMONT, ancienn. BOSDEMONT

Boscus de Monte, Par. près de la Claytte, oubliée dans Garreau & Expilli ; voc. St. Sulpice, Dioc. de Mâcon, à la collat. du Commandeur de Mâcon, Décimat. avec le Curé. Le Marquis de Drée, Sgr. du clocher. Grosse tour quarrée à l'entrée du bois, restes d'un anc. Chât. dont relevait Chassigni, & qui appartenait au Duc de Lesdiguières en 1640, depuis à la Princesse d'Armagnac, maint. au Sgr. Ce Chât. s'appellait la Farge, dont était Seigr. en 1387 J. de Morchamp. Alix Bataille, Damoiseau, qui vendit à Girard de Sissey des fonds à Saint-Gilles, qu'il tenait de feu J. Bataille, Chevalier, donna son dénombrement en 1405 de ce qu'il possédait en Fief dans la Paroisse de Blanzy, au Duc, à cause de son Chât. de Montcenis.

Chemin détestable, surtout en hiver. 40 f. 150 Comm. Les dépend. sont la Boudure, altern. avec St. Laurent, Merloux, Beluzes, les Crottes, Gothard & Fay, entre Curbigni, Vareille & la Claytte.

À 3 l. de Semur, ½ de la Claytte, 8 de Mâcon.

LA BAZOLE

Terre avec beau Chât. érigée en Marquisat depuis 1768, sous le nom de Drée, dans la Paroisse de Curbigni : (V. ce Village ci-après). Vaste étang de la Bazole avec moulin.

CHAMBILLI

Camboliacum, Cambiliacum, Paroisse régie par le Droit Écrit ; Voc. St. Didier, cependant on y fait la fête de S. Denis ; Patr. la Prieure de Marcigni, Dame & Décim. depuis 1090 ; Dioc. d'Autun, Archip. de Pierrefite. C'est une anc. Châtell. sous la Jurisdiction du Bailli de Marcigni, qui va tous les ans tenir ses assises, le 12 Août, sur le port de la Loire.

Le Ham. des Cotteaux & quelques maisons près de la rivière de Bourg-le-Comte, répondent au Juge des Basses-Marches du Bourbonnais, quoique de la Paroisse de Chambilli, dont la situation est charmante, sur la rive gauche de la Loire.

Ce voisinage lui procure bien des commodités pour le commerce & le travail des Charpentiers ; mais cet avantage lui coûte cher par les désordres que ce fleuve, si rapide dans ses inondations, trop inconstant dans son cours, cause presque tous les ans sur ses rivages. S'il continue sans reprendre son anc. lit, il achèvera la ruine du Bourg, & emportera l'Église avec le cimetière.

Chambilli était jadis un apanage des puînés de la Maison de Semur : Froilan en était Sgr. vers 1030. Cette Terre fut donnée en 1090 au Prieuré de Marcigni, en vertu d'un entrage fort ancien.

Fief de Montcoulon ou Montcolon, dont le terrier fut renouvellé en 1538 par Didier Bailli de la Charnaye, en 1543 par Humbert de la Roziere, & en 1598 par Jacqueline de Chaugy. Gaspard Lourdin de Saligni, Sgr. en 1629, du chef de sa femme Françoise de la Guiche. De Philib. Dupuy de Falcons il a passé à J. Franç. Cudel, Chevr. de St. Louis, Capit. au Rég. de Penthievre.

Champvigni, sur le penchant de la colline, au bout d'un grand vignoble, est dans une situation plus belle & plus saine. Celle des Cotteaux, au sommet de la colline, a l'aspect plus varié sur le cours de la Loire. La forêt de Narbau, de haute futaie, termine au sud la Paroisse qui a 60 f. Les Habitans du Bourg sont presque tous Charpentiers en bateaux ; ceux des Hameaux, Laboureurs ou Vignerons. 1 quart de froment, le reste de seigle ; chanvre; bled noir. Vin médiocre. Plusieurs étangs. Bois. Les autres Hameaux sont Montgrailloux, le Lac, les Cotteaux, les Diens. 200 Comm.

À 1 l. de Semur, 13 de Mâcon, 17 d'Autun.

COLOMBIER

Columbaria, Columberium, Par. voc. S. Hypolite ; Pat. l'Abbé de Cluni ; Sgr. P. Emman. du Mirat du Coté : une petite partie dépend du Comté de la Claytte.

Anc. Hermitage du Bois-Dieu, du nom de la forêt où il est situé, détruit depuis 80 ans. Philib. de la Forêt avait fondé en la Chap. de N. D. de la Paix 18 Messes, & une aumône de 12 boisseaux de seigle le Jeudi Saint, pour 24 veuves.

La Chap. de Ste. Catherine de Breschard est du Pat. du Chap. d'Aigueperse. Valetine, Fief relevant de la Claytte, ci-devant aux Naturel-Valetine, auj. à N. Guyon, Prévôt de la Maréchaussée de Charolles. Les Blancs, Fief à N. Chevalier ; à Cl. de la Forêt en 1650.

380 Comm. avec les dépend. la Tuilerie, les Leurres, Valetine, la Marthiere, la Nauge, les Blancs, les Mathoud, &c. Entre Colombier & Ozole était le Prieuré de la Barbarandiere. On voit encore les murs de l'Église & un chœur fermé. Il dép. du Prieur de Viage en Auvergne.

À 4 l. de Semur, 8 de Mâcon, 15 d'Autun.

CURBIGNI

Curbiniacum, Par. Voc. S. Pierre ès Liens ; Pat. l'Abbé de Cluni ; le Marquis de Drée & Cl. Alexis Noblet de la Claytte, Cosgrs.

La Bazole fort beau Chât. bâti en partie par le Duc de Lesdiguières, & fini par Gilbert de Drée, qui l'a fait ériger en Marquisat sous le nom de Drée, en 1769. Ce Château a longtemps appartenu aux Damas : Édouard Damas, mort sans enfans au service du Roi, laissa en 1520 cette Terre à Anne sa sœur, femme de N. de Belarbre, qui la lui fit vendre à Girard de la Magdelaine de Ragni, Bailli d'Auxois ; des descendans duquel elle passa aux Lesdiguières, & en 1710 à la Princesse d'Armagnac de Lorraine, qui la vendit en 1748 à Gilbert de Drée, Sgr. de Verprez, héritier du Comte de Damas son oncle, d'une anc. Noblesse de l'Auxois, où est la Terre de Drée, Baill. d'Arnay-le-Duc. (V. Drée, tom. V).

Ce Marquisat s'étend sur la moitié de Curbigni (l'autre dépend de la Claytte), sur les Paroisses de Bosdemont, Vareille, St. Symphorien-des-Bois, Trelus & Sernier en la Paroisse de S. Christophe. La Bourdoniere, Fief réuni au Marquisat.

Ham. ou Écarts, les Rondets, la Lande, Sarre, les Mignards, les Ranches ; en tout 220 Comm. 1 moulin. Pays en bon air, mais mauvais chemin. Terroir jaunâtre, aride en été, & détrempé aux premières pluies. Peu ou point de froment ; pâturages médiocres.

À 5 l. de Mâcon, 4 de Semur, 16 d'Autun.

DOMPIERRE-AUX-ORMES ou D'AUDOUR

Domna-Petra, Par. voc. S. Ant. de Padoue ; Patron l'Abbé de Cluni ; Sgr. Cl. Matthieu Damas d'Audour, qui a rebâti à la moderne son Chât. avec Chap. castrale, voc. la Vierge. 15 f.

Autre Chap. au bois du Lin, voc. S. Jean-Bapt. Membre de la Commanderie de Mâcon ; jadis Hôpital fondé par les Sgrs., en très mauvais état. 3 anc. Chât. ruinés, Frouges, la Motte & la Fay, au Sgr. Cette Terre en toute Justice a été possédée par les Maisons de Nagu, de Fautrieres & de l'Étouf-Pradines, d'où par succession elle a passé en celle de Damas.

12 foires, marché le Mercredi. Grenier à Sel libre. Ham. ou Écarts, Audour dont partie en Beaujolais, les Monnieres, la Toule où se fait un dépôt de vin, Comason ou Comersons alternat. avec Trembly en Mâc. Poizoles, la Roche, la Fay, le Bois de Lin, Monet altern. avec Matour, Fief à N. Aulas ; les Bruyères & Frourges en Beaujolais : au dernier se fait un dépôt de sel. Anc. Chât. fort. 4 moulins.

Le Seigneur a creusé un canal d'une lieue, depuis son Château d'Audour jusqu'à l'entrée de la forêt de Matour ; il va en circulant dans les champs, étant destiné à arroser les prés. Il est nourri par un ruisseau qui sort de la fontaine de Crozan, & va tomber dans la Grône : large de 20 à 24 pieds, il porte bateau pour le transport des engrais & pour les gerbes. En creusant, on a trouvé des débris d'anc. bâtimens, des tuiles à la romaine. Ce bel ouvrage est dû au génie de N. Goyon de la Plombanie.

À 7 l. de Semur, 6 de Mâcon, 15 d'Autun, 3 de Charolles, de la Claytte, 4 de Cluni, 1 ¼ de Matour où est le Bureau de Contrôle & de la Poste.

