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Pierre-Marie Marchand et la vesce de Marchand, Vicia Marchandi

Pierre-Marie Marchand botaniste

Pierre-Marie Marchand (1866-1937) - Cliquez pour agrandir

Pierre-Marie Marchand naquit à Belmont (Loire) le 18 avril 1860. Il était fils d’Antoine Marchand et d’Euphrasine-Marie Marchand, petits cultivateurs. Les parents de cette dernière étaient surnommé les « Miqua », diminutif de Dominique. Ces familles n’avaient entre elles aucun lien de parenté.

Il était l’aîné de six enfants, trois garçons et trois filles. L’aînée Honorine, veuve GLATTARD et sa sœur Madame Thérèse GLATTARD habitent Belmont avec leurs enfants et petits-enfants. Lucie est décédée. Son frère François, employé de chemin de fer, fut tué par la foudre. Le plus jeune de tous, Joseph, filleul de Pierre-Marie, instituteur à la Machine (Nièvre) est mort pour la France pendant la Grande Guerre.

Pierre-Marie Marchand fut nommé instituteur-adjoint à l’école publique de Saint-Martin-d’Estréaux, arrondissement de Roanne (Loire) le 4 février 1884.

Il quitta l’enseignement public pour entrer dans une école privée à Saint-Vallier (Saône-et-Loire) le 1er octobre de la même année ; puis à Montceau-les-Mines, aux écoles de la Compagnie des Mines de Blanzy en 1888. Comme fils aîné, il ne fit que deux périodes de deux mois chacune de service militaire pendant son séjour à Montceau.

En 1890, il entra à la Maîtrise du Creusot, école alors située à l’angle des rues de Moulins et de Blanzy. Mais cette école ayant été dissoute, il passa en 1891 à l’école privée d’Audincourt (Doubs).

À la rentrée d’octobre 1893, il fut nommé aux écoles des Établissements Schneider à la mine de Montchanin-les-Mines. Le 1er octobre 1894 il passa aux écoles du Creusot dépendant de la même administration.

Pierre-Marie Marchand se maria le 11 février 1896 avec Mademoiselle Louise DEMONTFAUCON, d’Écuisses (Saône-et-Loire). Ils eurent deux filles : Marie-Louise, actuellement Madame CUGNIER, mère d’une fille et Jeanne, devenue Madame MITTON.

Madame Marchand avait un frère, décédé à Écuisses et deux sœurs encore vivantes, comme elle d’ailleurs : Madame GAILLARD et Madame CLAVIÈRE habitant toutes deux Le Creusot, le mari de la première était instituteur aux Écoles des Usines de MM. SCHNEIDER et Cie, il est actuellement retraité.

Pierre-Marie Marchand fut un bon père de famille et un excellent éducateur. Il aimait ses élèves, prenait part à leurs peines, à leurs joies, s'efforçait de leur rendre le travail agréable et de leur faire prendre goût à l’étude. Il comprenait l'enfance, se montrait indulgent pour les simples peccadilles, cherchait à améliorer les caractères difficiles, à corriger les mauvais penchants et aurait voulu faire de tous les écoliers dont il fut le maître, des hommes droits, honnêtes et bons. Il savait gagner l'affection des enfants qui lui ont gardé une vive reconnaissance dûe au dévouement dont il les a entourés. L’un de ses anciens élèves parlait ainsi de son premier maître dans une lettre à un ami : «Monsieur Marchand était, je peux le dire en toute certitude, aimé de tous ; c'était un brave et excellent homme. Je le connaissais particulièrement, car je l’avais eu comme instituteur à mes débuts en classe, à l’âge de cinq ans. Cela remonte à 42 ans. C’est le maître dont je conserve le meilleur souvenir».

À la Société d’Histoire Naturelle du Creusot, son caractère affable et dévoué, son savoir étendu, étaient très appréciés. Ses collègues le choisirent comme Vice-Président et furent particulièrement heureux lorsque le Ministre de l'Instruction publique lui conféra la distinction d'Officier d'Académie par décret du 6 février 1936.

Pierre-Marie Marchand fut retraité en 1931, mais il continua d’exercer jusqu’au 31 décembre 1933.

Il est décédé au Creusot, le 12 octobre 1937 dans sa 72e année et fut inhumé le 15 du même mois au cimetière d’Écuisses dans le caveau de la famille de sa femme. Ses obsèques furent, selon ses dernières volontés, empreintes d’une grande simplicité, aucun discours ne fut prononcé et cet apôtre de la botanique qui avait tant aimé les plantes et les fleurs avait désiré qu’il ne fut envoyé ni fleurs, ni couronnes.

