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Histoire de Dun et de sa chapelle

Chapelle

Plan de la chapelle, parties anciennes pointillées - Cliquez pour l'agrandir

[Source : Livret touristique édité dans les années 1960]

Le site et son histoire

Dun est situé sur une montagne de 708 m d'altitude, qui se détaché d'un contrefort de la chaine du Beaujolais. À partir de Dunet, côté sud, en pivotant sur la droite on découvre les monts du Beaujolais où se creusent les cols, des Écharmeaux et de la Bûche ; au loin, au-delà de la vallée de la Loire où l'on distingue Roanne et Charlieu, se dressent les monts du Forez et plus à l'ouest les monts de la Madeleine. De l'ouest en allant vers le nord, s'étendent le plateau du Brionnais, puis le Charolais et à l'horizon les monts du Morvan au pied desquels on peut distinguer par temps très clair, les "crassiers" de Montceau-les-Mines. Au nord, en allant vers l'est, se détachent successivement, au loin le mont Saint-Vincent puis Suin, et, tout proche, Saint-Cyr (772 m d'alt.) et Les Grandes Roches. À l'est, la chaine du Haut-Beaujolais, avec son point culminant : le Saint-Rigaud (alt. 1012 m) et la Roche d'Ajoux est cachée par Dunet (alt. 332 m).

Dun était une ville (?) fortifiée, ou plutôt une forteresse très bien située pour sa défense. La citadelle se dressait au sommet, autour de la chapelle. Quatre grosses tours la défendaient. En face du porche de la chapelle on voit encore les fondations de la tour principale qui devait servir de donjon. Tout à côté se trouve la citerne qui fournissait l'eau.

La partie habitée s'étendait sur le versant sud jusqu'à la ferme actuelle de M. Cinquin.

Aucun document ne permet de fixer exactement la date de la fondation de cette forteresse, mais les historiens déduisent de l'étude des fouilles que l'importance de cette forteresse date du haut Moyen Âge, c'est-à-dire du IXe et Xe siècle.

Une petite chapelle dédiée à saint Jean et à saint Firmin s'élevait sur les rochers qui apparaissent près de l'église actuelle.

Siège et prise de Dun

La forteresse de Dun dépendait du comte de Mâcon et était la résidence principale d'un vicomte.

« Le comte de Mâcon, Girard, était un homme turbulent et cupide, toujours en querelle avec ses voisins ; il s'en prenait particulièrement aux biens d'église, et Arthaud Le Blanc, vicomte de Mâcon était à peu près de même espèce. » Ce fut la cause de la destruction de la forteresse de Dun.

En effet « Philippe, roi des Français, affligé de voir les églises de Bourgogne persécutées par les princes de Bourgogne, prit les armes contre eux... surtout contre les comte de Chalon et de Mâcon... »

Philippe-Auguste suivit cette campagne en personne, il avait quinze ans seulement. Le comte de Chalon fut attaqué le premier, puis le vicomte de Mâcon en sa forteresse de Dun. Il y eu, parait-il, un grand déploiement de forces qui intimida les assiégés ; ils ne durent pas se défendre, aussi le siège ne fut ni long ni meurtrier.

L'armée du roi installa son camp sur le sommet de Dunet, d'où elle dominait la forteresse. On distingue encore notamment sur le sommet de Dunet les traces de ce camp.

Cette capitulation eu lieu probablement en juillet-août 1180. Dun fut démoli et rasé à l'exception de l'église et de la chapelle.

Les habitants se réfugieront en partie au Bois-Sainte-Marie. L'église du Bois-Sainte-Marie, de style roman avec déambulatoire, est à visiter.

Le nom de Dun-le-Roy donné dans la suite à la paroisse est probablement dû à la présence du jeune roi dont ce fut la première conquête.

Pendant la grande révolution, l'administration ne pouvait garder ce nom si ancien régime, et Dun-le-Roy devint Dun-la-Montagne.

Histoire de la chapelle de Dun

C'est dans une charte de Savigny, datant de 910, que l'on trouve mentionné pour la première fois l'église Saint-Pierre du monastère de Dun. L'origine de la chapelle est plus récente, car le style des ruines était manifestement de la deuxième moitié du XIIe s., entre 1150 et 1180 date de la destruction de la forteresse.

Seule l'église de Dun fut respectée au cours de cette destruction. Elle devint alors l'église paroissiale de Dun-le-Roy. C'est en 1707 que se fit le transfert de la paroisse dans la première église de Saint-Racho, construite entre 1701 et 1708.

L'église de Dun servit encore longtemps de chapelle rurale ; on y célébrait la messe de temps en temps et on y montait en procession pour les rogations.

L'installation du curé de Saint-Racho n'était complète que lorsqu'il avait célébré dans l'antique chapelle de Dun-le-Roy.

Foudroyée en 1762, elle cessa dès lors d'être entretenue. Pendant la Révolution elle servit aux prêtres catholiques jusqu'à ce qu'elle fut fermée à tout culte le 20 septembre 1791.

En 1803 la chapelle était encore debout quoique bien délabrée. Les habitants avaient voulu la réparer mais ce projet ne fut pas exécuté et la destruction empira. Elle faillit être vendue aux enchères avec d'autres communaux en 1864, mais le jour de la vente, le président de la fabrique de Saint-Racho y mit opposition et la vente n'eut pas lieu. Dès le commencement du siècle dernier la chapelle de Dun servit aux exercices religieux des anticoncordataires connus sous le nom de « Blancs ».

En 1885 l'abbé Buisson, curé de Saint-Racho conçu le projet de reconstruire l'église, mais finalement ce fut le comte de Rambuteau (1) qui prit en charge cette restauration. En août 1896 le terrain et les ruines furent vendus par la commune de Saint-Racho qui en réservait l'accès aux habitants (2).

