Les voies antiques du Lyonnais, du Forez, du Beaujolais, de la Bresse, de la Dombes, du Bugey et de partie du Dauphiné déterminées par les hôpitaux du moyen-âge par M.-C. Guigue (1877)
Carte des voies antiques et tables de Peutinger - Cliquez sur une carte pour l'agrandir
AVANT-PROPOS
L'idée de ce petit mémoire est due simplement au hasard.
C'est en faisant des recherches toutes spéciales sur l'hospice fondé au VIe siècle, à Lyon, par le roi Childebert et la reine Ultrogothe, que je fus amené d'abord à constater, et cela d'une manière en quelque sorte inconsciente, l'existence, au moyen-âge, d'un grand nombre de petits établissements destinés aux voyageurs, puis, les notes s'accumulant, à reconnaître que ces établissements inégalement distribués dans la région et distancés entre eux formaient une série de grandes lignes venant converger à Lyon ; que ces lignes étaient alors de grandes routes, et qu'à ces routes s'appliquaient des noms tels que ceux de via publica, d'iter publicum, de magnum iter, de strata, d'iter ferratum, de via Lugdunensis, etc., noms, que les documents ne donnent pas aux chemins sur lesquels ne se rencontraient pas des hôpitaux et que les auteurs anciens attribuent aux voies de l'antiquité.
Cette dernière constatation me suggéra la pensée que peut-être ces grandes routes du moyen-âge n'étaient, autres que les voies de l'époque de la domination romaine, voies si peu connues pour la plupart et dont la science se donne aujourdhui tant de peine à déterminer le parcours. J'essayai donc l'application sur les cartes des renseignements que j'avais recueillis et il en résulta que je pouvais avoir pressenti juste.
Me défiant néanmoins de moi-même, je soumis l'ensemble de mon idée à l'appréciation d'un critique dont le nom et les travaux affirment la compétence, à M. Jules Quicherat, directeur de l'École des chartes, mon ancien professeur et mon maître vénéré toujours. M. Quicherat partagea mon opinion et m'engagea à rédiger à ce sujet une note dont je donnai communication à mes collègues de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon, qui en approuvèrent la conclusion, et que je lus ensuite en partie à la Sorbonne, devant les délégués des sociétés savantes de la section d'archéologie, au mois d'avril 1876.
Les encouragements qui me furent prodigués à cette occasion, non moins que d'amicales instances, me firent prendre l'engagement de publier, fécondé par de nouvelles recherches et dans un cadre plus large que celui d'une note substantielle, le mémoire que je produis aujourd'hui sur les voies antiques des petites provinces de Lyonnais, Forez, Beaujolais, Dombes, Bresse, etc., comprises jadis dans le Pagus major Lugdunensis, circonscription territoriale parfaitement délimitée, assez étendue pour qu'elle ne puisse être considérée comme une exception, et assez restreinte pour qu'il me fût possible de l'étudier dans les loisirs que me laissent mes occupations professionnelles.
Je n'ai pas cru devoir comprendre dans ce mémoire une étude que j'ai entreprise sur l'origine des hôpitaux de pèlerins appelés dans d'autres provinces Maisons-Dieu, Domus Dei. Cette étude, qui fera ultérieurement l'objet d'une nouvelle tentative de ma part, n'eût apporté aucune lumière dans la question géographique.
Par la même raison j'ai dû m'abstenir de répéter ce qu'apprennent les auteurs spéciaux sur la construction des voies antiques, leur classification, leur entretien, les mansions et les relais, détails fort intéressants en somme, mais hors d'œuvre ici.
Le but que je me suis proposé est uniquement de mettre en pleine évidence, tels quels, des faits presque inconnus et d'en faire ressortir la conclusion que leur logique impose. Pour l'atteindre sûrement, il m'a fallu justifier chacune des assertions, prouver par des textes et l'existence des hôpitaux et celle aussi d'une route les reliant les uns aux autres (1) ; de là les notes nombreuses qui accompagnent ce travail.
(1) Je n'ai pas fait cette preuve en ce qui touche toutes les routes du centre et du nord-est du département de l'Ain, parce que les terriers concernant cette région se trouvent à Dijon et qu'il ne m'a pas été possible d'aller les consulter.
J'aurais voulu pouvoir fixer avec précision sur la carte ci-jointe et la position de chacun des hôpitaux dans la localité où les documents les placent et le tracé des routes en tous leurs contours ; mais, à mon grand regret, il m'a été matériellement impossible d'entrer dans tous ces détails qui ne sauraient être appliqués convenablement qu'au vu des lieux mêmes et encore sur des cartes à une très grande échelle. En réalité, les points rouges figurant les hôpitaux peuvent donc être légèrement déplacés, en un sens ou en l'autre, et les routes être aussi plus ou moins tortueuses dans leur direction générale.
Mais, tout imparfait qu'il se présente, ce petit mémoire n'en a pas moins coûté de bien longues et bien laborieuses investigations.
La seule nomenclature des hôpitaux a nécessité la lecture de plusieurs milliers de testaments originaux ou vidimés, dont la collection en trente volumes grand in-folio des Insinuations de l'officialité de Lyon, du XIVe au XVe siècle, ne comprend qu'une partie. La recherche des routes et de leurs appellations au moyen-âge, a exigé le dépouillement complet d'un nombre considérable de terriers et de tous les actes anciens conservés dans les archives départementales du Rhône et de l'Ain. La quantité de ces derniers documents serait à évaluer en mètres cubes.
Si je fais part au lecteur des efforts que j'ai dû dépenser, ce n'est pas le moins du monde dans l'intention de les faire priser, car tous ont été largement compensés par la satisfaction que donne l'étude en nos temps agités, mais seulement pour rendre excusables, par l'âpreté du labeur, son aridité et son étendue, des erreurs que très probablement j'ai commises.
Feci quod potui, faciant meliora sequentes, Lyon, 25 mai 1877.
LES VOIES ANTIQUES DU GRAND PAGUS LUGDUNENSIS
I. DES HOPITAUX RURAUX AU MOYEN-AGE
Aux XIIe, XIIIe, XIVe et XVe siècles, dans l'ancien Pagus Lugdunensis, c'est-à-dire dans la circonscription territoriale qui comprend la presque totalité des départements actuels du Rhône, de la Loire et de l'Ain, existait un grand nombre de petits hôpitaux affectés tout spécialement ad pauperes Christi, et servant de refuges aux pèlerins et aux voyageurs malades ou attardés.
Ces petits hôpitaux, qui ne doivent pas être confondus avec les maisons de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, portant la même dénomination, ni avec les maladreries et les léproseries destinées aux pestiférés et aux lépreux, étaient bâtis, les uns dans des centres relativement populeux, les autres, à la tête de ponts, dans des villages, dans des hameaux sans aucune espèce d'importance, dans des bois même et dans des lieux complètement déserts jadis comme aujourd'hui. Ils se composaient d'ordinaire d'un corps de bâtiment, meublé d'une douzaine de lits, attenant à une modeste chapelle. Ils étaient desservis, d'ordinaire aussi, chacun par une seule personne laïque, homme ou femme, que les documents appellent quelquefois le recteur, le reclus ou la recluse. Leurs revenus consistaient dans le produit de quelques biens-fonds sis dans le voisinage, en quelques droits censuels et principalement en legs pieux. Les membres d'une immense association religieuse et philanthropique, les confrères du Saint-Esprit, en faisaient surtout, et conjointement avec l'œuvre des ponts sur les fleuves, les rivières et les ruisseaux (1), l'objectif préferé de leurs aumônes et de leurs largesses. Presque tous ces établissements, par des raisons que je n'ai pas à exposer ici, ont disparu depuis bien longtemps, et leur souvenir est tellement effacé qu'il ne faut pas en chercher la mention dans des histoires locales, mais à peu près uniquement dans les anciens terriers et les testaments. Voici la nomenclature alphabétique de tous ceux que j'ai rencontré dans ces actes, avec une très courte notice sur chacun d'eux.
II. NOMENCLATURE DES HOPITAUX
Aigueperse, canton de Monsol (Rhône). Cet hôpital fut fondé en 1100, par Archimbaud le Blanc. Aigueperse n'était alors qu'un lieu dit de la paroisse de Saint-Bonnet (2). Les évêques d'Autun, Henri de Bourgogne, vers 1155, et Etienne II, en 1176, lui firent des concessions (3). En 1326, Jean de Marchamp, chevalier, seigneur des Farges, lui légua dix sous de Viennois (4).
Ambérieu-en-Bugey, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Belley (Ain). Par son testament, en date du 14 janvier 1381, Sibille, fille naturelle de Pierre de Langes, de Priay, damoiseau, légua à l'hôpital d'Ambérieu deux florins d'or (5). Le 11 août 1388, Guillemette, femme de Berthet Jacotin, de Saint-Germain, lui laissa une rente de douze deniers de Viennois (6). Un autre don lui fut encore fait, le 8 mars 1399, par Guillemette, veuve de Guichard Belli (7).
Ambronay, canton d'Ambérieu-en-Bugey (Ain). En 1321, Jean de Farges, curé d'Ambronay, donna à l'œuvre de cet hôpital vingt sous de Viennois (8). Par son testament, du 20 septembre 1348, Humbert de Luppieu ordonna la construction d'une nouvelle chambre destinée aux femmes en couches, et lui laissa son lit (9). Des legs lui furent encore faits en 1373 et 1392 (10). Outre l'hôpital, existait à Ambronay, au XIVe siècle, une maladrerie, qui était, comme la maladrerie voisine de Douvres, sous le vocable de saint Jacques (11).
Anse, chef lieu de canton de l'arrondissement de Villefranche (Rhône). Il y avait, au moyen-âge, deux hôpitaux à Anse : l'un, situé près du pont sur l'Azergues, était sous le vocable de saint Martin ; l'autre, situé près de l'ancienne église de Saint-Romain, était celui que certains documents désignent, je crois, sous le nom de hospitalis Seirande ou a la Serranda de Ansa. Des legs leur furent faits en 1226, par l'archevêque Renaud de Forez (12), le doyen Guillaume de Colonges (13), en 1231, par le précenteur Ulric Palatin (14), en 1270, par Jean Bruillaz, prêtre (15), en 1336, par Gui de Montdésert (16), en 1343, par Guichard de Marzé, dit de Pouilly (17), en 1359, par Jean Noir, clerc (18), etc. L'hôpital de Saint-Martin était desservi par un reclus dont il est fait mention d'ans des actes de 1323, 1348 et 1372 (19).
Arbent, canton d'Oyonnax, arrondissement de Nantua (Ain). Par son testament en date du 22 juillet 1423, André Ducret fit un legs à cet hôpital (20).
Arbresle (L'), chef-lieu de canton de l'arrondissement de Lyon. Je n'ai rien trouvé de particulier concernant cet hôpital, qui doit être cependant fort ancien (21).
Bagé, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Bourg (Ain). L'hôpital de Bagé est mentionné pour la première fois dans la charte des franchises accordées à la ville en 1250 (22). Pierre Annet, curé de Chevroux, lui légua, le 10 septembre 1348, un lit garni de six draps (23), Jean Leblanc, de Bagé, lui donna un autre lit garni, le 17 août 1420 (24).
Beaujeu, arrondissement de Villefranche (Rhône). Suivant le testament de Dalmace Morel, chanoine de Lyon, en date du mois d'avril 1260, il y aurait eu alors deux hôpitaux à Beaujeu : l'un dans le bourg Saint-Nicolas, l'autre dans la ville (25). Des legs furent faits à l'hôpital de Beaujeu, en 1240, par Robert de Tresmon, chanoine de la Collégiale de Notre-Dame (26), en 1244, par le doyen Bernard Bordons (27), en 1248, par Humbert, chapelain de Belmont (28), en 1270, par Jean Bruillaz, prêtre (29), en 1287, par Guillaume de Curnillon (30), en 1308, par Jean, curé de Claveysolles (31), en 1326, par Jean de Marchamp, cheyalier (32), en 1337, par le doyen Jean Duc (33), en 1347, par Etienne de Triyier, prébendier de Notre-Dame (34).
Béchevelin. Cet hôpital situé sur la rive gauche du Rhône, à la Guillotière, était contigu à la maladière de la Madeleine. Il fut fondé en vertu d'une autorisation de Louis de Villars, archevêque de Lyon, en date du 13 avril 1306, par Jean des Farges, citoyen de Lyon, qui le dota des treize lits « pour recevoir les malades en l'honneur de Notre-Seigneur et ses douze apôtres, auxquels seraient fournis leurs nécessités et hébergés la nuit. » Le fondateur réserva pour lui et ses successeurs, jusqu'à la troisième génération, l'administration de la maison (35).
Belleville, arrondissement de Villefranche (Rhône). Jean, curé de Claveysolles, fit un legs à cet hôpital en 1308 (36).
Beaunant, commune de Chaponost, canton de Saint-Genis-Laval (Rhône). Cet hôpital appartenait, au milieu du XIIIe siècle, à la famille de Sacognins. Le 5 octobre 1286, Denis de Sacognins vendit les droits qu'il avait sur lui et ses dépendances à Girin, obédiencier de Saint-Just (37). Aux XIVe et XVe siècles, ce n'était plus qu'une recluserie (38).
