Chauffailles, la soierie et le tissage
Fabricants lyonnais ayant des tissages à Chauffailles (Revue "La soierie de Lyon" éditée par le syndicat des fabricants de soieries 1918-1935)
« Ce bourg qui n'était, avant la Révolution, qu'une commune obscure, composée seulement de quelques maisons mal bâties, est devenu un lieu important par son industrie et son commerce. Des routes bien entretenues le mettent en communication avec toutes les villes des environs » (Annuaire de Saône-et-Loire, 1856).
Parmi les établissements industriels, « se fait remarquer la belle blanchisserie de toiles de MM. Devillaine et Thouron, avec son atelier de teinture, ses appareils d'amidonnage, d'apprêtage, de séchage et de tissage. Les divers ateliers, ainsi qu'une importante féculerie, sont réunis dans les bâtiments de l'ancien château seigneurial. L'excellente qualité des eaux du Bottoret et la supériorité des procédés employés par H. Thouron pour le blanchiment et l'apprêt des toiles ont valu à cet établissement un rang distingué parmi les meilleures blanchisseries de la France » (ibidem).
Des difficultés avaient cependant éclaté en 1846 (émeute du 17 août) sur le plan social, ainsi que le rapporte une correspondance en date du 9 avril 1848 : commerce et industrie s'éteignent ; la majeure partie des 450 ouvriers de la blanchisserie Thouron ont été renvoyé depuis la faillite de M. Devilaine « qui était le commanditaire et l'unique soutien de ce bel établissement ».
Les affaires se sont redressées en 1869 puisque l'Annuaire départemental évoque une industrie redevenue florissante :
« L'industrie compte dans cette commune un grand nombre d'établissements : un atelier de dévidage de la soie mu par l'eau du Bottoret (40 ouvriers) et un atelier de tissage mécanique pour étoffes de soie et coton, et appartenant par indivision à MM. Garambon, Botton et Foussemagne. Ces deux ateliers travaillent au compte de MM. Michel frères, de Lyon. Plusieurs maisons de la même ville ont à Chauffailles des représentants qui y font fabriquer des tissus de soie (robes et doublures) ; cette seule industrie occupe ordinairement 4000 métiers épars dans les temps où les besoins du commerce se font sentir. La fabrication des étoffes de coton pour des maisons de Roanne est sujette aussi à une grande variation dans le nombre des métiers occupés ; lorsqu'elle est en pleine activité ce nombre est de 1000 environ ; une carderie de coton, une fabrique d'étoffe fil et coton (100 ouvriers), une teinturerie à l'indigo, une teinturerie avec atelier d'apprêt et de calandrage, à M. Giraud (10 ouvriers). »
En 1900 les grandes fabriques de soieries occupaient encore 600 ouvriers à l'intérieur des usines, « non compris les ouvriers du dehors, au nombre de 2000 environ, travaillant pour le compte de ces usines et des fabricants de soieries. »
À partir de 1921 s'illustra le nom de l'industriel belge Louis-Charles Van de Walle.
Trois fabricants de soieries sont recensés parmi les propriétaires les plus imposés de la commune de Chauffailles en 1878 :
- en tête : Alexandre Chamfray. Né à Châteauneuf, époux de Marie-Eléonore Longin, il décéda à Chauffailles le 24 décembre 1890, âgé seulement de 55 ans. Petit-fils de Louis Amable, époux d'Étiennette Buisson, il était fils d'Antoine-François Chamfray né le 1er floréal an 9, décédé en mars 1882 (Chauffailles) à l'âge de 81 ans, veuf de Michelle Berger.
