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La Révolution dans l'ancien diocèse de Mâcon,
districts de Marcigny et de Charolles

Source : B. Rameau, Annales de l'Académie de Mâcon (1899)



A la création des districts du département de Saône-et-Loire, en 1789, 21 paroisses de l'ancien diocèse de Mâcon furent attribuées au district de Marcigny, et 9 autres au district de Charolles.

Pour compléter notre étude, nous essayerons encore de suivre la Révolution et son œuvre sur ce nouveau théâtre, à l'aide des documents assez nombreux que contiennent les Archives départementales [Ces documents sont contenus principalement dans les registres de deux séries : série IIG L2. Délibérations du district de Marcigny, et série II G L 3. Correspondance de l'agent national].

Les 21 paroisses mâconnaises attribuées au district de Marcigny furent réparties en 4 cantons, ceux de La Clayette, de Chauffailles, de Châteauneuf et de Mailly.

Les paroisses brionnaises des 5 autres cantons de ce district appartenaient à l'ancien diocèse d'Autun ; naturellement elles n'entrent pas dans le cadre de la présente étude, malgré tout l'intérêt qu'offre leur histoire, grâce à leur attachement à la religion, que rien ne put ébranler. Quant aux paroisses qui vont nous occuper, elles relevaient toutes de l'archiprêtré de Charlieu, et les populations n'en étaient pas moins religieuses que leurs voisines. Quant aux 9 paroisses attribuées au district de Charolles, elles formaient comme la lisière occidentale de notre diocèse de Mâcon, et relevaient de l'archiprêtré du Rousset. Malgré le peu de documents que nous en avons, leur modeste histoire doit trouver ici sa place.

CHAPITRE I. COUP D'ŒIL GENERAL

Avant d'aborder les faits particuliers, essayons, par un regard d'ensemble, de suivre et d'embrasser les événements généraux qui se sont déroulés dans ce district et lui ont donné sa physionomie spéciale.

Notons d'abord qu'il ne fut pas, comme le district de Mâcon, témoin en 1789 d'une jacquerie promenant l'incendie et le pillage. Les populations, moins travaillées par les passions révolutionnaires, se contentaient de demander de sages réformes, comme on le voit par les cahiers de leurs doléances. On trouve en effet, aux Archives départementales [Série B 2329], les doléances des paroisses du canton de Châteauneuf, savoir : celles de Châteauneuf, datées du 10 mars 1789 ; celles de Saint-Maurice, du 9 mars ; celles de Saint-Igny-de-Roche, du 12 mars, et celles de Saint-Laurent, du 13 mars. Le cahier de Châteauneuf, rédigé par Claude-Gilbert Chevalier et Adrien Jomain, comprend 61 articles, que nous allons résumer et qu'on retrouve en substance dans les autres cahiers ; ils révèlent bien l'esprit général de cette région.

Par le premier article, on demande que le nombre des députés du tiers état soit égal à celui des deux ordres, et qu'aux États généraux les voix soient comptées par tête et non par ordre.

Les articles suivants peuvent se résumer ainsi : Impôt unique et personnel sans distinction de privilèges. Liberté de rembourser le principal des cens, servis et autres devoirs seigneuriaux. Obligation pour les seigneurs de remettre dans les dépôts publics leurs terriers, cartes et plans. Jurisprudence unique dans le royaume. Abolition des taxes qui se payent en Cour de Rome. Que chaque ecclésiastique ne puisse posséder qu'un seul bénéfice. Fixer un revenu honnête aux curés sur les richesses du haut clergé, afin de supprimer les casuels, rétributions et dîmes.

Un article curieux, qui ne se retrouve pas dans les cahiers des autres paroisses, est celui qui demande « l'établissement de chapitres de filles du tiers état sans vœux ni engagement de leurs propriétés », en vue de l'instruction publique. Mais Châteauneuf et toutes les autres paroisses s'accordent à demander l'abolition des bans de vendanges, l'unité de mesure, qui sera celle de Mâcon, pour la contrée, conservation de chaque habitant dans ses droits de prise et de passage au bois d'Avaize, enfin, remplacement de la route de La Clayette à Charlieu passant à la Chenauderie par une route passant par Châteauneuf.

Tels étaient les vœux de ces populations rurales et tranquilles, et l'on peut supposer que ceux des trois autres cantons de La Clayette, Chauffailles et Mailly, devaient être de même nature.

Un an plus tard, un Directoire local était établi à Marcigny, le 20 juin 1790. Il se composait de Pitoys, curé de Varennes-sous-Dun, président ; Pierre Millerand, vice-président ; Jomain, Captier, Jacob, Grisard, Duryer, Bonnardel, secrétaire. Le 18 octobre suivant, le Directoire établissait ses bureaux dans le prieuré, dont les armoiries furent enlevées, le 30 août 1792 [La maison Abbatiale, avec clos, moulin, étang et dépendances, fut adjugée, pour 151.800 livres, à Etienne Martin, vérificateur des domaines, le 17 juillet 1796 (29 messidor an IV)].

En 1791, l'élection des curés constitutionnels ne se fit pas sans peine. La première Assemblée électorale, réunie à Marcigny, n'eut qu'un demi-résultat : 6 curés élus refusèrent leur nomination schismatique ; c'étaient ceux qui avaient été élus par Oyé, Saint-Martin-du-Lac, Saint-Racho, Anzy, Varennes-l'Arconce, Chassigny. 6 autres communes n'avaient pas fait d'élection, et, en conséquence, une nouvelle Assemblée électorale fut convoquée pour le 24 juillet. En somme, il fallut remplacer 21 curés non assermentés, dont 4 seulement dans la partie mâconnaise, et 5 vicaires, dont 3 dans la même partie [Les 4 curés étaient ceux de Mailly, Jonzy, Chassigny, La Chapelle-sous-Dun, et les 3 vicaires étaient ceux de La Clayette, Mussy, Saint-Bonnet-de-Cray.]. Les 19 autres prêtres fidèles étaient du diocèse d'Autun. Mais l'état des prêtres de ce district qui étaient déportés volontaires à la date du 22 octobre 1792, en porte le nombre à 27, dont les uns ont déclaré sortir du pays, et les autres ont disparu sans déclaration. Cet état est signé par tous les administrateurs du district, sauf par le président, le curé Pitoys, qu'un reste d'honneur empêcha sans doute de signer [Archiv. départ. II G L 2.]. Du reste, il fut peu après remplacé à la présidence du Directoire dont le personnel fut un peu modifié en 1793, et, sur la fin de la même année, il dut abdiquer ses fonctions de curé de La Clayette et Varennes, à la suite de ses confrères dans le schisme.

Parmi les nouveaux administrateurs, trois se firent remarquer comme terroristes avérés : Grisard, président ; Simonin, qui lui succéda, et Circaud, agent national. Le 24 novembre 1793, le Directoire arrêtait que « tous les prêtres se rendront au district dans les 24 heures ». Signé : Grisard, Chevalier. Peu après, le 28 avril 1794, l'agent national Circaud ordonnait l'arrestation de tout prêtre ayant exercé « des fonctions cy-devant ecclésiastiques » depuis le 24 novembre précédent ; et il ajoutait : « seront déportés ceux qui seront dénoncés pour leur incivisme par six citoyens domiciliés dans le canton ou le département. » Le 25 novembre 1794, après la chute de Robespierre, le représentant Boisset promettait encore une prime de 600 livres pour tout prêtre réfractaire arrêté et traduit au chef-lieu.

C'est vraiment un spectacle émouvant qu'offrent dès lors ces régions mâconnaises et brionnaises à l'observateur qui peut suivre tant bien que mal cette lutte énergique entre un pouvoir tyrannique et impie et des populations auxquelles il ne peut arracher ni leur foi ni leurs pratiques religieuses. Au mois de février 1795, le Comité de surveillance de Marcigny déclare que « le fanatisme relève la tête... que des arbres de la liberté sont coupés » dans plusieurs communes. Au mois de mai, il signale « des rassemblemens pour l'exercice du culte papiste ; quelques-uns se tiennent de jour, d'autres de nuit. Le 20 mai, il constate que des prêtres insermentés disent la messe en plusieurs communes ; un grand nombre de citoyens s'y transportent avec avidité, et reviennent la joie peinte sur les visages ».

La loi du 11 prairial (30 mai 1795), et la lettre de Mgr Moreau à son clergé, qui amena la rétractation de presque tous les curés ci-devant constitutionnels, parurent un instant ramener une éclaircie après la tempête ; mais la Révolution ne désarmait pas. En vertu d'un arrêté de l'administration départementale du 26 décembre 1795, des brigades de gendarmerie faisaient des tournées dans toutes les communes, à la chasse des prêtres réfractaires ou rétractés, et la peine de deux ans de détention menaçait les officiers municipaux qui garderaient le silence sur les individus frappés par les lois et non dénoncés.

En dépit de ces mesures de rigueur, voici ce qu'écrivait, le 24 pluviôse an IV (13 février 1796), l'agent national de Mâcon au Ministre de l'intérieur : « Les déportés rentrés, les prêtres réfractaires, les constitutionnels qui ont rétracté leur serment... semblent s'être réunis dans le ci-devant district de Marcigny [Le district de Marcigny et son territoire furent attribués à l'arrondissement de Charolles vers cette époque.]... « ils sont accueillis, logés, nourris, payés [Archiv. départ. I L 7.]». Le 26 février 1796, l'Administration centrale déclare que « quarante prêtres réfractaires connus » parcouraient les cantons de Semur et de Saint-Christophe (Bel air les Foires), et elle en suspend les officiers municipaux.

Aussi, à la seconde Terreur, en 1798 et 1799, y eut-il de nombreuses arrestations dans cette partie de l'ancien district. Qu'il nous suffise de citer quelques noms, bien que ces prêtres n'appartinssent pas à la partie mâconnaise. Un abbé Cuissot, ex-aumônier de l'Hôpital de Moulins, réfugié chez le baron de Semur, y fut arrêté au mois de décembre 1797, par une colonne mobile qui envahit le château à 4 heures du matin, et peu après déporté à l'île de Ré. L'abbé Pompanon, ancien curé de Chalmoux, qui exerçait son ministère à Semur et Anzy, arrêté le 5 décembre 1797, chez Perrin du Lac, à Anzy, fut, en raison de son âge (69 ans), mis en état de réclusion à Mâcon jusqu'à sa libération en 1800. Claude Brunet, ancien Bénédictin de Cluny, qui exerçait son ministère dans le canton de Saint-Christophe, fut déporté à l'île de Ré en 1798, à l'âge de 32 ans. François Despierres, curé de Varennes-l'Arconce et insermenté, fut arrêté le 6 janvier 1798, et déporté à l'île de Ré, où il mourut le 5 août 1800. Montangerand, ancien vicaire de Marcigny, Nicolas Petit-Lamure, simple prêtre de Saint-Germain-des-Bois, partagèrent la déportation de ce dernier, mais furent libérés en 1800. Beaucoup de prêtres échappèrent aux recherches en passant la Loire et en se cachant dans des familles dévouées, à Artaix, à Céron et dans les montagnes.

Après les arrestations des prêtres, ce fut le tour des églises qui durent être fermées par arrêté du 13 novembre 1798, et des cloches qui durent être cassées. Le citoyen Pierre Colin, de Marcigny, réclamait, le 15 avril 1799, la somme de 36 fr. pour avoir descendu les cloches de Fleury, Mailly, Jonzy, Saint-Julien. Comme il n'avait pu descendre celles de Saint-Bonnet et d'Iguerande, devant l'opposition des municipalités, il ne reçut que 15 fr. [Arch. départ. I L 5.]

Il était temps que le coup d'État du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799) vînt délivrer la France d'odieux tyrans.

CHAPITRE II. MAISONS RELIGIEUSES

Deux maisons religieuses de ce district appartenaient au diocèse de Mâcon et relevaient de la juridiction de l'évêque ; c'étaient l'Abbaye de Saint-Rigaud en Brionnais et le couvent des Pères Minimes de La Clayette.

