L'habitat hors du bourg de Saint-Maurice,
les propriétaires au XIXe siècle
La Tannerie (Photo p. 38/39)
Situation : en bordure de la RD 8, et côté Nord ; entre la chapelle et les carrières ; section A 566-567 du cadastre de 1829.
Historique : Ce domaine, dit « la Tannerie », a appartenu jusqu'en 1844 à Claude Tachon, domicilié à Chemier ; de 1844 à 1854, à Laurent-Nicolas Burthier, domicilié au bourg ; de 1854 à 1895, à Jean-Marie Martin, domicilié à Mussy-sous-Dun ; à partir de 1895, à Henry Martin. Celui-ci, époux de Victorine Circaud, était fils de Jean-Marie, qui avait acquis le domaine de la Tannerie des époux Laurent Burthier-Claudine Tachon ; cette dernière avait reçu le bien par héritage et partage anticipé de Claude Tachon, son père domicilié à Vauban (1).
(1) Étaient recensés au dénombrement de 1886 : Jean-Marie Martin, cultivateur, 68 ans ; Claudine Jolivet, son épouse, 61 ans ; 3 enfants : André (26 ans), Henri (22 ans), Joséphine (19 ans).
Description succincte : Le groupe d'habitat, bien venu dans son cadre, comporte une maison en rectangle court, à galerie ; il s'y appuie, à l'Ouest, un bâtiment moderne à tourelle carrée et toiture pyramidale.
Chemier
Situation : au hameau de ce nom, au bord de la RD 113, et du côté Est, opposé aux carrières ; tènement A 596 à 598 du cadastre du XIXe siècle.
Historique : Le domaine implanté à Chemier est très postérieur au relevé cadastral de 1829. A cette date, son emplacement est qualifié de « pré », à « la Vénerie » (parcelle A 596) ; il est prolongé par une « terre » (A 597) et par la « Grande terre » (A 598) : toutes parcelles disposant d'une excellente exposition Sud et Sud-Est. Elles sont en 1829 la propriété de Jean Tachon, domicilié à Chemier ; elles seront transmises à ses héritiers, et entreront, en 1893, dans le patrimoine de Jean-Claude Tachon, ancien maire de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf, qui, selon toute vraisemblance fut l'initiateur de l'implantation du domaine rural conservé jusqu'à nos jours, tandis que les immeubles auparavant habités par la famille Tachon de l'autre côté de la RD 113, au revers méridional des carrières dont elle était propriétaire, ont été arasés.
Jean-Claude Tachon devient également propriétaire, en 1893, des parcelles cadastrales englobant les carrières de Chemier, et, pour partie, du four à chaux (A 622 à 628 ; four à chaux = A 627p).
Description succincte : Le logis d'habitation occupe le côté méridional d'un quadrilatère fermé, sur deux autres côtés (Est et Nord), par des bâtiments d'exploitation. Le logis rectangulaire est couvert d'un toit non débordant, à quatre pans aigus ; il s'élève sur trois niveaux creusés de fenêtres rectangulaires disposées symétriquement. Deux cheminées pointent du pan méridional de toiture.
Note sur le lieu-dit « Les Carrières » et les familles Tachon
Situation : au lieu-dit de ce nom, au Nord de la RD8 et à l'Ouest du hameau de Chemier ; section A 628 du cadastre du XIXe siècle
Historique : L'Annuaire de Saône-et-Loire de 1856 dénombrait à cette date, sur le territoire de la commune de Saint-Maurice-lès-Château-neuf, non encore amputé de la commune de Saint-Edmond qui ne fut créée qu'en 1934, des « carrières de pierre de taille » et « cinq fours à chaux et à tuiles » (1). L'impressionnant gisement calcaire de Saint-Maurice, en forme d'ovale allongé, occupait l'intérieur d'un grand rectangle très étiré, limité, au Sud par la RD 8 ; à l'Est par la RD 113 ; à l'Ouest par un chemin peu carrossable qui relie directement la RD 8 à Cerisé ; au Nord, par un raccord bordant l'enclos des carrières entre ce chemin et la RD 113. A l'intérieur du dispositif, qu'il y aurait lieu de protéger dans son ensemble, se voit encore le vaste four à chaux constitué de plusieurs alvéoles placées côte à côte, et dont les entrées sont en plein cintre, plus une haute cheminée de briques. Les carrières dites de Cerisé prolongeaient directement au Nord l'exploitation principale.