Une branche collatérale s'allia à la famille Chignier. Cette tige est issue de Jean-Louis Chamfray, natif de Grand-Rix (Rhône), frère aîné d'Antoine-François, lequel décéda à Chauffailles le 25 novembre 1873, rentier, âgé de 84 ans, et veuf de Marguerite Berger († 14 novembre 1823). Parmi la descendance directe de Jean-Louis Chamfray François-Étienne, huissier, épousa Claudine-Anne-Médina Chignier ; et Jeanne-Françoise (2 avril 1820-4 avril 1889), sœur du précédent, devint l'épouse (30-8-1861) du notaire bien connu de Chauffailles Me Ennemond-Charles-Ferdinand-Eugène Chignier (le contrat de mariage fut signé le 30 octobre 1861 par-devant Me Dubreuil, notaire à Saint-Igny-de-Roche). Fils de Jacques (décédé le 2 juin 1844) et de Marie-Marguerite-Eugénie Bertrand (décédée le 25 février 1854) Ferdinand Chignier était veuf en premières noces d'Alexandrine Rollet et, en secondes noces de Justine Perraud (décédée le 4 février 1861) ; Jeanne-Françoise Chamfray était elle-même veuve d'Alexis-Benoît Villeret décédé à Cours le 4 janvier 1852. Me Chignier devait décéder à Chauffailles le 17 octobre 1886 à l'âge de 64 ans. Sa veuve conserva, en bordure de la route de Beaujeu, son domicile (côté Sud).
- Victor-Firmin Accary, fabricant de soierie est, en 1878, le numéro 3 des propriétaires les plus imposés de la commune de Chauffailles. Né à Mars (Loire) le 7 octobre 1833, il épousa à Chauffailles le 7 janvier 1857 (contrat de mariage signé le 6, par-devant Me Chignier, notaire à Chauffailles) Marie-Athanasie Rousset, née à Chauffailles le 7 mai 1832 (de Jean-Marie, 50 ans, et Françoise-Eulalie Puillet, 45 ans, marchands à Chauffailles) ; les témoins du mariage sont les trois frères de l'époux : Claude-Marie-Remy, 42 ans, négociant à Chauffailles ; Henry-Victor, 35 ans, commis-négociant à Lyon ; Jean-Claude, 32 ans, propriétaire domicilié à Mars ; le 4e témoin est Jean-Marie Accary, âgé de 56 ans, rentier, oncle de l'époux, également domicilié à Mars.
- Alexandre Giraud, fabricant de soierie à Chauffailles, domicilié à Lyon, n'occupait que le 12e rang sur la liste des propriétaires les plus imposés de la commune de Chauffailles, en 1878.
Un exemple d'établissement industriel, la maison Van de Walle :
Historique : C'est après la mort de son mari, propriétaire et industriel à Chauffailles (7 janvier 1914), et après la guerre 1914-1918, que Madame Casimir Joseph Dumoulin, née Marie-Antoinette Reynier (octobre 1859, Batna, province de Constantine, Algérie), agissant conjointement et indivisément avec Marie-Françoise-Elisabeth Dumoulin, sa fille, née à Paris le 8 août 1881, signa, le 1er juillet 1921, avec Louis Charles Van de Walle, propriétaire et industriel domicilié à Saint-Igny-de-Roche (né le 6 septembre 1888 à Berchem-lez-Audenarde, Belgique), un traité de constitution de Société, sous la raison sociale « Dumoulin-Reynier-Van de Walle », ayant pour objet « la fabrication et tissage de la soie, laines, cotons », dont le siège serait à Chauffailles, « usine dite du Château ou des Étangs », comprenant « ateliers de tissage, bâtiments d'habitation, cours, jardins, pré, étangs, beal (bief), prise d'eau... », y compris le matériel d'exploitation. Cet apport des dames Dumoulin père et fille représentait une valeur de 130.000 francs ; de son côté, M. Van de Walle, futur gestionnaire et administrateur de la Société, et seul détendeur de la signature sociale faisait une mise de 50.000 francs. Les deux parties s'engageaient pour une durée de 9 ans, à compter du 1er juillet 1921 (jusqu'au 30 juin 1930), contrat renouvelable.
