La maison de Vichy
par Joseph Sandre (Annales de l'Académie de Mâcon, tome XX, 1916-1917)
Cliquez sur une illustration pour l'agrandir
INTRODUCTION
La maison de Vichy est illustre par elle-même : elle est fort ancienne puisqu'elle remonte au XIe siècle. Elle a fourni :
Des hommes d'église, parmi lesquels nous trouvons de hauts dignitaires, dont un prélat : Roch-Étienne de Vichy, au XVIIIe siècle ; des Abbés : deux Jean de Vichy au XVIe siècle ; deux Abbés commendataires : Nicolas et Roch-Étienne de Vichy, déjà nommé, au XVIIIe siècle ; des Prieurs : Robert et Antoine de Vichy, aux XIVe et XVIe siècles ; des Chanoine-Comtes : Châtard de Vichy (1257) ; Guillaume (1287) ; Pierre (1369) ; Théode ou Théodore (1533) ; Antoine (1580) ; Antoine (1620) et Roch (1718) ;
Des Abbesses : Béatrix de Vichy au XIIIe siècle ; Lucie (1220) ; Alasie (1319) ; Marie (1428) et Jeanne (1499) ;
Des Prieures : Claude de Vichy-Chamron (1510) ; Jeanne et Léonore de Vichy, aux XVIe et XVIIe siècles et nombre de simples religieuses ;
Des Chevaliers de Malte : Philippe de Chamron (1604) ; Laurent de Vichy (1628) et Bertrand (1685) ;
Des hommes de guerre qui ont rendu des services signalés à la patrie : deux Damas de Vichy aux XIIIe et XIVe siècles ; Philippe, Louis et Claude au XVIe siècle, Jean-Baptiste et Charles-Claude au XVIIIe ;
Des officiers tués ou blessés à l'ennemi : Bertrand de Vichy, Gilbert, au XVIIe siècle et Gaspard, au XVIIIe ;
D'autres officiers, remarquables par leur bravoure et leur intrépidité : Robert de Vichy au XIVe siècle ; Bertrand et deux Gaspard au XVIIe ; Abel de Vichy, Anne-Camille, Louis-Charles, Barthélémy et Gilbert-Barthélémy au XVIIIe.
Elle est illustre aussi par la beauté de ses alliances ; citons, pour ne mentionner que les familles nobles les plus connues de notre région, les Lévis, les Busseul, les Foudras, les d'Albon, les d'Amanzé, les Brulart, les Saint-George.
Elle intéresse très particulièrement l'ancien Mâconnais (partie brionnaise et charollaise), où elle a été possessionnée pendant plusieurs siècles.
A ces titres divers, la maison de Vichy ne pouvait manquer d'appeler notre attention ; nous lui avons donc gardé une place considérable dans notre monographie de Montceaux-l'Étoile, aujourd'hui propriété de l'Académie de Mâcon.
C'est de ce travail qu'est extraite la présente étude. De récentes recherches, d'heureuses trouvailles nous ont permis de la refondre et de l'augmenter, surtout en ce qui touche la partie historique.
Nous arrêtons, pour la branche brionnaise des Vichy, notre travail aux fils du marquis de Vichy-Montceaux, exécuté à Lyon sous la Terreur.
Signalons simplement que le nom est encore porté en Brionnais ; après le fils de ce dernier, nous voyons Alphonse, marquis de Vichy, qui posséda la terre et le château de Daron et n'eut pas d'héritier mâle, et son frère, Gustave, comte de Vichy, possessionné à Avrilly, qui a laissé deux fils : Abel, marquis de Vichy, héritier du titre nobiliaire de son oncle Alphonse, et Georges, comte de Vichy ; tous deux habitent Marcigny et n'ont pas de postérité.
ARMES DES VICHY :
De vair plein. Alias : de vair de quatre tires.
SUPPORTS :
Un griffon et un sauvage. La plaque de cheminée du marquis de Vichy-Montceaux porte un lion et un sauvage armé de sa massue.
COURONNE :
On trouve : couronne de comte, l'écu environné du manteau de pair, au frontispice de la généalogie des Vichy, par le chevalier de Courcelles : armes de Roch-Étienne de Vichy, comte-pair et conseiller d'État ; couronne de marquis (plaque de cheminée du marquis de Vichy-Montceaux).
DEVISE :
Tantum valent, quantum sonant : Indicateur héraldique d'Arcelin ; Tantum valet, quantum sonat : plaque de cheminée du marquis de Vichy-Montceaux.
PRINCIPALES SOURCES :
Ouvrages imprimés :
1° Généalogie de la maison de Vichy, extraite du tome IV de l'Histoire généalogique et héraldique des Pairs de France, des Grands Dignitaires de la Couronne, des principales Familles nobles du Royaume et des Maisons princières de l'Europe, par M. le chevalier de Courcelles, ancien Magistrat, l'un des continuateurs de l'Art de vérifier les dates, Brochure in-4° de 20 pages. Paris, de l'Imprimerie de Plassan, rue de Vaugirard, n°15, derrière l'Odéon, 1824.
2° Les fiefs du Mâconnais, par M. Léonce Lex. Protat, Mâcon, 1899.
3° Mademoiselle de Lespinasse et la Marquise du Deffand, par Eugène Asse. Charpentier, Paris, 1877.
4° Lettres de Mademoiselle de Lespinasse, même auteur. Fasquelle, Paris, 1903.
5° Julie de Lespinasse, par le Marquis de Ségur. Calmann-Lévy, Paris, sans date.
Manuscrits :
1° Manuscrit ancien, auteur anonyme, communiqué par feu M. l'abbé Cucherat.
2° Archives départementales de Saône-et-Loire.
3° Registres divers, archives communales de Montceaux-l'Étoile.
4° Registres de catholicité de Ligny-en-Brionnais.
5° Documents divers, collationnés sur originaux, à nos archives.
REMERCIEMENTS :
J'adresse ici l'expression de ma vive gratitude aux personnes qui m'ont très obligeamment fourni des indications, des dessins, des documents, imprimés ou manuscrits, pour ce travail, et tout spécialement M. Léonce Lex, archiviste départemental à Mâcon ; M. Ginet-Donati, peintre et archéologue ; M. J.-B. Derost, imprimeur, auteur de nombreuses et estimées notices d'histoire locale, tous deux à Marcigny, et M. l'abbé J. Prajoux, au Coteau (Loire).
PRÉCIS GÉNÉALOGIQUE, HISTORIQUE ET HÉRALDIQUE
On voit les Vichy tenir rang, dès le XIe siècle, parmi les barons du Bourbonnais. Ils ont pris nom de la ville et châtellenie de Vichy, renommée pour ses eaux minérales. Le premier cité dans l'histoire est Théodebert, seigneur de Vichy, bienfaiteur de l'abbaye de Saint-Rigaud, à l'ancien diocèse de Mâcon, fondée en 1065. Mais le premier dont la filiation soit ininterrompue est :
I. GEOFFROY DE VICHY, seigneur dudit Vichy, époux, vers 1165, d'Isabeau de Lévis, dont issurent, entre autres :
1° Guillaume Ier, qui suit ;
2° Bouchard de Vichy, vivant en 1208 ;
3° Béatrix de Vichy, abbesse de Cusset (Les seigneurs de Vichy, de toute ancienneté, avaient leur sépulture dans l'église de Cusset dont ils étaient les insignes bienfaiteurs).
II. GUILLAUME DE VICHY, Ier du nom, seigneur de Vichy, est qualifié baron de Cusset, ou sire et baron de Cusset. On lui connaît pour enfants :
1° Robert Ier, qui suit ;
2° Lucie de Vichy, abbesse de Cusset vers 1220.
En outre des religieuses du nom de Vichy, mentionnées dans cette étude, signalons, pour n'y plus revenir, les suivantes, dont l'ascendance nous reste incertaine :
1° Sibille de Vichy, entre 1150 et 1300 ; 2° Françoise de Vichy-Chevenizet (1474) ; 3° Catherine de Vichy-Chamron (1492) ; 4° Claude de Vichy-Chamron, prieure (1510). Claude de Vichy-Chamron est encore prieure à Marcigny en 1545 ; c'est en cette qualité, cette année-là, qu'avec dom Christophe Coquille, grand prieur de Cluny et du couvent de Marcigny-les-Nonains, elle donne son consentement à l'entrée dans ce monastère de Simone de Damas, fille de Jeanne de Rochechouard, veuve de Georges de Damas, seigneur de Marcilly, Thianges et le Vaux-de-Chizeut (Saint-Julien-de-Civry) ; en faveur de laquelle Simone de Damas fut faite par sa mère et ses deux frères, Léonard et Antoine de Damas, donation d'une rente annuelle de 20 livres tournois et, de deux en deux ans, d'une robe de drap noir et d'une cotte de drap bleu (Archives départementales de la Nièvre, Série E, 639) ; 5° Hélène de Vichy-Chamron (1533) ; 6° Madeleine de Vichy du Jeu (1541) ; 7° Anne de Vichy-Luzillat (1543) ; on a orthographié à tort Nuzillat ; 8° Marie-Hyacinthe de Vichy-Chamron (1695) : toutes à Marcigny (Abbé Cucherat, Cluny au XIe siècle, p. 230, 233 et suiv.).
III. ROBERT DE VICHY, Ier du nom, fut seigneur de Vichy, sire d'Abret et de Cusset, et eut, entre autres enfants :
1° Damas Ier, qui suit ;
2° Jean de Vichy, seigneur d'Abret, dont issurent :
a) Odin de Vichy, chevalier en 1329 ;
b) Raoul de Vichy, id. ;
3° Châtard de Vichy, chanoine-comte de Brioude en 1257 ;
4° Geoffroy de Vichy, époux d'Éliane de Broc ;
5° Marquise de Vichy, épouse de Pierre de Broc, frère d'Eliane, dont postérité.
IV. DAMAS DE VICHY, Ier du nom, seigneur de Vichy, chevalier, accompagna saint Louis à la septième Croisade (1248), et reçut, en récompense, de ce prince, la seigneurie de Ligny-en-Brionnais. Il testa en 1279 et eut pour enfants, entre autres :
1° Raoul, qui suit ;
2° Damas II, auteur de la branche des Vichy-Chamron, qui viendra plus loin ;
3° Guillaume de Vichy, chanoine-comte de Brioude (1287) ;
4° Eudes de Vichy, chevalier, seigneur de Pougues, qui fit, en 1233, hommage au comte de Nevers, et qui eut pour fils : autre Eudes de Vichy, qui épousa Yolande d'Artey, dame de Brinon, veuve de Jean de Champlemy ;
5° Alasie de Vichy, abbesse de Cusset en 1319.
V. RAOUL DE VICHY, seigneur de Vichy, sire d'Abret, Busset, etc. Ayant épousé, le jeudi avant la Purification de la Sainte Vierge, Blanche de Châtelmontagne, il eut d'elle :
1° Guillaume II, qui suit ;
2° Jean de Vichy, seigneur de Vichy et de la Roche. Par contrat du mois d'août 1344, il échangea ses terres avec Pierre de Bourbon, comte de la Marche ; on trouve ailleurs (Manuscrit Cucherat), « avec le prince Charles, duc de Bourbonnais et d'Auvergne, contre la terre de Jenzac ». Dans l'acte d'échange sont dénommés : Rudulphe, alias Raoul de Vichy, Guillaume, Jean et Dalmace de Vichy, tous qualifiés chevaliers (milites). Il paraît aussi par ce contrat que Jean de Vichy aurait eu pour femme « Glayde, sans autre surnom ». Cette branche a fini dans la maison d'Aubigny, puis dans celle de Montmorin, par la comtesse de Saint-Hérem de la maison d'Aubigny, par qui la terre de Jenzac est entrée dans la maison de Montmorin, qui la possédait encore peu de temps avant la Révolution ;
3° Robert de Vichy, moine de Mauziac, prieur de Saint-Germain-des-Fossés en 1343 ;
4° Pierre de Vichy, chanoine-comte de Brioude en 1369 ;
5° Aliénor de Vichy, épouse, en 1367, de Jean, seigneur de Vandat ;
6° Jeanne de Vichy, épouse, vers le même temps, de Jean de Montagut ;
7° Dalmace, alias Damas de Vichy, seigneur de Luzillat.
Vers le même temps vivait Camus de Vichy, écuyer, pannetier du roi, qu'on trouve en 1355.
VI. GUILLAUME DE VICHY, IIe du nom, chevalier, sire de Busset, Puisagut, Saint-Georges et Saint-Priest, fut conseiller de Louis II, duc de Bourbonnais, surnommé le Bon, et l'un des premiers chevaliers en faveur desquels ce prince institua, en 1370, l'ordre du Chardon bénit. Il eut pour femme Isabelle de Lévis-Saligny, et eut pour fille unique :
VII. Smaragde de Vichy, dame baronne de Busset et Saint-Priest, qui épousa, par contrat du vendredi après la fête de Tous-les-Saints 1387, Maurin, dit Maurinot, seigneur de Tourzel, baron d'Alègre, écuyer, échanson, conseiller et chambellan du roi, et de Jean, duc de Berry, dont postérité.
Les deux branches ci-dessus étant tombées en quenouille, nous allons suivre la troisième, celle des Vichy-Chamron, qui a subsisté avec éclat dans le Mâconnais (Brionnais et Charollais).
SEIGNEURS DE CHAMRON, CHEVENIZET, etc.
Cette branche a pour souche Damas de Vichy, Ier du nom, qui reçut en récompense, du roi saint Louis, au XIIIe siècle, la seigneurie de Ligny-en-Brionnais.
V. DAMAS DE VICHY, IIe du nom, seigneur en partie d'Abret, second fils de Damas Ier et frère de Raoul, qui précèdent, porta la bannière du duc de Bourbon contre les Anglais, en 1345. Ses enfants furent entre autres :
1° Robert III, qui suit ;
2° Hugues de Vichy, époux de Jeanne de Tanlay, fille de Guillaume et d'Agnès de Mornay, dont vinrent :
a) Antoine de Vichy, chevalier (1419) ;
b) Agnès de Vichy, épouse de Pierre, seigneur de Chantemerle et de Gondel.
VI. ROBERT DE VICHY, IIIe du nom, chevalier, sire d'Abret, commandant d'une compagnie d'hommes d'armes sous le gouvernement de Guillaume, sire d'Apchon, capitaine général d'Auvergne, épousa Alix de Pontgibaud, fille de Pierre, seigneur de Luzillatet de Vandègre, et de Marguerite de Villars. Il aurait eu encore pour femme, Marguerite de Chamron (1371), au nom de qui il reconnut tenir en fief et hommage-lige, en 1373, la maison forte de Chamron et dépendances ; il aurait encore fait foi et hommage à Jean d'Armagnac, comte de Charollais en 1371 et 1397 (Voyez Noblesse aux États de Bourgogne, p. 321. Les Vichy entrèrent aux États en 1560). Il eut, entre autres enfants :
1° Antoine Ier, qui suit ;
2° Robert de Vichy, seigneur de Chamron, vraisemblablement mort sans postérité ;
3° Guillaume de Vichy, officier du duc de Bourgogne en 1436 ;
4° Marie de Vichy, abbesse de Lieu-Dieu, au diocèse d'Autun (1428-1430).
