Source : Histoire du Beaujolais et des sires de Beaujeu, suivie de l'armorial de la province, par le baron Ferdinand de La Roche La Carelle, Tome II (1853).
Ne sont répertoriées ici que les paroisses situées dans un rayon de 20 km autour de Chauffailles (71).
Paroisses du diocèse d'Autun, et qui autrefois n'étaient qu'une seule cure du nom de St-Bonnet. Celle d'Aigueperse ne fut érigée que par suite de la création du chapitre de ce nom qui eut la collation des deux paroisses, ainsi que la dîme.
En l'an 1100, Archimbaud-le-Blanc (1), voulant fonder un hôpital à St-Bonnet, fit donation des maisons et terrains qu'il possédait au lieu d'Aigueperse, et avec les conseils de Norigal, évêque d'Autun, des religieux y furent établis sous le vocable de Ste-Marie-Madeleine, pour prendre soin des malades et des voyageurs. Les religieux reçurent en dotation la forêt que ledit Archimbaud possédait en ce lieu, pour en user selon leurs besoins et y engraisser des pourceaux au temps des glands. Il leur donna encore toutes les chutes d'eau de ses propriétés pour y construire des moulins, comme aussi le pâturage de ses prés après l'enlèvement des foins. Ce dernier avantage devait leur être commun avec toute personne qui viendrait habiter à Aigueperse. Cependant cette pieuse fondation n'avait pas atteint le but que s'était proposé Archimbaud-le-Blanc. Eloigné de toutes communications, situé dans un pays presque inhabité à cette époque, l'hôpital n'eut bientôt d'autre destination que de servir de refuge aux vagabonds et gens mal famés qui y commettaient mille désordres. Hugues, évêque d'Autun, voulant mettre un terme à cet état de choses, résolut de convertir l'hôpital en une fondation purement religieuse. Il fit part de ce projet à Louis de Beaujeu, qui entra parfaitement dans ses vues, et le tout fut réglé par un accord du samedi après la saint Nicolas d'hiver 1288. Il fut convenu que l'église de Ste-Marie-Madeleine serait érigée en collégiale et desservie par un chapitre composé de douze chanoines prébendés, sous la conduite de l'un d'eux qui aurait titre de doyen et serait nommé par le chapitre. L'évêque se réserva la confirmation de cette élection, ainsi que l'information qui devait la précéder ; et au cas où la nomination faite par les chanoines ne serait pas régulière, L'évêque devait y procéder lui-même, mais sans porter préjudice aux droits du chapitre pour l'élection suivante.
Le sire de Beaujeu, de son côté, fit don à la nouvelle collégiale de tous les droits de justice qu'il possédait sur ledit lieu d'Aigueperse, consistant en juridiction, émoluments, etc., avec la connaissance de toutes les causes civiles et criminelles, sentences définitives, exécution d'icelles, etc., sous l'institution d'un prévôt, à la nomination des chanoines, pour rendre la justice, avec pouvoir de condamner jusqu'à des peines afflictives et mutilation de membres. Seulement, dans ce cas, le coupable devait être remis nu en chemise aux officiers de Beaujeu, chargés d'exécuter la sentence. Le produit des confiscations mobilières devait se partager par moitié entre le sire de Beaujeu et le chapitre. Celui des confiscations d'immeubles appartenait au seigneur sur la directe duquel le crime avait été commis. Le cloître d'Aigueperse fut déclaré asile inviolable. Louis de Beaujeu ajouta à tous ces avantages le don de soixante-dix soudées de terres proche l'église, et le droit de nommer des forestiers dans les bois et garennes, et sur toutes les eaux coulantes des paroisses de St-Bonnet et St-Igny, se réservant seulement, pour lui et ses successeurs, le droit de pêche pour son gite, lorsque lui, la dame de Beaujeu ou quelqu'un de leurs enfants viendraient sur les lieux. Des douze prébendes, quatre demeurèrent à la nomination du sire de Beaujeu. En cas d'augmentation , il fut convenu qu'il en aurait toujours le tiers. Ces quatre prébendiers lui devaient le serment de fidélité.
En 1698, le chapitre d'Aigueperse se composait toujours de douze chanoines dont le traitement était ainsi réglé :
Le doyen 600 liv.
5 chanoines résidants 1,500 liv.
3 chanoines curés, 3 chanoines résidants seulement 40 jours 360 liv.
Total 2,460 liv.
Les trois paroisses desservies par les chanoines d'Aigueperse étaient Propières, St-Igny-de-Vers et Dun-le-Roi.
Le bourg d'Aigueperse n'avait d'autre seigneur que le Chapitre. St-Bonnet et le surplus d'Aigueperse dépendaient de la justice de Chevagny-le-Lombard, château seigneurial situé dans lesdites paroisses et ayant fait partie autrefois du domaine privé des sires de Beaujeu, puis de Lignières. Il fut aliéné, et appartenait en 1650 à la famille de Rébé. II passa plus tard en celle de Thibault des Prés, et enfin appartenait, au siècle dernier, à M. Jean-Jacques de Brosses, écuyer.
En outre de Chevagny, on comptait encore deux fiefs, savoir : La Bruyère sur Aigueperse, et Vauzelles sur St-Bonnet.
La Bruyère était possédé, en 1539, par Jean de Marzé, damoiseau, qui en donna le dénombrement le 24 mars de ladite année. Ce fief passa ensuite à la maison de Foudras , puis à celle de Thy de Milly qui le possédait en 1760, et le vendit à M. de Brosses, seigneur de Chevagny.
Vauzelles a donné son nom à une ancienne famille éteinte vers le milieu du XVIe siècle (2). Noble Pierre de Vauzelles, écuyer, seigneur dudit lieu, donna son dénombrement le 6 mars 1539. Ce fief fut apporté en 1570 par la dernière héritière du nom à l'ancienne famille de Muzy, dont les descendants le possédaient encore en 1789.
Le quart de la dime du lieu de Villemartin, sur la paroisse de St-Bonnet, appartenait en 1554 à noble Antoine de Salornay, écuyer, qui en fit le dénombrement le 28 avril dudit an.
Note : Pays de bois et de seigle. Feux, 222.
(1) On croit généralement que cet Archimbaud était un bâtard de la maison de Beaujeu. Le surnom de le Blanc semble confirmer cette opinion, car c'est ainsi qu'on désignait en général les bâtards des grandes maisons.
(2) Cette famille était différente de celle de Vauzelles, de Lyon.
ARCINGES et ÉCOCHES
Ces deux paroisses ont toujours été unies, et dépendaient du diocèse de Mâcon. Le prieur de Charlieu en était collateur, et les dîmes en étaient allouées au curé.
La justice appartenait en 1540 à Jean de Beaupoil St-Aulaire, chevalier, qui en fit le dénombrement le 19 mai de ladite année. Il disait y avoir haute, moyenne et basse justice. Cette seigneurie fut acquise par la maison d'Amanzé-Chauffailles, qui la possédait en 1668. Elle passa, par suite d'alliance, au commencement du XVIIIe siècle, à celle de Vichy qui l'a conservée jusqu'en 1789.
Il existait à Ecoches un fief nommé le But, réuni depuis longtemps à la justice de la paroisse.
Note : Blés. Feux, 126.
ARDILLATS (LES)
Paroisse du diocèse de Mâcon, et de la collation de l'évêque du même lieu. Le sire de Beaujeu et le seigneur des Ardillats prenaient la dîme. Le sixième seulement en appartenait au curé, pour lui tenir lieu de portion congrue.
La justice appartenait au seigneur des Prés.
Les Prés ou Esprés, nommé anciennement St-Romain-des-Prés, appartenait dès l'an 1504 à la maison de Noblet, comme on le voit par le testament de Pernette Lorin, femme de messire Jean de Noblet, damoiseau, et mère d'Antoine de Noblet, aussi damoiseau, qu'elle institue son héritier. Le 3 mars 1539 noble Antoine de Noblet, écuyer, fournit le dénombrement de sa maison de St-Romain-des-Prés, assise en la paroisse des Ardillats. Claude de Noblet renouvela cette formalité le 12 juin 1601. Ce même Claude de Noblet acheta la justice des Ardillats des commissaires du duc, par acte du 29 octobre 1603, plus le droit de faire dresser des fourches patibulaires à deux piliers sur ladite seigneurie. Le ténement dit de Bourbey fut excepté de cette vente, en raison de la forêt qu'y possédait le sire de Beaujeu.
