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Un géologue dauphinois préromantique, Déodat Dolomieu (1750-1801)

Portrait de Dolomieu par Angelica Kaufmann

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Communication du mercredi 25 février 1955 par M. le Professeur Léon Moret, Doyen de la Faculté des Sciences de Grenoble (Imprimerie F. Eymond et ses Fils, 11, Rue Casimir-Brenier, Grenoble).

N’étant pas spécialement ethnologue, bien que géologue et médecin, encore moins archéologue, j’ai pensé que je pourrais peut-être vous intéresser en vous racontant la vie, si traversée d’aventures, parfois douloureuses ou touchantes, de l’un des nôtres, le chevalier Déodat de Dolomieu qui naquit dans le village de ce nom, près de La Tour-du-Pin, en 1750 et mourut cinquante années plus tard en 1801.

Ainsi donc, après mon ami le Dr Offner qui vous a entretenu récemment des tribulations d’un autre dauphinois célèbre, le botaniste et médecin-philanthrope Dominique Villars, il m’échoit ce soir de faire revivre devant vous la figure attachante et curieuse du géologue. Dolomieu dont le nom doit être inscrit sur le nécrologe préromantique aux côtés de ceux d’Horace-Bénedict de Saussure, le vainqueur du Mont-Blanc et du premier des pyrénéistes, le géographe-poète Ramond de Carbonnières.

Dolomieu, l’un des pères de la Minéralogie et de la Géologie, fut en effet un grand géologue voyageur et ce nom, qui sent bien son terroir dauphinois, brille d'un vif éclat au fronton de ce 18e siècle, si riche en naturalistes précurseurs et fondateurs des sciences d’observations.

Mais notre héros possède aussi un privilège assez rare, celui d’avoir donné son nom aux Dolomites, cette magnifique région des Alpes du Trentin méridional à laquelle la guerre de 1914-18 avait déjà conféré une renommée impérissable, mais où la France, depuis la deuxième guerre mondiale, a dû affirmer à nouveau sa présence.

Ainsi, en un sens, cette causerie participera-t-elle d’une certaine actualité.

Un beau portrait de Dolomieu dans la force de l’âge, exécuté à Rome en 1789 par un peintre suisse de talent, Angelica Kaufmann, et dont nous possédons une copie agrandie dans notre Musée Stendhal, va me permettre de vous le présenter.

Il est près de la quarantaine ; un visage intelligent et malicieux, un grand front couronné de boucles blondes légèrement argentées, une bouche sensuelle, bien dessinée, mais surtout d’admirables yeux bleus qui illuminent l’ensemble de la physionomie viennent nous édifier sur ses succès féminins.

J’ajoute qu’il est grand (cinq pieds onze pouces nous disent ses passeports, donc près de deux mètres), plutôt sec et légèrement voûté, dans l'attitude du géologue qui scrute le sol.

Au moral, c’est un enthousiaste et un généreux, dont le verbe étincelant et persuasif se garde cependant d’atteindre au paradoxe.

Comme beaucoup de membres de sa famille, c’est un prodigue et qui dépensera sa fortune sans compter. Il peut devenir violent, toujours passionné et prompt à la colère, comme à l’amour, nous assure son biographe le minéralogiste Alfred Lacroix (1).

(1) Déodat Dolomieu, membre de l’Institut national (1750-1801), sa correspondance, sa vie aventureuse, sa captivité, ses œuvres (2 vol., Paris, 1921). V. également : L. Moret. La vie aventureuse du géologue dauphinois Déodat Dolomieu (Ed. de la Revue Les Alpes, Grenoble, 1944).

Observateur perspicace et scrupuleux, généralisateur hardi, telles sont les qualités du savant. Une telle distinction émane de sa personne que, nulle part, il ne passe inaperçu ; vous admettrez donc facilement avec moi qu’un tel homme ne pouvait traverser l’existence d’une manière banale.

Fils cadet d'une noble lignée de dix enfants, Dieudonné-Sylvain-Guy-Tancrède, dit Déodat, de Gratet de Dolomieu, naquit le 23 juin 1750 au château de Dolomieu (2).

