Cousan, première baronnie du Forez et les origines de la maison de Damas,
par le général de Chizelle
(Source : Bulletin de la Diana, tome 51, n° 6, 1990, BNF/Gallica)
L'étude présentée permet de suivre à travers les XIe, XIIe et XIIIe siècles, les possesseurs de Cousan, cette puissante forteresse forézienne qui se rattache à la Bourgogne par les Damas, dont nous essaierons de déterminer l'origine en passant en revue les travaux de quatre érudits dont les opinions diffèrent sur le sujet.
De nombreux auteurs se sont penchés sur l'histoire de la baronnie de Cousan et les origines des seigneurs de Damas qui la possédaient au moins depuis le début du XIIe siècle. Etaient-ils des Beaujeu, des Semur ou appartenaient-ils à une autre maison ?
Nous étudierons successivement, dans l'ordre chronologique de leur publication, les travaux de M. Lainé, de Marcel Canat de Chizy, du chanoine Maurice Chaume et de Jean Richard (1).
Nous avons négligé l'étude de P. Gras parue dans la Revue Forézienne de novembre 1867, sous le titre : Les Sires de Cousan premiers barons du Forez, nous avons jugé qu'elle ne nous apportait rien de plus que celles de M. Lainé et Marcel Canat. De même, nous n'avons pas retenu celles d'Ed. Perroy parues dans son ouvrage sur les Familles nobles du Forez, t. 1, p. 255 à 262 et 267 à 282, qui sont dépourvues de notes.
1. M. LAINÉ
M. Lainé fait remonter la possession de Cousan par les Damas et l'origine de cette maison à Damas de Beaujeu, fils de Guichard II et de Ricoaire (probablement de Salornay), qui vivaient au milieu du XIe siècle (2). Ce Damas aurait reçu Cousan en partage du côté paternel (partage qui aurait eu lieu vers l'an 1060, ainsi que plusieurs terres qui appartenaient à la maison de Beaujeu en Forez et en Auvergne, et du côté maternel, les terres considérables que ses descendants immédiats possédaient en Charolais et en Mâconnais. "Le principal fief de cet apanage, nous dit M. Lainé (3), était la terre de Cousan, première baronnie du Forez, sur laquelle ainsi que sur le château, Humbert 1er de Beaujeu se réserva des droits pour lui et ses descendants, sans doute à l'effet de leur assurer l'accès d'une place que l'on pouvait considérer comme la clé du Forez".
Ce Damas, toujours selon M. Lainé, avait eu, entre autres, un frère Hugues qui avait été moine et cellérier de l'abbaye de Cluny, une sœur, dont on ne connaît pas le prénom, qui avait épousé Liébaud de Digoine (4), et comme enfants :
1) Hugues Damas, le premier à prendre le nom de Damas, serait celui qui approuva, comme seigneur dominant, la donation faite en l'an 1100, par son frère puîné, Robert Damas, à l'abbaye de Cluny de tout ce qu'il possédait dans le territoire de Charolles (5) ;
2) Robert Damas, 1er du nom, ci-dessus, auteur de la branche des seigneurs de Vendenesse, de Coulanges et de La Bazolle ;
3) Zacharie, dit de Cousan, auteur d'un rameau qui aurait existé jusqu'au XIIIe siècle ;
4) Bertrand Damas ;
5) Thibaud Damas.
Examinons ces différents points à l'aide de nos chartes :
- il est exact que Guichard II de Beaujeu avait épousé une Ricoaire et qu'il avait eu, entre autres enfants, Damas, Hugues et une fille qui fut mariée à Liébaud de Digoine. La charte de Saint Vincent de Mâcon, n° 483, de 1031-62 (6), cite Guichard, Ricoare et Damas, il en est de même de la charte de Cluny, n° 3351, de 1055 environ (7), qui cite également leur gendre, Liébaud de Digoine, et de la charte de Savigny, n° 754, de 1081 (8), qui cite Hugues. Par contre :
- dans aucune de ces chartes, il n'est dit que Ricoaire était une Salornay (9), toutefois le fait quelle ait été possessionnée à Vitry (3 km. de Salornay), semble le confirmer (10) ;
- nous ne trouvons aucune mention du partage de 1060, dans lequel Damas aurait reçu Cousan et il n'est dit nulle part qu'il en ait été le seigneur ;
- le Robert Damas, auteur, et l'Hugues Damas, qui approuve la donation objet de la charte de Cluny, n° 3801 vers 1100 (11), sont bien qualifiés de frères, mais il n'est dit, ni là ni ailleurs, qu'ils étaient les fils de Damas de Beaujeu. La seule mention de parenté que nous leur connaissons est celle dont il est fait état dans cette dernière charte, où Robert est qualifié de neveu d'Hugues, cellérier de l'abbaye de Cluny, cité parmi les témoins : "Hoc donum laudavit frater ejus Hugo, coram domno Hugone cellerario, avunculo silicet suo,..", toutefois ce cellérier n'était pas comme le dit M. Lainé, le frère de leur père, qui lui, avait été abbé de Saint-Just, ce que nous voyons dans la charte de Savigny, n° 907, de 1121 (12) :
"... donec Hugo, frater Vuichardi de Bellojoco, qui fuit abbas de Sancto Justo". Quant au cellérier nous le trouvons en 1080, dans la charte n° 3575 de Cluny (13), désigné sous le nom de Hugues de Bissy : "Domnus Hugo de Bitiaco, qui illius temporis curriculo celarii camereque curam gerebat...". Il était mort dans les dernières années du XIe siècle, en tout cas avant 1097, comme le prouve la charte de Cluny n° 3726, datée de cette année 1097 (14), dans laquelle il est cité comme suit : «...domnus Hugo, bone memorie Cluniacensis cellararius,...», ce qui nous indique aussi que la charte de Cluny, n° 3801, ci-dessus, serait d'une date antérieure à 1100.
Ainsi disparait la preuve qui aurait permis d'établir d'une manière incontestable la filiation entre Damas, fils de Guichard II de Beaujeu, et Hugues et Robert Damas auteurs des Damas, comme la voyait M. Lainé. Nous remarquerons cependant que le cellérier, dont nous reparlerons, qualifié d'"avunculus" de Robert dans cette dernière charte devait en principe être le frère de la mère et non du père de Robert, ce qui implique que la mère de Robert, Ada (15), était comme nous le verrons, une sœur du cellérier, et que si elle avait été la femme de Damas de Beaujeu, la filiation Beaujeu des Damas, comme la voyait M. Lainé, serait établie.
Nous noterons aussi dans cette charte n° 3801 de Cluny, la présence comme premier témoin, de Liébaud de Digoine, seigneur charollais mari d'une fille de Ricoaire.
Enfin nous constaterons la présence de Zacharias de Cousan comme témoin dans deux chartes concernant Hugues Damas, se rapportant à des plaids tenus, l'un en 1110 au château de Cousan (16), l'autre à Paray, au temps du prieur Hugues (17), ayant trait aux hommes de ce prieuré résidant à Saint-Gratien, dans les terres de Dio et de Lugny appartenant à Hugues Damas ; ce qui prouverait que c'était le même Hugues Damas qui était à la fois possessionné en Forez et en Charolais.
