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L'église paroissiale de l'Assomption-de-la-Sainte-Vierge

Historique

L'église de Saint-Igny-de-Roche, sous le vocable de l'Assomption de la Sainte Vierge, de l'ancien diocèse de Mâcon et de l'archiprêtré de Charlieu, fut à ce titre visitée, le 18 juillet 1746, par Mgr de Lort de Sérignan de Valras qui en donne la description suivante :

« L'église est de trois parties, l'une compose le sanctuaire, voûté en coquille éclairée de deux petits vitraux, cadetté, fort petit, mais propre. Le chœur est aussi voûté en voûte forte, renfermé entre quatre arcs, dont deux font un enfoncement formant deux petits latéraux, il est très bien cadette de même que la nef éclairée de deux vitraux et d'un troisième plus petit, en état, de grandeur médiocre et fort propre.

Dessus est le clocher formant une grosse tour couverte de tuiles creuses en bon état ... La nef est longue d'environ quarante-cinq pieds sur vingt-deux ou vingt-quatre de large, éclairée de quatre vitraux en état ; les murs en paraissent bons, ils sont blanchis ; elle est lambrissée de bois de sapin, en compartiments, qui a besoin de quelques légères réparations ... Les murs extérieurs de ladite église, de même que la couverture de tuiles creuses, sont en bon état »

Cet édifice religieux était encore entretenu en 1822 puisqu'à la date du 13 septembre était signée une adjudication de travaux du montant de 5635 francs en faveur de Jean Vernet qui offrit un rabais de 300 francs ; les travaux étaient achevés en 1827.

Selon une fiche de renseignements statistiques certifiée par M. Crétin, maire, le 15 décembre 1845 « l'église est passablement entretenue mais n'offre rien de remarquable sous le rapport de l'art. Cette église à une simple neffe est peu vaste pour la population. Il serait nécessaire de l'agrandir sur sa longueur et cette dépense pourrait prendre une somme de quatre mille francs ».

Cette exigüité est, semble t-il, en grande partie, à l'origine de la reconstruction pure et simple de l'église paroissiale : projet confié à l'architecte Della Jogna, de Charolles.

« L'église actuelle n'ayant qu'une surface intérieure de 160 m2 ne peut contenir que le tiers de la paroisse ... (elle) se compose d'une nef récemment agrandie, à la suite de laquelle est disposé le transept avec clocher au centre et abside circulaire de la fin du XIIe. A part le sanctuaire, les autres parties de l'église n'offrent aucun intérêt archéologique plaidant en faveur de la conservation. »

L'architecte pressenti s'explique sur le projet de reconstruction dans un rapport en date du 19 juillet 1877 : « La nouvelle église sera élevée sur l'emplacement de l'ancienne, en empiétant sur la place publique à laquelle sera annexé le terrain acquis à cet effet par la commune. La place publique sera en outre agrandie ... Cette acquisition de terrain ne présente aucune urgence, attendu qu'on peut construire l'église sans prendre sur ce terrain. Pour éviter toute difficulté, tout embarras, on pourrait sans qu'il en résultât le moindre inconvénient porter la nouvelle église de quelques mètres plus au midi, sur le chemin de St-Igny à Chauffailles, de façon à laisser la circulation complètement libre autour du monument jusqu'à la réalisation de la vente du terrain au Nord.

L'axe de la nouvelle église sera exactement tracé d'équerre sur l'axe du chemin de Chauffailles à Ecoches. L'église projetée aura une longueur totale de 44m 20 mesurée hors-d'œuvre, du mur de façade au mur extérieur des sacristies ; un parvis, destiné à racheter la différence de niveau du terrain sur lequel doit être élevé le monument, précédera la façade principale sur laquelle soit s'élever le clocher... » suivent des mensurations très précises de chacune des articulations de l'édifice (Archives de Saône-et-Loire. Série O : Saint-Igny-de-Roche : Eglise), sans omettre celles de la tour du clocher qui « sera terminée par des pignons sur chaque face, et par une flèche octogone (4é mètres). Et l'architecte de préciser encore : la nouvelle église présentera une surface intérieure de 521,16 m2, représentant 430 m2 de surface intérieure utile et disponible, « surface non seulement en rapport avec la population présente mais avec la population accrue ». La dépense totale, « compris honoraires de l'architecte étant de 91.225,62 francs. Le mètre de surface couverte revient à environ 116 francs, chiffre qui prouve que l'édifice projeté est conçu dans les conditions de la plus stricte économie ».