Bourg-en-Bresse (Ain). Cet hôpital était sous le vocable de Notre-Dame. Des legs lui furent faits, en 1360, par Jean Mabilet (39), et, en 1361, par Robert de Vertembo (40). Il y avait, à Bourg, un très ancien hôpital de l'ordre de Saint-Antoine de Viennois, avec lequel le premier ne doit pas être confondu.
Bourgoin (Isère). L'hôpital est mentionné dans le terrier de Vaux de 1383 (41).
Brignais, canton de Saint-Genis-Laval (Rhône). Par son testament du 27 juillet 1474, François Rostaing, dit Dax, légua à l'hôpital de Brignais vingt sous de tournois (42).
Brullioles, canton de Saint-Laurent-de-Chamousset (Rhône). L'hôpital est mentionné dans un acte de 1307 (43).
Chalamont, arrondissement de Trévoux (Ain). Odon de Flandines, curé de Saint-Nizier-le-Désert, fit un legs à l'hôpital le 11 mai 1395 (44).
Challay, commune de Plagne, canton de Chatillon-de-Michaille (Ain). Cet hôpital, dont l'emplacement n'est plus marqué que par un tertre, existait, en 1308, près du domaine de la Tour-de-Sylan, à l'extrémité du lac de ce nom. Sa chapelle, sous le vocable de sainte Marie-Madeleine, dépendait des prieurs de Nantua (45).
Champdieu, près de Montbrison (Loire). Il y avait jadis deux hôpitaux à Champdieu : l'un appelé domus hospitalis sancti Dompni, dont j'ignore l'origine (46) ; l'autre, sous le vocable de saint Sébastien, fut fondé par Pierre de la Batie, prieur de Champdieu, en vertu d'une autorisation du pape Innocent VIII, datée du 7 février 1488. Cette fondation fut faite pour douze pauvres sexagénaires, hommes ou femmes, originaires de Champdieu et d'Essertines, et pour les pèlerins, ainsi que cela est expliqué dans l'acte de dotation du 30 août 1500 (47). Les pauvres pensionnaires de la maison devaient porter, sur le côté droit de la poitrine, cousue sur leur vêtement, une flèche d'étoffe rouge d'un demi-pied de long (48).
Chandieu, arrondissement de Vienne (Isère). En 1375, Ponce Rancut, damoiseau de Saint-Pierre de Chandieu, légua à cet hôpital, qui était sous le vocable de la Sainte-Vierge, une rente de dix-huit deniers de Viennois (49).
Chanaux (Les). Cet hôpital, situé sur la limite des communes de Rochetaillée et de Fleurieux, existait déjà vers la fin du XIIe siècle, époque à laquelle Etienne de Rochetaillée, doyen de l'église métropolitaine de Lyon, lui légua des Fonds (50). L'archevêque Renaud de Forez lui fit un autre legs en 1226 (51). Il est encore mentionné dans des actes de 1303 (52) et 1319 (53).
Charlieu, chef-lieu de canton (Loire). En 1308, Jean, curé de Claveysoles, fit un legs à son hôpital (54).
Charnay, canton d'Anse (Rhône). Mariette Chacelle fit un legs à cet hôpital en 1347 (55).
Chassagnieu, commune de Saint-André-de-Corcy (Ain). Cet hôpital, dont le nom n'est plus appliqué qu'à un bois, existait au XIIIe siècle (56).
Châtillon-sur-Chalaronne, arrondissement de Trévoux (Ain). Des legs furent faits à cet hôpital, le 18 août 1374, par Jean de Chaleurs (57), en 1392, par Jean, trompette du comte de Savoie (58), et en 1412 (59).
Chavagneux, commune de Genouilleux, canton de Thoisssey (Ain). Cet hôpital est mentionné, en 1240, dans le testament de Robert de Tresmon, chanoine de Beaujeu (60), en 1244, dans celui du doyen Bernard Bordon (61), et, en 1248, dans celui d'Humbert, chapelain de Belmont (62). Un péage se levait jadis à Chavagneux.
Chazay-d'Azergue, canton d'Anse (Rhône). Cet hôpital, sous le vocable de saint André, fut construit vers le milieu du XIIIe siècle. Au mois de mars 1266, Huguette de Chiel, Aroud et Guillaume de Chiel, ses fils, damoiseaux, se désistèrent, en faveur de l'abbé d'Ainay, de tous les droits qu'ils avaient sur la maison dans laquelle il était établi (63). Des legs lui furent faits en 1333, par Jeanne, femme de Jean Petit de Morancé (64), en 1336, par Jean de Montdésert (65), en 1343, par Johannet li Bochus (66), en 1344, par Jeannette de Flachillères (67), en 1345, par Pierre Bordelin, notaire à Marcilly (68), etc.
Chazey-sur-Ain, canton de Lagnieu (Ain). Au mois de juin 1394, Guillaume Aymurat, de Chazey-sur-Ain, donna sa maison pour rétablissement de cet hôpital (69).
Coligny, arrondissement de Bourg (Ain). La chapelle de l'hôpital de Coligny était sous le vocable de Notre-Dame. Des legs lui furent faits en 1316, par Humbert Brun, vicaire de Saint-Jean-des-Treux (70), en 1318, par Etienne de Coligny, seigneur d'Andelot (71), en 1348, par Jean Grosselaz (72), en 1365, par Eléonore de Villars, dame d'Andelot (73), vers 1380, par Jeanne Perret, de Nant (74), en 1395, par Etienne Lordet, bourgeois de Saint-Amour (75), etc.
Condrieu, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Lyon. Par son testament en date du 23 mai 1327, Thibaud de Versailleux, chanoine de la métropole de Lyon, donna à l'hôpital trois lits garnis (76).
Crémieu, arrondissement de Vienne (Isère). L'hôpital est mentionné plusieurs fois dans les terriers de Charvieu de 1387 et 1390 (77). Il est qualifié simplement recluserie dans des actes de 1331 (78) et 1380 (79). Outre l'hôpital, hospitalis, une maladrerie, maladeria, existait à Crémieu au XIVe siècle.
Cuiseaux, arrondissement de Louhans (Saône-et-Loire). L'hôpital existait déjà au commencement du XIVe siècle. Etienne de Coligny, sire d'Andelot, lui fit un legs en 1318, Etienne Lordet, bourgeois de Saint-Amour, un autre en 1395 (81).
Dagneux, canton de Montluel (Ain). Cette maison hospitalière n'est mentionnée que sous le nom de recluserie dans les documents du XIIIe siècle, En 1250, elle était desservie par une femme (82), et, en 1296, par un homme (83).
Dargoire, canton de Rive-de-Gier (Loire). Des legs furent faits à l'hôpital de Dargoire, en 1348, par Nicolas Curnu (84), en 1361, par Jean Allarios (85), et par divers, en 1396 et 1412 (86).
Étroits (Les), commune de Sainte-Foy. Ce petit hôpital, situé presque à la porte de Lyon, reçut, en 1226, un legs de l'archevêque Renaud de Forez (87).
Fay (Le). Cet hôpital, dont il ne reste absolument aucune trace ni aucun souvenir, était situé près d'Alix canton d'Anse (Rhône). Il est mentionné dans un traité de délimitation de justice, entre Béatrix de Chandieu, prieure d'Alix, et Guichard de Marzé, chevalier, en date du 23 mai 1299 (88).
Feurs, arrondissement de Montbrison (Loire). Il y avait jadis deux hôpitaux à Feurs : l'un sous le vocable de saint André, l'autre sous celui de Notre-Dame. Des legs leur furent faits, le 31 août 1361, par Pierre Chalchiseyn, curé de la paroisse (89). André Arthaud en fit un autre, le 4 juin 1373, à celui de Notre-Dame (90).
Givors, arrondissement de Lyon. L'hôpital était aussi sous le vocable de Notre-Dame. Jean Lanczolas lui fit un legs, le 12 mai 1348 (91), et Guigone, femme de Martin Paulet, de Grigny, un autre en 1351 (92).
Heyrieux, arrondissement de Vienne (Isère). Des legs furent faits à cet hôpital, en 1361, par Jacquemet Ravier (93), en 1424, par Pierre Chable (94), et en 1474 par Antoine Vavre, dit Chacellat (95). La chapelle était sous le vocable de Notre-Dame.
Hôpitaux (Les), commune de la Burbanche, canton, de Virieu-le-Grand (Ain). Il y avait, au commencement du XIIIe siècle, deux hôpitaux dans ce petit hameau ; c'est ce qui ressort de l'expression hospitalis vetus, dont se servent les scribes d'actes de 1228 (96) et 1275 (97), en parlant de la maison hospitalière située près de la grand-route, appelée alors le Chemin romain.
Irigny, canton de Saint-Genis-Laval (Rhône). Cet hôpital est mentionné dans le testament de Guigone, femme de Martin Paulet, de Grigny, qui lui fit un legs en 1351 (98).
Iserable (L'), commune de Chazey-d'Azergue, canton d'Anse (Rhône). Ce petit hôpital, situé sur le bord de l'Azergue, entre Chazey et Anse, reçut des legs en 1343 de Guillemette, femme d'André Paschal, de Morancé (99), en 1344, de Jeannette de Flachillères (100), en 1345, de Pierre Bordelin, notaire à Marcilly (101), en 1347, de Guillemet Revol, de Lozanne (102), et en 1361, de Henri Anseus, damoiseau (103).
Lay. Cet hôpital, situé près de Saint-Symphorien-de-Lay (Loire), fut fondé et doté, au commencement du XIVe siècle, par Jean de Lay, chanoine d'Angoulême. En vertu d'un accord daté du 21 mai 1333, il fut uni à l'église paroissiale de Lay (104).
Loyes, canton de Meximieux (Ain). Cet hôpital est mentionné dans des actes de 1199, 1220 et 1222 (105).
Losanne, canton d'Anse (Rhône). Au mois de novembre 1382, Humbert d'Arneu, de Saint-Genis-Terrenoire fit un legs à cet hôpital qui était sous le vocable de la sainte Vierge (106).
Malleval, près de Saint-Haon-le-Châtel, arrondissement de Roanne (Loire). Cet hôpital est mentionné dans un acte du 16 août 1395, contenant fondation par Jean Clément en faveur de la confrérie du Saint-Esprit de Villemontais (107).
Malpertuis, commune de la Tour-de-Salvagny, canton de l'Arbresle (Rhône). Cet hôpital est cité plusieurs fois dans le terrier de Lentilly de 1369 (108).
Marcilly, canton de Montbrison (Loire). Vers 1210, Albert de Thizy fit un legs à cet hôpital (109).
Millery, canton de Givors (Rhône). L'hôpital est mentionné dans le testament d'Orient de Gali, en date du 18 juillet 1348 (110).
Moind ou Moingt, canton de Montbrison (Loire). Il est fait mention de l'hôpital (hospitalis) dans un testament de 1360 (111). Il y avait aussi à Moind une très ancienne maladrerie (112).
Montagny, canton de Givors (Rhône). En 1351, Guillemet Gay, de Mornant, fit un legs à l'hôpital qui était sous le vocable de saint André (113).
Montbrison (Loire). De nombreux documents existent sur cet hôpital (hospitalis, domus pauperum), qui fut fondé au XIIe siècle par les comtes de Forez, et richement doté par eux dans les premières années du XIIIe (114).
Monfleur (Jura), au nord de Treffort (Ain). Des legs lui furent faits, en 1348, par Humbert de Chamos (115), et en 1361, par Robert de Vertembo (116).
Montréal, arrondissement de Nantua (Ain). Cet hôpital est mentionné dans le testament de Guillaume Colin, daté du 12 décembre 1425 (117).
Montrevel, arrondissement de Bourg (Ain). En 1437, Perronet Roux, âgé de quatre-vingts ans, était recteur de l'hôpital de Montrevel, hospitalis Montis Revelli, (117 bis). Antoine Clerc fit un legs à cet hôpital par son testament du 20 novembre 1471 (118).
Mure. Cet hôpital qui était situé près de Saint-Bonnet et de Saint-Laurent-de-Mure, en Dauphiné, est cité dans une vente consentie, au mois de mars 1277, par Barthélemy de la Poype, clerc de l'Eglise de Lyon, à Guichard de Saint-Symphorien, prévôt de la collégiale de Saint-Thomas de Fourvière (119).
Nantua (Ain). L'hôpital reçut des legs en 1399 de Guillaume Goyet (120), en 1407, de Renaude, veuve de Gui de Bouvent, d'Apremont (121), en 1409, de Béatrix, femme de Jean Veysitant (122), et en 1431, de Jean de Brie (123).
Neuville-sur-Saone, jadis Vimy (124), arrondissement de Lyon. L'hôpital (hospitalis de Vymies), est mentionné dans un testament en date du 11 mai 1393 (125).
Oingt, commune du Bois-d'Oingt, arrondissement de Villefranche (Rhône). Le 25 juillet 1297, Guichard d'Oingt, chevalier, confirma le legs fait par son père à cet hôpital de la leyde du blé qui se vendait au marché du village (126).
