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Varenne-l'Arconce par M. Jean Virey (1936)

Plan de l'église de Varenne-l'Arconce (71)

Plan de l'église de Varenne-l'Arconce (71) - Cliquez sur une photo pour l'agrandir

Source : Congrès archéologique de France de Lyon-Mâcon, 1936 (BnF-Gallica)

Un seigneur du Brionnais et sa sœur donnèrent, en 1045, à Odilon, abbé de Cluny, l’église de Varennes, au diocèse d’Autun. Celui-ci y bâtit un prieuré que saint Hugues, en 1094, attribua au couvent de nonnes de Marcigny, et il est fort possible que l’église ait été construite à la même époque. Elle était dédiée à la Vierge et à saint Pierre. Le prieuré fut détruit pendant les guerres de la Ligue.

L’église de Varennes-l’Arconce (1) — bâtie sur une éminence en plein cœur du Brionnais — est un bon exemple, quand on vient de voir Châteauneuf et Saint-Julien-de-Jonzy, de la variété qu’impose aux formes de l’architecture et à la décoration la nature des matériaux employés, généralement extraits des carrières du voisinage. Le grès dont elle est construite a restreint le rôle de la sculpture, à laquelle il a donné un caractère d’énergie beaucoup plus que de finesse.

(1) Départ. Saône-et-Loire.

Intérieur — D’une bonne conservation et, d’ailleurs, habilement restaurée, l’église affecte un plan cruciforme. La nef a trois travées, sans étagement ; elle est flanquée de bas-côtés. Une voûte en berceau brisé couvre la nef, et les bas-côtés sont voûtés par des compartiments d’arêtes. Le transept, voûté en berceau brisé, fait une saillie prononcée ; la croisée est voûtée par une coupole sur trompes et, à l’orient, l’arc triomphal donne entrée dans le chœur, composé d’une travée droite voûtée en berceau brisé et d’une abside en hémicycle voûtée en cul-de-four. Le fond de l’abside est décoré par une arcature à cinq formes, dont trois servent d’encadrement aux fenêtres. Quatre colonnettes sont aux retombées de ces cinq arcs, dont les deux plus rapprochés de la croisée sont aveugles. Un cordon horizontal qui marque la naissance de la voûte en cul-de-four est relié, par de petits pilastres cannelés, aux chapiteaux des colonnettes.

Intérieur de l'église de Varenne-l'Arconce

Intérieur de l'église

Toutes les grandes arcades sont en cintre brisé, à double rouleau. Les piliers, de plan cruciforme, sont cantonnés de colonnes engagées sur trois faces, sauf vers les collatéraux. Les chapiteaux de la nef sont historiés ou à décoration végétale.

Chapiteau de la nef de l'église de Varenne-l'Arconce

Chapiteau de la nef

La nef, sans étagement, est éclairée par les fenêtres des bas-côtés et par une grande baie en plein cintre ouverte dans la façade au-dessus du portail. Outre les fenêtres latérales, chaque bas-côté possède une étroite fenêtre percée dans le mur de façade. Au transept, chaque croisillon est éclairé par une baie dans le mur de fond et par une autre à l’orient. La travée de chœur reçoit la lumière par deux fenêtres, l’une au nord, l’autre au sud.

Extérieur — À l’extérieur, l’absence d’étagement à la nef donne à la façade, d’ailleurs bien composée, un aspect robuste et trapu. Très soigneusement construite en moyen appareil, elle présente, au centre, un parement en saillie formant avant-corps qui correspond à la nef, tandis que le mur des bas-côtés, en léger retrait, n’offre dans son élévation, de chaque côté, qu’une très petite fenêtre cintrée et, plus haut, une baie d’aération pour le comble en appentis ; un contrefort est à l’angle de l’édifice.