I. Abbaye de Saint-Rigaud.

L'Abbaye de Saint-Rigaud, érigée en 1071 par le pape Alexandre II en faveur de la petite congrégation dont l'humble solitaire Eustorge « avait peuplé le désert » d'Avaise, près de Ligny, fut dotée d'abord, en 1065, par un chevalier du Forez, Artaud (de Néronde), puis par sa femme, Étiennette, et par la famille Albus (Le Blanc), qui possédait de grands domaines dans les régions de Dun et de Montmelard [Cartul. de Saint-Vincent, charte 6. Archiv. départ. H 142.]. Cette abbaye, qui conserva toujours son autonomie, malgré le voisinage de Cluny, resta modeste comme son humble fondateur. Elle eut ses jours prospères aux XIIIe et XIVe siècles, où ses annales nous montrent les donations nombreuses qui lui assuraient l'aisance plutôt que la richesse. Elle eut aussi ses jours d'épreuves aux XV° et XVIe siècles, pendant les guerres de Bourgogne et les guerres de religion, qui faillirent la ruiner complètement. Relevée au XVIIe siècle de ses ruines matérielles et morales par les deux abbés Claude et Laurent de Gaspard, elle subit une dernière et définitive épreuve en 1767, par l'union de la mense conventuelle au séminaire de Mâcon ; la mense abbatiale n'étant pas supprimée, il y avait encore en 1789 un abbé commendataire de Saint-Rigaud. C'était l'abbé Hector-Bernard Drouas de Boussey, vicaire général d'Autun, qui donnait à ferme, en 1782, les revenus de sa mense au prix annuel de 7.200 livres. Les deux derniers religieux vivaient d'une pension que leur payait le séminaire : c'étaient les frères Pernéty, parents du curé de Chauffailles du même nom.

Le 20 novembre 1790, l'abbé Drouas dut donner la déclaration de son revenu ; mais comme il protesta contre la vente décrétée des biens de l'Abbaye, le Directoire de Marcigny répondit à sa protestation le 9 décembre 1790, en arrêtant que l'Assemblée nationale sera suppliée de décréter que « tous les officiers publics qui signifieront des protestations seront dénoncés et poursuivis comme coupables de forfaiture ».

Le 3 janvier 1791, Jomain, l'un des administrateurs, apposait les scellés et mettait sous séquestre l'Abbaye et ses dépendances. Les bâtiments de l'Abbaye proprement dite formaient un carré enveloppant une cour intérieure et son cloître. On y accédait, du côté du couchant, par un portail protégé par un ancien fossé et surmonté d'une chambre inoccupée et d'un toit en flèche. Vis-à-vis, au fond d'une cour, se présentait l'église formant l'aile septentrionale du carré des bâtiments. Cette église se composait d'une nef accompagnée de deux collatéraux dont les voûtes étaient portées par des piliers en pierre de taille, d'un transept, d'un chœur fort élevé en forme de dôme, sur les quatre piliers duquel reposait la tour carrée du clocher surmontée d'une flèche octogone très élevée, et enfin d'un sanctuaire en forme de coquille. Telle est du moins la description qu'en donne l'acte de visite de Mgr de Valras, évêque de Mâcon, en 1746 ; et on y lit ces mots : « le tout est solidement construit [Annales de l'Académie de Mâcon, 3ème série, t. III, p. 453] ».

Or, d'après l'inventaire du 3 janvier 1791, il ne restait d'entier qu'une chapelle dans le chœur ; les nefs étaient en partie ruinées. Le 20 juillet suivant, tout fut vendu nationalement. Les bâtiments, avec jardin, verchère et trois prés, furent adjugés pour 25.300 livres, à Claude Chevalier, notaire à Châteauneuf. Les étangs des Bourbes, Berthelier et de la Verrière, et la tuilerie, furent vendus à d'autres particuliers.

Ainsi disparut cette antique Abbaye, dont il ne reste pas même un vestige aujourd'hui : Etiam periere ruinae. Les deux religieux, Antoine et Louis Pernéty, se retirèrent, semble-t-il, à Roanne. L'abbé Drouas, dont le sort ne nous est pas connu, fut porté sur une liste d'émigrés, comme l'indique son brevet d'amnistie de 1803.

II. Minimes de La Clayette.

Le couvent des Pères Minimes de La Clayette fut fondé en 1629, pour six religieux (4 Pères et 2 Frères), par dame Éléonore de Chantemerle, baronne de La Clayette, dernière du nom [Archiv. départ. H 347.]. L'église et les bâtiments formaient un carré au milieu duquel était une petite cour assez étroite et sombre. Les bâtiments, utilisés pour les usages les plus divers, existent encore ; la vieille église, qui fut l'église paroissiale depuis 1802, vient d'être remplacée par une belle église gothique.

On voyait dans l'ancienne église, entre le chœur et la sacristie, une chapelle de Notre-Dame de Bon Secours, qui avait été fondée, en 1680, par sieur Jacques Chevalier de Montrouan.

La municipalité de La Clayette fut chargée, le 9 novembre 1790, par le Directoire de Marcigny, de dresser l'inventaire des effets mobiliers des Minimes, et de les mettre sous scellés ; l'arrêté disait encore : « S'il se trouve des religieux habitants, il sera remis à chacun d'eux les effets mobiliers nécessaires à leur usage journalier et personnel. » Signé : Millerand, vice-président ; Bonnardel, secrétaire. Grâce à cette concession, les religieux purent se retirer sans être réduits à l'état du pauvre Job.

Le 13 novembre 1892, il fut procédé à la vente du mobilier, « qui a produit 1.921 livres 13 sols ». Les titres, papiers, argenterie, cuivres, ornements d'églises, furent retirés par le citoyen Chevalier, et le tout fut rendu au secrétariat du district ». Cette fois l'acte est signé Pitoys, président [Il était alors curé constitutionnel de La Clayette].

L'église avait été, au mois de septembre 1791, déclarée supprimée par le Directoire de Marcigny, ainsi que celle de Saint-Rigaud, la chapelle de Dun, et quatre autres églises ou chapelles du Brionnais.

Deux des derniers religieux de La Clayette étaient originaires du Mâconnais, L'un était le Père Pierre Moiroud, qui prêta d'abord serment, se rétracta, fut curé de Davayé en 1811 et mourut à Mâcon, sa ville natale, en 1818. L'autre était le Père Henri Delorme, de Donzy-le-Royal, retiré à Cluny, interné en 1794 comme « dangereux, accusé d'incivisme notoire », puis libéré le 5 octobre ; il était âgé de 74 ans. Les autres religieux étaient le Père Monnot, âgé de 29 ans, et le Frère Gabriel Godilier.

Les Minimes de La Clayette avaient reçu et acquis différents biens dans le voisinage, tels que le domaine des Coptiers, à La Chapelle, le domaine du Bas, etc. D'après leur déclaration de 1729, leur revenu était de 1.176 livres, et les charges étaient de 253 livres. Revenu net, 922 livres. Tous ces biens furent vendus nationalement en 1791.

CHAPITRE III. PAROISSES

La partie mâconnaise du district fut divisée en quatre cantons, ceux de La Clayette, Châteauneuf, Chauffailles et Mailly.

I. Canton de La Clayette.

Ce canton comprenait les paroisses de La Clayette et Varennes-sous-Dun, de Baudemont, La Chapelle-sous-Dun, Chassigny, Saint-Laurent et Vauban.

Six prêtres en exercice dans ce canton prêtèrent serment, quatre refusèrent. Sur la fin de l'année 1793, la fermeture des églises, la cessation de tout culte y occasionnèrent des troubles. ainsi que dans le canton de Chauffailles : « Des femmes, filles, jeunes gens, s'étant armés de pierres, piques, bâtons, empêchaient des magistrats et citoyens d'aller au temple pour l'étude des loix et pratique des vertus. » C'est ce que nous apprend un arrêté du Directoire de Marcigny, du 24 novembre 1793 (4 nivôse an II), qui signale en particulier Varennes-sous-Dun, et prescrit « d'arrêter tous les prêtres et ci-devant prêtres qui se sont trouvés dans ces communes, et de les traduire dans les maisons nationales du district comme suspects ». Signé : Grisard, Chevalier.

Au mois de mars 1796 (14 ventôse an IV), l'agent du Directoire exécutif écrivait de Mâcon au commissaire près l'administration municipale de La Clayette : « Je suis informé que les prêtres réfractaires fourmillent dans votre canton, notamment dans la commune de Varennes. » Au mois de juin suivant, l'administration municipale se justifiait en déclarant qu'elle ne connaissait point de réfractaire dans le canton... Et cependant, la lettre de l'évêque de Mâcon avait circulé, les rétractations avaient eu lieu ; et, d'après la tradition locale, de nombreux prêtres réfractaires étaient cachés à Chassigny, dans la maison Merlin, d'où ils sortaient la nuit pour aller dire la messe et administrer les sacrements dans les environs. On aimerait à connaître leurs noms ; les registres ne citent qu'un nommé « Renaud, prêtre perturbateur », que l'administration municipale de La Clayette reçoit l'ordre, le 27 février 1798, de surveiller et de traduire devant les tribunaux.

LA CLAYETTE ET VARENNES-SOUS-DUN

Le bourg de La Clayette, qui se forma au XVe siècle auprès de son important château, et ne cessa de se développer, ne fut pourtant jusqu'à la Révolution qu'une annexe de la paroisse de Varennes-sous-Dun. Mais son église de Sainte-Edwige (Sainte-Avoye), bâtie comme le bourg par le seigneur Louis de Chantemerle, eut, dès l'origine, fonts baptismaux et cimetière, et fut desservie d'abord par des chapelains, puis par un vicaire en titre [Archiv. départ. G 354.].

La population, qui ne comptait que 120 feux en 1672, 1.066 habitants en 1790, est aujourd'hui de 1.674 habitants.

Aussi, le Directoire de Marcigny, muni de l'assentiment de l'évêque constitutionnel de Saône-et-Loire, s'empressa-t-il, par un arrêté du 21 décembre 1792, de transférer le chef-lieu de la paroisse à La Clayette et de faire de Varennes une annexe.

Le vicaire qui avait jusque là desservi La Clayette était l'abbé Antoine Arnaud, né à Chauffailles en 1743 ; il se démit le 26 janvier 1791, pour se soustraire au serment schismatique, et Pitays, curé de Varennes, fut curé en titre de La Clayette, avec l'abbé Augay pour vicaire [L'abbé Augay, ex-religieux, desservit Gibles en 1792, et fut remplacé à La Clayette par l'abbé Jean Gelin.]. L'abbé Arnaud, inquiété en 1793 pour refus de serment, fut condamné le 9 mai à quitter le territoire de la République dans le délai de dix jours. Cependant, au bout de deux ans, au mois de septembre 1795, il obtint une permission provisoire de séjourner à La Clayette ; il en profita en s'employant à transmettre la lettre de Mgr Moreau aux prêtres de l'archiprêtré de Charlieu, et elle eut les plus heureux résultats. Aussi, y eut-il, le 28 avril 1796 (9 floréal an IV), ordre de l'arrêter. La suite nous échappe ; tout ce que nous savons, c'est qu'il fut amnistié en 1802, devint curé de Curbigny, et enfin se retira à La Clayette, où il mourut au mois d'avril 1809, à l'âge de 66 ans.

Philibert Pitoys-Labaume, de Vauban, curé de Varennes-sous-Dun depuis 1768, nommé président du Directoire de Marcigny en 1790, prêta serment en 1791, et fut curé constitutionnel de La Clayette. Forcé, comme tous les curés, d'abdiquer ses fonctions à la fin de l'année 1793, il envoya, le 26 novembre, ses lettres de prêtrise au district, fut mis en surveillance à Marcigny, en 1794, comme les autres prêtres, mais fut autorisé au mois de novembre à résider où il voudrait. L'année suivante, le 29 juillet 1795, ayant connaissance de la lettre de l'évêque de Mâcon, il retira ses lettres de prêtrise « qu'il avoit déposées, dit-il, dans la Terreur ». C'est ainsi qu'une première capitulation de conscience peut mener à la plus triste extrémité.