Mais, avant l'expiration de celui-ci, la Société Dumoulin-Reynier-Van de Walle était transformée en Société à Responsabilité Limitée, régie par la loi du 7 mars 1925, avec augmentation du capital social porté à 232.000 francs, avec répartition des 2320 parts en Mesdames Dumoulin (1400 parts), Louis-Charles Van de Walle et Georges-Émile Van de Walle, nouveau membre associé (acte passé par-devant Me Bourgeon, notaire à La Clayette, le 28 mars 1928, après dépôt, le 26 mars précédent, en son étude, de l'un des quatre originaux de l'acte sous seing privé de 1921. La nouvelle SARL garderait le même objet, le même siège social, au même lieu, pendant une durée de 9 ans, à dater du 1er mai 1928. Mme Dumoulin avait même consenti la cession supplémentaire d'une parcelle de pré sise à Chauffailles, lieu du Château ou de Laval, de 30 ares 59 ca (section A 39p du relevé cadastral de la commune) limitée, au Nord, par le restant du pré Dumoulin, à l'Est, par l'allée du château, au Sud, par les immeubles de la Société transformée, à l'Ouest, par le pré Lacombe : parcelle alors estimée 20.000 francs, provenant de la communauté de biens réduite aux acquêts qui avait existé entre les époux Dumoulin-Reynier (1). Toutefois, dès le 7 mai 1928, Madame Dumoulin et sa fille se retiraient de la Société Dumoulin-Reynier-Van de Walle ; elles signèrent par-devant Me Bourgeon la cession des 1400 parts sociales qu'elles détenaient qui seraient réparties entre Louis-Charles Van de Walle (390 parts) et Georges-Émile Van de Walle (1010 parts).
(1) M. Dumoulin en avait fait l'acquisition de Melle Julienne Foussemagne, célibataire, et de Camille-Théophile-Benoît Foussemagne, receveur-buraliste à Elbreuil (Allier) (acte Farges, notaire à Chauffailles, 28 février 1896).
Enfin, moins d'un an plus tard, MM. Van de Walle « comparants et seuls membres actuels de la SARL » signaient, le 5 avril 1929, par-devant Me Armand Pascal, notaire à Roanne, assisté de Me Lorton, notaire à Chauffailles, une nouvelle augmentation de capital et la prorogation de la durée de la SARL de 50 années, à compter du 1er juillet 1930 (jusqu'au 30 juin 1980). Deux nouveaux membres associés y apportaient un capital social immobilier évalué à 600.000 francs : Mme Gabrielle-Jeanne-Joséphine Villard, veuve de Michel Favier, propriétaire rentière domiciliée à Roanne, 44, Avenue Gambetta, et Melle Renée-Marie-Claudine-Augustine Favier, célibataire ; l'apport immobilier comprenait : partie de l'immeuble de la rue Gambetta (section D 2922p) et, à Charlieu, aux Cordeliers, des « bâtiments industriels à usage de tissage mécanique, de cotonnade, cour, cheminée monumentale, pièce d'eau, aisances et dépendances » (section C 1046p), d'une superficie de 3594 m2 97. M. Louis-Charles Van de Walle demeurait le seul gérant des nouveaux biens (Archives de Saône-et-Loire, 4U 823).
Le nom de l'industriel Louis-Charles Van de Walle s'est encore attaché à la fondation de la Société « Desbois et Cie » : fabrique de coton et vente, dont le siège social était à Saint-Maurice-lès-Châteauneuf. Selon les statuts, M. Joannès Desbois, mécanicien, né à Châteauneuf le 13 juin 1880 faisait l'apport d'un terrain de 600 m2 environ (section B 421 du relevé cadastral de la commune de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf) au lieu de Choultant (Saint-Maurice-lès-Châteauneuf) ; le terrain « en forme de clé », confinant le Sornin, le bief ou béal limitant le moulin de M. Desbois était estimé 1200 francs ; à cet apport s'ajoutait une somme de 10.000 francs ; M. Van de Walle faisait, de son côté, un apport de la même importance : soit, 11.200 francs. Mais, dès 1927, la Société changeait sa raison sociale et devenait « Longhi et Cie ». (Archives de Saône-et-Loire, 4 U 824).
Description du logis d'habitation à l'entrée des anciens ateliers :
L'usine et les ateliers Van de Walle ayant fonctionné jusqu'à une date relativement récente sont implantés en bordure de la route de Belmont (RD 71) prolongeant la rue de Verdun (côté Est).
