YGUERANDE OU AIGUERANDE
Ou, comme on prononce sur les lieux, Ygrande, Grandis Aqua, Iguerenda, dernière Paroisse du Baill. de Semur, qui n'y prend que les Ham. dépend. du Fief de Tronchy ; c'est aussi la Ire. qui commence le ressort du Lyonnais : voc. S. André, Dioc. de Mâcon ; Pat. la Prieure de Marcigni, Dame du clocher depuis l'échange que S. Hugues en fit contre la Seigneurie de Berzé-la-Ville, donnée à la Prieure par des Des. de Berzé, Religieuses à Marcigni, en 1088. L'Église, sur la hauteur, est un beau vaisseau à 3 nefs voûtées ; jadis aux Bénédictins dont on voit les stalles. Sur la montagne est la Chapelle de S. Marcel, qu'on croit avoir été l'Église Paroissiale. Autre Chapelle à Chassereux, Fief de peu d'étendue, à Catherine de Brosse.
Au bas du Village situé sur une éminence, est le Chât. où étaient autref. les Moines, & qu'on appelle encore le Prieuré : sur la hauteur était le Chât. de Tronchy, détruit ; à N. Chapuy de la Salle, Sgr. de Nervieux en Forez. Tronchy, anc. Chât. ruiné au XVe. s. & qui avait alors 58 Justiciables, est un démembrement de la Baronnie de Semur, fait en 1379, par Édouard de Beaujeu, au profit de J. de la Garde ; le terrier fut renouvellé en 1493 : Henri de la Garde en reprit de Fief en 1539. Tronchy passa aux Montmorillon. Cl. Saladin de Montm. Sgr. d'Essaulée en Charolais, le vendit, en 1639, à René de Patural, dont les descendans l'ont eu jusqu'en 1703. Briale était une dép. de l'ancien Tronchy. Chât. de Chery.
CHARENCY
Carintiacum, fut donné à Marcigni par Geoffroy de Semur, lorsqu'il se retira à Cluni au XIe. s. On voit un Renaud de Charenci en 1399 ; ce Fief était à Pierre de Luzy du Palais en 1433, & réuni depuis ce temps à la Sge. du Palais. Les Sgrs. de Charenci ont leur tombe en la Chapelle de la Vierge, fondée par eux en l'Église paroissiale. La Huchette, franc-aleu noble, a passé de Mence de Rongefer à Jos. Captier.
Ces différentes parties occupent le haut de la Paroisse. le bas est divisé par la Loire, sur laquelle est le port dépendant du Chery. Sur la gauche est un canton où se tire la pierre à chaux. Un 5e. Fief app. Deschamps, cédé, au XIe. s. au Prieuré de Marcigni, par un Noble dont la fille se fit Religieuse : ce Fief aliéné à N. Donguy d'Origni, dans le der. s. fut vendu à Philibert Dupuy des Falcons ; auj. à Jacq. Nic. Dupuy de Semur. Le Curé J . Girard lègue, dans le XIIIe. s. au Prieuré de Marcigni, son héritage situé près le pont sur la Loire, dont il ne reste aucune trace. Noël Dinet, autre Curé, a laissé aux pauvres de sa Paroisse un vigneronage (domaine en vigne) en 1748. Une Dame Patural a fondé un lit à l'Hôpital de Charlieu (de 5000 l.) pour les pauvres d'Yguerande, en 1759.
La Justice de Tronchy s'étend sur près du tiers de la Paroisse ; les deux autres sont sous la jurisdiction du Bailli de Marcigni, Prévot d'Yguerande, au ressort de la Sénéchaussée de Lyon pour les plaids, & dans l'Élection de Roanne pour les impositions.
Le Ham. de la Baisse-des-Burdins est partie Lyonnais, partie Bourgogne. La H. Justice est au Sgr. de S. Pierre-le-Noaille, au Fief de Tronchy & à la Prieure de Marcigni, chacun dans le canton qu'il couvre par ses terriers.
Les autres Ham. ou Dom. sont la Forêt, la Val, le Perray, Montmorin, la Fay, grande Varenne, les Pescelles & les Brieres ; ces 4 derniers sont Lyonnais ; la H. Justice en appartient au Sgr. de la tour de Villeret : Champortail, à présent les Brouillards, de la Justice du Palais, ainsi que la Rivoniere qui plaident en Lyonnais ; 2 maisons seulement sont en Bourgogne. Env. 730 Comm.
Le terroir du haut de la Paroisse est trop sec & trop argilleux ; celui du plat pays meilleur, mais souvent inondé par la Loire. Bon seigle. Côteaux de vignes, dont le Monguillard est le plus estimé.
À 1 l. ¼ de Marcigni, 12 de Semur.
PAROISSES MÂCONNAISES
Dans la Recette & Subdélégation de Semur en Brionnais ; presque toutes du Diocèse d'Autun, & de l'Archiprêtré du Bois-Sainte-Marie : on indiquera les autres Diocèses & Archiprêtres. Le Grenier à Sel de la Claytte ou de Charlieu est en litige.
AMANZÉ
Amanziacum, Amanzaeum, P. V. S. Pierre ès Liens, à la coll. de l'Év. d'Autun, Arch. de Semur, Sgr. le Marquis de la Queuille, dont le Château près de l'Église a le titre de Vicomte depuis 1617. Il a donné le nom à une anc. Maison noble, illustre par ses alliances & ses emplois. Le cimier dans les armes était un phénix, avec cette devise : non est mortale quod opto. P. d'Hosier a publié la généalogie des Amanzé : Palliot la réimprimée in-fol. avec les preuves, Dijon, 1659. Mais ils n'ont commencé qu'à Pi. d'Amanzé en 1268, tandis que par des titres conservés à Cluni, on remonte à Roger d'Amanzé, vivant en 1050, Officier du Roi Philippe I, père de Guichard qui eut Rodolphe, épouse d'Adeline de Brancion, d'où vint Hugues, père de Pierre : Hugues II, mari d'Alix de Vergy, fut père de Pierre II, qui épousa Isabeau de Dyo.
Jean de Villon, fils d'Alix d'Amanzé, fait en 1265 hommage au Duc Hugues IV pour sa maison d'Amanzé & ce qu'il posséde en cette Paroisse, à la réserve du cimetière & de la portion de dîme qu'il tient de l'Évêque d'Autun (voy. Perard, pag. 507), & pour Villon, de la Châtellenie de Châteauneuf en Mâconnais, dont le Chât. est ruiné sur le haut de la montagne : on a rebâti au bas. Athalie de Villon, femme de Geoffroy, d'Essertines, se fit Religieuse à Marcigni en 1090. Antoinette de Villon porta en dot à Jean d'Amanzé les Terres de Prizy, Champagni & Chaufaille en 1415.
Jacques d'Amanzé fut tué sous les yeux du Roi, à la bataille de Pavie ; Guillaume à celle de Renti, Jean à celle de S. Quentin. Leur Terre porta le titre de Baronnie jusqu'à Jean IV, père de 21 enfans, pour lequel elle fut érigée en Vicomté en 1617, & depuis en Comté. La branche aînée est éteinte par la mort de Louis d'Amanzé sans enfans mâles, en 1706. Sa fille aînée, Marie-Jos. a porté ses Terres à Anne-Gilbert de la Queuille de Châteaugay, chargé du nom & des armes d'Amanzé, aïeul du Sgr. actuel, Colonel du Régiment de Bresse, Brigadier des Armées du Roi. La Ier. fois que ce Sgr. est venu en son Château, après son mariage avec N. d'Escorailles, il a cédé tous les cens & redevances dus par ses censitaires, & s'est fait chérir de ses Vassaux par sa bienfaisance. Il sort d'une anc. Maison d'Auvergne, où elle a donné, en 1563, un Commandant & un Sénéchal en Jean de la Queuille. Châteaugay, entre Riom & Clermont entra dans sa maison par le mariage de Jac. de la Queuille, grand Chambellan du Duc de Bourbon, & Capitaine des Gendarmes, avec Louise de Guyac, De. de Chateaugay, fille de Pierre, Chambellan de Charles VII.
C'est ici le lieu de réparer une omission du Ier volume dans la liste des Lieutenants du Roi en Bourgogne ; Gaspard d'Amanzé, comte d'Escaert, Chevalier d'honneur du Parlement, élu de la Noblesse aux États de la Province en 1653, en fut commandant dep. 1656 à 1679. Louis, Comte d'Amanzé, son fils, fut son successeur en cette Place depuis 1679 à 1705. Anne-Gilbert de la Queuille, son gendre, lui succéda en 1705 à 1721.
Anc. Chât. couvert d'ardoise, avec un petit arsenal où sont de vieilles armes, 400 escopettes ou fusils à mêche, quelques petites pièces de canon, une caisse d'airain grosse comme un tonneau, couverte de peau aux 2 bouts, casques, cuirasses, &c. Vaste gallerie ornée de tableaux des Romains, des Rois de France, & des Princes de la Maison de Bourbon. Parc consid. entouré de murs : grand jardin avec une belle orangerie bien entretenue, & des vieux myrtes donnés par le Duc d'Épernon.
Les dépend. du Comté sont Amanzé, Prizy, Saint-Ambreuil & Tolcy : celles de la Paroisse de 350 Comm. sont la Vallée, les Croz-de-Vaux, la Camige, les Thevenin, Previgny, le Rocher, la Place, la Varenne en partie, l'autre de la Paroisse d'Oyé. Chapelle de S. Jean dans les vignes de Breuil : restes d'une anc. Léproserie dans le pré de l'Hopital, qu'on croit avoir été Annexe. On trouve encore plus. Tombes au tour de la Chapelle : ce lieu s'appellait l'Hopital de Beaurepaire. Françoise Litaud, veuve de Louis des Roches, y fit une donation en 1639 ; les revenus en ont été transférés à celui de Parai, par l'Abbé Joseph d'Amanzé en 1719. Marie de Falconis, Dame d'Amanzé & de Prizy, relicte de Louis d'Amanzé, laissa une rente de 25 liv. pour l'entretien de la lampe de l'Église, & autant à celle de Prizy en 1710 ; plus, 60 l. de rente pour les pauvres d'Amanzé, 30 l. pour ceux de Saint-Ambreu (Ambreuil), & 60 l. pour ceux de Prizy : j'en ai vu l'acte.
Bon terroir, excellent pâturage, pays à moitié vignoble : étang de Fontbrelon.
À 3 l. de Semur, 10 de Mâcon, 1 ¼ de la Claytte.
BOIS-SAINTE-MARIE, Bourg
Sancta Maria de Bosco : son nom annonce qu'il était autref. dans les bois ; il n'y en a plus auj. Par. voc. la Vierge (8 7re), Pat. l'Abbé de Cluni ; Archip. de 23 Paroisses, Dioc. d'Autun, Châtell. Royale du ressort de Mâcon, possédée à titre d'engagement par Gilbert, Marquis de Drée, & auj. par son fils, comme propriétaire par échange avec le Roi. Elle s'étendait jadis sur 32 Villages, dont la plus grande partie a été aliénée. Elle comprend encore Montmelard, Colombier en partie, Dompierre-Audour, la Farge en Beaujolais & Dun-le-Roi, ainsi que Vareilles & Gibles en partie.