La partie centrale de la façade est à trois étages : au rez-de-chaussée, le portail est surmonté d’un linteau et d’un tympan nus, encadrés par une archivolte à plusieurs voussures formées surtout de gros tores joliment enveloppés par trois lignes de billettes. À leur retombée, les voussures s'appuient sur un tailloir-corniche profilé dans toute la largeur de l'avant-corps de la façade, sauf sur le linteau, comme à Semur. Dans les angles formés par les retraits successifs de la maçonnerie du portail, retraits à arêtes vives formant piédroits, sont logées, de chaque côté, deux colonnettes à chapiteaux assez frustes.

Façade et clocher de l'église de Varenne-l'Arconce

Façade et clocher de l'église de Varenne-l'Arconce

Au-dessus du portail, qu’une importante et robuste corniche sépare de l’étage, ce dernier a reçu une très heureuse décoration. Au milieu ouvre une grande baie profondement ébrasée, encadrée de moulures dont une en sorte de cavet, accompagnée, à droite et à gauche, d’une fine et longue colonnette dont le chapiteau s’abrite sous la corniche supérieure. Chaque extrémité de la façade de l’étage est ornée d’un pilastre cannelé, avec base et chapiteau, appuyé à un dosseret formant contrefort qui réunit les deux corniches. Entre ce pilastre et la longue colonnette, le parement du mur est décoré d’une double et courte arcature en plein cintre.

Au-dessus de la corniche supérieure, sous un pignon surélevé pour rompre la monotonie de lignes qu’offre le couronnement d’une façade d’église à trois vaisseaux sans étagement, ouvre encore une baie en plein cintre.

Il faut signaler, dans l’élévation latérale, une porte donnant accès à la deuxième travée du bas-côté sud. Très simple, avec des montants à arêtes vives, elle est surmontée d’un tympan dont la sculpture fruste représente l’Agneau crucifère. Autour du tympan, cinq claveaux portant chacun une grosse rosace sont encadrés par une archivolte à moulures. À la partie inférieure du tympan, une ligne de petits basants se prolonge sous les retombées de la voussure à rosaces.

Tympan de la porte latérale de l'église de Varenne-l'Arconce

Tympan de la porte latérale

Le clocher, élevé au-dessus de la croisée du transept, robuste comme tout l’ensemble de l’édifice, est sur plan carré, à deux étages de baies. Couvert par un toit moderne en pyramide à quatre pans, il offre de l’analogie avec le clocher nord du porche de Paray-le-Monial, avec le clocher de Vareilles, avec celui de Saint-Laurent-en-Brionnais, etc.

Chacune de ses faces, accompagnée vers les arêtes par une longue colonnette engagée qui monte du soubassement au toit, est partagée dans son milieu par une troisième colonnette pareille aux autres, disposition fréquente dans les clochers des régions beaujolaise et charollaise.

L’étage inférieur s’élève un peu en retrait sur la corniche du soubassement. Il est percé, sur chaque face, de deux baies à double voussure en plein cintre, celle de l’intérieur portée sur des colonnettes. Au-dessus des chapiteaux de ces colonnettes, le tailloir se profile en moulure tout autour du clocher. Les deux baies sont séparées l’une de l’autre par un massif de maçonnerie où monte la colonnette qui partage chacune des faces. Au-dessus d’une autre corniche s’élève l'étage supérieur, où, de chaque côté de la colonnette médiane, ouvrent deux baies géminées. encadrées sous une archivolte dont la moulure rejoint celle des tailloirs des colonnettes des baies, moulure qui entoure le clocher. Plus haut encore, une autre moulure court horizontalement tout autour de la construction. C’est à ce niveau qu’à l’origine la tour s’arrêtait. Avant la restauration exécutée par les Monuments historiques, sous la direction de Selmersheim, un étage crénelé établi peut-être dès le XIVe siècle dans un but de défense, surélevait le clocher. On l’a fait disparaître.

L’église de Varennes-l’Arconce, que l’on peut dater des dernières années du XIe siècle ou des premières du XIIe, assez délabrée jadis, a été remise en bon état.

Compléments

Inventaire du patrimoine de Varenne-l'Arconce par Raymond et Anne-Marie Oursel (AD71)

L'église de Varenne-l'Arconce sur les Chemins du roman

Photos en N&B de l'église de Varenne-l'Arconce (Ministère de la Culture)

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