L'entrée de la partie privée du domaine est marquée par une croix routière. Le logis d'habitation, dont la façade principale (Ouest) donne sur une cour intérieure, est un élégant immeuble haut de trois niveaux, sous toiture à quatre pans redressés, sur la façade noble, par un petit fronton médian se superposant, dans un avant-corps en très légère saillie, à chaque niveau et, plus précisément, de bas en haut, à la porte du rez-de-chaussée, au linteau en segment de cercle, à la porte-fenêtre de l'étage intermédiaire (au linteau de même en segment de cercle) et à la fenêtre rectangulaire, de moindre hauteur que la précédente du dernier étage. Ces trois percements principaux sont encadrés, de chaque côté, de deux baies, légèrement cintrées au rez-de-chaussée seulement. Des chaînages d'angle soulignent les extrémités de la façade principale divisée, horizontalement, par des cordons plats à la naissance des percements des étages supérieurs, et par une corniche à la base du toit.
Un bâtiment de dépendances, bas, fait retour d'équerre, au Sud. La haute cheminée de l'usine se détache par-derrière.
L'accès à la cour privée et au logis d'habitation s'opère, de la rue, par une porte étroite, en plein cintre, moulurée de facettes convexes.
La Municipalité de Chauffailles a voulu perpétuer le souvenir de la famille Van de Walle en réservant ce patronyme à l'une de ses avenues : portion comprise entre la rue Gambetta et l'avenue du château ; prolongée, au Sud-Est, par l'Avenue Dumoulin.
Autres logis à caractère industriel :
- immédiatement au Sud des établissements Van de Walle ; au carrefour Sud-Est de l'avenue Charles Rousset et de la rue de Verdun ; au Nord du Foulon.
Le logis d'habitation s'apparente à la maison Van de Walle ; disposé de même, il est flanqué, à l'Est, d'un bâtiment en rectangle allongé, contre lequel viennent se greffer les ateliers.
- à l'entrée Ouest du bourg de Chauffailles, en vis-à-vis de l'usine de Vitron, le Musée du tissage occupe un bâtiment plus important, en surplomb de la RD 985, délimité, du côté Nord, par la RD 316 se dirigeant sur Mussy-sous-Dun.
De plan rectangulaire allongé, le logis s'élève sur trois niveaux creusés d'un rythme régulier de sept percements rectangulaires (façade Sud). La toiture a quatre pans est surélevée, au milieu de ses quatre pans par un pignon triangulaire à l'intérieur desquels a été aménagée une fenêtre rectangulaire, sous comble.
- de l'ancienne fabrique de soierie de la Caille, avec alignement d'habitat composite, insérant un logis avec toiture à la Mansart flanqué d'une tourelle à poivrière d'ardoises, ne subsiste, peut-être, que l'extrémité Ouest, surhaussée, avec ateliers allongés, dans le même axe, au Nord.
[Source : AD71, Inventaire dans les années 1995 du patrimoine de Chauffailles, Généralités, 5 FI 120/1.]
Compléments :
- Épilogue. "La cheminée de l'usine vit ses dernières heures : Vendredi matin, les Chauffaillons se sont réveillés sous le brouillard, ce qui n'a pas empêché M. Thoral, de la société TPS, de lancer l'opération de démolition de la cheminée de l'usine Van de Walle. La veille, les services techniques de la municipalité l'avaient fait fonctionner et constater son bon état de marche. La cheminée en brique, d'une hauteur de 26,5 m, ne sera pas démolie à l'explosif, trop onéreux, mais une déconstruction progressive du haut vers le bas sera effectuée. M. Van de Walle, Marie-Christine Bignon, maire, divers adjoints et membres des services techniques étaient sur place pour constater le bon déroulement des opérations. C'est une page d'histoire du patrimoine architectural industriel local qui se tourne." Article rédigé par Évelyne Lussan et paru dans Le JSL, 03/03/2013.
Démolition de la cheminée de l'usine Van de Walle en mars 2013 - Cliquez sur une image pour l'agrandir
- Casimir Joseph Dumoulin-Reynier. Casimir Joseph Dumoulin né à Saint-Germain-la-Montagne (Loire) le 26 février 1856.