(2) De précieux renseignements sur le château de Dolomieu m’ont été fournis par M. Avezou, Archiviste départemental, ainsi que par M. Joannès Chetail à qui, rien de ce qui intéresse son village natal n’est étranger. V. J. Chetail, Déodat de Dolomieu et Les Seigneurs de Dolomieu (Évocations, Bull. Mensuel du Groupe d’Études Historiques du Bas-Dauphiné, juillet et octobre 1947) v. également, Dr A. Dénier. Histoire des châteaux de La Tour-du-Pin :le Château de Dolomieu (Évocation, octobre 1946).
Construit par les seigneurs de Dolomieu au 17e siècle, le château comportait à l’époque un corps massif et carré de bâtiment (actuellement salon, salle à manger et vestibule adjacent) flanqué de quatre tours d’angles. Au début du 18e siècle, approximativement vers 1720, Charles de Gratet, deuxième marquis de Dolomieu et grand-père du géologue, aménagea le château dans son état actuel en l’agrandissant :trois des tours furent supprimées, une seule subsista mais réduite de moitié afin de pouvoir construire le couloir qui y accède ainsi que les chambres voisines. Une longue façade, dominée par un beau fronton triangulaire orné d’un trophée d’armoiries en relief, fut ajoutée à l’ensemble (appartements du devant actuel). Au midi, les vastes écuries voûtées et les deux remises à carrosses datent également de cette époque. Le fronton aux armoiries porte, au-dessous d’une couronne de marquis, à gauche l’écusson des Gratet « d’azur au griffon d’or » et à droite, celui des Bérenger « gironné d’or et de gueules de huit pièces » la mère de notre géologue étant née Marie-Françoise de Bérenger) (v. cul-de-lampe à la fin de l’article). Ce fronton fut endommagé pendant la Révolution, lors du pillage du château et, sans doute par civisme, les occupants firent par la suite murer ce qui en restait et qui ne fut dégagé fortuitement qu’en 1888 par les Buffières qui avaient acquis le château en 1853 et créé le parc actuel.

Le château de Dolomieu

Le château de Dolomieu (Isère)
Façade principale avec le fronton portant les armoiries des Gratet-Dolomieu et des Bérenger

Tout ce petit monde vivait à quelques lieues au nord de La Tour-du-Pin, dans la vieille gentilhommière paternelle ancrée sur le rebord du plateau molassique, construction de belle allure enfouie dans la verdure et reliée à l’église et au village par une sombre allée d’arbres.

Nous ne savons pas grand’chose sur cette prime enfance de Dolomieu, si ce n’est qu’elle semble s’être écoulée paisiblement, et sans maître.

Très rarement il y fait allusion dans sa correspondance ou ses autres écrits. Ses seules confidences sur le sujet ont été recueillies par l’historien Picot, de Genève, au cours d’une excursion commune dans les Alpes et qui note simplement dans son journal l’abandon total dans lequel semble avoir vécu le jeune Déodat, son intelligence précoce et son sens inné de l’observation. Il n’a jamais eu de précepteur (il raconte même quelque part qu’il apprit seul à compter en regardant les barreaux de son petit lit d’enfant) et n’a, bénéficie que des enseignements directs de la nature qui l’entourait, nature singulièrement prenante et qui va meubler son jeune cerveau d’une riche moisson de faits sur les animaux, les plantes et les pierres.

Il est donc fort possible que la beauté de ce coin du Dauphiné, la proximité des chaînons jurassiens et subalpins et la toile de fond des premiers contreforts neigeux des grandes Alpes aient attisé le feu qui couvait en lui, son amour de la nature, le désir de la comprendre et partant sa vocation de naturaliste.

Ainsi donc, si la thèse du milieu de Taine est exacte, voilà un premier fait, qui va décider de l’orientation de notre héros.

Mais il est temps de parler d’un deuxième fait, événement fort important celui-là, et qui va marquer sévèrement Dolomieu pour la vie.

A peine âgé de 2 ans, Déodat, dont le marquis son père avait un frère Commandeur de Malte, le fait recevoir d’office comme Chevalier de Minorité dans cet ordre mixte, religieux et militaire qui, vous le savez, était destiné à protéger les pèlerins des Lieux-Saints contre les attaques des barbaresques.

Or, cette affiliation, alors très recherchée, comportait, pour le néophyte, la nécessité de se conformer aux trois vœux d’obéissance, de pauvreté et de chasteté. Dolomieu allait donc se trouver dans l’obligation de ne pas contracter de mariage régulier et d’effectuer une résidence au moins temporaire sur le rocher de l’île de Malte.

Pour qui connaît la suite de l’histoire et surtout l’humeur vagabonde et sentimentale de celui qui se trouvait ainsi engagé malgré lui, une source de difficultés inextricables venait de jaillir.

Elle n’eut pas d’ailleurs d’influence sur les premières années de sa vie qui, ainsi que nous l’avons dit, s’écoulèrent tranquilles, et presqu’incultes, au château paternel. Bientôt il est envoyé à Paris pour poursuivre de plus sérieuses études et là vont s’affirmer définitivement ses aptitudes et ses dons de naturaliste.

Mais il a hâte de vivre car, ayant, atteint sa quatorzième année (1764), il s’engage brusquement dans les Carabiniers où, devenu deux années après sous-lieutenant, et Chevalier de Majorité, il doit remplir sa première obligation de l’Ordre de Malte, celle de faire, comme on disait alors, ses « galères », c’est-à-dire une sorte de noviciat sur l’un des navires de l’Ordre.

Pendant cette période se produit sa première affaire grave, sur l’origine de laquelle nous ne sommes pas fixés :un duel malheureux à Gaète où il tue son adversaire. La discipline de l’Ordre est intraitable et Dolomieu allait perdre l’habit et passer le reste de ses jours dans une prison de l’île de Malte si de puissantes interventions ne s’étalent manifestées, pour fléchir le grand maître de l’Ordre.