Une fois réconcilié avec l'Église, l'abbé Pitoys redevint curé de Varennes-sous-Dun, au rétablissement du culte. Il avait fait acheter par un intermédiaire, le 14 août 1796, la cure et les dépendances de cette paroisse, adjugées au prix de 3.960 livres. Cet intermédiaire était le citoyen Jacques Charvet, instituteur à Mâcon, ci-devant curé assermenté de Saint-Christophe, et qui, après rétractation, devint en 1804 curé de Curbigny, où il mourut au mois de septembre 1824.

En 1792, Varennes-sous-Dun étant devenu annexe de La Clayette, son église fut d'abord conservée « comme oratoire », et un vicaire y disait la messe le dimanche, mais « sans pouvoir exercer les fonctions curiales ». On vient de voir que la paroisse fut rétablie au Concordat. Le curé Pitoys y mourut au mois de mars 1806, et eut pour successeur l'abbé Jean-Marie Aulas, auparavant curé de Montceaux-l'Étoile.

En raison de son importance, la cure de La Clayette fut érigée en cure de seconde classe en 1802, et l'abbé Joseph Berger fut nommé curé par brevet du 1er septembre de la même année.

L'abbé Berger, né en 1754, était curé de Saint-Martin-du-Lac quand éclata la Révolution ; il refusa de prêter serment par acte du 24 janvier 1791, et le 14 juin suivant, les Ursulines de Marcigny le choisissaient pour aumônier. Le curé assermenté de Marcigny, Louis Cucherat, accompagné du procureur Perrier, pénétrait peu après de force dans leur chapelle ; il y célébra une grand'messe, et se constitua aumônier. Les religieuses déférèrent cet acte de violence au Directoire du département, demandant que l'abbé Berger, payé par elles, fût maintenu dans ses fonctions, et, le 30 août, le Directoire fît droit à leur requête [Archiv. départ. I L 5].

Mais le couvent des Ursulines ne tarda pas à être fermé ; en 1794 il servit de maison de détention, et enfin, le 11 novembre 1796 (21 brumaire an VY, la maison, composée de trois corps de bâtiments en équerre, fut vendue avec l'enclos, pour 31.200 fr., à Pierre Bouillet [La communauté se composait de 22 religieuses professes, 5 sœurs converses et 2 tourières, dont on régla les pensions.].

Pendant la Terreur, l'abbé Berger se cacha dans les montagnes du Forez. Nommé curé de La Clayette en 1802, il fut amnistié par brevet du 28 juin 1803, administra pendant 21 ans sa paroisse, et mourut au mois de septembre 1823.

BAUDEMONT

Baudemont (Bosdemont) était une ancienne paroisse, dont l'église, sous le vocable de saint Sulpice, était à la présentation du Commandeur de Mâcon (Ordre de Malte) ; la cure lui devait, à titre de patronage, la redevance d'une livre de poivre. La vieille église, petite et étroite, dont le chœur était accosté d'une chapelle de saint Jean extra tectum, voûtée à voûte en arêtes, a été démolie de nos jours, et une nouvelle église a été bâtie en une situation plus centrale.

Population : 56 feux cotisables en 1685, aujourd'hui 518 habitants.

Louis-Marie Lamétherie, de La Clayette, chanoine d'Aigueperse en 1769, n'étant que clerc, était curé de Baudemont en 1779. Ayant prêté serment en 1791, il acheta la verchère de la cure, avec 6 terres et 3 prés, vendus nationalement. En abdiquant ses fonctions, le 25 novembre 1793, il promit d'envoyer incessamment ses lettres de prêtrise au district.

L'année suivante, au mois de décembre, il écrivait à La Clayette que « pour prouver son civisme il avait envoyé son domestique, Billon, armé d'un fusil, pour prêter aide à la garde nationale » contre les rassemblements de Varennes et autres lieux occasionnés par la fermeture des églises. On dit qu'il devint ensuite huissier à La Clayette et ne reprit plus de ministère. La cure et ses dépendances furent adjugées en 1796, au citoyen Mamessier, pour 3.600 livres, et les biens du bénéfice furent vendus pour 13.070 livres. Fut vendu également le fief du Fay qui appartenait à l'Ordre de Malte depuis le XIIe siècle.

En 1802, Baudemont fut uni à Vareilles, paroisse de l'ancien diocèse d'Autun, et réclama inutilement sa séparation en 1803. Le curé de Vareilles était alors l'abbé Chaumont, dont il sera question à l'article de Saint-Laurent.

LA CHAPELLE-SOUS-DUN

Cette paroisse était très ancienne, à en juger par les débris de l'église primitive situés sur une colline escarpée, et dont les arcatures ainsi que les baies du vieux clocher accusent le XIIe siècle [Virey, loc. cit., p. 206.]. L'église (vocable l'Assomption) était à la présentation du prieur de Charlieu.

Population : en 1790 383 habitants, aujourd'hui 1.241 habitants.

Claude-Marie Duligier (Testenoire), né à Ouroux en Beaujolais en 1749, curé de La Chapelle en 1779, déclara, en 1790, un revenu de 673 livres, la cure étant à portion congrue, et ne prêta pas serment. Détenu à Mâcon en 1794, il fut libéré à la fin de l'année ; mais, devenu fou à la suite des événements, il se retira dans le domaine de famille, à Ouroux, et y mourut.

Etienne Ducarre, ci-devant capucin ayant prêté serment, fut curé de La Chapelle jusqu'au mois de novembre 1793. Son sort ne nous est pas connu. La maison curiale et ses dépendances furent adjugées, le 31 janvier 1797, à Claude Raquin, de La Clayette. En 1802, La Chapelle fut unie à La Clayette ; mais depuis un demi-siècle, La Chapelle est de nouveau paroisse avec une gracieuse église neuve.

CHASSIGNY

L'ancienne église de Chassigny (vocable saint Symphorien) était bâtie sur la hauteur, et l'évêque de Mâcon y nommait directement. Une chapelle extra tectum était celle du seigneur.

Une belle église neuve à trois nefs, dans le style du XIIe siècle, bâtie dans la plaine, fait aujourd'hui l'ornement de cette paroisse.

Population : 360 communiants en 1746, 725 habitants en 1790, aujourd'hui 1.361 habitants.

Gilbert Rollet, né en 1731, curé de Chassigny en 1769, déclara, en 1791, un revenu de 700 livres, la cure étant à portion congrue, payée par le prieur de Charlieu décimateur de la paroisse, puis il démissionna pour ne pas prêter serment. Le prêtre nommé à la première Assemblée électorale refusa sa nomination ; son nom n'est pas indiqué. Dans une seconde Assemblée électorale, convoquée à Marcigny pour le 24 juillet 1791, l'élu fut un ci-devant Minime, Claude Bourgeois, né à Mâcon en 1734, qui exerça jusqu'à la Terreur.

La population religieuse de Chassigny goûtait peu la Révolution, car il est remarqué aux registres qu'en 1796 personne ne voulut y accepter l'office d'agent municipal. De nombreux prêtres réfractaires avaient trouvé un asile secret au lieudit les Verchères, dans les caves de la famille Merlin, et exerçaient de nuit leur ministère dans les environs.

Après la tourmente, le curé Rollet, qui avait pris un passeport pour Genève le 7 novembre 1792, reparut à Chassigny, et en fut de nouveau curé reconnu, de 1803 à 1806, où il eut pour successeur l'ancien curé de Jonzy, Claude Michel, dont il sera question plus loin et qui mourut dans cette paroisse en janvier 1836.

SAINT-LAURENT (L'UNION EN 1793)

L'Abbaye de Cluny ayant reçu, vers l'an 1030, l'église de Saint-Laurent [Bruel, Cart. de Cluny, n° 2932.], en fit un doyenné desservi par des religieux jusqu'en 1592 où les habitants obtinrent un curé résidant [Archiv. départ. H 2].

L'église, bâtie par les moines, a conservé son chœur et son clocher du XIIe siècle ; la nef a été maladroitement refaite [Virey, loc. cit., p. 202 et s.].

Le chiffre de la population actuelle (994 habitants) est à peu près le même qu'en 1790, en 1672, on y comptait 100 feux, 400 communiants.

Les doléances de cette paroisse, rédigées en 1789 par Barthélémy Ducray et Léonard Lamothe, en 34 articles, sont à peu près les mêmes que celles de Châteauneuf qui ont été citées plus haut. Le curé était Jean-François Chevalier, docteur en théologie, fils de Gabriel Chevalier des Moquets, pourvu de cette cure depuis 1764. Il prêta serment, abdiqua ses fonctions à la Terreur, et se retira à La Clayette, où il mourut le 15 décembre 1803.

Jean-Claude Chaumont, son vicaire, natif de Chassigny, prêta également serment ; puis il se rétracta après la Terreur. Mais, le 7 février 1799, il fut arrêté par deux gendarmes de La Clayette, Trochard et Monnet ; le 9, il fut interrogé à Charolles, et comme « il ne parut pas douteux, d'après ses réponses équivoques, qu'il avoit rétracté son serment », l'Administration centrale ordonna de le traduire à la maison d'arrêt de Mâcon. Le 22 mai, après une visite médicale, il fut transféré à la Charité, avec l'abbé Desnoyers, de Cluny, et le 9 juin, tous les deux étaient évadés ... Retiré à Mussy en 1803, il devint curé de Varennes-sous-Dun en 1809, et y mourut en 1819.

Au rétablissement du culte, Saint-Laurent eut pour curé un prêtre de grand mérite, l'abbé Nicolas-Jean-Louis Montmessin, né à Prizy, qui ne fut approuvé par le Préfet que le 28 décembre 1805, l'évêché ayant mis du retard à communiquer à la préfecture le certificat de communion du curé. L'abbé Montmessin, vicaire de Saint-Julien-de-Civry en 1790, n'avait prêté qu'un serment restrictif. En conséquence, le 16 janvier 1796, le citoyen Brancion, commissaire du Directoire exécutif près l'administration municipale de Verpré (Saint-Julien-de-Civry), donna ordre au lieutenant de gendarmerie de Charolles, Giraud, d'arrêter et de conduire à Mâcon Nicolas Montmessin, prêtre réfractaire, demeurant à Verpré, et Ducray, natif d'Amanzé, aussi réfractaire, dont l'asile est inconnu.

A la fin de l'année, l'abbé Montmessin pétitionna pour faire rapporter cet arrêté ; l'Administration municipale révoqua provisoirement ledit arrêté le 3 janvier 1797 (14 nivôse an V), et le 21 avril (2 floréal), l'Administration centrale l'annula définitivement : au mois de juillet suivant, l'abbé Montmessin exerçait le culte dans l'église de Saint-Laurent. Mais, le 16 septembre, l'administration municipale de La Clayette était chargée de prendre des renseignements à ce sujet, et le 4 décembre (14 frimaire an V), l'Administration centrale donnait ordre d'arrêter l'abbé Montmessin et de le traduire à Mâcon pour y être interrogé. Le 29 juillet 1799 (11 thermidor an VII), il fut condamné, pour exercice du culte sans autorisation et pour n'avoir pas prêté le serment de Liberté, Égalité, à être traduit sous bonne garde à l'île de Ré [Archiv. départ. I L 5. Il eut un brevet d'amnistie en 1803].

Prêtre instruit, distingué de manières, l'abbé Montmessin desservit la paroisse de Saint-Laurent pendant près de 36 ans (de 1805 à 1841) ; on l'appelait le Fénelon du Brionnais. Il mourut âgé de 76 ans au mois de juillet 1841.

VAUBAN

L'église de Vauban (jadis Saint-Sernin), sous le vocable de saint Saturnin, donnée à l'Abbaye de Saint-Rigaud vers 1180, par Etienne de Bâgé, évêque de Mâcon, fut toujours à la présentation de l'Abbé de ce monastère. Cette église, dont la nef a été remaniée, appartient bien au XIIe siècle par son choeur et son abside aux épaisses murailles, dont les colonnes offrent de curieux chapiteaux à personnages [Virey, loc. cit., p. 209]. Elle contenait autrefois le tombeau de famille des nobles de Busseul Saint-Sernin, seigneurs du lieu [Ce tombeau était dans la chapelle de sainte Madeleine]. La population, qui est aujourd'hui de 922 habitants, n'était que de 682 en 1790.