2. Marcel CANAT de CHIZY
M. Canat de Chizy considère que les Liéras étaient seigneurs de Cousan au XIe siècle, et que les Damas ne le sont devenus que par le mariage, au début du XIIIe siècle d'Hugues Damas, vicomte de Chalon, avec Jeanne Liéras qui lui apporta en dot, la moitié de cette seigneurie et le surplus à la mort de son frère Albert (18), "Aussitôt propriétaire d'une partie de Cousan, Hugues Damas, nous dit-il, qui n'était pas forézien, s'empressa de remettre son fief à Humbert de Beaujeu pour le tenir de lui en foi et hommage" ; ce qui se serait passé avant 1224, où la comtesse de Nevers accepte qu'Humbert de Beaujeu, à la suite d'une guerre malheureuse, remette lui-même ce fief qu'il tenait d'elle à cette époque, au comte Guy IV de Forez (19).
Pour Marcel Canat, la suite des Liéras s'établit comme suit :
- I. Blain I, cité en 1020, dans une charte de Savigny (20), où il paraît sans autre qualité, avec sa fille Dumesie, mariée à Eldin. Ce Blain avait un fils :
- II. Pons Liéras, possessionné à Colombettes, sous l'abbé Itier, qui aurait eu lui-même six enfants dont Blain II qui lui succéda ;
- III. Blain II, eut deux fils (21) :
1) Blain III qui viendra après ;
2) Arricus dont Marcel Canat fait Acharie qu'il identifie à l'Acharias de Cosanno, cité comme témoin en 1110, dans le plaid objet de la charte n° 884 de Savigny (22), le premier à porter le nom de Cousan, qu'il donne comme étant le seigneur de Cousan et le beau-frère d'un Hugues Dalmas ;
- IV. Blain III est qualifié de "Blainus quoque de Cosant" dans la charte n° 914 de Savigny de 1128 (23), ce qui fait dire à Marcel Canat : "On y voit clairement, que le surnom cognomen, devenu patronyme plus tard, est bien emprunté à la possession de Cousan" (24). Blain III aurait eu cinq enfants, dont :
1) Albert qui suivra ;
2) Arnaud, qui était, nous dit-il, chanoine de Lyon en 1223 ;
3) Guy qui testa en 1236 (25).
- V. Albert, que nous voyons cité avec un fils, qui n'est pas nommé, comme témoins en 1195, dans l'accord d'Olliergues (26), sera le père d'Albert II qui lui succédera et de ses trois frères, Pons, Girard et N. (Mathieu ?), que nous voyons dans un acte de 1250, prêter foi et hommage aux Damas de Laigneu pour la dîme de Trelins ; acte dans lequel Albert est qualifié de chevalier (27). A ces trois frères, Marcel Canat ajoute, sans nous donner de référence (28), deux filles dont la Jeanne qui aurait apporté Cousan aux Damas en épousant un Hugues Damas.
En ce qui concerne l'origine des Damas, Marcel Canat se basant sur les chartes de Cluny n° 143 de 910-27 (29), et 553 de 942-44 (30), la faisait remonter à un Damas, fils de Rothbert et d'Aremburge qui vivait au milieu du Xe siècle (31). Le chanoine Chaume (32) a démontré que les dates données à ces chartes étaient erronées et qu'il fallait en fait les dater du XIe siècle. Nous en venons ainsi à :
- I. Elziran qui apparaît alors cité comme témoin en 1066, dans la charte de Cluny, n° 3410 (33), et que M. Canat nous dit, se référant à Guichenon (34), être fils d'un Damas et avoir eu pour enfant :
- II. Bertrand, le père, entre autres, de :
1) Robert II qui suivra ;
2) Damas, mari de Laurence et père d'Auxiliende, femme d'Aganon d'Olliergues (35), qui était donc l'Hugues Damas que M. Lainé nous dit, être l'auteur de la branche aînée des Damas.
- III. Robert II, toujours d'après Marcel Canat (36), fut le mari de Lobita, qui partant pour la Terre Sainte en 1106, donna à Cluny (37), ses terres des environs de Collange, il correspond donc au Robert dont M. Lainé nous a parlé ci-dessus (38), comme étant l'auteur de la branche des seigneurs de Vendenesse, Coulange et La Bazolle, "Par une charte du même monastère (39), nous apprenons, nous dit-il, qu'il vivait encore en l'an 1130, et qu'il laissa deux enfants :
2) Hugues qui continua ;
2) Robert III du nom, qui suivit Philippe Auguste à la croisade en 1190. Ici, nous pensons que Marcel Canat a sauté une génération. En 1128, en effet, Robert II était mort et nous voyons son fils, Robert III, ratifier la donation de Collange (40). Il aurait donc pris part à la croisade à plus de 80 ans ce qui semble peu vraisemblable.
- IV. Hugues, fils de Robert II, serait le Hugues Damas qui en 1110, au cours du plaid, dont nous avons parlé (41), tenu au château de Cousan. "apud castrum quod dicitur Cozans", abandonna à l'abbaye de Savigny, les droits qu'il prétendait avoir sur les églises de Randan et de Feurs. Acte dans lequel Acharie de Cousan est cité comme témoin. Là il y a une confusion, cet Hugues Damas était le mari de Laurence, frère et non fils de Robert II.
- V. Hugues Damas II, vient ensuite (42), Marcel Canat ne nous dit pas de qui il était le fils, mais nous parle de sa tante Auxiliende d'Olliergues ; il était donc le petit-fils de Damas et de Laurence. Il aurait fait quelques dons en 1160 à l'abbaye de Cluny, qu'il aurait ratifiés en 1180 (43). "Il avait épousé, toujours d'après Marcel Canat, Beatrix, fille unique et héritière de Robert III, vicomte de Chalon-sur-Saône, seigneur de Marcilly-en-Charolais (44), dont il eut entre autres ;
- VI. Hugues Damas III qui serait celui cité dans la cession faite en 1188-92 (45), par Humbert III de Beaujeu à Guy II, comte de Forez de l'hommage d'un certain nombre de fiefs dont Néronde, appartenant à cet Hugues Damas, "... feudum Ugonis Dalmacii, silicet Neirundam cum aliis feudis" ; il se qualifiait de vicomte de Chalon et seigneur de Marcilly-en-Chaunois. En 1215, Robert V, comte d'Auvergne réussit à le mettre d'accord avec Agnon IV de Meymont pour régler la succession d'Olliergues. Albert de Cousan et son fils figurent en premier parmi ses témoins dans l'acte concrétisant cet accord: : "Hujus rei testes sunt ex parte Ugonis Dalmacii, Arbertus de Cosant et filius ejus" (46). C'est cet Hugues Damas III qui aurait épousé la Jeanne Liéras que Marcel Canat prétend avoir apporté Cousan aux Damas (47). Aussi, nous dit-il se référant à La Mure, "Hugues Dalmace put, le 8 des Ides de mai 1222, recevoir d'Humbert VI de Beaujeu, le château de Cousan en fief de ce prince" (48).