Réintégré dans ses droits au bout de neuf mois, il peut alors poursuivre sa croisière et visiter les Lipari. Il sera de retour en France en 1771 et nous allons le retrouver en garnison à Metz jusqu’en 1774. Là, il complète son instruction en suivant, les cours de physique et de chimie d’un apothicaire-major du nom de Thyrion. Mais nous savons maintenant que sa curiosité scientifique n’était pas seule en jeu et que les charmes de Mlle Thyrion qui pratiquait aussi les sciences paternelles, ne furent pas étrangers à l’assiduité de Dolomieu.

Ainsi s’ébauche la première idylle sérieuse de notre héros, idylle qui ne dépassera d’ailleurs jamais les limites de l’amitié amoureuse puisque tout mariage lui était interdit par son affiliation à l’Ordre de Malte. Aux pressantes sollicitations de Dolomieu, Mlle Thyrion, qui était sage, opposait, les arguments d’une tendre raison :

« Patience, mon ami, continuez sans moi une vie dans laquelle je n’ai pas ma place. Je vous attendrai et plus tard, quand nous serons vieux, quand j’aurai l’âge canonique, j’irai vivre avec vous et tenir votre ménage. »

Rêve longtemps caressé de part, et d’autre et qui, hélas, ne devait point se réaliser.

C’est également à Metz que Dolomieu noue ses premières relations scientifiques, grâce au duc de La Rochefoucauld, membre de l’Académie des Sciences, qui recevait alors dans les salons de sa mère la fine fleur intellectuelle de l’époque, Condorcet, Pictet, de Saussure. C’est sans doute ce dernier, dont il aimait à se dire le disciple, qui l’orienta pour toujours vers la Géologie et ta Minéralogie, sciences qui, immanquablement, transforment leurs adeptes en voyageurs.

Il va donc visiter les mines de l’Anjou et de la Bretagne et porter ses pas vers les Alpes, puis enfin à Malte (1778), où il est tenu de séjourner temporairement, comme nous l’avons dit, et qui va devenir son centre d’activité.

Peu après, une occasion lui étant offerte d’aller au Portugal comme Secrétaire d’Ambassade du prince de Rohan, il ne va pas tarder, en parcourant les environs de Lisbonne, à y mettre en évidence des traces d’ancienne activité volcanique sous forme de coulées basaltiques, découverte sensationnelle si l’on songe qu’à l’époque, l’origine éruptive du basalte était encore contestée (3). Le voilà d’emblée classé comme géologue de terrain tandis que s’ouvrent pour lui, malgré sa jeunesse, les portes de l’Académie des Sciences où il est nommé correspondant.

(3) N’oublions pas que nous sommes encore en pleine querelle entre tenants de l’origine aqueuse des basaltes (neptunistes, avec leur chef Werner) et tenants de l’origine ignée (vulcanistes, Dolomieu).

Emporté par sa passion de découvertes, Dolomieu oublie de rejoindre sa garnison, et définitivement rayé des cadres, abandonne une carrière pour laquelle, il faut le reconnaître, il n’était guère fait. En revanche, dans l’Ordre de Malte, il monte en grade et devient le Commandeur de Dolomieu (1780). Il explore les Pyrénées avec Picot de Lapeyrouse, l’adversaire scientifique de Ramond, l’Auvergne, la Sicile, Lipari, menant de front de subtiles et sagaces études sur les volcans (qui furent toujours pour lui un sujet de prédilection) et un volcanisme sentimental qui tiendra dorénavant une si grande place dans son existence car, comme il l’écrit, « l’étude des pierres n’éteint pas la sensibilité ». Toutefois, il est juste de constater que dans certains cas il était capable de ne point hésiter à se ranger du côté de la Science :« Il vendrait sa maîtresse pour une belle pierre », déclare son oncle le prince Camille de Rohan.

Mais, déjà il était entré dans Itère des difficultés qui, jusqu’à sa mort, devaient compliquer comme à plaisir son existence.

Le fil des événements va pouvoir se suivre dans son abondante correspondance publiée par les soins de Lacroix, et toujours nous y découvrirons l’intrusion plus ou moins grande, plus ou moins voilée de l’Ordre de Malte, où sa personnalité devait inévitablement s’imposer et susciter d’envieuses rivalités.

De fait, nommé à un poste élevé, il est conduit à s’occuper activement de l’administration de l’île dont il est virtuellement le gouverneur, sous le titre de Lieutenant-Général. II prend son rôle au sérieux, travaille, lutte et ne tarde pas à se heurter à une sourde mais tenace opposition d’un certain nombre de ses pairs dans une affaire où sont mis en cause les droits de son pays sur la gérance des biens et la perception des impôts de l’Ordre.

Et c’est ainsi qu’il entrera en conflit violent avec le souverain de Naples, défenseur attitré et suzerain de l’Ordre, ainsi qu’avec son Grand-Maître, grand profiteur également, et peu intéressant personnage.

