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François Ginet-Donati et ses amis, Jean-Baptiste Derost et Joseph Sandre
Texte rédigé par Jocelyne Brivet

Jean-Baptiste Derost et François Ginet-Donati Joseph Sandre

Inclinez-vous profondément
Devant ces têtes vénérables
Les trois amis inséparables
Sont des hommes de grand talent

De gauche à droite Jean-Baptiste Derost, François Ginet-Donati, gentiment appelé par sa famille le Barbu et Joseph Sandre - Cliquez pour agrandir

François GINET-DONATI (1865-1938)

Joseph Sandre, ami de François Ginet-Donati et Jean-Baptiste Derost, aimait faire quelques poèmes et l’on trouve dans sa correspondance un poème où il décrit les trois « acolytes » et leurs petits travers avec un humour tout à fait délectable, et, comme lui a fait remarquer François, sans modestie... D’après le récit de sa nièce, Marie Ginet, François Ginet-Donati était sûrement un très grand érudit. Il s’intéressait à tout et il était d’une adresse exceptionnelle.

Le passé, son champ de bataille,
L’attire et retient ses efforts
Et rien n’égale ses transports
Quand il a fait une trouvaille.


Il naquit à Marcigny le 11 décembre 1865, rue des Récollets où son père Christophe avait un atelier de plâtrier-peintre. Il avait un frère Jean-Catherin, dit Jules, de 6 ans son aîné. Doués manuellement et intellectuellement, passionnés d’art et de toute culture, ils firent leurs études au collège primaire de Marcigny. Mais leur père ayant besoin d’eux, ils entrèrent dans l’entreprise familiale. Tandis que Jules tirait le mauvais numéro et partait en Algérie-Tunisie faire un long service militaire de 1879 jusqu’en 1885, François travailla avec son père jusqu’au jour, où, devant son réel talent de peintre, celui-ci, bien que réticent car il devait se priver de lui dans l’entreprise familiale, lui fit faire l’École des Arts Décoratifs à Paris.

Il y vécut depuis janvier 1885 jusqu’à fin 1891 où il put rentrer. Il a beaucoup raconté ses aventures parisiennes : artistes et étudiants entretenaient de bons rapports et aux heures de détente tous se retrouvaient pour la discussion et la dégustation d’absinthe dont, parait-il, Verlaine, très aimé des étudiants, faisait la plus grosse consommation, les soucoupes s’empilant sur sa table. Original, François arborait un chapeau feutre noir, une lavallière, et aimait se promener ainsi même une fois rentré à Marcigny.

François reprend alors avec son frère l’entreprise familiale. En 1893, il est conseiller municipal, M. Sorlin étant maire. Il restera célibataire mais s’occupera beaucoup de ses neveux et nièce. Vers cette époque, il crée un petit commerce de drapeaux pour les conscrits, drapeaux qu’il peint à la main, à la demande. On retrouve des commandes pour Mailly, Avrilly, Bourg-le-Comte, pour la classe 1896, puis pour Artaix pour la classe 1897.

En 1895, il expose à Saint-Étienne lors de l'Exposition internationale et coloniale où il obtient une médaille d’argent pour des œuvres de peinture. En 1900, il est admis à l’Exposition des Beaux-Arts qui a lieu dans la ville de Dijon du 1er juin au 15 juillet. Lors du salon 1904 des Beaux-Arts de Lyon, François Ginet-Donati (souvent ses amis l’appellent Donati) obtient une mention honorable, section sculpture.

Il fait beaucoup de petites choses artistiques pour dépanner tout un chacun. On fait appel à lui pour authentifier des tableaux ou autres œuvres, car il a un flair imbattable et les antiquaires viennent lui demander son avis sur telle ou telle pièce qu’ils ont envie d’acheter. Beaucoup d’œuvres d’art passent dans son atelier pour une retouche ou une copie. On le dit simple et toujours agréable.

Le 25 septembre 1911, il est admis comme membre associé à l’Académie de Mâcon et crée avec son ami Derost la revue du Bourbonnais-Brionnais. En septembre 1913 est fondée la Société d’études du Brionnais, lors d’une réunion tenue à Marcigny, salle de la Justice de Paix. François est président de la Société, Derost secrétaire. Joseph Sandre y sera admis en juin 1914 à titre de membre associé.

Lors d’une séance du conseil municipal, il est décidé de demander aux pouvoirs publics le classement parmi les monuments historiques de la vieille tour, dite Tour du Moulin. Et c’est en 1913, que dans une des salles de la Tour, ils créent le premier musée de Marcigny.

Le 7 février 1914, François est nommé officier d’Académie. Puis c’est la guerre. Il devra à la mort du maire, Daniel, le remplacer quelques temps.

Après divers changements familiaux, il suit en 1924 son frère et sa belle-sœur dans la maison de la rue André Du Ryer, anciennement rue Traversière, et plus anciennement encore d’après le Dr Ducroux, rue Bratière. Il y aurait eu, à l’emplacement de la maison même, une tour, la tour Saint-André, faisant partie des remparts mais sans importance historique.

