La famille de BASTARNAY ou BATARNAY d'après Rivoire de La Bâtie
[Source : L'armorial de Dauphiné contenant les armoiries figurées de toutes les familles nobles & notables de cette province, accompagnées de notices généalogiques complétant jusqu'à nos jours les nobiliaires de Chorier et de Guy Allard, par Gustave de Rivoire de La Bâtie (1867).]
BASTARNAY ou BATARNAY
Fiefs : Bastarnay (1), Le Bouchage, Anthon, Falavier, Charmes (2), etc.
Guillaume de Bastarnay était seigneur dudit lieu, en 1260 ; Raymond de Bastarnay, seigneur dudit lieu & Charmes (alias Chalmen), fils de Jordan, se trouva en 1415, à la journée d'Azincourt ; Agnès de Chavannes fut sa femme, Jacques de Bastarnay était évêque de Valence, en 1472.
« Louis II du nom, Daufin de Viennois [futur Louis XI] estant à l'âge de trente ans, sorty pour la dernière fois de la maison & de la cour du roy Charles VII, son père, vint demeurer en Daufiné, où il fut caressé & honoré de quelques gentilshommes qui le regardoient desjà comme le soleil levant de la France. Ceux de la maison de Batarnay furent les premiers qui luy offrirent leur service, & ce prince prit en amitié Imbert, seigneur du Bouchage, fils du seigneur de Batarnay, dès qu'il luy eust esté présenté par son père ; car comme nostre Louis se retiroit en Daufiné, & alloit de Moras à Roman, il s'arresta en un vallon sous le chasteau de Batarnay pour prendre le frais & demanda quelque rafraischissement en l'ardeur de la saison, & en l'ennuy du chemin, le seigneur de Batarnay luy en fit apporter, & luy vint faire la révérence ; il menoit avec luy Imbert, son fils, qui estoit encore jeune homme & portoit un oiseau qu'il fit voler & prit quelque perdreau. Le Daufin y prit plaisir, luy commanda de le venir trouver à Roman, & qu'il avoit envie de faire encore voler cet oiseau. Il y alla, il pleut à ce prince qui le demanda à son père & dès lors ne l'abandonna jusqu'à la mort, le fit grand de biens & d'honneur, comme il estoit de vertu & de mérite. De ce seigneur sont issus tous ces braves Batarnais ou Bouchages, dont le dernier, appelé le baron d'Anthon, mourut pour le service de Dieu & du roy Charles IX, à la bataille de Saint-Denis. »
Telle est, selon le père Hilarion de Coste, l'origine de la fortune brillante de cette maison. Imbert de Bastarnay, favori de Louis XI, fut gratifié des terres d'Anthon & du Bouchage que ce prince confisqua en sa faveur sur leurs légitimes propriétaires. Il enleva Georgette de Montchenu qu'il épousa malgré elle & se fit détester en Dauphiné par les confiscations qu'il obtint de son maître.
Claude de Bastarnay, baron d'Anthon, fils unique de François René, comte du Bouchage & d'Isabeau de Savoie, fut tué à la bataille de Saint-Denis (1567) à côté du connétable de Montmorency, son oncle. Avec lui finit cette famille. Il avait cinq sœurs dont la deuxième [Marie] & la troisième [Gabrielle] s'allièrent dans les maisons de Joyeuse & de la Châtre-Nançay, les trois autres moururent sans enfants.
(1) Bathernay (Drôme).
(2) Charmes-sur-l'Herbasse (Drôme).
Complément :
Source : Catalogue des actes du dauphin Louis II, devenu le roi de France Louis XI, relatifs à l'administration du Dauphiné. Vol. 2, E. Pilot de Thorey, 1899.
24 mars 1462 (1463).
Contrat de mariage passé entre Imbert de Bathernay (1) seigneur du Bouchage, et Georgette de Montchenu, fille de Falques de Montchenu, & seigneur de Châteauneuf-de-Galaure. Par l'une des clauses de ce contrat, le roi Louis XI fait don aux futurs époux des châteaux, terres, seigneuries et baronnies du Bouchage, Brangues, Ornacieux, partie de Commelle, maison forte de Morestel et autres terres, qui avaient été confisqués à son profit par feu Gabriel de Roussillon, accusé de crime de lèse-majesté, et ce du consentement et par suite de la cession et du transport que lui en avait fait le susdit Falques de Montchenu, neveu dudit Gabriel (2), comme fils de sa sœur et plus habile à lui succéder.
Mention insérée dans des lettres patentes du roi Charles VIII, données au Montils-lès-Tours, en octobre 1496.
