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Le fief et le manoir du Bief

Chassigny-sous-Dun, le manoir du Bief

Selon le manuscrit de Mgr Rameau, Claude Bouthier est seigneur du Bief avant 1586 ; sa sœur, Françoise, porta le fief à son mari, Claude de l'Hôpital, procureur à Semur. Au siècle suivant, Christophe de Molins, avocat, se porta acquéreur du fief du Bief « vendu par autorité de justice sur feu Antoine Aulas et demoiselle Claudine Gobier, sa femme, pour le prix de 5000 livres ». Selon l'acte de délivrance du 7 janvier 1679, le fief comportait « un tènement consistant en maison, grange nouvellement construite, jardin, chenevières, pré, pâquier, étangs, terres et bois, avec les chemins, aisances et dépendances ... contenant environ 40 bichetées, tenant d'orient approchant septentrion aux terres et pré de Combassot (La Combe Bassot) dépendant de ladite seigneurie du Bief, aussi de ladite mouvance de Château-Neuf, et de septentrion au chemin dudit Château-Neuf au Vernay (commune de La Chapelle-sous-Dun) et à La Clayette ; plus un autre pré contenant environ 10 soitures, audit finage du Bief, appelé pré Fongy (aujourd'hui Pré du Ruingi), tenant d'orient au pré des du Villard (commune de Chassigny-sous-Dun), de midi à la rivière de Mussy, de bise et d'occident au chemin dudit Villard à Molleron (commune de Chassigny-sous-Dun), le tout en la totale justice dudit sieur de Molins » (L. Lex. Les fiefs du Mâconnais).

Une reprise de fief avec dénombrement fut donnée le 11 mai 1710 par Claude Boisseaud, notaire royal de Saint-Maurice (St-Maurice-lès-Châteauneuf) « comme acquéreur de Clodion de Molins, écuyer. Conseiller secrétaire du Roi, seigneur de La Vallée, près Semur-en-Brionnais, par contrat reçu Musset, notaire royal, le 30 janvier 1710, pour le prix de 9100 livres, y compris les biens de roture » (L. Lex).

Me Claude Boisseaud testa le 20 mars 1738 ordonnant à ses héritiers d'édifier une chapelle au Bief ; il ne semble pas que ce vœu ait été réalisé. Claude Boisseaud fils, bourgeois audit Chassigny, reprenait de fief pour le Bief le 26 mai 1739 ; remise lui en avait été faite par « Anne de La Coste, sa mère, par acte reçu Ponchon, notaire à Roanne, le 29 juillet 1738 » ; cette dame avait été instituée héritière universelle par acte du 20 mars 1738, signé par-devant Me Verchère, notaire à Mâcon.

Les propriétaires actuels du domaine du Bief (v. 1971) sont les héritiers directs de leur grand-père qui avait acquis ce bien de Me Claude Nigay, avoué à Roanne, en 1865. Le domaine était déjà, en 1829, la propriété de la famille Sarton du Jonchay (1) ; le tènement B 873 à 901, comportait toutes les parcelles comprises dans le triangle délimité par la nouvelle route de La Clayette à Charlieu, le chemin de Vervier à Mussy, et un autre chemin de desserte reliant également Vervier à Mussy-sous-Dun ; il est inscrit en 1838 sur les matrices cadastrales aux noms d'Antoine-Simon Terrasse (de Tessonnet), puis de M. Nigay, avoué à Roanne. C'est à partir de 1865 qu'est porté sur la matrice cadastrale de la commune de Chassigny le nom de Robert Hérard, négociant à Saint-Etienne - le premier, en titre, des plus gros propriétaires de la commune, en 1866 et 1881, sur le rôle des plus imposés - Le nom de Robert Hérard et de son épouse Gabrielle Paquier-Desvignes figure sur la croix de 1907 érigée par cette famille à l'entrée de son domaine (2).