(1). La pierre de taille était alors tirée de la carrière de Fonperouge ; on en voit encore l'emplacement, avec loge et maison d'habitation, à droite de la RD 987 tendant de Châteauneuf à Charlieu.
Celle-ci est maintenant complètement abandonnée ; il y a à peine plus d'un siècle, elle était encore en pleine activité, si l'on en juge par le nombre des tailleurs de pierre que recensent la matrice cadastrale de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf, les actes d'état civil et les dénombrements de population, et par la présence de quelques loges, dont les unes sont en ruine, les autres très converties en petites résidences.
Lors du relevé cadastral de 1829, les carrières de Chemier portent le numéro de parcelle A 628 ; elles sont la propriété indivise, par tiers, entre Claude et Jean Tachon, et la veuve de Claude-Marie Tachon. Le four à chaux construit au milieu des carrières (A 627) était de même partagé par tiers entre les trois propriétaires précités, domiciliés au hameau voisin de Chemier. Le patronyme Tachon ayant été porté au siècle dernier par plusieurs familles de Saint-Maurice, qu'il n'est pas possible, dans l'état actuel de leur généalogie, de rattacher avec certitude les unes aux autres - d'autant plus qu'un grand nombre de descendants masculins portaient alors le prénom de Benoît -, les informations généalogiques obtenues sur ces familles seront volontairement limitées à des données succinctes, afin d'éviter tout risque d'erreurs et de confusions.
Jean-Claude Tachon, fils de Benoît (décédé le 21 juillet 18.., à l'âge de 65 ans environ, veuf de Laurence Granjean et qualifié de propriétaire) décéda aux Carrières le 12 avril 1860, à l'âge de 74 ans, veuf de Louise Burdin, propriétaire-cultivateur. Parmi sa descendance, Benoît, né le 2 octobre 1810, épousa Antoinette Gille et mourut à Chemier le 2 août 1874 à l'âge de 63 ans ; Jean Tachon fils, 26 ans, fut témoin de l'acte de décès de son père, avec Jean Déal, 34 ans, maréchal-forgeron, à titre de voisin. Claudine-Marie Tachon, née le 20 juin 1825, sœur de Benoît précité, épousa le 17 février 1845, à Saint-Maurice, François Tachon, né à Tancon le 20 juin 1825, de Claude et de Claudine Poyet (1). Au nombre des descendants des époux Tachon-Gille figure Marie-
Louise, née le 2 janvier 1863, qui devint l'épouse de Nicolas Tachet, propriétaire à Saint-Bonnet-de-Cray ; Jean Tachon, propriétaire et maire de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf, 39 ans, frère de l'épouse, compte parmi les témoins du mariage de 1887.
(1) Témoins du mariage du 17 février 1845 : Marius-Antoine Glénard, notaire, 29 ans ; Jean-Marie-Victor Rochon, « légiste », domicilié à Saint-Symphorien, « actuellement à Châteauneuf », 39 ans ; Benoît Tachon fils, propriétaire à Saint-Maurice, 33 ans.
Parmi les tailleurs de pierre du nom de Tachon inscrits dans les registres d'état civil de la commune de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf sont mentionnés, au début du siècle dernier, Jean Tachon, époux d'Anne Prévôt, décédé le 7 mai 1829, propriétaire « talieure de pierre » audit Saint-Maurice ; Benoît son fils, né le 14 mai 1808, également « talieure de pierre » ; lequel, veuf d'Antoinette Auvolat, épousa en secondes noces, le 8 juillet 1843, Jeanne-Marie Sarnin, native de Varennes-sous-Dun ; au nombre des témoins de ce second mariage se remarque le nom de Claude Granjean, 28 ans, « talieure de pierre » lui aussi.