Pierre-Marie Marchand commença l'étude de la botanique dans le pays de Montbéliard, à Audincourt, avec le directeur de l’école des Forges M. PAYEBIN qui avait le feu sacré et sut le lui inculquer. Ils ne parvenaient pas toujours à identifier les plantes rapportées de leurs promenades et avaient souvent recours à M. SAGLIO, directeur de l’usine des Forges, plus familiarisé avec la Flore de la région, pour les tirer d’embarras et qui l’encouragea à commencer un herbier.

L’étude des fleurs passionna P.-M. Marchand dès le début. À peine initié aux merveilles de la végétation, il se voyait déjà possesseur de toutes les plantes de la région. Il employait tous ses loisirs à herboriser dans la vaste plaine d’Arbouans arrosée par le Doubs, terre classique des botanistes du pays.

Il visita ensuite les collines calcaires s'étendant entre Audincourt et Valentigney et rechercha les espèces propres à Blamont, Mandeure, Saint-Hippolyte.

En deux ans, il recueillit plusieurs centaines de plantes de l'arrondissement de Montbéliard et projetait d’étendre ses moyens d’action l’année suivante sur d’autres parties du département du Doubs. L’intervention de sa famille changea le cours de ses idées. À Audincourt, il était éloigné de son pays d'origine. Ses parents auraient été heureux de l’avoir plus près d’eux et ne manquaient aucune occasion de lui demander d’essayer de se rapprocher. Un poste d’instituteur étant sans titulaire aux écoles Schneider de Montchanin-les-Mines, P.-M. Marchand y fut nommé. Il eut quitté Audincourt avec plaisir s’il n’eut été persuadé qu’en sa nouvelle résidence il devrait abandonner la botanique. Son herbier comptait alors à peine 400 espèces. Il se trompait et allait trouver à Montchanin même des amateurs d’histoire naturelle aussi passionnés que lui qui l’aidèrent et l’encouragèrent à poursuivre ses études. Il herborisa d’abord seul, mais bientôt, MM. DURAND, Directeur des Mines et SALIN, Ingénieur, s’intéressèrent à ses travaux et le présentèrent à la Société d’Histoire Naturelle d’Autun ; il fut admis membre titulaire à la séance du 29 juillet 1894.

Peu après, il était nommé au Creusot où il trouva Ch. QUINCY, Ch. MARCHAL, VARRY, COURTOIS, NIDIAUT, CAMUSAT et M. RAYMOND, Ingénieur en chef aux Usines Schneider et Président de la Section d’Histoire Naturelle du Creusot, naturalistes convaincus qui l’accueillirent cordialement, le conseillèrent et lui facilitèrent la connaissance de la Flore Creusotine qui n’eut bientôt plus de secrets pour lui.

À cette époque, le groupe des naturalistes du Creusot animé par Ch. QUINCY et MARCHAL fournit de nombreux travaux intéressants à la Société des Sciences Naturelles de Saône-et-Loire. Il forma une importante section de la Société d’Histoire Naturelle d’Autun. À ce moment, il faut dire que celle-ci, sous l’impulsion du savant Dr GILLOT qui en était l’âme, faisait preuve d’une grande activité.

Pendant près de 20 ans, ce fut la belle période, on travailla beaucoup el toutes les branches de l'histoire naturelle étaient bien représentées.

Des jeunes, comme PETIT, PONGITOR, BÉLORGEY et DULAC, avec une ardeur juvénile travaillaient à augmenter leurs connaissances scientifiques pour aider leurs collègues puis continuer la tâche commune.

La guerre vint et adieu les rêves d’avenir. Le lieutenant BÉLORGEY est mort héroïquement à la tête de sa compagnie, d’autres ont quitté le Creusot.

Après une éclipse de plusieurs années, un nouveau groupe se forma autour de Albert DULAC et prit une telle activité qu’il est devenu la Société d’Histoire Naturelle du Creusot. Avec P.-M. Marchand disparaît le lien qui unissait les premiers naturalistes de la grande ville industrielle avec ceux d’aujourd’hui. Les uns et les autres ont été ou sont encore des travailleurs infatigables dont tous les loisirs ont été consacrés aux sciences naturelles.

Au Creusot, comme à Montchanin et à Audincourt, P.-M. Marchand herborisa avec succès et fit une découverte nouvelle pour la science, suffisante à elle seule pour le classer parmi les meilleurs botanistes de la région.