Jacq. Alacoque, frère de la pieuse Marie-Marguerite, en était Curé en 1680. Anne de la Forêt, relicte de Phil. de la Souche, Écuyer, a laissé 12 mes. de bled aux veuves de la Paroisse en 1753. 4 mes. ont été fondées de même par Marcelline de Montmessin, affectées sur le domaine Simoland, Paroisse de Colombier, il y a 130 ans.
Belle Église à 3 nefs. Chapelle de Se. Barbe très propre, fondée par Henri Barthelot, Juge de la Châtellenie, en 1608. Celle de S. Nicol. fondée par Marotte Leduc, femme de Barthelemi de Pyremont, en 1437 : c'est elle qui donna la Terre d'Ecusse, Paroisse d'Ozole, à Cluni. Ruines d'un anc. Prieuré de Bénéd. à mi-côte, appellé, dans de vieux titres, Abbatiola.
Syndic perpétuel qui a la Police. Bourg muré, jadis à 3 portes (plus qu'une), & considérable, puisque les Comtes de Mâcon y venaient souvent, tenaient des Officiers pour rendre la Justice, & y faisaient battre monnoie. Guichard de Germoles, Évêque de Mâcon, obtint que son Chapitre leverait 1 d. sur chaque livre de monnaie fabriquée au Bois-Sainte-Marie, en 1265. Il y avait aussi un Grenier à Sel qui a été transféré à la Claytte. Depuis ce temps, les marchés ont cessé. On est actuellement en procès pour l'objet du Sel avec les États du Mâconnais.
Les Armagnacs s'étant emparés de cette place en 1420, y causèrent beaucoup de dommages ; elle en essuya d'autres du temps des guerres civiles, ayant été prise & brûlée par les Calvinistes en 1567, & le Prieuré ruiné. 6 familles nobles sont sorties de ce lieu, réduit à 150 Com. avec 6 foires. Il est étonnant qu'un ancien Bourg, décoré d'un Hôtel des Monnoies, d'une Châtell. Royale, d'un Prieuré, d'un Grenier à Sel, d'une Mairie, soit tombé dans un tel dépérissement, sans voie publique ni commerce. Nul Hameau dépendant, sinon 2 maisons à l'écart, l'une dans le Village de Mathoud, l'autre, app. des Blancs, altern. avec Colombier.
Ce Bourg est bien déchu de l'état où il était en 1312, lorsque le Roi Philippe le Bel en fit l'échange pour la Jurisdiction temporelle de Lyon avec l'Archevêque.
François Ier, donna la jouissance de cette Terre à Marc de Chantemerle, vaill. Capit. depuis Gouvern. de l'Auxerrois ; elle a passé ensuite aux La Magdelaine, aux Lesdiguières, à la Princesse d'Armagnac, au Marquis de Drée.
On y recueille du seigle, sarrasin, des pommes de terre : pays sec, maigre, sablonneux.
À 5 l. de Semur, 2 ½ de Charolles, 8 de Mâcon, 15 d'Autun
BODEMONT, ancienn. BOSDEMONT
Boscus de Monte, Par. près de la Claytte, oubliée dans Garreau & Expilli ; voc. St. Sulpice, Dioc. de Mâcon, à la collat. du Commandeur de Mâcon, Décimat. avec le Curé. Le Marquis de Drée, Sgr. du clocher. Grosse tour quarrée à l'entrée du bois, restes d'un anc. Chât. dont relevait Chassigni, & qui appartenait au Duc de Lesdiguières en 1640, depuis à la Princesse d'Armagnac, maint. au Sgr. Ce Chât. s'appellait la Farge, dont était Seigr. en 1387 J. de Morchamp. Alix Bataille, Damoiseau, qui vendit à Girard de Sissey des fonds à Saint-Gilles, qu'il tenait de feu J. Bataille, Chevalier, donna son dénombrement en 1405 de ce qu'il possédait en Fief dans la Paroisse de Blanzy, au Duc, à cause de son Chât. de Montcenis.
Chemin détestable, surtout en hiver. 40 f. 150 Comm. Les dépend. sont la Boudure, altern. avec St. Laurent, Merloux, Beluzes, les Crottes, Gothard & Fay, entre Curbigni, Vareille & la Claytte.
À 3 l. de Semur, ½ de la Claytte, 8 de Mâcon.
LA BAZOLE
Terre avec beau Chât. érigée en Marquisat depuis 1768, sous le nom de Drée, dans la Paroisse de Curbigni : (V. ce Village ci-après). Vaste étang de la Bazole avec moulin.
CHAMBILLI
Camboliacum, Cambiliacum, Paroisse régie par le Droit Écrit ; Voc. St. Didier, cependant on y fait la fête de S. Denis ; Patr. la Prieure de Marcigni, Dame & Décim. depuis 1090 ; Dioc. d'Autun, Archip. de Pierrefite. C'est une anc. Châtell. sous la Jurisdiction du Bailli de Marcigni, qui va tous les ans tenir ses assises, le 12 Août, sur le port de la Loire.
Le Ham. des Cotteaux & quelques maisons près de la rivière de Bourg-le-Comte, répondent au Juge des Basses-Marches du Bourbonnais, quoique de la Paroisse de Chambilli, dont la situation est charmante, sur la rive gauche de la Loire.
Ce voisinage lui procure bien des commodités pour le commerce & le travail des Charpentiers ; mais cet avantage lui coûte cher par les désordres que ce fleuve, si rapide dans ses inondations, trop inconstant dans son cours, cause presque tous les ans sur ses rivages. S'il continue sans reprendre son anc. lit, il achèvera la ruine du Bourg, & emportera l'Église avec le cimetière.
Chambilli était jadis un apanage des puînés de la Maison de Semur : Froilan en était Sgr. vers 1030. Cette Terre fut donnée en 1090 au Prieuré de Marcigni, en vertu d'un entrage fort ancien.
Fief de Montcoulon ou Montcolon, dont le terrier fut renouvellé en 1538 par Didier Bailli de la Charnaye, en 1543 par Humbert de la Roziere, & en 1598 par Jacqueline de Chaugy. Gaspard Lourdin de Saligni, Sgr. en 1629, du chef de sa femme Françoise de la Guiche. De Philib. Dupuy de Falcons il a passé à J. Franç. Cudel, Chevr. de St. Louis, Capit. au Rég. de Penthievre.
Champvigni, sur le penchant de la colline, au bout d'un grand vignoble, est dans une situation plus belle & plus saine. Celle des Cotteaux, au sommet de la colline, a l'aspect plus varié sur le cours de la Loire. La forêt de Narbau, de haute futaie, termine au sud la Paroisse qui a 60 f. Les Habitans du Bourg sont presque tous Charpentiers en bateaux ; ceux des Hameaux, Laboureurs ou Vignerons. 1 quart de froment, le reste de seigle ; chanvre; bled noir. Vin médiocre. Plusieurs étangs. Bois. Les autres Hameaux sont Montgrailloux, le Lac, les Cotteaux, les Diens. 200 Comm.
À 1 l. de Semur, 13 de Mâcon, 17 d'Autun.
COLOMBIER
Columbaria, Columberium, Par. voc. S. Hypolite ; Pat. l'Abbé de Cluni ; Sgr. P. Emman. du Mirat du Coté : une petite partie dépend du Comté de la Claytte.
Anc. Hermitage du Bois-Dieu, du nom de la forêt où il est situé, détruit depuis 80 ans. Philib. de la Forêt avait fondé en la Chap. de N. D. de la Paix 18 Messes, & une aumône de 12 boisseaux de seigle le Jeudi Saint, pour 24 veuves.
La Chap. de Ste. Catherine de Breschard est du Pat. du Chap. d'Aigueperse. Valetine, Fief relevant de la Claytte, ci-devant aux Naturel-Valetine, auj. à N. Guyon, Prévôt de la Maréchaussée de Charolles. Les Blancs, Fief à N. Chevalier ; à Cl. de la Forêt en 1650.
380 Comm. avec les dépend. la Tuilerie, les Leurres, Valetine, la Marthiere, la Nauge, les Blancs, les Mathoud, &c. Entre Colombier & Ozole était le Prieuré de la Barbarandiere. On voit encore les murs de l'Église & un chœur fermé. Il dép. du Prieur de Viage en Auvergne.
À 4 l. de Semur, 8 de Mâcon, 15 d'Autun.
CURBIGNI
Curbiniacum, Par. Voc. S. Pierre ès Liens ; Pat. l'Abbé de Cluni ; le Marquis de Drée & Cl. Alexis Noblet de la Claytte, Cosgrs.
La Bazole fort beau Chât. bâti en partie par le Duc de Lesdiguières, & fini par Gilbert de Drée, qui l'a fait ériger en Marquisat sous le nom de Drée, en 1769. Ce Château a longtemps appartenu aux Damas : Édouard Damas, mort sans enfans au service du Roi, laissa en 1520 cette Terre à Anne sa sœur, femme de N. de Belarbre, qui la lui fit vendre à Girard de la Magdelaine de Ragni, Bailli d'Auxois ; des descendans duquel elle passa aux Lesdiguières, & en 1710 à la Princesse d'Armagnac de Lorraine, qui la vendit en 1748 à Gilbert de Drée, Sgr. de Verprez, héritier du Comte de Damas son oncle, d'une anc. Noblesse de l'Auxois, où est la Terre de Drée, Baill. d'Arnay-le-Duc. (V. Drée, tom. V).
Ce Marquisat s'étend sur la moitié de Curbigni (l'autre dépend de la Claytte), sur les Paroisses de Bosdemont, Vareille, St. Symphorien-des-Bois, Trelus & Sernier en la Paroisse de S. Christophe. La Bourdoniere, Fief réuni au Marquisat.
Ham. ou Écarts, les Rondets, la Lande, Sarre, les Mignards, les Ranches ; en tout 220 Comm. 1 moulin. Pays en bon air, mais mauvais chemin. Terroir jaunâtre, aride en été, & détrempé aux premières pluies. Peu ou point de froment ; pâturages médiocres.
À 5 l. de Mâcon, 4 de Semur, 16 d'Autun.
DOMPIERRE-AUX-ORMES ou D'AUDOUR
Domna-Petra, Par. voc. S. Ant. de Padoue ; Patron l'Abbé de Cluni ; Sgr. Cl. Matthieu Damas d'Audour, qui a rebâti à la moderne son Chât. avec Chap. castrale, voc. la Vierge. 15 f.
Autre Chap. au bois du Lin, voc. S. Jean-Bapt. Membre de la Commanderie de Mâcon ; jadis Hôpital fondé par les Sgrs., en très mauvais état. 3 anc. Chât. ruinés, Frouges, la Motte & la Fay, au Sgr. Cette Terre en toute Justice a été possédée par les Maisons de Nagu, de Fautrieres & de l'Étouf-Pradines, d'où par succession elle a passé en celle de Damas.