La terre des Prés passa vers le milieu du XVIIe siècle à la famille de Thibault, ainsi que le fief de Vaillant qui y était uni. Ces fiefs et seigneuries furent réunis à la terre de la Roche-Thulon au milieu du siècle dernier et érigés en marquisat, sous le nom de la Roche-Thulon, en faveur de cette même famille de Thibault.
Messieurs de Montgolfier avaient créé de magnifiques papeteries dans cette paroisse.
Note : Bon pays à blé. Feux, 151.
BELLEROCHE
Du diocèse de Mâcon et de la collation du prieur de Charlieu, cette paroisse dépendait autrefois du Mâconnais. Un arrêt du 13 mai 1750 a réuni le château de Belleroche et partie de la paroisse au Beaujolais. La justice appartenait en 1317 à Aymard III, comte de Valentinois, qui la vendit cette même année à Guillaume de Marzé dont les héritiers l'ont possédée jusqu'en 1542, époque où elle passa à Philibert de Nagu, en sa qualité d'héritier de la maison de Marzé. Cette seigneurie comprenait Belleroche, partie de Belmont, de St-Germain-la-Montagne, de Chauffailles, de Mussy et d'Azolette, le tout en Mâconnais. Elle fut vendue avec la terre de Varennes en 1769 à M. Pierre Giraud, écuyer, conseiller-secrétaire du roi.
Note : Climat froid, seigle et avoine ; fabrique de toiles.
BELMONT
Paroisse du diocèse de Mâcon, et de la collation du chapitre de St-Vincent qui percevait la majeure partie de la dîme. Le surplus était partagé entre le curé et le seigneur de Vertpré, du nom de Magnin d'abord, puis de Thibault. Le clocher, le bourg et une partie de la paroisse étaient du Beaujolais, et le surplus du Lyonnais et du Mâconnais.
La justice du Bourg appartenait au seigneur de Chauffailles, suivant l'acte de vente passé par les commissaires du duc de Montpensier le 7 août 1604 à Claude d'Amanzé, comte de Chauffailles. Le reste de la paroisse dépendait des justices de Belleroche, Vertpré, Châteauneuf et Charlieu.
Le hameau de Villion appartenait, pour le spirituel, une année à Belmont, une année à Chauffailles, et la troisième à St-Germain, à tour de rôle. Dans ce hameau avait, existé, au moyen-âge, un antique château qui donna son nom à une famille éteinte dans le XIVe siècle en la personne de Guy de Villion, seigneur de Varennes. De cette maison était issu René Villion, chanoine-comte de Lyon en 1193. Le château de Villion, nommé aussi Laplace, passa à la famille de Nagu. Jean de Nagu, chevalier, en donna l'aveu en 1402. Ce fief fut saisi à sa mort en 1410, et réuni à la justice seigneuriale.
Note : Pays montagneux, bon à blé. Feux, 28.
BONNET-LE-TRONCY (ST-)
Paroisse du diocèse de Mâcon, et de la collation du chapitre de St-Pierre dudit Mâcon. La dîme était partagée entre le chapitre de Beaujeu et le seigneur de Gondras, puis de Magny, qui possédait une partie de la justice. Le reste était de la châtellenie de Chamelet.
Il existait autrefois dans cette paroisse un fief nommé la Chéron, qui paraît avoir donné son nom à une famille éteinte. Ce fief a été démembré depuis plusieurs siècles.
Note : Blés, toiles ; pays froid, peu de blé. Feux, 120.
BOURG-DE-THIZY
Paroisse dont le chef-lieu n'est qu'à huit cents pas de la petite ville de même nom ; elle dépendait du diocèse de Mâcon et de la collation de l'abbaye de Cluny, qui y possédait un prieuré composé de huit à dix moines. Plus tard, ce prieuré fut réduit en commande. Il existait au Bourg-de-Thizy une confrérie du St-Esprit, composée de plus de deux cents personnes, dont les réunions avaient lieu dans un local nommé le Cénacle. Le curé du Bourg avait la nomination de la cure de Thizy et la desservait ordinairement lui-même, en se faisant remplacer au Bourg par un vicaire. La justice dépendait de la châtellenie de Thizy.
(Voyez l'art. Thizy)
Note : Blés. Feux, 61.
BOYÉ et JARNOSSE
Boyé était une paroisse du diocèse de Mâcon, et de la collation du prévôt du chapitre de St-Pierre de la même ville. La justice, ayant été démembrée de celle de Thizy, appartint longtemps à la famille d'Arcy d'Ailly, et fut vendue, au XVIIIe siècle, à celle de Tallebard qui en prit le nom. Plus tard elle fut acquise par M. Béraud de Ressein, qui la possédait en 1789.
Jarnosse, situé en Forez, n'avait en Beaujolais qu'une parcelle, comprise au même rôle de taille que Boyé, et qui dépendait de la justice de la Varenne.
(Voyez Coutouvre)
Note : Bon pays à blé. Feux, 116.
CHAPELLE-DE-MARDORE (LA)
Annexe de la paroisse de Mardore, et de la même collation. On y remarquait, outre l'église paroissiale, une autre église fort ancienne appelée St-Jean-de-Busserole, à laquelle se rendaient chaque année bon nombre de pèlerins, le lundi de Pâques et le jour de St-Jean.
La justice appartenait au seigneur de Courcenay.
Note : Bon pays à blé. Feux, 34.
CHENELETTE
Paroisse du diocèse de Mâcon, et de la collation du sacristain de Cluny qui y prenait la dîme comme titulaire du prieuré d'Anjou. La justice appartenait au seigneur des Perriers, fief qui prit plus tard le nom de Chenelette.
Le château de Chenelette, appelé anciennement les Perriers, était fief appartenant en 1500 à la famille de Chandieu. Noble Guillaume de Chandieu, seigneur de Propierres, les Perriers, etc.., acquit par acte du 21 octobre 1537 de M. le cardinal de Tournon, commissaire du roi, la justice haute, moyenne et basse de la châtellenie de Torvéon dont le siège était à Chenelette et comprenait, outre ladite paroisse, partie de Poule et de Claveysoles, le tout avec faculté de rachat et à la réserve des foi et hommage. Le rachat eut lieu au profit du duc de Montpensier le 11 juillet 1564. Peu d'années après le fief des Perriers fut vendu à noble André de Noblet , écuyer, qui en fit les foi et hommage au sire de Beaujeu le 26 décembre 1600. Le même André de Noblet acquit des commissaires du duc, par acte du 13 février 1604, la justice de Chenelette avec tous les droits seigneuriaux. La montagne de Torvéon, qui domine la vallée, fut exceptée de cette vente et réservée au seigneur de Beaujeu. Le château des Perriers prit alors le nom de Chenelette.
Cette seigneurie fut acquise vers 1740 par M. Pierre Agniel, écuyer, trésorier de France. Ses héritiers l'ont toujours conservée, et en ont pris le nom.
Nous avons vu que la montagne de Torvéon fut exceptée de la vente faite à André de Noblet. Le seigneur de Beaujeu voulut sans doute conserver ce territoire, en raison de l'intérêt historique qui s'y rattachait. C'est effectivement. sur cette montagne que se trouvait le château de Ganélon, dont on retrouve encore quelques vestiges qui attestent la formidable puissance dont ses anciens maîtres l'avaient entouré. Cette forteresse occupait le point culminant de la montagne, qui se termine en pain de sucre complètement isolé. Un étroit sentier pouvait seul y conduire et passait, avant d'arriver au château, sur une plate-forme naturelle et parfaitement défendue. Naguère encore on pouvait suivre le pourtour des fortifications, et se faire une idée assez exacte de leur dimension. Des voûtes bien conservées, des restes de souterrains, ainsi qu'un puits carré parfaitement cimenté, avaient bravé dix siècles. En peu d'années la cupidité de quelques habitants du voisinage a achevé la destruction de ces curieuses ruines. Nous ne dirons rien ici de l'histoire de Ganélon, ayant rapporté le peu que l'on en sait au chapitre de l'Origine du Beaujolais et à l'article d'Avenas.
A différentes époques on a extrait à Chenelette du minerai de plomb.
Note : Bon pays à blés ; toiles. Feux, 80.
CHRISTOPHE-LA-MONTAGNE (ST-)
Paroisse du diocèse d'Autun et de la collation de l'abbé de Cluny, qui percevait la dîme et tenait le curé à la portion congrue.