Ecœuré, il donne sa démission de Lieutenant-Général et se réfugie en Italie en 1783.

Une des périodes de sa vie les plus fécondes en résultats scientifiques va commencer, car il se trouve dans le pays des volcans et des tremblements de terre, phénomènes auxquels il s’est toujours passionnément intéressé, il étudie donc les volcans actuels et éteints, déjà démantelés par l’érosion, et des premiers, cherchera à en écrire l’histoire par le procédé des reconstitutions successives. Quant à ses travaux sur les tremblements de terre de Calabre, on peut dire qu’ils préludent aux études modernes des séismologues par leurs remarques sur les rapports de la dévastation avec la structure géologique du lieu ainsi que par la recherche du point de départ de l'ébranlement, ce que nous appellerions aujourd’hui l’épi et l’hypocentre.

Que n'a-t-il continué dans cette voie sereine, et combien néfaste pour sa quiétude va se montrer la décision prise subitement en 1786 de reprendre la lutte à Malte en sollicitant un des postes vacants du Conseil de l’Ordre ?

Naturellement, ses ennemis sont devenus très forts, il échoue et se voit forcé d’engager un procès en Cour de Rome où il échoue de nouveau. Il se précipite alors à Paris où ses affaires sont en meilleure posture. Il gagne plusieurs fois son procès auquel, chaque fois, ses adversaires font appel. Et toute cette agitation se corse d’affaires sentimentales qui soutiennent son désir d’aboutir :

« À moins de voyager dans un ballon et de traverser la vague des airs, on ne peut pas faire plus de chemin que moi et en moins de temps. Me voici à Marseille ; dans 8 jours je serai à Paris et, il y a 8 jours j’étais à Rome. Il est vrai que je cours jour et nuit et, en venant de Rome avec le courrier, j’ai été 9 jours sans dormir, dont 64 heures continuellement à cheval dans les montagnes de Gênes. Mais j’ai la force pour soutenir ces fatigues comme j’aurai la patience et la persévérance de poursuivre mes adversaires partout où je pourrai espérer avoir justice d’eux. »

Il faut avouer que, pour l’époque et pour nous, gens habitués aux rapides et aux avions, ces performances sont assez remarquables.

Cette agitation fébrile n’est d’ailleurs pas pour lui déplaire, en, tout cas, elle ne nuira pas trop à sa production scientifique qui continue d’accumuler les mémoires sur les volcans des Iles Ponces et sur l’Etna, ainsi que sur le classement méthodique des divers produits volcaniques et, nous dit-il, de toutes les matières dont l’accumulation forme les montagnes volcaniques, travail qui a peu vieilli et qu'il perfectionnera toute sa vie avec amour.

Comme tout bon géologue, il n’a garde de négliger de bourrer son havre-sac et ses poches de cailloux au cours de ses déplacements. La précieuse collection qu’il a déjà rassemblée, fruit de ses nombreux voyages, est réunie à Malte, et ceci explique, plus que le désir d’y retrouver ses collègues, ses fréquents retours et le reste de sollicitude qu’il voue à cette île. Mais comme cette collection n’y peut rester, de bonne heure il songera à la sauvegarder en la léguant, soit à la ville de Lyon, soit à celle de Grenoble, soit même aux États-Unis d’Amérique.

Elle échouera finalement au château de Dolomieu, avec tous ses papiers, avant d’être, plus tard, répartie entre les galeries de l’École des Mines et du Muséum de Paris.

La Faculté des Sciences de notre ville a pu acquérir naguère une belle vitrine marquetée, commandée spécialement au célèbre ébéniste dauphinois Hache Fils, pour exposer une partie de ces richesses. Véritable monstrance à tiroirs secrets, étagères mobiles et tournantes, elle est maintenant l’un des ornements de la salle d’honneur de notre vieil Institut de Géologie de la rue Très-Cloître (4).

(4) Ce meuble, magnifique chef-d’œuvre peu connu de Jean-François Hache (dit l’Aîné) (1730-1800), le plus célèbre de la dynastie, n’est pas cité dans l’ouvrage de J.-M. Giroud et Ed. Delaye (Les Hache, Ebénistes de Grenoble, 1699-1831, Didier et Richard, Grenoble).
Il est marqué au fer avec l’estampille HACHE FILS À GRENOBLE dans le deuxième tiroir de droite et porte des inscriptions :Là repose le génie des grands hommes au plafond du système tournant de plateaux circulaires, et Je ne dois couronner que le savant, vertueux sur la banderolle que surmonte une couronne sculptée plaquée contre la paroi de fond du meuble.

Meuble en marqueterie de Hache Fils

Meuble en marqueterie de Hache Fils (18e s.) provenant du château de Dolomieu et ayant probablement contenu une partie des collections de Déodat Dolomieu (actuellement conservé à l'Institut de Géologie de l'Université de Grenoble)

Une nouvelle étape de la vie de notre héros s’annonce avec les graves événements politiques de 1789.