DUN-LE-ROI ET SAINT-RACHO

Regio Dunum, Castrum Duni, que S. Julien De Baleure honore du nom de Ville, mais qui est bien déchue de son ancienne splendeur, n'ayant plus que des masures, sans aucune maison. Le temps a respecté l'Église Paroissiale dédiée à la Vierge ; jadis du Patr. du Chapitre d'Aigueperse ; maintenant à la collat. de l'Év. d'Autun. Depuis 1762 que le tonnerre tomba dessus, elle n'est plus entretenue. Les 2 Chap. de S. J. B.& de S. Denis qui étaient auprès, sont totalement ruinées. Il y a toujours apport le jour de S. Denis. Celle de S. Jean dép. de la Paroisse de Varenne, quoique à 2 toises de l'Église de Dun.

Les Sgrs. de la Garde-Marzac ont fait bâtir vers 1710, à mi-côte de la montagne, une Église nouv. sous le voc. S. Racho, qui tient lieu de l'anc. Paroisse, pour la commodité des Habitans : elle a même donné le nom au Village de 10 f. Sgr. Cl. de Saint-Georges, Comte de Saint-André en Forez, par son mariage avec Françoise Éleon. de Montchanin de Marzac, & qui doit revenir au Marquis de Vichy. La Garde-Marzac est un Chât. à St.-Igni-de-Vers. Env. 100 f. 420 Com. avec les dépend.

Colanges avec un vieux Château dont on voit une tour au bas de S. Racho, à Henri de la Brosse, dont le père Louis de Montrichard de la Brosse est mort en 1770, Chevalier de S. Louis & Élu de la Noblesse aux États du Mâconnais : (Voy. S. Igni-de-Vers).

Chavannes, à Cabanis, autref. à Philib. Naturel, Sgr. de la Plaine en Lyonnais, dont le frère, de même nom, était Prévôt d'Utrecht, Abbé d'Ainai, Chancelier de l'Ordre de la Toison d'Or en 1504, & Ambassadeur en France pour les Empereurs Maximilien & Charles V ; c'est lui qui, de la part de ce dernier Prince, dénonça la guerre à François Ier. étant à Dijon. On voit un Guillaume de Chavannes, Doyen de Mâcon, inhumé en 1210 au cloître de la Cathédrale. Chavannes est maint, à N. de la Brosse, Chevalier de St Louis, résidant à Eseratz près de Beaujeu. Tremont, anc. Chât. à une branche de la Maison de Semur ; maint. à Cl. Alexis de Noblet, Comte de la Claytte, ainsi que la Belouse. Autres Ham. Basset, Boucaud, Argolet, les deux Poiseuls, Sordet avec anc. Castel, &c. Plus. Dom.

Le Curé, Chanoine né d'Aigueperse, a un terrier de 1481 pour prés & bois. Le Sornain passe dans la Paroisse. 4 moulins. Beaucoup de châtaigniers.

Dun par son nom celtique, Dunum, par ses ruines, paroît ancien, & était très fort par sa situation sur la plus haute montagne du Mâconnais : cette forteresse avait deux portes ; l'une de Mâcon, & l'autre de Saint Laurent ; 4 tours rondes & des murs épais : tout fut pris & ruiné par Philippe-Augufte, qui fit la guerre aux Comtes de Châlon, de Mâcon & de Beaujeu, pour les punir d'avoir ravagé les terres des Écclésiastiques & des Moines, en 1181. Le Chât. de Chavagni-le-Lombard en Beaujolais essuya le même sort. Dun ne s'est jamais depuis relevé de ses ruines. On montre encore la place des 4 Chevaliers, où les Sgrs. de Dun, de Chavannes, de Colanges & de Châteauneuf, se rassemblaient quelquefois.

C'est une tradition dans le canton, que l'anc. Baill. de Mâcon siégeait à Dun-le-Roi ; mais on ne sait sur quoi elle peut être sondée. La place est trop petite & d'un trop difficile accès, pour avoir pu être le séjour des Officiers d'un Bailliage.

St. Julien raconte que de là on voit Dun en Berri, (il faudrait de bons yeux car il y a 40 lieues) ; que les fourmis se rendent en la Chapelle de S. Fremy (S. Firmin auj. en masure) le 25 Sept, jour de sa Fête, font un tour devant l'Autel, & y meurent. Ce qui m'a été certifié sur les lieux, c'est qu'à la fin de l'automne il entre dans l'Église beaucoup de fourmis, qui y périssent de froid. Du haut de Dun on apperçoit le Forez, le Beaujolais, le Brionnais & le Chalonnais ; on perce même jusques dans le Morvan. On voit au sud-ouest beaucoup de forêts de pins. À l'est, vis-à-vis Dun, est la montagne de Dunet encore plus élevée, d'où le proverbe dans le pays :

Si Dun sur Dunet était,
Les portes de Rome on verrait.

À 1 l. de la Claytte, 3 de Charlieu, 4 de Semur, 8 de Mâcon.

DYO ou DIO

Diocum, P. voc. S. Pierre ès Liens, Arch. de Semur, à la collat. de l'Év. d'Autun ; le Prieur de St. Sernin, Sgr. du clocher ; De. du reste de la Paroisse, Magdel. Angélique de Gassion, relicte de Louis Sr. Damas d'Anlezy, dont l'héritier est Jean-Pierre Damas de Sasangi.

Ce lieu a donné le nom à une très ancienne & illustre Maison du Mâconnais, ayant les armoiries de Bourgogne bandé d'or & d'azur de 6 pièces à la bordure de gueules. Ces Sgrs. ont leur tombeau au Prieuré de S. Germain, dont ils furent les Fondateurs à la fin du XIe. s. Geoffroy de Dyo épousa en 1280, Marie de Chateauvilain, fille de Simon, Baron de Semur. Le Laboureur, qui n'a pas donné dans les fables de S.-Julien de Baleure sur la qualité de Comte Palatin, dit, p. 471, qu'Alix Palaine ou Palatin, mariée en secondes noces à Guy de Dyo en 1336, laissa de grands biens à Antoine l'un de ses fils, chargé de porter son nom & ses armes.

Jean fut Sgr. de Saint-Beurri en Auxois & Baron de Montperroux, par don de Philippe de Bourbon son oncle. Jacques son fils fut, dit St. Julien, un des plus accomplis Gentilshommes de son temps. Son 5e. fils Philibert, Sgr. de la Roche en Breni, fut nommé Présid. au Parlem. de Paris par Charles IX, pour ses savoirs & vertus. Cl. Palatin de Dyo, Chevalier de l'Ordre, fut élu de la Noblesse aux États de 1581, & Jacq. de Dio-Montperroux en 1622.

François de Dyo épousa Éléonore de Damas, Dame de Montmort, en 1641. Marie-Élizabeth de Dyo porta cette Baronnie aux Damas d'Anlezy : son petit-fils Louis-François Damas, Élu de la Noblesse en 1748, est mort Commandant en Bourgogne en 1763. Il ne reste plus de l'anc. Maison de Dyo que 2 frères descendans de la branche de Montm. dont l'aîné est établi en Lorraine, & le cadet à Blois. Le Commandr. de Chalon est un Dyo-Montperroux.

Hugues Dalmace de Semur, 3e. fils d'Adelais, eut en partage, en 1096, les Sgrs. de Dyo, Luny, St.-Symphorien-du-Bois, & Martigni en Charolais avec celle de Champseau en Brionnais.

Chapelle de la Trinité à St.-Prix, au pied d'une montagne, couverte de bois, & au milieu 4 ou 5 Met. qui sont en bon terroir. Mans, Mansum, gros Vill. avec Chapelle de S. Roch ; bon climat en froment & prés. Lavau, petite Terre où était un Chât. Boeuf, arrière-fief, dont Jean de Dyo reprit de Fief, ainsi que de Laval, en 1284. Boeuf est auj. à N. Geoffroi, Avoc. à la Claytte. Le Tremby, autre Fief.

Les autres Ham. ou Écarts sont le Dard, Baudinet, les Réveillés, Conche, Chaveton, &c. en tout 600 Comm.

On a trouvé à Champbarlet, en 1770, plus. médailles du haut Empire, d'argent, & une d'or de Cl. le Gothique, une colonne avec figures, déposée au jardin du Curé de St. Symphorien, & des restes de bâtimens anciens.

Le Chât. de Dyo est isolé, dans un lieu solitaire, environné de bois, & tombe en ruine : son enceinte est vaste ; bois de sapin auprès.

La nouvelle route de Charolles à la Claytte fait la séparation de la Paroisse de Dyo avec celle de St. Germain-des-Bois. Ruisseau qui vient du moulin de Conche ayant une scie à bois. 2 autres moulins. 2 tuileries.

À 3 1. ½ de Semur, 9 de Mâcon, 15 d'Autun.

GIBLES

Gebula, de Gibilis, Par. Voc. St. Martin, jadis S. Christophe ; Patr. le Chap. d'Aigueperse, alternat. avec l'Abbé de S. Rigaud ; Sgr. Pierre-Emman. du Mirat, de Roanne, avec Chât. ruiné. À 200 toises de l'Église, masures de l'anc. Chât. du Coté ; Seigneurie en toute Justice au même, possédée autref. par les Lesdiguières, par le Maréchal de Villeroi, par N. de Foudras de Château-Tiers.