A ce sujet, M. Lainé (LAINÉ, p. 22) nous dit : "... la maison de Beaujeu avait conservé des droits sur la terre et le château de Cousan et d'ailleurs la maison de Damas contestait encore sa mouvance du comté de Forez, et prétendait ne reconnaître d'autre souveraineté que celle du roi. Soit que Hugues III eût voulu profiter de ces conjonctures, et de la minorité de Guy IV, comte de Forez. pour s'affranchir de cette mouvance, soit qu'il ait cédé à des considérations plus impérieuses que son ambition personnelle, il transporta ou consentit à transporter son hommage à Humbert IV, sire de Beaujeu, duquel il reprit aussitôt le château de Cousan en fief lige, en 1216". Malheureusement M. Lainé ne nous donne aucune référence.
Voyons maintenant ce qu'il faut penser des différentes hypothèses envisagées par M. Canat :
1) Acharias de Cosanoo que Marcel Canat identifie à Arricus de Liéras, témoin en 1110, dans la charte n° 884 de Savigny (49), premier à porter le nom de Cousan aurait été le seigneur de Cousan de l'époque.
D'abord, il n'est pas certain que l'on puisse identifier l'Arricus, fils de Blain et de Vualburgis de la charte de Savigny, n° 765, de 1088 (50), avec l'Acharias de la charte, n° 884, en tout cas, rien ne le prouve. Cette dernière charte traite, comme nous l'avons vu, de l'abandon par Hugues Damas au cours du plaid tenu à Cousan (51), de toute contestation aux droits du prieuré de Randan sur les églises de Feurs et de Randan ainsi que sur le mas de Mollario près de Sainte Agathe, ce dont étaient témoins Artaud Calvus et Acharias de Cosanno. Le personnage important dans cette contestation était évidemment Hugues Damas, en mesure de disputer au prieuré de Randan des biens situés au-delà de la Loire ; c'était certainement lui le seigneur de Cousan et non Acharias qui ne vient qu'en second, comme témoin, après Artaud Chauve.
L'appellation de : "Blainus quoque de Cosant", dans la charte n° 914 de Savigny de 1128 environ (52), dont est gratifié son frère aîné, si toutefois on considère qu'Arricus et Acharias sont le même personnage, incite aussi à prendre ces Liéras, comme de simples seigneurs de fief passant même après les Chauve.
2) Pour étayer l'hypothèse que Cousan avait été apporté aux Damas par Jeanne Liéras au début du XIIIe siècle, Marcel Canat se réfère à un manuscrit de La Mure de la bibliothèque de Montbrison (53) : "Albert de Cousan, nous dit-il, ne se maria pas : vers 1226, il donna le surplus de Cousan à sa sœur Jeanne qui le porta à Hugues Dalmas entre les mains duquel le château de Cousan reconstruit prit une importance si considérable qu'il put à l'aise y braver son suzerain le comte de Forez". Nous ne connaissons pas ce manuscrit qui n'a probablement pas été publié, mais nous constatons que La Mure, dans son Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, mentionne Hugues Damas comme étant le seigneur de Cousan en 1208 (54), quelques années après la transaction qui eut lieu entre Hugues Damas et Agne de Meymont au sujet du château d'Olliergues (55), qui se situe en 1195. En fait dans cette transaction, Hugues Damas n'est pas qualifié de seigneur de Cousan mais il y parle de ses héritiers qui seront seigneurs de Cousan, ce qui laisse entendre qu'il l'était lui-même : "Et Ugo Dalmatius juravit Agnoni quod hoc dominium sive hoc feudum nulli det aut vendat vel pignori supponat sive quolibet titulo alienet nisi heredi suo qui erit dominus de Cosant".
Mais même si Hugues Damas n'eut été seigneur de Cousan que depuis 1195 ou même 1208, il l'aurait été avant son hypothétique mariage avec Jeanne Liéras (56), nous avons en effet vu que la remise de fief de partie de Cousan par Hugues Damas à Humbert de Beaujeu, d'après Marcel Canat (57), avait eu lieu immédiatement après son mariage, avant 1224, date où la comtesse de Nevers accepta qu'Hubert de Beaujeu remette lui-même, ce fief qu'il tenait d'elle à cette époque, au comte Guy IV de Forez.
3) Concernant les conditions dans lesquelles s'est passée cette remise de fief de Cousan à Humbert de Beaujeu, nous croyons nécessaire d'apporter quelques précisions :
- Entre 1188 et 1192 (58), le comte Guy II et son fils le comte Guy III de Forez d'une part, et Guichard IV de Beaujeu, d'autre part, mettaient fin à de longues guerres par un traité dans lequel Guichard de Beaujeu cédait, comme nous l'avons vu, à ces comtes l'hommage d'un certain nombre de fiefs, dont celui de Néronde, appartenant à Hugues Damas, tandis qu'une limite était fixée entre leurs mandements respectifs ;
- à une date indéterminée que Marcel Canat nous dit faussement être 1222 (59), ayant épousé Jeanne Liéras, Hugues Damas fit hommage à Humbert V de Beaujeu, fils de Guichard IV, de Cousan, château qui était situé dans le mandement de Guy IV, fils de Guy III ;
- immédiatement, Guy IV se lança dans une nouvelle guerre contre Humbert V de Beaujeu, guerre qui fut de courte durée, toujours selon M. Canat, et se termina à l'avantage de Guy IV ;
- le 8 mai 1222 (60), nouveau traité dans lequel les limites précédentes étaient maintenues, et où Humbert s'engageait à remettre à Guy IV l'hommage de Cousan dès qu'il en aurait été lui-même relevé par la comtesse de Nevers ; Humbert ayant en effet prêté l'hommage de ce château au comte Hervé son défunt mari (61).
- en décembre 1224, cette comtesse, Mahaut de Courtenay, dans un dernier traité accepta, moyennant quelques compensations, le transfert du fief au profit du comte Guy IV, ce qui lui donna l'occasion de le connaître et de l'épouser ;
4) Reste la généalogie des Damas qui présente des contradictions et des erreurs. Nous avons vu que Rothbert et Damas, les deux premiers nommés étaient à reporter au XIe siècle. Elziran Damas, qui suit, n'est connu que par la charte n° 3410 de Cluny, de 1066 (62), concernant la donation faite à ce monastère par la comtesse Almodis de Rodès et de Nîmes, de l'abbaye de Saint Gilles ; la charte est signee à Nîmes et Elziran y figure parmi les témoins avec les seigneurs du pays. Il est probable qu'il n'est jamais venu en Forez. Quant à Bertrand, qui lui est donné comme fils, il n'existe aucune preuve qu'il ait été le père de Robert et Hugues, tout ce que nous en savons est qu'un Bertrand Damas fut témoin de la donation faite à Cluny par les Montpensier en 1094 (63).
