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L'habitat au bourg et dans les hameaux de Chauffailles

Chauffailles en 1829, hameau de Villon


A. Habitat au bourg

Une carte postale adressée de Chauffailles, le 19 décembre 1908, à l'historien annécien Charles Marteaux montre l'état de la ville au début du XXe siècle. Encore peu développée, elle comporte, autour de l'église, le quartier ancien, qui, vers le Nord, ne dépasse pas l'école de garçons ; à l'Est, le collège (encore existant), est presque solitaire, au milieu des jardins, et le fond de la vallée du Botoret n'est tapissé que de prairies ; son versant méridional n'apparaît peuplé que de rares écarts, et l'enclos du château est presque totalement isolé. La ville nouvelle s'étend surtout le long de l'axe Est-Ouest, correspondant au "Grand chemin", d'où une voie perpendiculaire monte à la gare. A l'Ouest de l'église et de la place de l'Hôtel de Ville, la masse du couvent des Religieuses de l'Enfant-Jésus se détache des maisons basses qui l'enserrent. C'est au Sud-Est seulement, le long de la nouvelle route des Echarmeaux, que l'extension du faubourg commence de battre son plein.

De l'habitat antérieur à 1900 et à la poussée contemporaine, on retiendra surtout les quatre maisons qui s'échelonnent le long de l'actuelle avenue de la Gare, et surtout parce qu'elles sont liées à l'histoire sociale et familiale de la cité. On y ajoutera, comme exemple de complexe industriel non dénué d'originalité, le groupe de constructions des établissements Van de Walle, inséparable lui-même de l'expansion de Chauffailles entre les deux guerres mondiales.

1. Avenue de la Gare, n° 1 bis (en face de l'Hôtel de la Paix)

Cet immeuble, comprenant une porterie, est une "ancienne annexe de l'Hôtel Gueneau", ainsi que l'indique une inscription de façade a peine lisible. Il était en 1829 la propriété d'Antoine Barbier, domicilié au bourg. Négociant de son état, celui-ci décéda le 8 avril 1836, à l'âge de 56 ans ; Claude-Marie Barbier, son neveu, âgé de 27 ans, fut témoin de l'acte d'état civil ; Frédéric Ravier était alors maire de Chauffailles. Le défunt était l'époux de Jeannette Thomachot. On notera toutefois qu'un autre Antoine Barbier, fils de Benoît, était décédé à l'âge de 46 ans, le 25 Janvier 1832, au domicile de son épouse, qui avait nom Antoinette Barbier ! Jean-Marie Suchet, banquier à Thizy (Rhône), acquitte, pour l'année 1846-1847, les taxes afférentes à l'immeuble porté dans la matrice cadastrale du XIXe siècle sous le numéro B 226.

La façade sur rue du logis est pourvue de deux lucarnes du même type que celles qui se voient, avenue de la Gare, aux numéros 20 et 43 ; on peut en déduire que les constructions sont rigoureusement contemporaines.

2. Avenue de la Gare, n° 3 (Sud de la rue) ; section B 167-168 du cadastre du XIXe siècle

Cet immeuble a appartenu au notaire Chignier et à sa veuve, née Chamfray ; il a conservé sa petite façade étroite, encastrée dans l'alignement des immeubles bordant l'avenue de la Gare.

Ennemond-Charles-Ferdinand-Eugène Chignier, fils de Jacques, notaire à Chassigny-sous-Dun (décédé le 1er juin 1844, âgé de 54 ans, à Chauffailles), et de Marie-Marguerite-Eugénie Bertrand, était né à Chauffailles le 17 juillet 1822, et décéda notaire honoraire en cette ville à l'âge de 64 ans, le 17 août 1886. Ce fut l'un des gros propriétaires fonciers de la commune de Chauffailles : le 5e pour l'année 1878, Joseph-Alexandre Chamfray étant inscrit en tête. Il avait épousé en premières noces Alexandra Rollet, et Justine Perraud en secondes noces ; c'est après la mort de cette dernière (4 février 1861) qu'il se remaria pour la troisième fois, le 30 octobre 1861, à Chauffailles (contrat de mariage signé le même jour, par-devant Me Dubreuil, notaire à Saint-Igny-de-Roche), avec Jeanne-Françoise Chamfray, fille de Jean-Louis, qui fut Maire de Chauffailles, et de Marguerite Berger ; Jeanne-Françoise Chamfray était, elle-même, veuve d'Alexis-Benoît Villeret, décédé le 4 janvier 1852, à Cours (Rhône). Les témoins du mariage Chignier-Chamfray étaient selon l'acte d'état civil, au nombre de six : François-Etienne Chamfray, 40 ans, négociant à Chauffailles, beau-frère du futur ; Joseph-Alexandre, 26 ans, négociant, cousin germain de la future ; Prosper Chavanis, négociant, 51 ans ; Antoine Michel, "prêtre honoraire", 55 ans ; Jules Perret, percepteur, 58 ans ; Jules Berry, pharmacien, 47 ans ; les quatre derniers n'étaient pas parents des époux.

Les matrices cadastrales de la commune de Chauffailles inscrivent, à partir de 1902, le nom de "Paillard-Boisse Claude-Marie", domicilié Avenue de la gare, lequel deviendra également propriétaire, entre 1902 et 1912, de parcelles cadastrales voisines.

Haute de deux niveaux, au-dessus d'un rez-de-chaussée à usage commercial ou affecté à des bureaux, la façade sur rue est creusée, à chaque étage, de deux grandes fenêtres rectangulaires ; les baies sont plus petites sous la corniche richement moulurée, mais leurs encadrements de pierre sont soignés, comme au premier étage.