Le 1er juin 1899, il herborisait à Montchanin-les-Mines au lieu dit « Les Écrasés », le long d’un ancien chemin desservant un vieux puits de charbon abandonné. Il aperçut une Vesce dont la fleur lui parut différer légèrement de celle des espèces qu’il rencontrait habituellement. Ne se doutant pas de la valeur de la plante qu’il avait devant lui, il en arracha une poignée sans aucune précaution. De retour à la maison il ne put arriver à une détermination satisfaisante et envoya les quelques pieds en bon état au Dr X. GILLOT d’Autun. Celui-ci ne put les identifier au premier abord, mais soupçonna leur nature hybride. Il communiqua la plante trouvée par P.-M. Marchand au grand botaniste G. ROUY bien connu par sa Flore de France. Ce dernier reconnut dans les échantillons envoyés un hybride manifeste des Vicia lutea, et Vicia angustifolia qui n’avait encore jamais été rencontré. E.-G. CAMUS qui publiait à l’époque les hybrides connus de la Flore d’Europe confirma les renseignements de G. ROUY et déclara qu’il n’en avait pas trouvé trace dans la nomenclature botanique et qu’il fallait nommer le nouvel hybride.

II fut décrit par GILLOT et ROUY qui le firent connaître sous le nom de X Vicia Marchandi dans le bul. N° 23, 1er novembre 1899, p. 241, de l’Association Française de Botanique et dans le bul. N° 12 de la Société d’Histoire Naturelle d’Autun, année 1899, procès-verbaux des séances p. 249.

Comme il est difficile de se procurer les bulletins où la plante a été décrite, il devient nécessaire de reproduire ici la diagnose de la plante découverte par Marchand.

X Vicia Marchandi X. Gillot et G. Rouy (Vicia lutea L. X Vicia angustifolia Reicht).

Racine annuelle. Tiges de 3-6 décimètres, grêles, grimpantes, peu rameuses, légèrement velues-hérissées au sommet, à la fin presque glabres. Feuilles toutes pourvues d’une vrille rameuse, à 4-5 paires de folioles linéaires, obtuses, mucronées, velues sur les nervures. Stipules ovales, lancéolées, acuminées, largement tachées de pourpre noir et munies d’un appendice externe tantôt court et simple, tantôt recourbé et denté. Fleurs stipitées, solitaires. Calice campanulé, glabre, irrégulier, à dents supérieures courtes et conniventes, à dents inférieures linéaires, acuminées, plus courtes que le tube de la corolle. Corolle moyenne, entièrement d’un jaune soufre, glabre, à étendard plus long que l’onglet, peu étalé, obscurément veiné, dépassant les ailes plus longues que la carène, celle-ci maculée d’une tache purpurine au sommet. Anthères petites, oblongues. Style court, recourbé, dilaté et muni d'un faisceau de poils au sommet. Gousse courtement mais nettement stipitée, dressée ou étalée, presque cylindrique, non bosselée, légèrement parsemée au début de poils courts, non tuberculeux, puis glabre, noircissant à la maturité. Graines petites, au nombre de 6-8, globuleuses, d’un vert brunâtre, marbrées de taches brunes, paraissant pour la plupart bien conformées et fertiles.

Le X Vicia Marchandi X. Gillot et G. Rouy diffère de Vicia angustifolia Reicht, par le calice irrégulier, la fleur un peu plus grande, à étendard plus développé d’un jaune pâle uniforme, par le légume plus ou moins pédicellé, les graines globuleuses, non comprimées et seulement marbrées de brun. Il diffère de Vicia lutea L. par la glabrescence de toute la plante, les folioles linéaires, la fleur plus petite, plus étroite, à étendard moins étalé et à veines à peine apparentes, le légume linéaire, cylindracé, dépourvu de poils tuberculeux, plus courtement stipité, dressé ou étalé mais non penché. Il diffère de tous les deux, par les feuilles à folioles moins nombreuses, 8-10 seulement et les dents du calice plus courtes que le tube de la corolle. En résumé X Vicia Marchandi X. Gillot et G. Rouy a le port, les feuilles et les fruits de Vicia angustifolia Reicht, la fleur et les graines de Vicia lutea L.

P.-M. Marchand continua d’herboriser et chercha à se documenter auprès des botanistes les plus compétents. Membre de la Société d’Histoire Naturelle d’Autun, il fut l’un des premiers adhérents de l'Association Française de Botanique fondée le 1er janvier 1808 par Hector LÉVEILLÉ du Mans et le Docteur X. GILLOT d’Autun, dans le but de mettre en rapport tous les botanistes français et de faciliter, grâce au concours de tous, l’étude de la Flore de notre pays et la publication dans un recueil périodique, des travaux de systématique et de Géographie botanique. L'Association Française de Botanique fut dissoute après quatre années d’existence. Les quatre volumes qu’elle a publiés contiennent de nombreux travaux qui ont eu une heureuse influence sur le développement des connaissances de P.-M. Marchand.