La justice appartenait au seigneur de Bacot, fief situé dans cette paroisse et possédé en 1601 par noble Michel du Ligier-Testenoire, qui en donna le dénombrement le 15 mai de ladite année. Jean du Ligier-Testenoire , écuyer, sieur de Bacot, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, acquit la majeure partie de la justice haute, moyenne et basse de St-Christophe des commissaires du duc, par acte du 3 février 1604. Le surplus avait été vendu au sieur de Thibault. Madelaine du Ligier-Testenoire, fille dudit Jean, ayant épousé noble Antoine de Sarron, chevalier, par contrat du 17 juillet 1624, apporta à son mari la terre de Bacot et la seigneurie de St-Christophe en dot. Angèle de Sarron, fille unique dudit Antoine et de Madelaine du Ligier, en hérita et les porta à Gaspard de Sacconay, chevalier, qu'elle avait épousé par contrat du 17 avril 1660. De ce mariage naquit Camille de Sacconay, qui fut héritier de sa mère et acquit, par contrat des 13 septembre 1705 et 24 avril 1713, la partie de justice appartenant au sieur de Thibault de la Roche-Thulon, et devint ainsi seul seigneur de St-Christophe, qu'il vendit avec la terre de Bacot, par acte du 6 décembre 1719, au sieur Jean André. Celui-ci s'étant ruiné, ses créanciers firent vendre ses biens, qui furent adjugés par arrêt du 21 juillet 1734 à Lambert Peysson, écuyer, dont les descendants étaient seigneurs de Bacot et de St-Christophe en 1789. Ils avaient pris le nom de Bacot.
Note : Pays bon à blé. Feux, 122.
CLAVEYSOLES
Paroisse du diocèse de Mâcon et de la collation du prieur de St-Nizier-d'Azergues, dépendant de l'abbaye de Savigny. Le prieur et le curé partageaient la dîme.
Il existe à Claveysoles une mine de vitriol, qui a été exploitée autrefois avec succès. Les travaux ont cessé vers la fin du XVIIe siècle par suite de discussions entre les co-intéressés, et n'ont jamais été repris.
Cette paroisse était anciennement chef-lieu d'une prévôté qui comprenait Claveysoles, St-Bonnet-le-Troncy, Thel, Cublize et partie de Poule. La prévôté ayant été détruite, la justice de Claveysoles fut réunie à la châtellenie de Beaujeu. La rente dite de Vigo, appartenant à la famille Barjot, de Beaujeu, tenait une grande partie de la paroisse. Elle fut échangée en 1572 par Philibert Barjot, écuyer, sieur de la Pallud, contre la justice moyenne de Quincié que lui céda le duc de Montpensier. (Voyez Quincié.)
On comptait trois fiefs à Claveysoles, Viry, Claveyson et le Paquelet.
Viry et Claveyson appartenaient très anciennement aune famille du nom de Viry qui, en 1470, donna un lieutenant-général au bailliage en la personne de Jacques de Viry. Fondue au siècle suivant dans la famille d'Arthaud, celle-ci prit le nom de Viry. Vers 1675 l'héritière d'Arthaud-Viry porta ces deux fiefs à la famille de Thy-Milly qui les posséda jusqu'au milieu du siècle dernier, époque où elle les vendit à M. Jean-Pierre Couppier, écuyer, conseiller en la Cour des monnaies de Lyon. Il en était encore seigneur en 1789.
Le Paquelet appartenait en 1668 à la famille Vaginay ; il a été démembré depuis.
Note : Blés, toiles ; pays maigre. Feux, 160.
COURS
Paroisse du diocèse de Mâcon, et de la collation du prieur de Charlieu qui y percevait la dîme.
La justice dépendait du château et fief d'Estieugue, situé en cette paroisse.
Estieugue appartenait dès le XIVe siècle à la maison de Lavieu et passa en celle de Damas en 1496, par suite du mariage d'Antonie de Lavieu avec Claude Damas, chevalier, seigneur de la Mothe. Claude Damas, fils du précédent, en donna le dénombrement le 18 mars 1539. Cette branche de Damas s'étant éteinte, la dernière héritière, Françoise de Damas, apporta Estieugue à Antoine d'Amanzé avec lequel elle prit alliance en 1613. Leurs descendants acquirent la haute justice de Cours, démembrée de la châtellenie de Thizy. Vers la fin du XVIIe siècle cette seigneurie passa à la maison de Vichy, qui la possédait encore en 1789.
Le fief de Montruchet était situé à Cours et appartenait en 1539 à noble Louis de Mondard, dont la mère, Antoinette d'Anglure, agissant comme tutrice de son fils, remplit la formalité du dénombrement le 6 mars de ladite année. Ce fief fut plus tard uni à la terre d'Estieugue.
Il existait encore dans cette paroisse quelques rentes nobles, dont Nicolas de la Mothe, écuyer, donna le dénombrement le 12 mars 1539.
Note : Bon pays à blé. Feux, 140.
COUTOUVRE
Paroisse du diocèse de Mâcon, et de la collation de l'évêque. La dîme se partageait entre les seigneurs de la Varenne, de Vougy et de Resseins.
La justice dépendait en partie du château de la Varenne, situé en cette paroisse. Ce fief appartenait en 1539 à noble Philibert de Chémezy ou Chémery, écuyer, qui en donna le dénombrement le 11 mars de ladite année. Cette famille de Chémezy devait déjà à cette époque posséder la Varenne depuis longtemps, car à la même date du dénombrement précité on en trouve un autre fourni par le curé du lieu pour une chapelle prébendée audit Coutouvre, fondée par les ancêtres dudit Philibert de Chémezy. Cette terre fut acquise vers la fin du XVIe siècle par la famille d'Arcy, et le 23 juillet 1601 noble Joachim d'Arcy, écuyer, en donna le dénombrement, disant avoir justice haute, moyenne et basse sur partie de la paroisse de Coutouvre. Cette seigneurie passa, au milieu du siècle dernier, à la maison de Damas d'Audour, par suite du mariage de Marie-Rossoline d'Arcy, dernière héritière de son nom, avec Claude Mathieu, marquis de Damas, seigneur d'Audour, à qui elle apporta toute la fortune de ses père et mère. Ce mariage eut lieu le 22 juillet 1749.
L'autre partie de la justice de Coutouvre dépendait de Morland, fief situé aussi dans cette paroisse et appartenant en 1604 à noble Pierre Austrain, conseiller du roi, lieutenant particulier en la sénéchaussée de Lyon et président au parlement de Dombes. Il acquit le 13 février 1604 ce qui restait de la justice seigneuriale de Coutouvre, des commissaires du duc de Montpensier. Morland était possédé, au siècle dernier, par la famille Mey.
Note : Blés, toiles ; bon pays. Feux, 140.
DIDIER (ST-)
Paroisse du diocèse de Mâcon et de la collation du chapitre de Beaujeu, qui en percevait la dîme. La justice dépendait de la châtellenie de Beaujeu.
Les habitants de St-Didier étaient convaincus autrefois que Nostradamus avait habité chez eux pendant plusieurs années, et que de là il se rendait au sommet de la montagne de Torvéon pour observer les astres. On montrait aux voyageurs la maison qu'il avait occupée, et on ajoutait qu'il en était parti sans payer sa dépense.
Note : Bon pays à blé. Feux, 95.
IGNY-DE-VERS (ST-)
Paroisse du diocèse d'Autun, située partie en Beaujolais et partie en Mâconnais, de la collation du chapitre d'Aigueperse, qui prenait la dîme. Le curé avait titre de chanoine dudit chapitre.
La justice de la partie beaujolaise dépendait de la terre de Chevagny-le-Lombard, possédée longtemps par la famille de Rébé, et acquise ensuite par celle de Brosses.
(Voyez Aigueperse)
Au lieu de Vers, partie mâconnaise de la paroisse et dépendant de la justice du Bois-Ste-Marie, se trouve une chapelle dédiée à Notre-Dame, qui attirait autrefois grand nombre de pèlerins.
Il n'existait dans la partie beaujolaise de St Igny qu'un seul fief, celui de la Brosse, château de franc-alleu qui appartenait depuis plus de deux cents ans à la famille de Montrichard.
Note : Pays bon à froment, toiles. Feux, 197.
LAMURE
Annexe de Claveysoles et du même diocèse. La justice appartenait pour la plus grande partie au seigneur de Pramenoux par suite de l'acte de vente passé par les commissaires du duc de Montpensier, le 7 janvier 1604, à noble Sébastien-Yves de Ronchivol écuyer, seigneur de Pramenoux. Le bailli de Beaujolais forma opposition à l'expédition de cet acte, qui n'en reçut pas moins son exécution. Une faible partie de la justice de Lamure était du ressort de la seigneurie de Montmelas.