12 foires, marché le Mercredi. Grenier à Sel libre. Ham. ou Écarts, Audour dont partie en Beaujolais, les Monnieres, la Toule où se fait un dépôt de vin, Comason ou Comersons alternat. avec Trembly en Mâc. Poizoles, la Roche, la Fay, le Bois de Lin, Monet altern. avec Matour, Fief à N. Aulas ; les Bruyères & Frourges en Beaujolais : au dernier se fait un dépôt de sel. Anc. Chât. fort. 4 moulins.
Le Seigneur a creusé un canal d'une lieue, depuis son Château d'Audour jusqu'à l'entrée de la forêt de Matour ; il va en circulant dans les champs, étant destiné à arroser les prés. Il est nourri par un ruisseau qui sort de la fontaine de Crozan, & va tomber dans la Grône : large de 20 à 24 pieds, il porte bateau pour le transport des engrais & pour les gerbes. En creusant, on a trouvé des débris d'anc. bâtimens, des tuiles à la romaine. Ce bel ouvrage est dû au génie de N. Goyon de la Plombanie.
À 7 l. de Semur, 6 de Mâcon, 15 d'Autun, 3 de Charolles, de la Claytte, 4 de Cluni, 1 ¼ de Matour où est le Bureau de Contrôle & de la Poste.
DUN-LE-ROI ET SAINT-RACHO
Regio Dunum, Castrum Duni, que S. Julien De Baleure honore du nom de Ville, mais qui est bien déchue de son ancienne splendeur, n'ayant plus que des masures, sans aucune maison. Le temps a respecté l'Église Paroissiale dédiée à la Vierge ; jadis du Patr. du Chapitre d'Aigueperse ; maintenant à la collat. de l'Év. d'Autun. Depuis 1762 que le tonnerre tomba dessus, elle n'est plus entretenue. Les 2 Chap. de S. J. B.& de S. Denis qui étaient auprès, sont totalement ruinées. Il y a toujours apport le jour de S. Denis. Celle de S. Jean dép. de la Paroisse de Varenne, quoique à 2 toises de l'Église de Dun.
Les Sgrs. de la Garde-Marzac ont fait bâtir vers 1710, à mi-côte de la montagne, une Église nouv. sous le voc. S. Racho, qui tient lieu de l'anc. Paroisse, pour la commodité des Habitans : elle a même donné le nom au Village de 10 f. Sgr. Cl. de Saint-Georges, Comte de Saint-André en Forez, par son mariage avec Françoise Éleon. de Montchanin de Marzac, & qui doit revenir au Marquis de Vichy. La Garde-Marzac est un Chât. à St.-Igni-de-Vers. Env. 100 f. 420 Com. avec les dépend.
Colanges avec un vieux Château dont on voit une tour au bas de S. Racho, à Henri de la Brosse, dont le père Louis de Montrichard de la Brosse est mort en 1770, Chevalier de S. Louis & Élu de la Noblesse aux États du Mâconnais : (Voy. S. Igni-de-Vers).
Chavannes, à Cabanis, autref. à Philib. Naturel, Sgr. de la Plaine en Lyonnais, dont le frère, de même nom, était Prévôt d'Utrecht, Abbé d'Ainai, Chancelier de l'Ordre de la Toison d'Or en 1504, & Ambassadeur en France pour les Empereurs Maximilien & Charles V ; c'est lui qui, de la part de ce dernier Prince, dénonça la guerre à François Ier. étant à Dijon. On voit un Guillaume de Chavannes, Doyen de Mâcon, inhumé en 1210 au cloître de la Cathédrale. Chavannes est maint, à N. de la Brosse, Chevalier de St Louis, résidant à Eseratz près de Beaujeu. Tremont, anc. Chât. à une branche de la Maison de Semur ; maint. à Cl. Alexis de Noblet, Comte de la Claytte, ainsi que la Belouse. Autres Ham. Basset, Boucaud, Argolet, les deux Poiseuls, Sordet avec anc. Castel, &c. Plus. Dom.
Le Curé, Chanoine né d'Aigueperse, a un terrier de 1481 pour prés & bois. Le Sornain passe dans la Paroisse. 4 moulins. Beaucoup de châtaigniers.
Dun par son nom celtique, Dunum, par ses ruines, paroît ancien, & était très fort par sa situation sur la plus haute montagne du Mâconnais : cette forteresse avait deux portes ; l'une de Mâcon, & l'autre de Saint Laurent ; 4 tours rondes & des murs épais : tout fut pris & ruiné par Philippe-Augufte, qui fit la guerre aux Comtes de Châlon, de Mâcon & de Beaujeu, pour les punir d'avoir ravagé les terres des Écclésiastiques & des Moines, en 1181. Le Chât. de Chavagni-le-Lombard en Beaujolais essuya le même sort. Dun ne s'est jamais depuis relevé de ses ruines. On montre encore la place des 4 Chevaliers, où les Sgrs. de Dun, de Chavannes, de Colanges & de Châteauneuf, se rassemblaient quelquefois.
C'est une tradition dans le canton, que l'anc. Baill. de Mâcon siégeait à Dun-le-Roi ; mais on ne sait sur quoi elle peut être sondée. La place est trop petite & d'un trop difficile accès, pour avoir pu être le séjour des Officiers d'un Bailliage.
St. Julien raconte que de là on voit Dun en Berri, (il faudrait de bons yeux car il y a 40 lieues) ; que les fourmis se rendent en la Chapelle de S. Fremy (S. Firmin auj. en masure) le 25 Sept, jour de sa Fête, font un tour devant l'Autel, & y meurent. Ce qui m'a été certifié sur les lieux, c'est qu'à la fin de l'automne il entre dans l'Église beaucoup de fourmis, qui y périssent de froid. Du haut de Dun on apperçoit le Forez, le Beaujolais, le Brionnais & le Chalonnais ; on perce même jusques dans le Morvan. On voit au sud-ouest beaucoup de forêts de pins. À l'est, vis-à-vis Dun, est la montagne de Dunet encore plus élevée, d'où le proverbe dans le pays :
Si Dun sur Dunet était,
Les portes de Rome on verrait.
À 1 l. de la Claytte, 3 de Charlieu, 4 de Semur, 8 de Mâcon.
DYO ou DIO
Diocum, P. voc. S. Pierre ès Liens, Arch. de Semur, à la collat. de l'Év. d'Autun ; le Prieur de St. Sernin, Sgr. du clocher ; De. du reste de la Paroisse, Magdel. Angélique de Gassion, relicte de Louis Sr. Damas d'Anlezy, dont l'héritier est Jean-Pierre Damas de Sasangi.
Ce lieu a donné le nom à une très ancienne & illustre Maison du Mâconnais, ayant les armoiries de Bourgogne bandé d'or & d'azur de 6 pièces à la bordure de gueules. Ces Sgrs. ont leur tombeau au Prieuré de S. Germain, dont ils furent les Fondateurs à la fin du XIe. s. Geoffroy de Dyo épousa en 1280, Marie de Chateauvilain, fille de Simon, Baron de Semur. Le Laboureur, qui n'a pas donné dans les fables de S.-Julien de Baleure sur la qualité de Comte Palatin, dit, p. 471, qu'Alix Palaine ou Palatin, mariée en secondes noces à Guy de Dyo en 1336, laissa de grands biens à Antoine l'un de ses fils, chargé de porter son nom & ses armes.
Jean fut Sgr. de Saint-Beurri en Auxois & Baron de Montperroux, par don de Philippe de Bourbon son oncle. Jacques son fils fut, dit St. Julien, un des plus accomplis Gentilshommes de son temps. Son 5e. fils Philibert, Sgr. de la Roche en Breni, fut nommé Présid. au Parlem. de Paris par Charles IX, pour ses savoirs & vertus. Cl. Palatin de Dyo, Chevalier de l'Ordre, fut élu de la Noblesse aux États de 1581, & Jacq. de Dio-Montperroux en 1622.
François de Dyo épousa Éléonore de Damas, Dame de Montmort, en 1641. Marie-Élizabeth de Dyo porta cette Baronnie aux Damas d'Anlezy : son petit-fils Louis-François Damas, Élu de la Noblesse en 1748, est mort Commandant en Bourgogne en 1763. Il ne reste plus de l'anc. Maison de Dyo que 2 frères descendans de la branche de Montm. dont l'aîné est établi en Lorraine, & le cadet à Blois. Le Commandr. de Chalon est un Dyo-Montperroux.
Hugues Dalmace de Semur, 3e. fils d'Adelais, eut en partage, en 1096, les Sgrs. de Dyo, Luny, St.-Symphorien-du-Bois, & Martigni en Charolais avec celle de Champseau en Brionnais.
Chapelle de la Trinité à St.-Prix, au pied d'une montagne, couverte de bois, & au milieu 4 ou 5 Met. qui sont en bon terroir. Mans, Mansum, gros Vill. avec Chapelle de S. Roch ; bon climat en froment & prés. Lavau, petite Terre où était un Chât. Boeuf, arrière-fief, dont Jean de Dyo reprit de Fief, ainsi que de Laval, en 1284. Boeuf est auj. à N. Geoffroi, Avoc. à la Claytte. Le Tremby, autre Fief.
Les autres Ham. ou Écarts sont le Dard, Baudinet, les Réveillés, Conche, Chaveton, &c. en tout 600 Comm.
On a trouvé à Champbarlet, en 1770, plus. médailles du haut Empire, d'argent, & une d'or de Cl. le Gothique, une colonne avec figures, déposée au jardin du Curé de St. Symphorien, & des restes de bâtimens anciens.
Le Chât. de Dyo est isolé, dans un lieu solitaire, environné de bois, & tombe en ruine : son enceinte est vaste ; bois de sapin auprès.
La nouvelle route de Charolles à la Claytte fait la séparation de la Paroisse de Dyo avec celle de St. Germain-des-Bois. Ruisseau qui vient du moulin de Conche ayant une scie à bois. 2 autres moulins. 2 tuileries.
À 3 1. ½ de Semur, 9 de Mâcon, 15 d'Autun.
GIBLES
Gebula, de Gibilis, Par. Voc. St. Martin, jadis S. Christophe ; Patr. le Chap. d'Aigueperse, alternat. avec l'Abbé de S. Rigaud ; Sgr. Pierre-Emman. du Mirat, de Roanne, avec Chât. ruiné. À 200 toises de l'Église, masures de l'anc. Chât. du Coté ; Seigneurie en toute Justice au même, possédée autref. par les Lesdiguières, par le Maréchal de Villeroi, par N. de Foudras de Château-Tiers.
Lavau, la Prâle, Colombret, Fiefs : la Motte-Fombreuil, à Joseph de la Salle Vigousset : Corcelles où il y a une tour, vient des Naturel & des Chambonas, à J. Marie-Matthieu d'Oyé. Étienne Naturel, Sgr. de Corcelles en 1484, l'aïeul des Naturel de Valetine & de Baleure : (V. ci-devant Dun-le-Roi). Colombret en releve ; Vaubresson, à Cl. de Rambuteau ; Montronant, Mons Rotundus, à Cl. Chevalier, Gendarme de la Garde.