Lavau, la Prâle, Colombret, Fiefs : la Motte-Fombreuil, à Joseph de la Salle Vigousset : Corcelles où il y a une tour, vient des Naturel & des Chambonas, à J. Marie-Matthieu d'Oyé. Étienne Naturel, Sgr. de Corcelles en 1484, l'aïeul des Naturel de Valetine & de Baleure : (V. ci-devant Dun-le-Roi). Colombret en releve ; Vaubresson, à Cl. de Rambuteau ; Montronant, Mons Rotundus, à Cl. Chevalier, Gendarme de la Garde.

Les autres Ham. ou Écarts sont Indre, la Charmaye, le Vernay, la Grange, la Seigne, Chatenai, Montbon, Martigni, Pomeray, &c. en tout 700 Comm. 3 moulins sur un ruisseau qui tombe dans l'étang de la Bazole. À 5 toises du clocher, on trouve du talc, espèce de fossile brillant qui se sépare par feuille.

À 5 l. de Semur, 7 de Mâcon, 15 d'Autun.

MARCIGNI-SUR-LOIRE, dit LES NONAINS, Ville

Marcigniacum, Marcineium, Marciniacum ; l'anc. Par. de S. Nizier, auj. presque en ruine, du patr. de la Prieure, fut abandonnée en 1620, à cause de son éloignement & de son mauvais état : il y a bien de l'apparence que la Ville était jadis près de cette Église ; celle de St. Nicolas sa Succursale, bâtie à la fin du XIVe. s. sert maintenant de Paroisse : elle est desservie par un Curé & des Mépartistes; il y en a eu jusqu'à 28, réduits à 3, compris le Curé. Ces places ont été fondées pour les enfans du lieu.

Les RÉCOLETS doivent leur établissement dans un Fauxbourg, à Franç. Gregaine, d'une anc. famille de Marcigni, & à Magdeleine Racaud sa femme. Cl. Gregaine leur fils, 3 fois Provincial des Récolets, obtint du Duc de Bellegarde les matériaux du Chât. démoli en 1603, pour bâtir le Couvent fondé en 1616, & achevé en 1623. Les URSULINES en 1643.

L'HÔPITAL de 10 lits, desservi par six Soeurs de l'lnslitut de celles de Dijon, dont la Ire. Supérieure fut N. Tisserand, était jadis à Lochenal hors de la Ville : il fut rebâti, il y a 100 ans, au Beauregard, où était la fameuse tour de Milan-perle. Les principaux Bienfaiteurs sont les Montillet, Jaquet, Bigalion Curé de St. Martin-du-Lac, de Chalonnai dont un Échevin perpétuel ; inhumé à la Chap. des Aubergeries en 1710. Cath. Bailly, épouse d'Etienne de Musy, Capit. au Régim. de Piémont, y a fondé une messe quotidienne, & a légué une somme de 3000 liv. en 1745.

À l'extrémité du grand Fauxbourg est une anc. Chap. de la Vierge, dite N. D. des Aubergeries, destinée sans doute à éberger & recevoir les pauvres voyageurs : 2 bas-reliefs assez grossiers, incrustés dans le mur, représentent, l'un, des personnes à table ; l'autre, 2 hommes qui portent ensemble une chaudiere. Plusieurs Bourgeois sont inhumés en cette Chapelle.

Léproserie établie au XIIe s. au sud de la Ville, où l'on voit une Croix sur un tertre. Le Prieur de Marcigni disputant la Justice de ce lieu à Guichard de Beaujeu, Baron de Semur, fit mettre le feu à cet Hospice, & emprisonner quelques lépreux. Guichard, dans sa colère, fit brûler 23 de ces malheureux, & renversa ce que la flamme avait épargné de leurs bâtimens, en 1322. Il fut condamné à 10000 liv. d'amende envers le Roi, 500 envers le Prieuré, & à la réparation des dommages.

PRIEURÉ DE BÉNÉDICTINES

Ce qui distingue cette Ville & lui a donné son surnom de Nonains, c'est le riche Prieuré des Filles de la Trinité, sous le voc. de N. Dame, de S. Pierre & S. Paul. Il fut fondé en 1054 par S. Hugues, VIe. Abbé de Cluni, aidé de son frère Geoffroy, Baron de Semur, dans son propre patrimoine, pour des femmes retirées du monde, pour des Servantes de Dieu & de la Vierge, comme Cluni avait été établi pour être l'asyle des pécheurs, selon l'expression de l'acte donné par Saint Hugues : sicut peccatores homines Clunineum habebant ità peccatricibus fœminis de mundi laqueis ad hunc locum confugientibus . . .

Une charte du XIe. s. rapportée dans la Bibliothèque de Cluni, p. 85 des Notes, l'appelle un vénérable Monastère en Bourgogne, au territoire de Semur, proche le lit de la Loire, du Diocèse d'Autun.

Le Fondateur veut qu'on n'y reçoive aucun sujet au dessous de 20 ans, selon la régle de l'Église. Il établit 12 Religieux de Cluni pour administrer les Sacremens & faire l'Office divin : ils étaient encore 12 en 1311. L'Abbé Jacq. d'Amboise en supprimant les Offices claustraux, les réduisit à 8 en 1507, & ils ne sont plus que 3. Plusieurs Seignrs. voisins s'y consacrèrent à Dieu, tels que Eldin de Glaine, Bern. de Saligni, Hugues Duvaux de Chizeul, J. de la Barge, &c.

Urbain II confirme, en 1096, aux Religieuses la jouissance de tous les biens qui leur avaient été donnés. On voit par cette Bulle qu'elles en avaient déjà en 13 Dioc.

Je ne citerai que les Églises dont elles possédaient les dîmes & le patronage en celui d'Autun. Varennes, Brian, Sary, Baugi, Chambilli, Saint-Nizier, Sainte-Foy, Saint-Christophe, Saint-Léger, la 4e. partie de l'Église de S. Martin de la Vallée : celle de S. Julien de Sivry fut donnée par Norgaud, Évêque d'Autun, en 1105.

Une autre Bulle de Calixte II conserve les Religieuses dans la possession de la Ville de Marcigni avec l'Église de Saint Nizier. Geoffroy de Semur, après leur avoir donné plusieurs terres, bois, étangs, se fit Moine à Cluni avec son fils, & ses 3 filles prirent le voile à Marcigni, dont il devint Prieur en 1088 : ce fut de sa main qu'Eldin de Glaine & Étiennette son épouse reçurent l'habit en 1116. Hugues, aussi Prieur, fut choisi Abbé de Cluni, & mourut 5 mois après, en 1122. Rainal de Semur, mort Archevêque de Lyon en 1129, avait été Prieur de Marcigni & Abbé de Vezelai.

Dalmace de Bourbon cède aux Religieuses, pour sa mère Guillemette qui avait pris le voile, un domaine, ad Casellum Jugi Pini, fin auprès de Bourbon-Lancy. Berthe de Luzy donne son Fief in Villa Chazeacas, peut-être Chizeul, en entrant en Religion. Jobert de l'Épinasse vend à la Prieure ses biens à Baugi & à Chessy en 1323. Alix Chopard lui assure en 1399, 51 poissons tous les ans en Carême, pour lesquels on fait un obit ; apparemment qu'il y avait alors autant de Religieuses : mais en 1311 il y en avait 99, la Vierge, comme le Chef, devait être la centième, nostra centesima, dit un titre de ce temps : une statue de la Vierge est encore croisée & voilée, & tous les jours on distribue aux pauvres la prébende de la Vierge. Elles n'étaient plus que 46 en 1378, 20 en 1507, & ne sont maintenant que 13. Leurs principaux Bienfaiteurs, après les Barons de Semur, sont les Sires de Bourbon & de Beaujeu, les Sgrs. de Saligny, Jaligny, Yguerande, du Châtelet, Pomier, Chessie, Solmain d'Hurgues, Centarben, auj. S. Albin, Essertine, Digoine, Cypierre, Civignon, Chalamont, Labarge, &c.

La réputation de régularité était si grande dans cette Maison les Iers. siècles, qu'en 1078 Guy, Comte de Mâcon, s'étant retiré à Cluni avec 30 Nobles Chevaliers, leurs femmes embrassèrent la vie monastique à Marcigni. On y vit des silles des Ires. Maisons de France & de la Bourgogne, telles qu'Aremburge, de Vergy, 6 filles de la Maison de Semur, plusieurs des Maisons de Ponthieu, de Forez, de Foudras, de Beaujeu, de Clermont, de Mailli, de Montboissier, de Bourbon, de Chalon, d'Amanzé, de Brancion, de Dyo, de Melun, d'Albon, au XIe. s. ; une Almadie de Limoges, fille du Duc d'Aquitaine, en 1076 ; Alberte de Champagne en 1078, Gillas & Alix de Bourgogne en 1086, une Garsin de Bigore en même temps ; Adelle d'Angleterre, fille de Guillaume le Conquérant, en 1095 ; Hermingarde d'Anjou en 1100 ; Alix de Guines, petite nièce de St. Hugues, en 1114 ; Ste. Varelize, fille d'Alphonse, Roi d'Arragon, en 1137 ; Mathilde de Boulogne, femme d'Étienne de Blois, Roi d'Angleterre ; Ève de Montmorenci en 1220, Ermingarde d'Angleterre, Étiennette de Mont-St.-Jean, . . . Jeanne, Reine de Navarre, en 1401, . . . Une Religieuse chargée de fournir l'huile, était appellée Domina olei : un acte de 1410 lui affecte 10 den. de rente sur un héritage acensé par le Couvent.

