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L'église paroissiale Saint-André de Chauffailles

Eglise de Chauffailles

Plaque des donateurs de l'autel en 1852 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir


Situation : place de l'église, au cœur du bourg.
Date de construction : 1839.

Historique

La première mention conservée de la paroisse de Chauffailles remonte à l'année 1271 environ, indique Mgr Rameau dans son manuscrit sur les Paroisses de l'ancien diocèse de Mâcon ; d'après un titre de l'abbaye de Saint-Rigaud, Jacques, « châtelain » de Chauffailles, était à cette date témoin du testament oral de Pierre de Saint-Jean, damoiseau (Archives de Saône-et-Loire. H 143).

L'église de Chauffailles, dédiée à Saint-André, fut toujours à la présentation de l'abbé de Saint-Rigaud ; elle appartenait en dernier lieu, à l'archiprêtré de Charlieu, et auparavant à celui de Beaujeu, signale encore Mgr Rameau dans son manuscrit précité. Des arrangements eurent lieu à plusieurs reprises entre l'abbé de Saint-Rigaud et les seigneurs de Chauffailles au sujet des dîmes : acte d'échange, vers 1585-1587, entre les religieux et François d'Amanzé, seigneur de Chauffailles, Vif et Corcheval (Archives de Saône-et-Loire, B 1331) ; cession le 23 décembre 1601, par Claude Gaspard abbé de Saint-Rigaud, à Claude d'Amanzé, seigneur de Chauffailles et Arcinges, « de tous les droits qu'il pouvait avoir sur les dîmes de Chauffailles, moyennant une rente annuelle de 50 livres et le don d'une somme de 150 livres » (ibidem, H 161). Une procédure fut intentée vers la fin du XVIIe siècle par Marie-Anne Rolin, veuve de Jacques d'Amanzé, comte de Chauffailles, aux termes de laquelle le Grand Conseil condamna la dame d'Amanzé « à se désister et départir de la possession et jouissance de la moixtié de la dixme de Chauffailles, au proffit de l'abbaye de Saint-Rigaud » (ibidem, H 168).

Lors de sa Visite pastorale du 20 juillet 1746, l'évêque de Mâcon, Mgr de Lort de Sérignan de Valras, donne de l'église paroissiale la description suivante, d'une remarquable précision :

« L'église est de trois parties ; l'une forme le sanctuaire fort petit ..., bien cadetté de mène que le chœur et la nef ... ; le chœur est aussi petit, renfermé entre quatre piliers de pierres de taille, n'empruntant du jour que des vitraux du sanctuaire ... peu élevé ; les murs intérieurs n'en paraissent pas mauvais ; il y a néanmoins une fente dans celui qui est du côté de soir. Ladite église contient à peine la moitié des paroissiens ... Du côté gauche du chœur est une chapelle extra tectum, fermée par une balustrade, voûtée en voûte à arêtes, éclairée d'un vitrail en état ... ; ladite chapelle est sous le vocable de sainte Cécile ..., elle appartient au seigneur ... De l'autre côté du chœur, extra tectum, est un autre espace semblable au précédent, où il n'y a point d'autel, parti ; fermé par un tombeau d'un seigneur de Chauffailles, on y communique, comme à la précédente chapelle, par un arc en pierres ; il n'est éclairé que d'un seul petit vitrail ... Dessus est le clocher formant une grosse tour carrée, menaçant ruine de toutes parts, mais principalement du côté du soir, où l'angle est ouvert, et où le mur est incliné presque dans toute son étendue ... »

Passé la Révolution, et selon un rapport de Mgr de Fontanges en date du 13 avril 1803, mentionné par l'abbé P. Muguet dans ses Recherches historiques sur la persécution religieuse dans le département de Saône-et-Loire pendant la Révolution, l'église de Chauffailles était en mauvais état » ; elle était toujours « trop petite pour la population, et les chapelles étaient d'une affreuse nudité ». « Les vases sacrés faisaient grandement défaut » ; la chaire à prêcher « n'était qu'une tribune de Société populaire peu élevée » (sic).

