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Histoire du château de Romanèche à Rochetorin

Château de Romanèche  Tour du château de Romanèche

La Tour de l'antique château de Romanèche - Cliquez sur une carte postale pour l'agrandir

[Source : Livre du Dr André Dénier, "La Tour du Pin, terre des Dauphins"]

La terre de Romanèche fut, sinon le berceau, du moins la propriété de la famille féodale de ce nom, l'une des plus anciennement connue en Dauphiné. Cette Maison apparaît dès la fin du XIe siècle dans le Cartulaire de l'Archevêché de Vienne, avec Drogon de Romanèche, en 1090. Les Cartulaires de l'Abbaye de Bonneveaux et de Temple de Vaux nous ont conservé le souvenir de quelques uns de ses descendants qui semblent être éteints vers le milieu du XIIIe siècle dans la famille de Gumin.

On retrouve Jacquemin de Gumin à la bataille de Varey, en 1346. Son père, Joffrey de Gumin était lieutenant du bailli de Vienne et de La Tour. Jean de Gumin avec Pierre de Chapeau-Cornu défend La Tour-du-Pin en 1354 contre le Comte Vert. Plus tard, un autre Jean de Gumin est au nombre des compagnons de Bayard. François de Gumin est à Pavie en 1524.

Le dernier des Gumin-Romanèche est mieux connu : Antoine de Gumin épousa le 15 mars 1522 Louise de Rochefort de Genas et mourut en 1572. De ce mariage, ne vinrent que deux filles :

1° Suzanne qui épousa David de Cléberges, baron de St-Trivier de Chavagneux en Dombes, riche marchand originaire de Nuremberg et fixé à Lyon, où ses charités inépuisables le firent surnommer « Le Bon Allemand ». C'est le fameux « Homme de la Roche » des quais de Saône. Son nom véritable était Cléberg et donna lieu à de multiples déformations. De vastes terrains qu'il donna en bordure du Rhône à l'Hôpital de Genève se sont appelés depuis « Les Bergues » ;

2° Claude, d'abord mariée à Guillaume de Vachon, épousa en secondes noces, le 26 mars 1544, François de Beaumont, le célèbre Baron des Adrets. Il était fils de Georges de Beaumont et de Jeanne de Guiffrey de Boutières, la sœur du célèbre chevalier de Boutières, et naquit en 1512 ou 1513.

Le Baron des Adrets vint mettre le siège devant La Tour-du-Pin, le 21 août 1562. Il vint avec 800 cavaliers et 2 500 arbalétriers. La Tour-du-Pin n'était défendue que par une garnison de 10 hommes commandés par son propre beau-frère, Antoine de Gumin, capitaine châtelain de La Tour-du-Pin. La même année, Claude de Gumin réfugiée à Genève, pendant la première guerre de religion, y mettait au monde son troisième fils David de Beaumont.

Tout ceci n'empêcha pas Antoine de Gumin de laisser, en mourant, Romanèche au Baron des Adrets qui eut à ce sujet un long procès à soutenir contre sa belle-mère et sa belle-sœur (1572-1582) à la suite duquel les Cléberges conservèrent quelques droits sur Romanèche.

L'année même de la mort de son beau-père, le baron des Adrets rentrant d'une expédition pour le Roi dans le marquisat de Saluces, reçut de vifs reproches du Baron de Gordes (Bertrand Raimbaud de Simiane) alors Lieutenant Général en Dauphiné, pour avoir imputé de sa propre autorité, les frais d'entretien en la solde de ses troupes sur les aides dues au Roi par la ville de La Tour-du-Pin, au lieu d'en faire lui-même l'avance et lui répondit : « Bien que j'eusse une maison près de quatre murs après les guerres ».

Claude de Gumin de Romanèche testa le 19 mai 1578 et mourut peu après. Le Baron des Adrets testa le 2 janvier 1586 et mourut à La Frette le 2 février suivant. De leur mariage étaient nés trois fils et deux filles dont Esther, qui épousa, le 20 juin 1583, Antoine de Sassenage, seigneur d'Yzeron et de Montélier. Leur fils, Alphonse, était le vivant portrait de son grand-père.

Romanèche entra dans la part d'Esther ainsi qu'en fait foi le terrier de La Tour-du-Pin de 1610 pour le Maréchal Duc de Lesdiguières, coseigneur de La Tour-du-Pin en parerie avec le Roi-Dauphin.

« Premier noble : Antoine de Sassenage, seigneur d'Yzeron et de Montélier et Dame Mather de Beaumont, sa femme avec encore les héritiers de feu sieur Baron de Saint Triviers en Dombes, ont une maison forte appelée Romanèche, qui est située en la Paroisse de Roche... ».

On ne connait pas la date de vente de Romanèche par les Sassenage à Georges de Musy, fils de Simon et d'Isabelle de Bally, vibailli de Vienne, le 16 février 1620.

En association avec Jean-Baptiste de la Porte, seigneur de Doissin et Alexandre de Vallin, seigneuries et châteaux de La Tour-du-Pin, Châteauvillain et Eclose aux Commissaires chargés de l'aliénation du domaine royal. Le 6 novembre 1654, il acheta encore, de Jean de Dorgeoise, seigneur de la Thivollière et de Voiron, les terres et seigneurie de Diémoz, le 29 mai 1659. Leurs enfants :

1° Pierre, qui suit,
2° Charles, ecclésiastique,
3° François, seigneur de Saint-Véronin.

