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Généralités sur la commune de Mussy-sous-Dun

Mussy-sous-Dun


La commune de Mussy-sous-Dun s'étendait primitivement sur tout le bassin supérieur du cours d'eau auquel elle a donné son nom, soit jusqu'aux crêtes cristallines qui s'ordonnent autour de ses sources en un cirque aux formes douces, mais d'un pittoresque consommé ; la création de la commune d'Anglure, en 1869, l'a amputée de toute la section B de son ancien cadastre, soit du chef-lieu déjà constitué de celle-ci, et des trois vallons qui, du Nord (combe de Cruseilles) et de l'Est (vallons du Pontet et de La Rivière), débouchent sur la vallée du ruisseau principal. Du côté Nord, elle s'était cependant accrue, conformément à la logique de la topographie, de la portion de territoire, détachée de Varennes-sous-Dun, sur laquelle sont implantés les deux hameaux de La Borcelle ; par cette pointe en fer de lance, elle allait presque toucher le faîte du piton de Dun, siège d'une ville forte rasée en 1181 par ordre du roi de France Philippe-Auguste, et signalée encore aujourd'hui par une jolie chapelle d'origine romane.

Cette apophyse mise à part, le district communal compose un quadrilatère assez régulier, suivant un axe légèrement basculé du Sud-Ouest au Nord-Est, et dont le bourg occupe à peu près le centre. La commune est limitée, au Nord, par celles de Varennes-sous-Dun et de Saint-Racho ; au Sud et selon une limite presque rectiligne, par celle de Chauffailles ; à l'Est, par celle d'Anglure, et, à l'Ouest enfin, par celle de Chassigny-sous-Dun, dont les patrimoines construits ont été recensés dans le premier volume consacré au canton de Chauffailles. Il aurait pu paraître logique d'y adjoindre le sien, mais cette commune intermédiaire diffère sensiblement de celles qui l'encadrent, en ce qu'elle ouvre directement sur le bassin de Chauffailles et du Botoret par le seuil de Mussey-La Charme, et les échanges et imbrications entre l'une et l'autre commune sont tels qu'on a jugé plus conforme à leur évolution historique de les comprendre côte à côte dans le deuxième tome, qui forme ainsi un tout.

A regarder d'ailleurs d'un peu près, la géographie physique, la première, distingue Mussy-sous-Dun des communes qui l'encadrent à l'Est et à l'Ouest ; son district prend en effet appui, au Nord, sur la croupe rocheuse et forestière qui, à l'altitude de 637, 641 et 639 mètres, redouble au Sud-Ouest l'enfilade de la montagne du Dun ; par un seuil escarpé, elle se relie, vers l'Est, au dôme forestier du Dunet, plus élevé de quelques mètres, en dépit de son toponyme, que la butte jumelle du Dun, et qui appartient, lui, tout entier à la commune de Saint-Racho.

De la « montagne » descendent vers le Sud, en ordre serré, quatre vallons ou combes inégales : l'une, presque déserte et d'allure encore très montagnarde, issue de la Croix des Trouillets ; la deuxième, creusée immédiatement à l'Est du chef-lieu ; la troisième, plus profonde, descendue du hameau des Forestiers, d'aspect tout à fait pastoral avec les bergeries ou « cadoles » qui s'y égrènent ; la dernière, dite tout simplement « La Combe », et le long de laquelle s'échelonnent les maisons paysannes disséminées de Pierre-Chèvre. Le vallon du ruisseau lui-même, passé l'étroit de « La Mouille », s'élargit sensiblement au pied des dernières pentes, et permet le déploiement de belles prairies dans les fonds, ainsi que l'établissement de nombreux carrefours routiers et l'implantation d'une suite de hameaux : les Murgers, les Branlards, le Ragin, les Bajards, de plusieurs moulins, et même, au lieu-dit « Pont-Chevalier », d'une manufacture de tissage qui eut son importance en avant-poste des usines textiles de Chauffailles. Le versant méridional du ruisseau, peu peuplé et presque entièrement forestier, correspond à l'ubac des pays de montagne, dont le vallon de Mussy observe ainsi une loi constante.

Ce n'est pas une naïveté que d'observer que la première richesse patrimoniale de Mussy-sous-Dun, surtout dans sa zone septentrionale, réside dans l'exceptionnelle qualité de ses paysages, au sein desquels la vie semble s'être fixée et sauvegardée une fois pour toutes, en une incomparable pastorale que viennent caresser des effluves venus d'Auvergne. Sur l'horizon de l'Est trône le massif du Saint Rigaud, point culminant du Haut-Beaujolais, avec ses profondeurs d'ombre dont les bleus de turquoise sont intraduisibles en peinture ; du Sud parviennent les rumeurs du bassin industriel de Chauffailles et, beaucoup plus loin par derrière, en toile de fond, se découpe l'écharpe ondulée des monts du Forez et de la Madeleine, qui vont s'effilochant sur le bassin de Vichy ; vers l'Ouest moutonnent les terrasses bocagères du Brionnais calcaire, piquetées de leurs domaines rouges et ocres. La simple descente par la route du Dun au bourg, tel qu'il surgit brusquement au dernier lacet, découpé sur le plan du viaduc, accumule des visions qui comptent, on peut l'assurer sans emphase, parmi les plus belles et les plus impressionnantes du paysage français.