Les autres Ham. ou Écarts sont Indre, la Charmaye, le Vernay, la Grange, la Seigne, Chatenai, Montbon, Martigni, Pomeray, &c. en tout 700 Comm. 3 moulins sur un ruisseau qui tombe dans l'étang de la Bazole. À 5 toises du clocher, on trouve du talc, espèce de fossile brillant qui se sépare par feuille.
À 5 l. de Semur, 7 de Mâcon, 15 d'Autun.
MARCIGNI-SUR-LOIRE, dit LES NONAINS, Ville
Marcigniacum, Marcineium, Marciniacum ; l'anc. Par. de S. Nizier, auj. presque en ruine, du patr. de la Prieure, fut abandonnée en 1620, à cause de son éloignement & de son mauvais état : il y a bien de l'apparence que la Ville était jadis près de cette Église ; celle de St. Nicolas sa Succursale, bâtie à la fin du XIVe. s. sert maintenant de Paroisse : elle est desservie par un Curé & des Mépartistes; il y en a eu jusqu'à 28, réduits à 3, compris le Curé. Ces places ont été fondées pour les enfans du lieu.
Les RÉCOLETS doivent leur établissement dans un Fauxbourg, à Franç. Gregaine, d'une anc. famille de Marcigni, & à Magdeleine Racaud sa femme. Cl. Gregaine leur fils, 3 fois Provincial des Récolets, obtint du Duc de Bellegarde les matériaux du Chât. démoli en 1603, pour bâtir le Couvent fondé en 1616, & achevé en 1623. Les URSULINES en 1643.
L'HÔPITAL de 10 lits, desservi par six Soeurs de l'lnslitut de celles de Dijon, dont la Ire. Supérieure fut N. Tisserand, était jadis à Lochenal hors de la Ville : il fut rebâti, il y a 100 ans, au Beauregard, où était la fameuse tour de Milan-perle. Les principaux Bienfaiteurs sont les Montillet, Jaquet, Bigalion Curé de St. Martin-du-Lac, de Chalonnai dont un Échevin perpétuel ; inhumé à la Chap. des Aubergeries en 1710. Cath. Bailly, épouse d'Etienne de Musy, Capit. au Régim. de Piémont, y a fondé une messe quotidienne, & a légué une somme de 3000 liv. en 1745.
À l'extrémité du grand Fauxbourg est une anc. Chap. de la Vierge, dite N. D. des Aubergeries, destinée sans doute à éberger & recevoir les pauvres voyageurs : 2 bas-reliefs assez grossiers, incrustés dans le mur, représentent, l'un, des personnes à table ; l'autre, 2 hommes qui portent ensemble une chaudiere. Plusieurs Bourgeois sont inhumés en cette Chapelle.
Léproserie établie au XIIe s. au sud de la Ville, où l'on voit une Croix sur un tertre. Le Prieur de Marcigni disputant la Justice de ce lieu à Guichard de Beaujeu, Baron de Semur, fit mettre le feu à cet Hospice, & emprisonner quelques lépreux. Guichard, dans sa colère, fit brûler 23 de ces malheureux, & renversa ce que la flamme avait épargné de leurs bâtimens, en 1322. Il fut condamné à 10000 liv. d'amende envers le Roi, 500 envers le Prieuré, & à la réparation des dommages.
PRIEURÉ DE BÉNÉDICTINES
Ce qui distingue cette Ville & lui a donné son surnom de Nonains, c'est le riche Prieuré des Filles de la Trinité, sous le voc. de N. Dame, de S. Pierre & S. Paul. Il fut fondé en 1054 par S. Hugues, VIe. Abbé de Cluni, aidé de son frère Geoffroy, Baron de Semur, dans son propre patrimoine, pour des femmes retirées du monde, pour des Servantes de Dieu & de la Vierge, comme Cluni avait été établi pour être l'asyle des pécheurs, selon l'expression de l'acte donné par Saint Hugues : sicut peccatores homines Clunineum habebant ità peccatricibus fœminis de mundi laqueis ad hunc locum confugientibus . . .
Une charte du XIe. s. rapportée dans la Bibliothèque de Cluni, p. 85 des Notes, l'appelle un vénérable Monastère en Bourgogne, au territoire de Semur, proche le lit de la Loire, du Diocèse d'Autun.
Le Fondateur veut qu'on n'y reçoive aucun sujet au dessous de 20 ans, selon la régle de l'Église. Il établit 12 Religieux de Cluni pour administrer les Sacremens & faire l'Office divin : ils étaient encore 12 en 1311. L'Abbé Jacq. d'Amboise en supprimant les Offices claustraux, les réduisit à 8 en 1507, & ils ne sont plus que 3. Plusieurs Seignrs. voisins s'y consacrèrent à Dieu, tels que Eldin de Glaine, Bern. de Saligni, Hugues Duvaux de Chizeul, J. de la Barge, &c.
Urbain II confirme, en 1096, aux Religieuses la jouissance de tous les biens qui leur avaient été donnés. On voit par cette Bulle qu'elles en avaient déjà en 13 Dioc.
Je ne citerai que les Églises dont elles possédaient les dîmes & le patronage en celui d'Autun. Varennes, Brian, Sary, Baugi, Chambilli, Saint-Nizier, Sainte-Foy, Saint-Christophe, Saint-Léger, la 4e. partie de l'Église de S. Martin de la Vallée : celle de S. Julien de Sivry fut donnée par Norgaud, Évêque d'Autun, en 1105.
Une autre Bulle de Calixte II conserve les Religieuses dans la possession de la Ville de Marcigni avec l'Église de Saint Nizier. Geoffroy de Semur, après leur avoir donné plusieurs terres, bois, étangs, se fit Moine à Cluni avec son fils, & ses 3 filles prirent le voile à Marcigni, dont il devint Prieur en 1088 : ce fut de sa main qu'Eldin de Glaine & Étiennette son épouse reçurent l'habit en 1116. Hugues, aussi Prieur, fut choisi Abbé de Cluni, & mourut 5 mois après, en 1122. Rainal de Semur, mort Archevêque de Lyon en 1129, avait été Prieur de Marcigni & Abbé de Vezelai.
Dalmace de Bourbon cède aux Religieuses, pour sa mère Guillemette qui avait pris le voile, un domaine, ad Casellum Jugi Pini, fin auprès de Bourbon-Lancy. Berthe de Luzy donne son Fief in Villa Chazeacas, peut-être Chizeul, en entrant en Religion. Jobert de l'Épinasse vend à la Prieure ses biens à Baugi & à Chessy en 1323. Alix Chopard lui assure en 1399, 51 poissons tous les ans en Carême, pour lesquels on fait un obit ; apparemment qu'il y avait alors autant de Religieuses : mais en 1311 il y en avait 99, la Vierge, comme le Chef, devait être la centième, nostra centesima, dit un titre de ce temps : une statue de la Vierge est encore croisée & voilée, & tous les jours on distribue aux pauvres la prébende de la Vierge. Elles n'étaient plus que 46 en 1378, 20 en 1507, & ne sont maintenant que 13. Leurs principaux Bienfaiteurs, après les Barons de Semur, sont les Sires de Bourbon & de Beaujeu, les Sgrs. de Saligny, Jaligny, Yguerande, du Châtelet, Pomier, Chessie, Solmain d'Hurgues, Centarben, auj. S. Albin, Essertine, Digoine, Cypierre, Civignon, Chalamont, Labarge, &c.
La réputation de régularité était si grande dans cette Maison les Iers. siècles, qu'en 1078 Guy, Comte de Mâcon, s'étant retiré à Cluni avec 30 Nobles Chevaliers, leurs femmes embrassèrent la vie monastique à Marcigni. On y vit des silles des Ires. Maisons de France & de la Bourgogne, telles qu'Aremburge, de Vergy, 6 filles de la Maison de Semur, plusieurs des Maisons de Ponthieu, de Forez, de Foudras, de Beaujeu, de Clermont, de Mailli, de Montboissier, de Bourbon, de Chalon, d'Amanzé, de Brancion, de Dyo, de Melun, d'Albon, au XIe. s. ; une Almadie de Limoges, fille du Duc d'Aquitaine, en 1076 ; Alberte de Champagne en 1078, Gillas & Alix de Bourgogne en 1086, une Garsin de Bigore en même temps ; Adelle d'Angleterre, fille de Guillaume le Conquérant, en 1095 ; Hermingarde d'Anjou en 1100 ; Alix de Guines, petite nièce de St. Hugues, en 1114 ; Ste. Varelize, fille d'Alphonse, Roi d'Arragon, en 1137 ; Mathilde de Boulogne, femme d'Étienne de Blois, Roi d'Angleterre ; Ève de Montmorenci en 1220, Ermingarde d'Angleterre, Étiennette de Mont-St.-Jean, . . . Jeanne, Reine de Navarre, en 1401, . . . Une Religieuse chargée de fournir l'huile, était appellée Domina olei : un acte de 1410 lui affecte 10 den. de rente sur un héritage acensé par le Couvent.
Parmi les Prieures, Hermingarde de Semur en 1061, Gillette de Béarn en 1080, Jeanne de Semur en 1084, Agilmorde de Périgord en 1090, Gastenne de Plaisance, Magdeleine d'Uxelles, Félicité d'Humières, Gabrielle de Naples, Sicile d'Uxelles au XIVe siècle, Jeanne Damas en 1439, Marguerite de Dyo en 1445, Isabelle de la Guiche en 1480, Edmonde Pot en 1485, Claudine de Vichy morte en 1559, à laquelle succéda Étiennette du Blé, Nicole de Caumartin, Françoise de Chevrières, Antoinette du Bois de la Rochette, ensuite Gasparde de Simiane, Jeanne de Busseul, Marguerite Blondeau en 1638, Marie de Saint-André de Montjorval en 1662, Jacqueline de Chantelot en 1675, Catherine Delachaize d'Aiz, que le Cardinal Bouillon nomma en 1691 pour obliger le P. Delachaize son oncle ; Éléonore du Maine du Bourg, petite-fille du Maréchal, à laquelle a succédé en 1769 Anne-Nicole de la Queuille d'Amanzé.
Cette Dame considérant que sa maison bâtie sur les eaux était malsaine pour celles qui l'habitent, a entrepris une nouvelle construction d'après les dessins du Sr. Verniquet, Architecte : la Ire. pierre en a été posée avec solemnité le 9 Mai 1777, par le Cardinal de la Rochefoucault, Archev. de Rouen, Abbé de Cluni. L'Église nue, obscure & étranglée, dont la Ire. Dédicace se fit le 13 Fev. 1081 par Hugues, Archevêque de Lyon, va aussi changer de face : la nef ci-devant occupée par les Religieuses, sera rendue à sa destination naturelle, pour le peuple qui ne savait où se placer pendant les Sermons du Carême qui se prêchent dans cette Église. On y conserve un os du bras de S. Hugues, donné au XVIe. s. par le Chapitre de Mâcon qui l'avait soustrait au pillage des Huguenots.