Nous avons l'impression que Marcel Canat a été influencé dans son acceptation tardive des Damas à Cousan par l'accord de 1188-1192, entre Guy II de Forez et Humbert III de Beaujeu dans lequel Hugues Damas apparaît comme seigneur de Néronde et pas de Cousan, ce qui s'explique par le fait que Cousan à cette époque devait relever de Guy II.
3. LE CHANOINE CHAUME
Le chanoine Chaume, bien qu'il donne comme titre à son étude "Les Origines de la maison de Damas" ne fait aucune allusion aux Damas de Cousan et donne comme auteur de la maison de Damas Robert Damas, qu'il fait descendre des Centarben (64).
Il fait commencer la généalogie des Centarben à :
- I. Girard, mentionné comme témoin dans une charte de Cluny de l'année 1023 (65), dans laquelle Etienne le Blanc, frère du vicomte Archambaud de Mâcon, donne à cette abbaye des terres situées en Mâconnais. Il passe ensuite à Guillaume et Audin, sans faire état d'un lien de parenté entre eux et Girard (66) ;
- II. Guillaume apparaît dans la charte de Cluny n° 3650, de 1090 environ (67), où il donne à cette abbaye un manse à Centarben, à l'occasion de l'inhumation de son fils Girard dans le cimetière du monastère. Dans cette charte figurent comme témoins son fils Hugues, son frère Audun et Gerbaud le Vert. "Outre Girard II et Hugues précités, nous dit le chanoine Chaume (68), Guillaume de Centarben paraît avoir laissé comme enfants :
Jocerand de Centarben, qualifié à deux reprise "frère d'Hugues de Centarben" (69) ;
Damas ou Dalmas de Centarben, dont le fils, Robert Damas, est dit neveu de Jocerand de Centarben (70), et sans doute une fille, Gertrude, qui épousa Artaud 1er de Busseuil (71) ;
Tous ces enfants, continue-t-il, devaient être issus d'une fille de Jocerand (de Bicey) et d'Elisabeth (72) ; cette fille dont nous ignorons le nom, était la sœur des trois frères Guichard, Liétaud et Gauthier de Biciaco, alias Bisseio (73) ; et, avant d'épouser Guillaume de Centarben, elle avait eu d'une première union un certain Hugues, dit lui aussi de Bicé et e Biciaco, qui fut cellérier de Cluny vers 1080-1090" (74).
Dans sa note n° 4, p. 288, le chanoine Chaume, après avoir donné ces références, nous dit : "nous avions d'abord cru que ce personnage était l'oncle maternel de Robert Damas : le texte de PARAY, qui le dit dit frère de Jocerand de Centarben et par conséquent de Damas et Hugues de Centarben, prouve qu'il avait la même mère qu'eux ; "avunculus" dans Cluny, 3801 n'a pas le sens d'oncle maternel, mais celui d'oncle maternel issu d'un autre lit que le père".
En ce qui nous concerne, nous pensons que l'Hugues de Bue de la charte n° 155 qui n'est pas qualifié de céllerier, est Hugues Damas ou de Bissy, frère de Robert Damas ; le "frater ejus" de la charte peut très bien s'appliquer à Robert, son frère qui précède ; mais s'il s'agissait du cellérier, d'après la généalogie du chanoine, sa propre tante était la femme de Guillaume de Centarben, père de Josserand, dont il était le cousin germain (frater en latin), et s'il avait été le fils d'un autre mariage de sa tante, il aurait porté le nom de son père.
Si dans ce long passage du chanoine Chaume et les notes qui l'accompagnent, l'existence des frères Guichard, Liétaud et Gauthier de Bicey (ou Bissy) est bien prouvée, comme celle d'Hugues le cellérier, sans toutefois que nous sachions de qui ce dernier était le fils, celle de leur sœur et de ses mariages reste du domaine de l'hypothèse.
- III. Hugues qui parait avoir été l'ainé des fils de Guillaume serait mort jeune laissant deux fils Girard II et Joceran II ;
- III. Jocerand figure en compagnie de son frère Hugues, dans les chartes de Paray n° 54 et 60 (75), puis plus tardivement (vers 1090 ?) dans la charte n°155 du même monastère (76), où nous trouvons comme témoins ses neveux Robert et Hugues (Hugues de Bue, Girard III et Jocerand II, ce qui indiquerait qu'Hugues et Damas étaient déjà morts ;
- III. Damas était l'auteur des donations objet des chartes n° 54 et 60 de Paray. Dans la première il donne à ce prieuré un manse situé à Cheveniset ce qu'approuvent ses frères Jocerand et Hugues. Dans la seconde, de concert avec sa femme Ada, il offre à Dieu et au monastère de Paray, son fils Antéaume : "Quidam miles nomine Dalmatius et uxor ejus nomine Ada, obtulerunt Deo in hoc loco quendam filium suum nomine Antelmum". Hugues prieur (77), Jocerand et Hugues frères cautionnent la donation correspondante. Le chanoine Chaume nous dit que Damas était trépassé en l'an 1089 (78), lors de la cession de Chazelles à Cluny par Joceran de Cypierre (Chauve de Copetra (79). Cession dans laquelle son fils Robert figure au nombre des témoins (80).
"Outre le moine Auteaume dont le signum apparaît peut-être dans plusieurs chartes de Paray, Damas, nous dit le chanoine Chaume (81), laissait au moins deux fils, Robert Damas et Hugues II (En note, il ajoute, la filiation de Robert semble résulter de son patronyme, Robert Damas !). Un quatrième fils, Damas II, qualifié avunculus de Robert II, fils de Robert 1er, doit sans doute être considéré comme issu d'une seconde union de Damas 1er".
- IV. Robert Damas, "auteur de la maison de Damas", toujours selon le chanoine, est cité pour la première fois en 1089, dans la charte de Joceran de Cypierre (Cluny n° 3636, mentionnée ci-dessus). En 1106, au moment de partir pour Jérusalem, il fait don à Marcigny de toute la terre qu'il possède à Briant (lire en Brionnais), celle qu'il a par lui-même et celle qui lui est advenue par héritage de son oncle Jocerand de Centarben (82), et à Cluny de deux manses l'un à Collange et l'autre à Pommier (83)... Judith (alias Lobbita), sa femme approuve".
"Un dernier acte, non daté (84), nous dit encore le chanoine, consacre l'abandon, par Robert Damas et Hugues son frère, d'un important alleu voisin de Charolles, "alodium meum quod habeo de Kadrellis usque ad montem qui vocatur Columberet et de Sancto Myre usque Viriaco", et, en outre, du cimetière de Vendenesse ; Hugues (de Bicey), cellérier de Cluny et oncle de Robert, est témoin en compagnie du prévôt Ainard, de Liébaud de Digoine et de Liébaud de Cypierre. Robert Damas était mort avant 1128, date à laquelle son fils, Robert II confirme (85) la donation du manse de Collange, faite à Cluny par son père, celle du moulin de Vendenesse faite par sa mère, et celle du manse de Mineria, faite par son oncle (avunculus) Damas II".