Il existait une papeterie sur la rivière d'Azergues, près du village. Cette paroisse a donné son nom à une famille ancienne qui plus tard s'est établie en Forez. L'historien Jean-Marie de Lamure en était issu.
Il existait un seul fief à Lamure, celui de Bourdon, dépendant de la terre de Pramenoux, à laquelle il a toujours été uni.
Note : Bon pays à blé, toiles. Feux, 140.
MAMEZ (ST-)
Paroisse du diocèse d'Autun : c'était autrefois un prieuré dépendant de l'abbaye de Cluny et où se trouvait un couvent de religieux bénédictins. La maison étant tombée en ruines, l'abbaye vendit ce prieuré au seigneur de St-Mamez vers 1650. Celui-ci, par suite de cet arrangement, eut titre de prieur depuis cette époque. L'abbaye de Cluny garda la collation.
Le château de St-Julien, situé en cette paroisse, appartenait au XVIe siècle à la famille de St-Julien qui lui avait donné son nom. Noble Benoît de St-Julien en donna le dénombrement le 9 juillet 1601, et acquit des commissaires du duc de Montpensier, le 3 février 1604, la justice haute, moyenne et basse de St-Mamez et de St-Jacques-des-Arrêts en partie, avec tous les droits qui en dépendaient. Dans cette vente furent comprises les ruines de l'ancien château d'Alloignet, qui paraît avoir eu une certaine force au moyen-âge et était situé sur un monticule qui domine la vallée de la Grosne. Alloignet avait été autrefois le siège d'une châtellenie qui, réunie à celle de Coux, possédait une justice qui s'étendait sur un assez grand nombre de paroisses. Cette châtellenie fut vendue par le connétable de Bourbon à Philibert de Beaujeu-Lignières : peu après elle fît retour à la baronnie, et fut supprimée à l'époque où le Beaujolais fut divisé d'une manière plus régulière.
Benoît de St-Julien n'eut qu'une fille nommée Angélique qui s'allia vers 1635 à Jean de Chapon, écuyer, sieur de la Bottière, capitaine de cinquante hommes d'armes et gouverneur de Belleville. Elle lui apporta en dot les terre et fief de St-Mamez et St-Julien. De ce mariage naquit une fille, Elisabeth, qui épousa en 1659 Claude de Fautrière, écuyer, sieur de Corcheval, puis de St-Julien du chef de sa femme. Cette même terre devint plus tard l'apanage d'une fille de Claude Marie de Fautrière, écuyer ; elle la porta en dot à Jacques de Valadoux, marquis d'Arcy, qu'elle épousa en 1720. La famille de Valadoux possédait encore cette terre en 1789.
Note : Blés, seigles, pauvre pays. Feux, 16.
MARDORE
Paroisse du diocèse de Mâcon et de la collation du chapitre de St-Vincent de la même ville, qui y percevait les trois quarts de la dîme ; le quatrième appartenait au seigneur.
Il existait autrefois à Mardore un prieuré de chanoines réguliers, qui se retirèrent à Mâcon à l'époque des guerres civiles.
La justice dépendait de Courcenay, fief situé dans cette paroisse et appartenant de temps immémorial à la maison de Foudras. On remarquait en 1760 que le propriétaire de Courcenay était le dix-huitième du nom de Foudras qui possédait cette seigneurie. On trouve des dénombrements fournis par eux aux dates de 1539, 1601, etc... En 1778 Jean-Louis de Foudras, comte de Courcenay, vendit cette terre à Antoine-Hilaire de Guillermain, chevalier, qui en prit le nom et la possédait en 1789.
En outre de Courcenay, il existait encore à Mardore cinq autres fiefs, savoir : Chalatofray, Montanette, Martorey, le Montet et la Colonge.
Chalatofray appartenait en 1539 à noble Claude de Sarron, écuyer, qui en donna le dénombrement le 4 mars de ladite année. Vendu plus tard à noble Jacques de Bellet, il en fournit aussi le dénombrement le 3 octobre 1572. Autre Jacques Bellet renouvela cette formalité le 3 avril 1601. Ce fief, en 1760, était la propriété de la famille Petit de Boistrait et fut acquis, quelques années plus tard, par M. Moncorgier.
Montanette était possédé en 1539 par Catherine du Crozet, qui en donna le dénombrement le 22 mars dudit an Ce fief est tombé en désuétude.
Martorey appartenait en 1539 à noble Jean Blosset, qui en donna dénombrement le 15 mars. Claude Blosset, écuyer, renouvela cette formalité le 23 avril 1551. Vendu plus tard à la famille de Maure, damoiselle Claude de Marcellanges en fit le dénombrement en qualité de veuve de noble Benoît de Maure, écuyer. Ce fief était devenu, en 1760, la propriété de la famille Farges qui en prit le nom.
Le Montet fut reconnu le 18 mars 1539 par noble Jean de Corcelles, écuyer, tant pour lui que comme père et administrateur d'autre Jean de Corcelles son fils. Ce fief paraît avoir ensuite été incorporé à celui de Courcenay.
La Colonge appartenait au seigneur de Martorey, ci-dessus.
Note : Pays à blé. Feux, 34.
MARNAND
Paroisse du diocèse de Mâcon, et de la collation du prieur du Bourg-de-Thizy qui en était décimateur. L'église de Notre-Dame de Thizy étant une annexe de Marnand, le curé de cette dernière paroisse desservait lui-même son annexe et se faisait remplacer dans sa cure par un vicaire.
La justice dépendait de la châtellenie de Thizy.
Note : Bon pays à blés. Feux, 240.
MONSOLS, anciennement MONTSOUX
Paroisse du diocèse d'Autun, et de la collation de l'abbé de Cluny qui prenait les deux tiers de la dîme ; l'autre tiers appartenait au curé.
La justice faisait partie de la châtellenie de Beaujeu, sauf quelques droits qui dépendaient de Chevagny-le-Lombard.
Au-dessus de Monsols se trouve la montagne d'Anjou, la plus haute du Beaujolais, et du sommet de laquelle on jouit d'une vue admirable. Au levant elle n'est bornée que par les Alpes ; les immenses plaines qui y conduisent sont agréablement coupées par la Saône, dont le cours s'aperçoit depuis Mâcon jusqu'à Trévoux. Au couchant, la Loire et les montagnes de la haute Auvergne présentent un coup d'oeil non moins attachant. Sur le point culminant de la montagne existe une fontaine dite de St-Rigaud, qui de tous temps a attiré une foule de pèlerins qui viennent y prier et y chercher la guérison de leurs maux. Cet usage pieux a probablement pris naissance à l'époque où non loin de la fontaine existait une communauté avec titre de prieuré, dépendant de Cluny. La tradition rapporte que dans un hiver rigoureux, où les neiges interceptèrent toutes communications pendant plusieurs mois, tous les moines moururent de faim, ce qui détermina l'ordre à abandonner ce couvent, dont les vestiges se reconnaissent encore parfaitement. Dans l'endroit occupé autrefois par le jardin on retrouve un grand nombre de plantes médicinales alpines, dont les espèces sont tout-à-fait étrangères au pays : elles proviennent sans doute de celles que cultivaient les moines.
Monsols passe pour avoir été un lieu druidique, c'est-à-dire un des centres de réunion des prêtres gaulois.
Il existait à Monsols un seul fief nommé Ruyère, appartenant en 1379 à Jean de Vauzelles qui le vendit le 7 juillet de ladite année à Pierre de St-Amour, licencié en droit. Au siècle suivant Ruyère devint la propriété de la famille de Foudras. Jean-Baptiste de Foudras, chevalier, fonda une chapelle en l'église de Monsols en 1630. Gaspard de Foudras, frère et héritier de Jean-Baptiste, vendit ce fief à Charles de Phélines par acte du 8 juin 1667. Ses descendants le possédèrent jusqu'au milieu du siècle dernier, époque où il fut acquis par la famille Boulard de Gatellier.
Note : Bon pays à blé. Feux, 120.
NANDAX
Paroisse du diocèse de Mâcon, et de la collation du prieur de Riorges. Les dîmes ainsi que la justice appartenaient au seigneur de Ressein, fief situé en cette paroisse.
Ressein était possédé en 1539 par noble Claude du Saix, chevalier, qui en donna le dénombrement le 4 mars de ladite année. Autre Claude du Saix renouvela cette formalité le 1er juillet 1601. Les commissaires du duc de Montpensier ayant procédé à la vente de la justice de Nandax, elle fut acquise pour un ami élu ou à élire par Claude Morestin, bourgeois de Perreux, le 21 mai 1604, et le 17 juillet suivant il fit élection dudit Claude du Saix, seigneur de Ressein. Cette seigneurie fut acquise vers 1625 par Jean Béraud, trésorier de France, dont les descendants l'ont toujours possédée et ont pris le nom de Ressein.