De l'autre côté de la rue, et à peu près à la même hauteur, l'ancienne parcelle cadastrale B 216 a été successivement la propriété de Claude Guilloux (1), puis de François-Etienne Chamfray, fils d'Antoine-François et de Michelle Berger, qui étaient domiciliés à Châteauneuf. François-Étienne Chamfray (1821-1904) épousa le 24 mai 1846, à Chauffailles, Claudine-Anne-Mélina Chignier, fille du notaire Jacques et de Marie-Marguerite-Eugénie Bertrand, et donc sœur du notaire Ennemond-Charles-Ferdinand-Eugène. De cette union naquit le 9 mai 1848 Antoinette-Marguerite-Eugénie, qui épousa le 27 janvier 1865 Jean-Pierre Collonge, commis-négociant à Chauffailles natif de Monsols (Rhône).

(1) Un Claude Guilloux ou Guilloud est maire de Chauffailles en l'an 12 ; les mêmes nom et prénom sont portés par un ancien notaire, époux de Philiberte Circaud, qui, né à La Clayette, décéda à Chauffailles le 11 juillet 1838, âgé de 80 ans.

3. Avenue de la Gare, n° 20 ; section B 179 de l'ancien cadastre ; tènement B 177 à 179, avec jardin

Dans la matrice cadastrale de Chauffailles dressée en 1829, cette belle demeure est inscrite au nom de Vincent Duperron, épicier. L'immeuble semble être resté aux mains des héritiers Duperron jusqu'en 1889 ; les taxes foncières sont acquittées, successivement par Henry-Amable de Dreuille, domicilié à Roanne (Loire) (1850-1851), Etienne Gattard (1859), Jean-Pierre et Claude Marie Gattard (1866-1867), Jean-Pierre Gattard (1872-1873), tous domiciliés à Chauffailles, et Marie Couturier enfin, domiciliée à Thizy (Rhône), pour l'année 1883-1884.

La famille Duperron semble être issue de Saint-Germain-la-Montagne (Loire), commune rurale proche de Chauffailles. Benoît Duperron, né à Saint-Germain-la-Montagne, décéda au bourg de Chauffailles le 27 mars 1820, âgé de 75 ans, et veuf de Nicole Malherbe, laquelle était née à Paray-le-Monial d'Antoine, marchand en cette ville, et de Marie Desroches, décédée à Chauffailles le 14 juin 1818, à l'âge de 53 ans. Il est qualifié "d'ex-notaire" lors de son décès.

Benoît-Vincent Duperron, dont il n'est pas possible de préciser la parenté avec le précédent, et Claudine Colomb, son épouse, sont respectivement âgés de 39 et 35 ans lors du décès, le 19 avril 1834, d'Antoine-Marie Duperron, leur fils âgé de 16 ans ; le père est dit "épicier" (1) ; il s'agit donc bien du propriétaire de l'immeuble B 179. Des époux Duperron-Colomb procéda Benoît-Vincent, né le 19 mars 1817 (Claude Guilloud, adjoint, signe l'acte d'état civil), mais ne parait pas s'être installé à Chauffailles.

(1) Benoît-Vincent Duperron avait été déclaré en état de faillite par jugement du Tribunal de commerce en date du 19 mai 1835 (Archives de Saône-et-Loire, 6 U 978) ; la liquidation des biens était achevée à la date du 12 septembre 1844.

L'ancienne maison Duperron est encore l'une des plus marquantes de l'Avenue de la Gare. Le logis principal, rectangulaire, borde l'avenue au Sud ; élévé sur deux niveaux, il est ajouré sur la rue, au rez-de-chaussée, par une porte médiane que flanquent, de chaque côté, deux fenêtres rectangulaires ; cinq fenêtres du même type se superposent, à l'étage, aux percements du rez-de-chaussée ; une corniche richement moulurée souligne la toiture d'ardoises à la Mansart d'où pointent, à sa base, trois lucarnes à encadrements rectangulaires et petits toits à trois pans, surmontés chacun d'un épi de faîtage à boule.

L'immeuble est prolongé, à gauche et dans le même alignement sur rue, par un pavillon haut d'un étage seulement, sous toiture basse ; cette extension, distraite de la propriété principale, semble être devenue autonome ; à gauche, un bref pavillon de rez-de-chaussée, accolé de même, est creusé, dans sa façade sur rue, par une fenêtre rectangulaire ; une toiture à trois pans le couvre.

A la droite de ce bâtiment s'appuie le portail d'entrée, s'ouvrant sur la terrasse du Sud-Ouest et le parc ; les vantaux de fer de la porte s'accrochent à deux forts pilastres, retraités à leur sommet

4. Avenue de la Gare, n° 43 (Nord de la rue) ; section B 196-197 de l'ancien cadastre

Cet immeuble de caractère bourgeois appartient en 1829 à Benoît-Marie Sabatin, avocat. Fils de Côme et de Gabrielle Aulas, anciens propriétaires à Chassigny-sous-Dun, Benoît-Marie Sabatin épousa le 1er juin 1812, à Chauffailles, Adélaïde Vallory, née en janvier 1792, à Mussy-sous-Dun, de Jean-Marie Vallory, notaire à Chauffailles, et de Claudine Geoffroy ; l'époux était âgé de 46 ans, la jeune épouse de 20 seulement ! La cérémonie du mariage dut connaître un certain retentissement, si l'on en juge par la qualité des témoins choisis par les époux : Pierre M. Deville, bourgeois, âgé de 60 ans ; Claude-Anne Geoffroy, avocat à La Clayette, 51 ans ; Jean-Baptiste Sabatin, percepteur à Chauffailles, 42 ans ; François Vallory, maire de Montmelard, 48 ans ; le premier témoin n'était autre que le propriétaire du château de Chauffailles. Les époux Sabatin-Vallory décédèrent, le premier, le 14 février 1830 au domicile de l'épouse ; la seconde, le 7 septembre 1844. De leur union étaient issus Jeanne-Émilie-Adélaïde, née le 19 mai 1813 (le premier témoin de l'acte d'état civil est Jean-Marie Vallory, notaire impérial à Chauffailles, distinct du précédent et âgé de 42 ans), puis Caroline, née le 22 août 1814, et Benoît-Colomb-Elie, né à Chauffailles comme ses sœurs, le 28 août 1815 ; ce dernier épousera le 23 mars 1854, à Mussy-sous-Dun, Jeanne-Marie Corneloup (voir ci-après, Commune de Mussy-sous-Dun ; domaine des Murgers) ; un dernier frère, Jean-Louis né vers 1818, devait décéder à "Montégut", célibataire et rentier le 22 décembre 1881, à l'âge de 63 ans.