Industriel et propriétaire au château de Chauffailles. Après un séjour de douze années à Paris dans le commerce de la nouveauté où il débuta à l'âge de 16 ans, est venu fonder à Chauffailles en 1884, une usine pour le tissage mécanique de la soierie. Cette fabrique offre cet avantage pour le pays : qu'elle occupe les ouvriers des deux sexes ; ce qui n'a pas toujours lieu dans cette industrie où la femme est presque toujours exclusivement employée. L'usine fondée par M. C. Dumoulin-Reynier occupe deux cents ouvriers, et tout fait espérer qu'elle ne périclitera pas, grâce à la constance des efforts de son fondateur qui est tout à la fois le chef et l'ami de son personnel. [Loire : dictionnaire, annuaire et album, H. Jouve, Paris, 1899]
- Formation de la Société Alexandre Giraud et Cie le 30 janvier 1888. Lyon. Société en nom collectif Alexandre Giraud et Cie (fab. de soieries), 12, rue du Griffon. Durée 7 ans du 1er janvier 1888. Cap. 300.000 francs fournis : 100.000 francs par M. Fleury-Paul Giraud (1) et 200.000 francs par MM. Laurent-Léon Giraud et Joseph-Marie-Camille Giraud, cette dernière somme représentant la jouissance des immeubles possédés indivisément par ces deux associés à la Combe des Éparres (Isère), aux Abrets (Isère), à Chauffailles (Saône-et-Loire), à Landes (Ardèche) et à Saint-Denis-de-Cabanne (Loire). [Bulletin des soies et des soieries de Lyon, 1888]
1. Giraud (Fleury-Paul), commandeur de Saint-Grégoire, président de l'Association des patrons catholiques qu'il contribua à fonder, administrateur du Dispensaire, né en 1828, mort le 23 novembre 1898, fut particulièrement connu par son inépuisable et ardente charité. Il était le fils aîné d'Alexandre Giraud, dont la maison de soieries, montée du Griffon, est bien connue. Les quatre fils Giraud succédèrent à leur père : Alexandre Giraud mourut jeune, Camille entra en religion et mourut trappiste, Léon fut longtemps l'associé de son frère Paul. Nombreux furent leurs obligés. [Nos Lyonnais d'hier, Adolphe Vachet, 1910]
- Modification de la Société Alexandre Giraud et Cie le 24 août 1894. Lyon. Société Alexandre Giraud et Cie,
fab. d'étoffes de soie, 12, Griffon. Par suite du décès de M. Laurent Giraud, la société se continue entre MM. Fleury et Joseph Giraud. [Archives commerciales de la France, 1894]
- Formation de la Société Alexandre Giraud et Cie le 18 septembre 1895. Lyon. Société en nom collectif Alexandre Giraud et Cie (fab. de tissus de soie en tous genres), 12, rue du Griffon. Durée 3 ans, se renouvelant par tacite réconduction pour une même période. Capital 40.000 fr. en espèces fournis par M. Fleury-Paul Giraud ; le second associé M. Joseph-Marie-Camille Giraud (2), résidant à Reichenburg (Styrie, Autriche) apporte pour 60.000 francs la jouissance des 6/10 des immeubles industriels qu'il possède indivisément avec les héritiers de M. Laurent-Léon Giraud, son frère, à la Combe (Isère), à Chauffailles (Saône-et-Loire), à Landes (Ardèche), à Saint-Denis-de-Cabanne (Loire). [Bulletin des soies et des soieries de Lyon, 1895]
2. Une dépêche annonce la mort, en Styrie, de M. Camille Giraud, en religion Fr. Marie-Gabriel, de l'Ordre des Trappistes. Ce religieux était le frère de M. Alexandre Giraud, connu par l'affaire de Châteauvilain (Isère), mort il y a quelques mois et dont il était venu conduire les funérailles à Lyon. [La Croix, 4 mars 1899]
- La Société Anonyme des Anciens Établissements Alexandre Giraud au capital de 4.500.000 francs. Ancienne maison Alexandre Giraud et Co fondée en 1810. L'une des supériorités de la fabrique lyonnaise de soieries consiste dans ce fait qu'elle produit toutes les variétés de tissus depuis les articles de la consommation la plus courante et la plus populaire jusqu'aux étoffes les plus somptueuses. Elle possède de ce fait une supériorité incontestable sur ses concurrentes des pays étrangers ; elle peut en effet satisfaire immédiatement à toutes les évolutions de la mode, passer alternativement, au gré de ses exigences imprévues, de l'uni aux façonnés et aux brochés, des étoffes teintes en fil aux étoffes teintes en pièces qui ont obtenu tant de succès pendant ces dernières années. Cette aptitude remarquable à tout fabriquer est le privilège d'un certain nombre de maisons lyonnaises qui abordent avec un égal succès la production des tissus les plus divers. Au premier rang de ces maisons, il convient de citer une des plus anciennes, sinon la plus ancienne : la maison Alexandre Giraud. La fondation de cette maison remonte en