Jean-Baptiste Moreau, installé curé le 4 juillet 1781, déclara, en 1790, un revenu de 700 livres, la cure étant à portion congrue, et prêta serment. Il eut pour coadjuteur schismatique un ci-devant chanoine de Beaujeu, l'abbé Charles Mathieu, natif d'Oyé ; le 30 août 1793, le conseil du département allouait audit Mathieu une pension de 1.000 livres, « vu qu'il s'est toujours montré très civique, qu'il a été nommé électeur, officier municipal, qu'il rend journellement les services de son ministère soit à Vauban, soit dans les paroisses voisines, lorsque les fonctionnaires publics sont malades ». Il paraît que ces deux prêtres ne quittèrent pas Vauban pendant la durée de la Révolution. Le 4 février 1803, le préfet écrivait au maire de la commune pour l'engager à laisser un asile au prêtre Moreau, alors âgé, et qu'un parti voulait renvoyer, la paroisse ayant pour curé légitime l'abbé Esselin.

De fait, l'abbé Moreau mourut à Vauban, au mois de février 1806 ; l'abbé Mathieu y mourut avant lui, au mois de septembre 1803.

Après la Terreur, il y eut d'abord à Vauban des assemblées nocturnes pour entendre la messe ; un gendarme, Thevenet, se plaignit d'y avoir été insulté ; puis, le 20 mai 1795, les habitants demandèrent et obtinrent l'exercice du culte dans leur église, dont ils jouirent jusqu'à la seconde Terreur ; mais la cure était vendue à un nommé Vuldry, et les biens du bénéfice avaient été adjugés pour 12.240 livres. Fut vendue également avec ses biens la chapelle de Mussy-le-Rouvray, hameau de Vauban, qui comptait 100 communiants en 1746.

Le 15 juin 1805, Vauban reçut pour curé l'abbé Jean-Marie Cheuzeville, qui succéda à l'abbé Esselin [François Rivolier succéda, en 1812, à l'abbé Cheuzeville]. Enfin, en 1817, cette paroisse fut confiée à un confesseur de la foi, Claude Brunet, ci-devant bénédictin de Cluny, qui avait été condamné, le 24 juillet 1798 (6 thermidor an VI), à être déporté à l'île de Ré, comme ayant exercé son ministère sans autorisation dans le canton de Saint-Christophe, étant soupçonné de royalisme, et « ne pouvant qu'être nuisible à la société ». Il arriva à l'île de Ré le 20 septembre 1798, étant âgé de 32 ans, fut libéré en 1800, et amnistié en 1803.

II. Canton de Châteauneuf.

Ce canton ne comprenait que quatre paroisses. Nous avons vu ci-devant le résumé des doléances qu'elles rédigèrent en vue des états généraux. Tous les prêtres du canton, au nombre de cinq, prêtèrent serment et abdiquèrent leurs fonctions à la Terreur. Il paraîtrait, d'après une déclaration de l'administration cantonale de l'année 1796, qu'il n'y avait « pas de prêtres réfractaires dans le canton, mais que quelques-uns y passaient de tems en tems, et y exerçaient les fonctions du culte quand ils pouvaient ».

CHÂTEAUNEUF (PONT-SORNIN EN 1793)

L'église (vocable de saint Pierre et saint Paul) est citée vers l'an 1110, où l'évêque de Mâcon y baptisa le fils de Girard de Charlieu [Cart. de Saint-Vincent, charte 607]. Elle était de toute antiquité à la présentation du Chapitre de Saint-Paul de Lyon, qui céda son droit aux seigneurs de Verpré, au milieu du XVIIe siècle. L'édifice, restauré de nos jours de la façon la plus intelligente, est un type de l'architecture du XIIe siècle.

Différents travaux ont été publiés de nos jours sur Châteauneuf et sa remarquable église [L'abbé Pagani. Histoire de Châteauneuf, J. Virey, l'Architecture romane dans l'ancien diocèse de Mâcon, Jos. Déchelette, l'Art roman dans le Brionnais, Annal. de l'Académie de Mâcon, Visite de l'archiprêtré de Charlieu, 3e série, t. III, p. 492-513.]. Nous ne pouvons qu'y renvoyer le lecteur, afin de nous borner à l'étude de la période révolutionnaire. Ajoutons seulement que la paroisse, d'une petite étendue, n'eut jamais qu'une population restreinte dont le chiffre varia peu. Les actes de visite de 1672 et de 1746 y comptaient 120 communiants ; en 1790 on y comptait 243 habitants, et aujourd'hui 271.

Et cependant, aux siècles derniers, le curé de Châteauneuf portait le titre de curé major et jouissait de droits honorifiques et utiles sur les trois églises de Tancon, Saint-Martin-de-Lixy et Saint-Maurice, qui lui devaient des redevances sur les oblations et droits de sépulture. On voit, par une sentence du bailliage de Mâcon, de 1620, qu'en outre le curé de Tancon devait « assister en habit décent aux vespres, matines et autres heures canoniales, en l'église de Chasteauneuf, à chaque feste principale de Dieu, de la Vierge et des Saincts, soubzpeine de cent livres pour chaque contravention [Archiv. départ. B 1020] ».

Antoine Ducray, successeur de Gabriel Bruel, curé en 1780, prêta serment le 13 février 1791 ; la cure était à portion congrue et possédait de petits terriers. En 1792, il fut fondé de pouvoir par l'évêque de Saône-et-Loire, pour opérer, de concert avec le directoire de Marcigny, la réduction du nombre des paroisses dans le district ; 22 paroisses furent supprimées par arrêté du 22 octobre 1792. Le 26 novembre 1793, il abdiquait ses fonctions et remettait ses lettres de prêtrise aux officiers municipaux Billon et Véraud. L'année suivante, il était arrêté comme étant l'un des auteurs d'un libelle qui inculpait les administrateurs du district, et ses confrères du voisinage eurent le même sort. Libéré au mois de juillet 1795, il put faire lever le séquestre mis sur ses biens, dont était acquéreur son frère, Jean-Baptiste Ducray, résidant à Saint-Martin-de-Lixy. Peu après il se rétracta. Retiré à Châteauneuf, il se crut indigne de reprendre du ministère, mais il édifia la paroisse par la vie la plus exemplaire et la plus pieuse. Devenu aveugle, il se noya accidentellement dans une pièce d'eau, en se promenant dans le parc du château.

En 1802, Châteauneuf fut attribué au canton de Chauffailles, et les paroisses de Tancon, de Saint-Martin-de-Lixy furent unies à celle de Châteauneuf. Le curé fut Claude-Augustin Condemine, né à Saint-Pierre-le-Vieux en 1745, ancien aumônier du marquis d'Anglure, à Mussy, et qui, comme tel, n'avait pas eu à prêter serment. Il fallut racheter le presbytère, qui avait été adjugé, pour 673 livres, au citoyen Nicolas Roland, le 6 avril 1798.

LIGNY

L'église de Ligny fut donnée à l'Abbaye de Saint-Rigaud vers l'an 1070, par la veuve d'Artaud, fondateur du monastère [Archiv. départ. H 142], et elle fut toujours à la présentation de l'Abbé. La paroisse, qui avait 1.200 habitants en 1790, en a aujourd'hui 1.077. L'église, dont la nef a été remaniée, offre une abside et un chœur du XIIe siècle, avec deux chapelles latérales extra teclum, dont l'une était au seigneur de Chamron.

Il y avait à Ligny deux chapelles rurales. La première était celle de Saint-Amable, bâtie près du château de l'Étoile, et fondée, le 14 novembre 1698, par messire Camille Du Clos, chevalier, seigneur de l'Étoile, et par dame Marie de Belriant, sa mère. Le seigneur y avait une petite chapelle latérale, dans laquelle était une peinture murale représentant l'Annonciation. La chapelle, avec maison du chapelain, verchère et deux prés, fut adjugée en 1795, à Jean Augagneur, pour 92.000 livres.

La seconde chapelle, dite de Notre-Dame de Bonne Nouvelle, avait été dotée par Gaspard de Vichy-Chamron, en 1645, et appartenait à cette famille. La paroisse y allait en procession pour la fête de saint Claude.

Alexandre Ducray, curé en 1788, prêta serment, et la paroisse fut bientôt agitée par une lutte déclarée entre le curé et le maire, Louis Ducray, son frère. En 1792, le curé dénonçait le maire comme portant la parole au temple pour y lire les décrets, et troublant les fonctions pastorales ; le maire répondait qu'il ne faisait ces lectures qu'après les offices et qu'il n'y avait pas d'autre lieu de réunion. Le Directoire du département les invita à oublier « les violents sarcasmes qu'ils se sont lancés réciproquement et à vivre fraternellement ». Mais les esprits étaient montés, et deux partis s'étaient formés dans la commune. Le maire ayant laissé falsifier une votation fut révoqué le 30 décembre 1792. Le curé, après avoir abdiqué ses fonctions, le 28 novembre 1793, et envoyé au district ses lettres de prêtrise « pour être brûlées », se vit lui-même peu après expulsé du presbytère, à la demande de la municipalité [Une école fut installée au presbytère le 16 mai 1794]. Le 28 février 1794, un arrêté du district lui enjoignait de se présenter chaque jour au Comité de surveillance de Marcigny ; puis, le 27 avril, il était arrêté comme « notoirement suspect ».

Après sa libération, qui eut lieu le 19 novembre suivant, il eut bientôt connaissance de la lettre-circulaire de l'évêque de Mâcon et des rétractations de plusieurs de ses confrères ; il se rétracta à son tour, et avec l'un d'eux, l'abbé Michel, ci-devant curé constitutionnel de Jonzy, il se mit à parcourir les paroisses limitrophes du département de la Loire pour y exercer le ministère. Le 17 novembre 1798, il y eut ordre de les arrêter tous les deux, mais il paraît qu'ils échappèrent aux recherches. L'abbé Ducray fut de nouveau curé de Ligny en 1803, et il mourut dans cette paroisse en 1804, le 11 avril (21 germinal). L'abbé Rivolier lui succéda au mois de juillet suivant.

Ligny était alors comme aujourd'hui du canton de Semur.

SAINT-MARTIN-DE-LIXY (LIXY EN 1793)

L'église de Saint-Martin « in villa Liciaco », restituée au Xe siècle à Saint-Vincent de Mâcon [Cartul. de Saint Vincent, charte 420 : « Ecclesiam in villa Liciaco in pago Dunensi. »], était plus tard à la présentation du Chapitre de Saint-Paul de Lyon, puis des seigneurs de Verpré. L'église actuelle, qui est du XIIe siècle, est petite, régulière et offre une chapelle du XVe siècle, à droite du chœur.

Population : en 1790, 160 habitants ; aujourd'hui 211.

La paroisse est annexe de Châteauneuf depuis 1802.

Joseph Manin, installé curé en 1780, prêta serment. Lors de son abdication (26 novembre 1793), il déclara n'avoir pas de lettres de prêtrise, « ayant été élevé de 15 à 25 ans dans une communauté de ci-devant Lazaristes, au district de Sisteron, et étant sorti de son esclavage sans rien emporter ... qu'il regrette de ne pouvoir les offrir pour leur destruction ».

Inquiété et détenu en 1794, au sujet du libelle dont il a été question plus haut, il disparut ensuite, et peu après le presbytère et ses dépendances étaient adjugés, le 26 août 1796, au citoyen Montmessin, du Bois-Sainte-Marie, pour 1.570 livres.

L'esprit public était si peu révolutionnaire en cette commune que l'agent national Michel, dit Beaulieu, ayant été suspendu au mois d'octobre 1797, il fut impossible d'y nommer ni agent, ni adjoint. Ce même Beaulieu donnait asile chez lui, en 1798, à un prêtre réfractaire, l'abbé Michel, ci-devant curé constitutionnel de Jonzy, qui s'était rétracté ; Beaulieu fut dénoncé au commissaire près le tribunal correctionnel de Charolles.