La façade sur rue de l'immeuble Vallory-Sabatin s'encastre aujourd'hui dans l'alignement des façades des immeubles voisins, qui semblent plus jeunes. Le logis, du même type que celui qui lui fait presque face, au n° 20 de l'Avenue, est cependant plus étroit ; haut de deux niveaux, il est creusé, au rez-de-chaussée, de deux portes inégales et d'une fenêtre à droite ; à l'étage, de trois fenêtres ; tous ces percements sont rectangulaires. Deux lucarnes à encadrement rectangulaire de pierre, protégées par des petites toitures à trois pans que coiffent des épis de faîtage, pointent de la partie basse de la toiture principale à la Mansart, couverte en ardoises et en tuile.

5. Un exemple d'établissement industriel chauffaillon : l'entreprise de textile Van de Walle

Historique : C'est quelques années après la mort de son mari, industriel à Chauffailles (7 janvier 1914), que Madame Casimir-Joseph Dumoulin, née Marie-Antoinette Reynier (octobre 1859, à Batna, "province" de Constantine, Algérie), agissant conjointement et indivisément avec sa fille, Marie-Françoise-Élisabeth, née à Paris le 8 août 1881, signa le 1er juillet 1921 avec Louis-Charles Van de Walle, né le 6 septembre 1888 à Berchem-les-Audenarde (Belgique), et pour lors propriétaire et industriel à Saint-Igny-de-Roche, un traité de constitution de Société sous la raison sociale "Dumoulin-Reynier-Van de Walle" ; cet accord avait pour objet "la fabrication et tissage de la soie, laines, cotons", dont le siège serait à Chauffailles, "usine dite du Château ou des Etangs", et comprenant "ateliers de tissage, bâtiments d'habitation, cours, jardins, pré, étangs, béal (soit bief), prise d'eau ...", y compris le matériel d'exploitation. L'apport des dames Dumoulin mère et fille représentait une valeur de 130.000 francs ; de son côté, M. Van de Walle, futur gestionnaire et administrateur de la Société, et seul détenteur de la signature sociale, faisait une mise de 50.000 francs. Les deux parties s'engageaient pour une durée de 9 ans à compter du 1er juillet 1921 ; le contrat était renouvelable à dater du 1er juillet 1930.
Mais, avant même l'expiration de celui-ci, la Société Dumoulin-Reynier-Van de Walle était transformée en Société à Responsabilité Limitée, régie par la loi du 7 mars 1925, avec augmentation du capital social porté à 232.000 francs, et répartition des 2320 parts entre Mmes Dumoulin (1400 parts), Louis-Charles Van de Walle et Georges-Emile Van de Walle, nouveau membre associé ; l'acte fut passé par-devant Me Bourgeon, notaire à La Clayette, le 28 mars 1928, après dépôt, le 26 mars précédent, en cette étude, de l'un des quatre originaux de l'acte sous seing privé de 1921. La nouvelle SARL garderait le même objet, le même siège social, au même lieu, pendant une durée de 9 ans, à dater du 1er mai 1928. Mme Dumoulin avait même consenti la cession supplémentaire d'une parcelle de pré sise à Chauffailles, au lieu-dit du Château ou de Laval ; d'une surface de 30 ares 59 ca (section A 39p du relevé cadastral de la commune), celle-ci était limitée, au Nord, par le restant du pré Dumoulin, à l'Est, par l'allée du château, au Sud, par les immeubles de la Société transformée, à l'Ouest, par le pré Lacombe ; estimée 20.000 francs elle provenait de la communauté de biens réduite aux acquêts qui avait existé entre les époux Dumoulin et Reynier (1). Toutefois, dès le 7 mai 1928, Madame Dumoulin et sa fille se retiraient de la Société Dumoulin-Reynier-Van de Walle ; elles signèrent, par-devant Me Bourgeon, la cession des 1400 parts sociales qu'elles détenaient et qui seraient réparties entre Louis-Charles Van de Walle (390) et Georges-Emile Van de Walle (1010).
Enfin, moins d'un an plus tard, MM. Van de Walle, "comparants et seuls membres actuels de la SARL", signaient le 5 avril 1929, par-devant Me Armand Pascal, notaire à Roanne, assisté de Me Lorton, notaire à Chauffailles, une nouvelle augmentation de capital et la prorogation de la durée de la SARL de 50 années, à compter du 1er juillet 1930, soit jusqu'au 30 juin 1980. Deux nouveaux membres associés y apportaient un capital social immobilier évalué à 600.000 francs : Mme Gabrielle-Jeanne-Joséphine Villard, veuve de Michel Favier, "propriétaire rentière" domiciliée à Roanne, 44, Avenue Gambetta, et Melle Renée-Marie-Claudine-Augustine Favier, célibataire. L'apport immobilier comprenait une partie de l'immeuble de la rue Gambetta (section D 2922p), et, à Charlieu (lieu-dit aux Cordeliers), des "bâtiments industriels à usage de tissage mécanique et de cotonnade, cour, cheminée monumentale, pièce d'eau, aisances et dépendances", d'une superficie de 3594 m2 97 (section cadastrale C 1046p). M. Louis-Charles Van de Walle demeurait le seul gérant des nouveaux biens (Archives de Saône-et-Loire, 4U 823).

(1) M. Dumoulin en avait fait l'acquisition de Melle Julienne Foussemagne, célibataire, et de Camille-Théophile-Benoît Foussemagne, receveur-buraliste à Ébreuil (Allier) (acte reçu Me Farges, notaire à Chauffailles, 28 février 1896).