N'oublions pas Ste. Raingarde, mère de Pierre le Vénérable, veuve de Maurice de Montboissier, qui mourut Cellériere à Marcigni en 1135. Sa vie écrite par la Soeur de Blemner de Caen, en 1673, est rapportée dans le VIIe. vol. de l'année bénéd. au 9 Décembre. La clôture était si exacte & si extraordinaire, que les Religieuses furent sur le point de se laisser consumer par les flammes, au rapport de Pierre le Vénérable, plutôt que de la violer : (V. le Traité de la clôture des Religieuses par J. B. Thiers, in-12, 1682, où ce trait est cité). Cet illustre Abbé de Cluni écrivait à Héloïse, qu'il désirait la voir à Marcigni pour y jouir de sa conversation savante : Utinam te jocondus Marciniaci carcer cum cœteris Christi ancillis inclusisset ! (Bib. Clun. pag. 852).
On n'y a jamais reçu que des filles nobles : on exige encore des preuves de noblesse de 4 générations du côté du père, la Postulante faisant la 5e., & il faut que sa mère soit noble. La Prieure est Dame de Marcigni, qui fut affranchi de main-morte en 1450 pour 15 liv. de rente, affectée sur le port : elle jouit encore de plusieurs autres belles Terres, a le patronage de 32 Cures en différens Diocèses, de quelques Chapelles & de Prieurés simples. On voit dans la Bibliothèque de Cluni, pag. 1709, que neuf Prieurés dépendaient de celui-ci, dont un S. Michel en Espagne en la Ville de Zamora, en 1169 ; un autre en Angleterre, au Dioc. de Salisbury, qui devait à Marcigni 55 liv. sterling par an ; celui de S. Jean de Corello, au Diocèse d'Autun ; celui de S. Loup-sur-Abran proche Decize, Dioc. de Nevers, uni depuis à Marcigni ; celui de Montet, Dioc. de Chalon.
Ce Prieuré faisait autrefois une aumône d'une livre de pain à chaque pauvre tous les Lundis, Mercredis & Vendredis du Carême, annoncée par le son de la grosse cloche, & qui a été confirmée par Arrêt du Grand-Conseil du 30 Janvier 1765 : depuis ce temps, pour éviter les abus, par transactions passées avec les Paroisses voisines qui avaient droit à cette aumône, les Curés reçoivent pour leurs pauvres une certaine quantité de grains portée par la transaction.
Le Monastère ne paroît pas avoir été double, comme on l'a prétendu, dans le principe; il n'y a point eu de Bénéfice masculin, n'ayant été fondé que pour des filles. Le Prieur n'avait été que leur conseil, & non le propriétaire des biens. Cependant il y eut, sous le Cardinal de Richelieu, sous Louis XIV & Louis XV, de grands procès contre la Prieure & des Prieurs dénommés ; mais par une Bulle d'Innocent XII en 1693, homologuée en 1696, & par un Arrêt du Grand-Conseil du 19 Septembre 1747, 1e Prieuré conventuel de Marcigni a été déclaré Bénéfice féminin.
Les Moines obtinrent de Jean de Chateauvilain, Baron de Semur, la haute-Justice au Prieuré (& en 1290 dans Marcigni même), à la charge du ressort & de l'appel à Semur, par un traité de 1266, moyennant une rente de 50 livres, de 200 bichets de seigle & 15 chars de paille, payables au Seigneur de Semur : Édouard de Beaujeu s'en départit même en 1390, en faisant une pieuse fondation. Après plusieurs contestations entre les Moines & Guichard de Beaujeu, le Parlement de Paris par Arrêt de 1323, appelle Arrêt d'interim, accorda au Baron la saisine de la Justice de Marcigni, & la mit en la main du Roi comme supérieur pendant leurs débats, avec attribution de Jurisdiction au Bailliage de Mâcon, qui était alors la seule Justice royale du canton.
Édouard, Comte de Beaujolais, fît foi & hommage au Duc Philippe, des Ville de Marcigni, Terres & dépendances de la Baronnie de Semur. Cet Édouard, piqué contre les Moines, fit fermer le port de Marcigni, s'empara des bateaux, & brûla publiquement le bail fait aux Fermiers : mais par Arrêt de 1393, la Prieure fut rétablie dans sa Jurisdiction, toujours ressortissante à Semur.
Cependant, malgré les Lettres patentes de Charles V en 1364, la Déclaration de Louis XI en 1477, & celle de Charles VIII en 1483, qui portent que Marcigni demeurera dans le ressort de la Justice de Semur, les Moines ont si bien fait, que cette petite Ville, qui n'est qu'à ¼ de lieue de la première, a été unie au Bailliage de Mâcon : aussi Louis de Lorraine, Comte d'Armagnac, propriétaire des anciens droits d'aides du Mâconnais, voulut soumettre les Habitans de Marcigni à ces droits nouveaux pour eux ; mais, par Arrêt du Conseil du 19 Mars 1685, le Roi maintint cette Ville & ses Fauxbourgs dans l'exemption & franchises des droits d'aides du Mâconnais, comme ayant toujours fait partie du Duché de Bourgogne. Un Arrêt du Parlement, rendu sur la requête du Procureur-Syndic des États, le 20 Juin 1648, porte que les procès pour raison de tailles & d'aides, seront traités en première instance au Bailliage de Semur, & par appel au Parlement pour les Villes de Marcigni, Bois-Sainte-Marie & autres Paroisses de la Recette de Semur.
FAITS HISTORIQUES : SIÈGES, LIGUE
Marcigni a essuyé différentes révolutions dont on a parlé en général dans le Coup d'œil sur le Brionnais. Le redoutable Prince de Galles, fils du Roi Édouard III, passa la Loire sur le pont de Marcigni en 1366, & ravagea le Charolais & la Bourgogne : il en fut expulsé par le Connétable du Guesclin : (V. 1er. Vol. pag. 184). En 1370 Philippe le Hardi allant voir à Riom le Duc de Berry son frère, passa par Marcigni, accompagné de 50 Chevaliers & Écuyers : il venait de Rouvre, & avait pris sa route par S. Gengoux & Perreci.
En 1417, le Duc Jean étant entré en France, à la tête d'une puissante armée, engagea les Villes à s'unir à lui : Marcigni lui envoya sa lettre d'adhésion.
Cette Ville fut assiégée en 1419 par les troupes du Dauphin, depuis Charles VII, que le Maréchal de Cottebrune défit, & força de repasser la Loire : elle fut prise en 1431 par le Comte de Clermont, & reprise par Perrinet Grasset, Capitaine Général du Nivernois, qui la rendit en 1433, pour le bien de la paix, au Duc de Bourbon. Ce Prince ne la garda pas longtemps, puisqu'on voit Bernard de la Broquerie, Ier. Écuyer Tranchant, établi par Philippe le Bon, Gouverneur des Ville & Châtel de Marcigni en Janvier 1434, aux gages de 800 liv. : apparemment que les ennemis du Duc s'en rendirent encore maîtres ; car François Surienne, dit l'Arragonois, Maître de l'Artillerie du Duc, la surprit par escalade en 1438.
Les Protestans sous Poncenat & St.-Aubin leurs Chefs, y commirent de grands dégâts en 1562, pillèrent le Prieuré, déchirèrent tous les livres, brisèrent les Autels, les croix, les images, comme l'atteste le procès-verbal dressé par Cl. de Monchanin, Châtelain du Bois-Sainte-Marie : on voit par cette pièce en 25 feuillets, qui m'a été communiquée, qu'on regrettait beaucoup la table d'albâtre du Maître-Autel, sur laquelle était la portraiture de N. S. & 4 piliers de cuivre, un candelabre à 7 branches, & la figure de Notre-Dame l'Abbesse. Il paroît aussi que Jean Raquin, Juge de Marcigni, J. Menant & Nic. Chauvais, Bouchers, favorisèrent les Huguenots en cette occasion. Le procès-verbal qui fait monter le dommage à 10000 écus, (le marc était à 15 liv. 15 s. ) est signé par Nic. de Somery, Abbé de Septfonts ; Théod. de Vichy, Doyen de Lyon ; Antoine de Semur, Sgr. de Sancenier ; Tresmont de Cercy ; Cl. de Montagni ; Adrien de la Garde, Sgr. de Chassigni ; Geoffroi de Tenaï de S. Christophe ; Cl. de Digoine du Palais ; & Philibert de Vichy, Sgr. de Chevenizet.
Pour éviter pareille surprise, Charles IX ordonna, en 1567, au Capitaine Martin de séparer le pont-levis du Château, & les loges pour mettre des soldats, afin que la Ville demeure en plus grande sureté, dit la lettre originale de ce Prince, que j'ai vue aux archives du Prieuré. Antoine Marque était alors Grenetier ; P. Gregaine, Syndic ; Louis Dupuy & Cl. de Lhopital, Échevins : le Capitaine Martin ayant déclaré ne savoir lire ni écrire, fit lire la lettre par le Greffier. Sur les remontrances des Habitans, le Roi leur permit de garder le port, & fit conftruire la tour de Milan-Perle.
L'armée des Reîtres, forte de 25000 hom. commandée par Casimir & le Prince de Condé, après avoir ravagé le Brionnais, entra dans cette place, & passa la Loire sur un pont de batteaux en 1576.
Henri III allant de Lyon à Bourbon-Lancy, où il séjourna six semaines avec la Reine en 1584, s'arrêta à Marcigni, où le Comte de Tavanes resta en garnison avec sa Compagnie, pendant le séjour du Roi dans ces cantons.
La peste de 1585 rendit la Ville déserte : le Curé, Sébastien Cottout (le nom de ce bon Pasteur mérite d'être cité), eut le courage d'y rester. La Loire causa des pertes immenses par ses débordemens extraordinaires en 1586 et 1587.
Après la bataille d'Aulneau, le Duc de Bouillon & le Comte de Chatillon passèrent à Marcigni avec 4000 hom. le 6 Xre. 1587. Le Duc d'Épernon les suivait bien accompagné, pour terminer avec eux des articles de paix déjà proposés. Chatillon les refusant, se retira dans le Vivarais, suivi de 1500 chevaux. Le Duc de Bouillon & d'autres Seigneurs Calvinistes s'arrangèrent avec d'Épernon : celui-ci ordonna au Prieuré un grand repas où il fut soupçonné d'avoir empoisonné les convives Huguenots ; d'où vint le proverbe cité par M. de Thou, Dieu nous préserve du dîné de Marcigni ! En effet, à peine le Duc de Bouillon, le Baron de Doney & autres Gentilshommes furent-ils arrivés à Genève, qu'ils moururent.
Des Marchands de Lyon avaient déposé 4000 muids de sel à la tour de Milan-Perle, forteresse flanquée de guérites & bien fossoyée, disent les Mémoires de Tavanes ; le Comte de Saulx l'assiège, force la garnison à capituler, & enlève le sel dont il paie ses soldats. Il poursuit les Ligueurs, commandés par Varenne-Nagu, Gouverneur de Mâcon, & les défait à l'Épinasse en 1589.
Marcigni, & ses environs sont fort incommodés par les troupes des Ligueurs pendant le siège qu'ils faisaient de Charlieu, emporté d'assaut, quoique défendu par 1200 hommes. Après cette prise, le Baron de Lux séjourne 4 jours à Marcigni, & laisse pour y commander Molins-Latour en 1590.