effet au 1er janvier 1810, à une des époques les plus brillantes de la « Grande Manufacture d'étoffe de soie d'or et d'argent » comme on l'appelait alors, laquelle reprenait de son éclat après l'éclipse de la Révolution. Car on sait que Napoléon Ier avait confié à l'industrie lyonnaise le soin de fabriquer les tentures de ses palais. Et malgré l'omnipotence de David, de Perrier et de Fontaine, qui fournirent des modèles à toutes les industries, Lyon imposa encore sa virtuosité en s'adaptant au goût du jour sous une forme qui lui était propre. La maison Alexandre Giraud fut une des premières à prévoir l'avenir réservé à l'application des moyens mécaniques de tissage, qu'elle a substitués progressivement à l'outillage traditionnel des métiers à bras à un moment, qui n'est pas encore très éloigné, où cette substitution faisait encore bien des incrédules. Une des premières, elle a également compris qu'une semblable évolution entraînerait inéluctablement une autre : la concentration de la production dans de grandes usines situées dans les campagnes où la main-d'œuvre est à la fois plus économique et plus docile. C'est ainsi que, successivement, elle a créé de grands établissements de tissage dans l'Isère, à la Combe-des-Éparres, aux Abrets ; dans la Loire à Saint-Denis-de-Cabanne, dans la Saône-et-Loire à Chauffailles tout en conservant un petit noyau de métiers dans les petits ateliers à bras qui ont survécu à cette transformation autour de ces usines et à Lyon. Cette organisation industrielle ne représente pas moins de 1.500 métiers mécaniques ou à bras. L'activité commerciale de la maison Alexandre Giraud est à hauteur de son activité industrielle, l'une étant le complément nécessaire de l'autre. Fondée, ainsi que nous l'avons vu, au début de 1810 par M. Alexandre Giraud qui était le plus jeune fils de Pierre Giraud, contremaître teinturier à Saint-Étienne, la maison a été continuée par les fils de son fondateur, depuis la mort de celui-ci survenue le 5 septembre 1868 (3), jusqu'en 1899. Reprise par les héritiers sous la même raison sociale jusqu'au 27 décembre 1904, elle fut alors transformée en Société anonyme au capital de trois millions. Elle est aujourd'hui portée au capital de 4 millions 500.000 francs sous la raison sociale « Société Anonyme des Anciens Établissements Alexandre Giraud ». Elle fabrique actuellement des tissus de soieries unis en noir et en couleur, des crêpes, des mousselines, des nouveautés, des soieries pour parapluies et ombrelles, des crêpes anglais, des tissus teints en pièces de tous genres. Elle vient de monter tout récemment, dans une usine spéciale, celle de Cuinzier (Loire), la fabrication de la Haute-Nouveauté. Et cette réalisation nouvelle est le couronnement d'un magnifique édifice. La maison Alexandre Giraud a pris part à toutes les expositions universelles et, à toutes, elle a tenu haut et ferme le drapeau de l'industrie lyonnaise. Aussi a-t-elle constamment obtenu les plus hautes récompenses des jurys internationaux. Pour ne mentionner ici que les plus récentes, citons : Paris 1885, mention honorable ; Philadelphie 1876, médaille d'or ; Paris 1878, médaille d'or ; Lyon 1872, médaille d'or ; Amsterdam 1883, médaille d'or ; Anvers 1885, médaille d'or ; Paris 1900, médaille d'or. À l'exposition de Lyon en 1914 où elle a obtenu le Grand Prix, on admirait surtout dans la vitrine de cette maison les lourds brochés noirs, gris fer, ou semés de gros bouquets de roses d'un coloris admirable, les moires, les satins, les bengalines noires et bleu nattier, les voiles brodés de bouquets avec paillettes d'or, etc. Cela suffisait pour démontrer que depuis 1810 la fabrication de la maison n'a cessé de progresser. Ajoutons enfin que la Société anonyme des Anciens Établissements Alexandre Giraud dont le siège social est à Lyon, 12, rue du Griffon, près de l'Hôtel de Ville et du Théâtre de Lyon, indépendamment des représentants qu'elle possède dans toutes les parties du monde, a établi des maisons de vente à Londres, 13 Cheapside et à New-York (MM. Victor et Achelis). [Le Monde illustré, 17 décembre 1921]
3. Décès à Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône) le 31 août 1868 d'Antoine Alexandre Giraud né à Saint-Étienne (Loire) le 16 juillet 1792, fils de Fleury et Claudine Brunel (Acte de décès). Mariage à Saint-Étienne, paroisse Saint-Étienne, le 7 janvier 1783 de François Fleury Giraud, marchand demeurant à Saint-Didier-en-Velay (Haute-Loire), et de Claudine Brunet (AD42, BM 1783, vue 4/72).