Le nom de l'industriel Louis-Charles Van de Walle est encore attaché à la fondation de la Société "Desbois et Cie" : fabrique et vente de coton, dont le siège social était à Saint-Maurice-les-Châteauneuf. Selon les statuts, M. Joannès Desbois, mécanicien, né à Châteauneuf le 13 juin 1880, faisait l'apport d'un terrain de 600 m2 environ, sis au lieu-dit Choultant (section B 421 du relevé cadastral de la commune de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf) ; le terrain "en forme de clé", confinant au Sornin et au bief ou béal qui limitait le moulin de M. Desbois, était estimé 1200 francs ; à cet apport s'ajoutait une somme de 10.000 francs ; M. Van de Walle apportait de son côté 11.200 francs. Mais, dès 1927, la Société changeait sa raison sociale et devenait "Longhi et Cie" (Archives de Saône-et-Loire, 4U 824).

Description

Logis d'habitation : L'usine et les ateliers Van de Walle, qui ont fonctionné jusqu'à une date relativement récente, occupent la pointe de l'angle aigu constitué par le carrefour de la rue de Verdun et de l'avenue Charles Rousset. L'entrée de la partie privée du domaine est signalée par une croix routière. L'immeuble d'habitation, dont la façade principale (Ouest) donne sur une cour intérieure, est une maison d'allure cossue, haute de trois niveaux, sous toiture à quatre pans que redresse, sur la façade principale un petit fronton triangulaire médian, coiffant un avant-corps étroit et très légèrement saillant, dans lequel s'inscrivent, niveau par niveau, une porte et une fenêtre à linteau en segment de cercle, et, à l'étage supérieur, une fenêtre rectangulaire. Ces trois percements principaux sont encadrés, de chaque côté, par deux baies, légèrement cintrées au rez-de-chaussée, rectangulaires aux deux niveaux supérieurs. Des chaînages d'angle saillants marquent les arêtes de la façade, divisée horizontalement par deux bandeaux tabulaires, tandis qu'une corniche plus forte souligne la toiture très basse. Un bâtiment de dépendances bas fait retour d'équerre, au Sud.
L'accès à la cour et au logis s'effectue, de la rue, par une porte étroite en plein cintre, à piédroits et voussure redentés.
La Municipalité de Chauffailles a tenu à perpétuer le souvenir de la famille Van de Valle en affectant ce patronyme à l'une de ses avenues, interposée entre la rue Gambetta et l'avenue du Château, dans le prolongement de la rue Alexandre Prévot (Ouest) et de l'avenue Dumoulin (Est).

Postérieurs au cadre chronologique de la collection Histoire et Monuments, les bâtiments industriels et les ateliers représentent une intéressante expérience d'harmonisation et d'intégration d'édifices de cette catégorie dans une structure urbaine pré-constituée. Construits entre les deux guerres mondiales, ils juxtaposent un grand atelier rectangulaire modérément élevé, qu'éclaire une suite de fenêtres à linteaux en arc segmentaire et encadrements saillants soigneusement chaînés, et dont la toiture est constituée de treize pans agencés en chevrons irréguliers, arrêtés, du côté de la rue de Verdun, par des frontons en dents de scie basculés, et, dans son prolongement direct, un immeuble en trapèze irrégulier occupant la pointe du carrefour. Strictement panneautée sous une corniche fortement saillante, cette seconde section est couverte par une originale toiture de quatre segments de cylindre juxtaposés. Au côté Est du bâtiment rectangulaire s'accole une aile de bureaux rectangulaire, prolongée au Midi par un chevet à trois pans et plus largement ajourée, tandis qu'à l'opposé, le petit côté de façade est surmonté d'un fronton en escalier rappelant curieusement ceux de certaines maisons flamandes ; on ignore si ce rappel était intentionnel.
Hors œuvre au Nord-Est s'élève encore la haute cheminée de briques à section circulaire.

Pour mémoire : autres ensembles d'habitat à caractère industriel. Parmi les nombreux ateliers créés dans le périmètre urbain de Chauffailles, on retiendra notamment, à titre d'exemples, les immeubles suivants :

Immédiatement au Sud des établissements Van de Walle, soit au Sud-Est du carrefour de l'Avenue Charles Rousset et de la rue de Verdun (au Nord du Foulon), le logis d'habitation rattaché à l'usine attenante s'apparente quelque peu à la maison Van de Walle ; disposé de même, sur lui s'appuie, à l'Est, un bâtiment plus bas, en rectangle allongé, qui pénètre en retour d'angle les ateliers, couverts de toits en chevrons irréguliers.

A l'entrée occidentale du bourg de Chauffailles, en face de l'ancienne usine de Vitron, reconnaissable à ses ateliers très allongés, couverts de quatre toits principaux d'un seul tenant en chevrons irréguliers, le Musée du tissage occupe un important bâtiment avec maison de maître surplombant la RD 985, et délimité, du côté du Nord, par la RD 316 se dirigeant sur Mussy-sous-Dun. De plan rectangulaire allongé, le logis d'habitation s'élève sur trois niveaux creusés, en façade Sud, d'un rythme régulier de sept percements rectangulaires par étage. Les quatre pans de la toiture sont surélevés, en leur milieu, par quatre pignons triangulaires opposés, à l'intérieur de chacun desquels a été creusée une fenêtre rectangulaire sous comble.

De l'ancienne Fabrique de soierie de La Caille, alignement d'habitat composite, ne subsiste, semble-t-il, que l'extrémité occidentale, constituée d'un logis en rectangle court, implanté selon un axe Est-Ouest et couvert d'une toiture à la Mansart avec épi de faîtage, et d'un second bâtiment d'habitation qui s'y appuie en équerre au Nord ; à l'angle intérieur est insérée une tour ronde, coiffée d'une poivrière d'ardoises aiguë. Ce logis, donnant sur la cour intérieure, est prolongé dans son axe par ce qu'il reste des anciens ateliers.
Une file de trois logements bas s'accole, de l'autre côté, à la face méridionale du premier logis. Le tout ne manque pas de pittoresque.