Selon le chanoine Fargeton, originaire de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf, la commune de Saint-Maurice comptait encore sept carrières avant 1910 : l'une située à Fontprouze (commune actuelle de Saint-Edmond), « les six autres carrières, proches ou peu éloignées de ma maison natale, toutes inactives actuellement, ont fourni un calcaire crème des mêmes veines qui ont permis d'édifier la prestigieuse église de Châteauneuf, sa sœur plus modeste de Saint-Maurice, et d'autres aux siècles romans... Aux carrières de calcaire étaient joints des fours à chaux avec leur cheminée en briques. Une seule fut construite en pierre ; cette survivante qui ne manque pas d'élégance mériterait d'être classée. Une de ces carrières donnait un calcaire gris-noir dont résultait une excellente chaux lourde de blancheur immaculée... Un bois conserve les traces de plusieurs exploitations avec des monticules constituées par les terrassements ; les falaises sont un véritable boulevard de la pierre. On y voit à un seul exemplaire une grotte. Les travailleurs de la pierre ont œuvré là pendant plusieurs siècles... Ces humbles et pittoresques tailleurs de pierre n'ont pas d'héritiers pour le travail en carrière ; ils en ont encore heureusement pour le travail en atelier. A vrai dire je n'en connais qu'un seul à Saint-Maurice, M. Gervais Mars » (Histoires de tailleurs de pierre, dans : Annales de l'Académie de Mâcon, 3e série, tome 52, 1974-1975).
Cerisé (Photos p. 20-21/39)
Situation : au Nord-Ouest du chef-lieu et au Nord des Carrières ; tènement A 637 à 645 du cadastre du XIXe siècle.
Historique : Laurent Desseaux, domicilié à Cerisé, était en 1829 propriétaire de la section septentrionale du gisement calcaire dit « les Carrières », incluse dans le tènement sous le numéro A 638. L'ensemble, comportant une habitation, est implanté à l'Est du chemin de raccord joignant les deux routes départementales et aboutissant à la chapelle de Cerisé. Après Laurent Desseaux sont inscrits, dans la matrice cadastrale, les noms de Claude-Marie Merlin, des Verchères de Châteauneuf (1833 à 1847), puis Claude Verchère, domicilié « au Cerizier », et sa famille (1847-1896). Benoit Verchère aîné, Benoît cadet, et Jean-Marie Verchère acquittent les taxes foncières pour l'année 1859-1860 ; Auguste Bouthier de Rochefort, domicilié à Semur-en-Brionnais, pour l'année 1862-1863. L'immeuble correspondant à la parcelle A 644 est porté « démoli » en 1863. La veuve Bouthier de Rochefort, née Lavirotte, domiciliée à Semur, acquitte à son tour les taxes foncières afférentes au domaine à la fin du siècle dernier. A partir de 1904 enfin, tous les biens issus de Claude Verchère, englobant l'ancien four à chaux A 627 et les « Carrières »A 628, sont inscrits dans la matrice cadastrale au nom de « Martin Antoine, régisseur aux Carrières ».
Description du logis A 644, reconstruit à partir de 1863.
La demeure rurale implantée au-dessus des Carrières est constitué par un corps de logis rectangulaire élevé sur deux niveaux (façade principale donnant sur une cour intérieure), et couvert d'une toiture aiguë à quatre pans que percent, au Midi, trois lucarnes sous fronton triangulaire, et, à l'Est, une lucarne ; une cheminée pointe de l'arête faîtière. Au logis s'accole à l'Ouest un bâtiment de dépendances long et bas, appareillé de moellons calcaires irréguliers, sous toiture à deux rampants descendant plus bas au Nord qu'au Sud. De ce même côté, le bâtiment de dépendances est prolongé à l'Est, soit derrière le logis principal, par un bâtiment un peu plus élevé, que protège un toit à deux rampants ; sur le côté Nord de cette aile est venue se greffer une adjonction très basse sous appentis, qui laisse dégagée la fenêtre rectangulaire de ce dernier bâtiment. La façade principale du logis de maître donne, au Sud, sur une terrasse que délimite un muret, avec des constructions basses à chaque extrémité.