Parmi les Prieures, Hermingarde de Semur en 1061, Gillette de Béarn en 1080, Jeanne de Semur en 1084, Agilmorde de Périgord en 1090, Gastenne de Plaisance, Magdeleine d'Uxelles, Félicité d'Humières, Gabrielle de Naples, Sicile d'Uxelles au XIVe siècle, Jeanne Damas en 1439, Marguerite de Dyo en 1445, Isabelle de la Guiche en 1480, Edmonde Pot en 1485, Claudine de Vichy morte en 1559, à laquelle succéda Étiennette du Blé, Nicole de Caumartin, Françoise de Chevrières, Antoinette du Bois de la Rochette, ensuite Gasparde de Simiane, Jeanne de Busseul, Marguerite Blondeau en 1638, Marie de Saint-André de Montjorval en 1662, Jacqueline de Chantelot en 1675, Catherine Delachaize d'Aiz, que le Cardinal Bouillon nomma en 1691 pour obliger le P. Delachaize son oncle ; Éléonore du Maine du Bourg, petite-fille du Maréchal, à laquelle a succédé en 1769 Anne-Nicole de la Queuille d'Amanzé.

Cette Dame considérant que sa maison bâtie sur les eaux était malsaine pour celles qui l'habitent, a entrepris une nouvelle construction d'après les dessins du Sr. Verniquet, Architecte : la Ire. pierre en a été posée avec solemnité le 9 Mai 1777, par le Cardinal de la Rochefoucault, Archev. de Rouen, Abbé de Cluni. L'Église nue, obscure & étranglée, dont la Ire. Dédicace se fit le 13 Fev. 1081 par Hugues, Archevêque de Lyon, va aussi changer de face : la nef ci-devant occupée par les Religieuses, sera rendue à sa destination naturelle, pour le peuple qui ne savait où se placer pendant les Sermons du Carême qui se prêchent dans cette Église. On y conserve un os du bras de S. Hugues, donné au XVIe. s. par le Chapitre de Mâcon qui l'avait soustrait au pillage des Huguenots.

N'oublions pas Ste. Raingarde, mère de Pierre le Vénérable, veuve de Maurice de Montboissier, qui mourut Cellériere à Marcigni en 1135. Sa vie écrite par la Soeur de Blemner de Caen, en 1673, est rapportée dans le VIIe. vol. de l'année bénéd. au 9 Décembre. La clôture était si exacte & si extraordinaire, que les Religieuses furent sur le point de se laisser consumer par les flammes, au rapport de Pierre le Vénérable, plutôt que de la violer : (V. le Traité de la clôture des Religieuses par J. B. Thiers, in-12, 1682, où ce trait est cité). Cet illustre Abbé de Cluni écrivait à Héloïse, qu'il désirait la voir à Marcigni pour y jouir de sa conversation savante : Utinam te jocondus Marciniaci carcer cum cœteris Christi ancillis inclusisset ! (Bib. Clun. pag. 852).

On n'y a jamais reçu que des filles nobles : on exige encore des preuves de noblesse de 4 générations du côté du père, la Postulante faisant la 5e., & il faut que sa mère soit noble. La Prieure est Dame de Marcigni, qui fut affranchi de main-morte en 1450 pour 15 liv. de rente, affectée sur le port : elle jouit encore de plusieurs autres belles Terres, a le patronage de 32 Cures en différens Diocèses, de quelques Chapelles & de Prieurés simples. On voit dans la Bibliothèque de Cluni, pag. 1709, que neuf Prieurés dépendaient de celui-ci, dont un S. Michel en Espagne en la Ville de Zamora, en 1169 ; un autre en Angleterre, au Dioc. de Salisbury, qui devait à Marcigni 55 liv. sterling par an ; celui de S. Jean de Corello, au Diocèse d'Autun ; celui de S. Loup-sur-Abran proche Decize, Dioc. de Nevers, uni depuis à Marcigni ; celui de Montet, Dioc. de Chalon.

Ce Prieuré faisait autrefois une aumône d'une livre de pain à chaque pauvre tous les Lundis, Mercredis & Vendredis du Carême, annoncée par le son de la grosse cloche, & qui a été confirmée par Arrêt du Grand-Conseil du 30 Janvier 1765 : depuis ce temps, pour éviter les abus, par transactions passées avec les Paroisses voisines qui avaient droit à cette aumône, les Curés reçoivent pour leurs pauvres une certaine quantité de grains portée par la transaction.

Le Monastère ne paroît pas avoir été double, comme on l'a prétendu, dans le principe; il n'y a point eu de Bénéfice masculin, n'ayant été fondé que pour des filles. Le Prieur n'avait été que leur conseil, & non le propriétaire des biens. Cependant il y eut, sous le Cardinal de Richelieu, sous Louis XIV & Louis XV, de grands procès contre la Prieure & des Prieurs dénommés ; mais par une Bulle d'Innocent XII en 1693, homologuée en 1696, & par un Arrêt du Grand-Conseil du 19 Septembre 1747, 1e Prieuré conventuel de Marcigni a été déclaré Bénéfice féminin.

Les Moines obtinrent de Jean de Chateauvilain, Baron de Semur, la haute-Justice au Prieuré (& en 1290 dans Marcigni même), à la charge du ressort & de l'appel à Semur, par un traité de 1266, moyennant une rente de 50 livres, de 200 bichets de seigle & 15 chars de paille, payables au Seigneur de Semur : Édouard de Beaujeu s'en départit même en 1390, en faisant une pieuse fondation. Après plusieurs contestations entre les Moines & Guichard de Beaujeu, le Parlement de Paris par Arrêt de 1323, appelle Arrêt d'interim, accorda au Baron la saisine de la Justice de Marcigni, & la mit en la main du Roi comme supérieur pendant leurs débats, avec attribution de Jurisdiction au Bailliage de Mâcon, qui était alors la seule Justice royale du canton.

Édouard, Comte de Beaujolais, fît foi & hommage au Duc Philippe, des Ville de Marcigni, Terres & dépendances de la Baronnie de Semur. Cet Édouard, piqué contre les Moines, fit fermer le port de Marcigni, s'empara des bateaux, & brûla publiquement le bail fait aux Fermiers : mais par Arrêt de 1393, la Prieure fut rétablie dans sa Jurisdiction, toujours ressortissante à Semur.

Cependant, malgré les Lettres patentes de Charles V en 1364, la Déclaration de Louis XI en 1477, & celle de Charles VIII en 1483, qui portent que Marcigni demeurera dans le ressort de la Justice de Semur, les Moines ont si bien fait, que cette petite Ville, qui n'est qu'à ¼ de lieue de la première, a été unie au Bailliage de Mâcon : aussi Louis de Lorraine, Comte d'Armagnac, propriétaire des anciens droits d'aides du Mâconnais, voulut soumettre les Habitans de Marcigni à ces droits nouveaux pour eux ; mais, par Arrêt du Conseil du 19 Mars 1685, le Roi maintint cette Ville & ses Fauxbourgs dans l'exemption & franchises des droits d'aides du Mâconnais, comme ayant toujours fait partie du Duché de Bourgogne. Un Arrêt du Parlement, rendu sur la requête du Procureur-Syndic des États, le 20 Juin 1648, porte que les procès pour raison de tailles & d'aides, seront traités en première instance au Bailliage de Semur, & par appel au Parlement pour les Villes de Marcigni, Bois-Sainte-Marie & autres Paroisses de la Recette de Semur.

FAITS HISTORIQUES : SIÈGES, LIGUE

Marcigni a essuyé différentes révolutions dont on a parlé en général dans le Coup d'œil sur le Brionnais. Le redoutable Prince de Galles, fils du Roi Édouard III, passa la Loire sur le pont de Marcigni en 1366, & ravagea le Charolais & la Bourgogne : il en fut expulsé par le Connétable du Guesclin : (V. 1er. Vol. pag. 184). En 1370 Philippe le Hardi allant voir à Riom le Duc de Berry son frère, passa par Marcigni, accompagné de 50 Chevaliers & Écuyers : il venait de Rouvre, & avait pris sa route par S. Gengoux & Perreci.

En 1417, le Duc Jean étant entré en France, à la tête d'une puissante armée, engagea les Villes à s'unir à lui : Marcigni lui envoya sa lettre d'adhésion.

Cette Ville fut assiégée en 1419 par les troupes du Dauphin, depuis Charles VII, que le Maréchal de Cottebrune défit, & força de repasser la Loire : elle fut prise en 1431 par le Comte de Clermont, & reprise par Perrinet Grasset, Capitaine Général du Nivernois, qui la rendit en 1433, pour le bien de la paix, au Duc de Bourbon. Ce Prince ne la garda pas longtemps, puisqu'on voit Bernard de la Broquerie, Ier. Écuyer Tranchant, établi par Philippe le Bon, Gouverneur des Ville & Châtel de Marcigni en Janvier 1434, aux gages de 800 liv. : apparemment que les ennemis du Duc s'en rendirent encore maîtres ; car François Surienne, dit l'Arragonois, Maître de l'Artillerie du Duc, la surprit par escalade en 1438.