Pierre de Musy, seigneur de La Tour-du-Pin et de Diémoz, d'abord Premier Président de la Cour souveraine de Bourg, fut nommé Premier Président au Parlement de Metz en 1666. De son mariage en 1680 avec Marie-Catherine de Clermont, fille de Roger de Clermont, seigneur de Thoury et de Gabrielle de Pernes. Il eut :

Jean et Roger de Musy, marquis de Pressins, comte de La Tour-du-Pin, seigneur de Romanèche et de Diémoz, qui épousa Gabrielle de Vallin, fille de Pierre-Alexandre de Vallin Alleman, chevalier, baron de Demptézieu, Châteauvillain, Saint-Savin, etc., et de Françoise de Falcoz.

Gabrielle de Vallin-Alleman, devenue veuve se remaria en 1760 avec le Comte de Bourg de Césarges qui fit ce mariage pour se soustraire aux obsessions de l'Abbesse de Buffévent, sa cousine, qui voulait faire passer son immense fortune dans sa maison.

Roger de Musy et Gabrielle de Vallin-Alleman n'eurent qu'une fille Gabrielle de Musy, dame de Romanèche qui épousa Rosset son cousin Pierre de Vallin, seigneur d'Hières et du Rosset. Indifféremment connue sous les noms de Marquise de Vallin ou Marquise de Romanèche, elle émigra en 1791 et Romanèche fut vendu comme bien national en 1793.

Monsieur Matagrin, avoué à Bourgoin, fut le dernier propriétaire avant la guerre de 1914. À sa mort, sa veuve vendit de 1933 à 1941, la terre (une cinquantaine d'hectares) et le château à Monsieur Joseph Guillaud, de Torchefelon, qui en était fermier depuis une trentaine d'années.

En ce qui concerne la construction, il ne reste plus d'ancien, que la tour actuelle et le mur de l'Est et quelques pans de murs de soutènement. Des vestiges de nombreuses tours existaient encore au début de ce siècle. Tout cela et la disposition des lieux font penser qu'il a du exister un important ensemble fortifié dans le genre de ce que l'on voit encore à Demptézieu datant de la première moitié du XIVe siècle. La maison que l'on a maladroitement et sans goût accolée à la tour et à l'ancien mur de l'Est ne doit pas remonter au-delà de 1870. Cet ancien mur de l'Est devait être un rempart avec chemin de ronde conduisant au 1er étage de la Tour.

Sur la petite terrasse du couchant, deux fort beaux tilleuls qui par comparaison avec ceux du Pin, doivent avoir été plantés vers la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe siècle.

Compléments :

• Copie d'un acte d'achat pour M. Claude Chareysieu contre noble Anthoine de Gumyn, chevalier de l'ordre du roy, cappitaine et gouverneur de La Tour du Pin, seigneur de Romanesche en Daulphiné (1570).

• Vente en 1872 par Mlle Tavian, M. Matagrin et M. Serre à M. le comte Claude Marie Louis Amalric Lombard de Buffières des biens appartenant à la veuve Viard née Viricel ; biens acquis en 1828 de Joseph de Gumin, célibataire, fils de Jean-Baptiste de Gumin lequel était frère d'autre Joseph de Gumin (Archives du château de Rambuteau).

• État avec estimation approximative du mobilier du château de Roche Toyrin en 1872 (Archives du château de Rambuteau).

• Famille de Gumin dans l'Armorial de Dauphiné de G. de Rivoire de La Bâtie (1867) :

GUMIN. Hautefort, Romanesche, La Murette, Roche-Thoirin, Fontboulet, Béesgue.

Cette famille, fort ancienne, a figuré avec honneur dans les annales de la province. Elle commence à paraître dès l'an 1292. Philippe de Buenc, veuve de noble Jacques de Gumin, rendit hommage avec d'autres nobles des environs de Bourgoin, en 1334 ; Françoise de Gumin, de Sassenage, fille de Jean de Gumin, chevalier, épousa, en 1405, Pierre de la Touvière, gentilhomme du Bugey ; mais Humbert de Gumin n'ayant pas eu d'enfants légitimes, fit reconnaître & légitimer Sébastien de Gumin, son fils naturel, par lettres de l'an 1538, vérifiées en 1539. De ce dernier, & de Claire de Raffonnier, vinrent trois branches :

1° celle d'Hautefort & de Romanesche ;
2° celle de la Murette ;
3° celle de Fontboulet.

Joffrey de Gumin fut lieutenant du bailli de Vienne & de La Tour ; Jacquemin, alias Jacques de Gumin, son fils, combattit à Varey en 1326 ; c'est lui qui avait épousé Philippe de Buenc ou de Boenc ;
Jean de Gumin, père de François de Gumin, vivant en 1491, avait épousé N. de Virieu ;
Jean de Gumin, seigneur de Romanesche, fut l'un des valeureux compagnons de Bayart ;
Antoine de Gumin, seigneur de Romanesche, était chevalier de l'ordre du roi en 1595 ;
Antoine de Gumin d'Hautefort était conseiller au parlement en 1720.

Cette famille est tombée en quenouille en la personne de Joséphine de Gumin, fille de Jean Baptiste de Gumin de Roche-Thoirin, & de N. de Croze, mariée le 12 juin 1814 à Jacques de Beylié.

Gumin

Blason de Louis de Gumin (Armorial de Charles d'Hozier) - Cliquez pour agrandir
D'argent, au lion d'azur armé & lampassé de gueules, couronné d'or. (Alias non couronné.)
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