- Formation de la Société P. Guéneau et Cie le 30 juin 1903. Lyon. Société en nom collectif P. Guéneau et Cie, 7, place du Griffon (fab. de soieries, lustrines, étoffes pour parapluies). Durée 8 ans, du 1er juillet 1903. Capital 300.000 fr. fournis en espèces et par tiers par les trois associés, MM. Paul Guéneau, Jean Villaz et Jean-Baptiste Pellissier. En outre, M. Guéneau a apporté, mais en jouissance seulement, le fonds de commerce, clientèle, achalandage, ustensiles, ainsi qu'un matériel de tissage se trouvant dans les usines de Chauffailles-Ville, Chauffailles-les-Étangs, et de Châbons (Isère) ou chez divers dépositaires. [Bulletin des soies et des soieries de Lyon, 1903]
- Prorogation de la Société P. Guéneau et Cie le 1er juin 1911. Lyon. Société P. Guéneau et Cie, 7, place du Griffon (fabrication de soieries). Prorogation au 30 juin 1921. Le capital est maintenu à 300.000 fr. Associés MM. Paul Guéneau, Jean Villaz et J.-B. Pélissier. [Bulletin des soies et des soieries de Lyon, 1911]
- Guéneau, Paul Joseph (1856-1939) sur le site Patrons de France
- Dossier de la Légion d'honneur de Guéneau, Paul Joseph sur le site Léonore
- Société A. Lancelot. 20, place Tolozan, Lyon. Téléphone : Barre 20-54. Usine à Chauffailles (Saône-et-Loire). Fabrique de crêpes de Chine et de tissus haute nouveauté pour cravates. [La Soierie de Lyon : organe du Syndicat des fabricants de soieries de Lyon, 1927]
- Société H. Genin Père & P. Chaine. Société anonyme au capital de 10.300.000 francs, 59, rue de Créqui, Lyon. Maison fondée en 1852. Usines à Villeurbanne (Rhône), Saint-Denis-de-Cabanne et Les Avaizes (Loire), Cadolon (Saône-et-Loire). Maison à Paris, 111, boulevard Sébastopol, Fabricants de Tissus de Soie unis, façonnés, Nouveautés, Parapluies, Cols, Cravates, Châles et Tissus d'Orient. [La Soierie de Lyon : organe du Syndicat des fabricants de soieries de Lyon, 1930]
- 1889, la grève de Chauffailles. On écrit de Chauffailles au Courrier de Saône-et-Loire : La grève de Chauffailles, que l'on croyait terminée, vient de reprendre avec une nouvelle intensité. Mille grévistes environ ont essayé d'escalader les murs des usines et ont lancé à l'intérieur des pétards et des fusées. Les brigades de gendarmerie sont doublées et des ordres sont donnés pour que le maintien de l'ordre soit assuré. [La Lanterne, 19 septembre 1889]
- 1921, sera-ce la grève dans la région de Chauffailles ? Charolles, 27 septembre. Le syndicat des ouvriers de l'industrie textile de la région de Chauffailles s'est réuni en assemblée générale pour discuter la question du relèvement des salaires. À l'unanimité, l'assemblée a demandé le rétablissement du tarif du 1er avril dernier, soit une augmentation de 20 %, en considération du nouveau renchérissement de la vie. Un délai de 8 jours a été laissé aux patrons pour répondre à cette revendication. La région de Chauffailles compte plusieurs milliers d'ouvriers et ouvrières, travaillant dans les fabriques. [Le Populaire, 28 septembre 1921]
- 1934, la plupart des industriels en soierie de Chauffailles décident de fermer leurs usines. Charolles, 2 décembre. Les industriels en soierie de Chauffailles ont décidé de fermer leurs usines à dater du 10 courant. Des affiches, aux termes desquelles les patrons déclarent que, les pouvoirs publics sollicités pour conjurer la crise du textile, n'ayant pas répondu, ils se voient contraints de fermer, ont été apposées hier soir. Dix-sept patrons ont fait placarder cette affiche. [Le Matin, 3 décembre 1934]
