Marcel Journay (1911-1990), artiste peintre et entrepreneur chauffaillon

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[Sources: Note rédigée pour l'exposition en 2011 au château de Chauffailles et articles parus dans le Journal de Saône-et-Loire.]

L'artiste peintre

Né à Chauffailles dans une famille de peintres en bâtiment, il apprend le dessin et la décoration à l’École Sieber de Melun et en sort avec le diplôme de “peintre décorateur en bâtiment” mention très bien.

De retour à Chauffailles, il peint des enseignes et décore les intérieurs de maisons bourgeoises : faux bois, faux marbres, panneaux en trompe l’œil, etc. Il réalise également de grandes peintures murales (hall d’entrée de la maison Vouillon, caveau de la villa Potain à la Clayette) et décore les murs des cafés qu’il fréquente avec ses amis artisans et entrepreneurs ("Les forgerons" du café Braillon, “Les compagnons du bâtiment” du café Botton, "Les cyclistes" du café Bajard, etc.)

Dans le même temps, sa recherche artistique l’entraîne sur d’autres chemins où il rencontre le sculpteur Adam, le peintre Maurice Montet et Yves Renaudin, artiste parisien, avec qui il entretient une longue amitié et qui le réconforte dans sa vocation de peintre. Il expose dans des salles de la région et à Paris, au Salon des Indépendants. Sa palette d’abord épaisse et aux teintes sombres, va s’éclaircir au contact des paysages méditerranéens et avec la pratique de l’aquarelle. Son installation au château de Fléchères, dans les années 1970, marque l’apogée de sa vie de peintre.

L'entrepreneur en bâtiment

Marcel Journay ne vivait pas de son art. Il était entrepreneur en bâtiment. Le premier à Chauffailles, il a conçu et bâti des maisons ouvrières, des immeubles collectifs, des villas originales. Les deux activités seront longtemps indissociables. Peintre et bâtisseur, il avait deux maîtres : Cézanne et Le Corbusier. Au début des années 1980, il crée l’Atelier du Château et œuvre pour que ce lieu soit consacré aux arts plastiques. Il s’éteint en 1990, laissant derrière lui une œuvre considérable.

Exposition rétrospective de l'œuvre de Marcel Journay en 2011

Pour le centenaire de cet artiste chauffaillon, le château de Chauffailles organise une grande rétrospective de l’œuvre de Marcel Journay. Certains le connaissent, d’autres en ont entendu parler : à partir du 2 juillet et jusqu’au 28 août, le public pourra découvrir la personnalité hors du commun de cet artiste. Le critique d’art, Éric Ballandras, a écrit que Marcel Journay était « peintre de l’âme, peintre de vocation ». Artiste figuratif, Marcel Journay avait un peu la manière des impressionnistes, mais son maître reste Cézanne, pour qui le tableau était un moyen d’exprimer l’émotion que les formes et les couleurs faisaient naître en lui. Jeanine Botton, Armand Accary, Paul Journay et les bénévoles ont travaillé d’arrache-pied pour recenser, retrouver, dater et classer les tableaux de Marcel Journay, de sa jeunesse jusqu’aux dernières années de sa vie. Une rétrospective unique dans le canton pour celui qui fait partie intégrante de l’école de Roanne. Vernissage samedi 2 juillet à 19 h en présence de Marie-Christine Bignon, conseiller général et maire de Chauffailles, dans les salons du château.
[Article rédigé par Évelyne Lussan et paru dans le JSL le 02/07/2011.]

Entre l’équerre et le pinceau

Alors que les peintures de Marcel Journay quitteront bientôt les salons et le grenier du château, l’œuvre du bâtisseur demeure visible dans l’espace urbain. Dans la cité, plusieurs bâtiments ont été conçus et réalisés par Marcel Journay pendant les années les Trente Glorieuses. L’immeuble Les Cèdres, avenue de la Gare, est le premier opus du peintre entrepreneur qui offre à ses concitoyens une habitation collective avec ascenseur. D’autres immeubles ont suivi : la Résidence Molière et Les Peupliers. Ce dernier, de grande qualité architecturale, est agrémenté d’une fresque en béton représentant un capricorne. Dans le même temps, Marcel Journay a dessiné des maisons individuelles : des habitations bon marché permettant de loger des ménages modestes, et des villas personnalisées qui sont toujours des exemples d’innovation et de réussite architecturale (colonnes triples, toits arrondis ou à pan unique, motifs décoratifs en mosaïque ou en ferronnerie).

Dans de grandes villas, propriétés d’industriels de la région, Marcel Journay a réalisé, sur commande, des peintures murales de grandes dimensions : des scènes de chasse dans la villa Potain à La Clayette, une représentation du viaduc de Mussy de sept mètres de long dans la villa Vouillon à Chauffailles. L’artiste était, de plus, très soucieux de proposer aux habitants de sa commune des équipements collectifs destinés à améliorer la vie des uns et des autres. À la Maison des jeunes (actuel Espace culturel du Brionnais), il a conçu un ingénieux système de sièges escamotables et de cloisons amovibles. Le projet futuriste de la Résidence Saint-François, projet qui restera dans les cartons, devait permettre de meilleures conditions de vie pour les anciens. Une salle du château est consacrée à cet aspect intéressant de l’activité du peintre. Des plans, des photographies, des dessins illustrent abondamment l’œuvre de celui qui savait manier aussi bien l’équerre que le pinceau.
[Article rédigé par Évelyne Lussan et paru dans le JSL le 17/08/2011.]

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