SAINT-MAURICE-LÈS-CHÂTEAUNEUF (SORNIN EN 1793)

L'église de cette ancienne paroisse avait, au siècle dernier, pour patron secondaire, la translation de saint Benoît. Très étendue et composée de 14 hameaux, la paroisse ne reçut un vicaire qu'en 1748, après plusieurs requêtes des curés précédents. En 1685, on y comptait 152 feux ; en 1790, la population était de 1.223 habitants ; elle est aujourd'hui de 1.699 habitants. L'église était, au siècle dernier, à la présentation du seigneur de Verpré, le marquis de Drée. Une église nouvelle (style du XIII° siècle) a été bâtie en 1853 [Le chœur et le clocher de l'ancienne église du XIIe siècle existent encore. Voir Virey, loc. cit., p. 232].

Jean-Claude Famier, installé curé en 1787, déclara sa cure à portion congrue payée par l'Abbé de Saint-Rigaud et prêta serment en 1791, avec son vicaire, Camille Duret, qui fut élu curé de Mailly. Il exerça jusqu'au 27 novembre 1793 (7 frimaire an II), où il remit ses lettres de prêtrise au district, ce qui ne l'empêcha pas d'être arrêté et détenu, du mois de novembre 1794 au mois de juillet 1795, comme l'un des auteurs du libelle dont nous avons parlé. Il ne paraît pas avoir repris de ministère. La cure, avec jardin et chenevière, fut adjugée, en 1797, à Jean Renon, pour 1.820 fr.

Un jeune religieux Chartreux, natif de Saint-Maurice et retiré en cette paroisse, du nom de Deruol, avait eu la faiblesse d'envoyer ses lettres de prêtrise au district, mais il les retira au mois de septembre 1795.

Un autre prêtre du lieu, Jean-Louis Debansière, n'avait pas prêté serment et était noté comme déporté. Il se fit relever de déportation en 1802, étant âgé de 35 ans et retiré à Saint-Maurice.

Il y avait encore en cette paroisse un prêtre vénérable dont nous devons recueillir le nom avec respect. Claude Deschezeaux (il signait ainsi) était depuis bien des années chapelain d'une chapelle que son père avait fondée, en 1741, dans son domaine du Charne. Il y exerçait son ministère en secret pendant la Révolution ; il y abrita même pendant cinq mois l'abbé Morel, vicaire d'Écoches. Mais, le 8 juillet 1794, il fut arrêté. Sous l'accusation d'être insermenté, d'avoir confessé et baptisé, d'avoir donné asile à un prêtre réfractaire, il fut condamné à une réclusion perpétuelle, malgré son âge de 80 ans. Il ne tarda pas à mourir en réclusion, au chef-lieu, et, le 25 octobre 1795, il y eut mainlevée du séquestre mis sur ses biens. Ce bon prêtre avait, en 1773, donné à la Providence de Mâcon une somme de 10.000 livres, en se retenant une pension viagère de 400 livres.

En 1803, Saint-Maurice reçut pour curé Gabriel-François Duvernay, ci-devant curé constitutionnel de Tancon, qui desservit cette paroisse jusqu'à sa mort, en 1835.

III. Canton de Chauffailles.

Ce canton comprenait les cinq paroisses de Chauffailles, Coublanc, Mussy, Saint-Igny-de-Roche, Tancon.

L'esprit public y resta antirévolutionnaire. Au mois de décembre 1795, l'agent du Directoire exécutif, Rubat, écrivait au commissaire près ce canton : « On me porte des plaintes de toute part que les prêtres déportés, ceux qui ont rétracté leur serment, ces hommes sans morale et sans principes se réunissent auprès de vous que vous leur accordez une protection honteuse. On me dénonce notamment un prêtre appelé Vincent, ex-Joséphiste, recelé chez un nommé Barrigand (sic) à Tancon, vis-à-vis la ci-devant cure ... Je vous préviens que je serai moi-même votre propre dénonciateur auprès du Gouvernement, si vous ne vous conformez littéralement à ce que prescrivent les loix. »

Le 9 février 1796, un délégué écrivait : « L'esprit public du canton de Chauffailles est le plus mauvais que j'ai vu dans ma tournée ... les prêtres réfractaires font ici un mal inconcevable, et ils y sont en grand nombre. »

Le 21 octobre 1797, l'administration municipale du canton est suspendue, parce que « les signes extérieurs du culte n'ont pas été abattus ». Enfin, au mois de juillet 1799, l'Administration centrale déclare que l'esprit public est complètement anéanti dans ce canton », et en attribue la cause principale à Claude Déverchères, président de Chauffailles, et à Pierre Chollier, agent municipal ; elle révoqua avec eux les agents de Mussy et de Tancon [Archiv. départ. I L 5].

CHAUFFAILLES

L'église de Saint-André de Chauffailles, dont un chapelain est cité en 1271 [Archiv. départ. Série H 143], était à la nomination de l'Abbé de Saint-Rigaud.

La population de ce bourg n'a cessé de s'accroître. En 1685, on comptait 268 feux imposables ; en 1790, 1.795 habitants ; aujourd'hui 4.888 habitants.

François Pernéty, curé depuis 1769, prêta serment en 1791, ainsi que l'abbé Pierre-Philibert Chuffin, son vicaire, qui devint curé de Saint-Boil, et apostasia. Le curé Pernéty exerça jusqu'au 25 novembre 1793, où il déposa ses lettres de prêtrise au district. En 1796, la commune demanda à loger son curé ; c'était peut-être l'abbé Pernéty ou plus probablement un abbé Joseph Boisson, prêtre du département du Rhône, qui exerçait encore à Chauffailles en 1801, où l'église faillit être fermée en raison des partis qui divisaient la commune. Un abbé Léchère y exerçait aussi son ministère en 1801 [Ibid. Série K, regist. 100, folio 25]. Mais, le 12 avril, l'agent du Directoire exécutif à Mâcon répondit : « La loi ne reconnaît aucun ministre du culte et n'en loge aucun. » Il paraît que l'abbé Pernéty, étant âgé, se retira plus tard à Roanne. Au Concordat, François-Didier Circaud, né à La Clayette en 1755, fut nommé, le 1er septembre 1802, curé inamovible de Chauffailles. Ancien curé de Saint-Nizier-sous-Charlieu, il n'avait pas prêté serment et était frère de l'abbé Camille Circaud, vicaire général de Mgr Moreau. Il fut aussi nommé chanoine honoraire d'Autun.

Il y avait, sur le territoire de Chauffailles, deux chapelles avec fondations que ferma la Révolution, celle de Saint-Jean de Vintrigny, qui était aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, et celle de Notre-Dame de Montchéry, bâtie en 1628 par Claude d'Amanzé, baron de Chauffailles, et dotée par lui en 1634, « pour qu'un prêtre y résidant pût assister de son ministère les populations voisines [D'après l'acte de visite de 1746, une pierre de taille avec inscription rappelait la date et le nom du fondateur] ».

COUBLANC

L'évêque de Mâcon nommait directement à l'église de Sainte-Madeleine de Coublanc, qui était autrefois du patronage de l'Abbé de Vézelay. L'ancienne église, qu'a remplacée en 1852 une belle église neuve (style du XIIIe siècle), avait une chapelle de Notre-Dame de Pitié, dite des Buchet, dont la fondation datait de 1538 et était due à Antoine Buchet, prêtre.

La paroisse, qui comptait 102 feux seulement en 1685, et 725 habitants en 1790, en a aujourd'hui 1.915.

Claude Renard, né en 1736, curé de Coublanc en 1773, déclara en 1790 un revenu net de 1.929 livres et prêta serment en 1791. L'année suivante, il demandait un vicaire, mais le Directoire du département répondit par un refus. Le 24 novembre 1793, il abdiqua ses fonctions, en envoyant ses lettres de prêtrise au district. La cure et l'église furent adjugées, le 24 août 1796, pour 2.832 fr., à André Berthier, de Coublanc.

L'abbé Renard se rétracta et devint de nouveau curé de Coublanc en 1803. Il y mourut en 1818, âgé de plus de 80 ans.

MUSSY-SOUS-DUN

L'église de Mussy (vocable saint Austrégésile) était à la nomination du Chapitre de Saint-Vincent de Mâcon. L'église, qui a été remaniée, n'a conservé de parties anciennes du XIIe siècle que le transept et le chœur dont les fenêtres sont encadrées « dans « un système de cinq arcatures en plein cintre retombant sur des pilastres sculptés ou des colonnettes. Au-dessus de ces arcatures règne une corniche ornée de deux rangs de perles plates sur son chanfrein [Virey, loc. cit., p. 207] ».

Une chapelle extra tectum, voûtée, mais basse, était au seigneur d'Anglure.

En 1790, Mussy avait 1.404 habitants. Anglure, l'un de ses hameaux, étant devenu le chef-lieu d'une nouvelle paroisse, il n'y a plus à Mussy que 992 habitants.

Gilbert de Lagrye, né en 1732, jésuite sécularisé à la suppression de l'Ordre en France, installé à Mussy en 1769, prêta serment en 1791 et déclara sa cure à portion congrue. En raison de son âge, il eut pour vicaire assermenté un ci-devant religieux, Dombey, dont le traitement fut fixé à 700 livres. Après rétractation, Lagrye (sic) fut de nouveau curé de Mussy en 1803 et il y mourut en 1810. Le château d'Anglure, aujourd'hui transformé en maison bourgeoise depuis la démolition de ses tours et remparts, avait sa chapelle, dont le chapelain, Augustin Condemine, ne prêta pas serment, et devint curé de Châteauneuf en 1803.

SAINT-IGNY-DE-ROCHE

L'évêque de Mâcon nommait directement à l'église de Notre-Dame de Saint-Igny (jadis Sintigniacum). La population, qui était de 573 habitants en 1790, est aujourd'hui de 1.029, grâce à l'industrie du tissage de la soie et du coton. Le peu d'importance de la population, en 1802, avait valu à cette paroisse de n'être pendant plus de vingt ans qu'une annexe de Coublanc, avec le titre d'église vicariale.

Le curé, François-Louis Monteret, nommé en 1782, déclara en 1790 que le capital des nombreuses fondations faites en son église montait à la somme de 10.000 livres. Le cahier des doléances de la paroisse est aux Archives départementales [Archiv. départ. B 2329] ; il fut rédigé par Antoine Fleury et Pierre Déverchères. Le curé Monteret prêta serment, et après la Terreur, la cure et ses dépendances furent adjugées pour 2.920 livres, à J. Denis, notaire, le 7 septembre 1796. L'abbé Monteret, s'étant rétracté, reparut à Saint-Igny, mais avec le seul titre de vicaire, qu'il porte encore en 1819.

TANCON

L'église actuelle de Tancon, église à trois nefs en style du XIIIe siècle, bâtie en 1852, a remplacé l'ancienne église à une seule nef, qui avait une chapelle extra tectum, chapelle avec tombeau des anciens seigneurs de Verpré, devenus collateurs de l'église après les chanoines de Saint-Paul de Lyon, au XVIIe siècle.

Population : en 1746, 300 communiants ; en 1790, 687 habitants ; aujourd'hui 912 habitants.

Claude Nain, nommé curé en 1784, déclara un revenu de 984 livres en 1790, la cure étant à portion congrue, et ne prêta qu'un serment ambigu ; si bien que, le 31 janvier 1792, il envoya sa démission au district, déclarant qu'il se retire devant les tracasseries qu'on lui suscite depuis deux ans, qu'il a été attaqué plusieurs fois la nuit, et que deux fois il a dû s'évader : « Tout cela, dit-il, est le fruit de la cabale des gens dont la tête « a été exaltée par des menées hostiles, par l'exemple et la conduite de gens de Coublanc restés impunis. Je puis attester que je n'ai jamais prêché contre la Constitution ... mais puisque j'ai perdu la confiance d'une partie de mes paroissiens ... je vais incessamment me retirer dans ma famille. » Le 25 mai suivant, le district déclarait que le curé Nain s'était rétracté, et, à la demande de la municipalité de Tancon, il le remplaçait par Gabriel Duvernay, vicaire de Saint-Christophe. L'abbé Nain prit un passeport pour Genève, le 13 septembre 1792, étant âgé de 60 ans.