La « masse du peuple était cependant demeurée fidèle à sa religion », et avait tenté de protéger l'édifice religieux : une émeute avait éclaté le 4 nivôse an 2 (24 décembre 1793), lorsque l'église avait été fermée au culte pour devenir salle des Assemblées révolutionnaires !

L'Annuaire de Saône-et-Loire de 1839, date à laquelle se réalisait enfin un programme de reconstruction complète de l'église, évoque en ces termes l'ancien édifice : « Assemblage de construction qui appartiennent à différents âges ; le clocher date de 1480, et il est postérieur au corps principal de l'église qui paraît n'avoir été dans l'origine qu'une simple chapelle » ...

L'église actuelle de Chauffailles a été édifiée sur les plans de l'architecte Claude Berthier, de Charolles, dont le devis estimatif du 10 décembre 1835 s'élevait à la somme de 59.800 francs. En fait, à la suite de quelques modifications dans le programme primitif, concernant principalement le clocher, la dépense totale atteignit la somme de 69.857,40 francs (décompte établi le 20 juillet 1839), plus un supplément de travaux de 5001,95 francs. L'église nouvellement reconstruite fut ouverte au culte le 20 août 1839 (Annuaire de 1856). A cette date subsistait encore la nef de l'ancien sanctuaire, utilisé comme halle aux toiles ; et le même Annuaire précise que c'était « un des monuments religieux les plus anciens de la contrée », mais devenu malheureusement trop exigu, puisqu'il ne pouvait plus contenir que le tiers de la population au début du XIXe siècle.

On avait choisi de bâtir la nouvelle église sur un terrain devenu communal, dit « la Verchère du cimetière », et sis directement à l'Est de l'ancien édifice et du cimetière. Ce fonds provenait de la cession par Mme de Saint-Georges, et par l'intermédiaire du sieur Duperron. Cette donation fut contestée par M. de Vichy, héritier de Mme de Saint-Georges, qui n'hésita pas à céder ce bien, « à ses risques et périls » et à titre onéreux, « au sieur Chavanis ». Par arrêté, du 11 décembre 1818, le Maire de Chauffailles fut autorisé à intenter contre ledit Chavanis une action en justice, afin de le faire condamner à la restitution du fonds litigieux, dont la donation avait été acceptée le 13 mars 1791 par l'Administration communale révolutionnaire.

Le terrain en question, très convoité par les deux parties en cause, n'était autre que la « place publique sur laquelle était placée la croix des Rameaux, où l'on faisait la procession tous les dimanches, ainsi qu'un reposoir le jour de la fête du Corps de Dieu, et sur laquelle se tenaient, de tems immémorial, les foires et marchés ». C'était là que se rassemblaient les marchands de coton, fil et comestibles divers : l'ôter à la destination qu'elle avait eu depuis la donation de Mme de Saint-Georges, « c'en était fait de la prospérité de la commune » (délibérations municipales des 1er juillet et 21 septembre 1817). La « croix des Rameaux » était citée déjà dans un acte de 1381, relatif à une terre située au-devant d'elle, et « asservisée par l'abbé de Saint-Rigaud à Hugonet de Rua (de la Rue ?), clerc de Chauffailles, moyennant un droit d'entrage de 2 francs d'or, et 12 aunes de bonne toile » (Archives de Saône-et-Loire, H 148, cité par Mgr Rameau, ms. cit.).

Le financement de la reconstruction de l'église avait été facilité par des legs particuliers, au nombre desquels celui de 4000 francs, inscrit par Michel Barbier en son testament public du 7 mars 1826, et autorisé par Ordonnance du 9 juillet 1828. D'autres legs postérieurs furent faits « pour les besoins les plus urgents de l'église » : en particulier celui de Benoît Marchand, fils de Jacques et d'Antoinette Barbier, domicilié au hameau de Villon, qui était décédé le 12 novembre 1862, âgé de 55 ans, veuf de Pierrette Farjaud ; le legs se répartissait entre l'hospice (2000 francs) et la paroisse (2000 francs).

