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Visite guidée de l’église d’Anzy-le-Duc par François Ginet-Donati (1935)

Église romane d’Anzy-le-Duc, jeune homme chevauchant un lion Église romane d’Anzy-le-Duc, dédicace du XIIe siècle Église romane d’Anzy-le-Duc, tour octogonale

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Aucun document écrit ne nous renseigne sur la construction de l'église, mais l'étude archéologique permet de l'assigner à la fin du XIe siècle ou au commencement du XIIe.

Elle fut construite en deux campagnes, la partie la plus ancienne est le transept et les absides. Elle comprend une nef de cinq travées accompagnées de bas-côtés, un transept dont les croisillons sont flanqués chacun de deux chapelles orientées et un chœur terminé par un hémicycle.

La nef est couverte de voûtes d’arêtes en blocages, séparées par des doubleaux. Ce mode de voûtement n'est pas spécial à la Bourgogne, on le retrouve dans les églises de l’école rhénane.

Le mur de façade est percé d’une porte amortie par un linteau, orné d'une frise décorée de palmettes plates. Aux extrémités, deux petites figures d'hommes vues de profil. Au-dessus de la frise se profile un cordon d'étoiles à quatre branches. Sur le linteau s'ouvre une fenêtre en plein cintre à arêtes nues.

La sculpture des chapiteaux a une très grande valeur archéologique, elle accuse l’école clunisienne du XIIe siècle, la plupart sont historiés, soit d'animaux monstrueux, soit de lions affrontés, soit de scènes symboliques ou grotesques.

Les arcades en plein cintre sont doublées et à arêtes nues ; les voûtes d'arêtes retombent dans les angles formés par les murs et les dosserets des colonnes.

Les bas-côtés sont éclairés par des baies semblables à celles de la nef et sont couvertes de voûtes d'arêtes.

Le carré du transept est élevé de deux marches au-dessus de la nef, il paraît légèrement antérieur, peut-être fut-il élevé à la fin du XIe siècle, comme le prouve le style des chapiteaux et le petit appareil des murs.

La coupole à huit pans qui couvre la croisée du transept est portée sur des trompes en cul-de-four.

Les deux chapelles qui s'ouvrent dans chaque croisillon sont de profondeur différente suivant un plan fréquemment adopté dans les églises de l'ordre de Saint-Benoît.

Le chœur est, par suite de la présence d'une crypte, élevé de trois marches au-dessus du niveau du transept.

L'abside est couverte d’une voûte en cul-de-four. Dans la partie centrale de l'abside s'ouvre une absidiole.

Derrière le maître-autel est encastrée une plaque, qui fut découverte au milieu du XIXe siècle sous les marches du sanctuaire, portant cette inscription :

HEC ARA EST CONSECRATA
IN HONORE SVME ET INDIVIDVE
TRINITATIS ET CRVCIS VENE
RANDE ATQVE SANCTE DEI
GENITRICIS ET VIRGINIS MARIA

Traduction : Dédiée à la très haute et indivisible Trinité, à la Sainte Croix et la Sainte Mère de Dieu et Vierge Marie.

Cette plaque attribuée au XIIe siècle serait le témoin de la dédicace de l'église actuelle.

Les sujets qui décorent l'abside sont consacrés à la fondation du prieuré. La place nous manque pour en faire la description. Toute la décoration peinte a été inspirée par l’art ancien, c'est une copie des manuscrits byzantins.

La façade occidentale est percée d’un portail en plein cintre.

Les faces latérales, construites en appareil irrégulier, sont épaulées-au-dessous de la corniche portée par des modillons qui sont historiés de têtes ou d'animaux.

Sur le carré du transept s’élève une tour octogonale. La tour proprement dite est divisée en trois étages, séparés les uns des autres par des corniches à arcatures. Dans chaque pan, un arc en plein cintre, porté sur des pieds droits, encadre deux baies géminées à double voussure. C'est à l'ensemble de ces 24 baies ainsi distribuées que la tour doit son élégance, malgré sa masse considérable, car elle mesure 6 mètres de diamètre. Suivant l'usage roman, on monte à la tour par une échelle mobile placée à l'extérieur.

Il existe encore, au sud et à l’ouest, quelques bâtiments dépendant de l’ancien prieuré.

À l'angle s’élève un donjon, rectangulaire du XIIe siècle. Il est éclairé par deux groupes de deux baies.

Au pied du donjon, le front méridional du mur était percé d’une porte, depuis longtemps condamnée, mais assez bien conservée. Le linteau et le tympan offrent une belle décoration historiée.

[Source du texte : Revue de la Physiophile (1935)]

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