Les Protestans sous Poncenat & St.-Aubin leurs Chefs, y commirent de grands dégâts en 1562, pillèrent le Prieuré, déchirèrent tous les livres, brisèrent les Autels, les croix, les images, comme l'atteste le procès-verbal dressé par Cl. de Monchanin, Châtelain du Bois-Sainte-Marie : on voit par cette pièce en 25 feuillets, qui m'a été communiquée, qu'on regrettait beaucoup la table d'albâtre du Maître-Autel, sur laquelle était la portraiture de N. S. & 4 piliers de cuivre, un candelabre à 7 branches, & la figure de Notre-Dame l'Abbesse. Il paroît aussi que Jean Raquin, Juge de Marcigni, J. Menant & Nic. Chauvais, Bouchers, favorisèrent les Huguenots en cette occasion. Le procès-verbal qui fait monter le dommage à 10000 écus, (le marc était à 15 liv. 15 s. ) est signé par Nic. de Somery, Abbé de Septfonts ; Théod. de Vichy, Doyen de Lyon ; Antoine de Semur, Sgr. de Sancenier ; Tresmont de Cercy ; Cl. de Montagni ; Adrien de la Garde, Sgr. de Chassigni ; Geoffroi de Tenaï de S. Christophe ; Cl. de Digoine du Palais ; & Philibert de Vichy, Sgr. de Chevenizet.

Pour éviter pareille surprise, Charles IX ordonna, en 1567, au Capitaine Martin de séparer le pont-levis du Château, & les loges pour mettre des soldats, afin que la Ville demeure en plus grande sureté, dit la lettre originale de ce Prince, que j'ai vue aux archives du Prieuré. Antoine Marque était alors Grenetier ; P. Gregaine, Syndic ; Louis Dupuy & Cl. de Lhopital, Échevins : le Capitaine Martin ayant déclaré ne savoir lire ni écrire, fit lire la lettre par le Greffier. Sur les remontrances des Habitans, le Roi leur permit de garder le port, & fit conftruire la tour de Milan-Perle.

L'armée des Reîtres, forte de 25000 hom. commandée par Casimir & le Prince de Condé, après avoir ravagé le Brionnais, entra dans cette place, & passa la Loire sur un pont de batteaux en 1576.

Henri III allant de Lyon à Bourbon-Lancy, où il séjourna six semaines avec la Reine en 1584, s'arrêta à Marcigni, où le Comte de Tavanes resta en garnison avec sa Compagnie, pendant le séjour du Roi dans ces cantons.

La peste de 1585 rendit la Ville déserte : le Curé, Sébastien Cottout (le nom de ce bon Pasteur mérite d'être cité), eut le courage d'y rester. La Loire causa des pertes immenses par ses débordemens extraordinaires en 1586 et 1587.

Après la bataille d'Aulneau, le Duc de Bouillon & le Comte de Chatillon passèrent à Marcigni avec 4000 hom. le 6 Xre. 1587. Le Duc d'Épernon les suivait bien accompagné, pour terminer avec eux des articles de paix déjà proposés. Chatillon les refusant, se retira dans le Vivarais, suivi de 1500 chevaux. Le Duc de Bouillon & d'autres Seigneurs Calvinistes s'arrangèrent avec d'Épernon : celui-ci ordonna au Prieuré un grand repas où il fut soupçonné d'avoir empoisonné les convives Huguenots ; d'où vint le proverbe cité par M. de Thou, Dieu nous préserve du dîné de Marcigni ! En effet, à peine le Duc de Bouillon, le Baron de Doney & autres Gentilshommes furent-ils arrivés à Genève, qu'ils moururent.

Des Marchands de Lyon avaient déposé 4000 muids de sel à la tour de Milan-Perle, forteresse flanquée de guérites & bien fossoyée, disent les Mémoires de Tavanes ; le Comte de Saulx l'assiège, force la garnison à capituler, & enlève le sel dont il paie ses soldats. Il poursuit les Ligueurs, commandés par Varenne-Nagu, Gouverneur de Mâcon, & les défait à l'Épinasse en 1589.

Marcigni, & ses environs sont fort incommodés par les troupes des Ligueurs pendant le siège qu'ils faisaient de Charlieu, emporté d'assaut, quoique défendu par 1200 hommes. Après cette prise, le Baron de Lux séjourne 4 jours à Marcigni, & laisse pour y commander Molins-Latour en 1590.

Le Duc de Nemours y entre avec 2000 hommes le 20 Avril 1591. Des Sergens d'Autun arrivent quelque temps après pour contraindre les Habitans au paiement des tailles par ordre du Duc de Mayenne. 15 jours après le Capitaine Espiard tenant le parti du Roi, de la garnison de Bourbon, vient forcer le pays à faire un autre paiement.

Saint-Martin, qui entretenait des intelligences avec quelques Citoyens de cette Ville, la surprend la nuit du 24 Août 1591, fait sauter par le pétard la porte du Prieuré, marche droit au Château qui lui est livré par 2 Suisses, pille les plus riches maisons, & fait charger 40 chars des meilleurs effets. Comme il se disposait à enlever son butin, arrivent dans les Fauxbourgs St.-Christophe & Molins avec 40 Arquebusiers. Le pillage cesse ; l'ennemi rentre dans le Château, auquel Thianges, d'Uxelles, de la Claytte & d'Ambierle, survenus avec 900 hommes, présentent l'escalade, & sont repoussés trois fois. 2 coulevrines, arrivées de Mâcon, le forcent à quitter la place le 3 Septembre 1591, & à rendre les prisonniers. Thianges y établit pour Commandant le Sr. Després, avec les Compagnies de Longecourt & de Morland.

Mais Marcigni, délivré quelque temps après des Ligueurs, se rendit à la Nocle le 10 Octobre 1594. Thianges, facile de ce que c'était le seul endroit du pays qui ne fut pas du parti de la St. Union, écrivit à Mayenne pour obtenir des troupes & du canon, afin d'en former le siège : l'arrivée du Maréchal de Biron en Bourgogne arrêta ses projets dangereux. La Nocle investit avec 500 hommes le fort de Champseaux, le battit de 2 pièces d'artillerie, le prit & le rasa. Després, Capitaine du Château d'Arci, le rendit à la Nocle le 27 Février 1595. La prise de cette forteresse, qui servait de boulevart à Parai, engagea cette Ville, le 5 Mars, à se soumettre au Roi entre les mains du Comte de la Guiche.

Le Château de Marcigni au sud, cause fatale de ses malheurs, fut rasé en 1603, à la prière des Habitans mécontens du Châtelain. C'était un donjon quarré, de 16 toises de haut, & de 6 pieds d'épaisseur, entouré d'une bonne muraille flanquée de 4 tours : il avait été élevé par les Ducs de Bourgogne près la porte dessus, pour s'opposer aux incursions des Ducs du Bourbonnais. Sur son emplacement a été construit une maison bourgeoise à M. Dupuy de Chateauvert.

Marcigni est situé près de la Loire (à 600 toises), à l'entrée d'une gorge qui conduit à Semur à l'est. Il est borné à l'ouest par des coteaux qui régnent du sud au nord, forment au dessous un beau bassin de 3/4 de l. coupé par ce fleuve qui coule au milieu. Il y avait un pont de bois qui fut emporté au commencement du XVe. s. On passe la Loire en bateau au port de Chambilli, appartenant à la Ville, qui l'afferme, ainsi que son droit de pêche. (Voy. Chambilli).

Elle peut contenir 390 f., 1600 Commun. avec les Domaines qui en dépendent, & 2000 âmes. Son commerce est en bled, bois, fil, &c. Il serait bien plus vif si, par le moïen d'un petit canal, la Loire venait à former un port près de la Ville, qui vraisemblablement jouissait autrefois de cet avantage, lorsqu'elle était rassemblée autour de l'Église de S. Nizier, & que le pont subsistait. Gros marché tous les Lundis, où il se débite beaucoup de fil, & 4 foires par an. Subdélégation ; Grenier à Sel de la Direction de Chalon. Quoique du Bailliage de Mâcon depuis près de 3 siècles, cette Ville est de la Recette & de l'Archiprêtré de Semur, & les affaires de finances, tailles, gabelles, . . sont toujours du ressort du Parlement de Dijon : elle est gouvernée par un Syndic perpétuel nommé par le Roi. C'est la 22e. Ville qui députe aux États : elle donnera en 1784 le 2e. Alcade, & Bourbon le 3e. Belle route de Marcigni à Digoin & à Parai.

Les plus anciennes familles sont les VERCHÈRE depuis le XIIIe. s. qui ont donné des Magistrats distingués au Parlement. HUGUES FRANÇOIS VERCHÈRE DE REFFYE, né en 1680, reçu Avocat à Paris en 1705, Juge de Marcigni en 1717, Syndic perpétuel de la Ville en 1741, s'acquit dans tous ces Emplois la réputation d'un grand juge. Il avait toutes les qualités qui forment le vrai Magistrat. Il mourut en 1755, estimé & chéri de tous, laissant une riche bibliothèque & de bons manuscrits, fruit d'un travail de 50 ans. Il a fourni 700 articles à la nouv. édit. de Moreri. Guillaume Verchère, né en 1573 à Marcigni, fut Maire de la Réole. Une de ses filles s'établit en Canada où elle forma un établissement & un petit fort appellé Verchère, à quelques lieues de Montréal, près des Isles de Richelieu. Les Iroquois vinrent l'attaquer, pendant que ses gens étaient aux champs, & furent repoussés par cette Héroïne habillée en Amazone, avec une bravoure digne des vieux Militaires. Quelques années après, le même fort attaqué par les Sauvages, aurait été emporté sans la belle défense de sa fille, âgée de 16 ans, qui tira un coup de canon pour avertir les environs, se porta partout avec un soldat, & força l'ennemi à la retraite. Ce trait de courage ayant été mandé à Madame de Pontchartrain, le Roi lui fit une pension de 400 liv. Ces faits sont tirés d'un livre intitulé : Aventures d'un Marin sous le règne de Louis XIV. L'Auteur dit avoir connu ces 2 Dames Verchère, & avoir vu leur fort.