A la date du 24 septembre 1877, une lettre du maire de Saint-Igny au Préfet de Saône-et-Loire exposait, en guise de conclusion : « Cette construction est on ne peut plus désirée par les habitants de la commune. Notre population est religieuse et souffre depuis longtemps de l'insuffisance de son église et de son inconvenance pour le culte... Une souscription a été ouverte... et l'exacte vérité est qu'il n'y a pas une famille dans la commune qui ait refusé de souscrire ».

Les plan et devis de l'architecte Della Jogna furent approuvés par les autorités administratives le 18 janvier 1878, et l'adjudication passée le 21 février suivant, en faveur d'André Robin, entrepreneur à Saint-Laurent-en-Brionnais, pour la première partie du projet seulement (sur une estimation de 67.954,87 francs, honoraires de l'architecte non compris) comportant la construction de la nef, du transept, du sanctuaire, de la façade, de la base du clocher jusqu'au niveau des toitures des hautes nefs (le devis global en date du 19 juillet 1877 était articulé en quatre chapitres). Au moment de la réception d'œuvre définitive (9 avril 1885) le décompte des travaux se montait à la somme de 78.685,55 francs.

La construction différée du clocher et celle des sacristies furent réalisées à partir de 1897. De nouveaux plans avaient été demandés à l'architecte Poinet, de Mâcon, approuvés par le Préfet le 12 mai 1897 ; ces plans, échelonnés entre le mois d'octobre et le 14 novembre 1894, inspirés du projet primitif Dell Jogna, sont conservés dans le dossier de la Série O : Saint-Igny-de-Roche ; Eglise, aux Archives de Saône-et-Loire. L'adjudication en date du 14 juin 1897 confia les travaux à Félix Sauge, entrepreneur à Marcigny. « En cours d'exécution des travaux, M. Poinet, architecte aujourd'hui décédé, fit augmenter la force de la charpente et apporta quelques modifications dans la pierre de taille », ce qui porta le décompte définitif à 22.500,48 francs. La réception d'œuvre provisoire fut effectuée par Ernest Cornu, architecte à Roanne, le 5 janvier 1899, et la réception définitive signée le 15 juillet 1907.

Le financement de l'opération avait préparé par les apports suivants : fabrique : 3000 ; emprunt de la fabrique : 3000 ; legs Coule (ancien desservant) : 1500 ; subvention communale : 5000 ; subvention de l'Etat : 5000 (décision du 10 février 1897) ; valeur des vieux matériaux de démolition de l'ancienne église : 900 ; soit, au total : 18.900 francs.

Le 20 juillet 1884 avaient été cédés à Pierre Mazille, de Saint-Igny, pour 570 francs, les matériaux de la démolition de l'ex église provisoire, Jean-Pierre Duperron étant maire (acte signé par-devant Charles-Benoît Bernabé, notaire à Saint-Igny. L'autorisation préfectorale en avait été donnée le 15 mars précédent, après la délibération municipale prise le 2 mars ; celle-ci précisait que seraient mis en vente « toiture de l'ancienne église et autres matériaux (toiture, charpente, tuiles, planches,...) à provenir de la démolition de l'ex église provisoire dite la « cabane », située au bourg de Saint-Igny-de-Roche, dans l'ancien cimetière, à côté du mur du jardin de l'école de garçons (Archives de Saône-et-Loire. Série O : Saint-Igny-de-Roche ; ventes).