Note : Blés, bon pays. Feux, 86.
NIZIER-D'AZERGUES (ST-)
Paroisse et prieuré du diocèse de Mâcon, et dépendant de l'abbaye de Savigny dont le prieur nommait le curé de St-Nizier. La dîme appartenait à ladite abbaye.
La justice dépendait de temps immémorial de la prévôté de Beaujeu, mais elle fut vendue en 1757 à M. de la Porte, dont le château de ce nom est situé dans ladite paroisse. Le tènement de Pramenoux fut seul excepté. Le bailliage de Beaujolais s'opposa avec véhémence à ce nouveau démembrement de l'antique baronnie, et rédigea à cet effet le mémoire dont nous avons donné un extrait dans le premier volume de cet ouvrage (Voyez tome Ier, page 272.). Non seulement ce mémoire faisait ressortir les graves inconvénients inhérents aux justices particulières, mais il allait jusqu'à disputer au prince le droit de démembrer la baronnie, qui, en qualité de grande seigneurie, devait être essentiellement indivisible. On passa outre, et M. de la Porte posséda paisiblement la justice de St-Nizier.
En outre du château de la Porte, on comptait encore trois fiefs dans cette paroisse, savoir : Pramenoux, le Bost ou la Court, et Fougères.
Pramenoux appartenait depuis plusieurs siècles à la famille de Ronchivol ou Ronchevol, venue en Beaujolais avec Louis de Forez. On trouve un dénombrement fourni le 22 mai 1459 par noble Etienne de Ronchivol, seigneur de Pramenoux, qui confesse tenir de tous temps ladite maison forte du fief et hommage des sires de Beaujeu. Antoine de Ronchivol, chevalier, obtint des lettres d'Anne de France, dame de Beaujeu, à l'effet d'ériger des fourches patibulaires à Pramenoux. Ses successeurs acquirent la justice dudit lieu avec celle de Lamure le 7 janvier 1606. La famille de Ronchivol a possédé cette terre jusqu'à la fin du XVIIe siècle, époque où cette branche s'éteignit dans la maison de la Queuille, dont la dernière héritière a porté Pramenoux, vers 1740, à son mari Gilbert Alire, marquis de Langeac. Son fils en était seigneur en 1789.
Le fief du Bost ou la Court était possédé depuis fort longtemps par l'ancienne famille du Bost, qui a donné plusieurs chevaliers de Malte dans le XVIe siècle. Cette famille s'étant éteinte il y a environ deux cents ans, a été remplacée par une autre famille du Bost, sans que nous sachions trop comment s'est opérée cette transmission de nom. Les du Bost anciens ont fourni deux dénombrements de leur fief : le premier, donné par noble Jacques du Bost, écuyer, est en date du 9 mars 1539 ; les deux autres sont du 15 mars 1550 et du 1er avril 1559. Ce fief fut vendu, à la fin du XVIIe siècle, au seigneur de Pramenoux. La famille du Bost s'est éteinte en la personne de M. du Bost de Curtieux, lieutenant de roi au cap Français, île St-Domingue, vers 1778.
Fougères, ainsi nommé de la famille des vicomtes d'Oingt du nom de Fougères, que l'on croit issue des Fougères de Poule, maison éteinte en celle de Chandieu. Philibert Girard de Fougères donna le dénombrement de son fief le 9 mars 1539. Il passa plus tard aux seigneurs de Pramenoux.
Note : Pauvre pays , presque tout de bois. Feux, 150.
OUROUX ou ST-ANTOINE-DOUROUX
Paroisse du diocèse de Mâcon et de la collation du chapitre de St-Pierre de la même ville. Au XVIe siècle le prévôt du chapitre était curé-né d'Ouroux et de St-Jacques-des- Arrêts son annexe, et avait sous ses ordres quatre religieux sociétaires chargés de desservir ces deux églises ; ils percevaient le tiers de la dîme, et les deux autres tiers appartenaient au chapitre de Beaujeu. Le prévôt de St-Pierre se démit de ce bénéfice par suite de transaction au commencement du XVIIe siècle, et le chapitre conserva la collation. Le 7 août 1664 il céda son tiers de dîme au curé, et celui-ci le transmit au chapitre de Beaujeu par acte du 22 novembre 1667. Depuis lors le curé a été réduit à la portion congrue.
Ouroux possédait au XIXe siècle une communauté de moines de St-Bernard, sur lesquels nous avons peu de détails. Le fait est seulement constaté par quelques actes qui subsistent encore et par les vestiges de leur couvent. Des fouilles opérées près de la cure ont fait découvrir les fondations d'un bâtiment de quarante mètres environ de longueur, sur une largeur proportionnée. On ignore l'époque où cette communauté cessa d'exister à Ouroux, ainsi que les motifs de sa suppression. Tout porte à croire que c'est aux Bernardins qu'on devait la belle église qui naguère encore décorait le bourg d'Ouroux. Une belle nef avec huit chapelles en saillies extérieures, voûtées, à arêtes sculptées, rappelaient dans ce monument la meilleure époque de l'ère ogivale. Le porche qui précédait l'église était soutenu par des colonnes octangulaires ornées de banderoles tortillées, portant en lettres gothiques des maximes tirées des Livres saints. Un beffroi assez élevé, où se trouvait l'horloge, était placé sur la droite de l'entrée ; ce monument n'est plus (1)!
Une chapelle dédiée à saint Antoine attirait chaque année une foule de pèlerins dans l'église d'Ouroux. Cette dévotion avait donné lieu à un usage assez singulier. Chaque pèlerin déposait un ou deux pieds de cochon dans des tonneaux placés, à cet effet, à la porte de l'église ; souvent deux et même trois tonneaux se remplissaient ainsi. Le curé en faisait ensuite une distribution aux pauvres. Une autre chapelle, dite de Ste -Croix, fondée en l'église d'Ouroux par la famille du Bost, possédait une assez belle rente et un terrier. Trois messes s'y célébraient par semaine. Le curé de la paroisse exerçait autrefois quelques droits de justice sur la paroisse de St-Jacques-des-Arrêts et sur celles de Colombier et Bois-Ste-Marie en Mâconnais.
Jadis Ouroux a joui d'une certaine importance. Placé sur la route romaine tendant d'Autun à Belleville (Lunna), les conquérants des Gaules durent y avoir un établissement. Des vestiges de fours et autres constructions en briques romaines, dont plusieurs portent encore le nom du fabricant, sont journellement retrouvés dans les terrains qui avoisinent le bourg. Enfin, de nombreux débris de bois brûlés et d'ustensiles de ménage brisés attestent que ce lieu a dû subir quelque catastrophe, qu'on attribue dans le pays à l'invasion des Anglais. Un vieux titre sans date, conservé longtemps aux archives de Villefranche, donnait à Ouroux le titre de ville. Ce titre portait, à ce qu'il paraît, les caractères du XIe siècle. Un ancien dicton, fort connu dans nos montagnes, est celui-ci : ville d'Ouroux, bourg de Beaujeu. Il doit remonter à l'époque de la fondation de Beaujeu.
La justice d'Ouroux dépendait de la prévôté de Beaujeu, et avait fait partie autrefois de celle d'Alloignet.
On comptait six fiefs dans cette paroisse : Nagu, Arcis, la Carelle, Montolieu, Grosbois et le Razay.
Nagu a donné son nom à une ancienne famille éteinte vers la fin du siècle dernier, et qui avait possédé presque toute la paroisse d'Ouroux. Le château était assez fort, situé sur un mamelon qui domine le bourg d'Ouroux, et avait quelques fortifications qui s'avançaient jusqu'aux premières maisons et étaient terminées par une tour connue encore sous le nom de tour de Nagu, seul débris existant de l'ancien manoir. Ce château fut démoli à une époque fort reculée, à en juger par les faibles vestiges qui subsistent encore, et tout porte à croire qu'il aura succombé dans la catastrophe dont on retrouve tant de traces à Ouroux. La famille de Nagu dut le quitter à cette époque, mais rien n'indique comment elle en perdit la possession. Nagu ne se retrouve plus qu'en 1539, année où noble Philippe de Moles-Chantemerle en donna le dénombrement le 13 mars. Ce fief passa ensuite au seigneur de Gorze, du nom de Berthet. Depuis lors les fonds qui restaient furent morcelés et vendus.