B. Domaines extérieurs (notes et relevés sommaires)

La commune de Chauffailles avec ses 2263 hectares de superficie, est de loin la plus vaste du canton. Autour du chef-lieu, à la forte densité de population, sont disséminés de nombreux écarts d'origine plus ou moins ancienne, disposés en couronne du Nord-Ouest au Nord-Est, et faciles à grouper en quatre secteurs bien déterminés ; certains ont été le berceau de familles notables de la ville, dont l'une a même laissé son nom au hameau des Jolivets. En leur état actuel, ils se composent, pour la plupart, d'un ou deux domaines ruraux d'allure imposante, bâtis de grès dur et de granite, mais aucun de ceux-ci ne semble antérieur au XIXe siècle, période de la plus forte expansion industrielle du bassin du Botoret. On évoquera sommairement ici les plus typiques, ou les plus représentatifs de l'histoire des familles, dans l'ordre où les présente leur disposition géographique, les plus beaux étant ceux du secteur Nord-Est, par lequel on terminera.

1. Nord-Ouest

La Bruyère. Le fief de la Bruyère était, en 1560, possédé par Claude de Joux, encore cité en 1570 ; après le décès de ce seigneur, en 1581, sa fille porta la terre dont elle avait hérité à Gérôme Geoffroi, seigneur de Dinechin ; mais, « ayant à se libérer d'une saisie mise sur les biens paternels par Mathurin Bullion, cette dame vendit La Bruyère, en 1601, et pour 16.000 liv., à Claude Fougeard, seigneur d'Avaise » (Mgr Rameau, Les anciens fiefs du Mâconnais, ms .) ; la fille de ce dernier, Éléonore, héritera du fief et le portera à Antoine de Foudras, seigneur de Courcenay, son époux en premières noces, puis, en secondes, à Antoine Nioly, écuyer, seigneur du Petit-Bois, gendarme de la Compagnie du Roi (Archives de Saône-et-Loire. B 955 et 1053 ; E 622, cotes citées par Mgr Rameau).
Lors du relevé cadastral de la commune de Chauffailles en 1829, trois petits domaines groupés côte à côte occupent le hameau dit des Bruyères. D'Ouest en Est, les parcelles A 755-757, A 753 et A 751-754 sont possédées respectivement par Jean-Marie Lamure, Jean Verchère et Jacques Dumoulin.
L'ensemble de ces parcelles ne constituait plus, à partir de 1910, que deux domaines, Jacques Laroche-Jolivet ayant regroupé sous son nom les parcelles A 753 à 755, A 763, 766 et 768.

Mussey. Domaine sis au Sud du hameau, non loin et à l'Est du chemin de Chauffailles à La Bruyère ; tènement A 1012 à 1017.
François Androt, domicilié à Belmont, est propriétaire jusqu'en 1854 du beau domaine rural "Au Mussey", dont les taxes sont acquittées en 1853-1854 par Benoît Duffy, de Varennes-sous-Dun, puis, en 1872-1873, par François Thevenet, fermier à Varennes-sous-Dun.
Le logis, porté "incendié", a du être reconstruit au milieu du siècle dernier.
Dans un environnement pastoral légèrement vallonné, cet ensemble domanial est constitué par une maison-bloc quadrangulaire, sous toiture à quatre pans aigus de petites tuiles plates. L'édifice comporte deux niveaux de percements rectangulaires en façade principale Est, et ajouré, de plus, par de très petites baies à l'étage du comble. Le logis est encadré latéralement par deux corps de bâtiments hors œuvre, bas et allongés, qui délimitent une cour intérieure. Belle prairie, dite "La Grande Terre", en contrebas.

Mazoncle-le-Haut. En bordure et au Nord de la RD 8, à la partie supérieure de Mazoncle-le-Haut, se remarque un domaine postérieur au cadastre de 1829, mais toujours bien appareillé et de sobre facture rustique. Il est constitué d'un logis rectangulaire élevé sur deux niveaux (rez-de-chaussée et étage), couvert d'un toit à deux pans d'où pointent, au-dessus de la façade principale au Midi, deux lucarnes protégées chacune par un petit toit à deux pans formant auvent. Dans le même alignement à l'Est, bâtiment plus bas, à usage de dépendances, sous toiture à deux pans, avec grande porte charretière à linteau droit s'ouvrant sur la cour.

2. Sud-Ouest

Laval. Le beau tènement F 611 à 627, qui, lors de la levée du cadastre de 1829, s'étendait jusqu'au chemin de Volaille et Ventrigny à Chauffailles, a appartenu, jusqu'en 1850, à Jean-Marie Thivin. Il est, à partir du milieu du XIXe siècle, divisé entre Laurent Gelin et Benoît-Marie Thivin, tous deux portés domiciliés à Laval, et Claudine-Baptiste Thivin, religieuse à lyon. Il sera réuni de nouveau,de 1873 à 1909, entre les mains de Claude-Marie Laroche-Gelin. A partir de 1909 sont indiqués, dans la matrice cadastrale de Chauffailles, les noms de Jean-Marie Verchère-Laroche et de Jacques Laroche-Jomain, tous deux domiciliés à Mussy-sous-Dun.
La parcelle bâtie F 616, comportant un logis principal, implanté parallèlement, borde un chemin d'accès détaché de la route qui monte de Chauffailles vers Montchéry, surplombant en terrasse le cours du Botoret et les vallonnements de prairies demeurées intactes de ce côté ; du côté Ouest, et en allant vers Montchéry au contraire, de nombreuses constructions enserrent maintenant le domaine originel, en s'étageant toujours plus haut sur le versant méridional du bassin.
Le logis d'habitation est une construction massive et d'allure rustique, appareillée de moellons irréguliers, mais avec des encadrements des portes et fenêtres plus soignés, en calcaire jaune : il s'élève sur un plan rectangulaire, perpendiculairement au chemin d'accès. Le petit côté du bâtiment n'est ajouré que d'une fenêtre ; la façade principale est au Sud ; à l'opposé, un escalier extérieur donne accès à l'étage légèrement surélevé ; parallèle au mur du logis, il abrite une entrée de cave en plein cintre. La maison est couverte d'une toiture aigüe à quatre pans, qui n'englobe pas une extension sommaire, dans le prolongement du logis, mais plus récente et de plus faible hauteur que l'œuvre principal.
La façade méridionale du bâtiment d'hébergeage implanté au Nord est ajourée de plusieurs percements rectangulaires, au nombre desquels un grand portail flanqué, à sa droite, d'une porte plus petite et, à gauche, de dégagements de caractère utilitaire, mais qui, tous, comportent des encadrements de pierre calcaire jaune. Une ruelle très étroite sépare le pan Nord de ce bâtiment de 1'immeuble voisin, postérieur, à l'aspect de chalet montagnard.