[Complément sur Madeleine de Verchères et sa mère héroïnes de la Nouvelle-France]

Les Montillet, dont un Capitaine pendant la Ligue ; les Gregaine sortis du Village de ce nom, Paroisse de Brian, établis à Marcigni en 1400 ; les Marquet, dont Antoine, Receveur du Grenier à Sel, était Échevin en 1530 avec J. de Chandon, Écuyer Sgr. de Brailles ; les Dupuy, les du Ryer dont un Ant. Capit. du Chât. de Marcigni en 1440 ; un André, Châtelain de Semur sous Louis XI ; Christophe, Lieut. Gén. des Basses-Marches du Bourbonnais, siège du Donjon, Maître des Requêtes de la Reine-Mère.

Il fut père d'André du Ryer, Sr. de Malezair, Fief de la Paroisse du Lac en Brionnais, où il est mort en 1668, après avoir été Consul aux Échelles du Levant, où il avait appris les langues turque & arabe ; il fut nommé Secrétaire du Roi, Interprète aux langues orientales en 1651, & Gentilhomme de la Chambre : on a de lui plusieurs ouvrages, entr'autres, une Grammaire turque & l'Alcoran imprimé à Paris en 1647, in-4°. réimprimé à Amsterdam en 1733. Cl. du Ryer, Receveur des Consignations à Marcigni, qui a hérité de ses ancêtres le goût des Lettres, possède plusieurs manuscripts de ce Savant, qui consistent en instructions politiques & discours à l'Empereur des Turcs, ses passe-ports en arabe, &c. . . . Il est étonnant que l'Abbé Papillon, qui a enflé sa liste de tant d'auteurs ignorés, ait oublié André du Ryer qui a fait honneur à la Bourgogne.

Quelques-uns doutent que Pierre du Ryer, né à Paris, de l'Acad. Française, froid traducteur, Poète tragique, soit de la même famille.

M. Michault rapporte, dans le Ier. vol. de ses Mélanges, pag. 333, une lettre du Père Berthet qui fait l'éloge du P. de S. Rigaud, né à Marcigni, Philosophe, Mathématicien, grand Prédicateur à Lyon. On dit qu'ayant été envoyé par Louis XIV à la Bibliothèque du Vatican, il retenait de mémoire les manuscrits qu'il avait lus, & qu'on ne lui permettait pas de copier.

Marcigni est à ¾ de l. de Semur, 4 de Parai, 5 de Charolles, 12 de Mâcon, 10 de Cluni, 30 de Dijon.

Lat. 46d. 14' 8". Long. 1d. 43' 19".

MALTAVERNE

Mala Taberna, Village de la Paroisse. de Briennon (V. ci-devant Briennon) : ajoutez, qu'il fut vendu par Laurent de Tenay à Henri d'Ogeroles en 1625, & appart. auj. à Mde. de Lillebonne. Il fut déclaré en 1459 être de tout temps du Duché de Bourgogne, & non imposable par les Officiers Royaux du Lyonnais.

MATOUR

Amatorium, Par. voc. S. J. B. Pat. l'Abbé de S. Rigaud ; Chap. seigneurie. fondée ; Sgr. depuis 1768, N. de Castellane, qui l'est aussi de Château-Thiers ou Thierry, app. par S. Julien Château-Tyard, possédé dès le XIVe. sièc. par la Maison de Foudras, une des plus illustres de Bourgogne par son ancienneté & ses alliances : cette Seigneurie fut érigée en Comté en 1680, en faveur de Roland de Foudras. Il avait pour aïeul P. de Foudras, Chevr. Sgr. de Courcenay en 1291.

12 foires. 1200 Comm. avec les dépend. Monnet, Trescourt, Auvereau, Crozet, Croux, Etivaux, Argaud, Authiard, Neuilly, &c. Plus. Dom. & moulins.

À 7 l. de Semur, 5 de Mâcon, 4 de Cluni, 15 d'Autun.

MEULIN

Ancienn. Mevilain, Mediolanum, Mediolatium, Medrolatium, Par. voc. S. Pierre, Pat. L'Abbé de Cluni ; de la Justice-Mage de Cluni, de celle d'Audour & de Château-Thiers ; l'Abbé de St. Rigaud, Sgr. du clocher. 180 Comm.

Ham. les Plassards, le haut de Meulin, les Baudrats, Lassin, les Saudet. 1 moulin. Pays de montagnes.

À 5 l. de Semur, 6 de Mâcon.

MONTMELARD

Mons-Melardi, Par. voc. St. Barthelemi, ancienn. S. Denis ; Pat. l'Abbé de Cluni depuis 983, que cette Église fut donnée à S. Mayeul par Valtere, Évêq. d'Autun : elle était alors sous le voc. de Ste. Marie, & a été desservie par les Moines ; de la Châtell. du Bois-Ste.-Marie ; Sgr. Engag. d'abord, ensuite propriétaire, le Marquis de Drée, par échange fait avec le Roi.

Chât. de Villars à N. Bernard de la Vernette, Lieut. de Roi en Mâconn. Nureux à N. d'Ethy, Comte de Milly, Colonel de Dragons, de l'Acad. des Sciences. Vigousset à Jos. de la Salle, Sgr. de Poncy. Le Pas, ci-devant à P. Marie Naturel de Valetine, maint. à N. Guyon, Prévôt de la Maréch. de Charolles. Chap. à Vigousset, & une à Nureux.

Les autres Ham. ou Écarts sont le Buisson, la Juneaux, Chamay, Villard, Vauzelle, &c. & 8 Domaines détachés.

Sur le mont Crozan ruines d'un anc. Monastère, dép. de S. Rigaud, sous le voc. de S. Cyr, où était un fameux apport. Fontaine dans le flanc de la montagne, qui communique aux 2 mers par la Saône & la Loire. 3 moulins sur plus. étangs. Seigle ; pommes de terre ; sarrasin.

Ce Village, sur une hauteur, de 100 f. 500 Commun. est entre Dompierre à l'est, Matour au sud-est, Dun-le-Roi au sud, Gibles à l'ouest, Ozole & Baubery au nord.

À 5 l. de Semur, 3 de Charolles, 6 de Cluni, 7 de Mâcon, 15 d'Autun.

OUROUX SOUS LE BOIS DE SAINTE-MARIE

Oratorium, Par. voc. St. Pierre-ès-Liens, Patr. l'Abbé de Cluni, du Comté de Dyo ; Guy de Dyo acheta de Jean de Marzac, Sgr. de Sigy, le Châtel, ses fonds & dîmes à Ouroux, en 1360. 50 f. 200 Commun. Tour, faisant partie d'un anc. Chât. app. Chassagne, Fief à Cl. Barthelot de Rambuteau. Dép. la Croix & Champeau. Froment ; quelques vignes ; beauc. de fruits.

À 5 l. de Semur, 1 ½ de Charolles, 9 de Mâcon, 14 d'Autun.

OZOLE

Ozola, Par. voc. S. J. Bapt. (28 Août) ; l'Év. d'Autun Collat. le Curé Sgr. du clocher & d'une partie du Village, le reste de la Paroisse, en ce qui est du Mâconnais, au Sgr. de Château-Thiers ; la partie du Charolais dépend de la Sge. de Moulins-la-Cour. 55 f. du Brionnais, 45 du Charolais où sont encore 5 Domaines.

Rambuteau, Chât. & Seigneurie possédée dep. 180 ans par les ancêtres de Cl. Barthelot, Chevalier de S. Louis, dont 2 ont été Lieut. de Roi en Mâconnais, & un Brigadier des Armées du Roi. Très jolie Chapelle castrale de S. Henri fondée par Henri Barthelot en 1064. Le Sgr. actuel a construit 32 Domaines dans l'étendue de sa Terre, à 3 l. de tour : 18 sont dans les environs du Chât. Par ses soins ce pays, maigre, sauvage, inculte, est défriché, vivifié & embelli : on croirait de loin que ce sont autant de maisons bourgeoises. Son Château, quoique sur une éminence, a l'agrément de belles pièces d'eau, environné de bois, avec 5 étangs. Son frère, aussi Chevalier de S. Louis, a donné au pays un grand sujet d'édification par sa retraite à Septfonds, où il passe, depuis 12 ans, 6 à 7 mois de l'année avec ces pieux Solitaires.

Crary, Château à P. Emanuel du Mirat ; Ecusses, dont Dalmace de la Porte était Sgr. en 1377, donné à Cluni en 1437 par Mariette Leduc, aliéné en 1622, Fief à Cl. de Rambuteau ; Pommey ou Pomay, Fief avec Chapelle, à Alexis Rougemont, Conseiller à Charolles ; Cloudeau, Closum aquae, Fief avec 4 foires, au Sgr. de Villars : les autres dépend. sont les Brouillards, les Forgeat, Monchalon, Somery avec une ancienne tour, Fief à la Comtesse de Pons-St.-Maurice, & ci-devant aux de Moulins-la-Cour.

À 5 l. de Semur, 6 de Cluni, 1 de Charolles, 8 de Mâcon, 14 d'Autun.