Les Tuileries (Photo p. 39/39)
Situation : au bord de la RD 8, du côté Nord ; à la limite des communes de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf et de Ligny-en-Brionnais.
Historique : Ces deux tuileries, côte à côte, ont appartenu, l'une, la plus au Sud (section A 413 à 417), à Claude Farisier, domicilié aux Petites Avaises ; elle fut transmise à Claude Farizy fils, domicilié aux Tuileries, et propriétaire de ce bien à partir de 1890. La seconde, jouxtant la précédente, et en limite communale (section A 418 à 420), appartenait à Benoît Cannet, domicilié à Saint-Rigaud, qui la transmit à « Cannet Antoine Jean fils Déroche », domicilié aux Petites Avaises, puis aux Tuileries. Antoine Cannet-Nigay, « tuillier à Saint-Maurice », en devint propriétaire à partir de 1884. Cette seconde « tuillerie » est dite « démolie » en 1838. Selon ,1e plan cadastral de 1829, le séchoir formait un quadrilatère de plan légèrement barlong, implanté selon un axe perpendiculaire à celui de la route, avec logis en rectangle allongé par-derrière.
Description de la première tuilerie : Le séchoir du domaine et visible de la RD 8, mais le four accolé en retour d'équerre, tel qu'il est figuré au plan cadastral, semble avoir été démoli. Le logis d'habitation est implanté dans le même axe que le séchoir, et derrière lui ; mais, par rapport au relevé cadastral de 1829, l'apophyse redentée de son extrémité Nord-Ouest paraît avoir, elle aussi, disparu.
Vermont
Situation : 0,750 km environ, à l'Ouest de l'église ; au fond d'une impasse embranchée, au Sud, sur le chemin vicinal desservant La Froidelière et le hameau des Ecorchets.
Historique : Pierre Lardet était en 1829 propriétaire du petit domaine implanté au fond d'une impasse et dominant, au Sud-Ouest, de belles pâtures. Le tènement C 62 à 70 appartiendra successivement à Jean Veraud (1840-1846) qui, en 1841, remodèle la propriété bâtie, déjà portée au relevé cadastral de 1829 ; puis à Jean-Baptiste Duchastelus, avoué à Roanne (1846-1858) ; à Simon Gelin (1858-1861), et, en indivision, à Jean Gelin et à Marie Gelin, épouse Laroche.
Claudine Laroche, époque d'Antoine Gelin, née à Chassigny-sous-Dun de Jean-Marie et de Marie Petit, décéda à Vermont le 29 janvier 1870, veuve et âgée de 77 ans ; Jean Gelin, son fils, né à Saint-Martin-de-Lixy, qui avait épousé Claudine Turin, ne lui survivra que deux ans : il décéda en effet le 3 janvier 1872 à l'âge de 53 ans ; Benoît Laroche, son beau-frère, âgé de 37 ans, fut témoin de l'acte d'état civil.
Le nom de la veuve de Benoit Tachon, domiciliée à Chemier, est, à partir de 1882, porté dans la matrice cadastrale de Saint-Maurice.
Description succincte : Bien exposé au Sud-Ouest, sur une terrasse dégagée, le domaine isolé de Vermont se compse d'un logis quadrangulaire massif, haut d'un étage sur rez-de-chaussée, et protégé par une toiture aiguë à quatre pans ; il s'y accole, au Nord, un long bâtiment de dépendances, couvert d'un toit à deux pentes. Autre bâtiment de dépendances au Sud-Est, avec toiture aux angles abattus. L'ensemble des constructions est appareillé du calcaire extrait des carrières voisines.