Pierre-Fortunière. Cet hôpital, situé au nord-est de Roanne, près de Saint-Cyr-de-Favières et de Parigny (Loire), est mentionné dans le terrier de Commelle de 1391 (127).
Plambost, commune de Lissieu, canton de Limonest (Rhône). Cet hôpital, dont il ne reste pas d'autre trace que le nom appliqué à un lieu-dit, est appelé dans quelques documents l'hôpital de Limonest, à cause de sa proximité de cette petite ville. Il existait déjà au commencement du XIIIe siècle. L'archevêque de Lyon, Renaud de Forez, lui fit un legs en 1226 (128). D'autres lui furent faits, en 1231 parle précenteur Uldric Palatin (129), en 1257, par Marie Syméon (130), en 1270, par Jean Bruillaz (131), en 1344, par Jeannette de Flachillères (132), en 1345, par Pierre Bordelin, notaire (133), en 1348, par Etienne Buatier (134), etc. En 1281, Aymard, archevêque de Lyon, donna cet hôpital avec ses dépendances aux Chartreux de Sainte-Croix-en-Jarez, lesquels l'accensèrent, en 1436, à Bertrand Payen, notaire à Lyon, dont le fils, Grégoire le vendit, en 1450, à Monin Boysseris, charpentier à Lissieu. Ce dernier céda ses droits, le 20 juillet 1487, à la charge toujours de conserver à la maison son caractère hospitalier, aux Célestins de Lyon, qui en obtinrent la remise en forme des Chartreux, en 1497, et le conservèrent depuis, mais réduit à l'état de simple domaine, jusqu'au 11 août 1723, qu'ils l'aliénèrent moyennant 35,000 livres à la famille Riverieulx de Varax (135).
Poncin, arrondissement de Nantua (Ain). Humbert VI, sire de Thoire-Villars, lui fit un legs par son testament du 7 décembre 1369 (136).
Pont-de-Chéruy, canton de Crémieu, (Isère). Cet hôpital est mentionné dans le testament de Jeanne, veuve de Pierre Bergier, de Vaulx-en-Velin, en date du 6 septembre 1375 (137).
Pont-de-Vaux, arrondissement de Bourg (Ain). Des legs furent faits à l'hôpital, en 1390, par Hugonin Brunet (138), en 1394, par Pierre Brunet, dit Javelle (139), et, en 1397, par Guillaume Gabeloz (140).
Pont-de-Veyle, arrondissement de Bourg (Ain). L'Hôpital actuel de Pont-de-Veyle ne date que des premières années du dernier siècle ; mais il est probable qu'il y en avait un plus ancien.
Pouilly-le-Monial, canton d'Anse (Rhône). Il est mentionné dans le testament en date du samedi avant la Purification 1353, d'Ecole, femme de Jean Sainte-Fey (141).
Pimorin, au nord de Gigny (Jura). Etienne de Coligny, seigneur d'Andelot, légua à cet hôpital, en 1318, dix sous de tournois (142).
Quirieu, canton de Morestel (Isère). Des legs furent faits à cet hôpital, en 1420, par Antoine Fabre (143), en 1431, par Antoine de Sandon (144), et en 1457, par Jean Vallier (145).
Reneins, commune de Saint-Georges-de-Reneins, arrondissement de Villefranche (Rhône). En 1263, Guichard, sire de Beaujeu, légua à l'hôpital de Reneins vingt sous de Viennois de rente (146). En 1300, le doyen de Beaujeu, Guichard de Theliz, lui laissa cinq sous (147). Cet hôpital était aussi appelé quelquefois l'Hôpital de Saint-Georges-de-Reneins.
Revolon, commune de Quincié, canton de Beaujeu (Rhône). Des legs furent faits à cette maison hospitalière, en 1240, par Robert de Tresmon, chanoine de Beaujeu (148), en 1244, par le doyen Bernard Bordons (149), en 1248, par Humbert, chapelain de Belmont (150). Il ressort des testaments de noble Thomas de Grandris (151) et de Jean Bruillaz (152) qu'elle était desservie par une femme. Dans le testament de Guillaume de Curnillion, daté de 1287, cette maison est qualifiée de maladrerie (153).
Rive-de-Gier, arrondissement de Saint-Etienne (Loire). Cet hôpital était sous le vocable de la sainte Vierge. Il reçut des legs, en 1327, de Théobald de Versailleux, chanoine de Lyon (154), en 1340, de Perrin de la Vinare (155), en 1342, de Pierre Biceu (156), et de Béatrix, femme de Pierre Savinel (157), en 1351, d'Alise Mercier (158), en 1411, de Marguerite, fille de Pierre Gaypie, et femme de Jean Fournier (159), et, en 1414, de Barthélemy de Bochaille, chamarier de l'Eglise de Lyon (160).
Riverie, canton de Mornant (Rhône). Des legs furent faits à l'hôpital de Riverie, en 1325, par Etienne de Saint-Cebrin (161), en 1341, par Martin Garnier (162), en 1346, par Guillemette de Saint-Cebrin (163), et, en 1385, de Guillemette Seyan (164).
Roussillon, arrondissement de Vienne (Isère). Par son testament du 20 novembre 1841 (!), Isabelle d'Harcourt, veuve d'Humbert VII, sire de Thoire-Villars, légua 25 florins pour la réparation de cet hôpital (164 bis).
Sain-Bel, canton de l'Arbresle (Rhône). L'hôpital de Sain-Bel est mentionné dans le testament de Jean de Savigny, en date du 3 mai 1424 (165). Vincent Filliod, dit Serracin, lui fit un legs le 14 février 1466 (166).
Sainte-Agnès, au nord de Beaufort (Jura). Etienne de Coligny, seigneur d'Andelot, fit un legs à cet hôpital, en 1318 (167).
Saint-Amour, arrondissement de Lons-le-Saulnier (Jura). Des legs furent faits à l'hôpital de Saint-Amour, en 1313, par Humbert Brun (168), en 1318, par Etienne de Coligny (169), en 1348, par Jean Grosselaz (170), en 1349, par Hugonin de Saint-Amour (171), en 1374, par Philippe Pellipier (172), en 1400, par Aymonet Lenaysard (173). Outre l'hôpital, il y avait aux XIVe et XVe siècles une maladrerie à Saint-Amour.
Saint-André-la-Côte, canton de Momant (Rhône). L'hôpital est mentionné dans le testament de Guillemet Gay, de 1351 (174).
Saint-Bonnet, commune de Saint-Laurent-de-Chamousset. Cet hôpital est cité dans le terrier de Chazelles, de 1357 (175).
Saint-Bonnet-le-Château, arrondissement de Montbrison (Loire). L'hôpital est mentionné dans un acte de vente en faveur du comte de Forez, de 1322 (176).
Saint-Chamond, arrondissement de Saint-Etienne (Loire). Outre l'hopital proprement dit, qui était sous le vocable de Notre-Dame, il y avait encore jadis, à Saint-Chamond, un hôpital dépendant de Saint-Antoine de Viennois, et une recluserie. Des legs furent faits à l'hôpital de Notre-Dame, en 1380, par Jeanne Favre (177), en 1412 (178), en 1413, par Antoinette Colombet (179), et, vers 1450, par Pierre Vigier, ainsi que cela ressort d'un acte du 28 avril 1458.
Sainte-Colombe, canton de Condrieu (Rhône). L'hôpital de Sainte-Colombe était sous le vocable de saint Domingo (179 bis). Il est mentionné dans un acte de 1303 (180).
Saint-Fonds, commune de Vénissieux, canton de Villeurbanne (Rhône). Cet hôpital fut fondé et doté par les anciens seigneurs de Bron. En 1271, Aymar et de Bron, chevalier, et Eustache de Bron, damoiseau, cédèrent, avec toutes ses dépendances, au monastère d'Ainay, à la condition d'y entretenir selon l'usage douze lits garnis (181). Jusqu'en 1308, il resta régi par des personnes laïques qui le laissèrent tomber presque en ruine. Le 25 février de cette année, Humbert, abbé d'Ainay, et ses religieux capitulairement assemblés, le remirent à frère Jean Doux, prieur claustral, à la charge de le réparer et d'y rétablir l'hospitalité (182). Des legs lui furent faits, en 1257, par Marie Symeon (183), et, en 1301, par Eustache de Bron, damoiseau (184). Frère Sibuet de Pise, moine d'Ainay était en 1354, custode ou gardien de l'hôpital de Saint-Fonds (185).
Saint-Galmier, arrondissement de Montbrison (Loire). Cet hôpital reçut un legs, en 1289, d'Antoinette, veuve de Ponce Marchant (186).
Saint-Genis-Laval, arrondissement de Lyon. Des legs furent faits à cet hôpital, en 1339, par Jean Oppinelle, en 1341, par Etienne du Vivier, d'Oullins (188), en 1346, par Barthélemy Lombard, d'Irigny (189), en 1347, par Jeannette Jovene (190), et Guillemet Chaselle (191), en 1348, par Jacquemet Michaud (192), en 1361, par Etienne Perrin (193), et, en 1393, par Pennelle, femme de Mathieu Didier (194). Cet hôpital était sous le vocable de Sainte-Catherine.
Saint-Germain-Laval, arrondissement de Montbrison (Loire). Cet hôpital est mentionné dans le testament de Pierre Chalchiseyn, du 31 août 1361 (195).
Saint-Jean-des-Treux (Jura), entre Coligny et Saint-Amour. La chapelle de cet hôpital était sous le vocable de Notre-Dame. Marie de Vergy, dame d'Andelot, lui fit un legs en 1397 (196), et Jacquemard, seigneur de Coligny, un autre en 1434 (197).
Saint-Julien, arrondissement de Lons-le-Saulnier (Jura). Cet hôpital est mentionné dans le testament d'Etienne de Coligny, seigneur d'Andelot, en 1318 (198), et dans celui d'Etienne Lordet, bourgeois de Saint-Amour, du 15 septembre 1395 (199).
Saint-Julien-sur-Reyssouze, canton de Saint-Trivier-de-Courtes (Ain). Hugues d'Arben, bourgeois de Saint-Julien-sur-Reyssouze (super Royssosam), lui fit un legs par son testament du 10 novembre 1431 (200).
Saint-Laurent-lès-Mâcon, canton de Bagé-le-Chatel (Ain). Un legs fut fait à cet hôpital en 1364 (201).
Saint-Martin-l'Estra, canton de Feurs (Loire). L'hôpital est mentionné dans le terrier de Chazelles, de 1357, sous le nom de hospitalis de la Molleyri, du lieu dit où il était situé (202).
Saint-Oyen, aujourd'hui Saint-Claude (Jura). Cet hôpital, qui doit être très ancien, reçut le 12 août 1399 un legs de Girard Raclet (203).
Saint-Rambert-en-Bugey, arrondissement de Belley (Ain). Cette maison de secours que saint Domitien avait fait édifier vers le milieu du Ve siècle (204), n'était déjà plus qualifiée que recluserie au XIIe (205). Des legs lui furent faits, en 1385, par Jean Alamand (206), et, en 1431, par Jeannette, veuve de Laurent Brison (207).
Saint-Rambert-en-Forez (Loire). L'hôpital, qui était sous le vocable de Notre-Dame, reçut, en 1328, un de Pierre Velche (208), et, en 1375 ; un autre d'André Guilliod (209).
Saint-Romain-de-Miribel, commune de Miribel, canton de Montluel (Ain). Cet hôpital, appelé aussi l'hôpital de Miribel est mentionné dans des actes de 1319 (210), et 1455 (211).
Saint-Sauveur, canton de Bourg-Argental (Loire). Cet hôpital appartenait aux religieux de Saint-Sauveur. En 1280, ils en remirent l'administration à un de leurs frères donnés. Il était sous le vocable de saint Maxime (211 bis).
Saint-Symphorien-d'Ozon, arrondissement de Vienne (Isère). Des legs furent faits à cet hôpital, en 1395, par Etienne Galand (212), et, en 1416, par Girin Peyres (213).
Saint-Symphorien-le-Châtel, arrondissement de Lyon. Pierre Alaveysin fit un legs à cet hôpital, en 1323 (214), et Pierre de Faye un autre en 1332 (215). Il était aussi sous le vocable de Notre-Dame.
Saint-Trivier-de-Courtes, arrondissement de Bourg (Ain). Cet hôpital est mentionné dans un acte de 1292 (216).
Saint-Trivier-sur-Moignans, arrondissement de Trévoux (Ain). La chapelle de cet hôpital était sous le vocable de sainte Catherine. Des legs lui furent faits, en 1393, par Jean Robert, de Percieux (217), en 1395, par Jean Médecin (218), et, en 1447, par Antoine Salet (219).
Savigny, canton de l'Arbresle (Rhône). Cet hôpital était sous le vocable de saint André. Des legs lui furent faits, en 1273, par Jean de Moritaigni (220), en 1304, par Etienne, curé de Lentilly (221), en 1332, par Jean Lanais, d'Anse (222), en 1343, par Guillemette, femme d'André Paschal, de Morancé (223), en 1345, par Pierre Bordelin, notaire à Marcilly (224), en 1346, par Jacquemot Georges, notaire à Saint-Genis-Laval (225), en 1347, par Manette Chacella, de Chamay (226), etc.