Que penser de ce que nous dit le chanoine Chaume :
1) Robert et Hugues Damas étaient-ils des Centarben ?
Il est certain que la mère de Robert et Hugues était une Ada, comme le prouve la charte n° 29 de Marcigny, de 1076-1096 (86), "Notoire soit à tous qu'au nom de Dieu, je, Ada ay donné un mais à Monchanain... plus j'ay donné dans la ville de Chanain un mais... De plus je donne un claus dans la ville de Ger. Témoins sont mes fils Robert et Hugues qui ont approuvé et confirmé cela...".
En 1100, nous voyons de nouveau apparaître cette Ada dans la charte n° 3742 de Cluny (87), où les biens qui avaient fait l'objet de sa donation à Marcigny sont rétrocédés à Cluny,"... in villa de Cavaniaco unus mansus ; in villa de Catgis et unus clausus, quem dedit Ada soror Hugoni celleriarii".
Il est donc certain que Robert et Hugues étaient les fils d'Ada de Bissy, sœur du cellérier, ce qui est confirmé par le fait que ce dernier, comme nous l'avons vu, est qualifié dans la charte n° 3801 de Cluny (88), d'"avunculus" (oncle maternel) de Robert.
Maintenant, contrairement à ce que nous dit le chanoine Chaume, cette Ada n'était pas la femme de Damas de Centarben, il ne s'était pas aperçu qu'il y avait deux Ada (89) : Ada de Bissy, mère de Robert et Hugues Damas et Ada sœur d'Hugues prieur de Marcigny et plus tard abbé de Cluny, qui était la femme de Damas de Centarben, comme nous le dit l'Index priorum Marciniaci (90), dans un texte concernant Girard le Verd, chambrier de Marcigny, "Sororem habuit Annam uxorem Jocerani de Centarbem que Marciniaci monialis est effecta ; proindeque affinis erat Hugoni tunc temporis priori monalium, postea Cluniacensi abbati, cujus soror Ada nupserat Dalmatio fratri Jocerani de Centarbem ex quo DD (domini) de Damas". Nous remarquerons toutefois l'erreur du rédacteur de ce texte, qui fait descendre les Damas de cette Ada et non d'Ada de Bissy, comme nous venons de le démontrer.
A l'appui de notre thèse, nous constatons :
- qu'Ada de Bissy, selon la généalogie présentée par le chanoine Chaume aurait été la cousine germaine de Damas de Centarben qu'il lui donne comme mari (91).
- que ni Robert, ni Hugues n'étaient présents à la prise d'habit à Paray d'Anteaume, fils de Damas de Centarben et d'Ada (92), ce qui montre bien qu'ils n'étaient pas leurs enfants.
Si à présent, nous examinons la charte de Cluny n° 4001, de 1228 (93), nous y voyons Robert Damas II, fils de Robert Damas, confirmer les donations de son père et celles du manse de Minière faite par Damas de Centarben, qualifié d'"avunculus illius", et non ejus, aussi pensons-nous, qu'il s'agit de l'oncle de son père, donc de Damas de Centarben, frère de Jocerand : ce qui est également l'avis de M. Lainé (94), et élimine le Damas II du chanoine Chaume, oncle de Robert III.
2) Comment Robert Damas était-ils le neveu de Jocerand de Centarben ?
Nous pensons que c'était du fait de sa femme Judith ou Lobita qui devait être une fille d'Hugues ou de Gérard de Centarben, frères de Jocerand ; ce qui justifierait son intervention dans la charte n° 109 de Marcigny, de 1106 (95), où Robert donne à ce prieuré tout son honor en Brionnais, alleux et fiefs lui venant de son chef et de son oncle Jocerand de Centarben, "totum honorem meum de Brianneis, tam illum silicet quem habeo per meipsum quam illum qui mihi accidit ex avunculo meo Gauceranno de Centarbens", tandis que la même Judith ou Lobita n'était pas intervenue dans la charte n° 3801 de Cluny de 1100 environ (96), dans laquelle il donnait à cette abbaye l'alleu qu'il possédait autour de Charolles, où intervenait son oncle le cellérier, Hugues de Bissy (97).
A notre avis, le chanoine Chaume a dû se laisser influencer dans sa recherche sur les origines des Damas de Collange, par le récit de l'Index priorum.
4. JEAN RICHARD
Jean Richard passe rapidement en revue la succession des Centarben proposée par le chanoine Chaume, mais admet deux familles de Damas, les "petits Damas" de Collange issus des Centarben et les Damas de Cousan.
Pour lui, les Damas de Cousan sont des Semur auxquels ce château et les terres qu'ils possédaient en Forez leur étaient venus d'alliances foréziennes et particulièrement de Ricoaire, arrière-grand-mère de saint Hugues.
Il cite à l'appui les faits suivants :
- Geoffroi II de Semur, frère de saint Hugues, possédait au milieu du XIe siècle, le prieuré de Sail-sous-Cousan dont il fit don à Marcigny vers 1055, lors de la fondation de ce prieuré (98) ;
- Hugues Damas tige des seigneurs de Cousan était le fils de ce Geoffroi II, et, outre Cousan, avait reçu en partage Dio et Lugny en Charolais et Champceau en Brionnais. C'est lui qui fut tuteur de son neveu Geoffroi IV, après l'entrée à Cluny de son frère aîné Geoffroi III.
Quant aux Damas de Collange, il voit en Robert et Hugues Damas, aussi appelé Hugues de Bissy, les fils de Damas de Centarben, "C'est de ces personnages, nous dit-il (99), que procèdent d'autres Damas chez qui le nom de Robert paraît héréditaire... Les Robert Damas, nous dit-il encore, restaient enracinés à Collange, petite maison-forte bâtie selon toute apparence, pour couvrir les approches de la forteresse de Charolles, et les Damas de Collange font figure de chevaliers du château de Charolles".
En ce qui nous concerne :
- Nous ne voyons pas que les Damas de Collange étaient de si "petits seigneurs". Collange probablement un ancien oppidum gallo-romain, n'était pas une petite maison forte, mais une forteresse si l'on en juge par son périmètre ; nous y avons fait de nombreux séjours et avons pu nous en rendre compte sur place.
- Les possessions de Robert Damas en Brionnais et en Charolais étaient très importantes peut-être même plus importantes que celles d'Hugues Damas, seigneur de Cousan, avec lesquelles elles voisinaient, ce dont on peut juger par l'étendue des terres dont il fit don aux monastères voisins.
- Hugues Damas, seigneur de Cousan, était bien le fils de Geoffroi II de Semur, sa mère était Aélis de Nevers (100), mais sa fille Auxiliende avait épousé un Meymont qui n'était qu'un Chauve, et dans le voisinage, Guichard de Beaujeu avait lui épousé Ricoaire, plus que probablement une Salornay et sa fille Liébaud de Digoine, familles à cette époque comparables aux Bissy et aux Centarben.
