Le marquis Étienne de Drée (1760-1848)
Biographie
Étienne de Drée, né le 25 février 1760 à Roanne (Loire), est le fils de Gilbert de Drée, chevalier de l'ordre de Saint-Louis et
lieutenant aux gardes françaises, né le 22 novembre 1725 à Tancon et décédé le 11 février 1798 à Curbigny.
Sa mère est Adrienne Valentine Elisabeth de Lattre de Neuville.
Il épouse en secondes noces le 9 octobre 1796 à Dolomieu (Isère) Alexandrine Louise Polixène de Gratet (1767-1850),
sœur de Dieudonné Sylvain Guy Tancrède de Gratet de Dolomieu, le célèbre géologue Dolomieu.
Dolomieu décéde à 51 ans chez sa sœur à Châteauneuf (71) le 28 novembre 1801.
Étienne de Drée est admis aux honneurs de la Cour en 1782, comparant à Lyon en 1789 et député en 1815. Un de ses descendants,
Guillaume de Drée, vend en 1918 à Alfred Lacroix des carnets, notes de travail et correspondances de Déodat de Dolomieu,
cédés ensuite aux Archives de l'Institut.
Minéralogiste et géologue
Il recueille les collections de son beau-frère et notamment une collection de roches et pierres de 1 800 échantillons, et l'autre
de produits volcaniques de 1 600 échantillons réunis par Dolomieu lui-même. Le marquis de Drée s'occupera avec passion, pendant quarante ans, à rassembler
des échantillons minéralogiques de choix et surtout très caractérisés au point de vue cristallographique.
En 1807 il céde à l'École des mines une série d'environ 500 échantillons provenant de la collection des produits volcaniques réunis par Dolomieu.
Deux catalogues de cette collection célèbre sont publiés en 1811 et 1814. Le premier donne une description détaillée, avec planches,
des pierres fines taillées et gravées et des meubles d'art qui en faisaient partie.
Dès 1810, il offre de vendre à l'administration sa collection qui comptait déjà, à cette époque, 13 750 échantillons dont
6 300 de minéralogie pure, non compris les pierres précieuses taillées et gravées ; le conseil général des mines recommande vivement cet achat.
Lorsque l'administration se décide à cette acquisition, à la mort du marquis, la collection est expertisée par Cordier, de Bonnard et Dufrénoy, assistés de l'expert Roussel, qui convinrent des prix suivants :
14 576 minéraux à 78 055 fr.
4 379 roches 2 239 fr.
25 meubles et modèles 2 010 fr.
Total : 82 304 fr.
Estimation de 25 % en plus pour les minéraux en collection
19 513,75
Total : 101 817,75 fr.
L'achat fait par l'État en 1845 ne comprend pas ces trois parties de la collection qui firent l'objet de ventes distinctes. La moitié environ de la
collection de Drée fut donnée à divers établissements à raison des doubles qui se trouvaient dans les collections de l'École des mines.
L'agronome
Étienne de Drée est l'auteur de travaux sur la culture de la betterave et la fabrication du sucre, ainsi que d'une description raisonnée d'une charrue à
soc mobile. Ses notes sont conservées dans les Archives du château de Drée. Il écrit en 1823 un Mémoire sur les moyens d'amélioration de la race bovine
du Charolais. Il est également l'auteur en 1830 d'un Mémoire sur la régénération de l'espèce chevaline en France.
Carrière politique
D'abord officier (1777), Étienne de Drée se retire au moment de la Révolution à Curbigny (71). Il fait une carrière politique et il est successivement
membre de l'assemblée provinciale du Beaujolais (1789), commissaire du roi pour la formation du département de Saône-et-Loire (1790), membre du directoire
du département (1785), conseiller général (de 1800 à 1837). En mai 1815, il est élu représentant de la Saône-et-Loire à la Chambre des Cent-Jours (non réélu).
En 1828, il devient député de Saône-et-Loire (centre-gauche). Il est réélu à deux reprises et se retire en 1837.
Il décéde le 9 avril 1848 à Paris (11e arr.) à l'âge de 88 ans. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse, provisoirement le 11 avril 1848, puis définitivement le 23 février 1854 dans la 7e division.
Références
o Catalogue des huit collections qui composent le musée minéralogique de Étienne de Drée, 1811.
o Description des objets composant les 4 collections qui font partie du musée minéralogique de M. le marquis de Drée, par A. Durieux, 1816.
o Le marquis de Drée et l'euclase, Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, Volume 5, 1819.
o Notes sur la culture de betteraves (site Coublanc-71, Archives du château de Drée).
o Notes sur la fabrication du sucre de betterave, 1828 (site Coublanc-71, Archives du château de Drée).
o Description raisonnée d'une charrue à soc mobile (site Coublanc-71, Archives du château de Drée).
o Description raisonnée d'une charrue à soc mobile, suite (site Coublanc-71, Archives du château de Drée).
o Mémoire sur les moyens d'amélioration de la race bovine du Charollais, 1823.
o De la régénération de l'espèce chevaline en France, par le Marquis de Drée, 1830.
o Procès-verbal des séances de la Chambre des pairs, 1845.
o Rapports et délibérations du Conseil général de Saône-et-Loire, établissement d'un Herd-Book charollais, 1853.
o Notice historique sur l'École des Mines de Paris, Louis Aguillon, 1889.
o Fiche d'Étienne de Drée dans la base de données des députés français depuis 1789 (site de l'Assemblée nationale).
Monument dessiné par Étienne de Drée, l'urne est destinée à recevoir le cœur de Dolomieu
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