Le 18 octobre 1841 avait été signée une adjudication en faveur d'Antoine Troncy, menuisier à Chauffailles, pour l'exécution de boiseries dans le chœur. En 1842 eurent lieu quelques réparations consécutives aux dégâts occasionnés, le 22 juin de la même année, par un violent orage. En 1886, la municipalité fit appel à l'architecte Pinchard, de Mâcon, pour le percement de trois fenêtres à l'abside. Le tambour fut établi en 1899.

C'est en déblayant autour de la nouvelle église le vieux cimetière, devenu place publique, que l'on mit à jour quatorze tombes en grès, à deux mètres de profondeur ; ces sépultures furent attribuées aux anciens comtes de Saint-Georges, seigneurs de Saint-André en Forez ; on découvrit également, selon l'Annuaire de Saône et-Loire de 1856, des monnaies romaines, et un autel votif surmonté d'une statue en marbre et comportant une inscription latine : trouvaille qui conduisit à supposer que l'église primitive avait été édifiée sur les ruines d'un temple antique.

Description

D'aspect imposant, l'église de Chauffailles est de type basilical. Elle comporte une large nef que sept arcades en plein cintre, moulurées et retombant sur des colonnes à tambours légèrement tronconiques, surmontées de chapiteaux en stuc dérivés de l'ordre ionique, séparent des bas-côtés, voûtés d'arêtes comme le vaisseau principal lui-même ; mais celui-ci est aveugle, tandis que de grandes fenêtres en plein cintre percent les lunettes des voûtes latérales. La travée de chœur, un peu plus étroite et délimitée par deux hautes arcades en plein cintre que soulignent des impostes moulurées, communique par des arcades de même type, mais plus basses, avec les chapelles orthogonales qui ferment, à l'Est, les bas-côtés ; entre ces arcades et les fenêtres hautes, les pans nus sont délimités par deux bandeaux moulurés.

Le chœur est clos par un chevet à trois pans, qu'ajourent trois longues fenêtres en plein cintre ; les arêtes des voûtains sont soulignées par de fines nervures qui retombent sur des consoles nues. Les boiseries du chœur ont été conservées, de même facture que le tabernacle et la console ouvragée qui fait office de lutrin.

A l'avant de la nef, le porche massif, en léger retrait duquel a été monté le clocher, s'ouvre sur trois côtés ; sa face antérieure est creusée d'une très haute arcade en plein cintre, atteignant presque le fronton triangulaire dont une rangée de modillons carrés souligne la base, tandis que le tympan porte gravée l'inscription : Venite Adoremus. Les piédroits sont coupés par trois cordons horizontaux superposés, et le plus bas sert d'appui, de chaque côté, à une niche en plein cintre à fond plat, peut-être destinée originellement à recevoir une statue. Les deux arcades latérales du porche, en plein cintre, sont deux fois moins hautes que celle de la façade ; leur hauteur correspond à celle des deux arcades creusées dans les pans de façade retraités des bas-côtés ; le cordon médian qui articule le porche est prolongé ici jusqu'à l'angle extérieur de ceux-ci.

Le clocher carré, mince et élancé, s'élève sur trois étages ; les deux extrêmes sont ajourés sur chaque face de deux baies en plein cintre ; l'étage médian, aveugle, porte les horloges ; la pyramide de la flèche d'ardoises est agrémentée d'une petite lucarne sur chacune de ses faces.

Documentation

- AD71 : Séries H 142 à 176 : abbaye de Saint-Rigaud ; Série O : Chauffailles.
- Visites pastorales de l'archiprêtré de Charlieu (20/07/1746).
- Mgr Rameau, Les paroisses de l'ancien diocèse de Mâcon, ms.
- Annuaires de Saône-et-Loire, notamment ceux de 1839 et 1856.

Source : Inventaire du patrimoine de Chauffailles, Eglise paroissiale Saint-André, 9 pages, photo p. 9. Fiché établie par Mme A.M. Oursel (1971-1993).

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