A l'occasion de la fermeture des églises, il y eut à Tancon, comme à Chauffailles et à Mussy, des troubles pendant lesquels on vit « des femmes, filles, jeunes gens, armés de pierres, piques, bâtons, empêcher les citoyens d'aller au temple pour l'étude des loix » et protester ainsi contre la profanation des églises. Les gardes nationaux furent requis pour dissiper ces attroupements.

Tout culte ayant cessé, un abbé Vincent, caché chez le nommé Barrigand (sic), à Tancon, se mit à exercer son ministère. Dès le 24 décembre 1795, l'Administration centrale met la gendarmerie à ses trousses. Batonard, l'un des administrateurs, est envoyé à Châteauneuf, avec le commandant de gendarmerie, porteur de 16 mandats d'arrêt contre des hommes de Tancon et l'ex-prêtre Vincent.

L'abbé Vincent fut arrêté vers le 12 janvier 1797, mais au son du tocsin il y eut un attroupement à Châteauneuf, et, dit le rapport, « l'ex-prêtre Vincent a été enlevé à la justice ». A Tancon, Batonard n'a pu arrêter qu'un nommé Dutrève, cultivateur. Il ajoute, dans son rapport, les curieuses remarques suivantes : « Ils ont une secte particulière qui a pour titre le nom de Catholique, et pour mot de reconnaissance Ami du sac. J'ai remarqué des croix peintes soit en noir, soit en blanc dans les endroits les plus apparents des domiciles des sectaires de cette nouvelle doctrine [Archiv. départ. I L 5]. » On reste stupéfait de tant d'ignorance et de bêtise chez un administrateur du département.

Pendant la durée de ces événements, la chapelle Saint-Roch, située dans le cimetière de Tancon, avait été vendue, en 1795, au citoyen Pierre Ray, et la cure, avec ses dépendances, avait été adjugée, pour 3.440 fr., aux citoyens Alix et Turin, le 17 septembre 1796.

En 1802, Tancon fut uni à la paroisse de Châteauneuf.

IV. Canton de Mailly.

Ce canton comprenait les 6 paroisses de Mailly, Fleury, Iguerande, Jonzy, Saint-Bonnet, Saint-Julien [Ces paroisses sont aujourd'hui du canton de Semur]. Les populations furent réfractaires au schisme, se signalèrent en donnant asile aux prêtres insermentés et en coupant les arbres de la liberté. Au mois de juin 1796, l'administration municipale annonce qu'il y a des prêtres réfractaires dans le canton, et qu'elle adonné ordre d'en arrêter six.

A la seconde Terreur, l'Administration centrale eut fort à faire avec ce canton, que parcouraient des prêtres réfractaires, et dans lequel « l'esprit public était totalement anéanti ». Aussi, par arrêté du 13 novembre 1798 (22 brumaire an VI), toutes les églises furent fermées, les cloches durent être cassées, et le métal dut être envoyé à la fonderie du Creusot [Archiv. départ. I L 5 5. Ibid.]. L'administration municipale du canton était suspendue le 9 décembre suivant, et au mois de juillet 1799 une nouvelle suspension frappait les officiers municipaux de Fleury, Iguerande, Saint-Bonnet et Jonzy, « vu que les fêtes décadaires et nationales sont remplacées par les fêtes de la superstition ». On était heureusement à la veille du 18 brumaire.

MAILLY

La Prieure de Marcigny nommait à l'église de Mailly, dont le vocable était saint Laurent. La paroisse comptait en 1790 403 habitants, aujourd'hui 491.

Le curé, Jean-Marie Dumas, qui avait succédé à son oncle en 1758, déclara, en 1790, un revenu de 886 livres, sa cure étant à portion congrue. Il ne prêta pas serment et disparut avec passeport dans le courant de l'année 1792. Son successeur, élu en 1791, Duret, vicaire de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf, se rétracta plus tard et devint curé de Melay en 1804.

Quant à l'abbé Dumas, il était de nouveau à Mailly en 1798. En effet, le 7 mai (18 floréal an VI), l'Administration centrale écrivait à Mailly que les prêtres insoumis, Dumas, Beauchamps, Picard, n'étaient pas encore en état d'être transférés à la maison de réclusion de Mâcon ; mais, le 17 janvier 1799 (28 nivôse an VII), elle donnait ordre de constater qu'ils avaient refusé de prêter les serments exigés et de les traduire ensuite à Mâcon [Archiv. départ. I L 7]. Libéré en 1800, l'abbé Dumas revint à Mailly, y fut amnistié en 1803 et y mourut en 1806.

Mailly avait pour curé, depuis le 11 mai 1803, Jean-Claude Ducray, ancien vicaire de Marcigny, qui avait refusé de prêter serment, et qui fut approuvé par le préfet le 26 juillet 1803.

La paroisse de Mailly avait vu une autre arrestation en 1793. Claude Roux, originaire de Mailly, curé de Molinet (département de l'Allier), prêtre insermenté, avait trouvé asile au château de Dinechin. Dénoncé par trois officiers municipaux de Fleury, il fut arrêté au mois d'avril et condamné, le 4 mai, par le district de Marcigny à être déporté à la Guyane. Mais, à Mâcon, l'officier de santé, Buy, déclara qu'il n'était pas transportable, vu son état de santé. Maintenu en détention provisoire, il s'évada vers le 30 juin 1794. Quant au sieur Louis Dupont de Dinechin, qui lui avait donné asile, il fut condamné, avec ses trois filles, à être reclus chez lui et à payer les frais de courses et d'arrestation faits par les soldats et la garde nationale de Fleury.

FLEURY-LA-MONTAGNE

L'évêque de Mâcon nommait directement à l'église Saint-Barthélémy de Fleury. La paroisse avait, en 1790, 1.040 habitants, elle en compte aujourd'hui 1.146.

Louis Lamare, curé depuis 1761, déclara, en 1790, un revenu de 2.100 livres et prêta serment, mais en l'accompagnant « de « lettres interprétatives ». Comme il ne lisait pas les mandements de l'évêque Gouttes, son trimestre de juillet 1792 lui fut refusé jusqu'à ce qu'il reconnût l'évêque diocésain. Finalement, au mois de juillet 1793, il se démit de sa cure, alléguant son âge et ses 32 ans de ministère. Non seulement il se rétracta, mais il s'employa à transmettre la lettre de Mgr Moreau à ses confrères. Le 28 avril 1795 (9 floréal an IV), l'Administration centrale ordonna de l'arrêter, parce qu'il permettait aux abbés Beauchamp, Berthier, Sarret, prêtres insoumis, d'exercer le ministère [L'abbé Sarret, ci-devant vicaire de Semur, s'était déporté en 1792, hors du district de Marcigny, après déclaration de son départ (Arch. départ. II G L 2).]. Il fut en effet arrêté, transféré à Mâcon, détenu d'abord dans la maison d'arrêt, puis interné, le 6 avril 1798, dans la maison de réclusion qui était la maison de la Charité. Le 20 mai suivant, il fut élargi et mis en surveillance au canton de Marchiseuil.

Pendant ce temps-là, les habitants de Fleury se réunissaient la nuit dans quelque maison isolée pour entendre la messe. En 1798, la nuit, veille de la Toussaint, il y eut une assemblée de près de 500 personnes. Après la messe, l'arrivée de gendarmes et de gardes nationaux provoqua une rixe. Une bande de conscrits réfractaires désarma le citoyen Provéra, caporal de la garde nationale d'Iguerande. D'autres, armés de fusils, enlevèrent deux de leurs camarades qui avaient été arrêtés et firent feu sur les gendarmes, heureusement sans les blesser.

Le canton fut immédiatement occupé par la force armée.

Le nommé Berry, demeurant au hameau de Carraton, chez lequel se disait la messe, fut dénoncé à l'accusateur public. Deux autres habitants, Rousset et Philibert Barnaud, du hameau de Bussy, furent aussi déférés à l'accusateur public, comme ayant recelé des déserteurs [Archiv. départ. I L 5.].

En 1803, Fleury reçut pour curé Pierre-Jacques Barruel, ci-devant prieur claustral de Charlieu, qui mourut au mois d'avril 1813, âgé de 70 ans. Philippe Samoel, ci-devant religieux à Charlieu, lui succéda et mourut après un long ministère, au mois d'août 1847, âgé de 92 ans. En 1793, il avait été interné chez lui, à Charlieu, étant malade, et gardé jour et nuit par deux sentinelles. Ce prêtre vénérable fut un des principaux bienfaiteurs du petit séminaire de Semur, à son origine. Jusqu'à ses dernières années, il le visitait régulièrement pour la fête de la maison, heureux de prêcher en ces circonstances avec la solennité des prédications du siècle passé qui semblait revivre en lui.

IGUERANDE

L'église de Saint-André d'Iguerande est mentionnée dès le Xe siècle au Cartulaire de Cluny [A. Bruel, n° 493.]. Par suite d'une cession de l'Abbé de Cluny, le patronage était au Prieur de Marcigny. L'église actuelle, qui est de la fin du XIe siècle, est une église à trois nefs, avec transept et nombreuses chapelles [Virey, loc. cit., p. 130, a décrit cette église]. Celle de Notre-Dame était au seigneur de Troncy, et celle du côté de l'épître, à M. de Noblet. Il y avait, dans cette église, une chapelle de Notre-Dame, dite des Cinq plaies, avec chapellenie, fondée en 1544 par le seigneur du Palais.

D'autre part, l'un des curés, Noël Dinet, avait fondé en 1741 une Aumône pour les pauvres de la paroisse, en donnant dans ce but une maison avec jardin, une vigne de 40 ouvrées joignant ledit jardin et la route d'Iguerande à Charlieu, de soir, et enfin deux petites terres de trois mesures en totalité.

Ces deux fondations ont disparu dans la tourmente révolutionnaire.

La population d'Iguerande était, en 1790, de 1.228 habitants, aujourd'hui 1.666 habitants.

Jean-Baptiste James, curé, déclara en 1790 un revenu de 693 livres, plus 300 livres de portion congrue et les novales. Il prêta serment et exerça jusqu'à la Terreur. Ce fut un homonyme, Claude James, qui acheta les biens de la cure pour 3.549 livres, en 1796 ; le presbytère et son jardin furent réservés pour l'école [Une chapelle de Saint-Marcel, occupant un ancien cimetière, fut vendue en 1795, au citoyen Chenaud, pour 15.000 livres]. L'abbé James ne quitta pas Iguerande, ou il y revint, car il y mourut au mois de mai 1806, Jean-Marie Chemy étant curé depuis le 14 avril 1803. Ce dernier avait été curé assermenté de Vareilles.

JONZY

L'évêque de Mâcon nommait directement à l'église de Jonzy, dont le vocable était saint Martin. Cette petite paroisse n'avait, en 1790, que 171 habitants ; sa population est aujourd'hui comprise dans celle de Saint-Julien-de-Jonzy.

Louis-Ennemond Bauchamps, né en 1760, curé de Jonzy en 1789, déclara un revenu de 974 livres, acheta, en 1790, une terre et une vigne de la cure vendues nationalement, refusa de prêter serment et disparut sans passeport, en 1792. En 1796, nous l'avons vu, il exerçait le ministère à Fleury, avec l'abbé Sarret, ancien vicaire de Semur. Plus tard, en 1813, il fut quelque temps curé de Ligny, puis il revint mourir à Jonzy, en 1844. La cure et l'église furent achetées par un de ses parents, Philibert Bauchamps, de Mâcon ; l'église ne fut vendue que le 9 septembre 1807.

Le curé constitutionnel de Jonzy avait été Claude Michel, de Fleury. Mais il se rétracta et « il eut l'audace de faire notifier sa rétractation à l'Administration, qui la fit publier et afficher en différents lieux. Depuis cette époque, il parcourut les différents cantons de ce département limitrophes du département de la Loire ... il trouva asile à Lixy, chez un nommé Beaulieu ». Ainsi s'exprime l'arrêté du 18 novembre 1698 (28 brumaire an VII), par lequel l'Administration centrale ordonnait l'arrestation dudit Michel « et d'un autre réfractaire, Alexandre Ducray, de Ligny, qui secondait Michel ». On ignore s'ils furent arrêtés. Mais l'abbé Michel fut nommé curé de Chassigny le 1er août 1806, et il y est mort en janvier 1836, âgé de 80 ans.

