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Histoire du château de Virieu à Virieu-sur-Bourbre

Château de Virieu à Virieu-sur-Bourbre

Château de Virieu - Cliquez sur la photo pour l'agrandir

[Source : Livre du Dr André Dénier, "La Tour du Pin, terre des Dauphins", 1966]

Le château a été, suivant une tradition que parait confirmer l'âge de certaines pierres, construit au XIe siècle. Entendons par là qu'il s'est érigé à ce moment une maison-forte autour de laquelle se groupait le village, depuis émigré dans la plaine. De cette première construction, il reste un bâtiment, intégré dans l'ensemble, aux ouvertures remaniées, qui inclus la poterne et la salle des gardes.

La construction primitive a subi de nombreuses modifications qui ont donné au château, petit à petit, son ampleur actuelle. Elles étaient reliées non par des corps de bâtiments, comme maintenant, mais sans doute par un mur d'enceinte. Au XVe, le château a subi d'importantes retouches, probablement les plus importantes. On leur doit, avec les fenêtres à meneaux dans les bâtiments préexistants, la physionomie particulière de la cour intérieure où un cloître soutient les pièces d'habitation dont on a agrandi la maison forte initiale. Enfin, c'est au XVII et au XVIIIe que les derniers travaux de construction et d'aménagement ont été effectués. Le château leur doit ses hautes fenêtres comme leur nombre sur les façades extérieures indiquant la fin de l'époque des sièges, ainsi que ses terrasses étagées qui ont vraisemblablement utilisé la sous-structure des anciens remparts. C'est probablement à cette préexistence de fondation qu'est dû le fait que ces terrasses sont désaxées par rapport aux bâtiments.

Enfin, le château a été complètement restauré de 1924 à 1928 par le Marquis François Henri de Virieu et Monsieur Sainte-Marie Perrin, architecte. Aucune modification n'a été apportée à la physionomie extérieure.

L'ensemble de ces renseignements proviennent de l'étude attentive des constructions, surtout au moment de la restauration. Ils ont tenu compte de l'histoire de l'habitation et des diverses familles qui s'y sont succédées. Mais il n'existe pas d'historique des constructions, les papiers relatifs à cet objet ayant été brûlés sous la Révolution en même temps que les principales archives.

Le château a appartenu successivement aux familles indiquées ci-après :

1°) Il a été construit par un Virieu. Il est sorti de la famille au XIIIe siècle par le mariage de Béatrix de Virieu dont il fut la dot, et de Siboud de Clermont, de La Tour de Clermont, au-dessus de Charavines. Lorsque les Clermont eurent émigrés dans le Tonnerrois, cette propriété, devenue excentrique fut vendue (courant XVIe) à Artus Prunier, conseiller au Parlement de Grenoble. Il ne restait plus aux Virieu, habitant Pupetières, que le colombier qui, à travers ces vicissitudes, était demeuré leur propriété, bientôt aliénée d'ailleurs.

2°) À partir de ce moment, se déroule la partie la plus longue et la plus fructueuse de la vie du château. Il a suivi la fortune croissante des Prunier de Saint-André (séparés des Prunier de Lemps qui habitèrent le château du Grand-Lemps), qui a été ascendante. Il leur a du ses embellissements successifs. Celui qui paraît avoir le plus fait pour le château est Nicolas Prunier, marquis de Saint-André, ambassadeur de Venise sous Louis XIV, qui satisfait des services rendus, le combla d'honneurs. Il s'appliqua à mettre son château en harmonie avec sa nouvelle faveur et son rang. On lui doit peut-être des constructions, certainement d'importantes modifications à celles existantes, très vraisemblablement les terrasses dont il a été parlé plus haut. Il fit sans doute aussi des travaux intérieurs. Son buste, par un sculpteur de l'école de Coysevox, est encore dans la grande salle du château.

Le statu quo puis le déclin ont ensuite été l'apanage du château pendant la période qui a encadré la Révolution. La maison Prunier s'étant éteinte, quant aux mâles, Virieu est passé entre les mains de la Marquise de Langon, fille du dernier Prunier. C'est elle qui, je crois, habitait le château en 1789. Les bâtiments n'ont pas souffert de la tourmente. Seules, les archives furent brûlées et c'est fort dommage pour la reconstitution de l'histoire du château.