François continue ses multiples activités et installe son atelier au dernier étage de la maison. Il fait partie de la Société éduenne de Mâcon, et aussi de l’Académie des Beaux-Arts. En 1930, il est nommé officier de l’Instruction Publique par le ministère de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts. Puis il a une attaque qui le laissera paralysé du côté droit, mais peu importe ... il peint de la main gauche !. Il s’éteint le 23 août 1938, dans la maison de la rue André Du Ryer, laissant de nombreuses peintures, des sculptures aussi bien sur bois que sur pierre, des croquis et de nombreux écrits archéologiques ou historiques.

Jean-Baptiste DEROST (1867-1949)

C’est l’infatigable chercheur
Il fouille, vérifie, annote
Il empile note sur note
Redressant souvent mainte erreur


Jean-Baptiste Derost est né le 7 février 1867, alors que son ami François Ginet-Donati est né en 1865. Ils avaient peu d’écart d’âge et ayant fait tous deux leurs études à Marcigny, ils pouvaient, déjà à l’époque, être amis car tous deux étaient d’excellents élèves, avec les mêmes centres d'intérêts.

Natif de Paray-le-Monial, François-Xavier, le père de Jean-Baptiste, est orphelin à l’âge de 13 ans. Il vient alors habiter à Marcigny où il a un oncle, Pierre, qui est sabotier. Son oncle l’élèvera et il apprendra le métier de mégissier (le mégissier tannait les peaux en vue d'en faire des gants ou des fourrures). Quand François se maria il vint habiter, rue Paillebote, où naquit et vécut Jean-Baptiste.

Mais pour Jean-Baptiste de constitution fragile, le métier de tanneur était très pénible et il apprend alors le métier de relieur. De son mariage avec Isabelle Laugier d’Aix-en-Provence il a 4 enfants : 2 filles et 2 garçons.

« Il adjoignit, après son mariage, une imprimerie à son atelier de reliure. Grâce à son goût inné de l’étude, grâce à sa remarquable mémoire, grâce enfin à la fréquentation des érudits et des lettrés qui venaient dans son atelier et avec lesquels il correspondait, J.B. Derost acquit bientôt une certaine érudition dans tous les domaines, et principalement en littérature et en histoire. L’histoire de Marcigny, fut toujours pour lui l’objet d’une particulière prédilection et l’on peut dire que c’est à elle qu’il consacra toute sa vie. » (Dr Ducroux)

Il a écrit de nombreuses publications sur de célèbres familles du Brionnais (leurs généalogies), sur des hommes non moins célèbres : Berchoux, Fressinet, etc., notes sur Chambilly, publications sur Marcigny en 1644, sur l’hôpital, des poèmes, etc.

Comme on l’a vu plus haut, il crée en 1913, avec François Ginet-Donati, le premier musée de Marcigny, ils fondent ensemble en 1923 la Société d’études du Brionnais, qui rédige des Bulletins mensuels qui renferment une importante documentation. Avec François Ginet-Donati ils en sont les principaux rédacteurs et signent même certains articles en commun.

Il faut encore citer le Dr Ducroux, parlant des deux fondateurs du musée : « Ces deux hommes qui se complétaient si bien, furent les grands vulgarisateurs de notre histoire locale. » Il a écrit aussi un Essai historique sur Marcigny qui, hélas, est resté manuscrit. Pour lui, il le répétait souvent : « Le passé n’est jamais entièrement passé ».

« Pour assurer la conservation de cet important travail J.B. Derost avait songé le déposer à la Société éduenne, mais dans un but altruiste que l’on appréciera, il décida de le laisser à Marcigny et en a confié de dépôt à M. Henri Robillard » (Dr Ducroux)

En 1945, il l’a résumé dans un petit livre « Chroniques de Marcigny ». Toujours actif, "son cerveau ne semble pas vieillir" (Dr Ducroux), il écrit encore à 79 ans des monographies. Et même si durant les dernières années de sa vie il néglige son aspect extérieur, il a l’estime de ceux qui le connaissent. Il meurt à 82 ans.

Joseph SANDRE (1850-1926)

Et voici le troisième qui dira de lui, après avoir parlé de son métier d’instituteur :

Entre temps il est héraldiste,
Historien, enlumineur,
Rat d’archives, fécond rimeur
Et même généalogiste.


« Il est né en 1850 à Verzé. Il entre à l’École normale en 1867. Nommé à Montceaux-l’Étoile, il fait des tas de petits métiers annexes pour faire vivre sa famille (travail de la soie avec sa femme les jeudis) et s’embauche comme maître-chaîneur sur la ligne Paray-Roanne pendant les vacances. L’inspecteur le juge âpre au gain et il se retrouve à Saint-Julien-de-Civry, puis il est déplacé à Ormes. Là, le maire n’étant pas d’accord avec sa conception de la religion, il se retrouve à Vérizet où il finira sa carrière en 1905. Il ira à Melay chez sa fille Marie, aussi institutrice, où il rédige ses mémoires. » (Extrait des cahiers de la famille Sandre de Mona Ozouf)

Plus âgé que ses amis, il reste malgré tout actif. Il écrit des monographies, celle de Montceaux-l’Étoile en particulier, le tout avec des dessins manuscrits, écussons par exemple, d’une grande beauté. Il écrit aussi des poèmes. Il meurt à Montceau-les-Mines en mai 1926.

info Histoire de Marcigny sur Loire

info Revue du Bourbonnais-Brionnais, de la Lodde au Sornin (BnF)

info Bulletin de la Société d'études du Brionnais (BnF)

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