Le Duc de Nemours y entre avec 2000 hommes le 20 Avril 1591. Des Sergens d'Autun arrivent quelque temps après pour contraindre les Habitans au paiement des tailles par ordre du Duc de Mayenne. 15 jours après le Capitaine Espiard tenant le parti du Roi, de la garnison de Bourbon, vient forcer le pays à faire un autre paiement.
Saint-Martin, qui entretenait des intelligences avec quelques Citoyens de cette Ville, la surprend la nuit du 24 Août 1591, fait sauter par le pétard la porte du Prieuré, marche droit au Château qui lui est livré par 2 Suisses, pille les plus riches maisons, & fait charger 40 chars des meilleurs effets. Comme il se disposait à enlever son butin, arrivent dans les Fauxbourgs St.-Christophe & Molins avec 40 Arquebusiers. Le pillage cesse ; l'ennemi rentre dans le Château, auquel Thianges, d'Uxelles, de la Claytte & d'Ambierle, survenus avec 900 hommes, présentent l'escalade, & sont repoussés trois fois. 2 coulevrines, arrivées de Mâcon, le forcent à quitter la place le 3 Septembre 1591, & à rendre les prisonniers. Thianges y établit pour Commandant le Sr. Després, avec les Compagnies de Longecourt & de Morland.
Mais Marcigni, délivré quelque temps après des Ligueurs, se rendit à la Nocle le 10 Octobre 1594. Thianges, facile de ce que c'était le seul endroit du pays qui ne fut pas du parti de la St. Union, écrivit à Mayenne pour obtenir des troupes & du canon, afin d'en former le siège : l'arrivée du Maréchal de Biron en Bourgogne arrêta ses projets dangereux. La Nocle investit avec 500 hommes le fort de Champseaux, le battit de 2 pièces d'artillerie, le prit & le rasa. Després, Capitaine du Château d'Arci, le rendit à la Nocle le 27 Février 1595. La prise de cette forteresse, qui servait de boulevart à Parai, engagea cette Ville, le 5 Mars, à se soumettre au Roi entre les mains du Comte de la Guiche.
Le Château de Marcigni au sud, cause fatale de ses malheurs, fut rasé en 1603, à la prière des Habitans mécontens du Châtelain. C'était un donjon quarré, de 16 toises de haut, & de 6 pieds d'épaisseur, entouré d'une bonne muraille flanquée de 4 tours : il avait été élevé par les Ducs de Bourgogne près la porte dessus, pour s'opposer aux incursions des Ducs du Bourbonnais. Sur son emplacement a été construit une maison bourgeoise à M. Dupuy de Chateauvert.
Marcigni est situé près de la Loire (à 600 toises), à l'entrée d'une gorge qui conduit à Semur à l'est. Il est borné à l'ouest par des coteaux qui régnent du sud au nord, forment au dessous un beau bassin de 3/4 de l. coupé par ce fleuve qui coule au milieu. Il y avait un pont de bois qui fut emporté au commencement du XVe. s. On passe la Loire en bateau au port de Chambilli, appartenant à la Ville, qui l'afferme, ainsi que son droit de pêche. (Voy. Chambilli).
Elle peut contenir 390 f., 1600 Commun. avec les Domaines qui en dépendent, & 2000 âmes. Son commerce est en bled, bois, fil, &c. Il serait bien plus vif si, par le moïen d'un petit canal, la Loire venait à former un port près de la Ville, qui vraisemblablement jouissait autrefois de cet avantage, lorsqu'elle était rassemblée autour de l'Église de S. Nizier, & que le pont subsistait. Gros marché tous les Lundis, où il se débite beaucoup de fil, & 4 foires par an. Subdélégation ; Grenier à Sel de la Direction de Chalon. Quoique du Bailliage de Mâcon depuis près de 3 siècles, cette Ville est de la Recette & de l'Archiprêtré de Semur, & les affaires de finances, tailles, gabelles, . . sont toujours du ressort du Parlement de Dijon : elle est gouvernée par un Syndic perpétuel nommé par le Roi. C'est la 22e. Ville qui députe aux États : elle donnera en 1784 le 2e. Alcade, & Bourbon le 3e. Belle route de Marcigni à Digoin & à Parai.
Les plus anciennes familles sont les VERCHÈRE depuis le XIIIe. s. qui ont donné des Magistrats distingués au Parlement. HUGUES FRANÇOIS VERCHÈRE DE REFFYE, né en 1680, reçu Avocat à Paris en 1705, Juge de Marcigni en 1717, Syndic perpétuel de la Ville en 1741, s'acquit dans tous ces Emplois la réputation d'un grand juge. Il avait toutes les qualités qui forment le vrai Magistrat. Il mourut en 1755, estimé & chéri de tous, laissant une riche bibliothèque & de bons manuscrits, fruit d'un travail de 50 ans. Il a fourni 700 articles à la nouv. édit. de Moreri. Guillaume Verchère, né en 1573 à Marcigni, fut Maire de la Réole. Une de ses filles s'établit en Canada où elle forma un établissement & un petit fort appellé
Verchère, à quelques lieues de Montréal, près des Isles de Richelieu. Les Iroquois vinrent l'attaquer, pendant que ses gens étaient aux champs, & furent repoussés par cette Héroïne habillée en Amazone, avec une bravoure digne des vieux Militaires. Quelques années après, le même fort attaqué par les Sauvages, aurait été emporté sans la belle défense de sa fille, âgée de 16 ans, qui tira un coup de canon pour avertir les environs, se porta partout avec un soldat, & força l'ennemi à la retraite. Ce trait de courage ayant été mandé à Madame de Pontchartrain, le Roi lui fit une pension de 400 liv. Ces faits sont tirés d'un livre intitulé :
Aventures d'un Marin sous le règne de Louis XIV. L'Auteur dit avoir connu ces 2 Dames Verchère, & avoir vu leur fort.
[
Complément sur Madeleine de Verchères et sa mère héroïnes de la Nouvelle-France]
Les Montillet, dont un Capitaine pendant la Ligue ; les Gregaine sortis du Village de ce nom, Paroisse de Brian, établis à Marcigni en 1400 ; les Marquet, dont Antoine, Receveur du Grenier à Sel, était Échevin en 1530 avec J. de Chandon, Écuyer Sgr. de Brailles ; les Dupuy, les du Ryer dont un Ant. Capit. du Chât. de Marcigni en 1440 ; un André, Châtelain de Semur sous Louis XI ; Christophe, Lieut. Gén. des Basses-Marches du Bourbonnais, siège du Donjon, Maître des Requêtes de la Reine-Mère.
Il fut père d'André du Ryer, Sr. de Malezair, Fief de la Paroisse du Lac en Brionnais, où il est mort en 1668, après avoir été Consul aux Échelles du Levant, où il avait appris les langues turque & arabe ; il fut nommé Secrétaire du Roi, Interprète aux langues orientales en 1651, & Gentilhomme de la Chambre : on a de lui plusieurs ouvrages, entr'autres, une Grammaire turque & l'Alcoran imprimé à Paris en 1647, in-4°. réimprimé à Amsterdam en 1733. Cl. du Ryer, Receveur des Consignations à Marcigni, qui a hérité de ses ancêtres le goût des Lettres, possède plusieurs manuscripts de ce Savant, qui consistent en instructions politiques & discours à l'Empereur des Turcs, ses passe-ports en arabe, &c. . . . Il est étonnant que l'Abbé Papillon, qui a enflé sa liste de tant d'auteurs ignorés, ait oublié André du Ryer qui a fait honneur à la Bourgogne.
Quelques-uns doutent que Pierre du Ryer, né à Paris, de l'Acad. Française, froid traducteur, Poète tragique, soit de la même famille.
M. Michault rapporte, dans le Ier. vol. de ses Mélanges, pag. 333, une lettre du Père Berthet qui fait l'éloge du P. de S. Rigaud, né à Marcigni, Philosophe, Mathématicien, grand Prédicateur à Lyon. On dit qu'ayant été envoyé par Louis XIV à la Bibliothèque du Vatican, il retenait de mémoire les manuscrits qu'il avait lus, & qu'on ne lui permettait pas de copier.
Marcigni est à ¾ de l. de Semur, 4 de Parai, 5 de Charolles, 12 de Mâcon, 10 de Cluni, 30 de Dijon.
Lat. 46d. 14' 8". Long. 1d. 43' 19".
MALTAVERNE
Mala Taberna, Village de la Paroisse. de Briennon (V. ci-devant Briennon) : ajoutez, qu'il fut vendu par Laurent de Tenay à Henri d'Ogeroles en 1625, & appart. auj. à Mde. de Lillebonne. Il fut déclaré en 1459 être de tout temps du Duché de Bourgogne, & non imposable par les Officiers Royaux du Lyonnais.
MATOUR
Amatorium, Par. voc. S. J. B. Pat. l'Abbé de S. Rigaud ; Chap. seigneurie. fondée ; Sgr. depuis 1768, N. de Castellane, qui l'est aussi de Château-Thiers ou Thierry, app. par S. Julien Château-Tyard, possédé dès le XIVe. sièc. par la Maison de Foudras, une des plus illustres de Bourgogne par son ancienneté & ses alliances : cette Seigneurie fut érigée en Comté en 1680, en faveur de Roland de Foudras. Il avait pour aïeul P. de Foudras, Chevr. Sgr. de Courcenay en 1291.
12 foires. 1200 Comm. avec les dépend. Monnet, Trescourt, Auvereau, Crozet, Croux, Etivaux, Argaud, Authiard, Neuilly, &c. Plus. Dom. & moulins.
À 7 l. de Semur, 5 de Mâcon, 4 de Cluni, 15 d'Autun.
MEULIN
Ancienn. Mevilain, Mediolanum, Mediolatium, Medrolatium, Par. voc. S. Pierre, Pat. L'Abbé de Cluni ; de la Justice-Mage de Cluni, de celle d'Audour & de Château-Thiers ; l'Abbé de St. Rigaud, Sgr. du clocher. 180 Comm.
Ham. les Plassards, le haut de Meulin, les Baudrats, Lassin, les Saudet. 1 moulin. Pays de montagnes.
À 5 l. de Semur, 6 de Mâcon.
MONTMELARD
Mons-Melardi, Par. voc. St. Barthelemi, ancienn. S. Denis ; Pat. l'Abbé de Cluni depuis 983, que cette Église fut donnée à S. Mayeul par Valtere, Évêq. d'Autun : elle était alors sous le voc. de Ste. Marie, & a été desservie par les Moines ; de la Châtell. du Bois-Ste.-Marie ; Sgr. Engag. d'abord, ensuite propriétaire, le Marquis de Drée, par échange fait avec le Roi.
Chât. de Villars à N. Bernard de la Vernette, Lieut. de Roi en Mâconn. Nureux à N. d'Ethy, Comte de Milly, Colonel de Dragons, de l'Acad. des Sciences. Vigousset à Jos. de la Salle, Sgr. de Poncy. Le Pas, ci-devant à P. Marie Naturel de Valetine, maint. à N. Guyon, Prévôt de la Maréch. de Charolles. Chap. à Vigousset, & une à Nureux.
Les autres Ham. ou Écarts sont le Buisson, la Juneaux, Chamay, Villard, Vauzelle, &c. & 8 Domaines détachés.