Taluyers, canton de Montant (Rhône). Jean Gauthier, d'Irigny, en 1361 (227), et Martin de Charmelières, en 1387 (228), firent des legs à cet hôpital qui était sous le vocable de Notre-Dame.
Tossiat, canton de Pont-d'Ain (Ain). Cet hôpital est mentionné dans le testament de Jean Pascal, du 6 juin 1409 (229).
Treffort, arrondissement de Bourg (Ain). Le 15 juillet 1361, Robert de Vertembo, curé de Simandres, fit un legs à l'hôpital de Treffort qui était sous le vocable de la sainte Vierge (230).
Trévoux. Le 2 mai 1391, Jean de la Loy légua sa maison, sise dans la rue tendant de la porte Saint-Bernard à l'église, pour y établir un hôpital (231). Jean Fabre de la Fontaine légua à cet hôpital un florin, par son testament du 23 mai 1424 (232).
Valsonne, canton de Tarare (Rhône). Cet hôpital est mentionné dans le testament de Michel Falconet, bourgeois de Beaujeu, de 1349 (233).
Ventrigny, commune de Chauffailles (Saône-et-Loire). L'hospitalis de Ventrignia est mentionné dans le testament d'Humbert, chapelain de Belmont, chanoine de Beaujeu, en 1248 (242).
La Verpillière, arrondissement de Vienne (Isère). Cet hôpital est cité dans le terrier de Vaux-en-Dauphiné, de 1383 (234).
Villars, arrondissement de Trévoux (Ain). Des legs furent faits à cet hôpital, en 1374, par Martin Vincent (235), et, en 1395, par Margaronne, veuve d'Etienne de Vemay (236).
Villefranche-sur-Saône. Il y avait jadis deux hôpitaux à Villefranche : l'un, dont on ignore l'origine, était situé à la tête d'un pont, sur le bord de la rivière de Morgon ; l'autre, au nord de la ville, était appelé de Roncevaux, du nom de la maison qui avait fondé ses premiers desservants. Ce dernier fut fondé par les sires de Beaujeu, au commencement du XIIIe siècle (237). Des legs leur furent faits, en 1270, par Jean Bruillaz (238), en 1300, par Guichard de Théliz (239), en 1308, par Jean, curé de Claveysoles (240), en 1326, par Jean de Marchamp, chevalier (241), etc.
III. LES HOPITAUX JALONNENT LES GRANDES ROUTES DU MOYEN-AGE
Si l'on pointe, en rouge par exemple, sur une carte exacte (243), tous les hôpitaux qui figurent dans la nomenclature qui précède, si l'on unit par un trait à vol d'oiseau tous ces points rouges entr'eux, on obtient une série de grandes lignes à peu près droites qu'il est impossible de considérer comme un résultat du hasard.
Le hasard, en effet, a-t-il pu produire les grandes lignes de Lyon à Mâcon ?
De Lyon à Sainte-Agnès ?
De Lyon à Vienne
De Lyon à Saint-Bonnet-le-Château ?
De Charlieu à Bourgoin ?
De Vienne à Quirieu ?
D'Aigueperse à Lagnieu ?
De Dagnieu à Pimorin ?
De Roanne à Saint-Galmier ? etc.
Evidemment non !
Le hasard seul, aussi, a-t-il pu faire que toutes ces lignes vinssent converger aux centres les plus populeux de la région, à Lyon, Mâcon, Vienne, Bourg-en-Bresse, Montbrison, etc. ? Ce n'est pas admissible.
D'un autre côté, si l'on observe que bon nombre de ces lignes se superposent en quelque sorte exactement à des routes ou à des vieux chemins existant encore de nos jours, et que d'autres s'étendent parallèlement aux cours du Rhône, de la Loire, de la Saône, de l'Azergue, de la Brevenne, du Gier, etc., c'est-à-dire qu'en suivant les vallées elles empruntent le tracé des voies de communication tout naturellement ouvertes aux populations primitives, n'est-il pas permis de voir dans leur enchevêtrement ou leur combinaison le réseau des grandes artères qui sillonnaient la province au moyen-âge ? C'est ce que je crois, car ces lignes représentent d'anciennes routes, comme je vais essayer de le démontrer en invoquant le témoignage de documents contemporains des hôpitaux.
Route de Lyon à Mâcon, rive droite de la Saône.
Cette route, que jalonnent les hôpitaux de Plambost, de l'Iserable, d'Anse, de Villefranche, de Saint-Georges-de-Reneins et de Belleville, portait, en sortant de Lyon par le faubourg de Vaise, le nom de grand chemin de Lyon en France (244). De Vaise elle gagnait Anse en passant par les territoires des communes d'Ecully, de Limonest, de Lissieu, de Marcilly et de Chasselay (245).
À Marcilly, un embranchement se détachait dans la direction de Sain-Bel et de l'Arbresle par Chasey, Losanne et Dorieux, sous le nom de voie des quadriges (245 bis).
D'Anse elle se dirigeait sur Mâcon en suivant une ligne à peu près parallèle à la Saône, en passant par Villefranche, Saint-Georges-de-Reneins, Belleville et Saint-Jean-d'Ardières (246).
À la hauteur de l'hôpital de l'Iserable s'embranchait une route se dirigeant par l'hôpital de Charnay sur Châtillon-d'Azergue (247) où elle rencontrait la route de Lyon à Chamelet par la Tour-de-Salvagny et Losanne (248).
À Anse, la voie principale de Lyon à Mâcon était traversée par la route qui tendait de la Saône ou plutôt du port de Trévoux (249) à Oingt (250), et très probablement d'Oingt à Valsonne, dans la direction de Roanne.
De Belleville se détachait une autre route qui tendait par Beaujeu (251), dans la direction d'Aigueperse.
Route de Lyon à Mâcon, rive gauche de la Saône.
Comme l'indiquent les hôpitaux des Chanaux, de Neuville (jadis Vimy), Trévoux et Chavagneux, elle longeait le bord de la Saône en passant à proximité de l'Ile-Barbe (252), et par Fontaines (253), Rochetaillée (254), Neuville (255), Trévoux (256), Beauregard (257), Montceaux (258), Genouilleux (259), et Peyzieux (259 bis).
À Trévoux, diverses autres voies venaient converger :
1° Celle d'Anse à Montluel par l'hôpital de Chassagnieu (260) ;
2° Celle d'Anse à Villars (261), et de Villars à Chalamont (262), par Birieux (263) et Versailleux (264), et de Chalamont à Chazey-sur-Ain, par Loyes (264 bis) ;
3° Celle de Saint-Trivier-sur-Moignans, qu'un embranchement à la hauteur du port de Frans mettait en communication avec Villefranche (265). De Saint-Trivier-sur-Moignans, cette voie gagnait Chatillon-sur-Chalaronne et Pont-de-Veyle (265 bis).
Du port de Belleville un embranchement se dirigeait aussi sur Saint-Trivier-sur-Moignans (266), et un autre sur Chatillon-sur-Chalaronne (266 bis).
Route de Lyon à Vienne, rive droite du Rhône.
Cette route, comme l'indiquent aussi les hôpitaux des Étroits, de Saint-Genis-Laval, d'Irigny, de Millery, de Givors et de Sainte-Colombe, passait par les territoires de ces localités et par Charly (267). À Sainte-Colombe elle se bifurquait. Un embranchement gagnait Vienne en franchissant le Rhône sur un pont ; l'autre continuait parallèle à la rive droite du fleuve, en passant par Ampuis (268), Condrieu (269), Verlieu (270), Chavanay (271), et Saint-Pierre-de-Bœuf (271 bis).
Route de Lyon à Vienne, rive gauche du Rhône.
La route suivait le parcours que signalent les hôpitaux, en passant par Béchevelin, Champagneux (272), Saint-Fonds (273) et Saint-Symphorien-d'Ozon (274). Au-delà de Vienne elle se continuait, longeant toujours à peu près le fleuve. Dans les environs de Rossillon elle portait, comme celle de la rive droite, le nom de chemin royal (275) ou simplement de strata (276).
De Vienne, partaient trois autres routes :
1° Celle de Bourgoin, passant par Diemoz (277), Saint-Bonnet (278), Four (279), Saint-Alban (280), Domarin (281), et le territoire de la Recluserie (282) ;
2° Celle de Quirieu et de Quirieu à la grande voie de Lyon à Genève ;
3° Celle de Saint-Claude ou Saint-Oyen (Jura). Cette dernière empruntait celle du port de Quirieu jusqu'à Heyrieu, et d'Heyrieu passait par les territoires de Sacolas (283), Chavagnieu (284), Pont-de-Chéruy (285), Chazey-sur-Ain, Ambérieu-en-Bugey (286), et Château-Gaillard (287), d'où elle continuait dans la direction de Saint-Claude par Ambronay (288), Poncin, Nantua, Montréal, Izernore, Oyonnax et Arbent.
Route de Lyon à Crémieu
Cette route partait du port ou du pont du Rhône, passait par les territoires de Villeurbanne, Saclanges (289), Saint-Martin-d'Alo, au nord de Saint-Priest, où un acte de 1279 l'appelle la voie publique tendant de Lyon à Ambérieu-en-Bugey (290), entre Jonages et Pusignan, où un acte de 1168 la nomme strata Lugduni (291), par Pont-de-Chéruy (292), où elle rencontrait la route de Vienne à Saint-Claude. Là elle se bifurquait peut-être pour atteindre l'ancien port de Quirieu sur le Rhône, qui la mettait en communication avec la voie de Lagnieu à Briord, mais son objectif le plus certain était Crémieu (293). De Crémieu elle se dirigeait par Dizimieu et Saint-Chef (294), dans la direction de la Tour-du-Pin et d'Aoste, l'antique Augusta.
Route de Lyon à Bourgoin
Cette route dont le point de départ était encore le port ou le pont du Rhône, est appelée, dans un acte de 1240, le chemin qui tend à Rome (295). Elle passait par ou près de Saint-Priest, à Saint-Bonnet-de-Mure (296), à la Verpillière (297), traversait les territoires de Belmont (298), de Saint-Germain (299), de Vaux (300), de l'Ile-d'Artas, et arrivait à Bourgoin par Saint-Alban (302), et Domarin (303).
Route de Lyon à Genève
Comme l'indiquent encore les hôpitaux de Saint-Romain-de-Miribel, de Dagneux, de Pérouges, de Loyes, d'Ambérieu-en-Bugey, de Saint-Rambert et de la Burbanche, cette route passait par Miribel (304), Beynost (305), La Boisse, au bas du château de Girieu (306), Montluel (307), Châne ou Chanoz (308), le Bourg-Saint-Christophe (309), le bas de Pérouges (310), Meximieux et Loyes (311).
De Loyes, elle gagnait Ambérieu-en-Bugey, où elle rencontrait la route de Vienne à Saint-Claude. Les deux tronçons d'Ambérieu à Ambronay et d'Ambérieu à Saint-Rambert portaient le nom de strata (312). D'Ambérieu, elle continuait dans la direction de Genève, par la Burbanche (313), Rossillon, Virieu-le-Grand, Artemare, Talissieu, Culoz, Anglefort, Seyssel, etc.
À Montluel, se détachaient de la grande route les voies secondaires suivantes :
1° De Trévoux (315) ;
2° De Villars par Sainte-Croix (316) ;
3° De Chalamont par Bressolles (317), Pizay (318) et Faramans (319).
Au Bourg-Saint-Christophe, un embranchement gagnait le port d'Anthon (319 bis).
À Loyes, un embranchement se dirigeait sur Chalamont (320), un autre dans la direction de Pont-d'Ain par Châtillon-la-Palud (321).
Route de Lyon à Bourg-en-Bresse
Cette route, jalonnée par les hôpitaux de Chassagnieu et de Villars, traversait le territoire de la commune de Mionnay à Poleteins (322), celui de l'ancienne paroisse de Bussiges réunie à la commune de Civrieux (323), passait par Villars (324), et gagnait Bourg par Marlieux (325), tendant en ligne droite dans la direction de Besançon par Coligny, Saint-Amour, Cuiseaux et Sainte-Agnès.
À Bourg venaient, en outre, converger les routes de Montrevel, et de Montrevel à Louhans par Saint-Trivier de-Courtes (325 bis), de Bagé, de Marboz, et de Chalamont par Lent (325 ter).
De Saint-André-de-Corcy, ou plutôt de l'hôpital de Chassagnieu, une route tendait encore, en 1253, directement à Loyes (326), en passant par le Momtellier, où un acte de 1285 l'appelle route de Lyon (326 bis).
Route de Lyon à Rive-de-Gier et Saint-Chamond
Elle passait par les hôpitaux de Saint-Genis-Laval, Brignais (327), Taluyers, près Saint-Jean-de-Toulas (328), Dargoire, d'où elle atteignait Saint-Martin-la-Plaine ou Rive-de-Gier (329), puis Saint-Chamond (330).
De Saint-Chamond, la voie se prolongeait dans la direction de Saint-Bonnet-le-Château par Saint-Etienne, le Chambon et Comillon (331).
