L'église romane de Châteauneuf en Brionnais
L'église de Châteauneuf, sous le vocable des saints Pierre et Paul, est l'une des plus belles églises romanes du Brionnais édifiées au XIIe siècle.
Sous l'Ancien Régime : L'église Saint-Paul de Châteauneuf dépendait du diocèse de Mâcon et de l'archiprêtré de Beaujeu. Elle était à la collation du chapitre Saint Paul de Lyon. Châteauneuf était une châtellenie royale située dans le ressort du bailliage de Mâcon. L'église de Châteauneuf, classée monument historique en 1862, a été restaurée dans la deuxième moitié du XIXe, principalement entre 1849 et 1866, sous l'autorité de l'architecte Millet, élève de Viollet-le-Duc.
Description architecturale : L'église de Châteauneuf est à trois nefs, avec un transept non saillant. Le choeur se prolonge par une abside en hémicycle, flanquée de deux absidioles en retrait. La nef comporte trois travées voûtées en berceau, séparées par deux arcs doubleaux en cintre brisé. Les fenêtres hautes sont encadrées par des archivoltes ornées retombant sur des colonnettes. Ces fenêtres sont à pénétration sous le berceau de la voûte ; elles reproduisent un dispositif semblable utilisé, auparavant, dans l'église des moines de Charlieu. Par suite de la hauteur exceptionnelle de la voûte (12 mètres), la nef donne une impression d'élancement. Les collatéraux paraissent très étroits par rapport à leur élévation. Ils sont voûtés en berceau et séparés, à chaque travée, par des arcs doubleaux en cintre brisé. La nef communique avec les collatéraux par de grandes arcades en cintre brisé. Les piliers, de plan carré, présentent, sur trois faces, des colonnes engagées. La croisée du transept est voûtée, sous le clocher, par une coupole placée au-dessus d'une lanterne octogonale éclairée par quatre fenêtres en plein cintre. Ce dispositif est unique en Brionnais. Le cintre brisé domine dans cette partie de l'église : les grandes arcades sous la coupole, et les deux croisillons. L'abside est éclairée par trois fenêtres en plein cintre et décorée par cinq arcatures retombant sur des pilastres et des colonnettes richement sculptés.
Destructions et reconstructions : L'église a subi, au long des siècles, de nombreuses restaurations. Ce problème n'est toujours pas résolu puisque toute la voûte, ainsi que l'édifice en général, présentent de nombreuses fissures. À la fin de la guerre de Cent Ans, l'église de Châteauneuf qui avait été incendiée a été fortement restaurée. A cette époque, les piles de la nef et celles de la croisée qui avaient tendance à s'écraser, durent être restaurées. La plupart des chapiteaux anciens ont été remplacés par de nouveaux chapiteaux de style gothique. Nous avons la date de ces transformations grâce à une inscription datée de 1463 que l'on peut observer sur le premier pilier septentrional, du côté de la nef.
Description extérieure : Le clocher, de plan carré, qui s'élève au-dessus de la croisée du transept est surmonté
d'une pyramide en pierre. Les deux étages supérieurs sont percés de baies en plein cintre, encadrées par des colonnettes dont les chapiteaux sont richement sculptés. La façade principale, d'une belle ordonnance, est percée de trois fenêtres en plein cintre. Le portail principal est surmonté d'une double archivolte, également en plein cintre, qui encadre un tympan non sculpté. Par contre, le portail latéral est surmonté d'un linteau sculpté (XIIe siècle) qui représente les douze apôtres sous forme de petits personnages, debout, logés à l'intérieur de petites arcades. Cette sculpture naïve reproduit presque exactement celle que l'on peut observer au tympan vieux de Charlieu. La corniche, très saillante, est moulurée. Les parties anciennes sont supportées par des modillons sculptés, certains ornés de têtes grimaçantes, assez semblables à celles que l'on observe au chevet de l'église voisine de Saint-Maurice-lès-Châteauneuf. L'église de Châteauneuf, richement décorée dans toutes ses parties, est une des plus élégantes du Brionnais.
Mobilier : Relativement peu abondant pour une église de cette dimension, le mobilier présente néanmoins quelques œuvres remarquables, notamment la statue en pierre de Saint Jean-Baptiste, celles de Saint Pierre et Saint Paul et les statues en bois doré de la Vierge et de Sainte Philomène.