La Chize. Le domaine rural implanté en vis-à-vis de la croix routière citée ci-dessus, et correspondant à l'ancienne parcelle cadastrale E 962, est inscrit dans la matrice cadastrale correspondante au nom de Dominique Chaumont, domicilié à La Chize. Barthélémy Chaumont en devient propriétaire à partir de 1854. La parcelle cadastrale semble avoir été, par la suite, divisée : André Danjoux, domicilié à La Chize, est en effet porté, pour partie, propriétaire de la parcelle E 962 entre 1863 et 1913 ; Jean-Louis Danjoux l'est à partir de 1913. Une construction nouvelle est en tout cas signalée vers les années 1862-1875, dans la matrice cadastrale, à ce même numéro.

3. Sud-Est

Monnet. A l'extrémité Ouest de ce secteur, ce domaine implanté parallèlement et à l'Est de la RD 71 est signalé, à son entrée extérieure, par une croix de pierre érigée en 1861 par Claude Batty. Le logis, donnant sur cour intérieure, est disposé selon un axe perpendiculaire à la route. D'allure bourgeoise, c'est une grosse maison-bloc, barlongue, élevée sur deux niveaux, et couverte d'une haute toiture à quatre pans aigus de petites tuiles plates, très légèrement débordante. Le rythme des percements rectangulaire est très régulier : deux fenêtres à chaque niveau sur le petit côté Ouest ; quatre ouvertures à chaque niveau sur la façade principale, dont une porte de rez-de-chaussée. Le logis est prolongé, à l'Est, par un bâtiment de dépendances bas et allongé, creusé d'une grande porte charretière à linteau droit ; un ancien puits a été conservé dans la cour, à proximité de la façade méridionale du logis.

Villon. La Grande Terre : Sur la "Grande Terre" de Villon sont représentés, au relevé cadastral de 1829, deux immeubles (E 227 et E 228), implantés de part et d'autre de la petite route d'accès au moulin alimenté par le Botoret (E 225). Antoine Dumoulin, domicilié à Durette (commune de Quincié, Rhône), possédait à cette date le tènement E 222 à 227, englobant le moulin ; la veuve de Jacques Aucourt, domiciliée à Villon, était propriétaire du tènement E 228 à 231, comportant une vaste construction en équerre sur la parcelle E 228. La famille Dumoulin devint, progressivement, à partir de 1856, propriétaire des deux domaines dorénavant réunis ; Jean-Baptiste Dumoulin, employé de commerce à Paris, en acquittait les taxes foncières en 1884-1885 ; Jean-Louis Dumoulin, propriétaire à Durette, en 1896-1897 ; Marie-Antoinette Dumoulin, "femme Dumoulin Jean-Marie à Durette", en 1902.

Note sur la famille de Villon : La suite de chartes relatives à la donation du "lieu" de Crosan (aujourd'hui la Montagne Saint-Cyr) à l'abbaye de Saint-Rigaud d'Avaize mentionne deux souscripteurs du nom de Villon ; l'un, Girbaud ; l'autre, Rainier ; on ignore s'ils étaient parents, et quelle pouvait être cette parenté (Archives de Saône-et-Loire, H 142, Année 1017).
Après Etienne de Villon, dont on ne sait rien de plus, Jean de Villon est, en 1362, cité comme "châtelain de Châteauneuf" et accusé d'avoir tué un habitant de ce bourg (H. De Chizelle, Le Brionnais, p. 108). Un Jean de Villon, fils d'Alix d'Amanzé, avait en 1265 rendu hommage "au duc Hugues IV (de Bourgogne) pour sa maison d'Amanzé... et pour Villon, de la châtellenie de Châteauneuf en Mâconnais, dont le château est ruiné sur le haut de la montagne ; on a rebâti au bas" (Courtépée, Description du duché de Bourgogne, tome III, p. 118). Il ne semble donc pas que la famille de Villon ait possédé un château dans la paroisse de Chauffailles. Elle disparaît de la région dans le cours du XVIe siècle.