À Saint-Chamond venaient, en outre, converger les routes de Saint-Symphorien-le-Châtel (332), de Saint-Rambert-sur-Loire par la Fouillouse (333), de Vienne par Longes (334), et de Condrieu par Paveysins (335).
À Rive-de-Gier, s'embranchaient sur la grande voie de Lyon une route venant de Givors et reliant Riverie à Vienne (336), une autre de Vienne (337), et une troisième de Condrieu (338).
Route de Lyon à Montbrison et au Puy
Son tracé, suivant les documents du moyen-âge, était celui que révèle les hôpitaux de Bonan, de Saint-Symphorien-le-Châtel et de Saint-Galmier. Elle passait, en effet, par ou près de Chaponost (339), d'où un embranchement se dirigeait sur Saint-André-la-Côte par Saint-Sorlin (340), tandis que la voie principale continuait sur Maltaverne (341), à travers les territoires des communes de Soucieu, Brindas et Messimy (342). De Maltaverne, elle gagnait Thurin et le village de Tiremanteau (344), en traversant partie du ; territoire de Rontalon (345) et de Rochefort (346), puis Saint-Martin-en-Haut (347), et de là Saint-Symphorien-le-Châtel ou sur-Coise (348).
À Saint-Symphorien-le-Châtel elle se trifurquait après s'être unie à une grande voie venant de l'est, par Heyrieu et Saint-Symphorien-d'Ozon (349), appelée tantôt strata viannoyse, tantôt strata publica viannensis, parce qu'elle reliait le Forez au Viennois (350) :
1° Un embranchement se dirigeait sur Montbrison par Chazelles, Saint-André-le-Puy, Montrond et Savigneux (351) ;
2° Un autre sur Feurs, en passant par l'hôpital que la carte de Cassini indique près de Virigneux et Valeille (352) ;
3° Et le troisième sur Saint-Galmier (353), où elle se divisait encore en deux branches : l'une tendait directement à Montbrison (354) ; l'autre se dirigeait dans la direction de Saint-Rambert et de Saint-Just-sur-Loire (355), où venait aboutir la route de la Fouillouse à Annonay (356), et où elle rencontrait le chemin de Châtelus ou plutôt de Saint-Symphorien-le-Châtel à Saint-Rambert et Saint-Marcellin (357). Elle atteignait ensuite Saint-Bonnet-le-Château (358), pour s'unir à la grande-route du Puy à Montbrison et à Feurs.
Du pont de Saint-Rambert, une route se dirigeait, en longeant la rive droite de la Loire, sur Saint-Victor et Firminy (359), et une autre tendait vers Annonay, comme il a été dit ci-dessus, en passant par la Fouillouse, la Tour-en-Jarez (360), Saint-Chamond (361) et Saint-Julien-Molin-Molette, où elle se croisait avec une route venant de Vienne (361 bis) et se dirigeant sur Bourg-Argental (361 ter) et Saint-Sauveur (361 quater).
Comme rameaux de la grande voie de Lyon à Montbrison, il convient de citer les routes suivantes, qui convergeaient encore à Saint-Symphorien-le-Châtel :
1° Celle de Saint-Symphorien à Sain-Bel, par Duerne, Izeron ou Montromant, Courzieu et Saint-Bonnet-le-Froid ou Bessenay (362) ;
2° Celle de Saint-Symphorien à Montrottier par Saint-Laurent de-Chamousset (363) :
3° Celle de Saint-Symphorien à Vienne par Riverie et Saint-Jean-de-Toulas (363 bis) ;
Et 4° celle de Saint-Symphorien dans la direction de Saint-Priest et du Chambon par Grammond et Fontanès (364), qui était peut-être la voie qualifiée strata dans la note 361 (365).
Route de Lyon à Roanne
Cette grande voie, comme l'indiquent les hôpitaux, passait par Ecully (366), Dardilly (367), la Tour-de-Salvagny (368), Lentilly (369) et l'Arbresle (570).
De l'Arbresle elle se dirigeait sur Valsonne, par les territoires de Bully (371), Sarcey, Dareizé (372) et Saint-Clément (373). Sur Sarcey, elle prenait le nom de chemin français (374), et, sur Saint-Clément, celui de grande voie française (375).
Sur le territoire de la commune des Olmes, elle se bifurquait. Une branche gagnait Thizy par l'hôpital de Valsonne ; elle avait le nom de chemin lyonnais (376) ; l'autre tendait dans la direction de Lay par Pontcharra, Tarare et les Sauvages (377).
De Lay, la voie devait se diriger sur l'hôpital de Pierre-Fortunière, d'où elle gagnait Roanne (378), confondue avec celle de Roanne à Feurs, en passant par Parigny et Commelle (379). Le tronçon de Pierre-Fortunière à Roanne est indiqué, dans les documents du moyen-âge, sous les noms de chemin de Sayete (380), chemin ferré (381) et grand chemin (382). En sortant de Roanne, la voie se divisait en deux et peut-être en trois branches : l'une prenait la direction de Saint-Haon-le-Châtel, l'autre celle de la Pacaudière par Saint-Germain-Lespinasse, et la troisième celle de Noailly. La seconde branche conservait le nom de chemin français (383) ; la dernière est appelée chemin antique dans un terrier de 1488 (384).
Route de Lyon à Feurs
La grande voie jalonnée par les hôpitaux conduisant de Lyon à Feurs passait par la Tour-de-Salvagny, Sain-Bel (385), Brullioles (386), Saint-Laurent-de-Chamousset (387), Saint-Martin-l'Estra (388) et Saint-Barthélemy-l'Estra (389).
De Feurs, elle se dirigeait sur Saint-Germain-Laval, par Sainte-Foy, Bussy et Nollieux (390), puis de Saint-Germain sur Cervières (391).
Une autre route, un peu plus courte, mais que ne jalonnait aucun hôpital, conduisait encore de Lyon à Feurs. Elle sortait de Lyon par Saint-Just ou la porte de Saint-Irénée, passait par Francheville (392), Grézieux (393), Saint-Bonnet-le-Froid et Chevinay (394). À Chevinay, elle se bifurquait : un embranchement allait rejoindre la grande voie à ou près de Brullioles, en passant par Courzieux et Brussieux (395) ; l'autre tendait sur Feurs, par Bessenay (396), Montrottier (397), Longessaigne (398), Chambost (399) et Essertines (400).
Les terriers indiquent encore une troisième route, mais cette route résulte de parcours empruntés à chacune des deux voies ci-dessus décrites, savoir : à l'une, du tronçon de Lyon à Sain-Bel, et, à l'autre, de celui de Sain-Bel à Feurs, par Montrotier, Longessaigne, Chambost et Essertines.
Route du Puy à Montbrison
Cette route entrait en Forez par Pontempeyrat (401) et arrivait à Saint-Bonnet-le-Châtel (402), où elle se divisait en deux branches : l'une gagnait Montbrison, en passant par Marols (403), Saint-Jean-de-Soleymieux, Soleymieux et Margerie (404) ; l'autre tendait vers Saint-Rambert (405), par Périgneux et sur Saint-Marcellin (406), d'où deux autres branches se détachaient encore, l'une vers Saint-Rambert (407), l'autre dans la direction de Saint-Galmier, par Veauche ou Veauchette (408), tandis que la voie continuait par Sury (409).
À Sury, elle se bifurquait de nouveau : une branche allait à Montbrison par Saint-Romain-le-Puy (410) ; l'autre continuait par Précieux (411) et Grézieu (412), où elle rencontrait la grande voie de Saint-Symphorien-le-Châtel à Montbrison.
Route de Montbrison à Roanne, par Feurs
Deux grandes routes conduisaient à Roanne par Feurs :
La première directement, en gagnant Feurs par le port de Randans sur la Loire, où jadis avait existé un pont dont on voyait encore des piles en 1433 (413), et où venait aboutir aussi la route de Poncins (414), et très probablement de Boën. Ce parcours, jusqu'à la route de Poncins au port, était celui de la voie Bolène, venant du Puy, si bien décrite jusqu'à ce point par M. Vincent Durand. Cette voie Bolène passait par Cleppé (415), franchissait la Loire sur le pont de Piney et gagnait Roanne par Neulise. Le terrier de Lavieu, de 1394, l'appelle le chemin de Soleymieux à Piney (416).
La seconde empruntait la grande voie de Montbrison à Lyon jusqu'à Meylieu-Montrond, et, de là (417), se dirigeait par Marclopt (418) et Saint-Laurent-la-Conche sur Feurs (419), par la route de Saint-Galmier à Feurs (420).
De Feurs, la voie gagnait Neulise (421). De Neulise elle atteignait Roanne, soit par Cordelle (422) et Saint-Maurice-sur-Loire où la carte de Cassini indique un hôpital, soit par l'hôpital de Pierre-Fortunière, en empruntant un tronçon de la route de Lyon à Roanne. À Neulise, un embranchement la reliait au pont de Piney (423) et à la voie Bolène.
Route de Montbrison à Roanne par Saint-Germain-Laval
Cette route passait par Champdieu et Marcilly (424), entre la Bouteresse et Boën, par Arthun, Bussy et Saint-Germain-Laval (425). De Saint-Germain-Laval elle gagnait Roanne, soit par un embranchement se dirigeant par Pommiers (426) sur la Loire, qu'il franchissait à Piney pour rejoindre la grande route de Feurs à Roanne par la rive droite (427), soit par un autre embranchement se dirigeant dans la direction de Saint-Maurice-sur-Loire (428) et Villeret (429), par Amions (430) ou par Saint-Julien-d'Odes et Souternon (431).
IV. DES VOIES DU LYONNAIS MENTIONNÉES PAR LES AUTEURS DE L'ANTIQUITÉ
Les auteurs des premiers siècles de notre ère qui ont parlé des voies existant alors dans la province Lyonnaise sont Strabon, Sénèque le philosophe, et les rédacteurs anonymes de la Table de Peutinger et de l'Itinéraire d'Antonin. Ce qu'ils nous apprennent se réduit à un bien petit nombre de renseignements car ils ne mentionnent que les artères principales et encore, parfois, d'une manière assez vague ; mais, néanmoins, leur témoignage corroboré par les constatations de l'archéologie est indispensable non seulement pour éclairer la marche de la présente étude, mais aussi pour en fortifier les conclusions.
Strabon (432) assure qu'Agrippa, gendre d'Auguste, fit de Lyon le point de convergence de quatre grands chemins qu'il créa :
Le premier tendant vers le pays des Santons et l'Aquitaine en passant par les Cévennes ;
Le deuxième vers le Rhin ;
Le troisième vers l'Océan, par le pays des Bellovaques et des Ambiens ;
Et le quatrième vers la Narbonnaise et la côte de Marseille.
Il mentionne en outre, mais assez obscurément, deux autres routes conduisant à Genève et en Italie par les Alpes. Dans un autre passage il dit que Vienne est distant de Lyon d'environ deux cents stades par terre, c'est-à-dire par la route située sur le territoire des Allobroges, et que la distance est un peu plus longue par eau, c'est-à-dire en remontant (en bateau) le cours du fleuve.
Sénèque le Philosophe dit que Lyon est à la seizième borne de Vienne (434).
La Table de Peutinger fait de Lyon le centre de trois routes (435).
L'une se dirigeait sur Vienne distant de seize lieues (435 bis) ;
L'autre, sur Mâcon, distant de trente lieues gauloises, en passant par la station intermédiaire de Ludna, placée à seize lieues de Lyon et à quatorze de Mâcon ;
Et la troisième, sur une station appelée Forus Segusiavorum distant de seize lieues, où elle se bifurquait.
Un embranchement se dirigeait sur Aquae Segete, distant de Forus Segusiavorum de neuf lieues, puis sur Icidmago, distant d'Aquae Segete de dix-sept, etc. ; le deuxième tendait sur Mediolanum, distant de Forus Segusiavorum de quatorze lieues (435 ter), puis sur Roidomma, distant de Mediolanum ...
V. PARCOURS DES VOIES DU LYONNAIS MENTIONNÉES PAR LES AUTEURS DE L'ANTIQUITÉ
Voie de Lyon à Mâcon
De la longueur de trente lieues gauloises (soit environ soixante-sept kilomètres) que lui assignent la Table de Peutinger et l'Itinéraire d'Antonin, il est permis de déduire : 1° que cette voie ne suivait pas la vallée de la Saône en tous ses contours, car sa longueur eût été alors de plus de trente lieues ; 2° qu'elle était tracée à peu près en ligne droite, selon la route nationale actuelle, par Limonest, Anse, Villefranche, Saint-Georges-de-Reneins et Belleville. Dans ce tracé Anse (Asa Paulini) se trouve exactement à dix lieues gauloises de Lyon ; la distance eût été forcément plus grande si la voie eût passé, comme le répète A. Bernard (437), d'après le P. Ménestrier (438), par Vaise, Saint-Rambert et Albigny, pour atteindre Anse. À dix lieues au nord d'Anse, où devait exister la station de Lunna, on rencontre Saint-Jean-d'Ardières, petite localité voisine de Belleville, « où on a trouvé de nombreuses antiquités (439) ». Sur cette même ligne, si l'on cherche à appliquer le Ludna de la Table de Peutinger on tombe, à seize lieues de Lyon et à quatorze de Mâcon, « sur les ruines d'une ville gallo-romaine, s'étendant de la borne kilométrique 37 à la borne 38 (440). »
Au moyen-âge ce même tracé était jalonné par les hôpitaux de Limonest ou de Plambost, entre Limonest et Lissieu, de l'Iserable, d'Anse, de Villefranche, de Saint-Georges-de-Reneins et de Belleville. À la même époque, en de certains tronçons, il était appelé tantôt : Iter, iter vetus, via, via vetus, strata publica, iter publicum, iter Lugduni, iter antiqum, via publica, magnum iter, magnum iter publicum, magnum iter tendens de Lugduno apud Franciam (244, 245), tantôt : iter vetus Matisconense, iter ferratum, magnum iter ferratum Matisconense, magnum ferratum Villefranche (246).