Arcis appartenait en 1463 à noble Pierre de Nagu, et passa plus tarda la famille de la Madelaine-Ragny. Noble Girard de la Madelaine-Ragny, seigneur de Corcelles, en donna le dénombrement le 1er mars 1539. Acquis ensuite, ainsi que Corcelles, par noble Lazare de Tircuy de la Barre, gentilhomme bourguignon, il en fit le dénombrement le 2 juillet 1601. Vers la fin du XVIIe siècle ce fief fut vendu à la famille Bottu de la Barmondière, qui le possédait encore en 1789. La tradition rapporte que l'ancien château d'Arcis était considérable et très fort ; déjà, en 1650, il n'en restait que quelques ruines.
La Carelle était un pavillon de chasse appartenant aux sires de Beaujeu ; l'un d'eux en fit don à la famille de Nagu dans le XVe siècle, en récompense de ses services. Au XVIe siècle les héritiers le vendirent à la famille du Bost, qui en céda presque tous les droits à l'église d'Ouroux où elle fonda la chapelle de Ste-Croix. Plus tard ce fief fut possédé par la famille de Carrige qui le garda jusqu'en 1610, époque où il passa par suite d'alliance dans la famille de Magnin-Vertpré. Jean de Magnin, écuyer, seigneur de Pierreux, ayant épousé en 1717 Marie-Marguerite de la Roche-Poncié, une discussion judiciaire s'éleva sur la quotité des droits auxquels ladite dame avait à prétendre. Un arrangement s'ensuivit qui amena un échange de propriétés, et par contrat du 5 octobre 1719 la Carelle fut cédé à Joseph de la Roche, écuyer, seigneur de Nully, frère de ladite dame de Magnin de Pierreux. Il en donna le dénombrement le 15 mars 1721 ; ses descendants l'ont toujours possédé depuis. Le château avait été brûlé au mois de janvier 1639, et la famille de Magnin avait perdu tous ses titres dans cet incendie. Une enquête eut lieu à ce sujet le 15 juillet 1645, pour établir par témoignage l'ancienneté dé sa noblesse et suppléer aux titres brûlés.
Montolieu était un ancien château qui dominait toute la vallée d'Ouroux sur les limites de cette paroisse et de celle d'Avenas, et était la propriété de la famille de Fautrière-Corcheval. Ce fief sans justice passa à la famille de Laurencin, et fut démembré au siècle dernier.
Grosbois a donné son nom à une ancienne famille éteinte au commencement du siècle dernier. Il fut érigé en fief en 1675 en faveur de Jean-Chrysostôme de Grosbois, écuyer, seigneur de Rochetaillée, capitaine au régiment de Certirane. Il passa plus tard par suite d'alliance à la famille de la Roche, et était possédé en 1789 par Antoine-Isidore de la Roche, chevalier, ancien mousquetaire de la garde du roi. Le Razay appartenait anciennement à la famille de Chapon la Bottière, qui le vendit à celle de Grosbois le 6 septembre 1700.
Note : Blés, pays de bois, assez maigre. Feux, 134.
(1) L'église fut trouvée trop sombre et trop gothique. On l'a remplacée, en 1832 , par une grande maçonnerie où le jour pénètre à flot et illumine de tout son éclat le badigeon dont on a orné l'intérieur. Les fenêtres en ogives ont été remises en place, et garnies de grands carreaux de verre blanc. L'entrée de l'église est décorée d'une porte d'architecture grecque ! Ces actes de vandalisme ne sont malheureusement que trop communs, et nous aurions pu en citer beaucoup : nous nous bornerons à celui-ci.
POUILLY-SOUS-CHARLIEU
Paroisse du diocèse de Mâcon et de la collation de l'évêque. La dîme était partagée entre les dames du chapitre de Beaulieu, ordre de Fontevrault, l'abbé de St-Rigaud, celui de Belleville et le curé du lieu.
La justice dépendait de la châtellenie de Perreux, sauf quelques parties qui appartenaient aux seigneurs de Montrenard et du Poyet, deux fiefs situés en cette paroisse.
Montrenard a donné son nom à une très ancienne famille, éteinte depuis longtemps. Jean de Montrenard, écuyer, fit l'aveu de son fief en 1400 et obtint de Louis, duc de Bourbon, des lettres en date du 10 août 1407, par lesquelles ce prince défend à ses officiers de troubler ledit de Montrenard dans la jouissance des droits qu'il avait sur les ports d'Aiguilly et de Pouilly sur la rivière de Loire et justice du fief de Montrenard, voulant qu'il en jouisse tout ainsi que ses ancêtres l'avaient toujours fait. Louis de Montrenard fournit le dénombrement des choses ci-dessus le 27 janvier 1425. Noble et puissant seigneur Guillaume de Montrenard renouvela cette formalité le 8 juillet 1539. Enfin, Louis de Montrenard en fit les foi et hommage le 3 avril 1549. Vers cette même année la maison de Montrenard se trouva ruinée, et ses biens furent vendus par décret. La famille d'Apchon se rendit acquéreur du fief de Montrenard et dépendances, et le 26 avril 1601 messire Philibert d'Apchon, chevalier des ordres du roi, en donna le dénombrement. Le même acheta quelques droits de justice près de son château, des commissaires du duc, le 9 décembre 1603. Cette seigneurie fut acquise peu après par le marquis de Rébé, dont les descendants la vendirent au seigneur de Vougy.
Le Poyet appartint fort longtemps à la maison du Saix, et passa par suite d'alliance en celle de Ronchivol vers l'an 1500. Noble Jean de Ronchivol, écuyer, en donna le dénombrement le 10 février 1539. Sa fille, nommée Minerve, le porta en dot à noble François de Ste-Colombe, dont les descendants l'ont toujours possédé depuis. Le Poyet avait une petite justice, ancien démembrement de celle de Pouilly.
La justice de Pouilly avait été vendue le 15 juin 1558 par les commissaires du roi, à charge de rachat perpétuel, à Jean du Fournel, lieutenant-général civil en Lyonnais. Le duc de Montpensier la racheta le 15 janvier 1561.
L'abbaye de Cluny possédait quelques rentes, cens et servis dans cette paroisse.
Note : Blés, fort bon pays. Feux, 86.
POULLE
Paroisse du diocèse de Mâcon et de la collation du prieur de Charlieu. La dîme appartenait au seigneur de Fougères par transaction de 1355, passée entre ledit seigneur et les moines de Charlieu. Le curé avait pour sa portion congrue la moitié des dîmes des villages de Pay, de Longefay, de Chantriou, de Ratigny et de la Fond.
La justice dépendait de la châtellenie de Beaujeu.
Le fief et château de Fougères, situé en cette paroisse, a donné son nom à une antique famille éteinte, sur la fin du XIVe siècle, dans celle de Propières, dont la dernière héritière nommée Ancelise épousa en 1420 noble Pierre de Chandieu à qui elle apporta les terres de la Tour, Propières, Fougères, etc ... Ses descendants ont possédé cette seigneurie jusqu'au commencement du siècle dernier, époque où elle passa dans la famille de la Poype qui la possédait en 1789. Le château de Fougères eut beaucoup à souffrir pendant les guerres de la Ligue. Défendu par Jean de Chandieu qui tenait le parti du roi, il fut pris, après un siège long et meurtrier, par François de Nagu qui commandait les troupes de la Ligue à Beaujeu. Le château fut complètement dévasté par le vainqueur.
L'ancienne famille de Fougères remontait à Robert de Fougères dont le tombeau existait encore avant la Révolution dans l'église de Poulle, avec cette épitaphe :
Anno Domini 1272 diae sanctae Virginis obiit
Dominus Robertus de Fougères bonae memoriae
Miles : anima ejus requiescat in pace, amen.
Au-dessus de ce tombeau on voyait un écusson portant de ... à un rosier de ... (1) qui probablement étaient les armes de la famille de Fougères. Les vicomtes d'Yoingt, du nom de Fougères, se prétendaient issus de la même souche, ils portaient cependant des armes différentes : d'azur au chef losangé d'or et de gueules de deux traits.
Note : Pays montagneux, bon à blé. Feux, 266.
(1) Ce devait être plutôt une tige de fougère.
PROPIÈRES
Paroisse du diocèse d'Autun, et de la collation du chapitre d'Aigueperse. Le curé avait titre de chanoine dudit chapitre. La dîme appartenait, pour la plus grande partie, au chapitre de Beaujeu.