VII. ANTOINE DE VICHY, Ier du nom, seigneur de Chamron en Brionnais, de Luzillat et de Vandègre, en Auvergne, servit avec distinction dans les guerres de son temps. Sa fidélité aux intérêts du dauphin, plus tard Charles VII, amena la confiscation de ses terres du Brionnais. Il épousa, en 1400, Antoinette de Tenarre-Souterrain, fille d'Archambaud, baron de Tenarre, seigneur de Souterrain, et de de la Bussère, dont il eut :
1° Carados Ier, qui suit ;
et, en 1406, Marguerite de La Tour de Montbellet, fille de Regnauld, seigneur de la Tour de Montbellet, et de Yolande de Lespinasse-Saint-André, dont issurent entre autres :
2° Gonin de Vichy, écuyer, vivant en 1450 ;
3° Robert de Vichy, seigneur d'Arfeuille, en Charollais (C'est à tort que M. de Courcelles place en Bourbonnais la terre d'Arfeuille : elle dépendait de la commune de Lugny-lès-Charolles), dont vinrent :
a) Jean de Vichy, seigneur d'Arfeuille, père de Vassaut, alias Vassal de Vichy, seigneur d'Arfeuille et Martel, décédé avant 1541 (Un terrier fut fait en 1511 au profit de Vassal de Vichy : nous lisons en effet dans l'Inventaire des Archives départementales de Saône-et-Loire : 1511. Terrier d'Arfeuille (Lugny), reconnaissances et rentes au profit de Vassal de Vichy, écuyer, et de demoiselle Antoinette de Vichy, sa tante, 158 feuillets, Série E, 596) ;
b) Antoinette de Vichy, morte avant 1482 ;
c) Jeanne de Vichy, abbesse de Sainte-Claire, au diocèse du Puy, en 1499 ;
4° Eustache de Vichy, chevalier, co-seigneur de Thury, marié en 1451 à Marguerite de Sorbon ;
5° Catherine de Vichy, épouse de Philippe de Messey, écuyer ;
6° Jeanne de Vichy-Luzillat, épouse de Guillaume de Tenarre, damoiseau, seigneur de Souterrain, par acte passé à Luzillat, coram Petro de Croso presbytero publico notario, le 21 février 1440, à laquelle il fut constitué par Carados, son frère, la part et portion de la terre qu'ils avaient à Dracy-le-Fort, plus la somme de 500 livres pour ses habits nuptiaux (Un terrier fut établi au profit d'Antoine de Vichy et de Carados, son fils, ainsi qu'il appert de l'Inventaire des Archives départementales de Saône-et-Loire : 1444-1527. Terrier de Chevenizet, au profit d'Antoine de Vichy, écuyer, et de Carados, son fils. Le domaine seigneurial s'étend sur Chevenizet, le Troncy, la Collonge, Pancemont et Villaine (Nochize) ; le Breuil et Lugny ; le Bouchet (Changy) ; Busseuil et Bornat (Poisson). Les précédents seigneurs étaient Pierre de Trizettes, chevalier, seigneur d'Ussel, et Jeanne de Marcilly, sa femme (588 feuillets, Série E, 597). A Pancemont, commune de Nochize, près Charolles, existent encore des restes importants de l'ancienne maison seigneuriale. Dans l'article qui précède (Antoine de Vichy, Ier du nom), nous avons suivi la généalogie par M. de Courcelles ; elle concorde avec le manuscrit Cucherat sauf que dans ce dernier il est dit expressément qu'Antoine de Vichy n'eut pas d'enfants d'Antoinette de Tenarre, dont, au mois de juin 1406, il avait remboursé la dot).
VIII. CARADOS, alias CONRAD DE VICHY, Ier du nom, écuyer, seigneur de Chamron, Luzillat, Vandègre, etc., qualifié chambellan du duc de Bourbonnais dans des lettres de committimus du roi Charles VII, du 10 octobre 1436, épousa, par contrat du 7 juillet 1433, Marguerite de la Mer-Matha, fille de Christophe, écuyer, et de Marie de Saint-Quentin, dont il eut :
1° Antoine II, qui suit ;
2° Jean de Vichy, auteur de la branche des Vichy-Luzillat, barons de Barbesit (Berbizy), qui viendra plus loin ;
3° Louis de Vichy, auteur de la branche des seigneurs d'Agencourt et Saigny, qui viendra in fine ;
4° Louise de Vichy, qui épousa, par contrat du 20 janvier 1462, Charles de Busseul, seigneur de Saint-Sernin - aujourd'hui Vauban -, et qui eut en dot 1000 écus d'or et 425 livres (En 1435 vivait Charles de Vichy, damoiseau. Est-ce un frère des précédents ?).
IX. ANTOINE DE VICHY, IIe du nom, chevalier, seigneur de Chamron, en Mâconnais (Brionnais), de Chevenizet, en Charollais, de Luzillat et Vandègre, en Auvergne, épousa, le 16 juin 1482 (on trouve aussi 1475), Germaine de Montagny, fille de Jean de Montagny, baron dudit lieu, gouverneur de Mézières et d'Ardres, et d'Isabeau de Saint-Priest-Epinac, fille de Louis de Saint-Priest, dit Mareschal, et de Marguerite de Saint-Chamond. De ce mariage issurent :
1° Carados II, qui suit ;
2° Théode, alias Théodore de Vichy, chanoine-comte de Lyon en 1533, puis Doyen en l'église de Saint-Jean en 1548. Il acheta, en 1536, la place où sont bâtis les Minimes de cette ville, et signa comme témoin, en 1562, avec Philibert de Vichy, seigneur de Chevenizet, et d'autres seigneurs au procès-verbal qui constate les pillages et excès commis cette année-là au prieuré de Marcigny. Il mourut le 18 janvier 1569 ;
3° Antoine de Vichy, prieur de la Voûte-Chillac (On trouve un terrier au nom d'Antoine II de Vichy, père du prieur (1481-1482). Terrier de Chevenizet, renouvelé par Jean Chevalier, notaire royal à Charolles, en vertu de lettres patentes du roi Louis XI, au profit d'Antoine de Vichy, écuyer, seigneur de Chamron et de Chevenizet. On y lit la description du château de Chevenizet, et un accord entre ce seigneur et les habitants de Chevenizet, assis en la paroisse de Nochize, au comté de Charolais, Inventaire des Archives de Saône-et-Loire, 118 feuillets, Série E, 595).
X. CARADOS DE VICHY, IIe du nom, écuyer, seigneur de Chamron, de Chevenizet et des Forges, épousa, le 10 février 1518, Françoise de Grassée, alias Grassay à laquelle furent constituées 7000 livres par sa mère. Elle était fille de Philibert de Grassée, seigneur de Champerroux, et d'Isabeau de Ternant. Elle testa en 1569. Etant veuve, madame de Chamron asservisa devant Nicolas Butaud, notaire, à son profit et à celui d'Antoine de Vichy, son fils, plusieurs fonds à Louis, fils d'Antoine Blanc, clerc du village des Brosses, paroisse de Saint-Julien-de-Cray, sous la charge annuelle de 5 sols tournois, deux ras d'avoine et une poule, payables à chaque fête Saint-Martin d'hiver, plus trois corvées à bœufs et trois à bras. Par autre acte, passé au château de Chamron, même notaire, ladite dame et Antoine de Vichy, son fils, cédèrent à Pierre Graillot de Saint-Didier-en-Brionnais, cinq charrons de vigne, situés à Varennes, vignoble des Vallées, qui leur étaient échus par droit de mainmorte, à cause de leur seigneurie des Forges. L'acte est du 17 août 1533. De son mariage avec Carados de Vichy, elle eut :
1° Antoine III, qui suit ;
2° Philibert de Vichy, seigneur de Chevenizet, qui fit reprise de ce fief (Archives départementales de Saône-et-Loire, Inventaire, Série E, 603). En 1562, il signe le procès-verbal des dégâts commis par les Huguenots au prieuré de Marcigny. Ce Philibert de Vichy mourut sans postérité (C'est peut-être lui qui, sous le nom de Philippe de Chamron, fut reçu chevalier de Malte, le 3 mai 1604, à moins que ce ne soit Philippe, alias Philibert de la branche des seigneurs de Luzillat, Berbizy, etc. Voyez plus loin. Voyez aussi Vertot, t. VII, p. 185) ;
3° Jean de Vichy, abbé de la Voûte-Chillac, ordre de Cluny ;
4° Françoise de Vichy, qui épousa Guillaume de Bongard, écuyer, seigneur de l'Étang, Villeret, la Matrouille, Orcilly, Torcy et Vévé (Pour ces deux derniers noms, ma lecture est douteuse), fils d'Edme et de Catherine de Semur. Le 23 juin 1592, ils vendirent leur terre de la Matrouille à dame Philiberte du Molard femme de Marc de Tenay, seigneur de Saint-Christophe-en-Brionnais. C'est en cette même année (1592) que fut signée la capitulation du château de Chevenizet, après le commandement de Mgr Amanzé le 30 septembre (Archives départementales de Saône-et-Loire, Série E, 603) ;
5° Antoinette de Vichy, mariée, le 12 novembre 1547, à Antoine de Foudras, fille de Jean, seigneur de Contenson, Courcenay, Châteautiers et Souternon, et d'Anne-Marie de Seneterre. Elle avait eu en dot 400 livres, et mourut sans postérité ;
6° Jeanne de Vichy, prieure de Laveine, en Auvergne, monastère où elle fit beaucoup de réparations et d'acquisitions.
XI. ANTOINE DE VICHY, IIIe du nom, chevalier, seigneur de Chamron en 1533, puis de Chevenizet en 1580, et même dès 1571-1572, chevalier de l'ordre du roi, et qualifié haut et puissant seigneur, fut fait chevalier de l'ordre de Saint-Michel par Henri II pour services à lui rendus, et pour avoir tenu la main à ce que les hérésies ne pénétrassent pas dans son pays et aux environs. Il reçut un bref du pape Paul III, qui le louait de son zèle pour soutenir la vraie religion, et qui, pour le récompenser, lui accorda plusieurs indulgences. Il eut aussi un commandement à Gênes, comme on le voit par une lettre de François Ier, qui lui écrivait pour le remercier d'avoir exécuté les ordres qu'il lui avait donnés, et l'inviter à venir le trouver. Cette lettre est datée de Saint-Germain-en-Laye, le 13 janvier 1528. Le terrier de Chevenizet fut renouvelé à son profit (1571-1572. Terrier de Chevenizet, par Louis Bruyn, de Cluny, au profit d'Antoine de Vichy, chevalier, seigneur de Chamron, Cucurieux, Arfeuille et Chevenizet, Archives départementales de Saône-et-Loire, 535 feuillets, Série E, 598). Il testa le 18 juillet 1596, en faveur de son petit-fils Antoine. Il avait épousé, le 26 juin 1546, Bénigne de Saint-Symphorien, qui testa le 25 avril 1569, fille de Zacharie, seigneur de Chamousset, et de Louise Mitte de Chevrières ; puis, vers 1570, Antoinette de Gorrevod, veuve de Charles de Busseul, seigneur de Saint-Sernin (Vauban), chevalier de l'ordre du roi, bailli de Mâcon, et fille de Jean, comte de Pont-de-Vaux, chevalier, et de Claude de Semur. De son premier mariage, Antoine de Vichy eut :
1° Carados III, qui suit ;
2° Antoine de Vichy, chanoine-comte de Brioude vers 1580 ;
3° Catherine de Vichy, mariée, le 14 janvier 1580, à Jacques des Guillaumanches, écuyer, seigneur dudit lieu, du Pouget et du Bocage.
XII. CARADOS DE VICHY, IIIe du nom, élu de la noblesse de Bourgogne, chevalier, seigneur de Cucurieux, Chamron, etc., épousa, le 29 août 1571, Anne de Montjournal, dame de Trézettes, fille de Claude, écuyer, seigneur de Cindré et de Trézettes, et de Françoise de l'Aubépin, sa première femme (M. de Courcelles écrit : fille de Claude, écuyer, seigneur de Sindré et du Til, et de Marie du Tartre, dame du Til, sa première femme) fille d'Edouard et de Jeanne de Dio. Il fit son testament le 20 octobre 1578, et mourut avant son père. Cette circonstance explique que ce dernier ait testé en faveur de son petit-fils. Il eut pour fils unique :
Antoine IV, qui suit.
Devenue veuve, Anne de Montjournal se remaria à Jean de Namy, seigneur de la Forest, dont postérité.
XIII. ANTOINE DE VICHY, IVe du nom, pour lors seigneur de Cucurieux, Rosne et la Menue, et dans la suite de Chamron et Chevenizet, chevalier de l'ordre du roi, épousa, le 10 novembre 1598, Charlotte de Simiane, fille de Gaspard, chevalier de l'ordre du roi et gentilhomme de sa chambre, et de Catherine Mitte de Miolans (M. de Courcelles, dans l'article Antoine IV de Vichy, écrit : « Il avait épousé, 1° vers 1595, Marguerite de Busseul veuve, depuis 1593, d'Héliodore de Thiard, chevalier, seigneur de Bissy, gouverneur de Verdun, et fille de Charles de Busseul, chevalier, seigneur de Saint-Sernin et d'Antoinette de Gorrevod... » Nous ferons simplement remarquer que les manuscrits dépouillés par nous ne mentionnent pas cette première alliance ; que La Chesnaye des Bois ne donne pour épouse à Antoine de Vichy que Charlotte de Simiane ; enfin que Marguerite de Busseul fut tuée au siège de Verdun, par l'explosion d'un baril de poudre, le 27 août 1592, et que son mari, Héliodore de Thiard, lui survécut, et mourut lui-même en 1593. Voir à ce sujet la notice du Dr Abel Jeandet, lue en séance publique de l'Académie de Mâcon, le 26 mai 1888). Il fit son testament le 17 octobre 1610, et mourut le même mois de la même année, à Lyon où il fut inhumé au couvent des Minimes. Il avait des propriétés à Saint-Julien-de-Civry (1523-1664. Reconnaissance de cens et servis au profit d'Antoine de Vichy, à cause de sa terre et chevance du Perret, paroisse de Saint-Julien-de-Civry, par lui de nouvel acquise, AD71, Série E, 600). Sa veuve consentit, devant de La Motte, notaire, le 10 mai 1611, avec différents particuliers, de payer aux prêtres sociétaires de la paroisse de Briant la rente annuelle de 12 sols 6 deniers, affectée sur un pré dit de Molaise, alias Beauvernois, sis à Briant. Elle fit son testament devant Butaud, notaire à Ligny, le 27 septembre 1628, et mourut à Chamron en février 1629. Leurs enfants sont :
1° Gaspard Ier qui suit ;
2° Bertrand de Vichy, né vers 1603, seigneur de Cucurieux, Vendrange, Nulize, La Chèze, Cordelle et Le Verdier, lieutenant du roi, en 1653, au gouvernement des ville et citadelle de Valence, sénéchal du pays Valentinois, etc. Il mourut célibataire et fut inhumé dans la chapelle du Rosaire (chapelle de Chamron), le 24 décembre 1680, au tombeau de ses ancêtres, en présence de Joseph, abbé d'Amanzé, et de Gilbert de Vichy (Registres de catholicité de Ligny-en-Brionnais) ;
3° Antoine de Vichy, né vers 1606, chanoine-comte de Lyon le 23 décembre 1620, mort en 1630 (Serait-ce Antoine de Vichy-Chamron, reçu chevalier de Malte le 27 février 1625, Vertot, t. VII, p. 137) ;
4° Laurent de Vichy, né vers 1606, reçu chevalier de Malte, de minorité le Ier juin 1607 (Cette date, donnée par M. de Courcelles, est vraisemblablement erronée), et profès le 21 mai 1628, mort à 27 ans ;
5° Léonore de Vichy, née vers 1607, reçue à seize ans au prieuré de Sainte-Colombe-lès-Vienne, en Dauphiné, le 6 septembre 1623, où dame Laurence de Simiane, sa tante, l'avait élevée. Elle fut, après la mort de celle-ci, prieure dudit prieuré, et après en avoir joui, et gouverné cette maison avec beaucoup de sagesse pendant plusieurs années, étant fort incommodée, et pour lors aux eaux de Vichy, elle résigna son prieuré, le 5 octobre 1686, en faveur de Gabrielle-Renée de Gordes de Simiane, professe audit prieuré. Elle décéda au château de Chamron et fut inhumée au cimetière de Ligny le 19 février 1687. L'acte de sépulture lui donne 78 ans d'âge (Registres de catholicité de Ligny-en-Brionnais).
6° Jacques-Louis de Vichy, âgé de 2 ans 4 mois à la mort de son père (1610), et apparemment mort jeune, car il n'est pas parlé de lui dans le testament de sa mère (27 septembre 1628 ; M. de Courcelles ne fait pas état de ce sixième enfant).