L'existence de ces hôpitaux sur le parcours de cette voie, les différents noms appliqués à la voie elle-même, sont des indications précieuses qu'il importe de bien constater et de retenir. Ces indications, en effet, peuvent faciliter singulièrement la reconnaissance du parcours des autres voies antiques.
Voies de Lyon à Vienne
L'Itinéraire d'Antonin indique deux routes pour se rendre de Lyon à Vienne : l'une de vingt-trois à vingt-quatre milles, et l'autre de seize, mais il ne dit pas sur quelle rive du Rhône elles se trouvaient.
Strabon place une route longue d'environ deux cents stades sur le territoire des Allobroges, c'est-à-dire sur la rive gauche.
La Table de Peutinger ne fait figurer que la route la plus longue et lui assigne une longueur de seize lieues gauloises, soit de trente-cinq kilomètres cinq cent trente-six mètres, longueur équivalente aux vingt-quatre milles de l'Itinéraire, soit trente-quatre kilomètres cinq cent vingt-mètres.
L'accord presque parfait qui existe entre ces deux derniers documents, prouve que la voie antique ne suivait pas la rive droite du Rhône, mais qu'elle s'en écartait assez pour allonger d'une lieue gauloise le trajet actuel qui n'est que de trente-deux kilomètres, à compter de Fourvières, soit à peu près quinze lieues gauloises, en d'autres termes qu'elle passait par Sainte-Colombe, Givors, Montagny, Brignais et Saint-Genis ou Bonan. Ce parcours, en effet, qui mesure les vingt-quatre milles de l'Itinéraire, et les seize lieues gauloises de la Table et de Sénèque (441), est jalonné par les hôpitaux de Sainte-Colombe, de Givors, de Montagny, de Brignais, de Saint-Genis-Laval ou de Bonan ; de plus, dans les documents du moyen-âge, il est appelé, entre Lyon et Brignais, via publica, iter publicum Lugduni, via publica que tendit a Lugduno versus Montaigniacum, via de quadrigis, magna strata Lugdunensis (327).
Quand au compendium qui abrégeait le parcours de Vienne à Lyon, la longueur de seize milles que lui assigne l'ltinéraire est trop courte, elle est impossible, la distance qui sépare les deux villes étant, même à vol d'oiseau, au moins vingt-six kilomètres, soit environ de dix-huit milles de 1,481 mètres. Il y a donc, forcément une erreur dans le texte qui nous est parvenu. Cette erreur qu'il a été bien facile de commettre, consiste uniquement, je crois, dans la méprise d'un scribe qui a lu XVI au lieu de XXI, c'est-à-dire un v pour un x, dans le second chiffre du nombre XXI. Ce nombre doit être celui qu'avait écrit l'auteur de l'Itinéraire, car il s'applique exactement à une route abrégée, située aussi sur la rive droite du fleuve, et qui reliait encore Vienne à Lyon au moyen-âge. Cette route, que des accidents de terrain rendait difficile en certains points, notamment vers Irigny, passait par Sainte-Colombe, Givors, Millery, Charly, Irigny, Saint-Genis et Les Étroits. Elle était jalonnée par les hôpitaux de Sainte-Colombe, de Givors, de Millery, d'Irigny, de Saint-Genis et des Étroits. Les documents l'appellent tantôt iter publicum, tantôt via publica que tendit de Givorgio recto itinere apud Lugdunum (267).
Un autre compendium, mais qui n'est pas celui de l'Itinéraire, puisque le chiffre XVI pas plus que le chiffre XXI ne pourrait lui être appliqué, mettait encore Vienne en communication avec Lyon par la rive gauche du Rhône. Strabon lui donne une longueur d'environ deux cents stades, longueur évidemment exagérée en plus, et que le célèbre géographe ne produite que d'une manière approximative, (grec), et en chiffre rond, selon son habitude, lorsqu'il compte par stades. Ce compendium, bien connu comme direction générale, puisque l'on a recueilli à sa proximité des bornes milliaires (442), passait par le territoire de Béchevelin, Saint-Fonds et Saint-Symphorien-d'Ozon, et était jalonné par les trois hôpitaux de ces localités. Il est quelquefois appelé simplement via (274) ou iter per quod itur de Lugduno versus Viennam (272), ou bien encore strata publica Vienne (273). Son point de départ était le portus Rodani, situé un peu au nord du pont actuel de la Guillotière où un bac, peut-être un pont de chevalets, en certaines occasions, reliaient les deux rives ; car, à l'époque de la domination romaine, il n'existait pas à Lyon de pont fixe sur le Rhône (443).
Voie de Lyon à Forus Segusiavorum, de Forus Segusiavorum à Roidumna par Mediolanum, et de Forus Segusiavorum à Icidmago par Aquae Segete.
1° Voie de Lyon à Forus Segusiavorum et à Roidomna.
L'application sur une de nos cartes du tracé de cette voie, avec les données fournies par la table de Peutinger, présente de très sérieuses difficultés, qui n'ont pas encore été résolues d'une manière satisfaisante pour tout le monde, car tous les systèmes imaginés pour avoir raison de ces difficultés prennent pour base des transformations à faire subir à la Table, soit dans l'énoncé des distances, soit dans l'ordre des stations, transformations qui changent parfois tout le contexte du document. En reprenant ici le problème géographique, je n'ai pas la prétention de le résoudre d'une manière définitive, mais seulement le désir de soumettre à la critique un tracé déduit de ce principe que la Table doit être exacte en tous ses éléments, tracé que je soutiens par des observations et des arguments qui ne sont peut-être pas sans valeur.
Roanne, dont l'identification avec Roidomna est absolument certaine, est distant de Lyon, à vol d'oiseau, de soixante-six ou soixante-sept kilomètres, et par le chemin actuel, le plus court, d'environ soixante-quinze. La route antique qui y conduisait jadis de Lyon par Forus Segusiavorum et Mediolanum étant de 16+14+22 lieues gauloises, soit de cent quinze kilomètres quatre cent quatre-vingt-douze mètres, devait donc décrire une courbe considérable.
Ceci constaté, il s'agit de déterminer sur cette courbe l'emplacement des deux stations intermédiaires de Forus Segusiavorum et de Mediolanum.
Et d'abord Feurs-en-Forez peut-il être identifié de primesaut avec Forus Segusiavorum ? Je ne le pense pas, par ces raisons que Feurs est distant de Lyon, même à vol d'oiseau, d'au moins quarante-sept kilomètres, soit d'environ vingt-deux lieues gauloises, tandis que la distance marquée pour Forus n'est que de seize lieues, soit trente-cinq kilomètres cinq cent trente-six mètres ; et 2° que si une correction dans le chiffre XVI peut, en réalité, être proposée et admise, cette correction aurait pour conséquence ou d'entraîner la modification des autres chiffres XIII et XXII, ce qui est très-sérieux, ou de faire attribuer au tronçon seul de Feurs à Roanne un développement de soixante-dix-neuf mille neuf cent cinquante-six mètres, pour un trajet qui n'est, en somme, par la grande route, que de trente-sept ou trente-huit kilomètres, ce qui fait plus que de doubler le parcours dans un pays relativement facile. Ces raisons, en rendant improbable sinon impossible l'identification tentée, autorisent la recherche sur un autre point du Forus Segusiavorum.
Maintenant, en ce qui concerne Mediolanum, si l'on cherche cette station de Lyon avec un rayon de trente lieues gauloises, et de Roanne, avec un autre de vingt-deux, on tombe, aux portes de Montbrison, sur un petit village qui répond à toutes les exigences, à Moingt. Ce village, en effet, était appelé, aux XIIe et XIIIe siècles, Modonium (444), et, dans ce nom, il est permis de voir une contraction de Medioianum ; de plus, c'était une ville non sans importance, à l'époque de la domination romaine ; les ruines encore subsistantes d'un théâtre, des substructions, des monnaies et une foule d'autres objets de cette époque, journellement recueillis, le prouvent (445) ; enfin ; cette ville, absorbée depuis par Montbrison, dont elle devint en quelque sorte le faubourg, se trouvait, au moyen-âge, à peu près au point de jonction de deux grandes routes venant directement l'une de Lyon, l'autre de Roanne.
La route de Lyon était jalonnée par les hôpitaux de Bonan, de Saint-Symphorien-sur-Coise ou le Châtel et de Montbrison. Entre Lyon et Saint-Symphorien, on l'appelait tantôt simplement iter ou via (341, 343), tantôt iter tendens de S. Symphoriano castri apud Lugdunum (342, 343) ; iter publicum, iter antiqum (343, 345), ou bien encore iter Lugduni (341), iter magnum Lugduni (339) iter Lyoneys (347), iter Lugdunense (343), via Lyoneysa (343, 345), iter dictum Romanorum (343) ; entre Saint-Symphorien et Montbrison : iter tendens de Monte Brisone apud Lugdunum, via Lugduni, via Lugdunensis, estrada Lyoney (351).
La route directe de Roanne, jalonnée par les hôpitaux de Champdieu, de Marcilly, de Saint-Germain-Laval et de Saint-Maurice-sur-Loire, est désignée, dans son parcours, sous les noms de magnum iter (424), magnum iter ferratum (429), magna strata et d'iter publicum per quod itur de Roanna versus Montembrisonem (425).
De tous les noms appliqués à ces deux routes, de l'ensemble des faits qui établissent que Moingt est Mediolanum, ainsi que de la concordance des distances, ne résulte-t-il pas que ces deux routes représentent bien la grande voie antique, qui allait de Lyon à Roanne, en décrivant une courbe de cinquante-deux lieues gauloises, et, comme conséquence, que le Forus Segusiavorum de la Table de Peutinger doit se retrouver sur ce tronçon de Lyon à Moingt ?
Si donc, en conformité des indications de la Table, on mesure sur ce tronçon, seize lieues gauloises de Lyon et quatorze de Monbrison, on arrive simultanément à Saint-Symphorien-le-Châtel ou sur-Coise, qui doit être la station jusque-là indéterminée.
Mais, les preuves, dira-t-on ? Les preuves ? C'est aussi la question que je me pose, car je n'en trouve pas d'autre, je l'avoue, que celle qui est déduite du parcours de la voie antique et de l'application des distances, et j'eusse aimé, je le reconnais, à en produire conjointement une autre. Cette preuve unique, cependant est péremptoire, si les prémisses de l'argumentation qui m'ont conduit à ce point ne sont pas entachées d'erreur, car les faits bien interprétés et les chiffres exacts n'ont jamais tort ; néanmoins, je crois devoir la fortifier par des observations, des explications et des arguments nouveaux.
Saint-Symphorien-sur-Coise, aujourd'hui chef-lieu de canton,, apparaît au Xe siècle, déjà constitué en paroisse, sous le nom de Castellum Sancti Symphoriani (446). C'était, au moyen-âge, une petite ville murée fort industrielle et commerçante. Son marché était alors, comme il l'est encore, très-fréquenté (447). Au XIIIe siècle, elle avait déjà des fabriques de drap dont les produits s'exportaient (448). En 1332, le roi Philippe de Valois y établit l'un des deux grands sièges de l'administration de la justice en Lyonnais (449). Au moyen-âge aussi, Saint-Symphorien était non seulement traversé par la grande artère de Lyon à Montbrison, mais un centre d'où rayonnaient encore, dans toutes les directions, au moins huit autres routes, se dirigeant sur Saint-Galmier (350, 352), Saint-Rambert (357), Saint-Chamond (332), Saint-Symphorien-d'Ozon, en Dauphiné (349, 350), Feurs (353), Gramont (364), Montrottier et Sain-Bel (362). Parmi ces routes, appelées ordinairement iter ou iter publicum, il en est une qui mérite d'être tout spécialement signalée ; c'est celle de Saint-Symphorien-d'Ozon, jalonnée par les hôpitaux de Saint-André la-Côte, Taluyers et Millery, et qui est désignée sous le nom de strata publica ou strata Viannensis, comme reliant le Forez à la province viennoise : strata Viannoyse qua gressus habetur de partibus Viannensibus ad partes Forenses (350).
Tous ces faits ne constituent-ils pas déjà de grandes présomptions en faveur de l'importance passée et de l'antiquité de Saint-Symphorien-le-Châtel ?