D’idées libérales et généreuses, comme nombre de nobles cultivés ses contemporains, il accueille avec ferveur le mouvement révolutionnaire et se fera même inscrire au Club parisien des Feuillants. Il écrit à son ami Le Fay :

« Je livre des combats continuels en faveur de la Constitution, peu de mes confrères connaissent le prix d’un gouvernement libre fondé sur l’obéissance aux lois, et beaucoup me font un crime de dire et de penser que la loi doit être également respectée par toutes les classes de citoyens. Il y a des gens qui aiment les chaînes... Il ne faut pas discuter des goûts ; elles étaient d’or et d’argent pour les uns et de fer pour les autres, voilà la différence. »

Puis, pour lui comme pour tant d’autres, le cours sanglant des événements révolutionnaires va le faire progressivement changer d’opinion. L’Ordre de Malte auquel, malgré tous ses avatars, il était resté très attaché, est supprimé.

Son vieil ami et protecteur le duc de la Rochefoucauld est assassiné sous ses yeux.

Sa mère et sa sœur sont emprisonnées à Grenoble, et il a perdu sur les échafauds de la Terreur presque toute sa famille et ses amis :

« Nous sommes tous sous le poignard des scélérats... Mes cheveux sont presqu’entièrement blancs... Tout annonce de nouvelles scènes d’horreur :il n’est personne dont on puisse assurer la vie pour 24 heures. »

Alors son enthousiasme et ses espoirs du début se changent en répulsion pour ce mouvement dont il estime qu’il a complètement dévié de son sens primitif.

Malgré les malheurs des temps et la perte de presque tous ses biens (comme Sieyès, il pourra dire, j’ai vécu, ce qui était déjà beaucoup), il continue à chercher un refuge dans le travail. Et c’est, même en 1791 qu’il découvre que les pierres dont sont constituées les hautes montagnes calcaires du Trentin et du Tyrol ne font presque pas effervescence aux acides, fait singulier dont il demande la signification à Théodore de Saussure, le fils du grand géologue alpin. La réponse ne tarde pas à venir :il s’agit de calcaires magnésiens riches en cristaux minuscules d'un minéral nouveau, carbonate double de magnésie et de chaux, baptisé pour la circonstance dolomie, du nom de son découvreur. Et voilà pourquoi la partie des Alpes dans laquelle abonde cette pierre, et connue auparavant sous le nom d’Alpes du Frioul ou de Trentin méridional, va devenir successivement la chaîne des Dolomies, les Alpes dolmitiques et enfin, sous l’influence de deux alpinistes anglais, Gilbert et Churchill, les Dolomites, nom qui prévaudra sur les cartes officielles à partir de 1871.

Bien d’autres travaux marquent encore cette époque et en particulier une étude sur les pierres figurées de Florence où il analyse, dans un but archéologique, la matière dont sont formés les objets d'art et les monuments, et, curieuse coïncidence, une Description physique de l’Égypte.

Sa réputation scientifique ne faisant que croître, il est successivement nommé professeur aux Écoles centrales en 1794, inspecteur au Corps des Mines en 1795, professeur de Géologie à l’École des Mines de Paris, enfin Membre de l’Institut que vient de réorganiser la Convention la même année, titre non négligeable du point de vue économique, car il lui vaudra une petite rétribution en assignats et mieux en nature sous forme de froment.

Le voilà donc fonctionnaire, au moment où s’apaisent les excès révolutionnaires, avec un avenir assuré, certainement paisible et uniquement consacré à la recherche car, comme il l’écrit à un ami :

« Les années ont aussi éteint entièrement le germe des passions et, sous ce rapport, je ne me plains pas de la rapacité des temps ; je suis devenu tranquille et je trouve dans la société, de mes amis de quoi me dédommager de toutes les douces illusions dont certaines enchanteresses remplissaient ma tête et mon cœur. »

Une calme philosophie, souvent désabusée, parfois grandiloquente, comme le-voulait l’époque, accompagne ses lettres :

« Nous sommes tellement accoutumés aux idées de mort, que c’est avec une parfaite indifférence que nous voyons maintenant approcher notre dernière heure ; c’est au milieu de torches funèbres et de tombeaux que les habitants de Paris se livrent à tous les plaisirs et à toutes les dissipations. »

Ailleurs, son esprit caustique reprend çà et là le dessus, surtout lorsqu’il dépeint les orgies des nouveaux riches, ceux qu'il appelle les « ci-devants derrières ».

Sa charge d’inspecteur des Mines l’amène à de fréquents voyages qui lui permettront de revoir les montagnes du Dauphiné et de la Savoie, dont il décrira les ruines en 1896, dans un mémoire resté inédit et qui ne sera publié qu’en 1919 seulement par A. Lacroix dans le Bulletin de la Société de Statistique de l'Isère.

C’est également au retour d’une de ces tournées qu’il fut amené à visiter les mines de lignites d’Entrevernes, aux environs d’Annecy, mines qui ont joué leur modeste rôle au cours de la dernière guerre et dont il déclare qu’il n’existe pas en Europe de « plus heureusement située », ce qui est véridique si l’on entend par là la beauté du site.