XIV. GASPARD DE VICHY, Ier du nom, fut comte de Chamron, baron de Beauchevenoux, en la paroisse de Saint-Julien-de-Cray, seigneur de Chevenizet, l'Étang, Villeret, Trazettes et Rosne ; il commanda deux fois dans la ville et citadelle de Pont-Saint-Esprit, la première fois en 1628, sous le seigneur d'Evennes, son parent. Celui-ci s'étant laissé surprendre par les Protestants, Gaspard de Vichy reprit la place, ce qui décida le roi à lui en donner le commandement et à le créer maréchal de camp (24 mai 1652). En raison de ses services, la seigneurie de Chamron fut érigée en comté par lettres patentes de décembre 1644, registrées le 5 mai 1653. Il avait épousé, le 8 juillet 1630, Hilaire d'Albon-Saint-Forgeux, fille de Pierre, chevalier de l'ordre du roi, lieutenant de la compagnie d'ordonnance du duc de Savoie, et d'Anne de Gadagne. Il testa le 26 septembre 1669. En 1644, la seigneurie de l'Étang (Saint-Julien-de-Cray), fut acquise par Gaspard Ier de Vichy, de Louis de Bongard, écuyer. Procès-verbal de l'état des choses fut dressé le 29 février 1646 ; et le 27 novembre, même année, M. de Vichy donna le dénombrement de cette seigneurie (Lex, Les fiefs du Mâconnais, p. 125 (Mâcon, Protat, 1899). Voir aussi l'inventaire des Archives départementales de Saône-et-Loire : Reconnaissance de rentes, cens, servis au profit de Gaspard de Vichy à cause de sa seigneurie de l'Étang, série E, 600. Renouvellement du terrier de Chevenizet (1663-1664), au profit du même et de Gilbert de Vichy, son fils, en vertu de lettres patentes de Louis XIV ; dénombrement du château et des fonds, droit de justice, pouvoir d'ériger pilori et fourches patibulaires ; sentence maintenant auxdits seigneurs droit de pêche dans l'Arconce, depuis le lieu de Gagères jusqu'au pré des Avaleures ; terrier d'Arfeuille au profit des mêmes, etc ; Série E, 601 et 602). En 1632, il avait acheté de Marc-Antoine de Digoine, seigneur du Palais, certains droits de directe seigneurie et de dîmes à lui dues, à cause de la chapelle de Sainte-Marie-Madeleine. Le 14 juillet 1668, devant Cassile, notaire à Lyon, il fit donation entre vifs, à Gilbert de Vichy, marquis de Chamron, son fils, de tous ses biens meubles et immeubles non compris au contrat de mariage de ce dernier. Ses enfants furent :
1° Gilbert, qui suit ;
2° Antoinette de Vichy, reçue chanoinesse de Remiremont. Elle épousa, par contrat du 8 novembre 1668 (M. de Courcelles donne la date du 20 novembre), Joseph de Moreton, marquis de Chabrillant, lieutenant du roi en Dauphiné, dont postérité, et entre autres trois fils tués à la bataille d'Hochstedt.
XV. GILBERT DE VICHY, marquis de Chamron, seigneur de Villeret, l'Étang, Beauchevenoux, Chevenizet, Cucurieux, Vendranges, etc., lieutenant au régiment de Conti, puis capitaine au régiment de Chemerault et capitaine au régiment Dauphin, reçut plusieurs blessures de guerre et se distingua dans maints combats. Il épousa, par contrat passé devant Pierre Besson, notaire à Saint-Germain-en-Brionnais (Saint-Germain-des-Bois), le 9 octobre 1662, Madeleine d'Amanzé, qui reçut en dot 90.000 livres. Elle était fille de Gaspard d'Amanzé-Descars, comte dudit Amanzé, baron de Combles, en Picardie, seigneur de Prizy, Saligny, Mypont, Lessertot, Conseiller du roi en ses Conseils d'État et privé, bailli et gouverneur des villes et châteaux de Bourbon-Lancy et Marcigny, lieutenant général de Sa Majesté en la province de Bourgogne, chevalier d'honneur du Parlement de Dijon, et de Françoise Jacquot de Mypont. Il laissa pour enfants :
1° Gaspard II, qui suit, baptisé à Ligny-en-Brionnais le 24 janvier 1664 (Voir notes et pièces justificatives) ;
2° Bertrand de Vichy, chevalier de Malte, reçu le 26 janvier 1685 (Vertot, tome VII, page 165), dit le chevalier de Chamron, lieutenant général au régiment Dauphin, tué au siège de Mayence en 1689 ;
3° Antoinette de Vichy ;
4° Françoise de Vichy ;
5° Anne de Vichy ;
6° N*** de Vichy ;
7° N*** de Vichy. (M. de Courcelles écrit : Deux de ces sœurs furent mariées, les trois autres furent religieuses. Le manuscrit Cucherat indique trois filles religieuses à la Visitation de Paray-le-Monial, sous les noms de Mesdames de Vichy, de Chamron et de Villeret, et une fille religieuse au prieuré de Marcigny. Nous n'avons pu faire la lumière sur ce point ; mais nous inclinons à croire qu'il convient d'adopter la version dudit manuscrit, qui spécifie les noms des demoiselles de Vichy et les monastères où les quatre sœurs firent profession).
Le 10 mai 1673, par François-Hilaire de Nazarier, son procureur spécial, sieur de La Fayolle, Gilbert de Vichy fit reprise de fief et donna le dénombrement du comté de Chamron et seigneuries de l'Étang et Villeret, en ce qui est situé en Bourgogne, le surplus en Lyonnais, à lui donnés par donation entre vifs, à cause de mariage, par Gaspard de Vichy et Hilaire d'Albon, ses père et mère. Le château de Chamron est situé à Ligny-en-Brionnais (Mâconnais), et ceux de l'Étang et Villeret en la paroisse de Saint-Julien-de-Cray (Lex, page 88).
XVI. GASPARD DE VICHY, IIe du nom, marquis de Chamron, seigneur de Chevenizet, l'Étang, etc., servit avec distinction, pendant vingt-trois ans au moins, dans la gendarmerie. Page du roi en la grande écurie, il traita, en février 1683, du guidon des gendarmes écossais avec le comte d'Onseigne, frère du marquis de Rivarolles ; peu après, il acheta la lieutenance de la compagnie, qu'il ne quitta qu'après plusieurs années ; il la remit alors au marquis de La Borde, son beau-frère, qui ne la garda qu'un an, ayant été tué à la bataille de Spire. Enfin, il fut, par brevet, capitaine lieutenant des gendarmes du Berry. Il épousa à Dijon, le 19 février 1690, Anne Brulard de La Borde (Brulart : De gueules, à la bande d'or chargée d'une traînée de 5 barillets de poudre, de sable, 3 au dessus et 2 dessous), fille de Nicolas, chevalier, conseiller du roi en tous ses conseils, premier président au Parlement de Bourgogne, marquis de la Borde, baron de Sombernon, de Couches et de Malain, seigneur de Sainte-Marie-sur-Ouche et Savigny, et de Marie de Bouthillier-Chavigny (D'azur, à 3 fusées d'or accolées en fasce). Il fut inhumé le 6 décembre 1736 (Registres de catholicité de Ligny-en-Brionnais. L'acte de sépulture lui donne 76 ou 77 ans, mais il n'avait en réalité que 72 ans), à Ligny-en-Brionnais, en présence de MM. Vauban de Busseul, de la Queuille et Tenay de Saint-Christophe. Il avait fait son testament olographe le Ier août 1728. Les 13 avril 1690, 27 février 1704, il avait fait reprise de fief et donné dénombrement des comté de Chamron, seigneuries de Villeret et l'Étang, Chevenizet, en Charollais, Estiengues, en Beaujolais, et Boischevenoux (Saint-Julien-de-Jonzy), à lui donnés par Gilbert de Vichy et Madeleine d'Amanzé, ses père et mère, en son contrat de mariage, reçu Jarry, notaire à Dijon, le 19 février 1690 (Lex, page 88. Voir aussi inventaire des Archives départementales de Saône-et-Loire série E, 603). En 1702, il écrivait une curieuse lettre, que nous reproduisons plus loin, voir aux notes et pièces justificatives. Du mariage de Gaspard de Vichy et Anne Brulart sont venus cinq enfants :
1° N*** comte de Vichy, né le 26 janvier 1692, mort le 22 mars suivant (M. de Courcelles n'en fait pas état. Voir aux notes et pièces justificatives) ;
2° Gaspard, qui suit, baptisé le 29 août 1699 (Voir aux notes et pièces justificatives) ;
3° Nicolas de Vichy, abbé commendataire de Saint-Calais, dans le Maine, puis vicaire général de l'archevêché de Rouen, et trésorier de la Sainte-Chapelle, vivant encore en 1744 ; il serait né vers 1704 ;
4° Marie de Vichy, qui épousa Jean-Baptiste, marquis du Deffend (Du Deffend : D'argent, à la bande de sable, accompagné d'une merlette de même), marquis de la Lande, maréchal de camp, colonel de dragons, lieutenant général au gouvernement d'Orléanais, née en 1697, morte le 24 septembre 1780 ; c'est la célèbre marquise du Deffend ;
5° Anne de Vichy, qui épousa à Ligny, le 30 juillet 1724, Jean-François de Suarez (de Suarez : D'azur à une tour d'argent ouverte de sable, surmontée d'une aigle couronnée d'or), marquis d'Aulan, noble d'origine espagnole, dont postérité. Elle était née le 28 février 1706 (Registres de catholicité de Ligny-en-Brionnais).
Anne Brulart, marquise de Vichy-Chamron, était morte à Paris de la petite vérole, à la fin d'octobre 1711. Peu après sa mort, le 16 novembre 1711, par-devant Charles-Denis de Bullion, Garde de la Prévôté de Paris, à l'audience-civile du Châtelet de Paris, se réunirent les parents et amis de Gaspard, âgé de 11 ans, Nicolas, âgé de 7 ans, Marie, âgée de 14 ans, et Anne, âgée de 5 ans, tous enfants du marquis de Vichy et d'Anne Brulart, pour la nomination de tuteur et de subrogés-tuteurs. Présents : le marquis de Chamron, père ; dame Marie Bouthillier, veuve en dernières noces de César-Auguste de Choiseul, et en premières noces de Nicolas Brulart, marquis de Sombernon, aïeule ; Henri-Louis de Loménie, comte de Brienne, époux de Jacqueline Brulart ; Jacques-Léon Bouthillier, chevalier, marquis de Chavigny, cousin ; Louis Bouthillier, marquis de Ville-Savin, etc., cousin ; François-Éléonor de Dio (De Dio-Montperroux : Fascé d'or et d'azur de 6 pièces, et une bordure de gueules), marquis de Montperroux, cousin ; Charles-Emmanuel de Vieuxville, comte de Vienne, cousin ; Jean-Aymard de Nicolay, marquis de Goussainville, cousin ; Urbain Le Goux de la Berchère, marquis de Fontenant, baron de Thoisy, cousin ; Paul de Freulet, cousin ; François de Clermont-Tonnerre, évêque de Langres, pair de France, allié ; Nicolas Le Camus, chevalier ; tous comparant par Me Mathieu de Paris, leur procureur, suivant procuration passée Viellard et Le Chanteur, notaire à Paris. Ils nomment pour tuteur Gaspard de Vichy, père ; et pour subrogés-tuteurs la duchesse de Choiseul et Denis-François Bouthillier de Chavigny, évêque de Troyes. Tous acceptent, et prêtent serment le 12 décembre 1711. Sept jours après, le 19 décembre 1711, à l'audience du Parc civil du Châtelet de Paris, le marquis de Vichy-Chamron demande la garde noble de ses enfants plus haut dénommés, ce qui lui est octroyé (Ce qui précède est l'analyse d'un acte ancien, grosse en papier collationné aux originaux en parchemin, dont nous avons eu copie).
XVII. GASPARD DE VICHY, IIIe du nom, comte de Chamron, seigneur de l'Étang, Villeret, etc., embrassa, comme plusieurs de ses ancêtres, la carrière des armes, où il se distingua. Grièvement blessé en Bohême, il dut rentrer en France en juillet 1741. Il reçut le brevet de maréchal de camp le 20 février 1743 ; mais l'état de sa santé l'obligea d'abandonner le service actif et de se démettre de sa brigade. Il avait épousé, le 18 novembre 1739, Marie-Camille-Diane-d'Albon-Saint-Marcel, fille de Claude, comte d'Albon, et d'Hilaire-Julie d'Albon. Marie-Camille-Diane d'Albon fut inhumée en la chapelle de Chamron, « attachée à l'église paroissiale de Ligny », le 4 juillet 1773. Huit ecclésiastiques assistèrent à ses funérailles. Le comte de Chamron, mort le 16, fut inhumé le 17 juin 1781, dans le cimetière de la paroisse de Ligny, au midi de la chapelle de Chamron. Dix-neuf ecclésiastiques assistaient à la cérémonie funèbre (Registres de catholicité de Ligny-en-Brionnais). Le 16 juillet 1737, il avait fait reprise de fief du comté de Chamron, en qualité d'héritier, par bénéfice d'inventaire, de Gaspard de Vichy, son père, suivant son testament olographe du 1er août 1728, souscrit le même jour, et déposé à Le Chanteur, notaire, le 10 décembre 1756 ; et les lettres dudit bénéfice d'inventaire, obtenues par lui en la chancellerie du Palais, à Paris, le 3 avril 1737, entérinées le 5 (Lex, pages 88 et 89). Le 5 mars 1755, il avait fait reprise de fief des seigneuries de Montceaux-l'Étoile, Verdet et Versaugues, comme acquéreur de Gilbert Perrin, écuyer, demeurant à Semur-en-Brionnais, par acte reçu Joly, notaire à Saint-Maurice-les-Châteauneuf, le 14 janvier 1755 (Ibid., p. 168. Voir, page 11 : Notice sur le fief du Lac-les-Anzy, brochure in-8° de 16 pages, extraite des Mémoires de la Société éduenne. Nouvelle série, tome XXXI, Dejussieu, imprimeur. Voir aussi aux Inventaires des Archives départementales de Saône-et-Loire, série E, 603. Voir enfin aux notes et pièces justificatives divers détails complétant le présent article). Les enfants de Gaspard de Vichy et de Marie-Camille-Diane d'Albon furent :
1° Abel-Claude-Marie-Marthe, qui suit. Ondoyé le 9 novembre 1740, il ne fut baptisé que le 30 juillet 1742, à Ligny ;
2° Alexandre-Mariette de Vichy, né le 21 avril 1743. Des lettres de famille lui donnent le titre de vicomte. Il vécut presque toujours séparé des siens, auxquels il causa de grands chagrins en raison de sa conduite. Il mourut à Roanne, à l'âge de 25 ans ;
3° Anne-Camille de Vichy, né le 20 mai 1745 (M. de Courcelles donne le millésime de 1748), capitaine de cavalerie, qualifié vicomte, mort célibataire à Roanne.
XVIII. ABEL-CLAUDE-MARIE-MARTHE DE VICHY, comte, puis marquis de Vichy, connu en Brionnais sous le nom de marquis de Vichy-Montceaux, et qui ne signait invariablement qu'Abel de Vichy, est qualifié officier supérieur de gendarmerie ; il fut, en effet, guidon des gendarmes de Bourgogne, puis des gendarmes de Berry. En 1785, faisant valoir ses connaissances en histoire naturelle et notamment en chimie, - il s'était livré pendant plus de vingt ans à l'étude de ces sciences, - il demanda à prendre part, comme volontaire, à l'expédition de La Pérouse, mais sa demande ne fut pas agréée. Pendant la période révolutionnaire, on le voit à Montceaux-l'Étoile procureur de la commune ; puis, se souvenant qu'il avait été officier, il va à Lyon prêter à Précy le concours de son épée. Il figure à la page 124, comme victime de la Révolution, sous la rubrique : Vichy Abel-Claude, ex-noble, natif de Lyon (sic), dans l'ouvrage intitulé : Liste générale des Contre-révolutionnaires mis à mort à Commune-affranchie, d'après les jugements rendus par le Tribunal populaire, la Commission militaire et la Commission révolutionnaire, depuis le 21 vendémiaire jusqu'au 17 germinal de l'an II - 12 octobre 1793 - 6 avril 1794 - de la République. A Commune-affranchie, chez le citoyen Destéfanis, imprimeur aux halles de la Grenette, 2e étage, l'an II (Ce nécrologe donne la chair de poule : le livre comprend 128 pages ; il y a environ 15 noms à la page, ce qui donnerait 1920 exécutions en 176 jours, soit à peu près 11 par jour. J'y vois Clessé, de Paray ; Cudel-Moncolon, de Marcigny ; Launay, domestique du nommé Vichy ; Meilleran, de Semur, domestique de Précy ; Muzy, de la famille des seigneurs de l'Hôpital-le-Mercier ; Ravier, du Magny ; Romany, domestique de M. de Vichy. Il y a des prêtres, des religieuses, des personnes de tout âge et de toute condition. Voir, page 500, la relation de la capture et de la mort du marquis de Vichy-Montceaux).