Sur le mont Crozan ruines d'un anc. Monastère, dép. de S. Rigaud, sous le voc. de S. Cyr, où était un fameux apport. Fontaine dans le flanc de la montagne, qui communique aux 2 mers par la Saône & la Loire. 3 moulins sur plus. étangs. Seigle ; pommes de terre ; sarrasin.
Ce Village, sur une hauteur, de 100 f. 500 Commun. est entre Dompierre à l'est, Matour au sud-est, Dun-le-Roi au sud, Gibles à l'ouest, Ozole & Baubery au nord.
À 5 l. de Semur, 3 de Charolles, 6 de Cluni, 7 de Mâcon, 15 d'Autun.
OUROUX SOUS LE BOIS DE SAINTE-MARIE
Oratorium, Par. voc. St. Pierre-ès-Liens, Patr. l'Abbé de Cluni, du Comté de Dyo ; Guy de Dyo acheta de Jean de Marzac, Sgr. de Sigy, le Châtel, ses fonds & dîmes à Ouroux, en 1360. 50 f. 200 Commun. Tour, faisant partie d'un anc. Chât. app. Chassagne, Fief à Cl. Barthelot de Rambuteau. Dép. la Croix & Champeau. Froment ; quelques vignes ; beauc. de fruits.
À 5 l. de Semur, 1 ½ de Charolles, 9 de Mâcon, 14 d'Autun.
OZOLE
Ozola, Par. voc. S. J. Bapt. (28 Août) ; l'Év. d'Autun Collat. le Curé Sgr. du clocher & d'une partie du Village, le reste de la Paroisse, en ce qui est du Mâconnais, au Sgr. de Château-Thiers ; la partie du Charolais dépend de la Sge. de Moulins-la-Cour. 55 f. du Brionnais, 45 du Charolais où sont encore 5 Domaines.
Rambuteau, Chât. & Seigneurie possédée dep. 180 ans par les ancêtres de Cl. Barthelot, Chevalier de S. Louis, dont 2 ont été Lieut. de Roi en Mâconnais, & un Brigadier des Armées du Roi. Très jolie Chapelle castrale de S. Henri fondée par Henri Barthelot en 1064. Le Sgr. actuel a construit 32 Domaines dans l'étendue de sa Terre, à 3 l. de tour : 18 sont dans les environs du Chât. Par ses soins ce pays, maigre, sauvage, inculte, est défriché, vivifié & embelli : on croirait de loin que ce sont autant de maisons bourgeoises. Son Château, quoique sur une éminence, a l'agrément de belles pièces d'eau, environné de bois, avec 5 étangs. Son frère, aussi Chevalier de S. Louis, a donné au pays un grand sujet d'édification par sa retraite à Septfonds, où il passe, depuis 12 ans, 6 à 7 mois de l'année avec ces pieux Solitaires.
Crary, Château à P. Emanuel du Mirat ; Ecusses, dont Dalmace de la Porte était Sgr. en 1377, donné à Cluni en 1437 par Mariette Leduc, aliéné en 1622, Fief à Cl. de Rambuteau ; Pommey ou Pomay, Fief avec Chapelle, à Alexis Rougemont, Conseiller à Charolles ; Cloudeau, Closum aquae, Fief avec 4 foires, au Sgr. de Villars : les autres dépend. sont les Brouillards, les Forgeat, Monchalon, Somery avec une ancienne tour, Fief à la Comtesse de Pons-St.-Maurice, & ci-devant aux de Moulins-la-Cour.
À 5 l. de Semur, 6 de Cluni, 1 de Charolles, 8 de Mâcon, 14 d'Autun.
PRISY D'AMANZÉ
Ancienn. Prizey, Prisiacum, Par. Voc. S. André ; Pat. l'Abbé de Cluni. Cette Terre est depuis 1415 aux Comtes d'Amanzé. Une Dame de ce nom a laissé 60 liv. de rente pour les pauvres, en 1710 ; (V. Amanzé). Le Presbytère fut brûlé par les Calvinistes en 1562. 30 f. 120 Comm. Ham. le Parc, ancien Fief où jadis était le Château ; les Bouffiers, le Monceau, Tolsy en partie. Pays varié, peu fertile.
À 3 l. de Semur, 9 de Mâcon.
RAMBUTEAU : V. OZOLE
SAINT-GERMAIN-DES-BOIS
Par. dont l'Église assez belle a servi aux Chanoines Rég. de S. Aug., & où les Sgrs. de Dyo, Fondateurs du Prieuré vers 1095, ont leur tombeau élevé, ainsi que Sybille de Luzy, Dame de Dioco & de Sigi en 1228, & Jeanne de Clungiis... en 1300. Il n'y a plus de Religieux, & le Prieuré a été uni à celui de St. Sernin-des-Bois : (Voy. St. Sernin, Baillage de Montcenis).
Le Patron de la Paroisse est S. Benoît avec S. Germain. Le Prieur Sgr. Haut-Justicier & Patron du Bénéfice. Il reste encore des vestiges du Monastere, qui fut brûlé & l'Église pillée par les Calvinistes, commandés sous l'Amiral de Coligni par Clermont d'Amboise & Briquemaut. L'Abbé Dagu, dans son Histoire des Révol. de Mâcon, pag. 121, dit que les Chanoines Rég. de S. Pierre de Mâcon étaient originairement issus de ceux de St. Germain. Chât. Terre & Chap. de St. Ambreuil ou Embrun (S. Ambroise) au Comte d'Amanzé, par mariage de Marguer. de Dyo avec un d'Amanzé. La Chapelle paroît avoir été l'anc. Église paroissiale du temps des Moines. 180 Commun. compris les Brosses-Dieu & l'Argollet, jadis la Grolay, de 60 Comm. Sur la grand'route de Charolles à la Claytte.
À ¼ de l. de Dyo, 5 de Semur, 8 de Mâcon.
ST JULIEN DE SIVRY
Du nom d'un Ham. app. Sivry ; P. voc. St. Julien, Martyr ; Patr. de la Prieure de Marcigni depuis 1105, qu'il lui fin accordé par Norgaud, Év. d'Autun ; de la Seigneurie de Vaux de Chizeul, anc. Fief ainsi app. du nom de Choiseul, dont une branche possédait de grands biens en Bourgogne. Marie de Choiseul, Dame de Sigy, de Laye, du Vaux de Chizeuil, porta ces Terres en dot à Guillaume de l'Aubepin, Seigr. de Sigy-le-Châtel : la dernière appartenait en 1650 a une branche de la Maison de Dyo de Montperroux, éteinte par le décès d'Éléonor Dyo de Montperroux, Lieut. Gén. des Arm. Ses biens substitués passèrent à sa sœur, mariée à Louis-Franç. Damas d'Anlezy, d'où, après sa mort, ils doivent revenir à J. Pierre Damas de Sassangi.
7 à 800 Comm. Ham. Sivry, les Jean-denis, Chevagni, petit bois avec Chap. de Ste. Geneviève, & un anc. Chât. à N. Baraille de Mandelot, Chevr. de Malte, en toute Justice. Autre Chap. des Rois à Vaux, avec anc. Chât. Moulin sur l'Arconce, app. Casse-Vesse ?. Le Ham. De Maringue plaide à Charolles, y paie taille, & y prend sel : le reste de la Par. qui usait de sel de Peccais, est en procès pour conserver son droit.
Bon terroir ; vignes ; excellens pâturages.
À 4 l. de Semur, 1 ½ de Charolles, 10 de Mâcon.
SAINT-IGNI-DE-VERS
App. Santigné en 1288, Sininiacum ; Par. voc. S. Jean-B. Patr. du Chap. d'Aigueperse ; dern. Par. du Dioc. d'Autun au sud. Le clocher & partie de la Paroisse sont du Beaujolais, à Henri de la Brosse, qui a sa Chapelle fondée à l'Église : le reste, du Baillage de Mâcon, Recette de Semur, de la Seigneurie de la Garde-Marzac, & du Comté de la Claytte.
2 Chât. celui de la Brosse, qui releve de Beaujeu, est bâti à l'antique, échût à Ant. de Montrichard en 1631, par succession de Cl. de la Belouse, & celui de Colange, Paroisse de Dun, par mariage avec Isabelle de la Tour-Paula en 1656. Henri-René de Montrichard, anc. Page de la Dauphine, Sgr. de Marchangi en Lyonnais, a le Fief de la Brosse. L'autre Chât. à Cl. de Saint-Georges, par son épouse Franç. Monchanin de la Garde-Marzac : cette Dame a laissé aux pauvres, en 1763, une grande marque de sa charité, en léguant 6000 l. de rente à ses 12 Terres ; il y a 1600 l. pour 8 vieillards infirmes de Santigni, qui avec cette somme vivent à l'aise, & aident leur famille. Voilà pourtant le peu qu'il en coûte pour nourrir les gens vertueux dans nos campagnes. Quelle effrayante comparaison, quand on songe à ce qu'on prodigue tous les jours pour soudoyer le vice dans la Capitale !
Belle Chapelle avec haute flèche en ardoise, voc. N. D. de Vers, dans le Village de ce nom, construite par les Dumont, Bourgeois du Pays, il y a plus de 200 ans. Autre Chapelle rurale de St. Clément au Ham. de ce nom.
Par. de 7 l. de tour, de difficile desserte à cause des ruisseaux, des montagnes & des bois ; 1500 Comm. & à portion congrue.
Dép. Mont, Vers, St.Clement, Vibus, Le Charne, les Canot, Aujoux, la Brette, le Rousset, &c. & 50 Domaines.
AJOUX, Altum Jugum, où M. Tranchand, Professeur à Beaujeu, a trouvé des minéraux de plomb tessulaire ou galène, dont j'ai vu chez lui de beaux morceaux : il a découvert aussi à la Chapelle-sous-Dun, proche Châteauneuf, une mine de charbon de terre, qu'on se propose d'exploiter, & une mine de plomb vernis, à S. Polycarpe près de S. Julien.
2 ruiss. qui prennent leurs sources en la Paroisse, se jettent dans le Sornain au Sordet, font aller dix sarroirs ou moulins à scier le sapin, qui en 24 h. coupent 6 douzaines de planches ; 10 battoirs d'écorce, 1 moulin à farine. Les montagnes sont couvertes de bois, presque tout en sapin ; on y fabrique le charbon qui se vend à Charlieu, Beaujeu, Villefranche. .... Pays sauvage, entrecoupé de montagnes où il ne croît que du seigle, du sarrasin & beaucoup de pommes de terre.
À 6 l. de Semur, 6 de Mâcon, 17 d'Autun.