La Froidelière (Photos p. 24-31/39)
Situation : 1,050 km au Nord-Ouest de l'église ; au Sud de la RD 8, et un peu en contrebas de la croix routière d'où s'embranche un chemin vicinal se dirigeant au Nord-Ouest.
Historique : Benoît Gay est, en 1829, propriétaire du domaine de Froidelire, inclus dans « la Grande Terre » et implanté en peu en contrebas de la croix routière qui marque le carrefour de la RD 8 et d'un chemin vicinal. Ce petit domaine, inscrit au relevé cadastral sous les numéros de parcelles C 56 à 58, comportait une maison modeste, un jardin et une terre. Un M. Malherbe, de Paray-le-Monial, l'acquiert en 1838 et fait immédiatement démolir et reconstruire (1839) la parcelle bâtie. Il conserve le domaine jusqu'en 1855. A cette date en devient acquéreur Laurent-Nicolas Burthier, qui pourrait être le « maître tailleur de pierre », domicilié aux Petites Avaises, âgé de 49 ans au dénombrement de 1861 (né le 5 décembre 1812, décédé le 14 janvier 1871, âgé de 58 ans), dont le fils, Jean-Louis Burthier, est également qualifié de tailleur de pierre en 1871 et est alors âgé de 33 ans.
Claude Verchère, domicilié à Cerisé, apparaît en 1864, après Laurent-Nicolas Burthier, et sa famille gardera l'héritage jusqu'en 1898 : Benoît Verchère aîné, Benoît cadet et Jean-Marie Verchère, de Cerisé, en acquittent les taxes foncières en 1859-1860 ; Auguste Bouthier de Rochefort, domicilié à Semur, en 1862-1863, puis sa veuve, née Lavirotte, leur succèdent.
Le domaine primitif, correspondant aux parcelles cadastrales C 56 à 58, s'était augmenté, en 1876, de la parcelle triangulaire C 55, propriété communale, close, mais intitulée « friche », desservie sur ses trois côtés par des chemins publics ? Comme elle présentait un grand intérêt pour les possesseurs du domaine de La Froidelière, ceux-ci s'empressèrent de supprimer le chemin de desserte issu de la pointe Ouest du triangle qui, doublant au Sud la RD 8, longeait les propriétés bâties, puis séparait « la Grande Terre » (C 58-59) de la « Devène » (A 535) bordant la RD 8 du côté Sud ; ce, d'autant plus opportunément que la parcelle de la « Devène » allait elle-même devenir propriété des successeurs de Claude Verchère (1).
(1) Cette parcelle A 535, propriété de Jean Fleury jusqu'en 1869, a été possédée jusqu'en 1894 par Benoît Bollery, domicilié à La Froidelière ; la parcelle jouxtant la précédente, et dénommée « Denise », est à la même époque propriété de la veuve de Claude-Marie Tachon.
Antoine Martin, régisseur aux Carrières, se porte acquéreur du domaine agrandi de La Froidelière à partir de 1898 ; il est propriétaire de toutes les carrières de Chemier et de Cerisé et des terres avoisinantes. C'est à partir de 1904 enfin, qu'apparaît, à une époque où, malheureusement, l'exploitation des carrières de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf avait pris fin, le nom du nouveau propriétaire du domaine de La Froidelière, Jean-Marie Turin, « marchand de vaches aux Carrières » (sic).
Description : Le domaine de La Froidelière, à la jonction des anciennes parcelles cadastrales C 56 à 58, A 55 et A 535, est aujourd'hui constitué de deux vastes immeubles disposés en équerre.
