L'origine du nom de Chauffailles
Source : Revue du Charolais, 1ère année, n°5, mars 1923 (BnF/Gallica)
L'ancien pagus de Dun et sa montagne ont donné leur nom aux villages voisins. Nous avons actuellement : Anglure-sous-Dun, Chassigny-sous-Dun et Mussy-sous-Dun, dans le canton de Chauffailles, La Chapelle-sous-Dun et Varennes-sous-Dun dans celui de La Clayette.
Il y avait encore autrefois St-André-sous-Dun dont le nom aurait été changé en celui de Chauffailles, sous le règne de Saint-Louis, si nous en croyons un vieil Annuaire de Saône-et-Loire. Voici en effet ce que nous lisons dans cet ouvrage, portant la date de 1839.
Chauffailles (chef-lieu de canton) ... 3582 habitants ... Ce bourg, qui n'était avant la Révolution qu'une commune obscure et sans industrie, est aujourd'hui très important par sa population, son commerce et ses manufactures. Ce bourg était autrefois, appelé St-André-sous-Dun. Le nom de Chauffailles lui est venu, dit-on, de l'incendie qu'il éprouva vers l'an 1254. Voici comment et à quelle occasion.
De retour de sa première croisade, Saint-Louis, avant de congédier les chevaliers et les jeunes seigneurs qui l'avaient accompagné dans la Terre-Sainte, leur avait enjoint de rester croisés jusqu'à la nouvelle expédition que déjà il méditait, et il avait exigé d'eux qu'ils se retireraient paisiblement dans leurs terres. Ce sage monarque craignait qu'ils ne se livrassent à quelques actes d'hostilité contre les seigneurs qui n'avaient point jugé à propos d'aller défendre le Saint-Sépulcre ; et ce n'était pas sans raison, car le jeune comte de Saint-Georges, seigneur de Saint-André, ne se vit pas plutôt dans la Vallée-Noire, en présence de la petite forteresse de Charlieu, qu'il ne put résister au désir de porter un défi au vieux gouverneur qui la commandait.
Soit qu'il voulût signaler son mépris pour un voisin qui avait refusé de prendre part aux périls de la croisade, soit qu'il eût à satisfaire quelque vieille rancune de famille, il ordonna à ses gens d'armes de forcer les portes de la ville et leur permit le viol et le pillage.
Le gouverneur, outré de ces excès, résolut d'en tirer vengeance, et, pour user de représailles envers le grand Chevrier de St-André (c'est ainsi qu'il qualifiait par dérision le seigneur d'une contrée où les chèvres abondaient alors), il n'imagina rien de plus juste que de s'attaquer aux propriétés des habitants du bourg, qu'il vint incendier pendant la nuit. Il appelait cela chauffer les pieds à St-André.
Quoi qu'il en soit de ce fait dont nous ne pouvons garantir l'authenticité puisqu'il n'est établi que par la tradition, les constructions qui s'élevèrent sur les ruines de cette commune, prirent alors le nom de Chauffailles.
Claude Brun