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L'ancienne église de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf

L'ancienne église de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf, qui figure au Pouillé du XVe siècle, était sous le vocable de saint Benoît ; de l'archiprêtré de Beaujeu, elle ressortit plus tard de celui de Charlieu ; à la collation du chapitre de Saint-Paul de Lyon, le marquis de Drée en avait, en dernier lieu, la présentation.

Devenu chapelle de cimetière, cet ancien édifice fut visité le 21 juillet 1746 par Mgr de Lort de Sérignan de Valras, évêque de Mâcon ; le procès-verbal rédigé après son passage en donne la description suivante :

« Le sanctuaire est une coquille d'environ dix-huit pieds de largeur sur douze de profondeur, éclairé en midi par un vitrail en état et en matin par un autre qui donne un faux jour sur l'autel ; il est séparé du chœur par une balustrade servant de table de communion... Le chœur est pareillement voûté, de vingt pieds de large sur dix de long ; du côté de l'évangile, au fond, est le banc de Melle d'Armagnac, dame du lieu... Ladite nef peut avoir quarante pieds en longueur sur vingt de largeur, éclairée par cinq vitraux mal entretenus ; elle est lambrissée proprement et le pavé bien entretenu... ; il y a deux portes en état, l'une en midi et l'autre en soir... Le clocher est une tour carrée percée des quatre côtés par un rang de fenêtres séparées par des piliers en pierres, servant de base à une flèche en pierres de taille aussi percée des quatre côtés ; nous y avons trouvé deux cloches bien sonnantes ; le beffroi et la charpente sont en mauvais état ; il est posé en midi et n'appuie que d'un côté sur le mur de ladite église dans le chœur, par où l'on entre dans une porte posée au fond où est la montée en bois dudit clocher, en mauvais état et très difficile... Visite faite de l'extérieur de l'église, nous avons trouvé un chapiteau qui environne ladite église de midi et soir, posé sur des piliers en maçonnerie et caducs. Le mur du côté du vent est caduc. Le cimetière environne de toutes parts l'église. »

La sacristie, nouvellement construite extra tecta, du côté de l'Evangile, communiquait par une porte avec le sanctuaire ; « bien pavée et voûtée à canne, éclairée en matin par un vitrail grillé et barré où il manque une vitre », elle pouvait mesurer « dix pieds de largeur sur quinze de profondeur ».

L'église était agrandie par deux chapelles extra tectum, du côté de l'Evangile, placées sous le vocable de Notre-Dame de Pitié et de saint Bonaventure ; la première, ouvrant sur le chœur, construite aux frais de Georges Sabbatin, bourgeois de Lyon, sieur de Ronzières, ancien Conseiller du roi, receveur des tailles ; la seconde, ouvrant sur la nef, édifiée par le sieur Bonaventure Ducarre ; toutes deux « meublées et en état ». Le procès-verbal de Visite pastorale de 1746 en donne la description, accompagnée de l'inventaire de leur mobilier sans omettre, bien entendu, celui de l'église proprement dite, comportant un bel autel à retable baroque, et les deux autels latéraux appuyés contre le mur séparatif du chœur et de la nef, dédiés à saint Antoine alias sainte Barbe, et à Notre-Dame du Rosaire alias sainte Catherine. Il est intéressant d'en rappeler le souvenir.

Un siècle plus tard, l'ancienne église, exiguë et en très mauvais état, fut complètement désaffectée, à partir de la construction, en 1854, du nouvel édifice paroissial ; non entretenu, sa ruine ne pouvait que s'accélérer, et nécessita une démolition qui, fort heureusement, épargna le clocher roman, remis en honneur à partir des années 1922. C'est en effet, au cours d'une délibération municipale en date du 5 novembre que Charles Lombard, maire de la commune de Saint-Maurice, ayant exposé « que depuis longtemps le vieux clocher existant dans l'enceinte de 1'ancien cimetière a(vait) besoin de réparation, que ce clocher qui date du XIIe siècle est un embellissement pour la commune et mérite d'être conservé ; le mauvais état de la maçonnerie demande des réparations urgentes », la somme de 3000 francs fut inscrite au budget supplémentaire de l'année 1923 pour sa restauration. Dans la même séance était approuvé le devis de l'entrepreneur Jean-Louis Pouly, entrepreneur à Saint-Maurice (3000 francs). Après autorisation préfectorale en date du 17 octobre 1922, le marché de gré à gré fut signé le 16 novembre suivant avec l'entrepreneur précité (Archives de Saône-et-Loire, Série O 1935).

C'est peu après ces travaux que le clocher de l'ancien édifice fut classé Monument historique, le 30 janvier 1926.

L'ancienne église de St-Maurice, aujourd'hui chapelle de cimetière, est entièrement amputée de sa nef et de ses chapelles latérales, et ne comporte plus que le chœur et le clocher romans sauvegardés de l'édifice primitif.

Le chœur, semi-circulaire, est éclairé par trois fenêtres en plein cintre, bouchées ou remaniées ; il est voûté en cul-de-four brisé. La travée de chœur laisse voir, du côté septentrional, le tracé de l'arcade en cintre brisé qui donnait accès à la chapelle Notre-Dame de Pitié.

Du côté opposé, porte d'accès au clocher. Celui-ci est bâti hors œuvre, sur le côté méridional de l'abside ; de plan carré, haut d'un étage unique, éclairé sur chaque face, par des baies géminées en plein cintre à retombée médiane sur deux colonnettes placées l'une derrière l'autre ; il est coiffé d'une pyramide à quatre pans, maçonnée.

L'abside est étayée par deux contreforts peu saillants ; la corniche qui supporte la toiture est soutenue par des modillons sculptés de têtes d'animaux et de masques grimaçants.

A l'intérieur de l'abside, peintures en trompe-l'œil représentant un dais, pouvant remonter à la période classique.

La travée de chœur qui ouvrait sur le vide après la démolition de la nef est, aujourd'hui, fermée par un pan maçonné, en léger retrait, qui épouse la forme de l'arcade en plein cintre dont la clé est gravée de la date 1820. Ce pan est creusé d'une porte toscane en plein cintre (réemploi) datée de 1716 à la clé ; sous les deux impostes sont encore gravées, latéralement, les initiales O S et P S du nom, vraisemblablement, des tailleurs, de pierre, auteurs de l'ouvrage ; la porte est surmontée d'un oculus.

Documentation :

- Visites pastorales de l'archiprêtré de Charlieu... faites en 1745 et 1746 par Monseigneur de Lort de Sérignan de Valras, évêque de Mâcon ; publiées par M. Joseph Déchelette, et annotées par Mgr Rameau. Tome I : archiprêtré de Charlieu. Mâcon, Protat frères, imprimeurs, 1904.
- Jean Virey, Les églises romanes de l'ancien diocèse de Mâcon. Mâcon. Imprimerie Protat frères, 1934.

Source : Inventaire du patrimoine, Saint-Maurice-les-Chateauneuf-lès-Châteauneuf, Chapelle de cimetière (ancienne église paroissiale), établi par Mme A.M. Oursel (1971-1996). AD71, photos p. 7-12/12.

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