Ce n'est pas dans une étude du genre de celle que nous écrivons qu'il convient de consigner les renseignements recueillis par nous sur le marquis de Vichy-Montceaux. Ils constitueraient un travail du plus haut intérêt, mais qui dépasserait les limites du cadre que nous nous sommes tracé. Pour avoir détails sur le marquis Abel de Vichy, on peut consulter, à l'hôtel Senecé, notre monographie manuscrite de Montceaux-l'Étoile, aujourd'hui propriété de l'Académie de Mâcon. Disons seulement que M. de Vichy épousa le 26 novembre 1764, Claude-Marie-Joseph de Saint-George (Saint-George : D'argent, à la croix de gueules. Devise : Nititur per arua virtus), dont les ancêtres avaient été seigneurs de Montceaux, fille de Claude-Marie, comte de Saint-George, chevalier, seigneur d'Estiengues, Cours et dépendances, capitaine au régiment d'?, et de Marie-Cécile d'Amanzé (D'Amanzé : de gueules, à 3 coquilles d'or), damoiselle dame de Chauffailles. L'inventaire des Archives départementales de Saône-et-Loire contient quelques indications intéressantes : acquisition des terriers de l'ancien chapitre collégial de Semur-en-Brionnais, moyennant 18.000 livres, par Abel-Claude-Marie de Vichy ; et l'énumération suivante, qui donne bien une idée du train princier de sa maison : Gages des gens du marquis de Vichy, savoir : l'aumônier, 365 livres ; le maître d'hôtel, 600 livres ; le valet de chambre, le régisseur et le cuisinier, 300 livres chacun ; une gouvernante, 350 livres ; une nourrice, 200 livres ; un laquais, 120 livres ; un cocher et un chasseur, 150 livres chacun ; un postillon et un jardinier, 120 livres chacun ; un suisse, 168 livres (Série E, 603). La marquise de Vichy mourut le 26 janvier 1775 et fut inhumée le 28, derrière le chœur de l'église de Montceaux-l'Étoile. Sur l'enduit extérieur des murs de cette église, on voit encore la trace de la litre funèbre qui y fut peinte à l'occasion de ses obsèques (Voir pages 17-18 la notice sur les Saint-George, extraite des Annales de l'Académie de Mâcon. Mâcon, Protat, 1898). Elle avait donné le jour à deux fils, nés l'un et l'autre au château de Chamron, à Ligny-en-Brionnais :
1° Abel-Claude-Georges-Cécile de Vichy, qu'on trouve aussi prénommé Abel-Claude-Cécile-Goërich, né le 23 octobre 1765 (Voir aux notes et pièces justificatives). Il fut maire de Montceaux-l'Étoile (1804-1821), et on le voit, en 1829, député et lieutenant de louveterie. M. Ginet-Donati possède un buste, malheureusement d'assez mauvaise facture, de ce fils aîné du marquis de Vichy-Montceaux. Il avait épousé Sophie-Catherine Theinlot, née à Moulins le 14 août 1802, de 37 ans plus jeune que son mari, morte à Marcigny le 18 mai 1843. Devenu veuve, elle s'était remariée à Edouard Duchemin. Enfin, on sait que M. de Vichy, avec Berchoux et les Perrin de Précy, fut souvent l'hôte de la marquise Larcher d'Arcy (Voir, page 32, la notice sur les Perrin, extraite des Annales de l'Académie de Mâcon. Mâcon. Protat, 1903). M. Ginet-Donati possède aussi un très beau buste de Berchoux.
2° Gaspard-Félix de Vichy, né le 27 janvier 1767, sur lequel rien n'est venu à notre connaissance. Nous savons seulement qu'il eut pour parrain son aïeul paternel, et pour marraine Claudine-Marie de Saint-George, veuve du marquis d'Agrin.
Suivant l'usage du temps, le marquis de Vichy-Montceaux fut parrain de plusieurs enfants ; lorsque j'habitais Montceaux-l'Étoile (1870-1877), j'ai connu nombre d'anciens prénommés Claude-Marie-Abel, d'autres simplement Abel : tous me disaient qu'ils avaient eu pour parrains des filleuls de l'ancien seigneur.
SEIGNEURS DE LUZILLAT, BERBIZY, etc., SEIGNEURS D'AGENCOURT, LA BUSSIÈRE, DYOMBES, SAIGNY, etc.
Ces deux branches, que nous allons étudier successivement, ont pour souche commune Carados Ier de Vichy et Marguerite de la Mer-Matha.
I. SEIGNEURS DE LUZILLAT, BERBIZY, etc.
IX. JEAN DE VICHY, Ier du nom, écuyer, seigneur de Luzillat, Marols et Vandègre, terres qu'il avait eues en partage dans la succession de son père, était le 2e fils de Carados Ier de Vichy, et de Marguerite de Mer-Matha. Il aurait été marié deux fois : 1° en 1485 à Madeleine de Rollat, fille de Vassaut de Rollat, chevalier, baron de Châtelmontagne et premier baron du Bourbonnais, et de Jeanne de Mailly ; (Manuscrit Cucherat), 2° et le 4 septembre 1491, à Antoinette de Polignac, qui reçut en dot 16.000 livres, et un don de 3000 livres d'Anne de France, duchesse d'Auvergne et de Bourbonnais, présente au contrat (Généalogie de M. de Courcelles). Par son testament du 8 novembre 1510, on voit qu'il eut pour enfants, entre autres :
1° Gaspard, qui suit ;
2° Jean de Vichy, abbé de Moutier-Neuf, en Poitou, puis prieur de Sainte-Croix-de-la-Voûte, mort en odeur de sainteté ;
3° Anne de Vichy, sur laquelle rien n'est venu à notre connaissance ; nous savons seulement qu'elle vivait encore lors du mariage de son frère (1611).
X. GASPARD DE VICHY, écuyer, seigneur de Luzillat, Marols et Vandègre, épousa, le 8 mars 1511, Françoise de Viliatte de Jonchières, fille d'Antoine, chevalier, seigneur de Jonchières, Meyrone et Pradelle. Il fut tuteur onéraire des enfants de François de la Tour, vicomte de Turenne, son cousin, par le commandement de François Ier roi de France, comme il appert par procuration du 16 juin 1538. Les lettres patentes du roi sont aux archives du château de Berbizy.
(*) M. de Courcelles ne donne que la seconde femme. Quant à Madeleine de Rollat, il écrit que des mémoires de famille la donnent pour seconde femme à Antoine de Vichy, premier fils de Carados Ier et frère de Jean de Vichy-Luzillat. Cependant, le manuscrit Cucherat est très affirmatif. On a vu qu'Antoine de Vichy n'aurait eu qu'une femme, Germaine de Montagny.
Ses enfants furent :
1° François, qui suit :
2° Gaspard de Vichy, mort sans postérité ;
3° Françoise de Vichy, mariée, le 22 janvier 1550, à François de Machat, dit de la Méchaussée ;
4° Catherine de Vichy, mariée en 1567, à Geoffroy de Pompadour, dont la maison a fini dans celle de Hautefort.
XI. FRANÇOIS DE VICHY, chevalier, seigneur de Luzillat, Marols et Vandègre, fut un des hommes de la compagnie d'ordonnance d'Antoine, roi de Navarre. Il épousa, le 22 septembre 1558, Françoise de Langheac, dame de Berbizy, par substitution d'Agnès de Berbizy, son aïeule. Françoise de Langheac était fille de Pierre, baron de Cusset, Chastreix et Berbizy, et de Gilberte de Rochedragon. Elle testa le 14 juillet 1584. De leur mariage issurent entre autres :
1° Carados de Vichy, chevalier, seigneur de Luzillat, Marols et Vandègre, qui épousa, le 30 août 1588, Anne de Guilhot de Ferrières, fille de Guillaume et d'Anne du Mayne. Devenu veuf, il se remaria, en 1598, à Huguette de Bargot. Ses enfants furent, du premier lit :
a. Philibert de Vichy, chevalier, seigneur de Luzillat, qui épousa, en 1620, Hélène de Pompadour, dame de Château-Beuchet, la Cosse et Blanchefort, fille de Jacques et d'Hélène Joussineau de Freyssinet. Etant mort sans postérité, Anne, Diane et Marie de Vichy, ses sœurs, recueillirent ses biens ;
b. Gabriel de Vichy, vivant en 1611, sur lequel nous ne savons rien, mais qu'il ne faut pas confondre avec le suivant (XIV).
c. Anne de Vichy, mariée le 9 mai 1606, à François de Reclesnes, seigneur de Lyonne et de Lunelle, et en secondes noces à Gabriel de la Salle du Chalar, seigneur du Val, fils d'Antoine, écuyer, et de Philiberte de Bonnefoux ;
d. Diane de Vichy, épouse de Gaspard de La Forest-Bullion ; et du second lit :
e. Marie de Vichy, vivante en 1611 ;
2° François-Samuel, qui suit;
3° Claude de Vichy, vivant en 1584, année du mariage de sa sœur Gilberte ;
4° Françoise de Vichy, idem ;
5° Gilberte de Vichy, mariée le 3 février 1584, à Louis de la Chassagnole, seigneur d'Anvaux ;
6° Anne de Vichy,
7° Suzanne de Vichy,
toutes deux légataires de leur mère en 1584.
XII. FRANÇOIS-SAMUEL DE VICHY héritier de sa mère en 1584, seigneur baron de Berbizy et de Chastreix, gentilhomme ordinaire de la maison du prince de Condé, épousa le 27 septembre 1600, Mathieue de Lastic, fille de Jean, seigneur de Gabriac, et de Gabrielle de Lugans. Ils eurent pour enfants, entre autres :
1° Jean II, qui suit ;
2° Gabrielle de Vichy, mariée en 1612, à François de Bénavent, seigneur de Savignac, baron de Mels (La date de 1612 est assurément erronée, puisque le mariage des père et mère de Gabrielle de Vichy est de 1600) ;
3° Anne de Vichy, vivante en 1611.
XIII. JEAN DE VICHY, IIe du nom, chevalier, baron de Berbizy, épousa le 27 avril 1645, Michelle de Guérin de Lugeac, fille d'Yves, baron de Lugeac, et de Jeanne de Bayard. De ce mariage issurent :
1° Gabriel, qui suit ;
2° Trois filles, religieuses à Laval-Dieu ;
3° Hilaire, mariée à Gabriel de Bosredon.
XIV. GABRIEL DE VICHY, chevalier, baron de Berbizy, épousa le 14 décembre 1682, Marie-Anne de Langheac, fille de Gilbert, comte de Dalet, et de Gilberte d'Estaing. dont il eut :
1° Gilbert, qui suit ;
2° Roch de Vichy, chanoine-comte de Brioude en 1718 ;
3° Et cinq filles, toutes religieuses à la Vandière, près Brioude.
XV. GILBERT DE VICHY, chevalier, baron de Berbizy, page de la grande écurie du roi, épousa le 22 novembre 1711, Louise-Philiberte de Thélis. II mourut à 60 ans, en 1744. Ses enfants furent :
1° Barthélémy, qui suit ;
2° Gilbert-Barthélémy, qui viendra après son frère ;
3° Louis-Charles de Vichy, né en 1728, officier, chevalier de Saint-Louis, mort en émigration ;
4° Trois filles, dont deux entrées en religion.
XVI. BARTHELEMY, comte de Vichy, chevalier, seigneur de Vervasse, Condat, Pissy, Courtreix, etc., né en 1716, capitaine au régiment de Cambrésis, épousa en 1743, Jeanne-Huguette de Tana, d'ancienne noblesse piémontaise. Ils eurent pour descendants :
1° Gilbert de Vichy, né en 1744 ;
2° Une fille née en 1745.
XVII. GILBERT-BARTHELEMY, comte de Vichy, frère du précédent, capitaine au régiment de Poitou, chevalier de Saint-Louis, épousa Jeanne de Surel de Monchamp dont il eut :
1° Roch-Étienne, comte de Vichy, pair de France, Conseiller d'État, dernier prieur d'Anzy-le-Duc avant la Révolution. Né au château de Paulhagnet en Velay, le 7 juillet 1753, Roch-Étienne de Vichy embrassa la carrière militaire, où s'étaient illustrés tant de membres de sa famille : successivement sous-lieutenant (1772), puis lieutenant (1778), au régiment de Picardie, il entra cette même année à Saint-Sulpice où il fit ses études théologiques. Il fut abbé commentaire de Saint-Ferme, au diocèse de Bazas, prieur d'Anzy-le-Duc, aumônier de la reine Marie-Antoinette. Il émigra en Bavière, remplit pendant quelques mois, à Montceaux-l'Étoile (septembre 1803 - janvier 1804), une partie des fonctions curiales, alors qu'il était retiré au château des Vichy, devint aumônier de Mme Royale, fut nommé à l'évêché de Soissons, dont il ne prit pas possession, puis à l'évêché d'Autun, siège qu'il occupa pendant douze ans (Comme seigneur et baron d'Anzy-le-Duc, il avait passé un bail peu avant la Révolution, Archives départementales de Saône-et-Loire, Série E, 603). Il mourut à Paris dans sa 76e année, le 3 avril 1829, et selon le désir qu'il en avait exprimé, et rappelé dans son épitaphe composée par Mgr Devoucoux, il fut inhumé dans la cathédrale. J'ai vu autrefois, au petit séminaire de Semur, un bon portrait du prélat (Pour plus de détails sur Mgr de Vichy, consultez notre Monographie manuscrite de Montceaux-l'Étoile, aujourd'hui propriété de l'Académie de Mâcon). Etant évêque, « voulant rappeler le souvenir du prieuré d'Anzy dont il a été autrefois le dernier titulaire, et donner aux habitants de cette paroisse une preuve de rattachement qu'il leur a conservé, il fonda par acte du 28 septembre 1824, autorisé par ordonnance royale du 15 décembre de la même année, en faveur des desservants successifs d'Anzy, une rente de 200 francs sur l'État, à la charge de célébrer chaque année 52 messes basses aux intentions du fondateur (Le bienheureux Hugues de Poitiers, le Prieuré et les peintures murales d'Anzy-le-Duc, par F. Cucherat, p. 91) ».
2° Jean-Baptiste, comte de Vichy, né le 14 décembre 1758, capitaine au régiment de La Fère, émigré, fit les campagnes à l'armée des Princes et à l'armée de Condé, prit du service en Bavière, et mourut chambellan et officier des gardes du roi Maximilien ;
3° Jeanne-Antoinette de Vichy, religieuse.
II. SEIGNEURS D'AGENCOURT, LA BUSSIERE, DYOMBES, SAIGNY etc.
IX. Louis DE VICHY, écuyer, seigneur de Marigny en Charollais, était le troisième fils de Carados Ier de Vichy, et de Marguerite de la Mer-Matha. Il eut pour descendants :
1° Jacques, qui suit;
2° Louis de Vichy, seigneur de Marigny et de Bussières (De Bussières en 1516, Mémoires de la Société Éduenne, t. XI, 1882, p. 102 note. Autun, Dejussieu), protonotaire apostolique du Saint-Siège ;
3° Autre Louis de Vichy, seigneur de la Tranche et du Châtelet, époux de Jeanne de la Boutière, dont vinrent :
A. Fiacre de Vichy, seigneur de Nuits et de Châtelux, époux de Suzanne de Bousseval, dont :
a. Jean de Vichy,
b. Félix de Vichy,
c. Claude de Vichy,
c. Madeleine de Vichy,
tous mineurs en 1574 ;
B. Jacques de Vichy, écuyer, seigneur de la Boutière, époux de Philiberte de Jouancey, dont :
a. Françoise de Vichy, épouse de François de Chargères ;
b. Edmée de Vichy, épouse de François du Crest de Chigy ;
C. Philippe de Vichy, écuyer, seigneur de Châtelux et de la Bussières, homme d'armes de la compagnie de M. de Tavannes (De la Bussière en 1523. Mémoires de la Société Eduenne, t. XI, 1882, p.102. Antérieurement on trouve Charles de Vichy, en 1440, 1474, 1479, 1503. Ibid. Serait-ce Charles de Vichy, n°4, ci-dessus ?).
D. Madeleine de Vichy, Guillemette de Vichy, vivantes toutes deux en 1536.
4° Charles de Vichy, marié vers 1495, à Louise de Savoisy fille d'Henri et de Jeanne de Martigny.