(1) Imbert de Bathernay, qui prêta hommage à Louis XI, dans la ville de Rouen, le 3 novembre 1464 pour les terres que ce roi lui avait concédées à l'occasion de son mariage avec Georgette de Montchenu, jouit paisiblement de ces mêmes terres jusqu'au jour où Jacques de Miolans, seigneur d'Anjou, ayant été nommé gouverneur du Dauphiné, par lettres du roi Charles VIII, du 3 octobre 1491, trouva l'occasion propice pour faire valoir les droits qu'il prétendait avoir sur les terres d'Ornacieux et de Commelle, et intenta un procès, devant le parlement de Grenoble, à Imbert de Bathernay, en restitution de ces terres. Pour mettre fin à cette difficulté, Charles VIII, par lettres patentes données à Montils-lès-Tours, au mois d'octobre 1496, ordonna le partage par parts égales, entre les seigneurs de Miolans et du Bouchage, de la terre d'Ornacieux et de la moitié de celle de Commelle, objet du litige ; mais en même temps, pour dédommager le seigneur du Bouchage de la portion qu'il perdait, il lui fit don des seigneuries de Dolomieu et des Avenières. Le parlement de Grenoble fit de suite procéder au partage ordonné par le roi, mais prétextant que les terres de Dolomieu et des Avenières représentaient une valeur bien supérieure à la part qu'Imbert de Bathernay perdait sur celle d'Ornacieux et de Commelle, refusa de sanctionner, sur ce point, les lettres du roi, ce qui n'empêcha point le seigneur du Bouchage d'en vouloir prendre possession de vive force, à la suite de quoi le procureur général du Dauphiné, le 6 septembre 1499, fit ouvrir une information contre ce dernier. Le roi Louis XII, alors de passage à Grenoble, pour mettre fin à cette nouvelle difficulté, confirma par lettres patentes du mois de septembre 1499, celles de son prédécesseur, le roi Charles VIII, après quoi sur l'exprès commandement du roi, le procureur fondé de Bathernay fut mis en possession des terres de Dolomieu et des Avenières le 27 du même jour, par André Rolin, secrétaire delphinal. Cependant le procureur général du Dauphiné se pourvut contre les dernières lettres royales et il fallut que Louis XII, par de nouvelles lettres données à Milan, le 24 octobre suivant, enjoignit au parlement de Grenoble de procéder sur-le-champ au jugement de recours intenté par le procureur général, ainsi qu'au procès pendant entre ce dernier et Bathernay, voulant en outre que le même Bathernay jouisse des terres qui lui avaient été données, alors même que leur valeur serait très supérieure à celle de la part d'Ornacieux et de Commelle qu'il avait perdue. Ces lettres furent entérinées par le parlement le 9 juillet 1503 seulement, sur une injonction du roi.
Quelques années plus tard, en vertu de l'édit du 30 janvier 1517, n.s., révoquant les aliénations des terres du domaine, celles de Dolomieu et des Avenières furent réunies au domaine par procès-verbal du 13 mars 1517 ; mais, sur les sollicitations d'Imbert de Bathernay, le roi François Ier lui en confirma la possession par lettres données à Paris, le 2 mai 1517. Ces lettres ne furent enregistrées par le Parlement de Grenoble que sur une déclaration d'Antoine Palmier, conseiller, et de Jean Matheron, procureur général au même parlement, contenant que l'intention formelle du roi était, qu'après le décès de Bathernay, les susdites terres fassent retour au domaine. L'année suivante, le procureur général, se fondant sur un nouvel édit, ordonnant la réunion au domaine des terres aliénées en Dauphiné, fit assigner Imbert de Bathernay en délaissement des terres de Dolomieu et des Avenières, mais nouvelles lettres royales du 14 décembre 1518, confirmatives du don fait à Bathernay, pour en jouir, cette fois, lui et ses successeurs, à perpétuité (Invent. de la Chambre des comtes, Viennois). Après le décès d'Imbert de Bathernay, survenu le 12 mai 1523, nouvelle réunion des précédentes terres opérée le 2 juin suivant (Liber reductionis, cah. 12).
Nous n'énumérerons point les nouvelles et nombreuses contestations qui surgirent entre les officiers delphinaux et les héritiers d'Imbert de Bathernay, au sujet de la possession des terres de Dolomieu et des Avenières, qui en fin de compte restèrent la propriété de ces derniers.
Contentons-nous d'apprendre, qu'à la suite d'un partage opéré le 4 juin 1602, entre les héritiers de René de Bathernay, petit-fils d'Imbert, elles échurent, savoir : celle de Dolomieu, à Henriette-Catherine de Joyeuse, fille d'Henri de Joyeuses, pair et maréchal de France, arrière-petite-fille du susdit René de Bathernay et épouse d'Henri de Bourbon, duc de Montpensier, qui le vendit le 29 mars 1605, et celle des Avenières, à Gabrielle de Bathernay, veuve de Gaspard de La Châtre, chevalier de l'ordre du roi, capitaine de la garde française, et à son fils Henri de La Châtre, chevalier, seigneur de Nançay, Neuville et Cigogne, qui les vendirent le 8 octobre 1609. Les acquéreurs de l'une et l'autre de ces terres furent François de Gratet, seigneur de Granieu et de Faverges, trésorier général de France en Dauphiné, et son frère Pierre de Gratet, seigneur de Dorgeoise (Titres de la Chambre des comtes du Dauphiné).
(2) Falques de Montchenu était en effet fils de Hugues de Montchenu et de Claudine de Roussillon, sœur de Gabriel de Roussillon et de Marie de Grolée.
Ymbert de Bathernay, sire du Bouchage, un des plus remarquables seigneurs dauphinois (Jean Imbert)
La famille de La Châtre ou La Chastre
La famille de François et Pierre de Gratet