Le logis principal est perpendiculaire à l'axe de la RD 8 ; assez en retrait par rapport à la route, on y accède par un chemin de terre qui débouche sur le petit côté Nord de l'immeuble. Ce dernier allonge sa grande façade (Sud-Est) au-devant d'un enclos quadrangulaire fermé, donnant lui-même sur de vastes prairies. Cette façade s'élève sur trois niveaux creusés de percements rectangulaires dont le rythme est régulier ; le crépi vétusté laisse apparaître par endroits la pierre de taille moyenne et irrégulière, les encadrements des portes et fenêtres, toutes surmontées, au rez-de-chaussée et à l'étage intermédiaire, d'arcs de décharge non saillants ; le niveau supérieur, sous le pan de toiture, en léger surplomb, n'est aéré que de jours carrés. La toiture, basse, comporte un pan abattu sur le petit côté Nord ; dissymétrique, elle descend plus bas au revers Ouest de la façade principale. La face occidentale est augmentée d'un escalier extérieur inséré entre l'extrémité Nord-Est du logis et un saillant en forme de tour carrée. L'extrémité du logis primitif était un peu au midi, où se voit encore sa section ; l'adjonction, d'un tiers environ de la longueur totale, n'est pas exactement datable.
Tel quel, le logis principal annonce, comme celui du Charme (aujourd'hui compris dans la commune de Saint-Edmond) qui n'en est pas éloigné, les habitats de la plaine de la Loire roannaise, elle-même toute voisine. En équerre avec lui, mais séparé par un passage qui permet l'accès direct à la « Grande terre », le bâtiment de dépendances est construit sur le plan d'un rectangle long, axé Est-Ouest et couvert d'une toiture de tuiles plates, plus aiguë que celle du logis, et à deux pentes. Sa grande façade septentrionale, donnant sur la cour, est creusée à chaque extrémité par une petite porte, surmontée d'une fenêtre rectangulaire, et dont le linteau a sa base évidée en arc segmentaire ; ces deux ouvertures flanquent une grande porte charretière médiane, dont le linteau est de même profil, mais clavé, et qui paraît avoir été percée, ou agrandie après coup. Le tout est remarquablement appareillé du calcaire ocre, pris selon toute vraisemblance aux carrières voisines, avec des chaînages d'angle plus blancs, qui dessinent des grecques verticales.
Il est également intéressant de relever que l'ancienne parcelle triangulaire communale A 55, incluse dans le domaine de La Froidelière, a conservé intacte sa figure géométrique, bien marquée par un mur soigneusement appareillé, avec une assise supérieure faite de moellons verticaux : construction qui rend un hommage implicite au savoir-faire des maçons et des tailleurs de pierre locaux.
Domaine du Charroire (Photos p. 14 et 22/39)
Situation : à mi-chemin entre Foy-Roland et le carrefour des RD 295 et 8 ; en bordure et au Nord-Ouest de la RD 295 ; en limite communale avec Ligny-en-Brionnais ; section C 224 à 234 bis du cadastre du XIXe siècle.
Historique et description succincts : Une allée bordée d'arbres conduit au domaine implanté à la limite des communes de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf et de Ligny-en-Brionnais, du côté Nord-Ouest de la RD 295. Edifié sur l'une des parcelles du tènement C 22A à 234 bis de l'ancien cadastre, sur une terre qui, en 1829 était la propriété du chevalier Jean-Pierre Bruyas, ancien Président à la Cour royale de Lyon, et domicilié à Lyon, l'ensemble rural, postérieur au relevé cadastral, se compose d'un vaste corps de logis en rectangle allongé, dont la façade principale, au Sud-Est, élevée sur deux niveaux, est agrémentée de trois lucarnes du côté de la cour d'entrée ; celle-ci est fermée, latéralement, par deux bâtiments annexes affectés aux dépendances.
Domaine Ragot ou en Ragot (Photos p. 33-37/39)
Situation : 0,900 km au Nord de l'église paroissiale, au-dessus du nouveau cimetière ; section B 331 à 334 du cadastre du XIXe siècle.
Epoque : antérieure à la levée cadastrale de 1829. Affectation : privée. État : très bon.