Maintenant, si l'on observe que très fréquemment et à une époque reculée, des noms de saints, c'est-à-dire les vocables des églises paroissiales, ont été substitués aux noms ethniques des localités, tels que, par exemple, dans le diocèse de Lyon, les vocables de Saint-Didier-de-Formans et de Saint-Didier-de-Chalaronne, aux noms de Vendonissa et de Prisciniacum, le vocable de Sainte-Euphémie au nom de Juviniacum, le vocable de Saint-Rambert-en-Bugey au nom de Bebronna, etc. ; n'est-il pas permis de conjecturer, non sans quelque raison, que le vocable de Saint-Symphorien couvre un nom ethnique que nous ne connaissons pas ?
De plus, de même que les appellations de Saint-Laurent-en-Solore, Essertines-en-Donzy, la Tour-en-Jarez, Pouilly-en-Roannais, Bourg-en-Bresse, etc., impliquent l'existence d'autres lieux, que nous connaissons du reste, nommés aussi Saint-Laurent, Essertines, la Tour, Pouilly, Bourg, etc. ; pourquoi l'appellation de Feurs-en-Forez, Forum in Foresio (381, 395), usitée au moyen-âge, n'impliquerait-elle pas l'existence aussi, dans la région, d'un autre Feurs dont le nom, traditionnellement conservé alors, est aujourd'hui complètement disparu ? Et pourquoi encore ce Feurs n'aurait-il pas été là où le place la Table de Peutinger ?
D'un autre côté, Forus n'est pas un nom gaulois, mais un titre en quelque sorte administratif appliqué à l'époque de la domination romaine à une ville des Ségusiaves. Cette ville était la résidence officielle de certains fonctionnaires, le lieu principal, le marché, le centre des affaires d'une circonscription territoriale, une espèce de préfecture ou de sous-préfecture. Que les conquérants l'aient créé ou non, il est un fait certain, c'est que ce Forus, qui figure sur la Table avec des villes détruites 79 ans avant notre ère, existait à une époque bien voisine de la fondation de Lyon. Ceci établi, répugne-t-il à la saine critique d'admettre que, Lyon ayant pris très rapidement une importance énorme et étant devenu lui-même non seulement la ville la plus considérable du pays, mais encore le séjour des plus hauts personnages de l'empire et la capitale d'une grande province, il convint de déplacer le Forus de Saint-Symphorien, situé à quelques lieues seulement, et de le reporter en un point plus central, à Feurs-en-Forez, où il pouvait rendre de plus utiles services ?
Il y aurait donc eu jadis, successivement, deux Forus Segusianorum : l'un à Saint-Symphorien-le-Châtel, l'autre à Feurs-en-Forez.
C'est ce que je crois, car je ne vois pas d'autre moyen de concilier les données de la Table de Peutinger avec l'existence incontestable à Feurs d'un Forus Segusiavorum.
2° Voie de Forus Segusiavorum à Icidmagus.
Le parcours de cette voie antique se dirigeant de Forus dans la direction du sud-ouest, présente peu de difficultés à reconnaître ; car Icidmagus pouvant être identifié aujourd'hui sans conteste à Usson (450), il ne reste plus qu'à déterminer l'emplacement de la station intermédiaire d'Aquae Segete, station d'eaux, ainsi que l'indique l'édicule caractéristique figuré sur la Table, qui se trouvait à neuf lieues gauloises de Forus et à dix-sept d'Icidmagus.
Or, à dix-sept lieues justes au nord-ouest d'Usson, on rencontre Saint-Galmier, qui répond au point cherché. Saint-Galmier, en effet, possède des sources d'eaux minérales bien connues et exploitées déjà à l'époque de la domination romaine, comme le témoignent les médailles d'Antonin, de Licinius et de Claude-le-Gothique, recueillies dans les ruines d'un établissement de bains décrites par M. Greppo (451). D'un autre côté, si la distance de Saint-Symphorien à Saint-Galmier n'est, à vol d'oiseau, que de six lieues gauloises, elle est, en réalité, plus considérable. La nature des lieux défend à une grande route, d'un point à l'autre, la ligne droite et lui commande un circuit. Le chemin vicinal actuel d'intérêt commun, qui conduit de Saint-Symphorien à Saint-Galmier, par le territoire des communes de Châtelus (Castrum Lucii), Gramont et Chevrières, chemin qui existait au moyen-âge (452), représente précisément les neuf lieues gauloises marquées sur la Table.
Aux XIVe et XVe siècles, cette voie de Forus à Icidmagus était jalonnée par les hôpitaux de Saint-Symphorien, de Saint-Galmier, de Saint-Rambert-sur-Loire et de Saint-Bonnet-le-Château. On l'appelait entre Saint-Symphorien et Saint-Bonnet iter ou via (353, 355 et 358), et au-delà : iter tendens de Ponte Perart apud S. Bonitum, iter de l'estras, strata, iter regale per quod itur ad Anicium (402, 404).
Voies mentionnées par Strabon.
L'ancien géographe ne fait qu'indiquer la direction générale des six ou sept voies qu'il mentionne sans les faire connaître autrement. C'est un champ bien vaste laissé aux conjectures, mais qui peut cependant se réduire à ses justes proportions, en invoquant, comme guide, dans les recherches de ces nouvelles artères, le témoignage des hôpitaux qui, jusqu'ici, ont accompagné d'une manière si fidèle les voies antiques en tout leur parcours.
Dans la carte jointe au présent mémoire, deux grandes lignes, jalonnées par les hôpitaux, s'étendent directement, l'une de Sainte-Agnès à Saint-Bonnet-le-Château, l'autre de Charlieu à Bourgoin, c'est-à-dire la première du nord-est au sud-ouest, la deuxième du nord-ouest au sud-est, et se coupant à angle droit à Lyon même, se détachent du réseau par leur rectitude et s'imposent comme un tracé systématiquement conçu. Trois autres lignes partant de Lyon, deux perpendiculairement au sud ; la troisième vers l'est, attirent aussi l'attention. Toutes ces lignes correspondent, comme direction, à celles dont parle notre auteur ; les constatations de l'archéologie, ainsi que les noms que leur applique traditionnellement le moyen-âge, prouvent qu'elles sont antiques.
1° Voie de Lyon à l'Océan.
Cette voie passait par Ecully, la Tour-de-Salvagny, l'Arbresle, Bully, Valsonne, Thizy et Charlieu, d'où elle gagnait Autun, puis Reims, Amiens et Boulogne, traversant le pays des Bellovaques et des Ambiens. Sur presque tout son parcours, en Lyonnais, on a retrouvé soit des ruines, soit des objets de l'époque de la domination romaine. Dans ce même parcours les noms suivants lui étaient jadis appliqués : iter (366, 368), iter publicum (366, 368, 369, 373), iter Lugdunense (376), iter publicum de Lugduno (369), via publica (372), via antiqua (367, 371), strata publica (369), magnum iter (379), magnum iter publicum (373), iter Franciscum (374), magna via Francisca (375), magna strata Francheschi (377).
2° Voie de Lyon au Rhin.
Elle gagnait Besançon, puis le Rhin, par Saint-André-de-Corcy, Villars, Bourg-en-Bresse, Coligny, Saint-Jean-des-Treux, Saint-Amour, Cuiseaux et Sainte-Agnès. Entre Lyon et Bourg les terriers ne lui donnent que les noms de chiminus (321), d'iter (324), et d'iter Lugduni (323). Sur son passage, dans le département de l'Ain, on a trouvé des substructions, des médailles et des objets de l'époque de la domination romaine, à Sathonay, Poleteins (commune de Mionnay), Saint-André-de-Corcy, Saint-Marcel, Villars, au Plantay, à Marlieux, Saint-Paul-de-Varax, Lent, Brou, Bourg, Viriat et Coligny (453).
3° Voie de Lyon par l'Aquitaine chez les Santons.
C'est la voie figurée sur la Table et dont il est parlé ci-dessus, de Lyon à Usson par Saint-Symphorien. D'Usson elle gagnait Bordeaux par Rodez, Cahors et Agen. On se rappelle que les noms suivants lui étaient appliqués : iter publicum, iter antiqum, iter magnum Lugduni, iter dictum Romanorum, strata, iter regale, etc.
4° Voie de Lyon vers la Narbonnaise.
Elle suivait la rive droite du Rhône. J'ai décrit (454) déjà son tracé jusqu'à Sainte-Colombe, où un pont, bâti l'an III de notre ère, la mettait en communication avec Vienne. De Sainte-Colombe elle continuait par Ampuis, où on a retrouvé une colonne milliaire (455), Condrieu, Verlieu, Chavannay et Saint-Pierre-de-Bœuf, etc., toujours parallèle au fleuve jusqu'à la route de Nîmes à Narbonne. Entre Sainte-Colombe et Saint-Pierre, le moyen-âge lui donnait les noms de : iter publicum (268, 269, 271), de strata (271 bis), de magnum iter (268), d'iter regale (270) et à iter publicum regale (268).
5° Voie de Lyon à Marseille.
Cette voie longeait la rive gauche du Rhône. Le tronçon de Lyon à Vienne a été étudié ci-dessus. Au-delà de Vienne et jusqu'à Rossillon où j'ai pu la suivre, le moyen-âge l'appelait aussi : via, via publica, strata (276), et iter regale (275).
6° Voie de Lyon en Italie par les Alpes.
De Lyon, elle tendait directement par les territoires de Béchevelin, de Saint-Priest, de Saint-Laurent, de Saint-Bonnet-de-Mure et de la Verpillière, sur Bourgoin, Cantique Bergusium, d'où elle gagnait les Alpes et l'Italie par Aoste. Entre Lyon et Bourgoin, un acte de 1240 l'appelle caminus qui tendit Romam (295), d'autres : caminus anticus (296), via publica (296), via publica tendens de Burgundio versus Lugdunum (302), iter publicum (297, 300, 3 02), iter publicum Lugduni (298, 300, 301, 303), iter publicum per quod iter de Burgundio versus Lugdunum (298, 299, 303), iter Lugdunense (299), et iter publicum Lugdunense (299, 302).
7° Voie de Lyon à Genève.
Comme la route du moyen-âge la voie antique passait par La Pape, où on en voit encore un fragment dans un bois appartenant à M. Reveil, Miribel, Beynost, la Boisse, Montluel, Châne, Bourg-Saint-Christophe, le bas de Pérouges, Meximieux, Loyes, Ambérieu-en-Bugey, la Burbanche, Rossillon, Virieu-le-Grand, Artemare, Culoz, Anglefort et Seyssel. Dans qe parcours, qui est jalonné en quelque sorte de pas à pas, par des ruines, des inscriptions ou des objets de l'époque de la domination romaine (456), elle est appelée, entre Lyon et Ambérieu-en-Bugey : iter (304, 305, 308, 309, 311), iter publicum (309), via (306, 310), iter antiqum, via antiqua (310 et 311), strata (312), publica strata (311), strata Lugduni (309), iter Lugduni (306), iter publicum Lugduni et strata publica Lugduni (306) entre Ambérieu et Rossillon, strata (313), et chiminus romanus (313).
Près de Virieu-le-Grand et des ruines de la chapelle de Pont-Navet, que la tradition dit avoir été une maison de secours, cette grande artère rencontrait une autre voie antique venant de Nantua par le Valromey, où elle a été reconnue en divers points, notamment à Ruffieu. Cette voie se dirigeait par Bons et Belley sur Pierre-Châtel et Yenne. À Pugieu, on peut encore lire sur un rocher, cette inscription gravée en beaux caractères des premiers siècles et qui devait remplir l'office de nos poteaux indicateurs : ITER VIA PRIVATA. L'iter était la voie publique de Virieu-le-Grand à Belley, et la via privata un chemin aujourd'hui détruit, tendant à Volliens et à Saint-Martin-de-Bavel. Un acte de 1333 appelle le tronçon de Belley à Pierre-Châtel magnum iter (314)
Sur cette grande artère, à Montluel ou Dagneux, c'est-à-dire en face d'un gué célèbre du Rhône, de même que convergeaient sur la rive opposée, à Pont-de-Chéruy, les routes du Dauphiné, venaient converger aussi l'iter vetus ou antiqum d'Anse et de Trévoux (360), l'iter publicum de Villars (316), la via ou iter publicum de Chalamont (317-319).
À Loyes, où existait aussi un port sur la rivière d'Ain convergeaient la via de Chalamont (320), la strata tendant sur Pont-d'Ain par Châtillon-la-Palud (321), et li chimin ou la via Lugduni (326, 326 bis) de Saint-André-de-Corcy, qui se fondait au-delà de Saint-André avec l'iter antiqum de Trévoux.
VI. DES AUTRES VOIES ANTIQUES DU LYONNAIS NON MENTIONNÉES PAR LES AUTEURS
Les voies dont il est parlé ci-dessus n'étaient pas très certainement les seules qui existassent dans la région lyonnaise à l'époque de la domination romaine. D'autres voies, mais moins importantes, il est vrai, devaient aussi avoir été créées, soit pour relier les grandes artères entre elles, soit pour établir des communications entre des centres de population dont les ruines attestent l'antiquité, tels que Belley, Briord, Vieu-en-Valromey, Brou, Izernore, etc.
Ce sont encore les hôpitaux qui vont nous servir de guides dans la recherche des principales de ces voies et de leurs ramifications.
Voie de Lyon à Feurs.