- 1935, les ouvriers du textile décident une grève dans le Charolais. Charolles, 21 avril. Le Sous-Préfet,
M. Peguet, conseiller d'arrondissement et M. Jolivet, maire de Chauffailles, avaient provoqué une assemblée générale des patrons et des ouvriers du textile pour essayer une dernière fois d'éviter la grève générale des tisseurs dans cette région. Aucun terrain d'entente n'avait pu être trouvé, les ouvriers ont décidé un mouvement général de protestation qui commencera mardi dans toute la région.
[L'Ouest-Éclair, 22 avril 1935] - Lire aussi L'Humanité du 25 avril, Les ouvriers de la soierie de la région de Chauffailles, Charlieu ont engagé la lutte pour leurs salaires.
- Durée légale de la journée de travail en 1902 et chômage de l'après-midi du samedi dans l'industrie de la soie. Depuis le 30 mars 1902, la durée du travail dans les établissements industriels occupant des femmes et des enfants - c'est le cas le plus fréquent dans l'industrie de la soie - a été réduite de onze heures à dix heures et demie et, le 30 mars de l'année prochaine, elle sera abaissée à dix heures. Quelle sera alors la situation faite aux filatures, moulinages et tissage de la soie où le chômage de l'après-midi du samedi est presqu'une nécessité économique ? Nous disons une nécessité économique, car il est imposé par les conditions même de recrutement des ouvriers. Ces établissements très souvent situés en pleine campagne sont, en effet, obligés de recruter leur personnel dans un rayon étendu (10, 15 et même 25 kilomètres). Les ouvriers et ouvrières couchent pendant la semaine dans les dortoirs de l'établissement on dans des chambres garnies aux environs de la fabrique et tous les samedis elles vont retrouver leurs familles afin de passer avec elles le dimanche. Comme elles ont beaucoup de chemin à faire, force leur est de partir de bonne heure pour arriver chez elles avant la nuit. Si la durée du travail reste fixée à dix heures par jour, la semaine ne comprendra plus que 56 à 57 heures de travail et il est à prévoir que les chefs d'usine seront conduits à réduire proportionnellement le salaire des ouvriers, salaire calculé sur 60 heures de travail par semaine. La réunion des Présidents des Chambres de commerce, qui a eu lieu à Paris le 5 mai 1902, s'est préoccupée de cette éventualité et elle a demandé que la durée légale des heures de travail fût fixée non pas par jour mais par semaine, de manière à permettre aux industries où le chômage de l'après-midi du samedi est de tradition de compenser cette perte de temps par une prolongation du travail les cinq autres jours de la semaine ... En Saône-et-Loire, des 5 établissements de Chauffailles qui pratiquent cet usage, l'un ferme le samedi à 4 heures du soir, dans les autres établissements, les femmes seules cessent le travail à partir de 3 heures en hiver et de 4 heures en été ...
[ Bulletin des soies et des soieries de Lyon, 1903]
Un métier à domicile et l'usine Dumoulin-Reynier - cliquez sur une image pour l'agrandir
L'usine L. & G. Van de Walle et l'usine dite du Château (ou des Étangs)
L'usine Giraud et vue de l'intérieur de l'usine de tissage mécanique
Filature et usine Forest & Deschamps de Cadolon (Coublanc/Saint-Igny-de-Roche) - Lien vers les usines de Cadolon
Renommée internationale des tissages mécaniques Genin-Chaine