SAINT-JULIEN-DE-CRAY (BELLEVUE-DE-CRAY EN 1793)

L'église de Saint-Julien, appelée « ecclesia sancti Juliani « Briennensis » dans une charte de Cluny de l'an 1106, était à la nomination directe de l'évêque de Mâcon. La paroisse comptait, en 1746, d'après l'acte de la visite épiscopale, environ 450 communiants ; en 1790, la population est de 772 habitants, aujourd'hui de 843, y compris Jonzy.

« L'église actuelle, dit M. Virey, bien orientée, est entièrement neuve, sauf le clocher qui est très beau et la porte ornée d'un magnifique tympan sculpté au XIIe siècle [J. Virey, loc. cit., p. 211.] » Sur le linteau est représentée la Cène, et au centre du tympan est assis le Christ bénissant et tenant de la main gauche le Livre de vie.

Le curé de Saint-Julien, François Muguet, prêta serment et reçut, pour le 4 % des biens du bénéfice vendus, la somme de 392 livres 12 sols. En abdiquant ses fonctions, le 24 novembre 1793, il envoya ses lettres de prêtrise au district, avec une lettre pleine d'exaltation : « J'ai trop longtems gémi, disait-il, sous le despotisme depuis l'âge de 14 ans (Il avait alors 48 ans 3 mois) J'offre sur l'autel de la patrie 2 chemises, 2 paires de bas, une paire de guêtres et de souliers pour nos braves frères d'armes qui combattent les tyrans. »

Il paraît que les habitants ne partageaient pas son enthousiasme révolutionnaire ; car, au mois d'avril 1794, l'agent national de Marcigny signalait les communes de Saint-Julien, Jonzy, Ligny, Saint-Bonnet, où les arbres de la liberté ont été coupés, les battants des cloches enlevés. Vingt-quatre habitants de ces communes ont été déférés au tribunal criminel pour s'être mariés devant un prêtre. Au mois d'octobre suivant, 25 hommes armés sont envoyés a Saint-Julien et y arrêtent « un prédicant et deux déserteurs qui s'avisaient aussi de faire le même métier ».

L'abbé Muguet désillusionné n'attendit pas la fin de la Révolution pour se rétracter ; il retira ses lettres de prêtrise dès le mois de juin 1795. Nommé curé de Joncy en 1803, il y mourut l'année suivante.

Saint-Julien reçut alors pour curé Julien Lasnier, de Mâcon, ancien prêtre chevalier de Saint-Pierre, dont on a vu l'article dans la première partie de cette étude. Le 24 juillet 1803, le préfet signifiait au maire de la commune de ne point s'attribuer la sonnerie des cloches et le blâmait des ennuis qu'il suscitait au curé à ce sujet. Le curé Lasnier mourut dans cette paroisse le 3 ou 4 février 1822.

SAINT-BONNET-DE-CRAY

Paroisse étendue, desservie par un curé et un vicaire. La population était, en 1790, de 872 habitants, aujourd'hui de 1.064.

L'église, qui était à la présentation du Prieur de Charlieu, possède un chœur et une abside du XIIe siècle.

Le curé, Etienne Deville, qui déclara un revenu de 600 livres, la cure étant à portion congrue, prêta serment ; on perd sa trace après 1793.

Le vicaire, Marc Captier, refusa de prêter serment, et se retira d'abord dans sa famille, au hameau de la Molière, puis disparut en 1792, sans passeport. En 1801, Mgr Moreau le nomma curé de Mars et archiprêtre de Charlieu.

En 1803, Saint-Bonnet reçut pour curé Denis Chamborre, né à Mâcon en 1762, ancien vicaire de Poule, insermenté, déporté volontaire en 1792. Il mourut à Saint-Bonnet en 1830.

DISTRICT DE CHAROLLES

Sept paroisses de l'ancien diocèse de Mâcon et de l'archiprêtré du Rousset furent attribuées au district et arrondissement de Charolles. Pour compléter notre étude, nous leur consacrerons de courtes notices.

PRESSY-SOUS-DONDIN

L'église de Saint-Pierre de Pressy, citée en 939 [Cartul. de Saint-Vincent, charte 415 : « Ecdesiam... in Prisciaco villa »], était à la nomination directe de l'évêque, ainsi que celle de Chidde, son annexe, citée également au Xe siècle. La petite et curieuse église de Chidde, décrite par M. Virey (p. 167), est un édifice du début du XIIe siècle, mais remanié ; son clocher à baies trigéminées est assez remarquable. D'après l'acte de visite de 1675, le chœur et la voûte du clocher étaient peints. Population : en 1746, 340 communiants à Pressy, 120 à Chidde, aujourd'hui 424 habitants à Pressy, 340 à Chidde.

Claude Duthion, curé en 1783, prêta serment, mais en raison de sa maladie, il reçut pour vicaire Pierre Pachon. Tous deux abdiquèrent leurs fonctions à la Terreur, et Pachon se retira à Chidde. La cure, ayant jardin, colombier, demi-arpent de terre, fut adjugée pour 1.470 fr., en 1796, à Jacques Fumet.

En 1803, le curé nommé fut Pierre-Claude Fayolle, ci-devant Récollet, qui mourut en 1827.

CHEVAGNY-SUR-GUYE

Chevagny, chef-lieu d'un ager au Xe siècle, et dont l'église (vocable saint Antoine) était à la nomination directe de l'évêque, avait pour curé Joachim Pivot, qui desservait l'annexe de Passy, église sous le vocable de l'Assomption. Ce curé prêta serment... fut détenu comme suspect en 1794. Mais en 1803 il devint curé d'Azé.

La cure et l'église de Chevagny furent adjugées pour 4.644 livres, en 1797, à F. Boussin, de Joncy, et les biens du bénéfice furent vendus pour 6.700 livres.

Chevagny, qui avait 53 feux en 1685, a aujourd'hui 255 habitants et est annexe de Saint-Martin-de-Salencey.

SAINT-MARTIN-DE-SALENCEY

Cette paroisse, formée de la réunion de deux anciennes paroisses, celle de Saint-Martin et celle de Sainte-Catherine de l'Abergement, était à la nomination directe de l'évêque. L'église actuelle date de 1876. Le curé, Joseph Michel, prêta serment, et se retira à Clessé, son pays natal, en 1794. Le 25 avril 1803, les habitants demandèrent pour curé l'abbé Foucaud, de Saint-Bonnet-de-Joux, mais l'abbé Nicolas Bérard fut nommé à sa place, puis devint curé de La Guiche en 1805.

SAINT-MARCELIN ET SAINT-QUENTIN

Les églises de Saint-Marcelin et de Saint-Quentin des Hauts (de Altis) sont citées au XIe siècle comme dépendantes du monastère de Perrecy [Cartul. de Saint-Vincent, charte 465]. En 1746, Saint-Marcelin comptait 70 communiants, et Saint-Quentin 90. Aujourd'hui, Saint-Marcelin-de-Cray a 567 habitants.

La vieille église de Saint-Quentin était si ruineuse qu'elle fut interdite en 1680. Saint-Quentin n'est plus qu'un hameau.

Le curé de Saint-Marcelin, François Bertaire, prêta serment, se retira à Cluny en 1794, et après rétractation devint curé de Jalogny en 1803, en même temps que Saint-Marcelin recevait pour curé François-Nicolas Messin, ci-devant Carme, puis curé constitutionnel de Sainte-Foy en Brionnais, qui mourut peu après et fut remplacé par l'abbé Foucaud, ci-dessus nommé.

LE ROUSSET

Le Rousset, qui avait donné son nom à un archiprêtré et à un archidiaconat, et dont l'église était dédiée à saint Denis, avait pour annexe l'église de Saint-Barthélémy de Noireux.

En 1746, il y avait au Rousset 160 communiants, et à Noireux 200.

Le curé, Jean-Baptiste Pothier, ancien vicaire de Saint-Oyen-Montbellet, prêta serment ; mais sa rétractation lui valut d'être arrêté et interné à Mâcon, comme sexagénaire, en 1798. A sa libération, en 1800, il desservit quelque temps Le Rousset, puis se démit le 13 juillet 1803, où Jean Durieux, ci-devant vicaire assermenté de Tramayes, lui succéda. Aujourd'hui, Le Rousset a 756 habitants et l'église de Noireux a disparu.

COLLONGE-EN-CHAROLLAIS

L'église de Collonge (vocable saint Etienne) était à la nomination directe de l'évêque. La paroisse qui comptait, en 1746, 250 communiants, a aujourd'hui 427 habitants.

Le curé, Jean-Louis Myard, prêta serment et résida en la paroisse après la Terreur, à l'aide d'un certificat de civisme qui lui fut délivré le 30 septembre 1794. Il y mourut en 1825.

Mais en 1803 le curé était l'abbé Claude Labrosse, né en 1751, qui trouva la cure vendue depuis 1796 à Antoine Delavaivre.

JONCY

L'église de Joncy (vocable saint Didier), dont un curé, Johannes de Maneriis, est cité en 1401, était à la nomination de l'évêque de Mâcon, et elle eut pour annexe jusqu'en 1730 celle de Sainte-Foi de Burzy. A droite du chœur était la chapelle seigneuriale des barons de Joncy, dans laquelle Françoise d'Aumont, veuve de René de Rochebaron, seigneur de Berzé et baron de Joncy, fonda une chapellenie au commencement du XVIIe siècle.

La paroisse comptait alors 450 communiants, aujourd'hui 1.022 habitants.

Le curé, Mériclet, prêta serment, ainsi que son vicaire, Lataud, qui fut élu curé de Culles. Après la Terreur, le ci-devant curé Mériclet obtint à Joncy un certificat de civisme, le 30 septembre 1794, après quoi nous perdons sa trace.

En 1801, Joncy fut desservi provisoirement par un prêtre insermenté, l'abbé Genévrier, ancien curé de Genouilly, qui se démit à la nomination du suivant. En effet, en 1803, François Muguet, ancien curé constitutionnel de Saint-Julien-de-Cray, fut nommé officiellement ; il mourut l'année suivante, au mois de septembre, et eut pour successeur l'abbé Labrosse, curé de Collonge.

Deux paroisses, Genouilly et Mary, dont il nous reste à dire un mot, sont aujourd'hui de l'arrondissement de Chalon.

GENOUILLY

Très ancienne paroisse, citée en 825 [Cartul. de Saint-Vincent, charte 55. : « Villam, cujus vocabulum est Genuliacus, cum capella... »], et à laquelle l'évêque de Mâcon nommait directement. Vaux-en-Pré était son annexe.

La paroisse, qui comptait 360 communiants en 1746, a aujourd'hui 1.015 habitants.

Etienne Genévrier, curé en 1781, ne prêta pas serment et se déporta en 1792.

Pierre-Joseph Robin, d'Autun, élu curé en 1791, comme assermenté, fut arrêté comme suspect en 1793, et écroué à la prison des Ursulines, à Mâcon, le 13 décembre (23 frimaire an II). Condamné à la déportation par décret du 20 décembre, il fut expédié à Rochefort avec le premier convoi de nos déportés, le 24 avril 1794. Il fit, sur les pontons, une rétractation édifiante qu'il renouvela dans la prison de Saintes, avant sa libération définitive. Rentré à Autun en 1795, il fut amnistié en 1803, étant âgé de 37 ans, et fut nommé curé de La Chapelle-Naude.

La même année, Genouilly reçut pour curé Claude-François Bonnot, qui y mourut en 1832.

L'église avait été vendue pour 720 fr., en 1796, à Catherin Gayet.

MARY

Mary, dont l'église est dédiée à saint André, était autrefois annexe du Rousset (aujourd'hui du Mont-Saint-Vincent). Mais on y trouve des curés depuis 1612 au plus tard.

L'acte de visite de 1746 y comptait 200 communiants ; il y a aujourd'hui 402 habitants. Le curé constitutionnel fut Jean-Marie Dulac, qui remplaça le curé Emmanuel Dufour, et abdiqua ses fonctions le 7 novembre 1793. En 1796, la cure et ses dépendances furent adjugées, pour 1.548 livres, à Guillaume Prost.