Cette voie, jalonnée par les hôpitaux de Malpertuis, de Sain-Bel, de Brullioles, de Saint-Bonnet, de Saint-Martin-l'Estra et de Feurs, était appelée, au moyen-âge, entre Lyon et Sain-Bel, iter ou iter publicum per quod itur de Lugduno versus Sanctum Bel (385), entre Sain-Bel et Brullioles, iter per quod itur de Brullioles versus Sant Beel, ou iter per quod itur de Fuer apud Lugdunum (386), à Saint-Laurent-de-Chamousset, iter per quod itur de Foro apud Lugdunum, iter de Foro apud Sanctum Bonitum, iter de Foro apud S. Laurentium de Chamosset (387), à Saint-Martin-l'Estra, iter per quod itur de Foro apud Lugdunum (388), et à Saint-Barthélemy-l'Estra, iter publicum (389).
De Feurs, elle continuait dans la direction de Clermont par Sainte-Foy, Bussy, Saint-Germain-Laval et Cervières, toujours sous le nom d'iter per quod itur apud Forum ou de Foro (390, 391).
Voie de Lyon à Rive-de-Gier et Saint-Chamond.
Les hôpitaux de Bonan, de Brignais, de Taluyers, de Dargoire, de Rive-de-Gier et de Saint-Chamond en indiquent le tracé. Entre Lyon et Brignais, elle empruntait la grande voie de Lyon à Vienne. Au-delà, et jusqu'à Rive de-Gier, elle était appelée, dans les terriers de Dargoire, de Rive-de-Gier et de Saint-Genis-Terre-Noire, iter, via, via publica, iter publicum, via publica Lugdunensis, strata Lugdunensis (329). Entre Rive-de-Gier et Saint-Chamond, via tendens de S. Annemundo versus Lugdunum, via publica, strata publica de S. Annemundo ad Rippam Gerii, strata Lugdunensis (330).
De Taluyers un embranchement, iter, iter publicum, ou via publica, se dirigeait sur Saint-Romain-en-Jarez par Mornant et Riverie (330 bis).
De Saint-Chamond rayonnaient plusieurs embranchements : l'iter ou iter publicum tendant sur Saint-Bonnet-le-Château par Saint-Etienne et le Chambon-Feugerolles (331) ; l'iter de Saint-Symphorien-le-Châtel (332), l'iter de Saint-Rambert-sur-Loire par la Fouillouse (333), l'iter de Vienne par Longes (334) ; l'iter de Condrieu par Paveysins (333) et une autre iter, qui n'était que le prolongement de celui de la Fouillouse (356) ; ou plutôt de Saint-Symphorien sur Annonay. Ce dernier rencontrait à Saint-Julien-Molin-Molette une strata publica qui tendait directement de Saint-Sauveur-en-Rue par Bourg-Argental et Saint-Pierre-de-Bœuf à Vienne (361 bis, 361 3, 361 4).
De Rive-de-Gier se détachaient aussi l'iter de Vienne (337), l'iter de Condrieu (338), et l'iter de Givors, qui n'était que la suite, en un certain tronçon, de l'iter publicum qui reliait Riverie à Vienne par Saint-Jean-de-Toulas (336).
Voie de Lyon à Roanne.
Cette voie empruntait celle qui tendait à l'Océan par Autun, jusqu'à Pontcharra ou les Olmes, puis se dirigeait, obliquant à l'ouest, sur Lay, par Tarare et les Sauvages, et de là par l'hôpital de Pierre-Fortunière sur Roanne. Entre l'Arbresle et Tarare, elle était appelée iter publicum et magnum iter (377) ; entre l'hôpital de Pierre-Fortunière et Roanne, iter (378), iter dictum de Sayeta, iter publicum nuncupatum de Sayeta, caminus seu strata de Sayette (380), et iter ferratum (381). Elle se prolongeait au nord-ouest de Roanne, dans la direction de Saint-Germain-l'Espinasse sous le nom à iter Franciscum (383). Un embranchement, se dirigeant sur Noailly, était nommé iter antiqum (384).
Voie de Saint-Bonnet-le-Château à Roanne par Saint-Galmier et Feurs, rive droite de la Loire.
Cette voie empruntait, de Saint-Bonnet à Périgneux, uni tronçon de la grande artère de Lyon à Usson. De Périgneux à Sury, par Saint-Marcellin, elle était appelée par les terriers iter, iter antiqum, iter vetus (406, 408, 409). À Sury, elle se bifurquait : un embranchement, iter ou strata publica (410), se dirigeait sur Montbrison par Saint-Romain-le-Puy, d'où un rameau allait à Prétieux et Grézieux (411, 412) ; l'autre embranchement, iter, gagnait Saint-Galmier par Veauche (408). De Saint-Galmier, où elle se bifurquait encore, un embranchement, iter, allait à Montbrison, l'autre, sous le nom d'iter ou de via de Foro apud Sanctum Baldomerium (417, 418, 419, 420), gagnait Feurs par Montrond, Saint-André-le-Puy et Saint-Laurent-la-Conche. Au-delà de Feurs, par les territoires de Balbigny, Piney et Neulise jusqu'à Pierre-Fortunière, elle continuait sous les noms d'iter ferratum et de magnum iter ferratum (421). À Neulise, un embranchement, iter publicum, tendait sur Saint-Maurice par Cordelle (422), un autre, magna karreria publica, sur Saint-Germain-Laval par Pommiers (427).
Voie de Montbrison à Roanne, par le pont de Piney, rive gauche de la Loire.
C'était la voie de Bolène venant du Puy, dont le parcours est bien connu, jusqu'à Cleppé, depuis le beau travail de M. Vincent Durand (415). À la hauteur du port de Randans elle rencontrait une via venant de Poncins (414), qui la faisait communiquer avec Feurs. Elle franchissait la Loire, pour s'unir à la voie de Roanne à Feurs par la rive droite, au pont de Piney, où elle était appelée iter tendens de Solemeo apud Piney (416). Son tronçon de Piney à Neulise était aussi qualifié iter (423).
Voie de Lyon à Crémieu
Elle tendait directement du port du Rhône à Pont-de-Chéruy, et, de là, à Crémieu, puis dans la direction de la Tour-du-Pin par Dizimieu et Saint-Chef. Entre Lyon et Pont-de-Chéruy les documents du moyen-âge l'appellent via publica vetus (280), via que tendit de Lugduno versus Ambayriacum (286), strata Lugduni (291), via qua itur de Ponte Charuysii apud Lugdunum (292), et au-delà de Pont-de-Chéruy, via publica, via qua itur de Crimiaco apud Lugdunum, via de Crimiaco versus Sanctum Theuderium (293, 294).
Voie de Vienne à Saint-Claude (Saint-Oyen)
Cette voie passait, comme l'indiquent les hôpitaux, par Heyrieux, Pont-de-Chéruy, Chazey-sur-Ain, Ambérieux ou Château-Gaillard, Ambronay, Poncin, Nantua, Montréal et Arbent. Entre Vienne et le Rhône, le moyen-âge lui appliquait les noms de via, de via publica (283, 284, 285), et de strata sancti Eugendi (457), et, au-delà, jusqu'à Ambronay, où j'ai pu la suivre, ceux de via sive strata, de carrata publica (288) et de magnum iter publicum (287).
Voie de Vienne à Bourgoin
Elle passait par Diémoz et les territoires de Four, de Saint-Alban et de Domarin. Les terriers l'appelaient iter publicum, via publica, iter publicum Vienne, iter publicum de Burgundio versus Viennam (277, 282).
Voie de Lyon à Mâcon par la rive gauche de la Saône.
Cette voie jalonnée par les hôpitaux des Chanaux, de Vimy (Neuville-sur-Saône), Trévoux et Chavagneux, était appelée, entre Lyon et Trévoux iter (253, 255, 256), via (252), limes qui venit de Lugduno versus villa de Trevoux (256), et au-delà : iter Lugdunense (259 bis), iter publicum et iter tendens de Lugduno apud Matisconem (257, 259). Dans tout son parcours on a reconnu des substructions antiques et recueilli des médailles et des objets des premiers siècles de notre ère, à Fontaines, à Rochetaillée, à Neuville, Genay, Massieux, Parcieux, Reyrieux, Trévoux, Saint-Didier-de-Formans, Jassans, Frans, Baauregard, Fareins, Messimy, Montmerle, Grenouilleux, Peyzieux, Thoissey, Bey, Cormoranche et Griéges.
Au port de Trévoux plusieurs voies venaient converger : la strata descendant à Oingt et peut-être de Roanne, par Anse (249, 250) ; l'iter de Chasselay par Quincieux (250 bis), l'iter vetus ou antiqum, de Montluel (260) ; l'iter de Villars qui se prolongent sur Chalamont par Birieux et Versailleux, sous les noms d'iter publicum, de magnum iter publicum et iter antiqum (261-264). Sur toutes ces voies secondaires des objets antiques ont été recueillis, notamment à Pouilleux, Villars et Versailleux.
Du port de Frans, en face de Villefranche, se détachait dans la direction de Châtillon-sur-Chalaronne et de Pont-de-Veyle l'iter de Saint-Trivier-sur-Moignans (265, 265 bis).
Du port de Belleville un autre iter, qui n'était que le prolongement du magnum iter de Beaujeu (251), tendait aussi sur Saint-Trivier (266), et de là sur Villars, où il rencontrait la grande artère de Lyon à Besançon. Du même port, un second iter se dirigeait sur Châtillon-sur-Chalaronne (266 bis).
Voie de Lyon à Chamelet.
Cette voie, comme l'indiquent les hôpitaux, passait par la Tour-de-Salvagny, Losanne, Châtillon-d'Azergues, Alix et Oingt. Elle empruntait la grande Voie de Lyon à Roanne jusqu'à la Tour-de-Salvagny. Au-delà, les terriers lui donnent les noms d'iter per quod itur de Chameleto apud Lugdunum, et en de certains tronçons : iter de Salvagniaco apud Losannam, iter de Castellione apud Lugdunum, via seu strata publica que tendit a Lugduno versus Castellionem de Asergo (248), À Losanne, elle se croisait avec l'iter quadrigarum, tendant de Marcilly à Dorieux ou Sain-Bel (245 bis). De Châtillon se détachait un embranchement, via par Charnay sur l'hôpital d'Iserable (247).
VII. CONCLUSION
Je ne développerai pas davantage ce mémoire, déjà peut-être trop étendu. Les faits que j'ai produits sont, du reste, je crois, en nombre suffisant pour former la conviction du lecteur qui a eu la patience de me suivre dans un sujet aussi aride et le constituer juge de la question de savoir si je conclus bien en disant :
1° Que les petits hôpitaux destinés aux pauvres du Christ subsistant au moyen-âge dans le Pagus major Lugdunensis, révèlent le parcours des grandes routes qui le sillonnaient alors en tous sens ;
2° Que ces grandes routes étaient des voies antiques ;
Et 3°, une grande province, comme ce pagus, ne pouvant être une exception, que la constatation dans les autres provinces de ces hôpitaux faciliterait singulièrement la recherche et la connaissance ; du tracé des voies qui existaient en Gaule à l'époque de la domination romaine.
NOTES
Ce mémoire contient 437 notes non entièrement numérisées.
(2) « Quoniam ea que inter homines geruntur multociens oblivioni traduntur, per scriptum volumus commendare memorie, ut sciant presentes et posteri quomodo ecclesia beate Marie Magdalene fuit fundata et domus hospitalis Aquesparse constructa anno incarnationis dominice millesimo centesimo. Notum sit omnibus tam futuris quam presentibus quod dominus Archimbaldus Albus, pro redemptione anime sue suorumque antecessorum, lacum qui dicitur ad Aquam Sparsam, qui continetur in episcopatu Eduensi atque in parrochia Sancti Boniti, Deo atque sancto Nazario, ad opus pauperum, per manu domni Norigaldi, Eduensium episcopi, libera atque sine omni retentu dedit... Testes hujus doni sunt episcopus Eduensis nomine Norigaldus, per manu cujus hoc donum fuit factum, Lambertus de Poriaco, canonicus Eduensis, Lambertus, archipresbiter Sancte Marie, Arulfus, qui locum istum primitus edificare cepit. » (Archives du Rhône, mss. d'Aigueperse, fol. I.)
(3) Ego Henricus, Eduensis episcopus, hospitalis domui de Aquasparsa, ad usus pauperum, ecclesiam Sancti Martini de Gebulis dono et imperpetuum possidendam concedo... Ego Stephanus, Dei gracia Eduorum episcopus. Innotescat presentibus et futuris quod domui que dicitur hospitale de Aqua Sparsa dedimus et concessimus ecclesiam de Valeliis... » (Ibid., fol. 2.)
(4) « Item hospitali Aque Sparse... decem solidos viennensium semel do, lego. » (Ibid., tit. non classés.)
(242) « Item hospitali de Ventrignia XII denarios debitales, quo semi ab Uldino Ruil, milite, quos debent Pelliparii apud Frayney, sitos super quadam vercheria, cujus vercherie decimam lego ecclesie beati Vincentii Matisconensis. » (Arch. du Rhône, fonds de Beaujeu, n° 1410.)