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Histoire du château de Torchefelon

Château de Torchefelon

Village de Torchefelon - Cliquez sur la photo pour l'agrandir

[Source : Livre du Dr André Dénier, "La Tour du Pin, terre des Dauphins"]

Voici quelques renseignements sur Torchefelon, d'après une notation de Picot de la Buissonnière qui fut rédigée au début du XIXe siècle.

L'Histoire se tait sur l'origine de Torchefelon, mais la tradition populaire en a conservé le souvenir.

Si l'on croit une tradition, ce fut après la mort de Rodolphe le Fainéant arrivée en 1032 et lorsque le second Royaume de Bourgogne s'écroula pour faire place à la féodalité, qu'il exista dans les terres froides un noble brigand dont le nom véritable n'est pas venu jusqu'à nous.

Il avait bâti une tour formidable sur une éminence à l'abri de toute attaque. À la tête d'une bande armée, il désolait les contrées voisines. Sa mauvaise foi et son goût déterminé pour l'incendie lui firent donner le nom de Torche-félon. Tous les nobles du pays se liguèrent contre ce redoutable voisin qu'ils firent tomber dans un piège après une guerre assez longue. Son procès fut d'abord instruit. Il fut jeté tout vivant au milieu des débris en flammes de sa forteresse qui fut rasée.

Cette forteresse fut rebâtie ensuite par les soins des nouveaux seigneurs de l'endroit que la tradition, fidèle expression de la haine publique, continua d'appeler Torche-felon, puis simplement Torchefelon.

Cette nouvelle maison de Torchefelon était déjà illustre dans le XIVe siècle, puisque Jean de Torchefelon, l'un de ses membres remplissait en 1359 la charge de Maréchal du Dauphiné. Le Roi le nomma ensuite Maréchal de France.

Ce qui rendit surtout célèbre le nom de Torchefelon fut la guerre à outrance qu'ils firent à Thibaud II de Rougemenont, archevêque de Vienne. Ayant refusé de rendre hommage à ce prélat pour le château de Montcarra qui relevait de l'abbaye de Saint-Chef, l'archevêque voulut les y contraindre par la force des armes. Après plusieurs attaques vigoureuses, le château assiégé, où s'étaient enfermés Guy et Jean de Torchefelon, les deux frères, fut pris et les Torchefelon capitulèrent. Le traité qui intervint alors (1409) fut presque aussitôt violé que signé. Les Torchefelon reprirent les armes, battirent les troupes de l'Archevêque et incendièrent le château de Saint-Chef qu'ils avaient pris d'assaut. Ils s'approchèrent ensuite de Vienne, traitèrent de même le château de Seyssuel et ravagèrent tous les environs.

L'année d'après, ils s'emparèrent encore du château de Mantaille qu'ils rasèrent après l'avoir incendié.

Mais les troupes ecclésiastiques prirent bien leur revanche. Ayant surpris Guy de Torchefelon, elles le battirent et le poursuivirent jusque dans ses terres où elles commirent toutes sortes d'hostilités. Elles s'emparèrent de ses principales places, lieux, château même de Torchefelon qu'elles saccagèrent et brûlèrent ensuite. « Les masures de ce château, dit Chorier, sont encore aujourd'hui le monument de cette guerre qui lui avait été si funeste ».

Ce fut durant cette période que la tour de Mornas fut brûlée.

Un épisode assez bizarre de cette guerre et qui peint bien les mœurs de cette époque, c'est que le Gouverneur du Dauphiné qui voulait faire cesser une querelle désolant la contrée, se vit fermer les portes de Vienne où il s'était rendu pour demander une entrevue à l'Archevêque. Ayant été soupçonné de favoriser les Torchefelon, il fut même excommunié ainsi que tous les officiers du Roi qui étaient dans Vienne ; les Torchefelon l'étaient depuis longtemps.

Le Roi informé de la hardiesse de l'archevêque en excommuniant ses officiers, ordonna au Conseil Delphinal de déclarer l'excommunication nulle et de nul effet, ce qui eut lieu.

La paix fut conclue quelques temps après entre les deux parties.

Guy de Torchefelon était seigneur de Torchefelon et de Mornas et Jean l'était de Montcarra et du Chastelard de Cessieu. Ce dernier, selon Chorier, fut un homme d'un mérite excellent et eut de grands emplois. Il mourut en 1445 et fut enterré à Cessieu ainsi que son épouse Jeanne de Paladore, dans une chapelle qu'il y avait fondée.

Cette famille n'existe plus depuis longtemps et le château de Ponterray, qui fut celui de Torchefelon, brûlé deux fois, n'existe plus qu'à l'état de ruines.

Complément :

info La famille de Torchefelon d'après G.  Rivoire de La Bâtie

Blason des de Torchefelon

Blason de la famille de Torchefelon (Charles d'Hozier, Dauphiné) - Cliquez pour agrandir
De gueules, au chef d'azur, chargé de 3 bandes d'argent, chacune chargée de 3 mouchetures d'hermines de sable
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