Mais c’est surtout pendant ces expéditions alpines et notamment en 1797 qu’il va remarquer, à la suite de de Saussure, les traces très anciennes des bouleversements qui ont affecté la région de Chamonix (il s’agit de la fameuse discordance des poudingues houillers de Vallorcine sur le Cristallin des Aiguilles-Rouges). Mais, Dolomieu va plus loin que celui qu’il aimait à appeler son maître, et il fera observer que non seulement les vieux terrains, mais tous ceux, plus récents, qui les recouvrent, sont eux-mêmes discordants, plissés, rompus et refoulés vers l’Ouest, c'est-à-dire vers l’extérieur de la grande chaîne, ce qui implique l'intervention de mouvements relativement récents (nos plissements proprement alpins) responsables de l’architecture actuelle de la chaîne.

Observation féconde et d’où allait sortir la notion des plis-couchés et des nappes de charriages, c'est-à-dire toutes les idées dont se sont inspirés les géologues du 19e siècle au cours de leurs travaux sur la structure des montagnes Alpines. On petit donc affirmer qu’en ce sens, Dolomieu a véritablement été un grand précurseur.

Ainsi engagé dans cette voie laborieuse et riche de promesses, l’existence de Dolomieu semblait devoir se poursuivre définitivement dans le calme de la seule recherche scientifique.

Le sort en avait décidé autrement et une dernière étape de sa vie, la plus douloureuse, allait commencer.

Le 4 janvier 1798, pendant une séance de l’Institut, son collègue le savoyard Berthollet vient en grand secret lui demander s’il consentirait à l'accompagner dans un voyage lointain, lui certifiant qu’il y trouverait beaucoup de pierres et de montagnes.

Tenté par l’aventure, Dolomieu accepte d'enthousiasme les propositions de l’illustre chimiste, et c'est ainsi que notre géologue fut enrôlé sans s’en douter dans l’expédition d’Égypte, car cette destination précise ne fut connue des intéressés que peu après le départ de Toulon. D’abord enchanté, car il allait pouvoir vérifier sur place les déductions tirées des anciens textes exposées dans le mémoire sur l’Égypte qu’il avait rédigé en pleine Terreur, Dolomieu ne tarde pas à se heurter à l’autorité de Bonaparte qui exige de lui, au passage devant Malte, qu’il descende à terre avec son aide de camp Junot pour demander la capitulation immédiate de l’île.

Mission pénible pour un ancien chevalier de l’Ordre, et qui allait peser sur ce qui suivit. Du moins, s’efforça-t-il de l’accomplir en cherchant à sauvegarder l’honneur et les droits de ses anciens collègues.

A peine arrivé en Égypte (1799), Dolomieu, qui n’avait guère trouvé le temps d’explorer à fond le pays, tombe gravement malade et doit solliciter du général en chef l’autorisation de regagner la France, autorisation qui fut immédiatement accordée.

Il s’embarque donc à Alexandrie, en compagnie de son élève le minéralogiste Cordier, dont le général en chef, pour des raisons spéciales (fort bel homme et très séduisant auprès des femmes, Cordier était un rival dangereux), désirait également se débarrasser. Le départ s’annonce favorablement, les vents gonflent les voiles et permettent d’échapper à la flotte anglaise qui croisait au large.

Puis, la chance change de camp :à la suite de graves avaries et d'une violente tempête, le navire qui fait eau de toute part, est jeté sur la côte italienne et par malheur, obligé de se réfugier dans le port de Tarente où venait d’éclater la contre-révolution.

Bonne raison pour piller un bateau français et emprisonner l’équipage et les passagers.

Au bout de deux mois, tout ce monde est transféré en Sicile sur Messine où le pauvre Dolomieu ne pouvait plus mal tomber. Les chevaliers de Malte siciliens le dénoncent à la reine Marie-Caroline comme favorable aux idées révolutionnaires et comme traître ayant participé à la reprise de leur île. La reine qui n’attendait qu’une occasion pour satisfaire de vieilles rancunes le fait immédiatement appréhender.

Qu’est-ce à dire ? A. Lacroix a jeté quelques clartés sur le problème. Dolomieu, dans une brochure consacrée aux tremblements de terre d’une région qu’il avait longuement parcourue naguère, avait inséré d’innocentes railleries dirigées contre le gouvernement local. Or, les blessures d’amour-propre ne se pardonnent guère si, comme le suppose Lacroix, elles s’accompagnent de blessures d’amour tout court.

Dolomieu, considéré comme ennemi politique et chevalier de Malte renégat, allait donc payer fort cher tout un arriéré de rancœurs et de méchants griefs. Jeté dans un cachot obscur et mal aéré, épouvantablement insalubre, il y vivra 21 mois et n'en sortira que pour mourir peu après.

Mais cet emprisonnement arbitraire lui fut encore une occasion de travail et de méditation. Quelques ouvrages qu’il avait pu passer en fraude ont été retrouvés dans la bibliothèque du Muséum de Paris.