X. JACQUES DE VICHY, seigneur d'Agencourt, près de Nuits, écuyer, épousa Catherine de Saulgnier, suivant M. de Courcelles, Catherine Faulquier de Marigny selon le Manuscrit Cucherat, et aurait eu pour enfants :
1° François, qui suit ;
2° Etienne de Vichy, vivant en 1504 (M. de Courcelles) ;
3° Étiennette de Vichy, mariée à Philibert de Montrambert, écuyer (Manuscrit Cucherat).
XI. FRANÇOIS DE VICHY, écuyer, seigneur d'Agencourt, épousa Marie de Villers-Boncourt, dont issurent :
1° Claude, qui suit ;
2° Louis de Vichy, écuyer, vivant en 1554, auteur de la branche des Dyombes, que nous ne suivrons pas ;
3° Guillaume de Vichy, époux de Pernette des Arsurés, dont deux filles ;
4° Marie de Vichy, épouse de N*** de Jaillou, en Franche-Comté (M. de Courcelles).
Le Manuscrit Cucherat donne comme enfants :
1° Claude de Vichy ;
2° Louis de Vichy ;
3° François de Vichy ;
4° N*** de Vichy, épouse de Louis de Chaucourt ;
5° Catherine de Vichy, religieuse à l'abbaye de Molaise en 1538.
XII. CLAUDE DE VICHY, écuyer, seigneur d'Agencourt, de Prémeaux et Dyombes, servit au ban et arrière-ban de Bourgogne, avec Louis, son frère, en 1554. On le voit siéger aux États de cette province en 1566. Epoux de Gabrielle de Chissey, il laissa comme enfants :
1° Guillaume, qui suit ;
2° Joachim de Vichy, époux d'Anne de Culz, dont une fille unique : Isabelle mariée à Thomas de Lezay, chevalier, seigneur de Marnézia ; Joachim de Vichy fut seigneur de Dyombes.
XIII. GUILLAUME DE VICHY, écuyer, seigneur d'Agencourt, épousa, dans les dernières années du XVII° siècle, Anne-Denise d'Ugny, dont issurent :
1° Charles, qui suit ;
2° Antoine de Vichy, seigneur de Saint-Armand, époux de Anne de Chandon.
XIV. CHARLES DE VICHY, Ier du nom, écuyer, seigneur d'Agencourt et de Saigny, en partie, épousa, le 1er août 1633, Gabrielle Morot de Grésigny et eut entre autres :
XV. CHARLES DE VICHY, IIe du nom, écuyer, seigneur de Saigny, qui épousa Philiberte de Haranguier, dont vint :
XVI. CHARLES-CLAUDE DE VICHY (2 décembre 1738-1821), chevalier de Saint-Louis, émigré. Il prit sa retraite de colonel après trente-quatre ans de services.
Le Manuscrit de M. Cucherat, par un auteur anonyme (que nous soupçonnons fort être M. Potignon de Montmegin), contenait encore de nombreuses indications que nous n'avons pas utilisées, ne pouvant rattacher avec certitude à ce travail plusieurs des Vichy qui y étaient mentionnés.
NOTES A LIRE.
I. UNE EXCURSION À LIGNY-EN-BRIONNAIS : À l'église.
On a vu, par les pages qui précèdent, que les registres de catholicité de Ligny-en-Brionnais m'ont fourni de nombreuses et intéressantes indications. Je fus dans cette commune, il y a quelque trente ans - c'était le 3 novembre 1887 - par une froide journée, et sombre aussi. Après avoir pris tous les renseignements que pouvaient m'offrir les anciens registres, je fis un pieux pèlerinage à l'église que je ne connaissais pas, mais que je savais pleine des souvenirs des Vichy. Elle est romane et paraît dater du XIIe siècle ; la chapelle des seigneurs, de style ogival, ne manque point d'élégance et est située du côté de l'Épître. De cette chapelle on a vue sur le sanctuaire par une espèce de petit couloir, à hauteur d'œil lorsqu'on est assis ou à genoux, pratiqué dans l'épaisseur du mur, et dont la-face antérieure représente une fenêtre en accent circonflexe, avec des choux, pilastres et ornements gothiques d'assez bonne facture et d'un bel effet. Cette chapelle ma paru postérieure de trois ou quatre siècles à l'église. Les petites filles des écoles ont fait leur cet ancien témoin des seigneurs hauts justiciers : c'est dans cette chapelle qu'elles prennent place aux offices des dimanches et jours de fêtes. Le maître-autel, qui semble être en marbre de Gilly-sur-Loire, comme celui de l'église de Montceaux-l'Étoile, et sans doute érigé vers la même époque, porte, sculptées en relief, sur la face du côté de l'Épître, les armes de la maison d'Albon, et sur la face du côté de l'Evangile, les armes de la maison de Vichy [Le maître-autel, à Montceaux-l'Étoile, porte les armes des Saint-George (Épître) et celles des Vichy (Évangile)]. Sur la face antérieure, on remarque deux cartouches superposés. Dans celui de dessus, se lit l'inscription suivante :
D D D
M C D
DALBON
D D
D
et sur celui de dessous le millésime :
1773
Les abréviations sont transparentes ; évidemment il faut lire :
Domino Deo dedicavit
Marie-Camille-Diane
d'Albon
Domino Deo dedicavit.
L'autel a été érigé en 1773, c'est-à-dire l'année même du décès de Diane d'Albon (4 juillet 1773) ; mais cette érection a-t-elle précédé ou suivi le décès ? Est-ce la comtesse qui a fait placer cet autel dédié au Seigneur Dieu, ou bien M. de Vichy, en souvenir de son épouse défunte ? L'inscription étant insuffisante à nous fixer, nous inclinons pour cette dernière hypothèse, car assurément la comtesse n'eût point manqué de rappeler, dans l'inscription, le nom de son mari. Çà et là, des statues de saints, en bois, très antiques, curieux échantillons légués par les siècles disparus.
À la clef de voûte, les armes des Vichy, mais aux trois-quarts masquées par un crampon plat en fer, qui supporte un lustre vieillot, bien terni et bien laid, aux cuivres sans couleur et aux verroteries poussiéreuses. Deux jolis reliquaires, vraisemblablement donnés par les seigneurs, sont sur des consoles en pierre, fixées dans les murs du chœur, de chaque côté du maître-autel.
Je remarquai enfin l'inscription tombale de Gaspard de Vichy et de très vieux tableaux. Ils m'ont paru de la même facture que ceux donnés à l'église de Montceaux et n'avoir guère d'autre mérite que celui de leur ancienneté. L'un deux cependant, bien dessiné et bien peint, placé dans la chapelle des Vichy, a retenu mon attention : il représente la Sainte-Vierge, l'Enfant-Jésus et saint Jean-Baptiste. La Vierge, vue de trois quarts, a un visage de brune au nez long ; le Sauveur et le Précurseur se ressemblent : yeux vifs, chevelure abondante, blonde et soigneusement peignée. La tradition locale veut que ces trois personnages soient les portraits d'une dame de Vichy et de ses deux enfants ; et je pense que cette tradition est conforme à la vérité ; la dame de Vichy, qui figure la Sainte-Vierge, ne peut être que Madeleine d'Amanzé ou Anne Brulart, qui eurent chacune deux fils : la première, Gaspard et Bertrand de Vichy ; la seconde, Gaspard et Nicolas de Vichy.
Je visitai tout, longuement, comme sous le poids d'un certain serrement de cœur et d'une indéfinissable tristesse, auxquels cependant je me complaisais : l'église était sombre, plus sombre encore l'ancienne chapelle seigneuriale. Je pensais à la fragilité, au néant des choses terrestres ; et malgré cela, sous les arceaux, il me semblait voir défiler toute la lignée des Vichy : brillants chevaliers somptueusement vêtus, hommes d'épée avec leur puissante armure, prélats bénisseurs, abbés doux et tristes, religieuses sévères et roides, rieuses châtelaines, jeunes épousées chastes et timides et la spirituelle et aimable Julie de Lespinasse, qui a écrit certain jour : « J'aime pour vivre et je vis pour aimer » ; et enfin jusqu'à la figure grimaçante de cette sceptique et railleuse Marie de Vichy, marquise du Deffand, qui a tant fait parler d'elle.
Je voyais de longues théories d'abbesses et de nonnes en prières ; j'assistais à d'épiques tournois, à de sanglants combats ; dans mon imagination se déroulait tout un drame que terminait la mort tragique de l'infortuné marquis de Vichy-Montceaux (Voir aux Notes à lire, IV).
En dehors des vestiges qui subsistent au château de Chamron, et dont nous parlerons plus loin, Ligny n'a plus guère que son église qui lui rappelle les anciens seigneurs. Mais hélas ! il faudrait presque mettre au passé la phrase que je viens d'écrire ; en effet, depuis 1887, l'église a été bien transformée; il y a une sixaine d'années, on l'a restaurée, et quelle restauration ! On me dit que l'écusson armorié du monument funéraire des Vichy n'existe plus. L'inscription tombale se lit à peine : la plaque de cuivre a été vernie et revernie ; on a eu la prétention de lui donner l'aspect du bronze ; mais il y a des coulures et la plupart des lettres gravées sont engorgées et illisibles ; les murs de l'église, les nervures gothiques des chapelles sont badigeonnés ; on a posé une boiserie formant soubassement ; c'est du pitchpin verni et reluisant qui donne l'impression de ce qu'on rencontre dans les box d'écuries ou dans les bars de banlieue.
Quant aux vieux saints en bois, ils ont été vendus et remplacés par des statues peintes et dorées dans le style moderne : ils ne pouvaient décemment figurer dans une église restaurée comme il vient d'être dit. Encore un antiquaire qui a dû faire un bon marché !
II. UNE EXCURSION À LIGNY-EN-BRIONNAIS : À Chamron.
Deux châteaux, dans les temps anciens, existaient à Ligny : celui de l'Étoile et celui de Chamron.
Le premier est étranger à notre sujet : possédé par les Fougères et d'autres familles nobles, restauré depuis longtemps déjà, il a été rebâti sur les anciennes fondations et son aspect ne rappelle en rien celui des manoirs féodaux, si nombreux en Charollais et en Brionnais. Un parc l'entoure, dessiné à la moderne, et précédé d'un bois de chênes, qui offre un agréable but de promenade. Aux deux piliers du portail est gravée l'inscription : Mons caeli.
Quant au château de Chamron, longtemps propriété des Vichy (de 1373 à la Révolution), nous en pouvons donner une description sommaire d'après les Archives départementales de Saône-et-Loire (Série E, 603, n°14). C'était une maison forte, comprenant une grosse tour carrée, flanquée de droite et de gauche de deux vastes pavillons. Elle était entourée de fossés profonds, que l'on franchissait par un pont-levis. On y voyait deux grandes terrasses, l'une de côté de bise, l'autre de midi, un parterre, une volière d'oiseaux, un ruisseau serpentant dans le parc auprès du château et de longues allées en charmilles dont l'une menait à une antique chapelle.
Le personnel comprenait alors un aumônier, un régisseur, un maître d'hôtel, deux cuisiniers, quatre laquais, un cocher, deux postillons, deux secrétaires, une sous-gouvernante, etc.
La vente du mobilier, sous la Révolution, dura tout un mois et produisit la somme, considérable pour le temps, de 48.000 livres.
À Chamron, j'ai remarqué deux motifs de sculpture : le plus récent, une pierre rectangulaire, représente les armes des Vichy, avec leur devise : Tantum valet, quantum sonat. Au-dessous se voit l'inscription : AED. A. 1738, qui signifie : Aedificavit anno 1738.
Gaspard III de Vichy, comte de Chamron, s'étant marié en 1739 avec Diane d'Albon, nous inclinons à croire que cette pierre rappelle une restauration ou un agrandissement réalisé l'année qui précéda son mariage.
Le plus ancien motif offre l'écusson des familles de Vichy et de Montagny. Il porte en effet : Parti au 1er, de vair plein, qui est de Vichy ; au 2e d'azur, au lion d'argent, à la cotice de gueules brochante sur le tout, qui est de Montagny. Tenants : à dextre, un sauvage ; à senestre, un griffon.
Le tout fait partie d'un ensemble assez gracieux, formé de gorges et de moulures courant au-dessus et au-dessous du motif principal ; dans la gorge de la moulure supérieure, des feuilles recoquillées, en dehors des profils de moulures, datent suffisamment ce motif : il est bien de la fin du XVe siècle. Le griffon, rudement taillé, est d'un très bon travail, et m'a paru, comme exécution, bien supérieur au sauvage, que l'artiste du temps dut avoir eu bien de la peine à créer.
Dans la chapelle des Vichy, église de Ligny, les feuilles formant crochets, les choux frisés du pinacle semblent avoir été exécutés à la même époque, et sans doute par le même ouvrier.
Cette sculpture nous permet de fixer une époque intéressante pour l'histoire du château de Chamron ; les armes, plus haut décrites, sont celles d'Antoine II de Vichy, chevalier, seigneur de Chamron, et de Germaine de Montagny, qui furent mariés le 16 juin 1482 (On trouve aussi 1475).
Il nous est donc permis de supposer que l'ancienne maison forte de Chamron, dont l'existence remonte au moins à 1373, dut être restaurée ou reconstruite vers la fin du XVe siècle. Les seigneur et dame, voulant perpétuer le souvenir de cette réfection, auraient fait sculpter leurs armes près d'une des principales entrées de leur manoir.
On voyait autrefois, à l'intérieur des bâtiments, les restes d'une ancienne boiserie sculptée, avec ornements et rosaces ; dans la cour, parmi des débris de toutes sortes, on remarquait une clef de cintre, en pierre, provenant d'une ouverture, et sur laquelle était taillée une tête de femme. Ce motif datait du XVIIIe siècle.
Mais tout cela a disparu.
Dans l'inventaire des meubles de Chamron, dressé par Me Lechanteur, notaire à Paris, il est fait mention d'une « grande chambre carénée ». C'était probablement une vaste pièce voûtée en lambris, ayant la forme d'une carène de vaisseau, imitée de la grande salle du palais de Jacques Cœur, de Bourges.
La Société des Amis des Arts, de Charlieu, conserve de nombreux plans et devis dressés par Jérémie de la Rue, maître charpentier en cette ville, au temps du comte Gaspard de Vichy, pour son château de Chamron. [Recherches sur les de la Rue charpentiers de Charlieu et du Sud-Brionnais.]
Mais en fin de compte, le temps et les hommes ont à peu près achevé de tout détruire.
Les deux châteaux principaux des Vichy, dans notre région brionnaise, étaient Chamron et Montceaux-l'Étoile.
À Chamron, des constructions banales, fermes et bâtiments d'exploitation, indiquent seules l'endroit où s'éleva l'ancien manoir ; à Montceaux-l'Étoile, tout a disparu : on ne voit plus, à l'entrée du pré qui a remplacé le parc au centre duquel se trouvaient le château, l'orangerie et les jardins, que la Tour, monument bizarre édifié par le marquis de Vichy-Montceaux peu de temps avant la Révolution.
III. SOUVENIRS ATTACHÉS À CHAMRON : Mme DU DEFFAND, JULIE DE LESPINASSE.
Si l'on ne trouve plus trace du château de Chamron, on peut encore se promener dans les deux allées de charmilles, qui en partaient toutes deux pour aboutir à l'ancienne route de Saint-Julien-de-Cray à l'abbaye de Saint-Rigaud.
Au fond de la vallée, le moulin indiqué à la carte de Cassini existe toujours, de même qu'un vieux colombier en ruines, à l'extrémité d'une de ces allées. Quant à la chapelle, déjà antique quand fut établie la description du château (voir supra, p. 488), et à laquelle aboutissait l'une des « deux allées en charmilles », on n'en trouve plus trace.
Cette campagne reposante, ces « allées en charmilles », les noms mêmes des lieux et des anciens possesseurs rappellent inévitablement à l'esprit le souvenir de deux femmes dont la renommée, grande au XVIIIe siècle, n'est pas encore éteinte : Marie de Vichy, marquise du Deffand, et Julie de Lespinasse.
Combien de fois cette dernière, de 1748 à 1752, temps pendant lequel elle vécut à Chamron, elle avait alors de 16 à 18 ans, dut-elle venir se promener dans ces allées ombreuses, demandant à la solitude et à la paix de la campagne, l'oubli des peines et des ennuis auxquels elle était quotidiennement soumise chez la comtesse de Vichy ! Combien de fois dut s'y promener aussi Mme du Deffand, pendant ses apparitions à Chamron, berceau de sa famille ! (Certains biographes font naître Mme du Deffand à Chamron ; d'autres à Paris ; nous n'avons pas trouvé son acte de baptême à Ligny).