- Il est incontestable qu'une parenté existait entre Hugues Damas, seigneur de Cousan et Robert Damas, seigneur de Collange, la charte de Cluny n° 3801, de 1100 environ (101), ne laisse, comme nous l'avons déjà dit, aucun doute à ce sujet : Robert Damas donne à Cluny son alleu sur Charolles et Hugues, le seigneur dominant, son "frère", approuve "Hoc donum laudavit frater ejus Hugo".
- A la génération suivante, nous voyons se poursuivre les liens entre les deux branches des Damas ; Hugues Damas II, fils d'Hugues Damas 1er, et Robert Damas II, fils de Robert Damas, sont tous deux présents à la donation d'un mas situé à Balbigny (Forez), faite après 1230, au prieuré de Marcigny (102) par Pétronille de Meymont, veuve de Geoffroi de Chassagnes, lors de sa prise de voile avec sa fille. Dans cette charte, Roland Chauve est qualifié de frère de Pétronille, ce qui montre que les Meymont étaient des Chauve ; mais Hugues Damas est aussi qualifié de frère de Pétronille "Qaedam domina nomine Petronilla cognomente Maitmune uxor Gaufredi de Casannes... Dedit autem ecclesiae Marciniacenci dimidium mensum quod habebat in parrochia de Balbiniaco, laudante Rolando Calvo frater suo... Testes hujus doni sunt Hugo Dalmatius frater ejus, Dalmatius Morellus, Robertus Dalmatius...". Nous savons que la sœur d'Hugues Damas II, Auxiliende avait épousé en 1113 (103), Agne de Meymont, seigneur d'Olliergues, fils d'un autre Agne et d'une Pétronille, ces derniers auraient-ils eu deux filles, l'une, une nouvelle Pétronille, la femme de Geoffroi de Chassagnes, l'autre qui aurait épousé Hugues Damas II, devenu ainsi beau-frère "frater" de la Pétronille que nous voyons entrer à Marcigny (104) ? Ici encore, on ne voit pas pourquoi Robert Damas II aurait été témoin avec Hugues Damas II de l'entrée à Marcigny de cette foréziene, s'il n'avait été le parent proche d'Hugues II.
Tous les généalogistes ainsi que M. Lainé et Marcel Canat font d'Hugues Damas I et de Robert Damas deux frères germains, ce qui est impossible puisqu'ils n'avaient pas la même mère, mais ils pourraient avoir eu le même père ou être cousins germains ce que couvrirait le terme "frater". Ada de Bissy bien qu'elle n'ait pas été de famille comtale, et qu'elle ne figure pas dans la généalogie de saint Hugues (105), pourrait avoir été une seconde femme de Geoffroi II de Semur, père d'Hugues Damas I, ou plus vraisemblablement avoir épousé un de ses frères puinés et nous pensons à Damas dont on ne sait rien (106), ce qui expliquerait, du reste, le nom de Damas porté par Robert et Hugues.
Quant à Hugues Damas, souvent appelé Hugues de Bissy, à ne pas confondre avec Hugues Damas I, seigneur de Cousan, ni avec Hugues de Bissy, le cellérier, il devait être le Hugues Damas, second fils d'Ada de Bissy, auquel on aurait donné le nom de sa mère dans les chartes n° 98 de Marcigny et 155 de Paray (107), pour ne pas le confondre avec Hugues Damas, seigneur de Cousan.
EN CONCLUSION
- Nous rejetons aussi bien l'acquisition de Cousan par les Damas à l'occasion d'un mariage Liéras, telle que la voyait Marcel Canat, que l'ascendance Centarben des Damas de Collange, comme l'a donnée le chanoine Chaume.
- Nous considérons que les Damas ne peuvent être que des Beaujeu ou des Semur. Nous aurons accordé plus de vraisemblance à la thèse Beaujeu à cause des affinités entre Beaujeu et Cousan, Ada de Bissy ayant très bien pu épouser Damas de Beaujeu, fils d'une Salornay ou en tout cas d'une mâconnaise, et beau-frère de Liébaud de Digoine, mais, le fait que Geoffroi II de Semur ait possédé le prieuré de Sail-sous-Cousan et qu'Hugues Damas, seigneur de Cousan s'identifie à Hugues Damas, son fils, de part ses propriétés charolaises et brionnaises, nous amène à reconnaître que les premiers seigneurs de Cousan étaient certainement des Semur.
- Pour nous, il ne fait aucun doute que les Damas de Collange descendent du même tronc, et nous avons pensé que Damas de Semur, fils de Geoffroi II, aurait pu être leur auteur. Comme puinés, ils avaient pu être moins favorisés, ce qui a pu créer une certaine différence de condition que nous retrouvons du reste, parmi d'autres branches issues de puinés de Semur.
Références :
(1) D'après le chanoine Chaume, l'étude présentée sous le nom de Marcel Canat de Chizy a été rédigée en collaboration avec A. Coste, O. de Poli et A. Révérend du Mesnil.
(2) LAINÉ p .1 14 et 15.
(3) ibid.p. 16.
(4) ibid. p. 17 ; CLUNY, n° 3351, t. IV, p. 447.
(5) CLUNY, n° 3801, t. V, p. 150.
(6) MACON, RAGUT (M.C.), Cartulaire de Saint Vincent de Mâcon connu sous le nom de Livre enchaîné, Mâcon, Emile Protat, 1864.
(7) CLUNY, t. IV, p. 447.
(8) SAVIGNY, t.1, p. 390.
(9) Il faut remarquer qu'à cette époque, le nom de famille des dames à l'exception de celles de familles comtales ne figuraient que rarement dans les chartes.
(10) CLUNY, t. IV, p. 447.
(11) ibid. t. V, p. 150.
(12) SAVIGNY. t. I, p. 484. Le Guichard de Beaujeu auquel il est fait allusion dans cette charte était certainement le frère et non le père de Damas qui a dû mourir vers les années 1060-1070.
(13) CLUNY, t. IV, p. 709.
(14) ibid. t. V, p. 75.
(15) MARCIGNY. N° 29, p. 25.
(16) SAVIGNY, n° 884, t. I. p. 465.
(17) PARAY, n° 60, p. 80. Le prieur Hugues aurait été prieur de Paray de 1076 à 1096 environ (MARCIGNY, p. 21, n. 1).
(18) CANAT, p. 127 et 272, n. 3.
(19) FOREZ, t. I, p. 43.
(20) SAVIGNY, n° 114, de 1020, t. I, p. 80.
(21) ibid. n° 765, de 1084 environ, t. I. p. 400.
(22) ibid. t.1, p. 465.
(23) ibid. 1.1, p. 489.
(24) CANAT, p. 65.
(25) ibid. p. 250. Là, il doit y avoir une erreur, en 1236, où il est supposé tester, Guy, fils de Blain III, aurait eu plus de 100 ans ; son oncle Arric ou Acharias, selon Marcel Canat, était présent au plaid de 1110 (SAVIGNY, n° 884), et son père au plaid de Marcilly, en 1128 environ, (SAVIGNY, n° 914, t. I, p. 489).