Ne disposant pour écrire que des marges blanches de ses livres, et d’un mauvais style de bois trempé dans de la suie délayée d’un peu d’eau, Dolomieu va recouvrir, jours après jours, ces feuillets de sa fine écriture, pour tenir le journal de sa captivité pendant l’année 1800 et transcrire quelques notes sur les propriétés des minéraux.

« Ce qui me distrait le plus puissamment c’est d’écrire. Mais je dois user très sobrement de cette ressource parce que je n’ai pour papier que la marge de mes livres et, lorsqu’elles seront toutes chargées, je ne sais ce que je deviendrai.

« Deux choses d’ailleurs m’incommodent beaucoup, l’air épais et impur de ma prison qui ne peut se renouveler un peu qu'au moment où on ouvre la porte. Ma respiration y est pénible et presque toutes les nuits j’éprouve des suffocations... L'humidité produite par cette stagnation d’air est telle ensuite que tout ce que je possède moisit et pourrit. Mon matelas et mes draps sont toujours humides et l’eau répandue sur mon pavé ne sèche jamais. »

Ailleurs, il veut se justifier de la malencontreuse affaire de Malte, adresse ses pensées à sa sœur Alexandrine de Drée ou donne des instructions à ses héritiers.

Son désespoir augmente de jour en jour, il appelle la mort et même songe au suicide, tandis que ses espoirs et dernières illusions sur ses geôliers s’envolent peu à peu.

« Je me suis rarement jeté sur mon lit sans former les vœux les plus ardents de ne jamais me relever. »

 Minéralogie des Volcans

Une page de la « Minéralogie des Volcans » de Faujas de Saint-Fond portant un fragment du journal de captivité de Dolomieu

Un curieux passage, dissimulé dans la Minéralogie des volcans, de Faujas de Saint-Fond, et intitulé « Contrastes de ma situation actuelle avec mes goûts et mes habitudes » est particulièrement émouvant, car il y oppose son enthousiasme pour les beautés de la nature et son amour de la liberté avec sa triste réclusion qui le prive de tout ce qui était pour lui la raison et la joie de vivre. En voici quelques fragments :

« Je mettais un tel prix à ma liberté, j’étais si jaloux de mon indépendance, que la crainte d’avoir compromis ces idoles chéries a fait hâter mon retour d’Égypte. Mon association à une entreprise militaire qui me mettait (quoique d’une manière indirecte) sous les ordres d’un général, fatiguait mon imagination et cependant ce général était Bonaparte.

Maintenant, je suis sous la dépendance la plus directe et la plus absolue d’un geôlier. Cet homme a sur moi une autorité illimitée ; il peut exercer sur moi toutes les vexations, toutes les barbaries qu’il voudra imaginer, sans craindre de ma part aucun retour, sans qu’il me reste aucun moyen d’avoir justice, sans que je puisse même intéresser l’Humanité, ni exercer la commisération de personne...

Et cependant je vis encore.

La passion qui m’entraînait à la contemplation des phénomènes de la nature était si forte que, chaque année, lorsque le printemps venait rendre la vie au règne végétal et donner une nouvelle action à tous les êtres organisés, toutes les beautés de l’art perdaient leur attrait pour moi.

L’enceinte de Paris me paraissait étroite, son atmosphère épaisse et pesante.

Mon imagination avait besoin de plus d’espace, mes affections voulaient d’autres objets et mes goûts d’autres plaisirs. Aussi, chaque année, je m’élançais vers quelque chaîne de montagnes, et j’allais sur leurs sommets chercher ces émotions profondes que procure toujours la vue de très grands objets, et m’y livrer à la méditation sur la formation du globe, sur les révolutions qu’il a éprouvées, sur les causes qui ont changé et modifié ses formes, et qui ont produit l’état où nous le voyons.

Mes pensées devenaient plus vastes et mes conceptions plus étendues à mesure que je m’élevais plus haut : mon horizon avait moins de bornes.

Maintenant, le seul espace que j’aye à parcourir est la diagonale de ma prison qui n’a que 16 pieds de longueur. L’action continuelle (car elle n’est interrompue que par quelques heures de repos), toujours sans objet, qui me ramène sans cesse d'un coin à l’autre, me rappelle le même mouvement des bêtes féroces, enfermées dans des cages ; encore ont-elles sur moi l’avantage de découvrir le ciel à travers les barreaux de leur cage et d’éprouver des distractions par la vue des curieux ; et même le lion de Versailles avait pu trouver dans un chien un compagnon et un ami...

Ma destinée est donc pire que celle des animaux féroces tombés entre les mains de l’homme... Et cependant je vis encore.

J’avais tant d’amour pour mon pays, tant de sollicitude pour sa prospérité, que ne pouvant me sacrifier pour lui, ni lui être utile qu’en cultivant et en enseignant les sciences, je suivais au moins avec un intérêt extrême le cours des évènements qui devaient consolider sa liberté, affermir sa puissance, et le conduire à la paix glorieuse.