Historique : Le tènement inscrit sous les numéros de parcelles cadastrales B 320 bis à B 335 (à l'exception de B 325), et englobant le domaine Ragot (B 331-334), a appartenu jusqu'en 1833 au « chevalier » Jean-Pierre Bruyas, ancien président à la Cour royale à Lyon (1).
(1) Le chevalier Jean-Pierre Bruyas possédait encore de vastes parcelles en rive droite du Sornin, étirées jusqu'au domaine de Vermont (ou Vers-Mont), au Nord ; elles comprenaient les parcelles cadastrales C 72 à 80 et C 84 à 104 ; ces dernières englobaient, entre autres, le « pré du Montet » (C 84) le « pré du moulin » (C 85), le « pré de la croix » (C 87), la carrière « au Bois de moulin » (C 103) ; ainsi que la « carrière et déblais » (C 225, parcelle comprise dans le tènement C 224 à 234 bis).
Une mutation le fit passer à Jean Auclerc, domicilié à Châteauneuf et propriétaire de l'auberge de La Croix Blanche (1833-1844), puis à Daguet et Pitrat, domiciliés à Lyon et Givors (1844-1867) ; Michel Pitrat, « rentier » domicilié En Ragot, en acquitte les redevances foncières pour l'année 1874-1875 (1). A partir de 1889, Joseph Burthier en devient propriétaire, après la veuve de Jean Burthier, domicilié à Popet. Marie-Louise Mommessin, veuve Burthier, rentière et chef de famille, âgée de 52 ans, est, en 1886, recensée à Saint-Maurice-lès Châteauneuf avec ses cinq enfants : Angéline, l'aînée, âgée de 28 ans; Etienne, 26 ans, emboucheur ; Madeleine, 22 ans; Marguerite, 21 ans, et Joseph, âgé de 19 ans, lequel est donc devenu majeur en 1889. Joseph Burthier a possédé, non seulement le domaine Ragot, mais également les terres voisines, « En Brocheret », incluses dans le domaine ayant appartenu au Président Bruyas.
(1) Selon la liste des plus forts imposés de la commune de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf pour l'année 1851, signée par Etienne Burthier, maire, le nom de Michel Pitrat figure en quatrième position après ceux de MM. Plouvié, domicilié à Saint-Laurent, Dussaussois de Champlessis, propriétaire en Brochevet, Pierre-Antoine Daguet, domiciliés à Lyon. Henri-Amable de Dreuille, banquier à Roanne, autre « forain », était propriétaire au hameau d'Avignon (3 km NNO) dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Description : Le domaine Ragot occupe, à droite du chemin de desserte du nouveau cimetière, et au-delà de ce dernier, un enclos en rectangle très allongé, occupant le sommet de la crête.
Le logis d'habitation est constitué d'un bâtiment rectangulaire, haut d'un étage sur rez-de-chaussée, et couvert d'un toit assez aigu à quatre pans de petites tuiles plates et brunes, sans lucarnes ; l'aération et l'éclairage des combles ne sont réalisés que par de simple vasistas. La façade principale du logis donnant au Sud-Est est creusée, à chacun de ses deux niveaux, par un rythme régulier de percements très rapprochés (huit ou neuf), aux linteaux légèrement cintrés ; elle s'ouvre sur un jardin dont les deux angles extérieurs du mur de clôture sont renforcés de pavillons carrés, coiffés de toitures pyramidales à rupture de pentes. La cour intérieure est au Nord, donnant accès à des bâtiments d'hébergeage. Le tout, aux perspectives monumentales très équilibrées et largement conçues, s'offre comme le principal fleuron du patrimoine civil de la commune.
Autres hameaux (photos seulement) :
La Chenauderie (Photo p. 23/39)
Papillon (Photo p. 32/39)
Source : AD71, Inventaire du patrimoine, Saint-Maurice-lès-Châteauneuf, Maisons, 39 pages.