M. Paul Selmersheim, inspecteur des monuments historiques, se chargea de restaurer cette antique chapelle.

La première pierre fut posée le 22 août 1897 et les travaux furent achevés en 1899.

La nouvelle chapelle fut bénie solennellement par le cardinal Perraud, évêque d'Autun, le 4 juin 1900, au milieu d'une foule estimée à 12 000 personnes.

La première messe y fut célébrée le 2 août 1900 par M. l'abbé Lorton, vicaire général d'Autun.

Le 4 juin 1950, le cinquantenaire de cette bénédiction fut célébré en présence de Mgr. Lebrun, évêque du diocèse d'Autun, de M. le sous-préfet de Charolles et de Mme la comtesse de Rambuteau (3), conseillère générale du canton de La Clayette, entourée de ses enfants.

Ce jour-là fut inaugurée une plaque qui rappelle le souvenir du comte Amalric de Rambuteau, mort pour la France en déportation.

Selon le vœu exprimé par l'abbé Thomas, curé de Saint-Racho lors de la restauration, la nouvelle chapelle est dédiée à la Sainte Vierge, invoquée sous le nom de N.D. de Dun. On y vient en pèlerinage le 8 septembre. La messe y est célébrée plusieurs fois par an.

Dun a été choisi comme lieu de rassemblement idéal pour de nombreuses manifestations. On peut signaler :

Un rassemblement de la Croisade eucharistique le 12 juin 1952, avec 150 enfants.

Un rassemblement de la JAC-JACF du Charolais-Brionnais le 19 septembre 1954, avec 600 participants.

Un pèlerinage nocturne des mouvements scouts de la ville de Roanne le 8 décembre 1956. 70 pèlerins ont gravi la montagne à pied en priant pour la paix. Une messe de minuit fut célébrée dans la chapelle de Dun, c'est à l'équipe des Routiers de Roanne que l'on doit la signalisation qui indique la route de Dun par le versant de Saint-Racho.

La nouvelle chapelle

Au moment de la restauration il ne restait plus de l'ancienne église que les piliers du transept, son bras droit avec l'absidiole du même côté et l'abside principale.

La nouvelle chapelle comprend trois nefs (au lieu d'une seule dans l'ancienne église) suivies d'un transept sur lequel s'ouvrent dans l'axe des nefs l'abside et deux absidioles.

La nef principale d'une largeur double de celle des collatéraux est divisée dans sa longueur en trois travées. Le carré du transept est surmonté d'un joli clocher à pyramide de pierre, entièrement neuf, dans lequel a été réinstallée l'ancienne cloche au millésime « Mil ung », qui a intrigué bien des historiens.

Deux vieilles statues de bois : saint Pierre dans l'absidiole de gauche et saint Paul dans l'absidiole de droite, ont été restituées par le conseil de fabrique de Saint-Racho, ainsi que la cloche, au moment de la restauration.

Les chapiteaux du transept, conservée intacts portent la marque d'un travail soigné et de fort bon style.

En plus de ces souvenirs locaux, le comte de Rambuteau a réuni dans la chapelle divers objets d'art religieux sur l'autel, une Vierge à l'Enfant en pierre du XVe siècle ; au haut de la nef, contre le mur du transept, un calvaire flamand, en bois, du XIVe siècle, un retable de la Nativité, près de l'autel principal, une très belle piéta dans le croisillon de droite et divers autres objets que vous pourrez admirer.

Au milieu du transept se trouve la tombe du comte Philibert de Rambuteau, restaurateur de la chapelle.

En face de la porte latérale, contre le mur, côté nord, une plaque rappelle avec sobriété, la mémoire du comte Amalric de Rambuteau, mort en déportation le 13 décembre 1944.

Enfin dans le croisillon de gauche un monument a été élevé à la mémoire des morts de la Grande Guerre.

Vous trouverez près de la porte latérale un sarcophage de pierre, témoin du passé historique de Dun.

D'autres objets avaient été rassemblés dans un petit musée édifié non loin de la chapelle, comme on peut le voir sur la gravure de 1900. Mais les intempéries, et - il faut bien le dire - le manque de respect des visiteurs ont contraint la famille de Rambuteau, propriétaire de ces lieux, à transporter ces objets au château de Rambuteau.

Après avoir revécu l'histoire de Dun, vous pourrez tout à loisir admirer le beau paysage qui s'offre vos yeux du sommet de la montagne de Dun. Le panorama contenu dans ce livret vous aidera à vous repérer.

Vous trouverez chez M. Cinquin, gardien de la chapelle, rafraichissements et souvenirs de votre visite.

Illustrations : Plan de la chapelle, plan de la forteresse, panorama côté nord, panorama côté sud, les ruines en 1897, aspect de Dun en 1900, inscription de la cloche.

Notes :

(1) Il s'agit de Philibert Marie Édouard Simon Lombard de Buffières, comte de Rambuteau (1838-1912). Marié en 1866 avec Marie Mathide Gautier (1844-1911) mais sans postérité, sa succession est recueillie en partie par son petit-neveu Amalric Philibert Marie Emmanuel Lombard de Buffières (1890-1944).
(2) Pour l'acquisition en août 1896 chez Me Monnet notaire à La Clayette des terrains et ruines de Dun à Saint-Racho, voir le réglement de la succession en 1912 du comte Philibert Lombard de Buffières dans les Archives du château de Rambuteau.
(3) Il s'agit de la comtesse de Rambuteau, veuve d'Amalric Lombard de Buffières, née Amélie-Françoise-Marie de Mac-Mahon de Magenta (1900-1987) qui survécut à la déportation au camp de concentration de Ravensbrück.

Forteresse de Dun

Plan de la forteresse de Dun - Cliquez pour agrandir
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