(26) ibid p. 250. Il s'agit de l'accord intervenu en 1195, par l'entremise de Robert V, comte d'Auvergne, entre Hugues Damas III et Agne de Meymont, concernant la seigneurie d'Olliergues, sur lequel nous reviendrons. (Texte note n° 46, infra).
(27) ibid. p. 126, n. 2 et 127. Texte pris dans P. Gras, op. cité p. 206, "Nous Guy, comte de Forez, faisons savoir... qu'Albert de Cosant, chevalier, Ponce, clerc et Girard, damoiseau, frères dudict Albert, ont confessé devant nous avoir pris et tenir en fief et hommage de l'église de Sainte Marie de Laigneu, de la prieure et du couvent du même lieu, une dîme qu'ils tiennent, possèdent dans la paroisse de Trelling... fait au mois de février 1250" (Archives de Bonlieu).
(28) ibid p.127.
(29) CLUNY, t.1, p. 149.
(30) ibid. t.1, p. 537.
(31) CANAT, p. 204.
(32) CHAME, p.284.
(33) CLUNY, t. IV, p. 517.
(34) CANAT, p. 206. GUICHENON, Histoire de la Souveraineté de Dombes, éd. Guigue, t. II, p. 149.
(35) LAINÉ, p. 18. Voir texte du contrat de mariage d'Auxiliende infra note n° 103.
(36) CANAT, p, 209.
(37) CLUNY, n° 3840, t. V, p. 199.
(38) LAINÉ, p. 113.
(39) CANAT, p. 209. Nous n'avons pu trouver cette charte de 1130, mais la charte n° 4001, de CLUNY, du 25 juillet 1128, dans laquelle son fils Robert II ratifie sa donation faite à Cluny en 1106, (Cluny, n° 3840, t. V, p. 135), nous montre que Robert était déjà mort à cette date.
(40) CLUNY, n° 4001, t V, p. 355.
(41) SAVIGNY, n° 884, t.1, p. 465.
(42) CANAT, p. 249.
(43) ibid. p. 250. Nous n'avons rien trouvé concernant ces dons dans le cartulaire de Cluny.
(44) ibid. p. 250. Marcel Canat fait ici une erreur, il s'agit de Marcilly-les-Buxy, en Chaunois.
(45) FOREZ, t. I, p. 13.
(46) LAINÉ, p. 20 n. 2, donne le texte de cette transaction d'après l'original (vol. 200 des sceaux de Clairambault), nous croyons bon de le reproduire : "Notum sit omnibus... quod Ugo Dalmatius habuit controvertiam cum Agnone de Magnomonte de castello quod vocatur Oleargues et de quibusdam terris. Deinde vero compositio facta est inter eos per manus hominum et amicorum suorum in hanc formam : silicet quod idem Ugo donavit praefato Agnoni quidquid habebat vel habere poterat in castello quod vocatur Oleargues et manso quod vocatur de Feudo. Et propter hoc, Agno dedit ei centum octoginta marcos argenti et unum equum, et accepit ab eo in feudum liberum praefatum castellum et dimidium mansum, et fecit ei hominium et juravit fidelitatem. Et Ugo Dalmatius juravit Agnoni quod hoc dominium sive hoc feudum nulli det aut vendet vel pignori supponat sive quolibet titulo alienet nisi heredi suo qui erit dominum de Cosant. Et successores utriusque partis jurent simili modo ad invicem. Hujus rei testes sunt ex parte Ugoni Dalmacii, Albertus de Cosant et filius ejus... Et hoc dixit Robertus cornes Arvemiae quod esset defensor utriusque".
(47) CANAT, p. 272 et note 3.
(48) ibid. Ici Marcel Canat a fait une confusion, l'accord de mai 1222 (Forez, t. I, p. 36) concrétise la fin des hostilités entre Guy IV et Humbert V de Beaujeu, dans lequel il est spécifié qu'Humbert remettrait à Guy IV, l'hommage de Cousan.
(49) SAVIGNY, t. 1, p. 465.
(50) ibid. 1.1, p. 400.
(51) ibid. n° 584, t. 1, p. 289.
(52) ibid. t.1, p. 489.
(53) CANAT. p. 173 et 275.
(54) LA MURE, t. I, p. 205.
(55) Voir supra note n°46.
(56) CANAT, p. 127, 128, 272-273, n. 3.
(57) ibid. p.128.
(58) FOREZ, t.1, p. 13.
(59) CANAT, p. 172-173, n. 3. M. Lainé fixe cette date (p. 22), comme nous l'avons vu, à 1216, ce qui est peu vraisemblable. Voir supra note n° 48.
(60) FOREZ, t. I, p. 36.
(61) Ce qui fut fait par traité de décembre 1224 (Forez, t. I, p. 43).
(62) CLUNY, t. IV, p. 517.
(63) ibid.n°3681, t. V, p. 34.
(64) CHAUME, p. 284.
(65) CLUNY, t. IV, p. 800.
(66) CHAUME, p. 287.
(67) CLUNY. t. IV, p. 820.
(68) CHAUME, p. 287. Voir tableau généalogique in fine.
(69) PARAY, n°54, p. 31 et n°60, p. 35.
(70) ibid. n° 155, p. 76.
(71) ibid. n° 88, p. 48.
(72) CLUNY, n° 2091, t. III, p. 285 : Voir tableau généalogique in fine.
(73) ibid. n° 3034, t. IV, p. 227.
(74) ibid. n° 3574, t. IV, p. 708 ; n° 3575, t. IV, p. 709 ; n° 3034, t. IV, p. 227 ; n° 3636, t. IV, p. 805 ; n° 3801, t. V, p. 150 ; PARAY, n° 87, p. 46.
(75) PARAY, p. 32 et 35.
(76) ibid. p. 76.
(77) Nous remarquons, dans la charte n° 60, de Paray, en tête des garants de la donation, avant Josserand et Hugues, frères de Damas, le prieur Hugues ; nous pensons qu'il s'agit du prieur Hugues de Marcigny, futur abbé de Cluny, ce qui tendrait à prouver qu'il était bien le frère d'Ada, femme de Damas, comme il est indiqué dans l'Index priorum Marciniaci (CUCHERAT, p.262).
(78) CHAUME, p. 289, faisant allusion à la charte n° 3636 de Cluny, de 1089 (CLUNY, t. IV, p. 805).
(79) Jocerand de Cypierre, le Jocerand de Copetra des chartes, était un Chauve, comme le prouvent les chartes de Paray où nous le voyons cité comme témoin : n° 69, p. 39, "Testes fuerunt, Letbaldus Calvus de Copetra" ; et n° 175, p. 87, "Testes... Letbaldus Calvus de Copetra". Selon Ed. Perroy (PERROY, p. 288), les Chauve étaient seigneurs en partie de Donzy (Sail-sous-Cousan).
(80) CLUNY, n° 3636, t. IV, p. 805.
(81) CHAUME, p. 290.
(82) MARCIGNY, n° 109, p. 79.
(83) CLUNY, n° 3840, t. V, p. 199.