L'œuvre humaine, non seulement, n'a pas défloré cet enchantement, mais a su s'y intégrer avec mesure, souplesse et intelligence : la sécession d'Anglure-sous-Dun a conservé à la commune mère quelques-unes des pièces les plus attachantes de son patrimoine, à commencer par l'église paroissiale. D'un sanctuaire de roman tardif subsistent une abside et une travée sous clocher, qui ne sont pas sans attrait, et que la nef du XIXe siècle, loin de les déparer, ennoblit encore. On regrette d'autant plus qu'il n'ait pas été possible jusqu'à maintenant de retrouver le nom de son architecte. Son élévation « d'église-halle » est d'une élégance suprême, qui associe des réminiscences romanes à une colonnade de type toscan du plus séduisant effet. L'ancien presbytère est une belle maison du XVIIIe siècle, et la commune, dans ses limites de 1869, garde quelques-unes des croix de pierre les plus originales de la région du Dun ; leur facture, presque invariable durant tout le cours du XIXe siècle, superpose un piédestal de section gracieusement concave, un fût généralement mince et élancé, selon une exigence propre aux pays de montagne, et la croix proprement dite, à branches courtes. On retiendra surtout la croix des Mathys, discrètement moulurée et consolidée par des volutes de ferronnerie, la haute croix ouvragée du cimetière, celle du carrefour des Bruyères, avec sa curieuse attestation royaliste de 1830, la croix joliment postée à l'orée du vallon de l'Ay, à l'Est du hameau des Trouillets, et, pour l'exemple de fidélité qu'elle offre à notre temps, celle qui a été tout récemment remontée non loin du hameau de La Combe, au bord du chemin, et dûment restaurée.

Au titre des équipements civils peuvent être cités, non seulement le bâtiment de la Mairie, édifié sur les plans très sobres de l'architecte de Charolles Rotival, mais encore l'ancienne école de garçons, sise au Fournay : une élégante maison de maître acquise par la commune en 1849 ; ainsi que, dans un autre genre, la suite des ponts lancés sur le ruisseau de Mussy, et bien venus dans leur cadre. Des trois signalés ici, le plus curieux est sans conteste le Pont-Chevalier, avec ses arches très surbaissées et ses piles oblongues de grand appareil. En 1856, le dénombrement de la population ne recensait que 55 habitants « agglomérés » au bourg, contre 1460 disséminés dans les 37 « hameaux » et les 7 « écarts » que comptait encore la commune. Treize ans plus tard, la surface communale était réduite de 1532 hectares à 874, dont 491 étaient affectés aux cultures, et 232 aux prairies ; mais, en 1894, l'Annuaire départemental ne dénombre pas moins de 80 métiers à tisser, pour une population totale de 846 habitants : entre-temps, l'industrie textile était venue porter puissamment secours à l'agriculture et maintenait à la commune une certaine prospérité, dont témoigne la qualité de l'habitat celle, en particulier, de plusieurs domaines extérieurs à maison de maître : les Murgers et le Pont-Chevalier, attenant à des moulins, les Bajards, le Bois-Ramé, les Branlards ; plus les bâtiments de la « filature Desmurgers », au Pont-Chevalier, et, sans omettre non plus, à l'extrémité occidentale des deux hameaux composant La Borcelle, le petit domaine en équerre, très certainement antérieur à la poussée industrielle du XIXe siècle, mais qui, dans sa structure de granite bâtie à chaux et à sable, donne une idée fidèle des conditions de la vie rurale accrochée à la montagne et affrontée à toutes les rigueurs de la neige, de la tempête et du vent.

Il n'y a cependant pas de honte à reconnaître que l'élément patrimonial exceptionnel de la commune de Mussy-sous-Dun demeure, en cette fin du deuxième millénaire, son viaduc construit de 1892 à 1895 pour la ligne de chemin de fer Lyon à Paray-le-Monial ; une longueur de 561 mètres, une hauteur maxima de 63 mètres, 18 arches portées sur 17 piles de plan rectangulaire à bossages séparés, de place en place, par des assises planes de chaînage horizontaux. Un « fruit » léger confère à ces supports une élégance, une légèreté, une puissance tout à fait extraordinaires : on évoquerait presque un ouvrage de l'Egypte des pharaons ! Ce XIXe siècle tant décrié n'a donc pas eu, dans l'ordre du patrimoine, que des effets néfastes ; mais il est rare que l'œuvre des hommes sache, aussi bien qu'ici, magnifier celle de la nature éternelle. On en chercherait assez loin l'équivalent.

Documentation :

- Matrices cadastrales arrêtées le 30 septembre 1830 ;

- Changement de limites en exécution de la loi du 24 avril 1858 : contenance imposable de 34 ha 19 ca 20 distraite de la commune de Varennes-sous-Dun, correspondant aux parcelles cadastrales 1438 à 1555 inclus, annexées à la section B de Mussy ;

- Arrêté préfectoral du 1er septembre 1869 : partie de la section B et section C dans sa totalité seront distraites du territoire de la commune de Mussy-sous-Dun pour former la nouvelle commune d'Anglure-sous-Dun ;

- Matrices cadastrales d'Anglure-sous-Dun certifiées le 20 décembre 1881 : 187 maisons, dont 4 moulins à eau et 3 filatures.

Superficie de la commune : 874 ha (depuis 1869)
Nombre d'habitants : en 1982 : 303, en 1994 : 297
Numéro de code INSEE : 327
Dossier d'Inventaire : 5 Fi 327

Source : AD71, Inventaire du patrimoine de Mussy-sous-Dun, Généralités, 19 pages.

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