Cette paroisse, nommée anciennement Pourprières, avait donné son nom à une antique famille qui s'est éteinte vers 1420 dans celle de Chandieu. L'an 1374 Milon de Propières, seigneur de la Tour et Propières, possédait la haute, moyenne et basse justice dudit lieu, et en fit l'aveu au sire de Beaujeu. Le même Milon eut procès avec le châtelain de Châteauneuf, qui, du vivant de Lancelot de Propières, père dudit Milon, avait fait abattre un pilori (collistrigium) placé sur la juridiction de leur seigneurie. Le procureur général de Mâcon vint sur les lieux et procéda à une enquête, où entre autres témoins on entendit Jean de Laye, chevalier, seigneur de St-Lager. L'affaire se termina à la satisfaction de Milon de Propières, par sentence du 18 mars 1395.
Milon de Propières mourut sans enfants et sa fortune échut à sa soeur nommée Ancelise, femme de noble Pierre de Chandieu, cadet d'une des plus anciennes familles du Dauphiné, qui remontait à Berlhion de Chandieu vivant en 1127. Ancelise apporta à son mari les terres de la Tour, de Propières et de Fougères, dont ledit Pierre de Chandieu donna le dénombrement en 1459. Ses descendants possédèrent ces seigneuries jusqu'au commencement du siècle dernier. Elles passèrent alors dans la famille de Digoine, et peu après, par suite d'alliance, en celle de la Poype qui les possédait encore en 1789.
Les mines de plomb argentifère de Propières ont été exploitées autrefois avec un certain succès. Dans le dernier siècle et même depuis on a repris plusieurs fois cette exploitation, mais elle a donné peu de bénéfices.
On comptait deux fiefs dans cette paroisse, la Tour et la Farge.
La Tour avait toujours fait partie de la seigneurie de Propières, et s'appelait même généralement la tour de Propières. On y voyait encore naguère les ruines d'un vieux château.
La Farge. Ce fief fut possédé longtemps par l'illustre maison de Verneys ; Thomas de Verneys, chevalier, en donna l'aveu en 1459. Ses héritiers le vendirent peu après à Philibert d'Arcy, écuyer, qui en prenait le titre en 1481, dans son contrat de mariage avec Jacquette de la Trie. Possédé ensuite par la famille de Foudras, noble Pierre de Foudras en donna le dénombrement le 24 février 1539. Ce fief passa dans la maison de Bonne de Lesdiguières qui le possédait en 1660, et fut acquis plus tard par la famille de Musy qui le revendit à celle de Drée.
Note : Blés, toiles ; pauvre pays. Feux, 60.
RANCHAL
Paroisse du diocèse de Mâcon et de la collation du prieur de Thizy, qui en était décimateur avec le curé.
La justice dépendait de Magny, et nous avons donné à l'article de Cublise toute la succession des seigneurs ; nous y renvoyons le lecteur. Il existait dans cette paroisse un fief nommé Montpiney, appartenant en 1660 à noble Jean Vaginay, commissaire et procureur du roi au présidial de Lyon. Il fut vendu, au commencement du siècle dernier, à M. Jean-François de Guillermain, écuyer, seigneur de Nuzière , qui le revendit peu après à M. Brac, écuyer. Un de ses fils, capitaine de cavalerie et gouverneur de Beaujeu, en prit le nom. Ce fief fut enfin possédé par la famille Gonnet.
Note : Pauvre pays à blé, très montagneux. Feux, 122.
SEVELINGES
Paroisse du diocèse de Mâcon, et de la collation du célerier de Charlieu qui en percevait la dîme. La seigneurie dépendait de la châtellenie de Thizy et fut vendue en 1576 par les duc et duchesse de Nevers, héritiers de Philibert de Beaujeu-Linières, à noble Jean de Sirvinges, avocat au parlement de Paris, à la réserve des foi et hommage dont il fit la prestation le 25 novembre 1577, et y comprit les biens qu'il possédait de son chef dans ladite paroisse. Ses descendants firent construire le château de Sevelinges, et possédaient encore cette seigneurie en 1789.
Il existait aussi dans cette paroisse un fief nommé l'Enclos, appartenant à la famille Thevenard.
Note : Bon pays à blé. Feux, 87.
THEL
Paroisse du diocèse de Mâcon, et de la collation du prieur de Charlieu qui ne prélevait qu'une faible partie de la dîme, la presque totalité appartenant au curé par suite de l'abandon qu'en avait fait ledit prieur.
La justice dépendait de Magny, terre située en la paroisse de Cublise. C'est à ce dernier article qu'on trouvera la succession des seigneurs de Thel ; nous y renvoyons le lecteur.
Note : Pauvre pays à blé. Feux, 48.
THIZY
Paroisse et ville avec ancien château-fort et titre de châtellenie, dépendant du diocèse de Mâcon. Ce n'était au commencement du XIIIe siècle qu'un méchant village, remarquable seulement par sa position d'une facile défense. Guichard de Châtellepéron, chevalier, seigneur de la Ferté-Caldéron, en était seigneur et vendit cette place à Guichard de Marzé, chevalier, en 1284. Guichard V de Beaujeu jeta bientôt un oeil de convoitise sur cette seigneurie, qui lui parut merveilleusement située pour en faire un poste militaire. Guichard de Marzé la lui revendit en 1297, et d'immenses travaux y furent exécutés. Depuis lors Thizy a toujours été regardé comme la place la plus forte du Beaujolais. Situé sur une montagne parfaitement disposée pour soutenir une attaque, le château couvrait par son enceinte une vaste étendue de terrain renfermant une grande quantité de maisons destinées à servir de refuge aux habitants de la ville et de la vallée en temps de troubles. Le donjon qui subsiste encore peut donner une idée de la force de cette place, dont le château et les murailles ont été démolis. On y voit une vaste citerne, admirablement cimentée, qui paraît remonter à plus, de quatre siècles. Les sires de Beaujeu entretenaient garnison dans la forteresse, et avaient soin d'en confier le commandement à des officiers habiles et dévoués. Ils y soutinrent plusieurs sièges avec succès, et la tradition rapporte que les bandes dites des Tard-Venus ne purent l'entamer. Les lieutenants du trop célèbre baron des Adrets, Bricquemort et Clermont d'Amboise, ne furent pas plus heureux en 1570 : ils se contentèrent de saccager la partie de la ville située hors des murailles, une sortie de la garnison les força bientôt à déguerpir. Thizy succomba cependant aux efforts de la Ligue. Zacharie de Rébé, qui en était seigneur alors et qui s'était dévoué à la cause d'Henri IV, s'y enferma avec bon nombre de gentilshommes de la province, que son exemple avait décidés à suivre le même parti. Le 25 juin 1590 l'armée des ligueurs, sous la conduite de Pie de Nérestan, se présenta sous les murs de Thizy qu'elle pensait emporter sans grande résistance. Bientôt détrompé, Nérestan vit qu'il fallait mettre le siège devant la place : des canons de fort calibre furent amenés de Lyon, et la ville fut bombardée. Le fer et le feu y firent d'affreux ravages, la résistance fut héroïque, et Rébé se couvrit de gloire en suffisant à tout et en combattant en simple soldat. Enfin la place ne fut plus tenable, et le premier août, après six semaines d'un siège meurtrier, le château se rendit à M. de Chevrières. Zacharie de Rébé obtint la capitulation la plus honorable, et sortit enseignes déployées. Le commandement du château fut confié au capitaine d'Espilloy ; plus tard il fut contraint de le remettre à Jean de Namy, qui venait en prendre possession au nom d'Henri IV. C'est le dernier événement militaire qui se soit passé à Thizy. Le château fut démoli sous le règne de Louis XIV.
Thizy est divisé en deux parties bien distinctes : la ville, bâtie sous la protection du château, et le bourg, qui en est éloigné de 800 pas environ et forme une paroisse à part. La ville possède deux églises, St-George et Notre-Dame, l'une et l'autre assez remarquables par leur architecture, mélange de roman et d'ogival. L'église de St-George était annexe de celle de St-Pierre située au bourg de Thizy, et celle de Notre-Dame annexe de Marnant, paroisse située non loin de là.
(Voyez Bourg-de-Thizy et Marnant)
Thizy a été de tous temps un lieu commerçant, où se fabriquait depuis plusieurs siècles une grande quantité de toiles de fil. Pour donner une idée de ce commerce, Louvet rapporte que le droit de deux liards, perçu par le seigneur sur chaque pièce de vingt aunes, lui rapportait annuellement plus de 400 écus. Vers 1720, M. Etienne Mulsant introduisit à Thizy le tissage du coton. Ce fut une révolution complète dans le commerce des montagnes, où le haut prix des fils réduisait les bénéfices à des proportions très minimes. La prospérité de Thizy s'accrut immensément par suite de cette innovation. Bientôt chaque manufacturier s'empressa de substituer le coton au fil ; la richesse s'ensuivit, mais nul ne songea à la reconnaissance qu'on devait au bienfaiteur du pays. Les halles où se tiennent les marchés, bâties vers 1600, sont remarquablement belles. Thizy possédait encore quelques établissements de bienfaisance pour le soulagement des pauvres, et notamment celui de la Charité fondé par Madame Clapisson.