J’applaudissais à toute action valeureuse de nos soldats et à l’habileté de nos généraux. Et je me félicitais en voyant l’éclat de nos armes faire presque disparaître les crimes produits par la Révolution et en éclipser les malheureuses époques. »

Et l’énumération douloureuse continue sur ce ton, toujours scandée par cette courte phrase qui sonne comme un glas : « Et cependant je vis encore ».

Puis vient le tour des parents, des proches, et enfin apparaît l’amie d’enfance, l’amie toujours très chère, Mlle Thyrion :

« Vous m’attendez mon amie... Dieu sait pour combien de temps vous m’attendrez... Ce n’est plus pour moi que le temps a des ailes, il n’a que des mains de plomb avec lesquelles il m’écrase. »

Propagée, en France par Cordier qui, plus heureux, avait été relâché avec les autres prisonniers, la nouvelle de l'indigne traitement infligé à Dolomieu avait soulevé l’émotion générale. Mais il fallut le tonnerre de la victoire de Marengo (1801) pour obtenir ce que de puissantes interventions parties de tous les pays d’Europe n’avaient pu réaliser.

Un article du texte des préliminaires exigera la libération immédiate de Dolomieu et de tous les Français faits prisonniers au cours de l’affaire d'Égypte.

Le voilà donc libre ; un retour triomphal l’attendait en France où son incarcération jugée attentatoire au droit des gens avait soulevé jusqu’à l’âme populaire. Il a 50 ans, sa situation est stabilisée au Muséum où il succède à Daubenton ; il va donc pouvoir travailler en toute tranquillité à la mise en œuvre des matériaux qu’il a rapportés de ses nombreux voyages pour édifier une synthèse vraiment digne de lui.

Sa vieille amie Mlle Thyrion, qui a maintenant l'âge canonique, lui écrit :

« Depuis un an, je file comme Arachné, à votre intention. En un mot, j’ai fait comme la sage Pénélope, et, sans reproche, vous m'avez bien causé autant d’ennuis qu’elle en a éprouvé. La différence entre elle et moi, est que ce ne sont pas les galants qui m’ont tourmentée pendant votre absence.

Est-ce que vous n’aspirez pas, mon ami, votre logement au Jardin des Plantes ? Cependant, le joli petit coin que ce nous serait pour respirer et promener tout doucement nos vieillesses au soleil. »

Hélas, ce doux appel ne devait jamais être écouté. Voyageur impénitent, Dolomieu, à peine de retour au calme, reprend son marteau de géologue et sa canne ferrée pour retrouver celle qui fut toujours son amante préférée, la nature alpine.

Marcheur intrépide ne connaissant pas la fatigue ni le repos, il parcourt à nouveau ses chères Alpes du Dauphiné et de la Savoie.

Mais, il a trop préjugé de ses forces, déjà sévèrement atteintes par sa pénible captivité ; au retour, épuisé, malade, il s’alite en Charollais chez sa sœur préférée, mais pour ne plus se relever.

Il va enfin connaître le grand repos, car il mourut le 16 novembre 1801, ayant à peine atteint sa 51e année, et sans avoir pu donner toute sa mesure.

Ainsi s’achève l’histoire terrestre du chevalier Déodat Dolomieu, géologue dauphinois, membre de l'Institut à sa fondation, membre de l’expédition d’Égypte, prisonnier de Messine, l’un des fondateurs de la Minéralogie et de la Géologie alpine, et qui légua son nom aux Dolomites.

J’ai toujours pensé que cette histoire méritait d’être mieux connue de ses compatriotes dont beaucoup, j’imagine, doivent se demander en suivant la rue qui porte son nom et qui conduit à notre Muséum, quels pouvaient bien être les titres du personnage à un tel honneur.

J’ose espérer vous avoir convaincus que, dans le cas d’un aussi beau type de savant français, cet hommage était amplement mérité.

Compléments :

• Dolomieu, La vie aventureuse du géologue dauphinois, par Léon Moret, Revue des Alpes (1944).

• Jeanne Thyrion (1752-1829) fille de Jean-Baptiste Thyrion apothicaire à Metz.

• Notice historique sur Déodat de Gratet dit Dolomieu par Alfred Lacroix.

• Histoire du château de Dolomieu par André Dénier.

• Photographie du meuble en marqueterie attribué à Hache Fils au Musée Dauphinois à Grenoble.

• Le “meuble minéralogique de Dolomieu”, attribué aux Hache, les célèbres ébénistes grenoblois, et classé en conséquence monument historique en 1962, ce n’est qu’un faux, « un travail de charron ! » pour reprendre la formule de l’expert qui a mis au jour la supercherie (Le Dauphiné du 28 août 2015).

• Enquête sur la sépulture de Dieudonné Gui Tancrède de Gratet de Dolomieu, dit Déodat Dolomieu, par Daniel Duroy. Revue Généalogie & Histoire n°192, pp. 2-7 (2022).

Armoiries des Gratet-Dolomieu et Béranger

Armoiries des Gratet-Dolomieu et Béranger
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