4. Nord-Est

Les Jolivets. Deux domaines ruraux sont représentés, en plan, au relevé cadastral de 1829 ; le premier (C 761 à 766), sur la gauche en montant, et après avoir passé la croix routière, était, lors du relevé cadastral du XIXe siècle, la propriété de la veuve de Jean-Marie Lamure ; il fut transmis, en 1874, à Antoine-François Lamure et, à partir de 1911, à Jean-Pierre Lamure. Tous étaient domiciliés aux Jolivets ; Antoine-François Lamure, fils de Gilbert et de Françoise Duvernay, fut témoin, à l'âge de 37 ans, de l'acte de décès de son frère Auguste, décédé aux Jolivets le 30 mars 1871, cultivateur célibataire, âgé de 19 ans ; Félix Lamure, âgé de 27 ans et frère des précédents, est le second témoin de l'acte.
Le second, à droite de la route, était en 1829 la propriété de Jean-Marie Jolivet. Appartenant au tènement, la parcelle cadastrale C 751 fut démolie en 1843 ; mais il subsiste encore aujourd'hui, sur l'ancienne parcelle cadastrale C 750, l'immeuble rural flanqué de son petit four à abside. La famille de Jean-Marie Jolivet a conservé le domaine jusqu'en 1890 ; de 1890 à 1907, il est inscrit au nom de Benoît Laroche-Jolivet, domicilié à Revol.
Le premier domaine comporte un vaste logis d'habitation qui paraît avoir été agrandi à son extrémité Sud-Est : l'alignement des fenêtres rectangulaires ne correspond plus à celui de la partie gauche de l'immeuble, qui comporte trois niveaux de percements, plus un étage sous comble ; mais une même toiture, assez plate avec croupes, d'un seul tenant, protège les deux éléments de la construction. Le logis est accompagné d'un bâtiment d'hébergeage disposé légèrement en biais, au Sud-Ouest.
Le groupe d'habitat sis à droite de la route a conservé un bâtiment utilitaire disposé dans l'axe Nord-Sud, et prolongé par un four à abside au Sud ; lui fait pendant un logis parallèle haut d'un étage sur rez-de-chaussée et d'un étage de comble, sous toiture plate à quatre pans. Un autre corps de bâtiment à usage d'habitation, non encore porté au relevé cadastral de 1829, est implanté perpendiculairement au Nord des précédents, et couvert par une toiture basse à quatre pans. Tous les percements sont rectangulaires.

Chizelle. L'un des domaines ruraux de Chizelle, blotti au creux du vallon du ruisseau de Mussy, a appartenu à François Chignier, puis à "ses héritiers" (relevé cadastral de 1829) ; ceux-ci possédaient déjà les principales parcelles de ce hameau.
Un François Chignier, né le 25 pluviôse an 5, était fils d'autre François et de Marie Chevreton ; il est âgé de 47 ans lors du décès de Claudine Durix, son épouse, âgée de 42 ans (16 mai 1848) ; la défunte était fille d'Antoine Durix et de Jeanne Crozier, donc sœur de Benoît, Claude et André Durix (voir : Canton de Chauffailles, Anglure-sous-Dun, hameaux de Pontet et du Chat). Les époux Chignier-Durix eurent, parmi leur descendance, un fils prénommé Benoît, qui, né à Chauffailles, décéda "propriétaire" à Chizelle, le 2 avril 1885 ; l'acte d'état civil a pour témoins : Pierre-Marie-Denis Augay, 49 ans, propriétaire à Saint-Racho, et Élie-Michel-Marie Besson, 28 ans, instituteur à Saint-Didier-en-Brionnais : le premier, beau-frère, le second, gendre du défunt. Ce dernier acquitte pour l'année 1896-1897 les redevances foncières afférentes au tènement C 1105-1107 ; la parcelle C 1107 porte, à partir de 1861, une construction nouvelle. La parcelle C 1113, ancienne propriété de François Chignier, correspondait à un immeuble qui fut démoli vers 1850.
Le hameau de Chizelle est essentiellement constitué de deux logis quadrangulaires fort bien appareillés ; à l'Ouest, un gros bâtiment à usage de dépendances est creusé, sur sa face occidentale, d'une porte charretière en plein cintre, la croix qui les avoisine a été décrite au volume précédent (commune d'Anglure, p. 30).

Montaigu. Ancien domaine Sabatin. L. Lex mentionne, à la date du 10 décembre 1743, une reprise de fief de la seigneurie de Montchanin et du fief appelé "de Montaigu, situé en la paroisse de Chauffailles", par Laurent Dubost de Tavannes, écuyer, seigneur de Petit-Bourg, La Goutelle et autres lieux, demeurant ordinairement à Lyon, comme "acquéreur d'Alexandre-Marie de Noblet, chevalier, marquis de Noblet, seigneur d'Anglure, par contrat reçu Dechagnie, notaire à La Clayette, le 24 juillet 1743". "Ledit fief a été distrait du terrier d'Anglure" (Les fiefs du Mâconnais, Mâcon, Protat frères, imp. 1897).
Louis Sabatin décéda à Montégut le 22 décembre 1881 à l'âge de 63 ans. Célibataire, il était fils de Benoît-Marie, ancien avocat, décédé à Chauffailles le 14 février1830, à l'âge de 65 ans, et d'Adélaïde Vallory ; Benoît-Marie était lui-même fils de Cosme Sabatin. Les témoins de l'acte de décès de Louis Sabatin furent Jules Berry, "rentier", ancien pharmacien à Chauffailles, âgé de 72 ans, et Auguste Sabatin, clerc de notaire âgé de 23 ans : le premier, cousin du défunt (1), et le second, son neveu. Ce Louis était le frère de Benoît-Colomb-Elie Sabatin, décédé le 2 juin 1892, âgé de 76 ans, veuf de Jeanne-Marie Corneloup. Celui-ci habitait aux Murgers (commune de Mussy-sous-Dun).

(1). Il avait épousé Amélie Sabatin, née à Tancon de Benoît-Elie Sabatin ; les époux Berry-Sabatin décédèrent à deux jours d'intervalle, les 27 et 25 avril 1885.

Benoît-Marie Sabatin et sa famille avaient occupé, au bourg de Chauffailles, l'immeuble implanté le long de l'Avenue de la Gare, et décrit ci-dessus (n° 43).
Adossé à la pente boisée, le domaine comporte une maison de maître exposée au Nord-Ouest et édifiée sur un plan rectangulaire, à deux niveaux creusés chacun de trois percements rectangulaires ; de la toiture à quatre pans d'ardoises font saillie, sur la façade principale, trois lucarnes sous couverts à trois pans, bien détachées du toit principal ; les trois lucarnes et les extrémités de la faîtière du toit du logis sont agrémentées d'épis de faîtage à boule portée sur un pied.