Nous devons mentionner ici que c'est à Thizy que fut exilé M. de Lamoignon, à l'époque de la querelle des parlements. Il y occupa la maison de la Platière, berceau de la famille Roland.
La justice de Thizy formait une châtellenie considérable sous les sires de Beaujeu, et comprenait jusqu'à vingt-deux paroisses. Elle fut successivement démembrée, et était réduite à six vers la fin du siècle dernier.
Charles, duc de Bourbonnais et d'Auvergne, connétable de France et sire de Beaujeu, vendit la justice et seigneurie de Thizy le 21 août 1522 à Philibert de Beaujeu-Linières, seigneur d'Amplepuis, qui en jouit sa vie durant. Mais à sa mort, arrivée en 1541, le roi s'empara de cette châtellenie comme dépendance des biens saisis sur le connétable. Elle fut cependant rendue à la maison de Nevers, héritière de Catherine d'Amboise, veuve dudit seigneur de Linières. Ludovic de Gonzague et Henriette de Clèves sa femme le vendirent, par acte du 10 mars 1578, à noble Claude de Rébé, écuyer, seigneur de Rochefort et de la Gardette. François de Rébé, petit-fils de Claude, revendit cette seigneurie, le 23 janvier 1614, à noble Guichard Favre de Berlize, conseiller du roi, introducteur des ambassadeurs, qui ne la conserva que fort peu d'années ; car, dès 1620, elle passa par acquisition à la maison de la Grange, alliée à celle de Rébé. Enfin, vers 1710, noble Jean Bissuel, écuyer, seigneur de Ronno, conseiller du roi en l'élection de Villefranche, acheta la châtellenie et seigneurie de Thizy que ses descendants, plus connus sous le nom de St-Victor, possédaient encore en 1789.
On comptait deux fiefs à Thizy : Trézette et la Forest; plus, un arrière-fief nommé la Platière.
Trézette, appelé autrefois Trazette, a donné son nom à une ancienne famille éteinte au XVe siècle. Raoul de Trazette, chevalier, donna l'aveu de son fief en 1374. Hugonin de Trazette, damoiseau, fit de même en 1400. Ce fief appartenait, en 1539, à nobles François et Bonaventure de Loisey, aliàs Loisel, frères, qui en donnèrent le dénombrement le 12 mars de ladite année. Vers la fin du même siècle Trèzette passa à la famille du Bourg, et était possédé en 1696 par Jean-Baptiste du Bourg, écuyer. Par suite d'une nouvelle délimitation territoriale, ce fief dépendit plus tard de la paroisse du Bourg-de-Thizy, et appartenait, au commencement du siècle dernier, à la famille du Creulx qui en prit le nom. Il passa plus tard à M. de Bissuel de St-Victor, chevalier, seigneur de Thizy.
La Forest fut acquis, en 1498, par Jean Namy, et appartint à ses descendants pendant plus de deux cents ans. La dernière héritière du nom porta ce fief à la maison d'Albon, par son mariage avec Pierre d'Albon, sieur de St-Marcel, dont les descendants le vendirent en 1700 à la famille Beaudesson, de qui M. Chesnard de Mauzerand l'acquit en 1750.
La Platière appartenait, au XVIe siècle, à la maison de Varennes-Rapetour. Pierre de Varennes, écuyer, seigneur de Rapetour, en donna le dénombrement le 10 mars 1539 en déclarant que ses ancêtres en avaient fait les foi et hommage.Vendu plus tard à la famille Roland qui en prit le nom, c'est là qu'est né le célèbre girondin Jean-Baptiste Roland (1). Ce fief fut acquis vers 1750 par la famille Mulsant, qui l'a toujours conservé.
Note : Blés, grand marché de toiles. Feux.
(1) Presque tous les biographes qui ont écrit la vie de Roland se sont trompés en faisant naître ce ministre au château de la Platière près Thésé en Lyonnais. La vérité est qu'il est né à la Platière, paroisse de Thizy, le 19 janvier 1734, et a été baptisé le même jour en l'église de Notre-Dame de ladite ville , ainsi qu'il est constaté par l'extrait dudit baptême que nous avons sous les yeux. Son père prend dans cet acte les qualités de seigneur de la Platière, conseiller du roi et de Monseigneur le duc d'Orléans. Sa mère y est nommée Thérèse Bessié de Montauzan. Voici, du reste, d'où provient l'erreur des biographes. La famille Roland, d'une ancienne bourgeoisie du Beaujolais et dont une branche s'était annoblie par l'échevinage de Lyon en 1722, portait depuis plusieurs générations le nom de la Platière joint au sien, et tenait un rang assez distingué dans la province en raison des alliances qu'elle y avait contractées ; mais sa fortune, peu considérable, n'était nullement en rapport avec le luxe qu'elle étalait. L'état de gêne qui s'ensuivit força le père de J.-B. Roland à rendre la Platière en 1750. Des débris de sa fortune il acheta une petite propriété nommée le Clos, situé en la paroisse de Thésé en Lyonnais , puis il changea le nom de sa nouvelle acquisition en celui de la Platière, soit en souvenir de son bien patrimonial, soit pour ne pas renoncer au nom sous lequel sa famille était généralement connue. Les habitants du pays ont fini par unir les deux noms de la propriété, et ne l'appellent que le Clos de la Platière. C'est là qu'habita pendant quelque temps la célèbre Madame Roland, au commencement de la Révolution.
TRADES
Paroisse du diocèse d'Autun, et de la collation de l'abbaye de Cluny qui partageait la dîme avec le curé.
Le 21 décembre 1606 les commissaires du duc de Montpensier vendirent la justice et seigneurie de Trades à noble Claude Ducret, juge de la ville de Thosans en Mâconnais. Elle passa ensuite à la famille Boyer de Ruffé, de laquelle était un juge-mage de Cluny en 1668, puis fut acquise vers le milieu du siècle dernier par M. Quarré de Champrigny dont les héritiers la revendirent, vers 1780, à M. Peysson de Bacot, procureur général en la Cour des monnaies de Lyon. Son fils la possédait en 1789.
Note : Blés ; pays assez passable. Feux, 83.
VERNAY
Paroisse du diocèse de Mâcon, et de la collation du prieur de Charlieu qui partageait la dîme avec le curé.
Cette paroisse possédait deux chapelles assez bien dotées. L'une, dédiée à Notre-Dame, était de la présentation dudit prieur de Charlieu ; et l'autre, placée dans l'église et dédiée aux saints Innocents, dépendait de la prébende de St-Bonnet-le-Troncy. Guillaume de la Mure en donna le dénombrement le 4 mars 1539, en qualité de prébendier. La justice dépendait de Beaujeu.
Il existait à Vernay un fief nommé Montclair appartenant à la famille de Roujoux de Fécamp, d'où il passa, par suite d'alliance, en celle de la Roche.
Note : Bon pays à blé. Feux, 80.
Avertissement de l'auteur :
En donnant la liste des paroisses et des fiefs de l'ancien Beaujolais telle que j'ai pu la recueillir, je n'ai pas prétendu qu'elle fût exempte d'erreurs et d'omissions, surtout en ce qui concerne les fiefs et leurs possesseurs successifs. Souvent les documents m'ont manqué, et beaucoup de fiefs, qui ont dû exister au moyen-âge et sont depuis tombés en désuétude, n'ont laissé aucun souvenir. Les lacunes, en ce qui concerne les propriétaires, doivent être encore plus considérables. Je n'ai pu procéder, à cet égard, qu'au vu des actes conservés ou d'après les documents fournis par quelques chroniques relatives au pays. On comprendra que beaucoup de transmissions de fiefs ont pu ne pas arriver à ma connaissance, et que mon travail a dû nécessairement être très incomplet à cet égard.
Au bas de chaque article de paroisse j'ai inséré une note extraite du manuscrit attribué à Louvet. Elle est toujours relative à la nature du sol et de ses produits, et indique le nombre de feux de chaque paroisse. J'ai pensé que ces documents, qui remontent à 1667, pouvaient offrir quelque intérêt.