Madame de Langon laissa celui-ci à son neveu, le Comte de Sibeud de Saint Ferréol qui, de goûts très simples, ne fit aucun embellissement au château et le démeubla en partie. Finalement, propriétaire en même temps, du château d'Uriage, il vendit Virieu, aux environs de 1880, au Marquis Alphonse de Virieu, habitant Pupetières.

À noter qu'en quittant Virieu, M. de Saint Ferréol emporta la cheminée de la chambre du Roi, encastrant le portrait d'Artus Prunier. Cette cheminée est encore à Uriage. La dissolution de l'École Nationale des Cadres a naturellement interrompu les pourparlers engagés pour la récupérer.

3°) Le nouvel acquéreur avait agi par esprit de famille. Il venait aidé de Viollet-le-Duc, de restaurer Pupetières. Virieu resta donc à l'état d'abandon. C'était un objectif d'excursion et un lieu de visite. Son fils Wilfrid en agit de même, n'ayant de plus pas d'enfant. À sa mort, en 1922, le château devint la propriété de son neveu qui avait toujours souhaité le voir restauré et habité, lui voir reprendre un corps et une âme. C'est ce qui fut fait dans les conditions indiquées au paragraphe I ci-dessus. Aujourd'hui il est la propriété de Madame de Virieu († 2004). On peut le visiter du 14 juillet au 1er octobre, sauf le lundi.

Deux faits historiques me paraissent dignes d'être retenus. Je n'en garantis pas les dates, n'ayant aucun texte sous les yeux.

Le château a été fréquemment assiégé au cours des guerres de religion. À la fin du XVIe (1592 ?), Artus Prunier vint personnellement mettre le siège devant sa propre maison, occupée par un parti protestant commandé par le Capitaine Villeton. La lutte se prolongeant, l'assiégeant, n'écoutant que son ardeur de servir, décida de mettre le feu aux bâtiments et de réduire en cendres la forteresse récalcitrante. Le lendemain, sans qu'aucun indice l'ait laissé prévoir, Villeton capitula, sauvant Virieu. On ne sait ce qu'il advint ensuite, mais il existe encore, sur place, au hameau de Layat qui avoisine immédiatement le château, une famille Villeton. On ne sait d'ailleurs rien de plus que cette communauté de nom et de lieu.

Quelques années plus tard (1622 ?), Louis XIII, revenant de guerroyer dans le midi contre les protestants, avec lesquels il avait signé la paix de Montpellier, s'arrêtait à Virieu pour y faire étape.

De cette halte, il reste comme souvenir, la chambre où coucha le Roi et dont l'ameublement et les tentures ont été conservés. Il y manque la cheminée, pour les raisons indiquées plus haut.

De plus, pour marquer sa reconnaissance, ou simplement parce qu'ils l'encombraient, Louis XIII laissa derrière lui, 6 canons de prise. Il en reste 5 qu'on peut voir dans la cour intérieure, sous le cloître.

Compléments :

La maison de Virieu : Armorial de Dauphiné de Gustave Rivoire de La Bâtie (BnF/Gallica).

Armes de la maison de Virieu : Louis d'Hozier - 1651 (BnF/Gallica).

Armes de la maison de Virieu de Beauvoir : Louis d'Hozier - 1651 (BnF/Gallica).

Site du château de Virieu

Archives du château de Virieu (Archives départementales de l'Isère)

La famille de Virieu-Pupetières et ses alliances avec les familles Gratet et Pourroy de Quinsonnas

Histoire du château de Pupetières à Châbons

Virieu

Blason des Virieu à dextre (Armorial de Charles d'Hozier, vol. 11, Dauphiné) - Cliquez pour agrandir
De gueules, à 3 vires d'argent

Armes de la maison de Virieu

Armes de la maison de Virieu (Louis d'Hozier, 1651)
De gueules à 3 vires d'argent ou 3 annelets l'un dans l'autre

Armes de la maison de Virieu de Beauvoir

Armes de la maison de Virieu de Beauvoir (Louis d'Hozier, 1651)
Écartelé au 1 et 4 de Beauvoir qui est écartelé d'or et de gueules ; au 2 et 3 de Faverges qui est de gueules à 3 chevrons d'argent ; sur le tout de Virieu qui est de gueules à 3 vires d'argent
(Rivoire de la Bâtie : Écartelé au 1 et 4 d'azur, à 3 vires d'or ; au 2 et 3 écartelé d'or et de gueules, qui est de Beauvoir)
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