(84) ibid. n° 3801, t. V, p. 150, en 1100 environ.
(85) ibid. n° 4001, t. V, p. 355.
(86) MARCIGNY, p. 25.
(87) CLUNY. t. V, p. 92.
(88) ibid. t. V, p. 150.
(89) Curieusement, nous trouvons à une génération précédente, en 988 (CLUNY. n° 1793, t III, p. 48), une autre Ada ; mère d'un autre Robert, ce qui montre que ce prénom était courant.
(90) CUCHERAT, p. 262. L'Index priorum Marciniaci a été rédigé au XVIIe siècle, par les moines de Marcigny pour servir de notice dans la Gallia Christiania, mais est arrivé trop tard pour être publié.
(91) En effet, le chanoine Chaume nous dit (CHAUME p. 288), que Josserand de Centarben, Damas de Centarben et leurs frères, "devaient être issus d'une fille de Jocerand (de Bicey) et d'Elisabeth, cette fille dont nous ignorons le nom, nous dit-il, était la sœur des trois frères Guichard, Liétaud et Gauthier de Biciaco". Or, ces trois frères étaient les oncles d'Hugues de Bissy, le cellérier (CLUNY, n° 3034, t. IV, p. 227) et donc de sa sœur Ada. Voir le tableau généalogique in fine.
(92) PARAY, n° 60, p. 35.
(93) CLUNY, t. V, p. 355.
(94) M. Lainé (LAINÉ, p. 115, n. 1), nous dit que : "Damas de Centarben était probablement frère de Josserand de Centarben... et conséquemment grand-oncle de Robert Damas seigneur de Vendenesse".
(95) MARCIGNY, n° 109, p. 79.
(96) CLUNY, t V, p. 150.
(97) M. Lainé, (LAINÉ, p. 114, n. 1), parlant de la parenté entre Robert Damas et Josserand de Centarben nous dit, "Cette parenté avait lieu soit par le mariage de Damas I (de Beaujeu) avec une sœur de Josserand de Centarben, soit par l'alliance de celui-ci avec une sœur de la femme de Liébaud l seigneur de Digoine, tante de Hugues et Robert Damas", montrant ainsi qu'il ne croyait pas qu'Hugues et Robert étaient les fils de Damas de Centarben.
(98) MARCIGNY, n° 3, p. 5.
(99) RICHARD, p. 40.
(100) ibid. Généalogie de saint Hugues, n° 1, p. 1.
(101) CLUNY, t. V, p. 150.
(102) MARCIGNY, n° 260, p. 138.
(103) Nous pensons intéressant de donner ici le texte complet de ce contrat de mariage tel que le reproduit M. Lainé (LAINÉ, p. 18) :
"Ego Agnus, filius Agnonis et Petronillae, cum consilio parentum. amicorum et fidelium meorum, assumpsi mihi sponsam dilectissimam et charissimam, nomine Auxiliendim. filiam Dalmatii et Laurentiae. ...Et ut firmus et inconvulsus ad invicem amor permaneat, dono ei in dotalitio mediatem totius terras, quae est in castellanis de Olearguis : ...firmant ex mea parte ...Ex parte autem sponsae meae, sunt laudatores et fimatores Dalmatius frater ipsius sponsae meae ...anno ab incarnatione Domini M. CXIII, 5 cal. feb. indictione vj, epacta I..." (BALUZE, Histoire de la maison d'Auvergne, t. II, preuves, p. 701, etc.).
(104) Nous remarquerons qu'Ed. Perroy (PERROY, 1.1, p. 268), se fiant à BALUZE, sans donner la référence, nous dit, qu'Hugues Damas aurait épousé Aussilient de Maymont. Ce n'était pas Auxiliende, qui était la sœur d'Hugues Damas, mais peut-être quand même une Meymont.
(105) Nous constatons que Mahaut de Chalon qui avait épousé Geoffroi I de Semur en secondes noces, ne figurait pas non plus dans cette généalogie.
(106) Dans son tableau généalogique des seigneurs de Semur (MARCIGNY, p. 240), Jean Richard nous dit, dans sa note n° 10. "On sait seulement que l'évêque Hugues II d'Auxerre (1115-1136), né au château de Montaigu d'un père appelé Damas, avait saint Hugues pour "avunculus" (Gesta pontificum Autissiodorensium, éd. Duru, dans Bibliothèque historique de l'Yonne, t. I, p. 410). Le terme "avunculus" désigne en principe le frère de la mère, l'évêque Hugues II aurait donc été le fils d'une sœur de saint Hugues, et Damas de Semur n'aurait, pas été le seigneur de Montaigu, mais peut-être le mari d'Ada de Bissy.
(107) MARCIGNY, p. 70 ; PARAY, p. 76.
PRINCIPALES SOURCES :
- CANAT : CANAT de CHIZY (Marcel). La baronnie de Cousan d'après des documents authentiques, dans Ancien Forez, t. I, 1883, p. 7 à 10 et suite.
- CHAUME : CHAUME (Maurice). Les origines de la maison de Damas, dans Recherches d'histoire chrétienne et médiévale (Mélanges Chaume), Dijon, 1947, p. 284à 291.
- CLUNY : BERNARD (Auguste), BRUEL (Alexandre), éd. Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny, Paris, imprimerie Nationale, 1876-1903. 6 vol. in-4°. Coll. de documents inédits sur l'histoire de France. 69.
- CUCHERAT : CUCHERAT (F.). Cluny au XIe siècle, 2e éd. Autun, 1873.
- FOREZ : GUICHARD (G.), NEUFBOURG (Cte de), PERROY (Ed.), DUFOUR (J.E.). Chartes du Forez antérieures au XIVe siècle, Mâcon, 1933-1980, 24 vol.
- LAINÉ : LAINÉ (M.). Généalogie de la maison de Damas, Paris, Béthune et Plon, 1836, 264 p. in-12.
- LA MURE : LA MURE (Jean-Marie). Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, éd. Chantelauze, Lyon, 1860-1868. 4 vol., in-4°.
- MARCIGNY: RICHARD (Jean). Le Cartulaire de Marcigny-sur-Loire, 1045-1144 : essai de reconstitution d'un manuscrit disparu. Dijon, 1957, 260 p. (Analecta burgundica).
- PARAY : CHEVALIER (Le chanoine Ulysse). Cartulaire du prieuré de Paray-le-Monial, Paris, Picard, 1890, XX-220 p., in-8°, (Collection des cartulaires dauphinois, VIII, 2).
- PERROT: PERROY (Edouard). Les familles nobles du Forez au XIIIe siècle, essai de filiation, Centre d'Etudes Foréziennes, St-Etienne, 1976, 2 vol.
- RICHARD : RICHARD (Jean). Les premiers Damas, dans congrès A.B.S.S., Mâcon, juin 1963.
- SAVIGNY : Cartulaire de Savigny, suivi du petit cartulaire de l'abbaye d'Ainay, publié par A. Bernard, Paris, 1853, 2 vol. in-4° (Documents inédits).