PRISY D'AMANZÉ

Ancienn. Prizey, Prisiacum, Par. Voc. S. André ; Pat. l'Abbé de Cluni. Cette Terre est depuis 1415 aux Comtes d'Amanzé. Une Dame de ce nom a laissé 60 liv. de rente pour les pauvres, en 1710 ; (V. Amanzé). Le Presbytère fut brûlé par les Calvinistes en 1562. 30 f. 120 Comm. Ham. le Parc, ancien Fief où jadis était le Château ; les Bouffiers, le Monceau, Tolsy en partie. Pays varié, peu fertile.

À 3 l. de Semur, 9 de Mâcon.

RAMBUTEAU : V. OZOLE

SAINT-GERMAIN-DES-BOIS

Par. dont l'Église assez belle a servi aux Chanoines Rég. de S. Aug., & où les Sgrs. de Dyo, Fondateurs du Prieuré vers 1095, ont leur tombeau élevé, ainsi que Sybille de Luzy, Dame de Dioco & de Sigi en 1228, & Jeanne de Clungiis... en 1300. Il n'y a plus de Religieux, & le Prieuré a été uni à celui de St. Sernin-des-Bois : (Voy. St. Sernin, Baillage de Montcenis).

Le Patron de la Paroisse est S. Benoît avec S. Germain. Le Prieur Sgr. Haut-Justicier & Patron du Bénéfice. Il reste encore des vestiges du Monastere, qui fut brûlé & l'Église pillée par les Calvinistes, commandés sous l'Amiral de Coligni par Clermont d'Amboise & Briquemaut. L'Abbé Dagu, dans son Histoire des Révol. de Mâcon, pag. 121, dit que les Chanoines Rég. de S. Pierre de Mâcon étaient originairement issus de ceux de St. Germain. Chât. Terre & Chap. de St. Ambreuil ou Embrun (S. Ambroise) au Comte d'Amanzé, par mariage de Marguer. de Dyo avec un d'Amanzé. La Chapelle paroît avoir été l'anc. Église paroissiale du temps des Moines. 180 Commun. compris les Brosses-Dieu & l'Argollet, jadis la Grolay, de 60 Comm. Sur la grand'route de Charolles à la Claytte.

À ¼ de l. de Dyo, 5 de Semur, 8 de Mâcon.

ST JULIEN DE SIVRY

Du nom d'un Ham. app. Sivry ; P. voc. St. Julien, Martyr ; Patr. de la Prieure de Marcigni depuis 1105, qu'il lui fin accordé par Norgaud, Év. d'Autun ; de la Seigneurie de Vaux de Chizeul, anc. Fief ainsi app. du nom de Choiseul, dont une branche possédait de grands biens en Bourgogne. Marie de Choiseul, Dame de Sigy, de Laye, du Vaux de Chizeuil, porta ces Terres en dot à Guillaume de l'Aubepin, Seigr. de Sigy-le-Châtel : la dernière appartenait en 1650 a une branche de la Maison de Dyo de Montperroux, éteinte par le décès d'Éléonor Dyo de Montperroux, Lieut. Gén. des Arm. Ses biens substitués passèrent à sa sœur, mariée à Louis-Franç. Damas d'Anlezy, d'où, après sa mort, ils doivent revenir à J. Pierre Damas de Sassangi.

7 à 800 Comm. Ham. Sivry, les Jean-denis, Chevagni, petit bois avec Chap. de Ste. Geneviève, & un anc. Chât. à N. Baraille de Mandelot, Chevr. de Malte, en toute Justice. Autre Chap. des Rois à Vaux, avec anc. Chât. Moulin sur l'Arconce, app. Casse-Vesse ?. Le Ham. De Maringue plaide à Charolles, y paie taille, & y prend sel : le reste de la Par. qui usait de sel de Peccais, est en procès pour conserver son droit.

Bon terroir ; vignes ; excellens pâturages.

À 4 l. de Semur, 1 ½ de Charolles, 10 de Mâcon.

SAINT-IGNI-DE-VERS

App. Santigné en 1288, Sininiacum ; Par. voc. S. Jean-B. Patr. du Chap. d'Aigueperse ; dern. Par. du Dioc. d'Autun au sud. Le clocher & partie de la Paroisse sont du Beaujolais, à Henri de la Brosse, qui a sa Chapelle fondée à l'Église : le reste, du Baillage de Mâcon, Recette de Semur, de la Seigneurie de la Garde-Marzac, & du Comté de la Claytte.

2 Chât. celui de la Brosse, qui releve de Beaujeu, est bâti à l'antique, échût à Ant. de Montrichard en 1631, par succession de Cl. de la Belouse, & celui de Colange, Paroisse de Dun, par mariage avec Isabelle de la Tour-Paula en 1656. Henri-René de Montrichard, anc. Page de la Dauphine, Sgr. de Marchangi en Lyonnais, a le Fief de la Brosse. L'autre Chât. à Cl. de Saint-Georges, par son épouse Franç. Monchanin de la Garde-Marzac : cette Dame a laissé aux pauvres, en 1763, une grande marque de sa charité, en léguant 6000 l. de rente à ses 12 Terres ; il y a 1600 l. pour 8 vieillards infirmes de Santigni, qui avec cette somme vivent à l'aise, & aident leur famille. Voilà pourtant le peu qu'il en coûte pour nourrir les gens vertueux dans nos campagnes. Quelle effrayante comparaison, quand on songe à ce qu'on prodigue tous les jours pour soudoyer le vice dans la Capitale !

Belle Chapelle avec haute flèche en ardoise, voc. N. D. de Vers, dans le Village de ce nom, construite par les Dumont, Bourgeois du Pays, il y a plus de 200 ans. Autre Chapelle rurale de St. Clément au Ham. de ce nom.

Par. de 7 l. de tour, de difficile desserte à cause des ruisseaux, des montagnes & des bois ; 1500 Comm. & à portion congrue.

Dép. Mont, Vers, St.Clement, Vibus, Le Charne, les Canot, Aujoux, la Brette, le Rousset, &c. & 50 Domaines.

AJOUX, Altum Jugum, où M. Tranchand, Professeur à Beaujeu, a trouvé des minéraux de plomb tessulaire ou galène, dont j'ai vu chez lui de beaux morceaux : il a découvert aussi à la Chapelle-sous-Dun, proche Châteauneuf, une mine de charbon de terre, qu'on se propose d'exploiter, & une mine de plomb vernis, à S. Polycarpe près de S. Julien.

2 ruiss. qui prennent leurs sources en la Paroisse, se jettent dans le Sornain au Sordet, font aller dix sarroirs ou moulins à scier le sapin, qui en 24 h. coupent 6 douzaines de planches ; 10 battoirs d'écorce, 1 moulin à farine. Les montagnes sont couvertes de bois, presque tout en sapin ; on y fabrique le charbon qui se vend à Charlieu, Beaujeu, Villefranche. .... Pays sauvage, entrecoupé de montagnes où il ne croît que du seigle, du sarrasin & beaucoup de pommes de terre.

À 6 l. de Semur, 6 de Mâcon, 17 d'Autun.

SAINT-LÉGER-SOUS-BUSSIÈRE

S. Leodegarius prope Buxeriam, P. à la coll. de l'Év. de Mâcon ; Sgr. N. de Castellane, qui l'est aussi de la Bussiere sur Grône, avec Chapelle. Foires. Anc. Chât. sur la colline, qui a donné le nom à une bonne Noblesse éteinte depuis longtemps. Marguerite de la Bussiere, Religieuse à Marcigni, fut Abbesse de St. Jean d'Autun en 1066 : c'était une place forte qui commendait sur le chemin de la Claytte à Mâcon, & sur tout le voisinage. J. de Toulongeon, Baron de Senecey, Maréchal de Bourgogne, tenta la fidélité du Gouverneur, qui, loin de se laisser surprendre, battit le Maréchal & le fit prisonnier. Ayant été échangé avec le Comte de Vantadour, il signala son ressentiment par la ruine de ce Château, comme s'il eût pu ensevelir sous ses débris le souvenir de l'affront qu'il y avait reçu.

Beatrix de la Bussière porta cette Terre au Prés. Antoine Leviste son mari, en 1431 ; & Jeanne leur fille à Anne Robertet, de qui elle fut acquise par le Bailli de Mâcon, Phil. Paphi sgr. de Neronde, qui la laissa à N. Laurencin son parent, des desscendans duquel J. de Foudras de Château-Thiers l'acquit en 1696.

Les dépend. sont la Bussiere, la Belouze où il y a foires, Négeant, les Murs, Mont-didiera &c. Papeterie sur la rivière venant de de Saint-Pierre-Lavieu, qui réunie à celle d'Audour, forme la Grône. On trouve à S. Leger une marne noire crystallisée, pyriteuse, qui annonce une mine de charbon.

À 8 l. de Semur, 5 de Mâcon, 17 d'Autun.

SAINT-RACHO : V. DUN-LE-ROI

SAINT-SYMPHORIEN-DU-BOIS

Par. Patr. le Doyen de Parai. Anc. Chapelle de St. George bien réparée, dont le nom est resté à un Village au milieu des bois. Le clocher & la plus grande partie de la Paroisse & dép. de la Seigneurie & Justice de Dyo ; une autre partie de celle de Drée, une autre de celle du Prieur de St. Germain ; enfin, le Curé a aussi le Fief avec Justice, qui comprend son pourpris, ses fonds curiaux & autres, comme il se voit par plusieurs titres des XV & XVIe. s. qui sont dans ses archives. Il posséde encore un autre Fief en simple directe & censive, acquis en 1488 d'Édouard Damas de la Bazole, & établi par 2 terriers de 1552 à 1636.