De Mme du Deffand (1697-1780), universellement connue, nous parlerons peu ; nous nous arrêterons davantage à sa nièce, Julie de Lespinasse.
Le mystère de la naissance de celle-ci a longtemps préoccupé les biographes : il est éclairci aujourd'hui. Entrons à ce sujet dans quelques détails.
Julie-Claude-Hilaire d'Albon, née et morte à Lyon (28 juillet 1695 - 6 avril 1748), que certains auteurs prénomment à tort Françoise, fut, par contrat du 10 février 1711, mariée, dans sa seizième année, à Claude, comte d'Albon, son cousin, né et mort à Roanne (25 juin 1687 - juillet 1772). De cette union naissent :
1° Marie-Camille-Diane (4 décembre 1716) ;
2° Une fille (6 janvier 1721) ;
3° Une fille (31 décembre 1721) ;
4° Camille-Alix-Éléonore-Marie (11 novembre 1724).
Peu après la naissance de ce fils, le ménage se désunit ; le comte d'Albon se retire à Roanne ; il y mène une vie solitaire et silencieuse. La comtesse, elle, restée seule à 30 ans, habite alternativement Lyon et son château d'Avauges. Rien n'a transpiré sur les causes et les circonstances de cette rupture ; mais du fait que la garde des enfants fut confiée à la mère, on peut logiquement conclure que les torts principaux, graves sans doute, doivent être imputés au mari.
Le 14 juin 1731, la comtesse d'Albon accouche d'un fils, auquel elle donne l'un des prénoms qu'elle porte elle-même : Hilaire (L'acte de baptême dit « Henri-Laurent-Hilaire-Hubert, fils de Jean Hubert, marchand, et de Claudine Blando », Paroisse Saint-Nizier, à Lyon). Ce fils, à 18 ans, entre au couvent des Cordeliers de Saint Bonaventure (1750), où il fait profession l'année suivante.
Qui fut son père ? Nous l'ignorons, et d'ailleurs ce détail importe peu à notre récit. Mais déjà sans doute, la mère a des relations avec Gaspard de Vichy, 3° du nom, né à Chamron en 1699.
Vingt mois plus tard, le 9 novembre 1732, elle met au monde une fille, qui, comme son frère Hilaire, est désignée dans l'acte de baptême sous un nom d'emprunt.
Cet acte, en effet (Registre de l'église Saint-Paul, à Lyon), la fait naître sous les prénoms et nom de Julie-Jeanne-Éléonore de Lespinasse, comme fille légitime de Claude de Lespinasse, bourgeois de Lyon, et de Julie Navarre.
Ce choix des prénoms donnés à l'enfant, ainsi qu'au père et à la mère fictifs est des plus suggestifs, et l'on ne peut nier qu'il indique clairement la véritable mère. Il en est de même du nom patronymique de Lespinasse : c'était en effet le nom d'une terre possédée par les d'Albon, dès le XVe siècle.
À cette date (1732), Gaspard de Vichy a 33 ans et la comtesse d'Albon 37 (M. de Ségur, Julie de Lespinasse, p. 13) dit qu'ils étaient « cousins, voisins et tous deux du même âge : l'un et l'autre, en effet, étaient nés en 1695 ». Cette indication est erronée : Gaspard III de Vichy fut baptisé le 29 août 1699, ainsi que nous l'avons rapporté ci-dessus, en outre, on a vu, que dans l'assemblée de famille tenue le 16 novembre 1711, pour la nomination d'un tuteur et de subrogés-tuteurs aux enfants de Gaspard II de Vichy, Gaspard III est déclaré âgé de 11 ans. En réalité il en avait 12 accomplis. Il ne comptait donc bien que 33 ans en 1732).
La paternité de Gaspard de Vichy ne saurait être révoquée en doute : on connaît l'intimité qui unit longtemps Mme Geoffrin à Julie de Lespinasse ; or Mme de la Ferté-Imbault, fille de Mme Geoffrin, qui avait reçu les confidences de Julie, écrit expressément, en parlant de l'ancienne commensale de sa mère : « Elle était la fille bâtarde du frère de Mme du Deffand et de la comtesse d'Albon » ; et ailleurs : « Elle était la nièce bâtarde de Mme du Deffand. »
Dans son Journal intime, le marquis de Vichy-Montceaux écrit cette phrase significative : « J'ai eu une longue conversation avec ma mère au sujet de Mlle de Lespinasse. Ce sont des horreurs. » (Cité par M. de Ségur, op. cit., p. 20.)
Sept ans après la naissance de Julie de Lespinasse, sa fille adultérine, Gaspard de Vichy devenait le gendre de son ancienne maîtresse, en épousant, le 18 novembre 1739, Marie-Camille-Diane d'Albon, fille légitime de Claude d'Albon et de Julie-Claude-Hilaire d'Albon ; l'épouse était alors dans sa vingt-troisième année, soit de dix-sept ans plus jeune que son mari. De cette union naissent, ainsi que nous l'avons dit :
1° Abel-Claude-Marie-Marthe (1740) ;
2° Alexandre-Mariette (1743) ;
3° Anne-Camille (1745).
Et alors, pendant le séjour de Julie de Lespinasse à Chamron (1748-1752), on a le singulier spectacle d'une famille ainsi composée : le comte de Vichy a pour belle-mère son ancienne maîtresse, dont il a épousé la fille légitime, Diane d'Albon ; celle-ci est la sœur légitime et la belle-mère de Julie, enfant adultérine, qui, par son père, lequel est en même temps son beau-frère, est à la fois sœur et tante d'Abel, Alexandre et Anne-Camille de Vichy.
Julie de Lespinasse eut toujours beaucoup d'affection, une affection que l'on peut qualifier de maternelle, pour son frère, le marquis de Vichy-Montceaux, ainsi que l'attestent nombre de lettres écrites par elle à ce dernier, et à lui adressées à Chamron, Paris et surtout Montceaux.
Dans cette correspondance, elle l'appelle souvent son neveu.
Celui-ci ne se montra point ingrat : un peu mystique, mais droit, loyal, sensible, de mœurs irréprochables, mesuré dans ses actes, il ne cessa de témoigner à Julie, une vive et profonde affection ; du jour où il connut la parenté inavouée qui l'unissait à elle, cette affection grandit encore : il vint voir sa sœur à Paris, lui amenant sa femme, ses enfants, prit vivement parti pour elle contre ses ennemis, et lorsqu'elle s'alita pour ne plus se relever, il s'installa à son chevet jusqu'à ce qu'elle eût rendu son dernier souffle.
Sa mère étant morte au mois d'avril 1748, c'est vers ce temps que Julie de Lespinasse vient résider à Chamron, où elle reste jusqu'en 1752. Elle y vit dans une condition voisine de celle de la domesticité, endurant de fréquentes humiliations, de continuelles vexations de la part de ceux qui avaient semblé d'abord l'accueillir avec joie.
Hélas ! elle était bien de la famille, mais on l'y considérait comme une intruse : ainsi que les d'Albon, les Vichy redoutaient toujours qu'elle arrivât à conquérir les droits et la situation d'enfant légitime.
On comprend à quelles tortures elle fut soumise, et combien dut souffrir cette jeune fille à l'esprit vif et éveillé, à l'âme ardente et impétueuse, cette déshéritée de la vie, nature romanesque et aimante, qui, au lieu de l'affection dont elle avait besoin, ne recevait quotidiennement que des rebuffades, des affronts, des témoignages d'antipathie, voire de haine.
Dans les divers séjours qu'elle fait à Chamron, Mme du Deffand remarque que Julie de Lespinasse paraît habituellement triste ; en même temps elle est frappée de sa grâce, de ses qualités d'esprit et de cœur. Et en 1752, la marquise, qui a 55 ans, et dont la vue commence à baisser, se décide à attirer à elle cette jeune fille de vingt ans ; elle fait part de ses projets à Julie, qui y souscrit avec joie et empressement. Mais il faut compter avec l'opposition des d'Albon et des Vichy ; les négociations sont longues et laborieuses ; de guerre lasse, Mlle de Lespinasse, vers la fin de l'année 1752, se rend à Lyon où elle séjourne jusqu'au mois d'avril 1754. Enfin, à cette date, elle peut rejoindre à Paris Mme du Deffand.
Pendant dix ans (1754-1764), elle est la commensale de la marquise ; elle exerce auprès d'elle les fonctions de lectrice, et ce n'est point une sinécure : il faut veiller à côté du lit de la marquise et lire jusqu'à ce qu'elle s'endorme, ce qui prend parfois la nuit entière ; à cette pénible tâche, Julie, naturellement délicate, gagne un épuisement de poitrine dont elle ne se remettra jamais.
Mme du Deffand, ayant fait ou à peu près du jour la nuit, et de la nuit le jour, ne se lève que fort tard et n'est guère visible que vers six heures du soir, En attendant que la marquise reçoive, Julie de Lespinasse, qui a su gagner les sympathies des habitués, qui a beaucoup d'instruction, d'esprit et de cœur, de vivacité et de tact, et qui demeure toujours brillante et aimable dans la conversation, préside elle-même les réunions littéraires.
Cette concurrence éveille la jalousie de la marquise : elle accuse Julie de lui soustraire ses amis ; elle crie à la trahison ; les choses s'enveniment à tel point qu'elle déclare, parlant de sa lectrice, ne plus vouloir « nourrir ce serpent dans son sein ».
C'est la brouille irréparable, la séparation définitive. Une tentative de rapprochement échoue ; Julie ouvre son salon rue Saint-Dominique, où la plupart de ses amis viennent la retrouver. On y voit tous ses fidèles : le président Hénault, Condorcet, Turgot, Marmontel, d'Alembert, la duchesse de Chatillon. Tous l'aiment parce qu'elle s'entend à merveille à présider, à diriger les discussions.
Dévouée aux Encyclopédistes, en relations avec tous les beaux esprits, toutes les célébrités philosophiques et littéraires du temps, elle exerce une influence prépondérante sur les élections académiques.
Nous ne parlerons pas, dans cette rapide esquisse, de la vie amoureuse de Julie ; cette passionnée a écrit : « J'aime pour vivre et je vis pour aimer. » Elle a aimé beaucoup, en effet, ainsi qu'en témoignent ses lettres, éditées à diverses reprises, notamment en 1809, 1811, 1847 et 1903, lettres auxquelles nous ne pouvons que renvoyer le lecteur, ainsi qu'au beau livre du marquis de Ségur : Julie de Lespinasse, Calmann-Lévy, édit.
Elle meurt à 44 ans, le 22 mai 1776, quatre ans avant la marquise du Deffand, qui, elle, s'éteint à 83 ans, le 24 septembre 1780.
À celle qu'en plusieurs de ses lettres elle appelle « ma reine », la marquise n'a jamais pardonné ; le jour même de la mort de Julie, elle écrit à Horace Walpole :
« 22 mai 1776. J'ai envie de vous écrire ; il me semble que je vous dois rendre compte de tout ce qui m'intéresse ; je ne sais pas trop pourquoi Mlle de Lespinasse est morte cette nuit, à deux heures après minuit ; ç'aurait été pour moi autrefois un événement : aujourd'hui, ce n'est rien du tout. » Deux jours après, elle écrit au même :
« 24 mai 1776. ... Il y a un nombre considérable d'affligés qui concourent d'intelligence à la célébrité de cette défunte ; il ne reste plus rien d'elle ni des siens dans mon voisinage ; je n'entendrai plus parler d'eux ; et bientôt, en effet, on n'en parlera plus...»
Et cependant, celle qui l'avait précédée dans la tombe s'était montrée plus généreuse pour la marquise ; jamais elle n'a parlé qu'avec une extrême réserve de Mme du Deffand pendant les douze années qui suivirent la rupture.
À l'acte d'inhumation de Julie de Lespinasse (23 mai 1776), figurent comme témoins : haut et puissant seigneur M. Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat de Condorcet, secrétaire de l'Académie des Sciences, et M. Jean d'Alembert, secrétaire perpétuel de l'Académie française.
VI. « COMMENT FUT PRIS ET MIS À MORT M. LE MARQUIS DE VICHY, COMMANDANT EN CHEF DE LA CAVALERIE DE L'ARMÉE DE LYON, 9 OCTOBRE 1793 (*). »
(*) Cette intéressante relation, manuscrite et inédite, insérée ici ne varietur, est de M. l'abbé Denis, Intendant du marquis de Vichy-Montceaux, qui a également réuni des notes généalogiques sur la famille ; elle a été gracieusement mise à ma disposition par M. l'abbé J. Prajoux, du Coteau (Roanne), que je ne saurais trop remercier de son obligeance.
« Persistant dans sa rébellion, la ville de Lyon fut investie par l'armée des Alpes, commandée par le citoyen Dubois-Crancé, représentant du peuple, que la Convention avait choisi pour cette terrible expédition.
« M. de Précy, dans la combinaison de ses moyens de défense, avait proposé, dans le cas où il serait obligé de livrer la ville, de rassembler sa cavalerie, de la former en colonne à laquelle pourraient se réunir tous ceux qui seraient à même de se procurer des chevaux, de traverser la ville en bon ordre et d'aller passer la Saône au-dessus de l'Ile Barbe. Cette pensée fut communiquée à beaucoup d'officiers avec recommandation du secret, qui fut bien gardé.
« Dès que le dessein de M. de Précy fut connu de MM. De Vichy, père et fils (Abel-Claude-Marie-Marthe, marquis de Vichy-Montceaux ; il avait alors 53 ans, soit deux ans de plus que le général Perrin de Précy, son ami ; Abel-Claude-Georges-Cécile, comte de Vichy, son fils ; il avait alors 28 ans) ils se préoccupèrent de mettre leur personne en sûreté après la prise de la ville. M. de Vichy, fils, se rendit chez une personne de sa connaissance qui habitait l'intérieur de la ville, et lui fit part de l'embarras où il se trouvait ainsi que son père. Celle-ci le rassura et lui montra dans son appartement une cachette à l'abri des plus minutieuses perquisitions et où deux personnes pouvaient aisément prendre place.
« M. de Vichy, fils, enchanté, s'empressa d'aller communiquer cette bonne nouvelle à son père ; mais celui-ci refusa obstinément de profiter de cet asile, et les larmes et les prières de son fils ne purent vaincre sa résistance.
« Déjà il s'était procuré un cheval pour lui et un pour son valet de chambre. Rien ne put le détourner de la résolution qu'il avait prise de suivre la colonne de M. de Précy, s'il exécutait son projet. L'armée de Dubois-Crancé serrait de près la malheureuse ville de Lyon.
« L'artillerie placée, les bombes accablèrent les quartiers, et la désolation se manifesta de toutes parts, et tous les maux inséparables d'un siège se déversèrent sur elle. Néanmoins, elle se défendit glorieusement jusqu'au 9 octobre 1793 (an II), jour où Dubois-Crancé parut, dès le matin, avec une armée formidable du côté d'Oullins, et montra le dessein d'entrer par les travaux de Perrache.
« M. de Précy rangea son armée sur ce même terrain, qui forme une presqu'île entre le Rhône et la Saône, et s'avança pour empêcher l'armée républicaine d'en aborder. Mais une artillerie considérable s'étant démasquée, porta le désordre dans les rangs de M. de Précy. M. de Vichy, fils, commandant la cavalerie des assiégés, eut son cheval tué sous lui, et néanmoins combattit vaillamment à pied, à la tête de ses troupes, jusqu'au moment où M. de Précy ordonna la formation de sa cavalerie en colonne ; et ne pouvant suivre faute de monture, il alla se réfugier dans l'asile qu'il avait reconnu.
« M. le Marquis de Vichy, père, se joignit à la colonne de cavalerie, qui fut bientôt au point où elle devait traverser la Saône et elle effectua le passage en son entier, excepté le très malheureux père de Vichy, dont le cheval ne voulut pas se mettre à l'eau, malgré les efforts du valet de chambre et de M. le marquis.
« Cette cruelle position les décida l'un et l'autre à abandonner leurs chevaux et à aller chercher un asile dans un bois qu'ils voyaient à un peu de distance. Ils le trouvèrent assez touffu pour s'y blottir un peu éloignés l'un de l'autre. A peine s'était-il écoulé quelques heures qu'ils entendirent plusieurs personnes qui venaient à eux, et qui paraissaient se diriger vers le buisson occupé par le marquis. Sur la minute, il est aperçu ; on lui ordonne de sortir s'il ne veut pas recevoir des coups de fusil : c'étaient les militaires chargés de fouiller le bois.