Après la dissolution de l’Association Française de Botanique, P.-M. Marchand fut nommé membre auxiliaire de l’Académie internationale de Géographie botanique par décision du 18 janvier 1903 sur la présentation de Hector LÉVEILLÉ et du Dr GILLOT.

Toujours dans le but de s’instruire, quoique n’appartenant pas à la Société botanique de France, il prit part comme membre étranger, à la session extraordinaire tenue à Paris en août 1904. Il accompagna les congressistes à Chantilly, Fontainebleau et à Verrières-les-Buissons (Seine-et-Oise) alors propriété de Madame Henri-Lévêque de VILMORIN.

Les collections botaniques et les cultures du domaine de Verrières jouissent depuis longtemps d’une juste célébrité. Le botaniste peut y rencontrer de nombreuses plantes rares, parfois même nouvelles pour la science. Marchand visita le parc où il put voir X Abies Vilmorini Masters (A. Pinsapo Boiss. X A. cephalonica Loud.). Il s’intéressa tout particulièrement à la vaste rocaille qui permet de cultiver plus de 2.000 plantes alpines et aux cultures expérimentales de la maison VILMORIN-ANDRIEUX. Il rendit visite au musée qui renferme, avec un important herbier, une collection complète d’épis de tous les blés, des moulages de plantes potagères, des fruits de presque tous les conifères connus, des échantillons de bois, etc., etc...

P.-M. Marchand compléta au cours de ces visites, son bagage botanique et fit profiter ses collègues du Creusot de ses acquisitions nouvelles.

Il voulut faire connaissance avec la Flore des hauts sommets et se joignit aux membres de l’Académie internationale de Géographie botanique qui organisèrent en 1907 une session dans les hautes vallées de l’Isère et de l’Arc. Il se rendit directement à Mouthiers-en-Tarentaise, passa par Brides-les-Bains pour se rendre à Pralognan, haut village alpin situé à 1.424 mètres d’altitude, devenu le Centre des excursions en Tarentaise. Il fil ensuite l’ascension du col de la Vanoise, s’arrête au refuge Félix-Faure (2.527 m.), descendit dans le vallon de la Loisse et arriva à Termignon, petite bourgade bâtie au confluent de l’Arc et du Daron de Villard. Il se dirigea ensuite sur Lanslebourg et le Mont Cenis. Il explora les alentours du beau lac, fit la connaissance d’un savant botaniste anglais, M. Stuart THOMPSON, bien connu pour ses travaux sur les îles d’Hyères et de Chypre qui recherchait les Carex du lac du Mont Cenis.

P.-M. Marchand dut quitter l’excursion avant la fin de la session pour rentrer à Lyon où il était attendu le 12 août. Il fit au cours de ce voyage de fructueuses récoltes et rapporta de nombreuses plantes rares ; elles furent soumises au Dr X. GILLOT qui confirma les déterminations de Marchand ; le compte-rendu de cette longue excursion fut publié dans le bulletin de la Société d’Histoire Naturelle d’Autun, année 1908.

P.-M. Marchand fut un vulgarisateur en botanique. Il guida sur le terrain les amis des fleurs du Creusot et s’efforça de rendre agréables leurs débuts. Il faut avoir fait une excursion avec lui pour se rendre compte de l’attrait que présentait l’étude de la botanique avec un tel guide. Pendant un repos, au cours d’une promenade, il réunissait tout le monde, choisissait une douzaine de plantes et en faisait comprendre à tous les particularités. Avec un tel maître, c’était un jeu pour en effectuer la détermination et se familiariser avec les identifications futures.

Pour ses élèves, il avait installé un modeste jardin botanique contenant des représentants des principales familles. Il avait là sous la main des matériaux d’étude lui permettant de faire des leçons intéressantes aimées des écoliers.

P.-M. Marchand chargé d’un cours d’histoire locale constata avec plaisir que ses élèves prenaient un vif intérêt à ses leçons. Il leur parla d’abord du Creusot puis des communes voisines. Il lui fallut faire de nombreuses recherches dans les publications des Sociétés Savantes, consulter toutes les notices parues sur la région, fouiller les archives de l'usine, celles de la ville du Creusot et des mairies des environs. Il réunit ainsi un fond de documents dépassant largement les besoins de sa classe. Il fit la connaissance de H. CHAZELLE, auteur d’une notice sur Uchon, son histoire, ses légendes, ses rochers, qui préparait l’histoire du Creusot. Ils réunirent leur documentation qui leur permit d’écrire l’histoire générale du Creusot imprimée par la presse jurassienne, 19, rue Dusillet à Dôle en 1936, fort volume de près de 400 p., avec 47 gravures hors-texte, des plans et de nombreux dessins. Cet ouvrage retrace l’histoire du Creusot, nous initie à celle de Montcenis, Saint-Sernin-du-Bois, Le Breuil, Torcy, Uchon, Montchanin-les-Mines et raconte les légendes de la région creusotine. Il est à consulter par tous ceux qui s’intéressent à l’histoire locale et par les touristes qui visitent la grande ville industrielle et veulent connaître le pays qui l’entoure.