350 Comm. avec les dépend. St. George, la Pouge, Giverdier, Montalon, Bois-Soleil, Baubigni, &c. Pays de bois. Sur la gr. route de Charolles à la Claytte. (V. Dyo ci-devans).

À 3 l. de Semur, 2 de Charolles, 8 de Mâcon, 14 d'Autun.

SIVIGNAN en Mâconnais : V. SUIN en Charolais.

TELEAY ET FLACELIÈRES et AIGUEPERSE

Deux Villages en Mâconnais, Recette de Semur, dans la Paroisse de Saint-Bonnet-des-Bruyeres, jadis mère Église, maint. Annexe d'Aigueperse, desservie par un Vic. Dioc. d'Autun. Saint-Bonnet en Beaujolais, de 700 Comm., est entre Matour & Saint-Igni-de-Vers.

Aigueperse, Aqua Sparsa, à présent Paroisse, a un Chapitre fondé en 1288 par Louis, Sire de Beaujeu, & Hugues d'Arci, Év. d'Autun, composé d'un Doyen, de 12 Chanoines, dont 9 résidant : les 3 autres sont Curés de Saint-Igni, de Saint-Racho & de Propierre. Les Chanoines sont Patrons de la Cure & Doyenné du lieu. Theode de Maze, Calviniste, s'empara des biens du Chapitre en 1562, pilla les archives, & démolit les maisons du cloître.

Les Ham. dép. sont Villemartin, Curteli, les Canards, les Brosses, Villars, Mussery, Fief en toute Juft. Chât. & Ham. de 30 f. au Sgr. de Vauzelles, Franç. Louis de Musy : (V. sur cette famille, l'Hôpital-le-Mercier en Brion.) 3 moulins sur 2 petits ruiss. sortant de la montagne d'Ajoux.

À 6 l. de Semur, 6 de Mâcon, 3 de Beaujeu.

TRADET

Village de la Paroisse de Trades en Beaujolais, Baillage de Mâcon, Recette de Semur, Dioc. d'Autun. Trades peut avoir 140 Com. N. Paisson du Bacon, Sgr. ayant acquis de N. Quarré de Champvigni.

TRIVY

Tyrinacum, Par. voc. S. Germain d'Aux. Coll. L'Év. d'Autun ; M. de la Guiche, Sgr. du clocher & d'une partie de la Paroisse ; de la Justice de l'Écousserie, Seigneurie de Sevignon ; le reste dépend de la Justice de Cluni, & un canton de celle d'Audour. L'Essart, Fief en toute Just. 70 f. 260 Comm. Dépend. les Carrés, Epre, Chalanforge, Vazelle, &c. 1 moulin. Terroir sec ; ni communaux, ni bois ; très peu d'arbres fruitiers.

À 7 l. de Semur, 5 de Mâcon, 17 d'Autun.

VAREILLES

Varrelyae, Par. voc. St. Martin ; Patr. le Chapitre d'Aigueperse ; Sgr. le Marquis de Drée ; mêmes anc. Sgrs. qu'à Drée ou la Bazole (Voy. ci-devant Curbigni) ; entre Bodemont, St.Christophe & Oyé. 320 Com. avec les Écarts Saint-Albin, Montgiraud, Montet, &c. Chopaille, les Thevenin & Serain sont tous 3 alternat. avec St. Laurent. Bon terroir, difficile à cultiver, étant en terre forte : chemins impraticables en hiver & en temps de pluie.

À 3 l. de Semur, 1 de la Claytte, 8 de Mâcon, 16 d'Autun.

VARENNE EN BRIONNAIS

Varennae, Par. Voc. S. Pierre-ès-Liens ; Pat. & De. la Prieure de Marcigni depuis 1094 ; Archip. & Recette de Semur ; Prévôté du Baillage de Mâcon. L'Église est belle & vaste, a 3 nefs, & servait au Prieuré de Bénédictins établi sous S. Odilon en 1045 par Artaud Briennensis, uni depuis à Marcigni, desservi par 3 Religieux de cette Maison. On a découvert aux environs de l'Église, des carreaux, des ferrures & des clefs d'une grandeur prodigieuse. Le Prieur de Marcigni fit hommage au Roi en son Bailli de Mâcon, de la Terre de Varenne, en 1244.

Cette Seigneurie a été donnée en différens temps à Marcigni : Artaud de Brian cède l'Église & la dîme en 1094 ; Constance de Semur, dite de Varenne qui était son apanage, y lègue des fonds en 1109 ; Hugues de Manilli délaisse à sa fille Marguerite la Seigneurie de Montrason, en lui permettant d'en disposer pour Marcigni, où elle prit le voile en 1281.

250 Commun. 60 f. compris les dépend. Montrason, Fief ; le Seuil, les Courtes-Perches, les Galliots, les Hayes, &c. les Forges, Fief en toute Justice, ci-devant aux Joleaud, maint. à Louis-Melchior Comeau de Satenot par sa femme. Ce Fief vendu par les Bénédictins, en 1393, à Jean du Palais, passa à Ant. de Digoine en 1444, à Ant. de Vichy en 1466, à Laurent de Thenay par échange avec Boschevenu en 1630, remis par Catherine de Chauvigni de Blot sa veuve, à Jean-B. Joleaud, pour la Rente noble de la Beluze, Paroisse de Brian. Celui-ci fit mettre sa maison nouvellement bâtie, sous la sauvegarde du Roi, par Lettres de Henri de Bourbon-Condé, en 1645. Les Joleaud des Forges, origin. d'Autun, ont donné 8 Gendarmes de la Garde depuis 1650, & plus. Chevaliers de S. Louis. Un Joleaud fut tué à la bataille de Senef en 1674, un autre à celle de Ramilly en 1706.

Belle maison dite la Tour-Varenne, jadis Meix de la Grange, aux Raquin en 1500, ensuite aux Rosselin, de qui Jean-B. Joleaud l'acquit en 1641 ; maint. Fief à Jean-Bapt. Bouthier de Rochefort, Avocat, qui l'a orné d'une bonne bibliothèque & d'une Chapelle, de la plus noble simplicité.

Terroir maigre & léger : excellens prés le long de l'Arconce, où l'on engraisse de gros boeufs. Beau pont de pierre sur cette rivière, construit par la Province en 1731, appellé dans le devis, pont de St. Christophe, parce que le Sgr. de ce nom en fit voir la nécessité aux Élus, pour la communication du Mâconnais, Lyonnais, Beaujolais, avec la Bourgogne. On doit se hâter de réparer la plus belle arcade, dont l'avant-bec a été sappé par les fondemens, & menace ruine ; ce serait un grand malheur pour le pays. Carrière de grès. Bon chanvre. Vin commun.

Les Communautés de Varenne, Brian, Saint-Didier, ont été confirmées dans leur ancien droit de prendre le sel de Peccais à Charlieu, par Arrêt du Conseil en 1736, contre les Fermiers Généraux. Mesure de Marcigni de 42 l.

À 2 p. l. de Semur, 2 de Marcigni, 10 de Mâcon, 17 d'Autun, 27 de Dijon.

VERSAUGUE

Aqua-Versa, à cause de la chûte des eaux dans l'Arconce ; Par. voc. Ste. Marguerite ; Patr. le Prieur d'Anzi. Archip. de Semur ; Sgr. Cl. Abel, Marquis de Vichy-Monceaux. Une Dame de Fougères en aliéna les dîmes au profit des Mépartistes de Parai, qui paient la portion congrue au Curé. Adrienne de Fougères porta, en 1558, cette Terre & celle de Verdet, à Cl. de St.Georges son mari, qui fut tué par les Ligueurs, & inhumé dans cette Église en 1593.

Jean de St.-Georges, Seigneur en 1662. Le Verdet, Monceau & Versaugue passèrent de Philib. Dupuy à J. Perrin, dont les héritiers les ont vendus au Comte de Vichy-Chanron. Le Château du Verdet est détruit.

40 f. 140 Comm. Dépend. Bornats avec Chât. ruiné, la Rue-Neuve, les Gras, la Loge avec Chât. Fief en toute Just. relevant de la Baronnie de Semur, à Cl. du Ryer, ainsi que la Franchise. Claudine de S. Trivier acquit la Loge de Geoffroy de Tenay en 1558. La Paroisse s'étend jusqu'en celle de Poisson où est situé la Loge. Terre propre à la tuile, aux carreaux.

Ce Village sur une éminence, à ¼ de l. de l'Arconce, entre Poisson & Monceau, qui était autrefois son Annexe, érigée en Cure depuis 70 ans.

À 3 l. de Semur, 3 de Charolles, 2 de Parai, 2 de Marcigni & du Grenier à Sel, 12 de Mâcon.

Fin du Brionnais.

(Abréviations : Archip. Archiprêtré, Coll. Collation, Comm. Communiants, Dioc. Diocèse, f. feux, s. Siècle, l. lieu, Ham. Hameau, Par. Paroisse, Patr. Patronage, Sgr. Seigneur, Voc. Vocable, &c. etc.)

info Histoire du Charolais par Claude Courtépée

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