Montaigu. Autre domaine (Est du précédent). Un peu à l'Est du domaine Sabatin, et au Nord du chemin qui conduit aux Ybesses, se remarque un domaine rural, avec maison de maître. Celle-ci, perpendiculaire à la route, est couverte par un toit à deux rampants d'où pointent, à l'Ouest, deux lucarnes à encadrement rectangulaire. Sur la même façade, le rez-de-chaussée est percé d'une porte à droite, flanquée à sa gauche par deux fenêtres ; à l'étage, deux fenêtres seulement. Le tout a été très restauré.
Ce logis de construction moderne est accompagné, en équerre vers le Sud, par une enfilade de dépendances plus anciennes, en décrochement les unes par rapport aux autres, solidement appareillées de lits de grès noyés dans la maçonnerie ; on voit notamment parmi elles une belle grange, ouverte par une grande porte charretière à linteau de bois, que surmonte une ouverture carrée destinée à l'aération du foin à sa gauche, porte rectangulaire plus petite, dont le linteau de pierre est surmonté d'un triangle de décharge ou de bâtière, constitué de blocs posés sur tranche. La grange est prolongée, à gauche, par un bâtiment un peu plus bas, à rez-de-chaussée plein et étage ouvert sous toiture que supportent des piles de bois, selon un mode fréquent dans le pays du Dun.

Les Ybesses. Plus à l'Est encore (0,5 km environ de Montaigu), au-dessus du ruisseau dont les eaux ont fait tourner le mécanisme de l'ancien moulin, aujourd'hui disparu, de la Planche-Simon, le petit ensemble rustique isolé des Ybesses montre une enfilade, en décrochement, de plusieurs petites constructions exposées au Sud et de bel appareil de granite : un ancien logis prolongé, à sa droite, par une grange plus basse creusée de deux portes charretières inégales, à linteaux de bois. A la droite de la grange s'accole un logis moderne. Dans la cour, devant les façades, petit puits protégé par un bâti à deux pans aigus.

Pour mémoire : Ancien moulin de La Planche-Simon. Au lieu-dit sis en contrebas des Ybesses, les deux cours d'eau descendus des hauteurs de l'Est, soit un ruisselet secondaire, au Nord, et le ruisseau de Mussy lui-même, qui prend sa source beaucoup plus au Sud, au lieu-dit "Le Cul du Loup" (sic), avaient alimenté un moulin qui n'existe plus ; il subsiste les deux pontets de pierre, soigneusement construits, qui franchissaient ces torrents, l'un comme l'autre à une seule arche. Celle-ci est en plein cintre pour le plus petit : pont-voûte en cintre surbaissé, à rembarde métallique pour le plus large, avec culée amont.
Jean-Joseph Odin, domicilié à Saint-Germain-la-Montagne, acquittait encore les redevances foncières afférentes aux immeubles pour l'année 1855-1856.

Reboux. (écart sis au Sud-Sud-Ouest de Montaigu, à mi-chemin environ entre ce hameau et celui de Chélut). Très joliment campé dans la montagne, le hameau de Reboux a conservé un domaine rural d'où la vue s'étend sur tout le massif du Dun. Le logis-bloc quadrangulaire d'aspect cossu, prolongé au Midi par une extension plus basse et plus récente, est accompagné, à l'Est, d'un vaste bâtiment d'hébergeage allongé selon un axe parallèle, et relié à lui par un appentis ; ces deux ensembles délimitent entre eux une cour intérieure fermée. Les couverts sont à deux pentes pour les bâtiments de dépendances, tandis que le logis de maître, monté sur trois niveaux et creusé de percements rectangulaires, est protégé par une toiture aiguë à quatre pans de petites tuiles plates, cheminée dépassant de l'arête faîtière et épis de faîtage à boule à chaque extrémité.
Survély avait été un fief appartenant en 1595 et 1625 à Jean de La Franchise, écuyer, seigneur d'Anglure ; il "passa, avec Anglure, aux de Franc, à J. Donguy et à Bernard de Noblet, qui l'incorpora au marquisat d'Anglure, 1715" (Archives de Saône-et-Loire, B 1047, cité par Mgr Rameau, Les anciens fiefs du Mâconnais, ms.). "Barbe de Lestouf, nièce de J. de La Franchise et d'Anne Grandjean, habita et répara la maison de Survily" (ibidem).
Lors du relevé cadastral de 1829, la famille Thivin, en la personne d'Antoine Thivin, était propriétaire à Reboux, au lieu-dit Survély, du tènement D 402 à 417, avec immeuble construit sur la parcelle D 405. Claude Thivin, époux de Benoîte Dufy, décéda à Chuverly (sic) le 16 janvier 1846 ; Barthélémy Thivin, tisserand, âgé de 34 ans, fils du défunt, est témoin de l'acte d'état civil. Jean-Marie Thivin, domicilié à Chauffailles, puis à Saint-Germain, acquitte les redevances foncières afférentes à ce domaine entre 1898 et 1912 ; à partir de cette date est mentionné le nom de Joseph-Auguste Thivind, domicilié à Saint-Germain-la-Montagne.

Les Taillis. Le logis perpendiculaire à l'ancienne route de Chauffailles à Anglure-sous-Dun (côté droit en montant) ne paraît pas antérieur au milieu du XIXe siècle. Il s'agit d'une maison-bloc quadrangulaire sous toiture à quatre pans non débordants ; la façade principale, s'ouvrant sur cour au Midi, est creusée de deux niveaux de percements rectangulaires, à raison de trois par niveaux ; le côté Est du logis est prolongé, dans le même alignement, par un bâtiment à usage de dépendances, dont le toit à deux rampants, moins aigu, n'atteint pas la hauteur du toit du logis d'habitation ; d'autres bâtiments de dépendances, plus récents, ont été reportés à l'Est.

Documentation couvrant l'ensemble de l'habitat :
Archives de Saône-et-Loire. Etat civil de la commune de Chauffailles. Relevé cadastral de 1829 et matrices correspondantes.

Source : AD71, Inventaire du patrimoine de Chauffailles, Maisons, pages 1-24/35.

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