SAINT-LÉGER-SOUS-BUSSIÈRE
S. Leodegarius prope Buxeriam, P. à la coll. de l'Év. de Mâcon ; Sgr. N. de Castellane, qui l'est aussi de la Bussiere sur Grône, avec Chapelle. Foires. Anc. Chât. sur la colline, qui a donné le nom à une bonne Noblesse éteinte depuis longtemps. Marguerite de la Bussiere, Religieuse à Marcigni, fut Abbesse de St. Jean d'Autun en 1066 : c'était une place forte qui commendait sur le chemin de la Claytte à Mâcon, & sur tout le voisinage. J. de Toulongeon, Baron de Senecey, Maréchal de Bourgogne, tenta la fidélité du Gouverneur, qui, loin de se laisser surprendre, battit le Maréchal & le fit prisonnier. Ayant été échangé avec le Comte de Vantadour, il signala son ressentiment par la ruine de ce Château, comme s'il eût pu ensevelir sous ses débris le souvenir de l'affront qu'il y avait reçu.
Beatrix de la Bussière porta cette Terre au Prés. Antoine Leviste son mari, en 1431 ; & Jeanne leur fille à Anne Robertet, de qui elle fut acquise par le Bailli de Mâcon, Phil. Paphi sgr. de Neronde, qui la laissa à N. Laurencin son parent, des desscendans duquel J. de Foudras de Château-Thiers l'acquit en 1696.
Les dépend. sont la Bussiere, la Belouze où il y a foires, Négeant, les Murs, Mont-didiera &c. Papeterie sur la rivière venant de de Saint-Pierre-Lavieu, qui réunie à celle d'Audour, forme la Grône. On trouve à S. Leger une marne noire crystallisée, pyriteuse, qui annonce une mine de charbon.
À 8 l. de Semur, 5 de Mâcon, 17 d'Autun.
SAINT-RACHO : V. DUN-LE-ROI
SAINT-SYMPHORIEN-DU-BOIS
Par. Patr. le Doyen de Parai. Anc. Chapelle de St. George bien réparée, dont le nom est resté à un Village au milieu des bois. Le clocher & la plus grande partie de la Paroisse & dép. de la Seigneurie & Justice de Dyo ; une autre partie de celle de Drée, une autre de celle du Prieur de St. Germain ; enfin, le Curé a aussi le Fief avec Justice, qui comprend son pourpris, ses fonds curiaux & autres, comme il se voit par plusieurs titres des XV & XVIe. s. qui sont dans ses archives. Il posséde encore un autre Fief en simple directe & censive, acquis en 1488 d'Édouard Damas de la Bazole, & établi par 2 terriers de 1552 à 1636.
350 Comm. avec les dépend. St. George, la Pouge, Giverdier, Montalon, Bois-Soleil, Baubigni, &c. Pays de bois. Sur la gr. route de Charolles à la Claytte. (V. Dyo ci-devans).
À 3 l. de Semur, 2 de Charolles, 8 de Mâcon, 14 d'Autun.
SIVIGNAN en Mâconnais : V. SUIN en Charolais.
TELEAY ET FLACELIÈRES et AIGUEPERSE
Deux Villages en Mâconnais, Recette de Semur, dans la Paroisse de Saint-Bonnet-des-Bruyeres, jadis mère Église, maint. Annexe d'Aigueperse, desservie par un Vic. Dioc. d'Autun. Saint-Bonnet en Beaujolais, de 700 Comm., est entre Matour & Saint-Igni-de-Vers.
Aigueperse, Aqua Sparsa, à présent Paroisse, a un Chapitre fondé en 1288 par Louis, Sire de Beaujeu, & Hugues d'Arci, Év. d'Autun, composé d'un Doyen, de 12 Chanoines, dont 9 résidant : les 3 autres sont Curés de Saint-Igni, de Saint-Racho & de Propierre. Les Chanoines sont Patrons de la Cure & Doyenné du lieu. Theode de Maze, Calviniste, s'empara des biens du Chapitre en 1562, pilla les archives, & démolit les maisons du cloître.
Les Ham. dép. sont Villemartin, Curteli, les Canards, les Brosses, Villars, Mussery, Fief en toute Juft. Chât. & Ham. de 30 f. au Sgr. de Vauzelles, Franç. Louis de Musy : (V. sur cette famille, l'Hôpital-le-Mercier en Brion.) 3 moulins sur 2 petits ruiss. sortant de la montagne d'Ajoux.
À 6 l. de Semur, 6 de Mâcon, 3 de Beaujeu.
TRADET
Village de la Paroisse de Trades en Beaujolais, Baillage de Mâcon, Recette de Semur, Dioc. d'Autun. Trades peut avoir 140 Com. N. Paisson du Bacon, Sgr. ayant acquis de N. Quarré de Champvigni.
TRIVY
Tyrinacum, Par. voc. S. Germain d'Aux. Coll. L'Év. d'Autun ; M. de la Guiche, Sgr. du clocher & d'une partie de la Paroisse ; de la Justice de l'Écousserie, Seigneurie de Sevignon ; le reste dépend de la Justice de Cluni, & un canton de celle d'Audour. L'Essart, Fief en toute Just. 70 f. 260 Comm. Dépend. les Carrés, Epre, Chalanforge, Vazelle, &c. 1 moulin. Terroir sec ; ni communaux, ni bois ; très peu d'arbres fruitiers.
À 7 l. de Semur, 5 de Mâcon, 17 d'Autun.
VAREILLES
Varrelyae, Par. voc. St. Martin ; Patr. le Chapitre d'Aigueperse ; Sgr. le Marquis de Drée ; mêmes anc. Sgrs. qu'à Drée ou la Bazole (Voy. ci-devant Curbigni) ; entre Bodemont, St.Christophe & Oyé. 320 Com. avec les Écarts Saint-Albin, Montgiraud, Montet, &c. Chopaille, les Thevenin & Serain sont tous 3 alternat. avec St. Laurent. Bon terroir, difficile à cultiver, étant en terre forte : chemins impraticables en hiver & en temps de pluie.
À 3 l. de Semur, 1 de la Claytte, 8 de Mâcon, 16 d'Autun.
VARENNE EN BRIONNAIS
Varennae, Par. Voc. S. Pierre-ès-Liens ; Pat. & De. la Prieure de Marcigni depuis 1094 ; Archip. & Recette de Semur ; Prévôté du Baillage de Mâcon. L'Église est belle & vaste, a 3 nefs, & servait au Prieuré de Bénédictins établi sous S. Odilon en 1045 par Artaud Briennensis, uni depuis à Marcigni, desservi par 3 Religieux de cette Maison. On a découvert aux environs de l'Église, des carreaux, des ferrures & des clefs d'une grandeur prodigieuse. Le Prieur de Marcigni fit hommage au Roi en son Bailli de Mâcon, de la Terre de Varenne, en 1244.
Cette Seigneurie a été donnée en différens temps à Marcigni : Artaud de Brian cède l'Église & la dîme en 1094 ; Constance de Semur, dite de Varenne qui était son apanage, y lègue des fonds en 1109 ; Hugues de Manilli délaisse à sa fille Marguerite la Seigneurie de Montrason, en lui permettant d'en disposer pour Marcigni, où elle prit le voile en 1281.
250 Commun. 60 f. compris les dépend. Montrason, Fief ; le Seuil, les Courtes-Perches, les Galliots, les Hayes, &c. les Forges, Fief en toute Justice, ci-devant aux Joleaud, maint. à Louis-Melchior Comeau de Satenot par sa femme. Ce Fief vendu par les Bénédictins, en 1393, à Jean du Palais, passa à Ant. de Digoine en 1444, à Ant. de Vichy en 1466, à Laurent de Thenay par échange avec Boschevenu en 1630, remis par Catherine de Chauvigni de Blot sa veuve, à Jean-B. Joleaud, pour la Rente noble de la Beluze, Paroisse de Brian. Celui-ci fit mettre sa maison nouvellement bâtie, sous la sauvegarde du Roi, par Lettres de Henri de Bourbon-Condé, en 1645. Les Joleaud des Forges, origin. d'Autun, ont donné 8 Gendarmes de la Garde depuis 1650, & plus. Chevaliers de S. Louis. Un Joleaud fut tué à la bataille de Senef en 1674, un autre à celle de Ramilly en 1706.
Belle maison dite la Tour-Varenne, jadis Meix de la Grange, aux Raquin en 1500, ensuite aux Rosselin, de qui Jean-B. Joleaud l'acquit en 1641 ; maint. Fief à Jean-Bapt. Bouthier de Rochefort, Avocat, qui l'a orné d'une bonne bibliothèque & d'une Chapelle, de la plus noble simplicité.
Terroir maigre & léger : excellens prés le long de l'Arconce, où l'on engraisse de gros boeufs. Beau pont de pierre sur cette rivière, construit par la Province en 1731, appellé dans le devis, pont de St. Christophe, parce que le Sgr. de ce nom en fit voir la nécessité aux Élus, pour la communication du Mâconnais, Lyonnais, Beaujolais, avec la Bourgogne. On doit se hâter de réparer la plus belle arcade, dont l'avant-bec a été sappé par les fondemens, & menace ruine ; ce serait un grand malheur pour le pays. Carrière de grès. Bon chanvre. Vin commun.
Les Communautés de Varenne, Brian, Saint-Didier, ont été confirmées dans leur ancien droit de prendre le sel de Peccais à Charlieu, par Arrêt du Conseil en 1736, contre les Fermiers Généraux. Mesure de Marcigni de 42 l.
À 2 p. l. de Semur, 2 de Marcigni, 10 de Mâcon, 17 d'Autun, 27 de Dijon.
VERSAUGUE
Aqua-Versa, à cause de la chûte des eaux dans l'Arconce ; Par. voc. Ste. Marguerite ; Patr. le Prieur d'Anzi. Archip. de Semur ; Sgr. Cl. Abel, Marquis de Vichy-Monceaux. Une Dame de Fougères en aliéna les dîmes au profit des Mépartistes de Parai, qui paient la portion congrue au Curé. Adrienne de Fougères porta, en 1558, cette Terre & celle de Verdet, à Cl. de St.Georges son mari, qui fut tué par les Ligueurs, & inhumé dans cette Église en 1593.
Jean de St.-Georges, Seigneur en 1662. Le Verdet, Monceau & Versaugue passèrent de Philib. Dupuy à J. Perrin, dont les héritiers les ont vendus au Comte de Vichy-Chanron. Le Château du Verdet est détruit.
40 f. 140 Comm. Dépend. Bornats avec Chât. ruiné, la Rue-Neuve, les Gras, la Loge avec Chât. Fief en toute Just. relevant de la Baronnie de Semur, à Cl. du Ryer, ainsi que la Franchise. Claudine de S. Trivier acquit la Loge de Geoffroy de Tenay en 1558. La Paroisse s'étend jusqu'en celle de Poisson où est situé la Loge. Terre propre à la tuile, aux carreaux.
Ce Village sur une éminence, à ¼ de l. de l'Arconce, entre Poisson & Monceau, qui était autrefois son Annexe, érigée en Cure depuis 70 ans.
À 3 l. de Semur, 3 de Charolles, 2 de Parai, 2 de Marcigni & du Grenier à Sel, 12 de Mâcon.
Fin du Brionnais.
(
Abréviations : Archip. Archiprêtré, Coll. Collation, Comm. Communiants, Dioc. Diocèse, f. feux, s. Siècle, l. lieu, Ham. Hameau, Par. Paroisse, Patr. Patronage, Sgr. Seigneur, Voc. Vocable, &c. etc.)
Histoire du Charolais par Claude Courtépée