« Il est saisi au collet par deux hommes, un marche devant lui, l'autre le suit de près. C'est ainsi que le marquis de Vichy fut conduit à Lyon et fusillé le jour même...
« Quant au valet de chambre de M. de Vichy, il fut plus heureux que son maître. Dissimulé dans un épais taillis, il parvint à échapper aux recherches des soldats de Dubois-Crancé. La nuit venue, il sortit du bois et gagna le Roannais, puis le gros bourg de Renaison, d'où il était originaire (On a vu trois domestiques de M. de Vichy exécutés à Lyon : Launay, Romany et Meilleran, ce dernier de Semur. Le valet de chambre dont il est parlé dans cette relation ne peut donc être que Launay ou Romany).
« Pendant quelques mois il vécut tranquille dans sa famille ; mais un jour, à la suite de dénonciations anonymes, il fut arrêté, conduit au district de Roanne, et de là à Lyon où il ne tarda pas à être exécuté comme contre-révolutionnaire ayant pris part à la révolte de Lyon. »
JOSEPH SANDRE, Membre associé.
PIÈCES JUSTIFICATIVES
I. Naissance de Gaspard de Vichy. Ce jourd'hui, 24 janvier 1664, a été baptisé sur les fonts baptismaux, en l'église paroissiale, Gaspard François (Nulle part, dans les documents manuscrits ou imprimés se rapportant à lui, nous n'avons trouvé ce second prénom François), fils de haut et puissant seigneur Gilbert de Vichy, marquis de Chamron, et de haute et puissante dame, Madeleine d'Amanzé. Parrain : Gaspard de Vichy, comte de Chamron ; marraine, Françoise de Mypont, femme de Gaspard, comte d'Amanzé. Signé : LEFEBURE, curé de Ligny.
II. Une lettre de Gaspard de Vichy. C'est celui dont nous venons de donner l'acte de baptême. En 1702, il écrivait la curieuse lettre que voici :
Chevenizet, 23 mars 1702.
Monseigneur,
Je vous demande très humblement pardon de la liberté que je prends de me donner l'honneur de vous écrire ; mais, Monseigneur, j'ai eu le malheur plusieurs fois de me présenter à votre porte sans avoir pu vous faire ma cour. J'avais, Monseigneur, à vous supplier de différer les foi et hommage que je vous dois en Charollais pour une terre que j'y ai, jusqu'à ce que je le pourrai. Vous savez, Monseigneur, l'impossibilité où je suis de pouvoir satisfaire présentement à ce devoir, qui me fera autant de plaisir que j'en ressens de l'honneur. J'ai encore une affaire, Monseigneur, avec un gentilhomme de ce pays, nommé M. de Lugny, que je fis assigner devant vos officiers, comme juge de la noblesse ; mais il ne voulut pas les reconnaître, et je pourvus devant le juge royal de Charolles qui donnèrent une sentence contre vos officiers. J'en fus appelant à Dijon, au Parlement qui confirma cette sentence par un arrêt au préjudice de vos droits. Je prétends, Monseigneur, me pourvoir en cassation au Conseil, en votre nom, puisqu'il est rendu contre vos intérêts. La grâce que je vous demande, Monseigneur, est de le trouver bon et de m'y accorder votre protection, sous laquelle je me mettrai toujours, étant avec un très profond respect Monseigneur, de votre Altesse sérénissime le très humble et très obéissant et très soumis serviteur. VICHY-CHAMRON.
Archives départementales de Saône-et-Loire, Série E, 603. Le destinataire de cette lettre était Henri-Jules de Bourbon-Condé, fils du grand Condé (29 juillet 1643 - 1er avril 1709) comte du Charollais du 28 mars 1684 à sa mort.
III. Naissance de N*** comte de Vichy. Le 26 janvier 1692, le comte de Vichy est venu au monde, fils de haut et puissant seigneur Gaspard de Vichy, marquis de Chamron, seigneur de Cucurieux, de Saint-Julien, de Villeret, de Jonzie et autres places, et de dame Anne Brulart... lequel seigneur comte de Vichy j'ai ondoyé par l'ordre de noble Esdelin, docteur en médecine de la ville de Charlieu, présent, du conseil de MMe de Lignac et des femmes-sages qui étaient présentes, appréhendant quelque accident à cet illustre enfant.
Suit la mention : « Le 22 mars 1692, le samedi, l'illustre poupon de Chamron mourut à 8 heures du matin » (Registres de catholicité de Ligny-en-Brionnais Cette pièce justificative, sans intérêt en somme pour notre travail, est insérée ici simplement pour montrer la rédaction pompeuse des actes se rapportant aux aînés des Vichy, ainsi qu'on pourra encore le constater plus loin).
IV. Naissance de Gaspard de Vichy, frère du précédent. Le 29 août 1699, a été baptisé messire Gaspard de Vichy de Chamron..., dont le parrain a été Pierre de la Côte, de Châteauneuf, et la marraine Claude Rogelin, de Ligny. Ledit Côte était un pauvre aveugle qui demandait l'aumône (Registres de Catholicité de Ligny-en-Brionnais).
V. Naissance du marquis de Vichy-Montceaux. - Illustre et haut seigneur Abel-Claude-Marie-Marthe, fils légitime de haut et puissant seigneur messire Gaspard de Vichy, chevalier, comte de Chamron, brigadier des armées du Roi, commandant une brigade du régiment royal des carabiniers, et de haute et puissante dame Marie-Camille-Diane d'Albon, ses père et mère, l'an 1742, le 30 de juillet, a été baptisé, ayant été ondoyé le 9 de novembre 1740. Le parrain, très illustre et très puissant seigneur Mgr Claude d'Albon, prince d'Yvetot, etc. ; la marraine, dame très haute et très puissante Marie Brulart, duchesse de Luynes, dame d'honneur de la reine, laquelle a été représentée par illustrissime et révérendissime dame Marthe d'Albon, prieure et dame de l'Argentière, diocèse de Lyon ; le tout en présence de messires et illustres Alexandre d'Albon, comte de Lyon et grand archidiacre, haut et puissant seigneur, messire de Drée, seigneur de Verpré, etc. (Mêmes registres.)
VI. Naissance d'Abel-Claude-Georges-Cécile de Vichy, fils du précédent. L'illustre enfant Abel-Claude-Georges-Cécile, né le 23 octobre, du légitime mariage de très haut et très puissant seigneur Abel-Claude-Marie de Vichy, officier supérieur de gendarmerie, demeurant au château de Chamron, paroisse de Ligny, et de très haute et très puissante dame Claudine-Marie-Joseph de Saint-George, marquise de Vichy, son épouse, a été baptisé dans la chapelle du château de Chamron, par moi, curé, suivant la permission de M. l'abbé Guittet, vicaire général du diocèse de Mâcon, le 26 octobre 1765, dont le parrain a été très haut et très puissant seigneur Mgr Claude d'Albon, prince d'Yvetot, lieutenant du roi de la province de Forez, seigneur de Saint-Marcel, Molière (?), Serray et autres lieux, faisant sa demeure audit Saint-Marcel ; et la marraine, très haute et très puissante dame Madame Cécile d'Amanzé, comtesse de Saint-George, dame d'Estiengues et Cours, baronne de Chauffailles, Arcinges, Écoches, La Guillermière et autres places, résidante ordinairement en son château dudit Chauffailles ; lesdits seigneur et dame assistés de très haut et très puissant seigneur messire Camille-Marie-Alix-Éléonor, marquis d'Albon, prince d'Yvetot, marquis de Saint-Forgeux, baron d'Avauges, vicomte de Varennes, comte de Talaru, seigneur de La Grange, etc. ; de très haut et très puissant seigneur Gaspard de Vichy, chevalier et comte de Chamron, etc. ; de très haute et très puissante dame, madame Marie-Camille-Diane d'Albon, née princesse d'Yvetot, épouse dudit seigneur comte de Vichy ; de dame Chapuis, épouse de Me Philippe Morest, écuyer, seigneur de Saint-Pierre ; de très haut et très puissant seigneur Anne-Camille, vicomte de Vichy, capitaine de cavalerie ; Me François Bourdon, curé de Saint-Julien-de-Cray ; de Me Jean-Claude Denis, chanoine de l'église collégiale de Saint-Hilaire de Semur-en-Brionnais, chapelain de la Borde ; et de Me Philippe Thivollet, sous-diacre dans le diocèse de Mâcon ; lesquels se sont soussignés avec nous. (Mêmes registres)
VII. Lettre de part de la naissance d'Abel-Claude-Georges-Cécile de Vichy. Le jour même de la naissance d'Abel-Claude-Georges-Cécile de Vichy Gaspard, son aïeul paternel, adressait au marquis de Saint-Christophe le billet suivant, écrit au dos d'une carte à jouer, un dix de cœur : « Ma fille est accouchée ce matin, mon cher amy, d'un gros garçon. La mère et l'enfant se portent bien, grâces à Dieu. Je vous embrasse « de tout mon cœur. VICHY, Le 23 octo. 1765. « Monsieur le marquis de Saint-Christofle (Archives de feu M. l'abbé Cucherat, dossier : Vichy) »
VIII. Inscription tombale de Gaspard de Vichy, père du marquis de Vichy-Monceaux. Une plaque commémorative, souvenir funèbre échappé à la destruction révolutionnaire, existe toujours à l'église de Ligny-en-Brionnais, dans l'ancienne chapelle des Vichy ; c'est comme gravure, un morceau artistique de valeur. Cette plaque, rectangulaire, mesure 0m70 de longueur sur 0m32 de hauteur ; elle est fixée aux murs par six gros clous en fer forgé aux têtes en gouttes de suif. Elle est surmontée des armes des Vichy, gravées avec une grande perfection (Cet écusson armorié n'existerait plus aujourd'hui ; voir ce que nous avons dit) ; puis vient l'inscription suivante : « Git sous cette tombe haut et puissant seigneur Gaspard de Vichy, chevalier, comte de Chamron, maréchal des camps et armées du roi, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, seigneur du comté de Chamron, seigneur marquis de la Borde, baron des baronnies de Sombernon, Maslain et Puits, comte de Mesmont, seigneur de Ligny, Saint-Julien-de-Cray, Jonzy, l'Étang, Villeret, Montceaux-l'Étoile, Verdet, Versaugues, Sainte-Marie-la-Blanche, Reullé, Bourguignon, Travoisy, Grand-Champ, Géanges, Moursauges, Le Poil, Remilly, Savigny, la Serrée, Chameçon, Éporves et autres lieux, mort en son château de Chamron, le 16 juin 1781. Pauperes, justitiam, patriamque amans, diu vixit, diuque vivet, etiam post mortem. Posuit filius amantissimus. Il vécut longtemps, aimant les pauvres, la justice et sa patrie, et il vivra longtemps, même après sa mort. Érigé par son fils très affectionné. ». Le fils très affectionné qui avait fait placer cette plaque avec épitaphe rappelant tous les titres et possessions de Gaspard de Vichy, était le marquis de Vichy-Montceaux, alors et depuis six ans déjà, veuf de Claudine-Marie-Joseph de Saint-George.
IX. Inscription tombale du marquis de Vichy-Montceaux. En parlant de l'église de Montceaux-l'Étoile, Courtépée écrit : « On y voit le médaillon du seigneur et le lieu préparé pour sa sépulture, avec cette inscription : Abel Claudius de Vichy, heri, nobilis potensque nunc vermis, vitam agens fecit. 1777 » Après lui, l'abbé Cucherat, dans son livre Romay et Sancenay, page 140, donne la même version. Mais ni lui, ni Courtépée n'ont vu l'inscription : Courtépée a dû la reproduire, retour d'un de ses voyages, d'après des témoignages plus ou moins fidèles, et l'abbé Cucherat l'a simplement copiée sur Courtépée. Or M. Ginet Donati, peintre et archéologue, de Marcigny, possède ladite inscription, mais bien différente du texte ci-dessus : sur une plaque rectangulaire de marbre blanc, mesurant 54 centimètres sur 40, on lit en effet :
Abel Clau.
Mar. Mis de Vichy
Heri Nobilis Potensque
Eheu dest?
Hodie vermis ndus
vitam agens fecit.
PLAQUE FUNÉRAIRE DU MARQUIS DE VICHY-MONTCEAUX, texte existant :
ABEL CLAU
MAR Mrs DE VICHY
HERI: NOBILIS POTENSQUE
EHEU DEST?
H ODIE VERMIS NDUS
JACET
vitam agens fecit
PLAQUE FUNERAIRE DU MARQUIS DE VICHY-MONTCEAUX, texte avec les restitutions faites par M. Lex :
ABEL CLAU
MAR Mis DE VICHY
HERI: NOBILIS POTENSQUE
EHEU [QUID PRO] DEST?
HODIE VERMIS [DESTRUE] NDUS
JACET [ ]
[Bonum] vitam agens fecit
Cette plaque de marbre a dû servir à broyer des couleurs ; et l'opération, souvent répétée sans doute, a amené une usure de la pierre, dans la partie centrale, et fait disparaître une portion du texte. Le millésime 1777, donnée in fine, n'y figure pas ; peut-être, comme les parties disparues, a-t-il été effacé par les frottements réitérés qu'a subis le marbré. J'avais envoyé à M. Lex le croquis reproduit ci-contre (Dessin de M. Ginet-Donati) en le priant de vouloir bien restituer le texte intégral, s'il le jugeait possible, et m'en donner la traduction. Avec sa coutumière obligeance, notre docte et érudit Archiviste départemental s'est empressé de faire droit à ma demande. Le texte complet serait :
Abel Clau.
Mar. Mis de Vichy
Heri Nobilis Potensque
Eheu [quid pro] dest?
Hodie vermis [destrue]ndus
Jacet [ ]
[Bonum] vilam agens fecit.
Et la traduction :
Abel-Claude-
Marie, Marquis de Vichy,
Hier noble et puissant ;
Hélas! à quoi cela sert-il ?
Aujourd'hui, dévoré par les vers,
Il gît [sous ce marbre]
Il a fait le bien au cours de sa vie.
L'infortuné marquis de Vichy-Montceaux, guillotiné à Lyon sous la Terreur, ne devait pas être inhumé auprès de Claude de Saint-George.
J'ai rapporté ailleurs (Monographie de Montceaux-l'Étoile), qu'en 1793, le caveau des Vichy édifié dans leur chapelle, derrière le maître autel, fut ouvert par quelques forcenés qui profanèrent odieusement les ossements de Mme de Vichy. Qu'est devenu le médaillon de la marquise ? Et celui de son époux, signalés par Courtépée (Courtépée, t. III, p. 103, article : Montceaux-l'Étoile) ? Nous ne saurions le dire ; mais on peut considérer comme certain qu'ils ont été détruits (Le superbe mausolée élevé à son épouse dans la chapelle seigneuriale par M. de Vichy, et terminé le 29 janvier 1777 fut mis en miettes en 1793. Voir Notice sur les Saint-George, p. 18).
Quant à la plaque de marbre portant l'épitaphe du dernier seigneur de Montceaux, c'est sans doute à la main pieuse de quelque ami des Vichy que nous en devons la conservation.
En terminant, nous ne mentionnerons que pour mémoire le riche ostensoir donné à l'église de Montceaux par M. de Vichy l'année même (1775) de la mort de sa femme, et qui portait, gravées sur le pied, les lignes suivantes : « Ex dono Marchionis de Vichy, anno doloris primo (Courtépée, t. III, p. 103, article : Montceaux-l'Étoile) » Assurément il fut vendu, pendant la Révolution, avec les autres vases sacrés.
