Hugues de Semur, précurseur de l'Europe
Conférence de Philippe Guinard, de l'Association "Les Vieilles Pierres" de Semur-en-Brionnais, donnée le 20/07/2007 à Montceaux-L'Étoile, au profit de l'association Les Amis de l'Église romane de Montceaux-l'Étoile
En ce temps-là, on voyageait sans passeport, à pied ou à cheval. On allait loin, on commerçait -dans le sens noble du terme- avec les voisins. On guerroyait aussi. Lorsque l'on avait un certain statut social, on se mariait d'une région à l'autre, les alliances étaient mouvantes, fluctuantes, créaient des réseaux et, l'un des grands champions de tous ces voyages, de ces allées et venues fut, sans conteste, le grand abbé de Cluny, Hugues de Semur, devenu plus tard, Saint-Hugues. Philippe Guinard, de l'Association des Vieilles Pierres de Semur, après avoir découvert un jour, un peu par hasard, un stock de vieux documents, a commencé, tel Proust et sa Madeleine, à remonter le temps et l'histoire de cette illustre famille. Jusque-là, on ne connaissait rien la concernant en deçà de Froiland de Chamilly, fils de Guillaume le Lion, issu de la famille de Vergy, issue elle-même de celle des comtes de Chalon. Ces nobles personnages vivaient vers l'an 900. Jouant les détectives, Philippe Guinard remonta le temps pendant quatre longs hivers de recherches. Il consacra un an de plus pour mettre en place le grand arbre généalogique situé à l'entrée du château de Semur et un an encore, pour rédiger un ouvrage sur la question : quand on aime, on ne compte pas ! Lors de cette troisième conférence, il narrera la vie de St-Hugues, situera ses origines, celles de cette seigneurie et celles, plus lointaines encore, de cette illustre famille. On peut remonter jusqu'à Mérovée et Charlemagne et c'est ainsi que dans les veines de St-Hugues, coule le sang des Mérovingiens et celui des Carolingiens. Le conférencier analysera l'immense influence d'Hugues, devenu, à 25 ans seulement, Grand Abbé de Cluny. Il fera construire Cluny 3, à cette époque la plus grande église de la chrétienté. Il en montrera les plans, parlera des rapports d'Hugues avec Marcigny, avec les rois d'Espagne et d'Angleterre, avec les rois et empereurs de Germanie, avec les rois de France et surtout avec les papes (quatre d'entre eux sont issus de l'abbatial de Cluny et ont été formés par lui). Philippe Guinard évoquera un autre grand personnage, Pierre le Vénérable, dernier grand abbé de Cluny et, par sa mère, petit neveu d'Hugues de Semur. Toute la causerie sera illustrée de panneaux, cartes, tableaux qui rendront plus clairs toute cette histoire captivante et néanmoins complexe. Demain à 20 h 30, salle des fêtes de Montceaux-l'étoile, située Grande Rue. Conférences organisées par l'Association des Amis de l'église de Montceaux l'étoile et données au profit de la restauration de l'église romane. Article de Fabienne Croze paru dans le JSL du 19.07.2007.
Hugues de Semur, un voyageur vraiment infatigable : Les conférences de Montceaux-l'étoile portent leurs fruits. Vincent de la Celle, maire du village, a annoncé qu'après la restauration extérieure de l'église romane, les travaux intérieurs venaient de commencer. Il a remercié les fidèles des conférences, précisant qu'une aussi petite commune ne pourrait prendre en charge, seule, une telle restauration. Philippe Guinard a été un brillant conférencier. Membre des Vieilles Pierres de Semur, il est connu dans la région pour avoir tenu boutique place des Halles à Marcigny, puis avoir secondé M. Rebillard, conservateur du Musée de la Tour du Moulin, et pris sa succession. Cet autodidacte passionné s'est penché, grâce à de poussiéreux manuscrits découverts au Musée, sur la vie d'Hugues de Semur. Cette aventure l'a entraîné loin dans le temps, apportant la preuve que dans les veines du St Abbé coulait le sang des Carolingiens et des Mérovingiens. Il a commencé, aidé de son tableau généalogique géant (c'est lui qui a réalisé celui de Château St Hugues), par " Il était une fois un petit garçon né dans la Ville Haute de Semur en Brionnais, au Château des Seigneurs de Semur ". Il était fils de Dalmace le Grand et d'Aremburge de Vergy. A cette époque, là où se trouve actuellement la zone commerciale de Marcigny, avait été construit un château fort pour se défendre des invasions Normandes. Mais le château était en bois ! Il ne fit pas long feu... Alors Frolan de Chamilly, ancêtre d'Hugues, en fit construire un sur les hauteurs de Semur. Descendant la généalogie, le conférencier raconte les naissances, les mariages, les veuvages, les remariages. Tout un univers complexe où l'on s'allie, l'on guerroie pour des terres, des domaines, des provinces... Dalmace le grand, lorsque Hugues naît, veut en faire un guerrier, Aremburge lui apprend à lire, à écrire, le latin, à chanter. Passionné par ces apprentissages, il veut étudier au prieuré de St Marcel, près de Chalon. Son oncle et son grand-oncle le font entrer, à l'insu de son père, à 15 ans, à l'abbaye de Cluny. L'abbé Odilon le nomme grand prieur à 20 ans ! A la mort d'Odilon, il devient abbé à l'âge de 25 ans ! La règle : prière et labeur. Le conférencier nous fait suivre les périples, les voyages multiples, lointains, de ce grand négociateur. Sans relâche, on suit la vie des rois, des contes, des papes, des abbés de Cluny. On voit Hugues se lancer, à 65 ans, dans la construction de Cluny III. On suit l'existence du Monastère de Marcigny, " Fille aimée de Cluny ", protecteur des grandes dames de l'époque (telle la fille de Guillaume le Conquérant), initié par Hugues. Les méandres de toutes les interactions sont compliqués : amour, haine, fidélité et trahisons, dons et pillages... À la mort d'Hugues, Cluny possède 2000 monastères, sous ses ordres et sous l'obédience des papes. Sous l'abbatiat d'Hugues, il régna 9 papes. 4 d'entre eux étaient issus de Cluny et élèves de St Hugues. Il s'est rendu 5 fois en Espagne, 12 fois en Italie, 5 en Allemagne ainsi qu'en Suisse, en Hongrie et à travers toute la France. On connaît la vie d'Hugues de Semur grâce à son petit-neveu, Pierre le Vénérable, qui fut 19 ans prieur de Vézelay et grand abbé de Cluny. Il était le fils de Ringarde, nièce d'Hugues, qui passa ses 20 dernières années au couvent de Marcigny. Article rédigé par Fabienne Croze, Le JSL 20.08.2007.
Complément : Vie de saint Hugues, abbé de Cluny, 1024-1109, par le R. P. dom A. L'Huillier