L’herbier Marchand a été donné par l’auteur le 4 mai 1935 à la Société d’Histoire Naturelle du Creusot. Il se compose de 13 cartons renfermant près de 2.000 plantes. Commencé en 1891, il a été établi de façon parfaite. Il est accompagné d’un répertoire alphabétique qui permet de trouver immédiatement la plante dont on a besoin.

Il contient environ 400 plantes du pays de Montbéliard, une centaine de plantes alpines récoltées au cours de la session de l’Académie internationale de Géographie botanique en 1907 et de nombreuses espèces des environs du Creusot et de la région de Chauffailles. Il renferme aussi un certain nombre de plantes adventices trouvées autour de l’usine du Creusot ou de ses dépendances.

Malheureusement, X Vicia Marchandi X. Gillot et G. Rouy manque à la collection. Cette plante, récoltée sans précaution avec d’autres espèces n’attira l’attention de Marchand que lorsqu’il l’examina à tête reposée. Il choisit les échantillons les plus complets pour les envoyer au docteur X. GILLOT et jeta le reste. GILLOT fit parvenir la plante de Marchand à G. ROUY qui la conserva et la classa dans son herbier. Quand P.-M. MARCHAND fut informé de l'importance de sa plante, il décida de retourner l’année suivante aux Écrasés pour en faire une ample provision. Il retrouva facilement l’emplacement toujours habité par Vicia angustifolia et V. lutea mais l’hybride entre ces deux espèces ne s’était pas reproduit. X Vicia Marchandi X. Gillot et G. Rouy n’existe dans aucun herbier de Saône-et-Loire, mais seulement dans l'herbier ROUY, propriété de la Faculté des Sciences de Lyon.

Nous n’avons pas connaissance que la Vesce de Marchand ait été retrouvée ailleurs.

UN RÊVE QU’IL N’A PU RÉALISER

Dans le but de répondre au désir des amis de l’histoire naturelle et aussi pour guider et encourager les jeunes qui veulent étudier et connaître les plantes. P.-M. Marchand avait formé le projet de diviser par rayons sur la carte des environs du Creusot, des promenades méthodiques pour en étudier la flore.

Son plan : Il partageait donc d’après leur topographie, les environs du Creusot en suivant les voies de communications, routes, chemins de campagne, et glanant à droite et à gauche du rayon projeté, il notait les plantes qu’il trouvait.

Son recueil (1) de plantes déterminées devait comprendre au moins deux herborisations par an, une faite au printemps et l’autre en été avec indication de l’habitat de chaque espèce.

Son but était donc de pouvoir indiquer avec précision aux débutants les espèces qu’on peut rencontrer dans telle ou telle promenade et surtout d’attirer leur attention sur les plantes intéressantes qui croissent dans une station (2) déterminée et dans un rayon de 3 à 4 Km, par exemple.

TRAVAUX ET PUBLICATIONS DE P.-M. Marchand

— Plantes de la Creuse, près Couches-les-Mines et renseignements sur quelques plantes ornementales, 10° Bul. Société d’histoire naturelle d’Autun, 1897, p. 179.
— Pénétration du Lierre grimpant, même bul., p. 290.
— Plantes nouvelles ou rares de la région du Creusot, même bul., p. 291.
— Trouvailles de l’année 1898, séance du 17 décembre 1898 (Autun).
— Excursion botanique en Savoie, 21° bul. Société d’Histoire Naturelle d’Autun, année 1908, p. 1.
— La Flore du bois Gautherons, 23° bul. Soc. d’Histoire Naturelle d’Autun, année 1910, p. 45.


(1) La flore du bois Gautherons et celle de Torcy, marquent les deux premières étapes réalisées de cette étude.
(2) Ce que Ch. Quincy a oublié d’indiquer dans sa flore creusotine.

Source : E. CHATEAU et A. GOUBEAU, Société d'histoire naturelle du Creusot, 1937 (BnF-Gallica).

Vicia lutea Vicia angustifolia

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