X. Lettres d'érection en comté de la terre, et seigneurie de Chamron (Terrier du comté de Chamron renouvelé par C.-Ph. Godin, Notaire royal et Commissaire en droits seigneuriaux, résidant à Chevenizet). « Louis, par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, à tous présents et advenir salut. Ayant mis en considération les bons et louables services que les ancestres de notre cher et bien aimé Gaspard de Vichy, seigneur de Chamron, ont de temps immémorial rendu à nosdits prédécesseurs, tant en guerre qu'en plusieurs nobles emplois et charges qu'ils ont eues et où ils ont toujours fait paraistre leur fidélité et affection au bien de cet estat, l'un deux ayant suivy le roy saint Louis au voyage de la Terre-Sainte qui lui donna pour ses services la terre et seigneurie de Ligny, Philibert de Vichy, son trisayeul, ayant esté grand escuyer, Carados de Vichy, son bisayeul ayant esté esleu de la noblesse de Bourgogne durant trente années, et aussi ceux que ledit Gaspard de Vichy a rendu au feu roy, notre très honoré seigneur et père et à nous depuis 25 ans tant en commandant nos armées que dans la charge qu'il a encore à présent de notre lieutenant dans la ville et citadelle du Pont-Saint-Esprit, sachant que la terre et seigneurie de Chamron, size en Mâconnais, appartenante audit sieur Gaspard de Vichy est de belle et grande étendue et de notable revenu avec toute justice haute, moyenne et basse, relevant mesmement de nous et de notre Couronne à cause de notre duché de Bourgogne, de laquelle dépendent plusieurs villages et paroisses, mesme une ancienne baronnie située au pays du Lyonnais, appelée la baronnie de Bochevenoux (actuellement la Brosse), et les terres et seigneuries de Ligny, Tréval, Chaingy, la Brosse, les Brosses de la Forest qui lui appartiennent, dans lesquelles il a des officiers qui y rendent la justice, et partant, suffisante pour porter l'estat et dignité de comté. Pour ces causes et autres bonnes considérations à ce nous mouvant, nous avons de l'avis de la Reyne Régente, notre très honorée dame et mère et de notre grâce spécialle, pleine puissance et autorité Royalle, créé, eslevé, décoré et érigé, créons, eslevons, décorons et érigeons par ces présentes signées de notre main, en nom, titre, dignité et prééminence de comté, pour en jouir et user par ledit sieur de Chamron, ses hoirs, successeurs et ayant cause pleinement, paisiblement et perpétuellement.
« Donné à Paris au mois de décembre, l'an de grâce mil six cent quarante quatre, et de notre règne le deux. Signé : Louis. »
Armoiries des familles citées dans le document :
Bayard : D'azur, au chevron d'or, accompagné de 3 étoiles du même, 2 et 1.
Bénavent : D'argent, à 3 bandes de gueules, au chef d'azur chargé d'un lambel d'or.
Bongard : De gueules, à 3 merlettes d'argent.
Bosredon : Écartelé : aux 1 et 4, d'azur au lion rampant d'argent ; aux 2 et 3, de vair. On trouve aussi : à 2 lions d'or passant l'un sur l'autre, couronnés de même. Et encore : à 2 lions rampants et affrontés d'or.
Bouthillier de Chavigny : D'azur, à 3 fusées d'or accolées en fasce.
Brulart : De gueules, à la bande d'or chargée d'une traînée de 5 barillets de poudre, de sable, 3 dessus et 2 dessous.
Busseul : Fascé d'or et de sable de 6 pièces.
Chandon : D'argent, à une fasce engrêlée de gueules, accompagnée de 3 trèfles de même.
Chantemerle : D'or à 3 fasces de gueules, et 9 merles de même, 4 en chef, 2 en flanc et 3 en pointe.
Chissey : D'azur, à 3 tours d'or maçonnées de sable.
Choiseul : D'azur, à la croix d'or, à cinq billettes d'or dans chaque canton, mises en sautoir.
Clermont-Tonnerre : De gueules, à 2 clefs mises en sautoir, d'argent. Certains Clermont avaient ces armes avec les clefs surmontées d'une fleur de lis d'or. Devise : Si omnes ego non.
D'Albon : De sable, à une croix d'or. Plus tard, les d'Albon écartelèrent de Dauphiné : D'or, au dauphin vif d'azur, langue, crête, barbé et oreille de gueules.
D'Amanzé : De gueules, à 3 coquilles d'or.
D'Apchon : D'or, semé de fleurs de lis d'azur.
D'Aubigny : D'or, à la bande de gueules, chargée de 3 lions d'argent.
De Broc : De gueules à 2 lions mornés affrontés d'or, au chef cousu d'azur chargé d'une rose d'argent entre 2 étoiles d'or.
De Chargères : D'Azur, au lion passant d'or, lampassé de gueules, surmonté de 3 trèfles d'argent mis en fasce.
De Dio-Montperroux : Fascé d'or et d'azur de 6 pièces, et une bordure de gueules.
D'Estaing : D'azur, à 3 fleurs de lis d'or, 2 et 1, au chef d'or.
De Suarez : D'azur à une tour d'argent ouverte de sable, surmontée d'une aigle couronnée d'or.
Digoine : Echiqueté d'argent et de sable. Certains Digoine ont : brisé d'un franc quartier d'hermines.
Drée : De gueules, à 5 merlettes d'argent en sautoir.
Du Crest de Chigy : D'azur à 3 bandes de gueules, au chef d'argent, chargé d'un lion issant de sable, couronné, armé et lampassé de gueules. On trouve aussi les 3 bandes d'or, ce qui est plus conforme aux règles héraldiques.
Du Deffend : D'argent, à la bande de sable, accompagnée d'une merlette de même. Tous les documents manuscrits venus à notre connaissance portent Deffend, et non Deffand.
Du Mayne : De gueules, à la fleur de lis d'or, au chef d'argent.
Du Molard : D'or, à la bande de sable, accompagné de deux heaumes fermés de même.
D'Ugny : D'azur, à la fasce d'argent, accompagnée en pointe d'une rose d'or.
Faulquier de Marigny : D'azur, à 2 fasces d'argent. On trouve : d'argent à 4 fasces ondées de sable.
Forest-Bullion : Fascé d'argent et de sable de six pièces.
Foudras : D'azur à 3 fasces d'argent.
Freulet : D'azur, au chevron d'or accompagné en chef de 2 croissants d'argent, et en pointe d'une montagne de même.
Gadagne : De gueules, à la croix dentelée d'or.
Gorrevod : D'azur, au chevron d'or.
Grassée : D'azur, au lion d'or, lampassé de gueules. On trouve aussi : couronné de gueules, et : armé et lampassé de gueules.
Guérin : Losange d'argent et de sable.
Guilhot de Ferrières : D'argent, au sautoir engrêlé de gueules. C'est à tort que M. de Courcelles écrit Guillebot.
Guillaumanches : D'argent à un taureau de gueules, surmonté d'un lambel d'azur.
Haranguier : De gueules, à la fasce d'or, accompagnée en chef de 3 croisettes pattées d'argent et de 2 besants d'or, et en pointe de 3 fers de dard renversés du même.
Jacquot-Mypont : D'azur, à la fasce d'or, accompagnée de 3 étoiles de même.
La Bussière : D'azur, à la fasce d'or, au lion issant de même en chef, et accompagné en pointe de 3 coquilles de même.
Langheac : D'or, à 3 pals de vair. On trouve : à 3 pals d'hermines.
Lastic : De gueules, à la fasce d'argent.
La Mer-Matha : Echiqueté de gueules et d'argent ; alias losangé d'argent et de gueules.
La Queuille : De sable, à la croix dentelée d'or.
La Tour : De gueules, à 3 tours d'or.
La Tour-Turenne : D'azur, semé de fleurs de lis d'or, à la tour d'argent brochant.
L'Aubépin : D'azur, au sautoir d'or, cantonné de 4 billettes de même.
Le Camus : De gueules, au pélican d'argent avec sa piété de gueules dans son aire, au chef cousu d'azur chargé d'une fleur de lis d'or.
Le Goux de la Berchère : De gueules, à la croix dentelée d'or, cantonnée de 4 fers de lance d'argent.
Lespinasse-Saint-André : Fascé de gueules et d'or de 7 pièces. De Lespinasse, bailli du Beaujolais, s'armait : Fascé d'argent et de gueules de 8 pièces.
Lévis : D'or, à 3 chevrons de sable. Certains Lévis ont : brisé d'un lambel de 3 pendants de gueules.
Loménie de Brienne : D'or, à un arbre de sinople posé sur un tourteau de sable, au chef d'azur, chargé de 3 losanges d'argent.
Machat : D'or à une main dextre apaumée en pal de gueules.
Mailly : De gueules, à 3 maillets d'or (?).
Martigny : ..., 3 pals... et un chef... chargé de 3 coquilles... ?
Messey : D'azur, au sautoir d'or.
Mitte de Chevrières : D'argent, à un sautoir de gueules, à la bordure de sable chargée de 8 fleurs de lis d'azur 3, 2 et 3.
Miolans : Écartelé aux 1 et 4 de gueules à l'aigle éployée d'argent ; aux 2 et 3, bandé d'or et de gueules.
Montagny : D'azur, au lion rampant d'argent à la cotice de gueules brochante sur le tout ; alias d'azur, au lion d'argent à un bâton de gueules brochant sur le tout.
Montjournal : Ecartelé, aux 1 et 4, de sable à 3 fleurs de lis d'argent ; aux 2 et 3, d'argent, au lion de sable.
Montmorin : De gueules, semé de molettes d'éperon d'argent, et un lion de même, armé et lampassé d'azur.
Moreton : D'azur, à une tour crénelée de cinq pièces, sommée de 3 donjons ou tourillons, chacun crénelé de trois pièces, le tout d'argent, maçonnée de sable, à la patte d'ours mouvante du côté senestre de la pointe de l'écu, et touchant à la porte de la tour.
Mornay : Burelé d'argent et de gueules de huit pièces, au lion morné de sable, couronné d'or, brochant.
Morot : D'argent, au chevron d'azur, accompagné de 3 molettes de gueules, au chef d'azur, chargé d'un lévrier d'argent.
Namy-la-Forest : D'azur à la bande d'or ; alias d'azur à la fasce d'or, accompagné de 3 étoiles d'or. M. de Courcelles a écrit Nancy pour Namy.
Nicolay de Goussainville : D'azur, au lévrier courant d'argent colleté de gueules.
Polignac : Fascé d'argent et de gueules de 6 pièces. On trouve encore : D'azur à 3 fasces d'argent.
Pompadour : D'azur, à 3 trois tours d'argent maçonnées de sable.
Pontgibaud : De gueules à 2 lions léopardés d'or.
Reclesnes : D'or, à 3 chevrons de sable surmontés de 2 croix panées de gueules.
Rochedragon : D'azur, au lion rampant de gueules.
Rollat : D'argent, à trois fasces de sable.
Tanlay : D'or à 3 tourteaux de gueules, au lambel de 5 pendants d'azur ?
Tannat : D'or, à 3 quintefeuilles d'azur, au chef d'azur de 3 quinte-feuilles d'or.
Tenarre : D'azur, à 3 chevrons d'or. Certains Tenarre ont : brisé d'une bordure de gueules.
Thélis : D'or, à 5 fasces de gueules.
Saint-Chamond : Parti : d'argent à la fasce de gueules ; au 2° d'azur.
Saint-George : D'argent à la croix de gueules. Devise : Nititur per ardua virtus.
Saint-Priest : D'or, à la bande de gueules chargée de 3 coquilles d'argent. Le Laboureur dit : à six coquilles de même en orle. Les Saint-Priest du Forez s'armaient : D'argent, équipolé de 5 points d'azur. On trouve aussi : Écartelé d'argent et d'azur à une cotice de ...(?), brochante sur le tout.
Saint-Quentin : De gueules à la fasce d'argent chargée de 3 fleurs de lis d'azur.
Saint-Symphorien : D'azur, au chef d'or, chargé d'un lion issant de gueules.
Saligny : De gueules à 3 tours d'argent.
Saulgnier : D'argent, à une tête de maure de sable, accompagnée de 3 étoiles de même.
Savoisy : De gueules, à 3 chevrons d'or, à la bordure engrêlée d'azur.
Semur : D'argent, à 3 bandes de gueules.
Seneterre : D'azur, à 5 fusées d'argent, mises en fasce.
Simiane : D'azur, à un bélier d'or. Alias : d'or, semé de tours et de fleurs
Surel de Monchamp : Ecartelé : d'azur, au cygne d'argent soutenu d'un croissant du même, au chef de gueules chargé de 3 étoiles d'argent ; et d'azur au chevron d'or, accompagné en chef de 3 étoiles d'argent, et en pointe d'une main du même, en fasce, tenant une flamme d'or.
Tenay : D'or, à une bande de sable. On trouve aussi : Écartelé, aux 1 et 4 d'or, à une bande de sable, aux 2 et 3 d'or, à une bande engrêlée de sable.
Ternant ou Ternon : Échiqueté d'or et de gueules.
Tourzel : De gueules, à la tour d'argent, maçonnée de sable et accostée de 6 fleurs de lis d'or.
Vauban : D'azur, au chevron d'or, sommé d'un croissant et accompagné de 3 trèfles du même.
Vieuxville de Vienne : D'argent, à 7 feuilles de houx d'azur.
Villars : De gueules, à la fasce d'or.
Villatte : d'or, au lion couronné de gueules.
Villers-Boncourt : D'azur, au chevron d'or, accompagné en chef de 2 roses tigées du même, et en pointe d'une tour d'argent.
Compléments à l'ouvrage de Joseph Sandre :
o Estiengues, Estanges, Estieugues ou Esthieugues. Le château d'Esthieugues (Cours, Rhône) était l'un des plus anciens du Beaujolais.
o Baptême à Saint-Cyr-de-Favières (42) le 25/07/1610 d'André Gilbert DE VICHY fils de Mre Antoine DE VICHY, Sr de Champron, chevalier de l'Ordre du Roy, et de Charlotte DE SIMIANE.
o Lettres de renouvellement du terrier de la seigneurie de L'Étang obtenues par Gaspard de Vichy, Insinuations du bailliage de Semur-en-Brionnais, AD71, 1644-1647, B2181/1(4), vues 134-137/152.
o Moulins, paroisse St Pierre des Ménestreaux 13-09-1655 : Inhumation à Ste Claire de Philibert de Vichy, seigneur de Nusillat (Luzillat).
o Contrat de mariage de Gilbert de Vichy et Magdeleine d'Amanzé du 09-10-1662, Insinuations du bailliage de Semur-en-Brionnais, AD71, 1663, B2187/3(9), vues 8-22/176.
o Baptême le 17/10/1666 à Thizy (69) de Bertrand FABRY fils de noble Jacques Fabry et de Marie Chavanes. Parrain : Bertrand de Vichy de Cucurieux, sénéchal et gouverneur de la citadelle de Valence, marraine : Madeleine d'Amanzé, marquise de Chamron. L'enfant avait été ondoyé le 03/04/1663. AD69, Thizy Notre Dame, 1665-1666, vue 6/6.
o Baptême le 10 novembre 1732 à Lyon paroisse Saint-Paul de Julie Jeanne Éléonore LESPINASSE, fille légitime de Claude LESPINASSE, bourgeois de Lyon, et de dame Julie NAVARRE. Archives Municipales de Lyon, BMS 1732-1736, vue 34/258.
o Baptême à Roanne (42) le 25/04/1743 d'Alexandrine Marie de VICHY CHAMRON fille de Gaspard de VICHY CHAMRON et de Marie Camille Diane d'ALBON. Parrain : Alexandre d'ALBON, comte de Lyon, marraine : Marie de VICHY CHAMRON épouse de Jean-Baptiste du DEFFAND marquis de LA LANDE. AD42, BMS Roanne 1741-1743, vue 111/139. Décédée le 14/04/1756 : BMS Roanne 1755-1756, vue 77/121.
o Connangles (43) 05/04/1744 : Présence de Barthélémy de Vichy chevalier et de Philiberte Louise de Thélis comtesse de Vichy.
o Berbezit (43) 04-12-1744 : Inhumation dans l'église de Messire Gilbert comte de Vichy chevalier seigneur de Berbezy âgé d'environ 62 ans (Archives Départementales de Haute-Loire).
o Abel de Vichy, un des veneurs du Charollais, ouvrage du Marquis Théodore de Foudras, La Vénerie contemporaine, BNF/Gallica.
o Reconnaissance passée au profit d'Abel-Claude-Marie, marquis de Vichy, chevalier, comte de Chamron, L'Étang, Villeret et autres places, à cause de la seigneurie de L'Étang par M° Blaise Paisselier, géomètre et commissaire en droits seigneuriaux, bourgeois de Lyon. 27 octobre 1784. Expédition authentique. 3 feuillets in-fol. Manuscripts de la bibliothèque de Lyon, 1889 (1785).
o Fonds de la famille de Vichy, BM de Roanne.
o La famille VICHY, base généalogique de Maurice Perrot des Gozis, Archives départementales de l'Allier.
o Julie de Lespinasse, par le Marquis de Ségur. Calmann-Lévy (Paris), 1905. BNF/Gallica.