CONCLUSION FINALE

Ici se termine notre étude. Deux mots encore pour justifier notre tentative, malgré son insuffisance. Nous nous sommes fait un devoir de recueillir les derniers souvenirs que nous a laissés notre ancien diocèse au moment de sa disparition. Dans ces souvenirs abondent les sujets attristants, mais aussi les grandes leçons que l'histoire donne aux survivants.

En assistant à la suppression de notre antique diocèse de Mâcon, nous pensons avec joie à l'heureuse initiative prise par le Saint-Siège, pour en faire revivre le titre en faveur des évêques d'Autun.

En comptant les ruines que la Révolution a faites dans nos villes et dans nos campagnes, nous admirons la vitalité de l'Église, grâce à laquelle notre Église de France est sortie de l'orage et de la tempête purifiée et pleine d'une vie nouvelle. Enfin, si cette étude nous a montré tant de défaillances et d'illusions dans notre clergé, qui heureusement se ressaisit promptement à la voix de son vieil évêque, il en ressort un bien grave enseignement : la nécessité, pour le clergé surtout, de rester solidement uni à l'Église mère et maîtresse des églises, et de se garder des nouveautés dangereuses et des sophismes de l'erreur. Il nous a semblé que, vus à cette lumière, les détails plus ou moins tronqués de cette étude pouvaient offrir quelque intérêt.

B. Rameau

PIÈCES JUSTIFICATIVES

N°1 1ère LISTE

Prêtres internés aux Ursulines, à Mâcon, le 21 décembre 1792 :
Bénigne de Calogne, 65 ans et 5 semaines, curé de Damerey.
Lazare Rey, 40 ans, vicaire de Nolay ; a reçu un coup de fusil.
Antoine Bauzon, 65 ans, ci-devant curé de Saint-Pierre-de-Varennes.
Antoine Dumont, 50 ans, ci-devant curé de Saint-Sernin-du-Bois.
Jean Raison, 57 ans, ci-devant curé de Cuzy ; infirme.
Jean-Marie Duchesne, 60 ans, ci-devant curé de Créancé.
Antoine-Alexandre, 62 ans, ci-devant curé de La Chapelle-au-Mans.
Pierre-Joachim Maistre, 60 ans, ci-devant curé de Cuiseau.
Claude Lagorse, 68 ans, ci-devant aumônier de l'hôpital de Paray.
Doivent être logés encore :
Jean Patin, 69 ans, ci-devant curé de La Grande-Verrière.
Cordelier, 60 ans, ci-devant curé de Veuvet ; atteint de la gravelle.
Cottin, 66 ans, ci-devant curé de Saint-Romain (arrondissement de Beaune) ; retiré à Dezize.
Certifié conforme. Mâcon, 20 décembre 1792, 1" année de la République. Signé : BRACOGNIE, officier municipal.
Vu par nous composant le Directoire du district de Mâcon, le 21 décembre 1792, 1re année de la République. Signé : CHOQUIER, MASSICOT, ROLLET. (Archiv. dép. II F L 3).

N°2 2ème LISTE

Le 27 messidor an II (15 juillet 1794), le président du Département enjoignit à la municipalité de Mâcon de faire vérifier l'âge des 53 prêtres détenus à la Visitation et de faire constater l'état de leur santé par deux médecins, « afin qu'on puisse faire transporter de suite au port de mer » ceux qui pouvaient l'être. La visite fut faite le 2 thermidor (20 juillet), par Chazy, chirurgien-major, et F. Morin, officier de santé. Voici les noms :
Philippe Saclier, 74 ans, ci-devant curé de Saint-Quentin d'Autun ; infirme.
Auguste-Claude Gaillard, 86 ans, ex-vicaire de la cathédrale d'Autun ; infirme.
Benoît Fyot, ci-devant curé de Moré, 69 ans ; infirme.
Jean-Marie Bourdin, 80 ans, ex-capucin ; infirme.
Jean Patin, 69 ans, ci-devant curé de La Verrière ; infirme.
Claude Villeneuve, 79 ans, ex-chapelain de l'hôpital de Paray ; se porte bien.
Maurice Furo (sic), 66 ans, doyen de Cuisery ; infirme.
Philippe Hémery, 87 ans, ci-devant chantre d'Autun ; infirme.
Melchior Simon, 83 ans, ex-bernardin de Cîteaux ; infirme.
Barthélémy Senette, 68 ans, ex-chanoine de la collégiale d'Autun ; infirme.
Philibert Dufour, 62 ans, ci-devant curé de Lys ; sans infirmité, se dit rhumatisé.
Jean-Bernard Clarin, 72 ans, ex-carme ; infirme.
Antoine Bauzon, 67 ans, ci-devant curé de Saint-Pierre de Varennes ; hernie inguinale.
Pierre Grillet, 77 ans, ex-chanoine de Chalon ; infirme.
Jean Potier, 56 ans, ci-devant curé de Lurcy ; infirme.
Bénigne de Calogne, 68 ans, ci-devant curé de Damerey ; sans infirmité.
Biaise Tripier, 69 ans, ci-devant curé de Chidde ; se disant sourd.
Nicolas Valletat, 66 ans, ex-chanoine d'Autun ; sans infirmité.
Émiland Valletat, 65 ans, ci-devant curé de Laizy ; sans infirmité.
Philibert Valletat, 50 ans, ex-chanoine d'Autun ; borgne.
Pierre Valletat, 46 ans, ex-chanoine d'Autun ; atteint d'une dartre [Ces deux derniers furent déportés à l'île de Ré, où ils arrivèrent le 12 août 1799. Ils furent libérés le 4 avril 1800.].
Philibert Moreau, 51 ans, ci-devant curé de Voudenay ; infirme.
Antoine Alexandre, 64 ans, ci-devant curé de La Chapelle-au-Mans ; infirme.
Claude Cotin, 68 ans, ci-devant curé de Saint-Romain (Côte-d'Or) ; infirme.
François Chargère, 50 ans, ex-chanoine de la Collégiale d'Autun ; infirme.
Etienne Tarterat, 56 ans, sous-chantre d'Autun ; infirme [Fut déporté à l'île de Ré en 1794, libéré à Saintes en 1795.].
Gabriel-Marie Prost, 58 ans, ex-chanoine ; sans infirmité apparente [Fut déporté à l'île d'Aix en 1794, embarqué sur le Bonhomme-Richard, et libéré à Saintes en 1795].
Lazare Rey, 42 ans, ci-devant vicaire de Nolay ; sans infirmité [Fut déporté à la citadelle de Ré, y arriva le 20 septembre 1798, fut libéré le 21 mars 1800].
Pierre Cuissot, 55 ans, ci-devant chapelain à Moulins ; sans infirmité [Fut déporté à la citadelle de Ré, y arriva le 7 août 1798, fut libéré le 11 mars 1800].
Etienne Pernin, 71 ans, ci-devant chanoine de Chalon ; sans infirmité.
Sébastien Bouillier, 48 ans, sous-chantre ; infirme.
Claude Riambourg, 58 ans, ci-devant curé de Saint-André d'Autun ; sans infirmité [Fut déporté à l'île d'Aix en 1794, embarqué sur le Bonhomme-Richard, libéré à Saintes en 1795].
Antoine Vincent, 63 ans, ci-devant Célestin ; sans infirmité.
Jean-Marie Duchesne, 63 ans, ci-devant curé de Créancey ; infirme.
Antoine Cordelier, 60 ans, ci-devant curé de Veuvey ; infirme [Fut déporté à l'île d'Aix en 1794, libéré à Saintes en 1795.].
Benoît-Joseph Cancalon, 56 ans ; sans infirmité [Fut déporté à l'île d'Aix en 1794, libéré à Saintes en 1795].
Mathurin Escalier, 45 ans, ci-devant curé de Saint-Pierre-de-Vaux.
Claude Drigon, 77 ans, ci-devant curé de Saint-Bonnet-en-Bresse ; infirme.
François-Barthélémy Ségolliot, 57 ans, ci-devant curé de Saint-Pantaléon ; infirme.
Pierre Guillemardet, 80 ans ; infirme.
Louis Deré, 75 ans, ci-devant curé de Saint-Jean-de-Vaux ; infirme.
Philibert Saclier, 49 ans, ci-devant curé de Saint-Eugène ; infirme [Déporté à Oléron en 1799, libéré à Saintes en 1800].
Louis Dumarché, 47 ans, sous-chantre de Chalon ; infirme.
Jean Grandjean, 63 ans, ex-prêtre de Chalon ; infirme.
François Fertiault, 53 ans, ci-devant chanoine de Chalon ; infirme [Déporté à Oléron en 1799, libéré en 1800].
Jacques Matrier, 60 ans, ex-chapelain de Paray ; sans infirmité [Déporté à l'île d'Aix, mort à Rochefort le 16 décembre 1794.].
Jean-Claude Cotenô (sic), 67 ans, ex-chapelain à Chagny ; infirme.
François-Claude Marchand, 55 ans, ci-devant curé de Mizieux ; infirme [Déporté à l'île d'Aix, libéré à Saintes].
François Bô (sic), 72 ans, ci-devant curé de Toulon-sur-Arroux ; infirme.
Charles Couvat, 64 ans, ci-devant curé de Burnand ; sans infirmité.
Jean Lafoix (sic), 69 ans, ex-chapelain à Buxy ; sans infirmité.
J.-B. Thiriat de Cruzille, 73 ans, ex-chanoine de Chalon ; sans infirmité.
Silvestre Félix, dit Laribette, 55 ans, ci-devant bénédictin [Déporté à l'île d'Aix, libéré à Saintes].
Jean-Marc Durand, ci-devant curé de Saint-Léger, près Paray, 70 ans ; moribond.
La visite eut lieu en présence des citoyens Michel Gaillard, officier municipal ; Thomas Nazaré, Antoine Barras, membres du Comité révolutionnaire, et Georges Picard, commissaire. (Archiv. comm. Registre municip.).
Ce fut le 18 nivôse an VIII (8 janvier 1800) que furent libérés ceux d'entre ces prêtres qui n'avaient pas été déportés.

N°3 REVERCHON

Les élections du mois de mars 1797 (1er germinal an V), ayant donné lieu, à Mâcon, à des scènes de violence de la part des ultra-révolutionnaires, qui expulsèrent les votants modérés de l'un des bureaux de vote, une pétition imprimée fut adressée au Gouvernement et accompagnée d'un Mémoire justificatif. Ce Mémoire, après avoir signalé parmi les agitateurs, Ferrand, loueur de cuviers, Large, tanneur, Genty-Ballon, « volcan révolutionnaire », Buy-Marnioule, consacre à Reverchon, le régicide, les lignes suivantes :
« Son nom rouvre des plaies innombrables. Ce député, toujours le même quoiqu'il ait paru vouloir se convertir, n'a jamais su résister à l'appât du pouvoir proconsulaire, ni s'environner de vrais républicains... Il arrive en vendémiaire an IV (1795), suspend les cinq élus du peuple à l'Administration centrale et la peuple d'hommes justement mésestimés. Il fait traduire à Paris le commissaire provisoire ... et suspend les administrateurs sous le prétexte qu'ils ont nommé ce commissaire provisoire. Toutes ces atroces absurdités et leurs effets désastreux subsistent encore. Tous les efforts ont échoué contre les intrigues de Reverchon. »
Exilé en 1816, comme régicide, Reverchon mourut à Nyon, en Suisse, en 1828.

N°4 EPITAPHE COMPOSÉE POUR LE TOMBEAU DE MGR MOREAU

Passant, honore ici les vertus, la mémoire, d'un prélat dont le nom cher à l'humanité, respecté par le temps, appartient à la gloire. Simple dans les honneurs, grand dans l'adversité, Servir l'homme et son Dieu fut l'emploi de sa vie, Et pauvre il anoblit même la pauvreté. Fidèle à ses devoirs, fidèle à sa Patrie, Par ses rares talents, ses mœurs, sa piété, Ses titres sont sacrés à l'immortalité. PREFONTAINE.

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