Le décor sculpté des portails, dû à un certain Doryer ou Popyer (signature mal lisible), fut réalisé au début de ce siècle grâce aux libéralités de plusieurs bienfaiteurs insignes dont les noms sont portés sur une plaque, au fond de la nef : Claude-Marie Poyet, Jean-Louis Poyet, Annette Fouillet, Jean-Baptiste Martin, Françoise Poyet, Louis Van de Walle, Elise Robin, son épouse.

L'église fut « consacrée par Mgr Maurice Gaidon, le 15 août 1919 » (plaque apposée au fond de l'église).

Autre plaque faisant pendant à celle des « bienfaiteurs insignes de notre église », celle des prêtres desservants de la paroisse de 1855 à 1967 : « Souvenez-vous de vos pasteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu » : Simon Coule 1855-1891, Claude Laroche 1891-1904, J.-Marie Magnien 1904-1930, Claude Lacroix 1931-1959 (1), Georges Blanchemin Beauchemin 1960-1967, René Bert 1967-1975.

(1) Les tombes des curés Magnien et Lacroix encadrent la croix du cimetière actuel : cette dernière sculptée de l'étole entrecroisée du prêtre.

L'aménagement du perron de l'église fut réalisé en 1926 ; un mémoire de Joseph Chassignolle, maçon à Saint-Igny du montant de 1906, 25 francs, tient lieu de marché.

Description

L'église paroissiale de Saint-Igny-de-Roche est un édifice de gothique primitif de la fin du XIXe siècle. Elle comporte une nef à collatéraux de quatre travées, voûtée d'ogives moulurées qui reposent, ainsi que les arcs-doubleaux, sur des faisceaux de trois colonnes engagées, à chapiteaux sculptés de feuillages ; les faisceaux reposent en porte-à-faux sur les corbeilles des chapiteaux des colonnes rondes, qui reçoivent également les grandes arcades en cintre brisé et moulurées. Les bas-côtés sont voûtés d'arêtes sur doubleaux ; Quatre fenêtres hautes éclairent la nef. Celle-ci est prolongée par un transept très légèrement saillant constitué par une travée prolongeant les bas-côtés, plus une très brève travée voûtée en berceau brisé, dont des trilobes en creux soulignent les retombées ; une grande rosace éclaire les murs de fond.

L'entrée du chœur est marquée par un large emmarchement de trois degrés. La travée droite de chœur est flanquée de bas-côtés que terminent de courtes travées à chevet plat, tandis que l'abside, voûtée de six branches d'ogives, est à cinq pans ; les deux bas-côtés s'ouvrent de la même façon, sur le chœur et sur le transept.

A l'entrée, la nef est précédée par un porche sous clocher, à deux travées collatérales et grande baie de tribune au-dessus de la porte. Le clocher-porche est, à l'extérieur, en légère saillie, surmonté d'une tour carrée amincie par rapport à sa base, ajourée de par une longue et étroite baie jumelle en cintre brisé, à retombée médiane sur une colonnette, sous pignon très aigu et fine flèche octogonale.

En façade, avec date gravée 1879, grande baie au-dessus du portail principal à tympan sculpté, de même que les portes latérales en léger retrait. Ces tympans traités dans le calcaire ocre brionnais présentent les thèmes iconographiques suivants :

- une Annonciation qui porte l'inscription : Ecce Virgo concipiet. Ce tympan est le seul à être signé : DORYER (?) à l'extrémité droite de l'encadrement horizontale biseauté.

Documentation

- Visites pastorales de l'archiprêtré de Charlieu, par Mgr de Lort de Sérignan de Valras : 18 juillet 1746 (p. 185 et suiv.)
- Ms Rameau. Les paroisses de l'ancien diocèse de Mâcon, p. 186.
- Archives de Saône-et-Loire. Série O : Saint-Igny-de-Roche ; Eglise.

Source : AD71, Inventaire du patrimoine, Saint-Igny-de-Roche, Eglise paroissiale, 21 pages (Photos p. 9-21/21).

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