(1) La famille Sarton du Jonchay a possédé également des biens immobiliers au Villard (B 588 - immeuble ; B 592 à 597 ; B 748, parcelle dite « Terre Dessus », devenue emplacements de la nouvelle église et de la Mairie-Ecole de Chassigny-sous-Dun ; C 489 à 501 : domaine de Molleron englobant le moulin.
(2) Un Jean-Baptiste-Joseph Hérard décéda à Chassigny-sous-Dun le 25 mai 1898 (Tables décennales de la commune).


Le manoir du Bief (Photos p. 7-14/14), dépourvu de style défini, est une solide et massive habitation, édifiée sur plan rectangulaire, haute d'un seul étage, et agrémentée de sobres lucarnes à la base des toitures ; le côté Sud-Est est aménagé en terrasse.

Au Nord du manoir actuel, un bâtiment de dépendances allongé, est cantonné sur sa petite face, à l'Est, d'une tour cylindrique coiffée d'une poivrière couverte de petites tuiles brunes.

Dans un large bassin bien exposé au Midi, du côté de la rivière de Mussy avec, en toile de fond le moutonnement des contreforts de la montagne du Dun à l'Est, et les coteaux qui enserrent le vallon du Sornin, à l'Ouest, le manoir du Bief est constitué de deux logis rectangulaires accolés dont les grandes façades Est et Ouest sont agrémentées, chacune, de trois lucarnes à fronton triangulaire à la base des toitures aiguës de petites tuiles plates ; deux étages de percements rectangulaires disposés régulièrement creusent les trois faces visibles du logis, sur la cour d'honneur, à l'Ouest, sur la face opposée (Est) et sur le côté méridional ; le côté Nord étant, en fait, divisé par une très étroite cour intérieure, sorte de ruelle, délimitée par l'avancée des deux corps du bâtiment dont la toiture à pans coupés est surmontée de gracieuses girouettes dont on retrouve les deux symétriques aux angles Sud-Ouest et Sud-Est de la toiture du manoir.

Celui-ci est implanté sur une terrasse aménagée, entièrement close, délimitée par de belles grilles de fer forgé à l'Ouest, du côté de l'entrée et de la cour d'honneur ; ces grilles, posées sur un muret horizontal, prennent appuie, verticalement, sur des pilastres plus élevés et sommés de vases qui encadrent la grille d'entrée dont les tiges verticales portent une flèche - comme celles de l'ensemble de tous les montants verticaux de la clôture - mais sont coupées, ici, par un bandeau horizontal garni d'oves reliés les uns aux autres par un petit tiret.

Le manoir est accompagné de plusieurs bâtiments de dépendances implantés du côté Nord : l'un, en décrochement, dans l'alignement Sud-Nord de la partie orientale du manoir, les autres, dans un axe perpendiculaire ; an Nord du domaine, le grand bâtiment en rectangle allongé, sous toiture plate à deux pans, est flanqué, sur son petit côté oriental, d'une tour cylindrique dont le haut fût est coiffé d'une poivrière aiguë de petites tuiles brunes.

A l'entrée Nord-Ouest du domaine se remarque un bel étang et la croix de 1907.

Documentation :

- Mgr. Rameau, Les anciens fiefs du Mâconnais, p. 216.
- M. Lex, les fiefs du Mâconnais, Mâcon, Protat frères, Imp., 1897.

Source : AD71, Inventaire du patrimoine, Chassigny-sous-Dun, Manoir, 14 pages.

Compléments :

- Château du Bief, in "Annuaire des châteaux et des départements (1899)."
- Le manoir du Bief a été la propriété, au moins en 1793, de Pierre Jacquier de Terrebasse, banquier de Lyon, et qui possédait le château de Terrebasse entre Vienne et Lyon. Il fut le refuge, à l'issue du siège de Lyon (9 août - 9 octobre 1793), de Vincent Reyre (1762-1847), avocat, président de Chambre à la Cour royale de Lyon et beau-frère de Pierre Jacquier.

Photos du château du Bief ou château Érard (ou Hérard) - Cartes postales AD71 :

château Érard château Érard
château Érard château Érard

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